WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Contribution d'une éthique de la discussion et de l'action à  la lutte contre la pauvreté à  l'échelle planétaire

( Télécharger le fichier original )
par Jean Barnabé Milala Lungala
Université de Kinshasa - Diplôme d'études supérieures(DES) 2005
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

4.3. La dimension libératrice de la domination.

Habermas insiste sur la dimension libératrice, celle d'une anticipation de la communication qui serait à la fois débloquée et exempte de domination. La référence à la domination sur le travail et du langage (parole libre), indique les conditions socio-historiques pour une dimension libératrice -une restriction à l'activité communicationnelle qu'il convient de dépasser. En même temps ces conditions théoriques dictent la conduite de Habermas qui prend à bras-le corps les sciences émancipatrices : la philosophie critique et la sociologie de compréhension linguistique ou la critique des idéologies.

La domination n'est pas exclusivement de l'ordre économique, elle se situe à plusieurs niveaux :

- le désechement du monde vécu contre les systèmes : la dialectique de la rationalisation et du progrès fait apparaître l'époque moderne comme un projet problématique : « le progrès » comporte un certain coût et on assiste à une « colonisation » du monde qui est nôtre vécu à travers les impératifs du système socio-économique avec la rationalité restreinte, technique et scientifique.

- aussi l'exigence d'un dialogue a-t-elle à connecter les deux moments : système socio-économique qui s'atomise sans dialogue  et société civile qui présuppose le siége de la vie.

- la domination bureaucratique (une contrainte dominante anonyme d'une administration qui se détache des attentes du peuple) et celle des élites.

Contre le capitalisme, Habermas reproche autrement son incapacité aujourd'hui de se domestiquer de façon pratique et morale à l'échelle planétaire au moyen de l'Etat providence et de l'écologie. « Le parti qui se croit victorieux ne parvient pas à se réjouir de son triomphe ».70(*) Finalement, il peint une situation sombre contre laquelle il faille mener un combat des gladiateurs: « face aux conflits primordiaux que constituent la limitation écologique de la croissance économique et la disparité croissante des conditions de vie du Nord et du Sud ;devant la tâche historiquement inédit d'introduire dans les sociétés naguère fondées sur le socialisme d'Etat , les mécanismes d'un système économique différentié ; sous la pression des flux migratoires venant des régions appauvries du Sud et aujourd'hui de l'Est ; compte tenu des risques que constituent les nouvelles guerres ethniques,nationales et religieuses,les chantages nucléaires et les luttes internationales pour le partage des richesses ».71(*)

Les évolutions et les continuités de la modernité sont décrites par Habermas dans quelques uns de ses écrits. Dans son ouvrage, Après Etat -Nation .une nouvelle constellation politique, Habermas présente une évolution des événements majeurs de l'époque contemporaine. Il présente la continuité des tendances longues qui caractérisent la modernité sociale contemporaine en trois grandes dates historiques : 1914,1945, et 1989. « Un consensus existe sur le fait qu'au « long » 19e siècle (1789-1914) a succédé un «  court » 20e siècle (1914-1989) » (72(*)) Seuls les Etats-Unis sont sortis renforcés de deux guerres mondiales, et de la guerre froide, au plan à la fois économique, politique, culturelle et militaire. Ils ont un investissement militaire de près de 800 milliard de dollar de part le monde : des déploiements des troupes, de flottes de guerre sur les mers et les océans, des bases militaires en Europe, en Asie, dont 6,7 milliard de dollar d'investissement en Afrique. Ils détiennent près de 51% de PNB mondial, près de quart des flux aériens du monde, etc. Ces résultats ont valu, au dire d'Habermas, au 20e siècle le nom de siècle « américain ».

