WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Approche comparative de la conception des droits de l'homme dans la philosophe africaine et dans la philosophie politique contemporaine en occident

( Télécharger le fichier original )
par Julien Rajaoson
Sciences Po Grenoble - Master 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2°) Le pragmatisme comme solution transnationale

La déconstruction de la justice chez les modernes a été orchestrée par le réalisme politique de Machiavel, elle fait acte de rupture vis-à-vis des conceptions anciennes de la justice qui postulaient un ordre cosmique, traditionnel ou divin préexistant. Marx de par sa philosophie de l'histoire a poursuivi ce processus de déconstruction en prenant la conception des Droits de l'Homme comme l'objet de ses critiques. Ce qui résulte de ce processus est une vision positive et désenchanté du monde et de la loi111(*), car celle-ci ne recherche dorénavant qu'une stricte exactitude ou la conformité d'après Kelsen.

A contrario, sans vouloir revenir sur « la positivité du droit », les Théories contemporaines de la justice s'attachent à reconstruire les conditions d'une juste répartition en partant du même fond commun théorique à savoir « l'humanité » : si c'est le maximum de bien qui compose l'humanité alors la conception est utilitariste112(*), si l'humanité est l'idée selon laquelle tout individu doit chercher à vivre une vie qui vaut le coup d'être vécue alors cette vision est rawlsienne et elle est libertarienne lorsqu'on la conçoit en insistant sur la liberté comme son principe intrinsèque fondamental.

Concernant l'autre fond commun aux théories contemporaines de la justice, dont l'assertion est pratique, il se définit d'une part, sur la base de l'acceptation de l'économie de marché en tant que modèle, d'autre part, il repose sur un consensus à propos du système démocratique : « se caractérise par un fond commun de règles, de mécanismes et de conventions : des élections compétitives périodiques et libres pour désigner des représentants sur la séparation des pouvoirs, le pluralisme politique et syndical, la garantie des libertés individuelles et collectives »113(*). Si les oligarchies qui officient à la tête des Etats postcoloniaux ne sont pas prêtes à intégrer le système démocratique dans leurs vies politiques respectives, au sein des populations africaines « De nombreuses autres initiatives économiques font jour, à l'intérieur desquelles le facteur humain se conjugue à une logique économique permettant l'épargne, la solvabilité et l'amélioration des conditions de vie des communautés »114(*). Nous verrons au chapitre 3 comment les valeurs démocratiques peuvent être partagés en Afrique comme en Europe en dépit des obstacles.

F°) Rawls et Nozick : un débat régional ?

Avant de clore ce premier chapitre nous ne retiendrons que les pensées de Rawls et Nozick, afin de distinguer les points sur lesquels ils se rejoignent et ceux sur lesquels ils se distinguent. En effet, Jean-Jacques Sarfati, dans un article qu'il a consacré à la critique de John Rawls par Robert Nozick dans « Anarchie, Etat et Utopie »115(*), avait situé John Rawls en tant que sociale-démocrate dans le sens européen du terme, ce à quoi s'oppose la pensée de Nozick. On peut considérer leur controverse sur la justice sociale comme une continuité du conflit de valeurs entre la droite et la gauche se partageant la charge gouvernementale, mais cette fois-ci les divergences portent sur l'intervention légitime de l'Etat sur la société civile.

Selon les deux auteurs le libéralisme politique n'est possible qu'à condition que les valeurs telles que l'égalité et la liberté fassent figure de crans indépassables de la politique. Toutes conceptions particulières et individuelles du Bien ne peuvent s'opposer aux principes de justice. C'est une aporie que l'Utilitarisme n'est pas parvenu à vaincre. Par conséquent, il s'agit pour les deux auteurs de déterminer une justice qui précède légitimement le Bien. Pour cette raison Rawls et Nozick ne sont pas en accord avec la doctrine Utilitariste dans son exhaustivité, bien qu'ils lui concèdent qu'aucun autre ordre (ni le cosmos, ni la religion) ne peut poser les conditions du partage mieux que l'Utilitarisme.

Les théories contemporaines de la justice de Rawls et de Nozick différent sur leurs conceptions spécifiques du Bien. C'est par le biais d'une légère digression qu'il convient de signaler le respect mutuel que se portent les deux auteurs116(*). C'est dire si le respect que doivent se témoigner la gauche et la droite est loin d'être un acte démagogique, factice et sans utilité, dans le sens où les deux tendances participent à l'élaboration de l'intérêt général la plus pertinente qu'il leur est possible d'instituer concrètement. Notons que cette reconnaissance et ce respect étaient présents chez Thomas Piketty pour M. Friedmann en dépit de leurs convictions politiques.

* 111 Christian Godin, op. Cit, p. 369 à la définition du Droit positif : « ensemble de règles juridiques que les membres d'une société doivent appliquer ou respecter sous peine de sanctions. (...) Le positivisme juridique est la conception selon laquelle le seul droit réel est le droit positif ».

* 112 Christian Godin, op. Cit, p. 1386 dans la définition de l'Utilitarisme : « Philosophie individualiste et libérale fondée par J. Bentham (1748-1832) et continuée par J.S Mill (1806-1873). Elle pose le bonheur comme la fin suprême de l'existence et la satisfaction des intérêts comme le moyen pour l'atteindre. Une vie heureuse est celle dans laquelle la somme des plaisirs l'emporte sur celle des déplaisirs. Même si le bonheur est une affaire de subjectivité, il est possible selon Bentham de procéder à un calcul des plaisirs et donc de donner un critère objectif du bonheur. Une même logique est appliquée à la société dans son ensemble : une société sera réputée plus heureuse qu'une autre si la somme des situations heureuses l'emporte sur celle des situations malheureuses. J.S Mill ajoute à ce calcul la considération de la qualité des plaisirs, de manière à écarter l'accusation égoïste portée par l'utilitarisme : l'altruisme, donc le sacrifice de ses intérêts propres au profit de ceux d'autrui, peut représenter pour l'individu un plaisir plus grand que la satisfaction immédiate de son intérêt personnel. (...) ».

* 113 Dominique Chagnollaud, op. Cit, p. 74 section 2 du chapitre 2 portant sur Les régimes démocratiques.

* 114 Achille Mbembé, op. Cit, p. 194

* 115 http://.philagora.net/droit/rawls-anarchie-etat1.htm

* 116 Robert Nozick, Anarchie, Etat et utopie, pour la première édition Basic Books, Inc., Publishers, New York, 1974, pour la traduction française, éd, PUF libre échange, Paris, juillet 1988 p. 228 dans la section II où il est question de La théorie de Rawls : « Théorie de la justice est une oeuvre systématique de grande envergure, puissante, profonde et subtile, dans le domaine de la philosophie politique et morale, et qui n'a pas son équivalent depuis que John Stuart Mill a écrit son oeuvre, si l'on peut les comparer. C'est une source d'idées éblouissantes, qui s'intègrent dans un ensemble extrêmement élégant. Les philosophes de la politique doivent désormais ou bien travailler à l'intérieur de la théorie de Rawls, ou bien expliquer pourquoi ils ne le font pas. Les considérations et les distinctions que nous avons développées sont éclairées et aident à éclairer la présentation magistrale que Rawls donne d'une conception qui offrirait une autre solution. Même ceux qui restent non convaincus après s'être débattus avec la vision systématique de Rawls, apprendront beaucoup à l'étudier de près ».

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci