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Le traitement médiatique de l'anorexie mentale, entre presse d'information générale et presse magazine de santé

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par Audrey Arnoult
 - Institut d'Etudes Politiques de Lyon 2006
  

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2. Les représentations du corps féminin dans l'art

a) Les principaux courants du XIXème siècle

Au XIXème siècle, l'assimilation de la femme au péché et à la tentation est définitivement abandonnée, désormais c'est la beauté, la séduction (dans une acception positive) et l'amour que symbolise la femme. Le XIXème siècle est l'un des siècles au cours duquel la peinture a été la plus variée. Jacques Thuillier distingue trois courants principaux qui ont marqué la scène artistique. Le premier est sans doute le courant dominant, il s'agit de la peinture d'histoire dont Jacques Louis David, Théodore Géricault et Eugène Delacroix sont les principaux représentants. Les scènes de guerre, les événements historiques constituent les sujets phares de ces peintres qui s'inspirent aussi de la mythologie. La représentation de la femme n'est pas au coeur de leur travail. A côté de ce courant principal, J. Thuillier distingue la peinture symbolique, un mouvement plus diffus. Ces représentants sont à la recherche de la simplicité et peignent parfois des tableaux en lien avec le religieux. C'est dans ce courant qu'il classe Jean-Auguste Dominique Ingres, que d'autres considèrent comme un néoclassique. Le troisième courant correspond « à l'étude passionnée de la nature au sens large »76(*) et inclut le réalisme et l'impressionnisme. Si les paysages constituent le thème principal de ces artistes, ils s'attachent aussi à représenter le quotidien de façon la plus réaliste et la plus minutieuse possible. L'Ecole de Barbizon, Jean-François Millet (814-1875), Gustave Courbet (1819-1877), Claude Monet (1840-1926), Auguste Renoir (1841-1919) pour n'en citer que quelques uns, appartiennent à cette tendance artistique. Les sujets de leur peinture sont souvent des paysages dans lesquels ils s'efforcent de capter la lumière et ses changements. Cependant, la femme n'est pas un thème tabou et plusieurs artistes vont s'intéresser au nu toujours avec le souci de mettre l'accent sur la lumière.

La femme n'est pas un thème particulièrement privilégié par la peinture du XIXème siècle cependant, les artistes poursuivent la tendance inaugurée aux siècles précédents puisqu'ils ne se refusent pas à peindre la femme nue.

b) La femme dans les tableaux de Jean-Auguste Dominique Ingres

Nous avons choisi de nous attarder sur quelques tableaux de Jean-Auguste Dominique Ingres afin de comprendre comment la femme était représentée dans la peinture du XIXème siècle, car c'est l'un des artistes qui s'est le plus intéressé au corps de la femme. De nombreux tableaux pourraient être cités en exemple cependant, nous n'en retiendrons que quelques uns pour illustrer la représentation de la femme.

Les tableaux de Jean-Auguste Dominique Ingres (1780-1867) comme La Grande Odalisque (1814), Le Bain turc (1862) ou encore Vénus Anadyomène (1808-1848) sont particulièrement représentatifs de la vision néo-classique de la femme et illustrent la recherche d'un idéal de perfection (cf. Annexes n°4, n°5 et n°6). La Vénus Anadyomène77(*) symbolise la pureté et la beauté idéale, valeurs de l'art néo-classiques. La beauté nous est d'abord suggérée par le corps de la femme, mais elle est aussi symbolisée par le miroir que tient le petit ange à gauche78(*) et l'arc du petit ange à droite dont les flèches « sont une allusion à la beauté qui frappe le coeur des amoureux »79(*). Dans Le Bain turc, le corps des femmes est représentée d'une façon identique et symbolise la perfection. Enfin, dans La Grande Odalisque, nous pouvons voir que le peintre accorde une place très importante à la couleur mais au-delà de la technique picturale c'est encore la perfection que symbolisent le visage et le corps de la femme. Nous pouvons remarquer qu'il n'y a pas de profondeur dans l'expression des sujets, que les modèles n'ont pas de personnalité propre car ce qu'Ingres recherche ce n'est pas la représentation d'un caractère, d'une personnalité mais la représentation d'un corps féminin idéal. Le peintre n'a pas seulement peint la femme nue, il s'est aussi consacré au portrait80(*). Toutefois, que la femme incarne une déesse ou une personne de la haute société, elle possède un corps parfait et bien en chair. Ingres poursuit bel et bien la tendance inaugurée par les peintres du XVIIIème siècle car ses « nus féminins [...] représentent l'aboutissement de ses recherches formelles, qui cherchent à exprimer la pure beauté idéale 81(*)».

L'analyse de ces quelques tableaux nous révèlent que la peinture du XIXème siècle véhicule elle aussi une représentation de la femme considérée comme idéale. Pour les peintres, mais également pour la société, la femme doit avoir des formes arrondies, ce que Balzac confirme dans sa Théorie de la démarche en écrivant « la grâce veut les formes rondes »82(*). Ces quelques lignes consacrées à la représentation de la femme sont essentielles pour comprendre l'influence que peut jouer le contexte socioculturel dans le déclenchement de l'anorexie qui va être considérée comme une entité clinique au XIXème siècle, une période où la minceur est loin d'être valorisée. Il faut attendre la fin du XIXème pour que naisse le mouvement du culte de la minceur dans les couches les plus aisées de la population. Le corps devient alors un objet de mesure comme l'illustre cette citation : « côté mode l'obsession du tour de taille devient affaire de centimètres : les firmes des corsets pour vanter des bustiers qui garrottent encore plus impitoyablement la femme, arguent non sans toupet des proportions de la statuaire grecque »83(*).

Le XIXème siècle est celui de l'essor de la médecine qui devient une science à part entière. L'hystérie et plus généralement les maladies mentales sont le centre de toutes les attentions ce qui va nous permettre de comprendre pourquoi l'anorexie est qualifiée au début d' « hystérique ». En ce qui concerne les normes corporelles, nous venons de montrer que le culte de la minceur n'est pas encore à l'ordre du jour, soulignant là encore que les comportements anorexiques ne semblent pas liés aux représentations qui circulent à une époque donnée. Après avoir présenté ce contexte médical et artistique du XIXème siècle, attachons nous à ce qui constitue le coeur de notre sujet, à savoir la naissance de l'anorexie en tant que pathologie.

* 76 THUILLIER, Jacques, Histoire de l'art, Paris, Editions Flammarion, 2002, p. 449.

* 77 Cela signifie qui sort des eaux«

* 78 Le miroir est un symbole de la beauté et de la séduction

* 79 CREPALDI, Gabriele, L'art au XIXème siècle, Paris, Editions Hazan, 2005, p. 247.

* 80 Il fut portraitiste de la haute société.

* 81 CREPALDI, [205], p. 247.

* 82 BALZAC cité par GUILLEMOT et LAXENAIRE, [1997], p. 48.

* 83 GUILLEMOT et LAXENAIRE, [1997], p. 33.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon