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Analyse hétérodoxe de la monnaie appliquée à  l'euro : l'originalité et le pari d'une monnaie pionnière en son genre, produit de la rationalité économique


par Grégory Ode
Université de Paris I Panthéon - Sorbonne - Master d'économie 2005
  

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La vision fonctionnaliste de la monnaie : l'orthodoxie monétaire

L'approche fonctionnaliste limite son analyse de la monnaie aux trois fonctions canoniques qui lui sont traditionnellement assignées. L'argent est alors considéré comme un équivalent général, « voile neutre », permettant de faciliter les échanges. Les questions ayant trait à la nature profonde de la monnaie sont détournées de l'analyse. Cette vision fortement restrictive de la monnaie trouve son fondement analytique dans l'histoire de la pensée économique au sein de l'oeuvre d'Adam Smith, « père fondateur » de l'économie politique. Ainsi, sans nier l'existence et l'utilité de la monnaie dans une économie où le travail est socialement divisé, dans le livre I (chapitre IV) de la Richesse des nations13(*), Adam Smith avance implicitement l'idée selon laquelle la monnaie n'est qu'un « voile » au sens où les échanges sont réels. L'idée centrale, et historique, d'Adam Smith réside dans la double équivalence qu'il établit : d'une part entre marchandise et monnaie, et, d'autre part entre quantité de travail et marchandise. Ce faisant, Adam Smith instaure une vision réelle de l'économie, c'est-à-dire que les échanges peuvent être pensés en faisant abstraction de la monnaie. Il est à ce titre un précurseur de l'orthodoxie économique et monétaire.

Cela dit, la première fonction que l'approche fonctionnaliste attribue à la monnaie est celle d'étalon de valeur, ou, d'unité de compte. En effet, alors que le troc ne permet de déterminer la valeur d'une marchandise que par rapport à une autre marchandise, avec la monnaie, il devient possible de mesurer la valeur des différents biens de manière absolue ou relative. En ramenant ainsi toutes les évaluations possibles d'un bien exprimées en termes d'autres biens en une seule évaluation exprimée en monnaie, cette dernière permet de réaliser une importante économie de calculs et d'informations. La monnaie s'apparente alors à un langage permettant d'homogénéiser, d'évaluer et de hiérarchiser les différents biens présents dans l'économie. De par sa fonction d'unité de compte, la monnaie se veut être :

« Une unité de mesure commune grâce à laquelle les prix individuels des différents biens et les transactions sont évalués dans un langage chiffré commun à tous les membres de la communauté de paiements considérée »14(*).

Puis, la deuxième fonction que les économistes allouent traditionnellement à la monnaie est celle d'intermédiaire des échanges, ou, de moyen de paiement. Cette fonction fondamentale de la monnaie prend son origine dans les contraintes inhérentes au troc, notamment celle ayant trait à la double coïncidence des besoins qui impose que chacun des échangistes désire le bien détenu par l'autre. En effet, le problème de la double coïncidence des désirs implique des coûts importants liés à la recherche d'informations (des partenaires échangistes) et au besoin de stocker les marchandises. Dès lors, l'intervention de la monnaie permet de faciliter considérablement les échanges en ce qu'elle décompose chaque transaction en deux opérations successives : une vente et un achat. De la sorte, dans une économie monétaire, celui qui détient un bien et souhaite le vendre, va pouvoir céder ce bien contre une certaine quantité de monnaie qui en constitue le prix. Avec la monnaie obtenue, cette personne pourra, par la suite, acquérir d'autres biens. Ce faisant, la monnaie constitue un véritable moyen de paiement.

Enfin, la troisième fonction que l'optique fonctionnaliste attribue à la monnaie est celle de réserve de valeur. Pouvant être conservée pour réaliser un achat à un moment futur, la monnaie offre la possibilité de transférer du pouvoir d'achat d'une période à une autre, ce qui lui confère une double dimension spécifique :

« Elle est (la monnaie) tout d'abord un `lien' entre le présent et le futur ; elle est ensuite un instrument favorable à l'exercice des décisions et des responsabilités individuelles [...] De ce point de vue, la monnaie substituerait aux contraintes et servitudes du troc la souplesse et les avantages des choix inter-temporels »15(*).

Toutefois, la fonction de réserve de valeur n'est effective que si le pouvoir d'achat de la monnaie n'est pas déprécié dans le temps, ce qui est le cas en situation d'inflation prolongée. Mais, si d'autres biens peuvent aussi conserver du pouvoir d'achat à long terme, même parfois mieux que la monnaie en période d'inflation (immeubles, oeuvres d'art...), il n'en demeure pas moins que la monnaie possède la propriété fondamentale d'être parfaitement liquide. A ce titre, elle est immédiatement disponible pour acquérir d'autres biens en ce qu'elle est unanimement acceptée par les autres membres du groupe.

* 13 Adam Smith, Enquête sur la nature et les causes de la richesse des nations, PUF, Paris, 1995.

* 14 Sylvie Diatkine, Institutions et mécanismes monétaires, Armand Colin, Paris, 1992 : p. 15, 16.

* 15 Marc Bassoni et Alain Beitone, Monnaie. Théories et politiques, Dalloz, Paris, 1997 : p. 10.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius