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Approche comparative de la conception des droits de l'homme dans la philosophe africaine et dans la philosophie politique contemporaine en occident

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par Julien Rajaoson
Sciences Po Grenoble - Master 2008
  

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2°) Les principes et les faits : un hiatus ?

En prenant un autre exemple pour illustrer ce fossé entre la réalité empirique et les principes purs, l'économie de marché valorise surtout la liberté d'entreprendre, tout en possédant certaines entraves qui limitent son bon fonctionnement. Toute personne n'a pas également accès aux prêts bancaires de par la présence de clauses excessivement contraignantes, ce qui restreint une partie de la population à l'accès aux ressources et, partant, l'exercice de leur liberté d'entreprendre, pour se rabattre sur le droit à la consommation. En effet, on peut dépenser une grande période de sa vie pour le confort matériel. C'est une forme de soumission symbolique : le monde contemporain, que l'on s'est donné tant de mal à améliorer depuis le XVIIIème siècle, est dorénavant accepté tel qu'il est. C'est-à-dire complexe et désenchanté, puis surtout aux antipodes du projet humaniste. D'une manière analogue à la ruée vers l'or, nous mettons tout en oeuvre dans l'optique de ce confort matériel. Dans un même registre, nous nous trouvons dans un état de déraison collective, alors que l'acquisition de cet or ou de ce confort matériel n'est pas nécessairement synonyme d'épanouissement et de bonheur191(*).

C°) L'affect dans les institutions démocratiques

Au chapitre précédent nous nous sommes arrêtés à l'aporie selon laquelle c'est un surcroît de démocratie qui met en crise le système démocratique. Si nous rappelons brièvement notre propos, c'est par une assertion post-moderne que l'époque des institutions semblait finie ; étant devenues contre-productives en terme de protection des droits et des libertés fondamentaux de l'individu, elles ne pouvaient plus être des lieux d'investissement de la « vie humaine »192(*) sans que cela nuise aux droits et aux libertés d'autrui.

1°) Marxisme et afrocentrisme

En accordant une pertinence limitée à l'idée de classes sociales telle que Marx l'entendait, nous en avions conclu que la seule liberté à laquelle les « prolétaires » pouvaient prétendre était la liberté politique dans le sens où a priori, l'engagement public demeure ouvert à tous, et qu'à ce titre la décentralisation délègue son pouvoir central à son échelon administratif inférieur selon certaines modalités. Notons que dans une perspective afrocentriste qui, sur certaines thématiques, se rapproche de l'idéologie marxiste dans sa tendance radicale, l'argument évoqué ci-dessus peut s'appliquer à la « diaspora noire »193(*) qui revendiquait le droit à la différence194(*) « Nous les Africains d'outre-mer avons une conscience aiguë de la nécessité de recouvrer l'Afrique. Il s'agit là d'une connexion historique que l'on ne doit pas prendre à la légère, l'Afrique peut se sauver grâce à cette idéologie panafricaine »195(*). Même si ce raisonnement est cohérent, il reste peu persuasif pour ces parties de la population qui revendiquent le droit à des conditions matérielles décentes sans que l'on puisse toucher à leur liberté individuelle. « (...) les études postcoloniales peuvent utilement contribuer à revivifier les problématiques de la science politique contemporaine en plaçant au coeur de leurs questionnements scientifiques l'étude des souffrances et des émotions politiques qui en résultent : ressentiments et culpabilités, crispations identitaires et ambivalences réciproques dans les rapports dominants/dominés »196(*). Nous allons donc questionner la condition sociale des individus les plus défavorisés sur le plan économique ainsi que leur système de valeurs respectifs.

* 191 Nous faisons allusion au Droit au bonheur évoqué par la Déclaration d'Indépendance des Etats-Unis de 1776 que Jean-Eric Branaa dans, La Constitution Américaine et les institutions, coll. Les essentiels de la civilisation anglo-saxonne dirigée par D. Frison aux éditions Ellipses, Paris, avril 2003, p. 22 du chapitre 2 sur La Constitution : « Nous tenons pour évidentes par elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés. Toutes les fois qu'une forme de gouvernement devient destructrice de ce but, le peuple a le droit de le changer ou de l'abolir et d'établir un nouveau gouvernement. »

* 192 L'amélioration qualitative de la « vie humaine » est l'objet sur lequel se rejoignent Achille Mbembe et Anthony Giddens bien qu'ils le formulent différemment. Au Chapitre précédent Achille Mbembe évoquait la défense des nouvelles « formes de vie » tandis que Giddens parlait de protection de la « politique de la vie » à la page 60 de son oeuvre sur la Troisième voie. Après avoir exposé les thèses afrocentristes durant cette partie, nous verrons que la « défense de la vie » est l'objet politique du versant progressiste de la philosophie africaine sur lequel nous achèverons notre chapitre.

* 193 Bien entendu le but n'est pas de maintenir ces catégories qui brident la pensée et conçoivent l'Homme d'un point de vue totalitaire et centré sous un concept on ne peut plus problématique que celui de « Peuple Noir » qui subsume des individus selon leur couleur de peau. Le terme de Diaspora concerne surtout les communautés ethniques vivant sur un autre territoire que l'Afrique telles que la minorité noire afro-américaine qui a vu différents prédicateurs charismatiques comme Malcolm X ou Louis Farrakhan véhiculant une vision radicale du communautarisme dans laquelle ils affirment leur attachement à la zone sub-saharienne du continent africain.

* 194 Cette notion de « Diasporas noires » est, pour le courant de pensée afrocentriste, une étape préalable à l'idée de « Panafricanisme » ( : « Mouvement visant à resserrer l'unité et la solidarité des peuples africains. » définition du Dictionnaire Hachette éd. 2007). C'est un sens politique radical et transnational que le courant afrocentriste contemporain semble vouloir assigner à l'Union Africaine en s'inscrivant dans la logique du néoréalisme des Relations Internationales. A l'origine ce terme fut utilisé par l'ancien Président du Ghana Kwamé N'Nkrumah afin de fédérer les chefs d'Etats et de gouvernements autour du projet de fondation de l'OUA en 1963 à Addis-Abeba en Ethiopie : http://www.africa-union.org/root/ua/index.htm

* 195 Molefi Kete Asante, L'Afrocentricité, traduction par Ama Mazama, éd. Menaibuc, Paris, 2003, p. 185. Le lecteur est endroit de se demander pourquoi effectuer un rapprochement apparemment arbitraire entre la philosophie marxiste et la philosophie africaine de type afrocentriste. Dans sa version contemporaine l'afrocentrisme émerge surtout en Occident chez les membres de la « Diaspora noire » qui se trouvent en métropole (aux Etats-Unis, en Europe et aux Antilles). Tout comme le marxisme, l'afrocentrisme commence sa réflexion sur une analyse implacable de la société civile qui serait tenue par une « ethnocratie blanche » qu'il va falloir renverser quoiqu'il arrive. En définitive, les thèses de philosophie africaine les plus radicales vis-à-vis de l'Occident viennent surtout des individus vivant en Occident.

* 196 Sous la direction de Marie-Claude Smouts, op. Cit, p. 65 dans Un postcolonial stratégique

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote