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Faux souvenirs et profondeur de traitement

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par Laure Maraccino
Université de Nantes - Master 1 2006
  

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Le paradigme DRM

Les faux souvenirs sont soit des distorsions de l'expérience réelle, soit des souvenirs d'événements qui ne se sont jamais produits (Roediger & McDermott,

1995). Ces distorsions peuvent provenir d'une source externe (croyances, opinions, etc.) ou d'une source interne.

En s'appuyant sur les travaux de Deese (1959), Roediger et McDermott (1995) développent un paradigme qui génère des faux souvenirs.

Le paradigme DRM consiste à apprendre des listes de 15 mots associés à un mot non présenté dans la liste (le leurre critique). Par exemple, la liste d'items associés au leurre critique sleep, présentera des mots tels que bed, rest, awake, tired, dream, etc., le premier mot de la liste étant le plus fort associé. Les résultats montrent des rappels avoisinant les 65% pour les mots étudiés. Les leurres critiques, soumis à une grande variabilité interindividuelle sont quant à eux récupérés de 10 à 70%.

Ils observent des résultats similaires en ce qui concerne la reconnaissance.

Selon plusieurs auteurs, le rappel ou la reconnaissance de leurres viendrait d'une difficulté à identifier la source, d'une erreur d'attribution : les sujets pensent que le mot fait partie de la liste alors que c'est lui qui l'a généré (Brédart, 2000, cité par Brédart & Van der Linden, 2004 ; Hicks & Marsh, 1999).

Ainsi, une multitude d'études ont émergé, mettant principalement en avant les effets de la propagation de l'activation sur les faux souvenirs, via la manipulation des niveaux de traitements.

Les niveaux de traitement

Les niveaux de traitement ont été mis en évidence par Craik et Lockhart, en 1972 (cités par Rhodes & Anastasi, 2000). Ils suggèrent qu'à partir d'un apprentissage de mots, ce qui est retenu est une sorte de trace laissée par les processus de traitement, plutôt qu'un item stocké en mémoire. Cette trace serait utilisée comme une source d'indice à propos de l'item traité.

Les auteurs émettent l'hypothèse d'un continuum dans le traitement. Il débuterait à un niveau superficiel pour évoluer et s'approfondir de plus en plus. Leur théorie énonce que plus le traitement de l'information est exploité, plus les traces

mnésiques sont durables. La mémorisation est bien meilleure comparativement aux traitements superficiels.

Lors d'une épreuve de rappel, les sujets restitueraient donc plus facilement les items avec un traitement profond (analyse sémantique), par rapport à un traitement peu profond (simple analyse physique ou phonologique).

Pour illustrer cette hypothèse, ils présentent des paires de mots en utilisant trois types d'encodage : superficiel, intermédiaire, et profond. L'apprentissage en traitement superficiel consiste à effectuer un encodage physique du stimulus en détectant le nombre d'apparitions de la lettre « o ». Le traitement intermédiaire est un encodage phonétique du stimulus. Le sujet doit évaluer le degré de ressemblance phonétique entre les deux termes. Enfin, concernant le traitement profond, il s'agit d'effectuer un encodage sémantique du stimulus.

Les résultats indiquent un meilleur rappel des mots pour l'encodage sémantique : le traitement profond des items présentés provoquerait donc une meilleure mémorisation.

Les notions de propagation d'activation et de niveaux de traitement ont été étendues au domaine des faux souvenirs. L'hypothèse principale suggère que l'augmentation de la propagation d'activation en mémoire accroît la mémorisation et la probabilité de création de faux souvenirs.

En effet, Toglia, Neuschatz et Goodwin (1999) comparent deux types de jugement lors d'un encodage : un jugement sémantique (la tâche de pleasantness qui consiste à évaluer sur une échelle de 1 à 5 le taux d'agréabilité de l'item) et un jugement non sémantique (le mot contient-il la lettre « a » ?). Lors de la récupération, après un jugement sémantique des mots, ils observent une augmentation du rappel des items présentés ainsi que des faux souvenirs.

Rhodes et Anastasi (2000) cherchent à déterminer quelle approche est mise en jeu dans la création de faux souvenirs. Ils comparent l'approche des niveaux de traitement (levels-of-processing approach) à celle fondée sur l'activation (activation-based approach). L'approche des niveaux de traitement prédit un meilleur rappel des items de la liste et moins de faux souvenirs en condition profonde car la mémorisation en est plus précise. L'approche basée sur l'activation, quant à elle, prédit certes une meilleure mémorisation des items, mais plus de faux souvenirs,

venant d'un processus relationnel plus important.

