Chapitre premier :
CARACTÉRISTIQUES DES CHEFS DE
MÉNAGE
Ce chapitre porte sur l'analyse des résultats
concernant les caractéristiques socio-démographiques de la population des chefs
de ménage telles que la structure par âge et sexe, le statut
matrimonial, le niveau d'instruction, la religion et la profession.
1.1. Le sexe et
l'âge
L'intérêt d'étudier les structures par
âge et par sexe réside dans le fait que les attitudes des
individus diffèrent en fonction de leur sexe et de leur classe
d'âges. Dans la commune de MAKAK, les chefs de ménage ont en
moyenne 50 ans et sont majoritairement âgés de 35 ans et plus.
Parmi eux, on dénombre plus d'hommes chefs de ménage que de
femmes (cf. tableau 1).
Tableau 1 :
Répartition des chefs de ménage selon les classes d'âge et
le sexe
|
Sexe du chef de ménage
|
Total
|
|
Masculin
|
Féminin
|
|
Classe d'âge
|
[15; 25[
|
2
|
3
|
5
|
|
[25; 35[
|
26
|
16
|
42
|
|
[35; 45[
|
36
|
15
|
51
|
|
[45; 55[
|
29
|
21
|
50
|
|
[55; 65[
|
29
|
20
|
49
|
|
65 et plus
|
38
|
13
|
51
|
|
Total
|
160
|
88
|
248
|
Source : YIF
1.2. Le statut matrimonial
Sont considérés comme mariés toutes les
femmes et tous les hommes mariés légalement ou non, ainsi que
tous ceux et toutes celles vivant en union consensuelle. Selon cette
définition, on constate que la majorité des enquêtés
(69,8 %) sont mariés.
Une répartition des chefs de ménage selon le
statut matrimonial et le sexe (cf. tableau 2) permet de constater qu'environ
quatre hommes sur cinq (78.1 %) sont mariés et seulement 7 % sont en
rupture d'union (divorcés ou veufs). Chez les femmes, on remarque que
une femme sur quatre (25 %) est veuve et plus de la moitié (54.5 %) est
mariée.
Tableau 2 :
Répartition des chefs de ménage selon le statut matrimonial et le
sexe (%)
|
Sexe du chef de menage
|
Ensemble
|
|
Masculin
|
Féminin
|
|
Statut matrimonial du chef de ménage
|
Célibataire
|
15,0
|
18,2
|
16,1
|
|
Marié(e)
|
78,1
|
54,5
|
69,8
|
|
Divorcé(e)
|
1,3
|
2,3
|
1,6
|
|
Veuf(ve)
|
5,6
|
25,0
|
12,5
|
|
Total
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
Source : YIF
La répartition des chefs de ménage selon
l'âge et le statut matrimonial permet de constater que les chefs de
ménage âgés entre 15 et 25 ans sont soit
célibataires, soit mariées et seulement 2 % des personnes
âgées entre 35 et 45 ans sont divorcées.
1.3. La religion
En ce qui concerne leur religion, il ressort d'après la
figure 1 que la religion catholique est celle pratiquée par la
majorité des chefs de ménage soit 56.85 %. Nous constatons aussi
que la commune de MAKAK regorge en son sein très peu de non religieux
(1.21 %).
Figure 1 : Distribution en %
des chefs de ménage selon leur religion
Source : YIF
1.4. Le niveau d'instruction et la
profession
Le niveau d'instruction est un élément important
qui contribue à l'amélioration des conditions de vie car il peut
affecter le comportement procréateur, le comportement en matière
de santé ainsi que les habitudes en matière d'hygiène.
Dans le cadre de notre étude, le niveau d'instruction correspond
à la plus grande classe suivie par l'enquêté avec
succès.
La figure 2 donne une répartition des
enquêtés selon le niveau d'instruction. Globalement, on constate
que la majorité des enquêtés ont un niveau au plus du
secondaire 1er cycle (79.4 % = 8.1 % « sans
niveau/maternelle » + 38.3 % « primaire » + 33.1
% « secondaire 1er cycle ») et que seulement 4 %
ont un niveau supérieur.
Figure 2 :
Répartition des enquêtés selon le niveau d'instruction
(%)
Source : YIF
Au cours de l'enquête, les questions relatives à
la profession de l'enquêté ont été posées.
