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Les stations de sports d'hiver face au changement climatique

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par Siv-Ann LIPPERT
Université Joseph Fourier - Institut Géographie Alpine, Grenoble - Master 2 2007
  

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5.4 L'aménagement des stations de sports d'hiver

La remontée à pied avant la descente en ski faisait partie de la pratique du ski jusque dans les années 30. Faire du ski, c'était d'abord monter la montagne et puis profiter de la vitesse en descendant. Quand Léon

12 Bosso A., et al. (1994), p.36 13cf. Dettling S. (2005), p.135

14 Avec les skis nordiques anciens la seule manière de s'arrêter en descente est de se jeter par terre.

Zwingelstein revient de son voyage dans les Alpes hivernales en 1933 il écrit dans son journal:

«Ce n'est plus la montagne, mais seulement du sport en plein air qui se déroule dans un cadre ne jouant qu'un rôle secondaire, même inutile. Eprouvent-ils véritablement du plaisir? Pour ma part, j'ai l'impression de pas avoir gagné ma descente, il est vrai que

j'ai une compréhension du ski différentes de celle des ces sportsmen. »15

Cependant, les installations d'équipements de remontées mécaniques devenaient de plus en plus importants dans l'Arc Alpin. Les premières téléphériques ont été construit à partir de 1866. Ils servaient d'abord pour les touristes d'été qui voulait profiter d'un panorama sans faire d'effort physique - donc ceux qui voulaient exercer le « tourisme de belle vue ». La Suisse comptait vingt-six téléphériques en 1900.16 La création et l'installation des premiers téléskis (en 1932)17 et des premiers télésièges (en 1937)17 marquent le début d'une pratique de ski fortement répandue. Les premières stations de sports d'hiver se créent entre la fin du 19e siècle et la deuxième guerre mondiale dans les villages dynamiques de basse altitude (Morzine, Villard-de-Lans, la Clusaz) qui connaissait déjà un tourisme d'été et qui pouvait donc offrir des aménagements touristiques existants. C'étaient souvent des initiatives locales diffuses et nombreuses de la part d'une société essentiellement paysanne. L'agriculture de montage ne connaissait pas encore de forte régression, mais d'autres activités comme le colportage, l'industrie rurale et l'artisanat étaient déjà en baisse. Mais l'aménagement de la montagne française avec des remontées mécaniques se passait d'une manière non contrôlée et non dirigée. En 1938, ils existent dix remontées mécaniques en France détenues par dix exploitants différents. Cependant, une part des premiers skieurs ne voulait pas descendre en basse altitude pour y passer la nuit. Ils étaient hébergés chez des

15cf. Bosso, A. (1994), p.88 16cf. Güthler A. (2003), p.2 17cf. Débarbieux B. (1995), p.50

habitants des petits villages d'altitude. Mais vu la taille de ces villages il n'y avait pas de la place pour le nombre de nouveaux pratiquants qui augmentait sans cesse. Donc, la mise à disposition d'environ dix chambres par village d'altitude n'a plus était suffisante rapidement.18 Des grands plans d'aménagement de la montagne ont commencé à voir le jour ainsi mais ont été stoppés par la deuxième guerre mondiale. C'est après le conflit que l'idée s'exprime d'

«ouvrir la montagne à la jeunesse française grâce à une exploitation à caractère social de son équipement et favoriser la pratique sportive du plus grand nombre. »19

Laurent Chappis dessine le plan d'urbanisme de la station des Tovets (qui va devenir «Courchevel 1850 ») en 1946. Dans son plan de création, il repartit les différentes fonctions touristiques selon les nécessités. Au centre de la station on trouve le point de convergence des pistes de ski et plus loin les zones d'habitation desservies chaque une par une piste de ski. Les parkings et garages couverts sont placés à l'entrée de la station.

