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Difficultés des élèves en dictée au premier cycle de l'inspection de l'enseignement secondaire général du grand Lomé ouest


par Tchilabalo TABATI
Université de Lomé ( INSE) - Master Recherche en politique et système éducatif dans les pays en développement  2022
  

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4.6. Discussion des résultats

La réussite scolaire passe inéluctablement par la parfaite maitrise de la langue d'enseignement. L'élève doit maitriser l'orthographe pour espérer réussir ses études. S'agissant de l'évaluation des compétences en français, l'un des outils dédiés à cette fin est la dictée. C'est une épreuve qui permet d'évaluer le niveau d'acquisition de compétences orthographiques des élèves en français (Cogis, 2005). Elle est très redoutée par la plupart des apprenants à cause des mauvaises notes qu'ils obtiennent. Les résultats de notre recherche révèlent qu'au premier cycle de l'Inspection de l'Enseignement du Secondaire Général du Grand Lomé Ouest, les élèves ont non seulement une perception négative de l'épreuve de dictée, mais également ils ne pratiquent pas les activités qui devraient les aider à réussir cette discipline. Notre discussion s'articule autour de deux points fondamentaux.

Les perceptions négatives qu'ont les élèves de la dictée constituent le premier aspect de notre discussion. En effet, les résultats de nos recherches sur l'impact des perceptions négatives qu'ont les élèves de l'épreuve de dictée sont en conformités avec ceux de Bégin (2009). C'est une recherche menée au Québec pendant plus de trois ans et qui a porté entre autres sur le rôle des facteurs socioaffectifs dans l'apprentissage de l'orthographe lexicale (ou d'usage) chez les élèves québécois de 6e année du primaire. Dans cette étude, il a montré que les élèves faibles en orthographe se distinguent des élèves forts par le fait qu'ils éprouvent une motivation extrinsèque plus élevée. Les élèves qui ont une mauvaise représentation de l'orthographe ont également de mauvaises notes dans cette discipline. La concordance des deux résultats, bien que ce soit dans deux contextes différents (Togo et Québec), pose le problème de la motivation des élèves dans les activités d'apprentissage. Ceci s'explique par le fait que :

plus l'élève est apte à orthographier correctement, plus les commentaires qu'il reçoit sont positifs et, à l'inverse, moins il est compétent en orthographe, plus les commentaires qu'il entend sont négatifs. L'élève développe ainsi son sentiment de compétence en se basant sur ses performances antérieures en orthographe dans un premier temps, il peut, dans un second temps, s'appuyer sur la rétroaction qu'on lui donne par rapport à cette performance (Bégin, 2009, p.151).

Il ressort donc que l'élève doit trouver un intérêt personnel en vue de s'engager à réussir aisément la dictée ; Viau (1998) parle à cet effet de « la perception de la valeur d'une activité ». Selon lui :

la perception de la valeur d'une activité se définit comme étant le jugement que l'élève porte sur l'intérêt ou l'utilité d'une activité en fonction des buts qu'il poursuit. Des interrogations comme : « Pourquoi je ferais les lectures que le prof m'a demandé de faire ? » ; ou « Discuter entre nous des romans qu'on doit lire ! À quoi cela va me servir plus tard ? », traduisent bien le peu de valeur que certains élèves accordent à des activités pédagogiques qui leur sont proposées dans les cours de français. Un élève qui ne voit aucun intérêt ou aucune utilité aux activités qu'il doit accomplir est généralement démotivé. Ainsi, si un élève ne voit pas l'intérêt ou l'utilité de lire, d'écrire ou de s'exprimer oralement, il y a de fortes chances qu'il ne s'engagera pas dans ces activités sous prétexte qu'elles ne lui apportent rien (Viau, 1998, p. 46).

Les faibles performances qu'ont les apprenants en dictée viennent du fait qu'ils perçoivent la dictée comme une évaluation qui consiste à dicter un texte d'auteur et à sanctionner les erreurs commises (Jaffré, 1992). Cette situation démotive les apprenants à s'engager véritablement dans les activités qui peuvent leur permettre d'améliorer leurs notes en dictée. Ceci nous permet d'aborder le deuxième volet de notre discussion. En effet, l'analyse des résultats de notre recherche démontre clairement que les dictées d'apprentissage qui devraient permettre d'améliorer la performance scolaire des élèves ne sont pas pratiquées. Ce résultat est comparable aux études de Brissaud et Cogis, (2011) qui ont déduit que la pratique quotidienne de la dictée permet de consolider les connaissances déjà acquises qui seront appliquées à des contextes variés.il pensent à cet effet qu' :

de nombreuses pratiques encore désignées sous le terme de dictées apportent des variations importantes au dispositif d'origine, pour qu'il devienne un véritable temps d'apprentissage actif et plus seulement un temps d'évaluation et de sanction (...) On peut raisonnablement penser que ces pratiques amènent l'élève à travailler de façon plus explicite et sera plus efficace en dictée (Brissaud et Cogis, 2011, p. 78).