La force la plus imposante qui dicte la césure calendaire est sans appel les différentes guerres. L'année 1945 est la serre chaude des idées sans la quelle l'innovation culturelle incontestable du siècle n'aurait guerre eu lieu. Le changement de climat obtenu en 1945 constitue l'arrière-plan des évolutions ultérieures. La décolonisation s'inscrit dans ce changement structurel nonobstant quelques résistances. « Dès 1945, l'empire du Japon vaincu n'est pas le seul à se désintégrer ; la même année, la Syrie et la lybie acquièrent leur indépendance .En 1947, les Britanniques se retirent de l'Inde ; l'année suivante a vu la naissance de la Birmanie, du Sri lanka, d'Israël et de l'Indonésie .Ont ensuite conquis leur indépendance les régions de l'Islam « occidental » de l'Iran au Maroc, puis, petit à petit, les Etats de l'Afrique centrale. »  73(*)

C'est à partir d'une raison globale et non restreinte :technique et scientifique que J. Habermas entreprend de valoriser les structures normatives, dévalorisées par Marx, comme le droit ou la morale elle-même et qu'il pense l'échéance d'une « identité collective » universelle à la quelle se trouvent maintenant confrontées nos sociétés ; c'est elle qui est à l'oeuvre comme espace idéal de dialogue à l'horizon de « l'opinion publique », présente dans les légitimations dont se soutiennent de plus en plus toutes les sociétés.74(*) Ce système semble être à la hauteur de l'expérience de notre temps parce qu' englobante.

Il reste que le dialogue démocratique est la seule voie permettant d'assurer la médiation politique entre notre pouvoir technique et notre vouloir « pratique » et d'échapper à l'illusion technocratique ou « décisioniste ».

Il n'est guère d'alternative institutionnelle à la démocratie, même si de grandes « démocraties occidentales des masses » se sont assez largement discréditées tant qu'il est vrai que la dictature du prolétariat n'est ni souhaitable ni même proprement possible.

Jürgen Habermas renvoie dos à dos et le marxisme et le capitalisme. Il propose une démocratie dite radicale : il tente de présenter « une tradition ( ) de l'idée de démocratie radicale telle qu'elle est développée par la théorie de la discussion.»75(*) La critique contre marxisme se focalise entre autre sur la théorie de la Révolution. Il y a trente ans, rappelle Habermas, « j'ai critiqué la tentative marxienne de transformer la philosophie hégélienne du droit en une philosophie matérialiste de l'histoire ». 76(*) La conséquence est qu'il s'est discrédité parce que tombant sous le coup des mêmes griefs : les droits comme expression des forces sociales, i.e. le droit colonial que l'on semble sans ménagement perpétuer dans certains Etats post-coloniaux.

Le marxisme n'abolirait pas les idéologies ! « En critiquant l'idéologie de l'Etat constitutionnel bourgeois, (Marx) a discrédité de façon si durable pour le marxisme à la fois l'idée même de la légalité et, par sa dissolution sociologique de ce qui faisait la base des droits naturels, l'intention de droit naturel comme tel, l'union entre droit naturel et Révolution s'est dissoute». Habermas va entreprendre de traiter cette question largement dans son livre intitulé Droit et démocratie. Entre faits et normes.

Chez Marx la critique de l'économie politique est une condition de libération des travailleurs qui sont dominés et exploités. 77(*) Les intérêts de classe sont véhiculés dans les différents types de savoir. Habermas s'y oppose pour évacuer les intérêts socio-historiques, pour mettre à la place les intérêts liés à l'espèce humaine.

Finalement pour Habermas, la construction de la réalité sociale est une question importante parce que les participants à un projet social doivent s'entendre eux-mêmes sur la forme de vie qu'ils veulent instaurer. En effet,si on comprend le « socialisme » comme « la quintessence des conditions nécessaires aux formes d'une vie émancipée, à propos desquelles les participants doivent eux-mêmes s'entendre, on voit que ce projet trouve lui-même son noyau normatif dans l'auto-organisation démocratique d'une société juridique »78(*).

* 70 Ibidem.

* 71 Ibidem.

* 72 Jürgen HABERMAS, Après Etat-Nation, une constellation politique, Fayard, Paris, p.19.

* 73 Ibidem, p.25.

* 74 Voir HUISSMAN (Dir.), Dictionnaire des philosophes, p.1130.

* 75 Ibidem, P.400.

* 76 Ibidem, p.11. 

* 77Ibidem, p.63.

* 78 Ibidem, P. 12.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery