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La République tchèque : analyse de son "retour à l'Europe"

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par Audrey Arnoult
Université Lyon 2 - Master 2 en Sciences de l'Information et de la Communication 2007
  

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E. Libération : une économie marquée par l'héritage communiste

1. L'économie tchèque, une économie à deux facettes

En réalisant un reportage à Lodenice275(*), Libération s'attache, comme La Croix, à rappeler la dualité du système économique tchèque. Dans ce village, situé à 35 km de Prague, coexistent deux usines que tout oppose : l'infrastructure, les méthodes de travail et les relations entre salariés et entrepreneur ; leur seul point commun : la rentabilité et la productivité, deux exigences de l'économie capitaliste. Tout l'article est construit autour du contraste entre l'« ancienne fabrique » rachetée par un fonds de pension américain et l'usine « ultramoderne » construite par ce même fonds de pension.

Dans la fabrique de vinyles, « l'ambiance fait penser à une usine soviétique qui aurait échappé à l'automatisation, à l'information et à la modernité ». A l'inverse, la nouvelle usine de CD et de DVD est « un entrepôt sans âme ». Le contraste est aussi perceptible dans les méthodes de travail. D'un côté, les ouvriers « fabriquent dans un silence religieux » des disques vinyles ; de l'autre, ils « surveillent des robots qui fabriquent que des CD pour Microsoft et des DVD pour Hewlett Packard » dans « un bruit infernal ». Enfin, les relations entre les ouvriers et les managers sont, elles aussi, sensiblement différentes. L'usine moderne est dirigée par un homme qui parle anglais et a appris à ses salariés « le respect du client et des délais ». A l'inverse, dans la fabrique de vinyle, ce sont les ouvriers qui sont en position « dominante ». Libération nous dit qu'ils « détiennent un savoir-faire », « maîtrisent la réparation des machines » et résistent « à la mondialisation de la gestion du personnel ». Ce sont des hommes « d'un autre temps » avec lesquels les managers doivent « composer ».

Nous pouvons faire plusieurs remarques quant à la signification de ce reportage. Rachetée par un fonds d'investissement américain, l'ancienne fabrique symbolise les usines partiellement restructurées qui ne répondent pas encore entièrement aux règles de gestion de l'économie capitaliste. Ici, ce n'est pas le manque d'investissements étrangers qui est souligné mais la difficulté à faire évoluer les mentalités des personnes « qui ont appris à travailler sous le communisme ». Le responsable des opérations commerciales le confirme : « Les gens ici travaillent très bien, mais beaucoup avaient l'ancienne mentalité de l'entreprise d'Etat ». Le quotidien fait allusion à un problème auquel ont été confrontées la plupart des entreprises au cours de leur restructuration : le poids de l'héritage institutionnel et organisationnel du système économique soviétique qui, comme l'illustre ce reportage, reste encore très présent même dans les nouvelles structures. Les investissements étrangers et le transfert de nouvelles technologies ne suffisent pas à transformer le système productif, l'économie de marché est aussi une question de mentalité.

Il est intéressant de mettre en parallèle ce reportage avec le portrait que fait Libération d'une chef d'entreprise tchèque276(*). Elle « n'a pas attendu que les actionnaires lui imposent le développement durable » pour créer sa propre firme de cosmétique bio. Par cette première précision, Libération montre que l'économie tchèque ne repose pas uniquement sur les entreprises rachetées par des investisseurs étrangers mais que l'esprit d'entreprise existe aussi chez les Tchèques. Cette firme est le fruit d'une initiative personnelle. Les différents termes employés par le quotidien pour la désigner témoignent de sa « bonne santé » économique. Cette « libre entreprise écolo » est « la plus grosse firme tchéco-britannique de cosmétiques bio ». Elle s'est développée et il existe « une quarantaine de boutiques aujourd'hui en République tchèque, une dizaine en Angleterre ». Ces différentes indications permettent au quotidien de montrer que le capitalisme est bien implanté en République tchèque et plus précisément le capitalisme « bio et profitable ». Il est intéressant de relever ce que Dana, la chef d'entreprise, dit à propos de ses salariés. Elle leur a appris « les standards du service à l'occidental » pour effacer progressivement leurs habitudes héritées du communisme. « Les Tchèques ont un problème à cause de l'héritage communiste. Ils [...] ne savent pas dire bonjour et merci » : cette citation illustre bien la difficulté à faire évoluer les mentalités.

C'est bien la dualité de l'économie tchèque qui est illustrée par ces deux articles sans qu'elle soit pointée du doigt comme un inconvénient, une faiblesse pour entrer dans l'UE. La République tchèque est un pays attractif pour les investisseurs, dont les entreprises sont productives et rentables même si certaines habitudes héritées du communisme perdurent.

* 275 Libération, « Lodenice approfondit le sillon du vinyle », 30 avril 2004, p. 26

* 276 Libération, « La firme bio ; l'Europe à 25. Dana Hradecka, 37 ans, chef d'entreprise. Elle a créé Botanicus, une gamme de produits cosmétiques bio ainsi qu'une chaîne de boutiques dans son pays et en Angleterre », 20 juillet 2004, p. 32

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille