WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

théâtre et théâtralité dans les Enfants du paradis

( Télécharger le fichier original )
par Fabienne DESEEZ
Université Nanterre PAris X - Maîtrise d'arts du spectacle mention études théâtrales 2002
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

c) La théâtralité du récit.

Les trois unités.

La structure narrative des Enfants du paradis fonctionne comme une pièce de théâtre. Prévert et Carné suivent les grandes règles du théâtre. Le déroulement de l'action suit l'ordre chronologique de l'histoire. Il n'y a pas de flashback. Des scènes d'exposition nous informent de ce que nous avons besoin de savoir pour comprendre ce qui se passe. Malgré cela, il nous est difficile de nous repérer dans le temps, car nous n'avons pas de repère spatio-temporel. Le prologue du début de la seconde époque en surimpression sur le rideau de scène, donne un résumé de la première époque. Il nous indique que quelques années ont passé. L'absence de transition spacio-temporelle immobilise le temps, comme une eau stagnante qui renvoie aux personnages une image inchangée d'eux-mêmes. Le seul élément qui contrarie cette immuabilité est l'apparition du petit Baptiste. La présence de l'enfant, nous indique de façon implicite, le mariage de Nathalie et du mime, et matérialise le temps écoulé entre les deux époques. Prévert et Carné privilégient un monde essentiellement limité à un lieu, le boulevard du Temple. Les protagonistes baignent dans la théâtralité, au théâtre comme dans leur vie.

Le fait même qu'ils se présentent revêt un caractère théâtral, sous forme de commentaires discrets en aparté ou publiquement.

L'intervention d'une tierce personne empêchant les amoureux de se dire leur amour, procédé classique au théâtre, est reproduite dans le film. L'arrivée de Nathalie interrompt les confidences amoureuses de Baptiste et Garance. Les dialogues de Prévert, riches en poésie évoquant la réalité concrète, justifient pleinement le statisme de la caméra et le parti pris du réalisateur, de donner à l'image un aspect pictural. A ce propos, Marcel Carné confiera, dans un documentaire qu'il a accordé à Arte, en 1994 intitulé Ma vie à l'écran de Jean-Denis Bonan, sa frustration de ne pas avoir pu filmer en couleur.

Un monde cloisonné.

Carné nous plonge dans un univers cloisonné, qui trouve sa respiration dans le mouvement des portes qui s'ouvrent et se ferment sur les entrées et sorties des protagonistes. La plupart des scènes sont tournées en intérieur, au théâtre, à l'hôtel, on encore dans une auberge. Le boulevard du Temple est tourné dans les studios de la Victorine. La masse humaine qui s'y presse, renforce l'impression d'étroitesse qui y existait avant les travaux du baron Haussmann. Les personnages sont entourés d'une double cloison ; celle des

hommes et celle des murs des bâtiments dont la hauteur nous prive d'horizon. Après l'agression de l'encaisseur, Garance doit fendre la foule pour atteindre le porche du Grand- Relais. La vision du ciel apparaît au lever de rideau, mangé par la façade des théâtres qui sont au centre de l'oeuvre. Nous retrouvons ce sentiment d'asphyxie, dans le métro aux heures de pointe où le moindre mouvement est une atteinte à l'espace vital de l'autre. Un mur humain obstrue les issues et nous empêche de monter. Nous regardons, impuissants, les trains bondés s'en aller, sous nos yeux.

Baptiste court après Garance. Des Pierrots, insouciants, dessinent une farandole autour de lui, l'empêchant d'avancer. Nous sommes saisis par cette image de Baptiste retenu par la foule qui l'empêche de suivre son instinct qui est de rejoindre Garance. Baptiste, retenu par la foule ne peut pas s'en aller. Les Pierrots lui rappellent qu'il est un enfant du spectacle. Son ciel, c'est le paradis. Il appartient au boulevard du Temple et ne peut en partir. Le public est là pour le retenir.

La seule scène du film réellement tournée en extérieur est la scène de duel dans la deuxième partie. Elle rappelle la partie de chasse de La règle du jeu tournée par Renoir, juste avant la guerre. Elle représente, un hymne à la nature. Le paysage en plan général, légèrement en contre-plongée, est la plus importante ouverture sur le ciel que nous ayons dans le

film. Cette séquence se distingue des autres scènes du film dans lesquelles l'action principale se situe sur un même lieu, le boulevard du Temple. L'espace contigu filmé nous rappelle celui du théâtre.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King