Pour mieux les analyser, nous avons redéfini les différentes
professions en huit groupes à savoir :
- Agro-pastorale : cultivateurs, pêcheurs,
chasseurs et agriculteurs ;
- Bâtiment : menuisier, maçon et
charpentier ;
- Transport : chauffeur, conducteur et
mécanicien ;
- Employé : secrétaire, fonctionnaire,
enseignant, instituteur, et infirmier ;
- Commerçant : vendeur et
commerçant ;
- Petit métier : débrouillard,
ménagère, domestique, couturier et coiffeur ;
- Élève/Étudiant ;
- Autre : toutes autres professions ne faisant pas partie
des groupes ci-dessus.
Il ressort du tableau 3 qu'environ 68.1 % des
enquêtés exercent dans l'agro-pastorale, ce qui est certainement
dû au fait que les villages de notre étude sont situés en
milieu rural. On dénombre très peu de commerçants (0.8 %).
Comme pour la majorité des hommes (60.6 %), les femmes sont pour la
plupart des cultivatrices (81.8 %).
Tableau 3 : Répartition des
enquêtés selon la profession et le sexe (%)
|
Sexe du chef de ménage
|
Ensemble
|
|
Masculin
|
Féminin
|
|
Profession du chef de ménage
|
Agro-pastorale
|
60,6
|
81,8
|
68,1
|
|
Autre
|
4,4
|
1,1
|
3,2
|
|
Bâtiment
|
8,1
|
0.0
|
5,2
|
|
Commerçant
|
0,6
|
1,1
|
0,8
|
|
Élève/Étudiant
|
1,9
|
1,1
|
1,6
|
|
Employé
|
20,0
|
8,0
|
15,7
|
|
Petit Métier
|
0,6
|
6,8
|
2,8
|
|
Transport
|
3,8
|
0.0
|
2,4
|
|
Total
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
Source : YIF
Chapitre deuxième:
ÉTAT DE SANTÉ DES POPULATIONS
Au Cameroun, le paludisme est la maladie la plus
répandue. À l'exception des zones montagneuses de l'Ouest
où son incidence est faible, les cas de paludisme sont reportés
sur toute l'étendue du pays (GARDE et al., 1991). Depuis la fin des
années 1980, le paludisme connaît une résurgence alarmante.
Le ministère de la santé publique estime à 3 millions le
nombre de cas par an, avec 30 à 35 % de décès, dont 40 %
d'enfants de moins de 5 ans ; 25 à 26 % des admissions
hospitalières sont attribuées au paludisme (MINSANTE/PNLP,
2006).
Dans le but de mener une action de lutte contre le paludisme
dans les villages du département du NYONG ET KELLE, plus
précisément ceux de la commune de MAKAK, une analyse des fiches
de suivi des indicateurs prises auprès du district de santé
d'ESEKA et des données recueillies sur le terrain a été
réalisée.
2.1. Analyse des fiches de suivi des indicateurs
(Janvier 2006- Février 2008)
A partir des fiches de suivi des indicateurs de la
période allant de janvier 2006 à février 2008, nous avons
pu recueillir les informations sur le nombre de malades (M) et le nombre de cas
de paludisme (P). Par la suite, nous avons calculé la prévalence
mensuelle de la maladie (P/M) et construit le tableau 4 ci-dessous.
Tableau 4 : Nombre de malades, Nombre de
cas de Paludisme et Prévalence
|
Période
|
Nbre de malades
|
Nbre total de cas Paludisme
|
Prévalence
|
Période
|
Nbre de malades
|
Nbre total de cas Paludisme
|
Prévalence
|
|
janv-06
|
475
|
274
|
57,68%
|
févr-07
|
322
|
98
|
30,43%
|
|
févr-06
|
371
|
174
|
46,90%
|
mars-07
|
389
|
173
|
44,47%
|
|
mars-06
|
385
|
121
|
31,43%
|
avr-07
|
572
|
211
|
36,89%
|
|
avr-06
|
340
|
146
|
42,94%
|
mai-07
|
325
|
150
|
46,15%
|
|
mai-06
|
346
|
165
|
47,69%
|
juin-07
|
370
|
158
|
42,70%
|
|
juin-06
|
323
|
125
|
38,70%
|
juil-07
|
453
|
149
|
32,89%
|
|
juil-06
|
394
|
164
|
41,62%
|
août-07
|
303
|
94
|
31,02%
|
|
août-06
|
324
|
188
|
58,02%
|
sept-07
|
351
|
94
|
26,78%
|
|
sept-06
|
411
|
158
|
38,44%
|
oct-07
|
338
|
125
|
36,98%
|
|
oct-06
|
472
|
199
|
42,16%
|
nov-07
|
297
|
102
|
34,34%
|
|
nov-06
|
364
|
136
|
37,36%
|
déc-07
|
276
|
114
|
41,30%
|
|
déc-06
|
356
|
129
|
36,24%
|
janv-08
|
402
|
161
|
40,05%
|
|
janv-07
|
537
|
184
|
34,26%
|
févr-08
|
441
|
136
|
30,84%
|
De ce tableau, il ressort que la prévalence mensuelle
moyenne en 2006 est de 43.27 %. En 2007, elle a considérablement
baissé et vaut 36.52 %. Au regard de la figure 3 qui donne
l'évolution de la prévalence du paludisme de Janvier 2006
à Février 2008, on constate que la prévalence mensuelle
oscille autour de la moyenne (39.55 %). Toutefois, elle subit une
légère baisse au fil du temps.
