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Le traitement médiatique de l'anorexie mentale, entre presse d'information générale et presse magazine de santé

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par Audrey Arnoult
 - Institut d'Etudes Politiques de Lyon 2006
  

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b) L'actant sujet, une femme ou un homme

Dans les articles étudiés, nous avons distingué quatre façons de désigner l'anorexique. L'Humanité parle de « femmes »267(*), de « jeune femme », de « jeune »268(*), de « jeune fille »269(*) et d'« enfants anorexiques »270(*). Il est intéressant de noter que le terme de « femme » est plus récurrent que celui de « jeune fille ». De plus, le mot « adolescente » n'apparaît dans aucun article alors que l'anorexie est considérée comme une maladie de l'adolescence par le corps médical. Nous pouvons penser que cette différence dans la qualification des anorexiques résulte d'une mauvaise connaissance de la maladie : le journal confond les femmes qui font des régimes avec les jeunes filles anorexiques. Cependant, à quatre reprises l'actant sujet est individualisé et il s'agit soit d'une adolescente soit d'une jeune femme mais jamais d'une femme (Samantha, une britannique de 26 ans271(*), Solenn, dix-huit ans272(*) et Clara, anorexique à quinze ans273(*)). Malgré cette confusion entre « femme » et « jeune fille », à travers des exemples précis, le quotidien montre que l'anorexie est une maladie qui touche principalement les adolescentes.

Nous avons relever une seconde spécificité quant à la désignation de l'actant sujet : le quotidien parle à deux reprises des « hommes », des « mâles »274(*) et de « la gent masculine »275(*) qui pourraient bientôt être concernés par la maladie. Selon le journal, c'est parce qu'ils deviennent sensibles aux photos que proposent les magazines qu'ils sont susceptibles de devenir anorexiques. Cette allusion à l' « anorexie masculine » n'a aucun point commun avec l'anorexie masculine qui touche les adolescents. Il semblerait que le journal confonde encore une fois les hommes qui entreprennent des régimes et les adolescents atteints d'anorexie.

En ce qui concerne la fréquence de la maladie et sa prévalence parmi les adolescentes, le journal fournit très peu d'indications. Nous pouvons juste lire dans un article : « l'anorexie et/ou la boulimie, deux facettes d'un même trouble, qui touche à plus de 95% des femmes »276(*). Ce pourcentage est peu précis puisqu'il prend aussi en compte la boulimie. De même, L'Humanité parle peu de la répartition socioculturelle de la maladie et souligne que l'anorexie est « un problème de santé publique qui ne concerne pas que les bourgeoises [...] et qui fait des mortes chaque année »277(*) ; une façon de dire que toutes les classes sociales sont touchées aujourd'hui. L'Humanité évoque de façon implicite la gravité de la maladie qui peut conduire à la mort cependant, son discours ne s'appuie sur aucune donnée chiffrée. Cette absence de détails rappelle l'hypothèse que nous avons faite : le quotidien ne s'intéresse pas à la maladie d'un point de vue médical. Les deux termes qu'il utilise (« fléau social » et « problème de santé publique ») méritent quelques remarques. Un fléau se définit comme « une grande calamité publique »278(*), un terme qui est donc relativement fort, par lequel le journal met en valeur la gravité de la situation. Cependant, il semble qu'ici l'emploi de ce mot soit un peu exagéré. Certes l'anorexie est de plus en plus fréquente mais elle se limite à une partie de la population bien définie. Nous pensons qu'en utilisant ce mot, le quotidien souhaite attirer l'attention du lecteur mais aussi du gouvernement, l'enjoignant à agir. En qualifiant l'anorexie de « problème de santé publique », le journal se distingue des autres quotidiens puisque aucun n'y fait référence (seule La Croix évoque la sphère publique) et rejoint l'opinion du corps médical. Là encore il peut sembler étrange d'utiliser cette dénomination alors même qu'aucun discours ne s'intéresse en profondeur à la maladie. C'est donc bien une mise en demeure à laquelle L'Humanité procède, le gouvernement doit prendre en charge cette maladie qui concerne toute la société (nous y reviendrons dans la dernière étape de notre analyse).

* 267 L'Humanité, 7 avril 1993 ; 7 septembre 2000.

* 268 L'Humanité, 27 mai 1994.

* 269 L'Humanité, 30 janvier 1995 ; 1er avril 1999.

* 270 L'Humanité, 1er avril 1999.

* 271 L'Humanité, 27 mai 1994.

* 272 L'Humanité, 30 janvier 1995.

* 273 L'Humanité, 27 juin 2000.

* 274 L'Humanité, 7 avril 1993. 

* 275 L'Humanité, 1er avril 1999.

* 276 L'Humanité, 7 septembre 2000.

* 277 Idem.

* 278 Le Petit Larousse Compact, [1993], p. 443.

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