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Mutation de l'environnement financier de l'UEMOA et Performances économiques du Bénin

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par Fidelia Beugre DAGO
Université de Cocody-Abidjan, UFR Sciences économiques et de Gestion, Programme GPE de la WBI (World Bank Institute) - DESS - GPE (Gestion de la Politique Economique) 2007
  

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PREMIERE PARTIE : Etat des lieux des mutations financières

Cette partie consistera essentiellement à l'analyse des différentes approches du lien existant entre la libéralisation financière, le développement financier et le développement économique, d'une part, et l'analyse de la mutation de l'environnement bancaire et financier au Bénin, d'autre part.

CHAPITRE I : FONDEMENT THEORIQUE DU LIEN LIBERALISATION FINANCIERE, DEVELOPPEMENT FINANCIER ET CROISSANCE ECONOMIQUE

Ce chapitre présente essentiellement une approche théorique du lien Libéralisation Financière, Développement financier et croissance économique d'une part, et d'autre part l'expérience des pays asiatiques et Sud-Américain en matière de libéralisation du secteur financier. Dans la première section, nous verrons les approches théoriques qui soutiennent l'adoption de la politique de libéralisation financière, considérée selon certains auteurs (Mackinnon et Shaw) comme une condition nécessaire à un développement financier saint et efficient.

En effet, défini comme la diminution du coût de conversion d'un actif non liquide en un actif liquide (Baptiste Venet, 2000), le développement financier améliore la croissance de long terme de l'économie grâce à l'augmentation de la productivité marginale de l'investissement qu'il génère. Dès lors, analyser les mécanismes d'interaction entre la libéralisation financière, le développement financier et la croissance économique s'avèrent extrêmement important.

I-1- Développement financier et Croissance économique

Cette section nous permettra d'analyser la relation entre le Développement financier et la croissance économique. Nous évoquerons d'abord l'aspect théorique de la relation, puis nous ferons un état des lieux des principaux travaux empiriques sur ce sujet.

I-1-1- Une analyse théorique du lien Développement Financier - Croissance économique

L'importance du système financier dans la croissance économique est essentiellement analysée par deux courants économiques opposés. Il y'a d'un coté les auteurs qui relèvent son impact sur le développement économique (Schumpeter, 1911) ou la croissance économique et de l'autre, ceux qui réfutent l'importance de la relation entre la finance et la croissance économique (Lucas, 1988).

C'est avec les travaux de Goldsmith (1969) et McKinnon (1973) que le lien « Developpement financier - Croissance économique » a été étudié plus en détail. Les principales recommandations visent essentiellement à libéraliser le secteur financier (Libéralisation financière) dont l'objectif est de soutenir la croissance des taux d'épargne et d'investissement (Développement financier) ainsi que d'améliorer l'efficacité du capital (Développement économique). La relation fut reconnue dans la littérature depuis une trentaine d'années et Goldsmith (1955, 1969), en fut le précurseur. Rapidement, la structure financière devint même un des éléments de la stratégie de développement économique sous l'impulsion d'auteurs comme Gurley et Shaw (1967), McKinnon (1973, 1991), Shaw (1973), Fry (1988, 1989) et plus récemment Thornton (1991, 1994) et, King et Levine (1992, 1993). On peut associer à cette liste, d'importantes littératures sur la croissance endogène : Bencivenga et Smith (1991), Greenwood et Joanovic (1990), Pagano (1993), etc.

En effet, de façon globale, tous les travaux mettent en évidence l'idée qu'un système financier efficient ou développé, stimule le développement économique. Mentionnons cependant que si la corrélation est maintenant largement admise, le sens de causalité reste par contre contesté, opposant d'une part, le développement financier exogène (conduit par l'offre de services financiers) et, d'autre part, le développement financier endogène (induit par la demande de services financiers).