Figure 3 : Évolution de la
prévalence du paludisme de Janvier 2006 à Février 2008
Source : Aire de santé de
MAKAK
Étant donné que la prévalence mensuelle
est globalement supérieure à 30 %, il y a lieu de
s'inquiéter sur l'état de santé des populations de la
commune de MAKAK. Que nous révèle l'analyse des données
issues de l'enquête ?
2.2. Analyse des données de
l'enquête
Dans 90.7 % des ménages de la commune de MAKAK, il y a
régulièrement des malades atteints du paludisme. Au cours des six
(6) derniers mois, il y a eu au moins un malade atteint du paludisme dans la
majorité des ménages enquêtés (87.9 %). On constate
aussi que dans le village de LOM, un peu moins de la moitié des
ménages enquêtés (44.4 %) n'ont pas été
atteint du paludisme au cours des six (6) derniers mois (cf. tableau 5).
Tableau 5 : Nombre de malades, Nombre de
cas de Paludisme et Prévalence
|
Au cours des six (6) derniers mois, y a-t-il eu un malade
|
Total
|
|
Oui
|
Non
|
|
Nom de la localité
|
MBAHGUE
|
95,2
|
4,8
|
100,0
|
|
SEPP
|
85,0
|
15,0
|
100,0
|
|
NGOUNGOUM II
|
95,2
|
4,8
|
100,0
|
|
SONG NTAP
|
83,3
|
16,7
|
100,0
|
|
LIBAMBA
|
84,0
|
16,0
|
100,0
|
|
BENG NYONG
|
95,0
|
5,0
|
100,0
|
|
KAYA
|
90,0
|
10,0
|
100,0
|
|
KOUKOUM
|
90,5
|
9,5
|
100,0
|
|
MINKOT MBEM
|
94,7
|
5,3
|
100,0
|
|
MOM II
|
88,0
|
12,0
|
100,0
|
|
NGOUNGOUM I
|
95,0
|
5,0
|
100,0
|
|
LOM
|
55,6
|
44,4
|
100,0
|
|
Ensemble
|
87,9
|
12,1
|
100,0
|
Source : YIF
Au vu de ces résultats, on peut conclure que le
paludisme est une maladie qui affecte beaucoup les habitants de la commune de
MAKAK. Il y a donc lieu de s'inquiéter sur l'état de santé
des populations.
De nos jours, le traitement contre le paludisme existe bien
que le vaccin ne soit pas encore connu. C'est pourquoi une lutte antipaludique
en urgence est souvent nécessaire et chaque fois que cela est possible
l'administration de masse des médicaments constitue parfois l'unique
possibilité.
Au regard du tableau 6, il ressort que près de 44 % des
enquêtés vont se faire soigner dans le centre de santé le
plus rapproché dès qu'ils sont malades. Cela est vraiment
à encourager mais on constate tout de même que la majorité
des enquêtés ne vont pas à l'hôpital (55.2 %) cela
est certainement dû au manque de moyens financiers dont soufrent les
populations situées en milieu rural. L'automédication semble
être un recours thérapeutique important en ces temps de
difficultés financières. Les médicaments sont
achetés la plupart du temps sur le marché et non en pharmacie et
ces derniers sont administrés sans posologie (sans dose). Parmi les
enquêtés se faisant traiter à l'hôpital, on
dénombre environ 14.7 % (6.5/44) qui font encore de
l'automédication.