Des projets d'équipement des sites vierges au dessus des petits villages élevés et sans tourisme d'été se lancent partout en France. Au contraire, dans les Alpes orientales ce sont surtout les villages de basse altitude qui connaissent déjà le tourisme d'été et qui ont été équipé et aménagé pour le tourisme d'hiver. L'automobile joue un facteur important dans la massification du tourisme d'hiver. Les endroits qui ne sont pas desservis par le chemin ferroviaire deviennent accessibles pour les touristes et le temps de déplacement se réduit progressivement. De concert avec cette évolution de la mobilité dans les années cinquante et soixante, des aménagements importants de la montagne sont lancés. Dans les seules années cinquante, soixante-huit stations sont créées en

18cf. Perret J. (1994), p.77-84

19 Bosso A., et al. (1994), p.93; exprimé par Pierre Cot dès la première réunion du Conseil Général Savoie du 30 octobre 1945.

France, dont presque la moitié des villages (29 stations) sans tradition touristique. En Suisse, ce sont deux tiers des stations de sports d'hiver actuelles qui ont été aménagées entre 1950 et 1975.

En France, le plan neige des années soixante incite une grande vague d'aménagements ex nihilo comme par exemple Les Arc 1950. Débarbieux (1995) constate:

«Seul pays où l'on voit apparaître une station nouvelle chaque année, la France est en train de devenir l'un des plus grands pays de sports d'hiver. Cinquante millions de francs ont été investis par l'État entre 1963 et 1965 dans les équipements collectifs des stations. Tous les champs de neige skiables sont ainsi appelés à devenir, au même titre que les plages, des centres d'attraction touristique, c'est-à-dire des centres de richesse et d'expansion régionale».

C'est le temps des conceptions fonctionnalistes des grandes stations balnéaires et de montagne pour pouvoir participer à la croissance du tourisme mondiale et pour suivre l'idéologie démocratique et la société de masse.

Dans les années soixante-dix, les critiques concernant le « bétonnage » de la montagne commencent à s'exprimer. Jusque là, l'aménagement des stations de sports d'hiver se passaient là où on considérait le terrain approprié. On ne demandait pas son accord à la population locale. Des termes comme la «montagne colonisée» apparaissent.20 C'est en 1976 que la loi relative à la protection de la nature est votée. Cette loi instaure la nécessité de réalisation des études d'impact pour tous les travaux de remontées mécaniques et pour les travaux d'aménagement de pistes pour la pratique des sports d'hiver lorsque le coût total des travaux est supérieur à 950 000 €HT. A partir de 1977 l'état français instaure un contrôle systématique des principales opérations immobilières et mécaniques (unités touristiques nouvelles) avec l'institution de

20 cf. par exemple Débarbieux et Perret

la directive montagne, ce qu'interdit les nouveaux aménagements en site vierge dans les périmètres perçus comme sensibles. Mais cependant, les extensions des stations sont toujours possibles.21

Enfin, la loi montagne 1985 a donné un fort espoir à ceux qui voyait la biodiversité et la culture des régions montagnardes menacées par les grands projets d'aménagement. Le premier article marque que

«la montagne constitue une entité géographique, économique et sociale dont le relief, le climat, le patrimoine naturel et culturel nécessitent la définition et la mise en oeuvre d'une politique spécifique de développement, d'aménagement et de protection. L'identité et les spécificités de la montagne sont reconnues par la nation et prises en

compte par l'Etat,... ».22

Donc, pour une première fois une loi reconnaît la spécificité des espaces montagnards et constitue ainsi la base pour un aménagement contrôlé. Mais son application ne se fait pas comme ses fondateurs auraient voulu. L'Union Mondiale pour la Nature constate dans leur bilan 2005 que

«un déséquilibre fondamental marque l'application de la loi Montagne : alors que les procédures relatives à l'aménagement touristique et urbain ont été largement utilisées, les outils développés par la loi Montagne pour permettre une protection du patrimoine naturel n'ont pas été appliqués. »23

Ce constat après vingt ans d'application montre bien les problèmes toujours existants par rapport à la protection de la montagne.

21 cf. Sauzay, 2006

22cf. loi n° 85830 du 9 janvier 1985 relative au développement et à la protection de la montagne, Art. 1

23cf. sans auteur (UICN), 2005

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