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Le traitement médiatique de l'anorexie mentale, entre presse d'information générale et presse magazine de santé

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par Audrey Arnoult
 - Institut d'Etudes Politiques de Lyon 2006
  

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4. L'Humanité : une prise en charge qui s'écarte du schéma classique

Le quotidien ne consacre aucun article entier au problème de la prise en charge thérapeutique de l'anorexie mais trois discours nous fournissent quelques indications quant à la façon dont le quotidien se représente la démarche thérapeutique. Comme pour Le Monde nous analyserons ces trois articles séparément puisqu'ils présentent des perspectives différentes.

a) Les médias comme anti-sujets

Dans Le poids de l'argent665(*), Samantha, une jeune anorexique, doit être hospitalisée dans une clinique canadienne spécialisée dans les troubles du comportement alimentaire. Cependant, son entrée dans la clinique ne dépend ni de sa volonté, ni de celle des médecins mais des médias. En effet, le traitement est si cher que la jeune fille est obligée de leur vendre son image pour récolter les fonds nécessaires. L'image de Samantha fait l'objet d'une lutte dans laquelle les « deux géants des médias britanniques » sont en compétition. Contrairement au « schéma classique », les anti-sujets ne sont ni les médecins ni les parents mais les médias « américains et britanniques » désignés par les termes suivants : « pas très catholiques », « avides », « aux dents longues ». Ces adjectifs péjoratifs montre que L'Humanité sanctionne les médias, les rend responsable de l'éventuelle mort de la jeune fille. Le quotidien accuse également le gouvernement « qui ne fournit pas ce type de soins gratuitement » et la clinique qui « attend [elle] aussi la réponse des magnas [...] avant d'investir dans la guérison de Samantha ». Ici, l'enjeu de la prise en charge thérapeutique n'est pas de convaincre la malade de se faire soigner mais de trouver la somme nécessaire pour payer l'hospitalisation. La thématique de l'article révèle cet enjeu puisqu'il est construit autour de deux champs lexicaux : celui de la mort et celui de l'argent. La survie de Samantha n'est qu'une question financière, qui oppose des médias tout puissants et une jeune anorexique, faible. Elle signe de « petits contrats » avec des « géants des médias britanniques ». La sanction du quotidien tombe tel un verdict à la fin de l'article : « Alors, qui va tuer Samantha ? L'anorexie ? Le cynisme des médias et celui de la clinique ? Les gouvernements qui n'offrent pas ce type de soins gratuitement ? ». La dernière question indique que c'est au gouvernement que L'Humanité fait appel, il l'enjoint à agir. Quelques années plus tard, le quotidien réitère cet appel dans un autre article : « les politiques publiques prennent à prendre de front la question »666(*). L'hypothèse que nous avions émise dans notre première analyse est donc confirmée, face au « fléau social » qu'est l'anorexie, le gouvernement doit prendre des mesures. Ce premier discours nous met en présence d'un cas de figure atypique qui n'a aucun point commun avec la prise en charge de l'anorexie telle que la décrivent les spécialistes. Cependant, la position du journal est cohérente avec ce que nous avons mis au jour dans les autres discours : les médias étaient désignés comme le destinateur de l'anorexie, ce sont donc logiquement aux qui viennent sanctionner la performance de l'anorexique.

* 665 L'Humanité, 27 mai 1994.

* 666 L'Humanité, 7 septembre 2000.

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