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La République tchèque : analyse de son "retour à l'Europe"

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par Audrey Arnoult
Université Lyon 2 - Master 2 en Sciences de l'Information et de la Communication 2007
  

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2. Le débat sur l'intégration entre les deux principaux partis politiques (ODS / ÈSSD)

L'ODS et le ÈSSD sont deux partis politiques favorables à l'intégration de la République tchèque dans l'UE mais une étude plus précise de leur position respective permet de mettre à jour des divergences sur le sens qu'ils donnent à cette intégration et leur vision de l'Europe.

a) Le ÈSSD, un parti pro-européen

Héritier du parti socialiste tchécoslovaque, le parti social démocrate est un parti pro-européen qui revient sur la scène politique tchèque au début des années 90 et réussit progressivement à s'imposer comme le principal parti d'opposition. Très critique envers le gouvernement de Václav Klaus, il s'insurge contre les scandales politico-financiers qui ont éclaté et une fois au pouvoir, il entreprend de lutter contre la corruption. Il dénonce également les réformes économiques jugées trop rapides qui ne tiennent pas compte de la situation sociale du pays mais il soutient la transition vers une économie de marché. Favorable à une intégration rapide à l'UE dès le début des années 90, l'adhésion devient la priorité de sa politique étrangère en 1995. Contrairement à l'ODS, Michael Dauderstädt et Britta Joerissen soulignent que « ce parti s'est toujours montré, sans aucune ambiguïté, favorable au processus d'adhésion »130(*). A plusieurs reprises, il a exprimé son point de vue sur les institutions européennes, les valeurs et l'identité européenne ainsi que sur les différents aspects de l'intégration.

b) Une Europe qui respecte les identités nationales

Le ÈSSD conçoit l'intégration comme un rempart contre le libéralisme économique. En réaction au Manifeste de l'euroréalisme tchèque publié par l'ODS en 2001, le ÈSSD a diffusé un Euromanifeste dans lequel il affirmait que « l'UE est une réponse efficace à la mondialisation [...]. L'adhésion est dans l'intérêt de la nation et de chaque citoyen de notre pays »131(*). Partisan d'un approfondissement de l'intégration économique et politique, il met l'accent sur la nécessité de renforcer le caractère supranational de l'UE mais insiste aussi sur le respect de l'indépendance culturelle et nationale des Etats et des régions. L'Europe doit être « une entité démocratique et fédérale dans le respect des spécificités nationales et culturelles des Etats, des nations et des régions [...]. Une Europe unie ne signifie pas qu'elle repose sur un super Etat européen »132(*). Le ÈSSD est donc à la fois favorable à une intégration poussée mais insiste avec vigueur sur le rôle des Etats nations au sein de l'Europe. Ainsi, V. pidla133(*) affirme que « le parti ne préconisera jamais l'entrée dans une communauté dans laquelle la République tchèque ne pourrait pas faire entendre sa voix et dans laquelle elle n'aurait aucune prise sur des sujets la concernant »134(*). La dialectique identité nationale / identité européenne et intégration qui traverse les discours du parti et de son leader reflète bien l'importance que revêt le respect de l'identité nationale tchèque dans leur conception de la construction communautaire. Enfin, l'entrée de la République tchèque dans l'Europe est présentée comme une opportunité non seulement pour le pays candidat mais aussi pour l'Union : « le ÈSSD est convaincu que la République tchèque n'entrera pas seulement dans l'UE avec la main tendue mais qu'elle contribuera au développement de celle-ci grâce à son économie dynamique et florissante, son agriculture performante, la qualité et la créativité de sa force de travail, sa richesse et sa diversité culturelle, son environnement toujours en voie d'amélioration et son niveau de vie élevé ». Cette citation appelle plusieurs remarques. Tout d'abord, elle illustre le besoin qu'éprouve la République tchèque de légitimer son entrée dans l'UE et nous renvoie au complexe de la petite nation. Ensuite, l'un des arguments du parti social-démocrate concerne la richesse culturelle du pays et nous rappelle que la République tchèque est avant tout une nation culturelle. Enfin, cette citation va de pair avec la volonté d'être considéré sur un pied d'égalité avec les autres pays et le refus d'une intégration à géométrie variable.

Pour terminer, il faut préciser que le parti social démocrate, vainqueur aux élections législatives de 1998, a mis en place une grande partie des réformes exigées par la reprise de l'acquis communautaire. En outre, c'est sous le gouvernement de V. pidla, leader du parti entre 2001 et 2004 et premier ministre à partir de juillet 2002, que la République tchèque a intégré l'UE.

* 130 DAUDERSTÄDT, Michael et JOERISSEN, Britta, « Partis de gauche et intégration à l'UE : le `oui...mais' dans les nouveaux Etats membres », Le Courrier des pays de l'Est, n°1054, mars-avril 2006, p. 12

* 131 NEUMAYER, [2006], p. 88

* 132 DAUDERSTÄDT et JOERISSEN, [2006], p. 13

* 133 Leader du parti entre 2002 et 2004, il a également été ministre du travail et des affaires sociales de 1998 à 2002 puis Premier ministre de juillet 2002 à août 2004. En novembre 2004, il est nommé Commissaire européen à l'Emploi, aux Affaires sociales et à l'Egalité des chances.

* 134 DAUDERSTÄDT et JOERISSEN, [2006], p. 12

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