Retenons cependant que la principale contribution des systèmes financiers à la croissance repose sur le fait que ces derniers permettent d'assurer le fonctionnement d'un système de paiement efficace et évolutif, mobilisent l'épargne et améliorent son affectation à l'investissement. L'existence d'un moyen d'échange fiable est une condition nécessaire de la croissance. Les systèmes de paiement évoluent en parallèle et en interaction avec la croissance économique. La croissance entraîne des gains de productivité, mais aussi une ouverture continue de nouveaux marchés, une complexité croissante des échanges qui renforcent la monétisation des économies, qui est nécessaire à son tour pour soutenir le volume de l'activité économique. Cette association entre le PIB et le degré de monétisation de l'économie a été soulignée dès la fin des années soixante par Goldsmith (1969).

Par ailleurs, le développement des marchés financiers ou d'intermédiaires bancaires peut assurer une meilleure mobilisation de l'épargne disponible et soutenir ainsi la croissance économique. Il facilite notamment l'agglomération des ressources financières de l'économie. Ceci permet aux intermédiaires financiers de diversifier les risques associés aux projets d'investissements individuels et de proposer aux épargnants des placements à rendements plus élevés. Ceux-ci favorisent la détention de l'épargne sous forme financière, plutôt que sous forme d'actifs réels peu rentables. Cette réorientation de l'épargne peut à son tour renforcer davantage le développement du système financier.

Les modèles basés sur la théorie de la libéralisation financière et la croissance endogène permettent de formuler les interactions entre facteurs financiers et croissance en réintroduisant le rôle primordial de l'intermédiation financière dans l'amélioration de l'allocation des ressources.

C'est ainsi que Pagano (1993) indique les trois canaux par lesquels le système financier peut affecter la croissance :

1- D'abord en augmentant la proportion de l'épargne nationale allouée à des investissements productifs. Selon Pagano, l'augmentation de cette proportion peut être due à la baisse de l'inefficacité de la sphère financière. Lors de la libéralisation du secteur bancaire, l'on peut aussi penser à une baisse des réserves obligatoires ou des taxes associées aux transactions.

2- Ensuite en augmentant la productivité marginale, grâce à la collecte d'information et à l'incitation des investisseurs à replacer leur argent dans les projets plus risqués à cause d'un partage du risque plus significatif de la part des intermédiaires.

3- Enfin, le secteur financier influence la croissance par l'intermédiaire du taux d'épargne de l'économie.

D'autres travaux sur ce thème ont été réalisés et montrent qu'une intermédiation financière concurrentielle augmente le taux de croissance de long terme (Greenwood et Jovanovic, 1990 ; Bencivenga et Smith, 1991 ; Levine, 1991).

Convertir des actifs illiquides en actifs liquides (sous formes de dépôts disponibles à vue, sans coût de transformation, ni risque) est un service bancaire fondamental, au sens où il fonde l'action bancaire. Cette propriété de l'intermédiation mise en exergue par Diamond et Dybvig (1983.) a été introduite par Bencivenga et Smith (1991) dans un modèle de croissance endogène, pour déterminer ses effets sur la croissance. Dans ce modèle, ce comportement d'épargne des agents influence le taux de croissance d'équilibre, comportement que les intermédiaires financiers peuvent justement altérer dans un sens favorable à l'investissement à travers leur service de liquidité. Bencivenga et Smith développent un modèle à générations successives, dans lequel les agents vivent trois périodes. Ils ont accès à un investissement liquide non directement productif et à un investissement illiquide mais productif, dont le rendement dépend de sa date de liquidation. Si l'investissement productif est liquidé au bout d'une période, le rendement obtenu est inférieur à celui de l'actif liquide. On montre ainsi qu'il existe une incitation à l'apparition de banques fournissant un service de liquidité. Le système bancaire, en assurant la liquidité, permet aux épargnants par nature hostiles au risque, de détenir des dépôts bancaires plutôt que des actifs liquides mais improductifs à long terme. Avec une externalité dans la production du type considéré par Romer (1986) ou Boyd et Prescott (1986), un taux de croissance d'équilibre plus élevé sera observé dans des économies ayant un secteur intermédiaire actif.