En outre, s'agissant de l'importance de la langue de communication à la maison sur les performances des apprenants en dictée, les résultats de notre étude sont similaires aux résultats du rapport de l'UNESCO, (2016). Ce rapport indique qu'il existe une corrélation possible entre le fait de maîtriser la langue d'enseignement et la réussite des élèves.Zirotti, (2006) quant à lui a montré dans une étude que le fait de n'avoir pas accès à l'instruction dans la langue qu'on comprend, a des conséquences négatives sur les apprentissages. Selon Benson, (2004) ; Bühmann et Trudell, (2007) ; et Pinnock, (2009), les enfants apprennent mieux lorsque la première langue d'enseignement est leur langue maternelle. Ces études bien que faisant l'apologie des langues maternelles sont conformes à nos résultats parce qu'elles montrent également l'impotence de la langue de communication à la maison sur la réussite scolaire. Cette variable est à manipuler avec beaucoup de réserves parce que la réussite scolaire liée à la langue d'enseignement et la langue de communication à la maison, peut toutefois avoir des effets négatifs quand, à cause de l'enseignement dans la langue dominante, les enfants n'acquièrent pas la maîtrise de la langue qui est celle de leur famille et de leur entourage et perdent ainsi le contact avec leur propre héritage culturel (Ball, 2014).

Par ailleurs, plusieurs études comparées à la nôtre ont montré l'absence d'activités de lecture chez les élèves. Pourtant c'est une activité déterminante dans l'apprentissage d'une langue. Shahar-Yames et Share (2008) ; Ouellette (2010) ont démontré que la lecture engendre une meilleure mémorisation de l'orthographe des mots étudiés. Dans cette optique, Compaoré et al.,(2009) ont démontré dans une étude que les habitudes de lecture des élèves impactent les performances scolaires de ceux-ci. Selon eux, les élèves qui ont de mauvaises notes en français sont ceux qui ne lisent pas ou qui lisent très peu. Ils sont parvenue à la même conclusion que nous en ce sens que la présence d'une bibliothèque peut être un élément incitateur à sa fréquentation et par conséquent à la l'amélioration du rendement scolaire en dictée grâce à la pratique de la lecture par les élèves. Nous pensons que cette étude est à bien des égards comparable à nos résultats dans la mesure où elle démontre que la motivation d'un élève à pratiquer la lecture dépend de la disponibilité des manuels de lecture ou des bibliothèques. A cet effet ces auteurs affirment que :

si les infrastructures abritant les centres de lecture sont inexistantes ou éloignées des établissements, on peut enregistrer un nombre réduit d'élèves lecteurs et de livres lus. Et en conséquence le nombre d'apprenant ayant de mauvaises notes en français serait élevé. L'éloignement d'un centre de lecture constitue un handicap pour l'élève qui veut lire. Il est possible que le nombre réduit de livres lus par les élèves soit dû à des attitudes qui défavorisent la lecture. Peut-être les élèves trouvent que la lecture n'est pas essentielle (Compaoré et al., 2009, p. 132).

Bien que tout le monde s'accorde sur le fait que les manuels scolaires sont des outils indispensables pour l'apprentissage de la langue française, nos établissements scolaires surtout ceux du primaire n'en disposent nullement pas. Or c'est à ce niveau que les élèves doivent apprendre à lire et développer le goût à la lecture. Au Togo, la relation entre le nombre d'élèves et le nombre de manuels de lecture dans les écoles primaires publiques pour l'année scolaire 2017-2018 est de 0,7 soit un manuel pour moins de deux élèves (RESEN Togo, 2018, p. 82). La situation n'est pas meilleure dans les autres pays. Le ratio élèves / manuels scolaires au Bénin pour le compte de l'année scolaire 2011-2012 est de 0,8 soit environ 10 % des élèves qui ne disposent dans les faits d'aucun livre pour soutenir leur apprentissage en lecture (RESEN Bénin 2014, p. 202). En Côte d'Ivoire, le coefficient de détermination entre le nombre de manuels de français et le nombre d'élèves par école est à peine de 0,27. Ceci indique que dans 73 % des écoles, le nombre de manuels n'est pas en relation avec le nombre d'élèves (RESEN Côté d'Ivoire, 2016, p.131). Au Mali, le pourcentage des établissements du premier cycle fondamental qui n'ont pas de bibliothèques pour l'année scolaire 2010-2011 est de 96,9 % et pour l'année scolaire 2014-2015 est de 93,7 % (RESEN Mali, 2017, P.121).

Les établissements scolaires ne disposent pas de bibliothèques ni de manuels de lecture ; les élèves non plus n'en disposent pas à titre personnel parce que leurs parents ne préfèrent qu'acheter les livres de mathématiques ou de sciences physiques. Cependant, « à la fin du premier cycle d'enseignement secondaire ce sont désormais les mathématiques qui posent le plus de difficultés d'apprentissage aux élèves, contrairement à la fin du cycle primaire» (RESEN, 2017, p.65). Cette situation suscite plusieurs interrogations : Quelles sont les raisons explicatives de ce choix par les parents ? Et quels sont les facteurs explicatifs des mauvaises performances des apprenants en mathématiques malgré ce choix des parents ? En fin, quels doivent-être les mécanismes de financement, de production, de distribution et de gestion des manuels en vue de les rendre plus accessible et inciter par la même occasion les apprenants à s'adonner à la lecture ? Telles sont les questions qui méritent d'être posées lors des prochaines recherches.

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