Tableau 6 : Répartition des
enquêtés selon le lieu de traitement et la méthode de prise
des remèdes
|
Lieu de traitement
|
Total
|
|
Hôpital
|
Tradipraticien
|
Maison
|
|
Méthode de prise des remèdes
|
Automédication
|
6,5
|
0,4
|
37,5
|
44,4
|
|
Prescription médicale
|
37,1
|
0,0
|
2,4
|
39,5
|
|
Indigène
|
0,4
|
0,4
|
15,3
|
16,1
|
|
Total
|
44,0
|
0,8
|
55,2
|
100,0
|
Source : YIF
Chapitre troisième :
ANALYSE DES STRATÉGIES DE LUTTE ANTIVECTORIELLE DES POPULATIONS CONTRE
PALUDISME
La lutte contre le paludisme n'est pas une lutte
évidente. Elle passe au préalable par la lutte contre le
moustique, agent vecteur du paludisme. C'est ainsi que dans ce chapitre, il
sera question de faire une analyse des stratégies de lutte des
populations de l'aire de santé de MAKAK par rapport à l'action
des moustiques dans cette région.
La lutte antivectorielle est incontestablement
nécessaire pour prévenir une épidémie lorsque les
conditions qui mènent à une augmentation soudaine de la
transmission ou de l'exposition humaine ont été
détectées dans une zone à risque
d'épidémies. La plupart des opérations de lutte
antivectorielle ont un impact considérable et évident sur la
prévalence du paludisme dans la population concernée. Pour donc
prévenir la diffusion du paludisme, il faut agir dans deux
directions :
ü réduire le nombre de moustiques ;
ü limiter le nombre de piqûres.
3.1. Utilisation de la moustiquaire
De nos jours, l'utilisation des moustiquaires et des
insecticides est devenue courante. Ce qui n'est pas le cas pour les populations
de la commune de MAKAK car sur l'ensemble des personnes enquêtées
au cours de l'étude, il ressort que seulement 25 % dorment sous une
moustiquaire (figure 4).
Figure 4 :
Répartition des enquêtés selon l'utilisation d'une
moustiquaire
Source : YIF
La majorité des ménages qui dorment sur une
moustique possède à leur sein une seule moustiquaire (66.1 %) et
la plupart d'entre eux ont obtenu leur moustiquaire par achat (62.9 %). Sur le
marché, on constate la vente d'une nouvelle gamme de moustiquaire :
c'est la moustiquaire imprégnée. D'après la figure 5, on
constate que les moustiquaires imprégnées sont assez
utilisés par les enquêtés (59.7 %).
Figure 5 : Répartition des
enquêtés dormant sous une moustiquaire selon le type de
moustiquaire utilisé
Source : YIF
Nous constatons tout de même que le pourcentage des
personnes n'utilisant pas de moustiquaires est assez élevé (75
%). Une analyse un peu plus poussée de la base de données nous
permet d'obtenir les raisons de la non utilisation de la moustiquaire par ces
derniers. Il ressort de la figure 6 ci-dessous qu'environ 62.4 % des personnes
n'utilisant pas la moustiquaire la trouve coûteuse. Nous sommes sans
ignorer que la notion de prix est relative à celle de revenu. Cela
pourrait donc s'expliquer par le fait que la majorité des habitants de
MAKAK exerce dans l'agro-pastorale.
Figure 6 :
Répartition des enquêtés selon la raison de la non
utilisation de la moustiquaire
Source : YIF
3.2. Autres moyens de lutte contre les
moustiques
En dehors des moustiquaires, il existe d'autres moyens de
lutte telles que les grillages antimoustique, les insecticides etc. Près
de 45 % des habitants de MAKAK utilisent d'autres moyens pour lutter contre les
moustiques. D'après la figure 7, on constate que la majorité
d'entre eux (57 %) utilisent des moyens de lutte telles que les spirales, la
brûlure des palmiers, le nettoyage des alentours etc. ; très
peu d'entre eux utilisent les grillages antimoustique (3 %).
Figure 7 : Répartition des
enquêtés selon les autres moyens lutte utilisés
Source : YIF
Une répartition des enquêtés selon la
méthode d'obtention des autres moyens de lutte permet de constater que
la plupart des enquêtés ont pu obtenir ces moyens soit par achat
(40.2 %) soit par initiative personnelle (56.3 %) comme nous le confirme la
figure ci-après.
Figure 8 : Répartition des
enquêtés selon la méthode d'obtention des autres moyens
lutte
Source : YIF
Toutefois, notons que la lutte antivectorielle est d'autant
plus indiquée que la chimiothérapie de masse est utilisée,
puisqu'une réduction de la transmission ralentira la propagation des
parasites résistants sélectionnés à l'occasion de
l'utilisation.
|
|