La productivité marginale de l'investissement augmente avec le développement de la sphère financière car la firme bancaire, d'une part, sait mieux gérer les risques et, d'autre part, possède un avantage comparatif en terme de collecte d'information. Les banques, du fait de l'importance de leur portefeuille, en diversifiant les risques de leurs prêts, peuvent offrir des prêts risqués, sans augmenter pour autant le risque des déposants (Bernanke et Gertler, 1986). L'existence d'intermédiaires financiers réduit le risque économique, mais assure également un rendement plus élevé des investissements (Greenwood et Jovanovic, 1990), ce qui conduit à une croissance plus forte. En outre, les notions de coûts de recherche d'informations et de rendement d'échelle qui découlent de la centralisation des activités de prêt-emprunt au sein de la firme bancaire ont été reprises et enrichies par l'apport de la théorie des jeux par Greenwood et Jovanovik (1990).

Au total, ces analyses proposent ainsi les différents canaux financiers par lesquels la croissance devient endogène. Elles arrivent à mieux expliquer les fortes disparités de croissance des pays qui, au départ, disposaient des revenus par tête semblables et suggèrent donc un nouveau rôle pour la politique économique (Grossman et Helpman, 1991 ; Romer, 1986, 1989).

I-1-2- Une analyse empirique de la relation Développement financier - Croissance

économique

Les études empiriques révèlent que les pays qui connaissent les taux d'épargne et d'investissement les plus élevés ont parallèlement les secteurs financiers les plus développés. L'expérience de nombreux pays en développement, notamment des pays d'Asie du Sud-est, suggère qu'un secteur financier développé favorise l'efficacité de l'allocation des ressources réelles. Inversement, dans beaucoup de pays à faible croissance, on constate que l'intermédiation financière est faible.

L'un des pionniers dans l'étude des rapports entre la croissance économique et les différents indicateurs du fonctionnement du système financier est Goldsmith (1969). Il étudie le rapport entre développement financier et croissance économique, en utilisant la valeur des actifs des intermédiaires financiers par rapport au PIB avec une base de données disponibles de 35 pays. Toutefois, selon Levine (1992), l'analyse de Goldsmith contient plusieurs faiblesses :

1- Il ne tient pas compte de l'ensemble des facteurs qui influencent la croissance économique;

2- Il n'examine pas si le développement financier est associé à l'augmentation de la productivité et l'accumulation du capital;

3- la taille des intermédiaires financiers retenue peut ne pas mesurer correctement le fonctionnement du système financier;

4- l'importante corrélation entre la taille du système financier et de la croissance économique n'identifie pas la direction de causalité.

Voulant remédier à ces faiblesses King et Levine (1993a, 1993b, 1993c) étudient 80 pays sur une période allant de 1960 à 1989, et examine systématiquement l'ensemble des facteurs financiers susceptibles d'affecter la croissance à long terme. Les principaux résultats qui ressortent de l'ensemble de ces études montrent que les meilleurs indicateurs pour mesurer le « niveau de développement financier » sont :

1- le ratio de liquidité, qui mesure la dimension des intermédiaires financiers à travers le volume des engagements liquides (monnaie, dépôts à vue et dépôts à terme des intermédiaires financiers bancaires et non bancaires du système financier) divisé par le PIB ;

2- le ratio du crédit bancaire domestique, y compris celui de la Banque centrale (l'idée sous jacent étant que les banques sont plus à même de remplir les fonctions bancaires que l'Institut d'émission) ;

3- la part du crédit bancaire allouée aux entreprises privées par rapport à l'ensemble du crédit domestique (à l'exclusion des crédits aux banques) ;

4- la part du crédit accordé aux entreprises privées par rapport au PIB. Les deux dernières mesures concernent donc l'allocation du crédit. Les systèmes financiers qui allouent davantage de crédits aux entreprises privées sont sensés être plus impliqués dans le développement. Les auteurs trouvent une corrélation robuste entre le degré de développement financier et la croissance, l'investissement et l'efficience du capital.