Pour vérifier laquelle de ces approches est opérante, ils font deux expériences avec, pour encodage superficiel, le compte du nombre de voyelles de chaque mot. Quant à l'encodage profond, il fait appel à un jugement de concrétude et d'abstraction dans la première expérience et à une tâche de catégorisation dans la deuxième.

Les résultats indiquent pour les deux expériences une supériorité de rappel d'items présentés et critiques pour les deux encodages profonds qui s'explique par une plus grande activation des items et de leurres associés lors de ce type de traitement. Il semble donc que ce soit l'approche basée sur l'activation qui est ici mise en jeu.

Thapar et McDermott (2001) comparent un encodage superficiel (déterminer le nombre de voyelles de chaque item) et un encodage de type pleasantness. Ils observent des résultats identiques à ceux trouvés dans les expériences précédentes : une augmentation de rappel de mots effectivement présentés et de leurres en condition profonde.

Ces expériences nous indiquent clairement qu'un traitement sémantique, en plus d'augmenter le taux de rappels de mots présentés, provoque une meilleure probabilité de faux rappels qu'un traitement superficiel. Cependant d'autres auteurs vont mettre en évidence une absence d'effet de la profondeur sur les faux souvenirs.

Read (1996, cité par Tussing & Greene, 1997) fait varier deux mécanismes de répétition pour l'apprentissage et la mémorisation : la répétition de maintenance (« maintenance rehearsal ») qui garde les informations actives en mémoire, et la répétition élaborée (« elaborative rehearsal ») qui permet un traitement plus profond. Il a pour objectif d'établir une relation entre les niveaux de traitement et les faux souvenirs. Pour ce faire, il utilise trois conditions : le rappel des mots dans l'ordre, la répétition de maintenance et la répétition élaborée. La condition d'élaboration faisant appel à un niveau de traitement plus profond que celle de maintenance, on s'attend à une différence dans le rappel des leurres. Les deux conditions de répétition dénotent bien un nombre supérieur de reconnaissance de leurres que la condition standard. Cependant, les conditions de maintenance et d'élaboration ont un taux équivalent de rappel de leurres.

Read en déduit que les processus sémantiques demandant un traitement profond ne sont pas nécessaires à la production de faux souvenirs. Tussing et Greene (1997) comparent la pleasantness à une condition superficielle, où le sujet doit déterminer si la première lettre de l'item présenté est une voyelle et une condition intermédiaire, qui consiste à compter le nombre de lettres de chaque item. Ils observent un taux plus élevé de reconnaissance des leurres pour les traitements superficiels et profonds. Malgré leur différence d'encodage, ces deux conditions présentent des taux similaires de rappel de leurres.

Newstead et Newstead (1998) n'ont également observé aucune différence significative des niveaux de traitement sur les faux souvenirs, contrairement aux listes de mots. Ils comparent un groupe contrôle de rappel à quatre autres groupes :

- (1) penser à la signification de chaque item (elaboration group)

- (2) relier chaque item à l'expérience personnelle (personal experience group)

- (3) créer des images mentales (imagery group)

- (4) former des phrases avec les mots (chaining group)

Ils observent un taux supérieur de rappel correct des mots pour les conditions d'élaboration de la signification et de formation de phrases par rapport aux deux autres. Cependant les groupes formant des images mentales et ceux faisant référence à leur expérience personnelle présentent un taux équivalent de rappel de mots présentés. Concernant le rappel de leurres, ils n'observent pas de différence significative entre les groupes.

Le groupe d'élaboration et celui de formation de phrases n'ont donc pas d'influence sur les faux souvenirs mais affectent le rappel de mots présentés. La précision d'un encodage semble améliorer la discrimination des items perçus de ceux simplement pensés. Ainsi, lorsque l'on pense à la signification de chaque item ou lorsque l'on construit une phrase à partir de celui-ci, on augmente la probabilité d'une meilleure récupération tout en évitant une augmentation de rappel de leurres. L'utilisation des formations de phrases, pour s'aider à mémoriser les mots, semble diminuer largement le rappel de leurres (Bower & Clark, 1969, cités par Newstead & Newstead, 1998).

Ainsi, Newstead et Newstead n'observent pas d'influence des conditions expérimentales sur les faux souvenirs. Ceux-ci présentent des proportions similaires aux rappels du groupe contrôle.

Nous avons pu voir que les expériences de Read, Tussing et Greene, et Newstead et Newstead montrent qu'un traitement sémantique n'est pas nécessaire à la formation des faux souvenirs.

La question se pose alors au niveau des expérimentations et des types de variables utilisées. Sont-elles efficaces ? Permettent-elles de déterminer de façon fiable la manière dont se forment les souvenirs ?

Des recherches vont également être effectuées dans les mêmes années et ultérieurement en utilisant d'autres variables et conditions afin de mieux cerner le processus de faux souvenirs.

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