Le développement des marchés financiers favorise également le développement financier. Atje et Jovanovic (1993), à partir d'une étude portant sur un échantillon de 75 pays, concluent à l'influence positive des marchés financiers sur la croissance. En revanche, il ressort que le développement du marché des titres ne contribue fortement à la croissance que si l'on contrôle la variance des cours boursiers (Laroche et al, 1995). De nombreuses autres études empiriques (Polak, 1989 ; Patrick, 1996 ; Demirguç-Kunt et Levine, 1960) confirment ce lien entre développement financier et croissance.

Notons qu'il existe cependant des faiblesses dans les analyses de la relation entre développement financier et croissance économique. Dans la plupart des études empiriques, la relation de causalité n'est pas clairement mise en évidence. La disponibilité accrue de ressources financières stimule la croissance et la demande générée par celle-ci, en augmentant les revenus et l'épargne favorise en retour le développement du système financier.

Contrairement aux analyses basées sur la croissance endogène qui suggèrent une influence causale du développement financier sur la croissance, les analyses traditionnelles insistent plutôt sur le rôle passif du système financier, qui s'adapte aux besoins du financement du secteur réel de l'économie et accommode le développement autonome de celui-ci. Ce développement financier «induit par la demande» conduit à un élargissement continu des marchés et une grande différenciation des produits. Il exige une diversification croissante des produits qui nécessite une répartition plus efficace des risques et une meilleure maîtrise des coûts des transactions. Ainsi ce type de développement financier joue le rôle permissif dans le processus de croissance.

En revanche, le développement financier «  entraînant l'offre » précède la demande pour les services financiers et peut exercer un impact autonome sur la croissance ; son rôle est notamment de mobiliser les ressources bloquées dans le secteur traditionnel, de les transférer au secteur moderne qui peut promouvoir la croissance et d'assurer leur affectation aux projets les plus performants. selon Patrick Hugh (1966), le développement financier « entraînant l'offre » est prédominant pendant les phases initiales du développement économique, puisqu'il permet notamment de financer efficacement des investissements qui incorporent des innovations technologiques. Lorsque le processus de développement économique arrive à maturité le développement financier « induit par la demande » devient dominant. Cependant, cette « causalité séquentielle » n'est vérifiée que lorsqu'on utilise un indicateur de monétisation au sens étroit (M1) et non lorsque le ratio d'actifs liquides au sens large (M2/PIB) est utilisé comme indicateur de développement financier (Jung, 1968).

Par ailleurs, comme le suggère Levine (1992), cette « causalité séquentielle » suppose que la croissance réelle permette au système financier d'accomplir sa propre évolution autonome, dans la mesure où l'augmentation de revenu réel offre les moyens de mise en place de relation d'intermédiation financière coûteuse et de plus en plus sophistiquée. Ainsi, ce n'est qu'après avoir franchi certains seuils de revenus par habitant que l'économie choisira de développer les différents types de systèmes d'intermédiation et qu'elle pourra bénéficier de leur effet positif sur la croissance. La contribution du développement du système financier à la croissance s'exerce donc à travers des discontinuités et des effets de seuil (Berthélemy et Varoudakis, 1998).

Il est net que les études empiriques ne résolvent pas complètement la question de la causalité. Le développement financier peut prédire la croissance parce que les systèmes financiers se développent tout simplement suite à une anticipation de la croissance économique future. En outre, les systèmes politiques, les traditions légales (Laporta et al, 1996), ou le cadre institutionnel (Engermant et Sokoloff, 1996 ; North, 1981) peuvent jouer un rôle important. En effet, les télécommunications, l'informatique, et les politiques sectorielles, influencent la qualité et la structure des institutions du système financier (Merton, 1992). Il est extrêmement difficile d'isoler l'importance de ces éléments et de tout autre facteur dans le processus de croissance économique. Par conséquent, toute déclaration au sujet de la causalité est pour une grande part non conclusive et qui plus est, spécifiquement liée à des périodes et à des pays particuliers.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault