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Approche comparative de la conception des droits de l'homme dans la philosophe africaine et dans la philosophie politique contemporaine en occident

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par Julien Rajaoson
Sciences Po Grenoble - Master 2008
  

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La philosophie africaine en reste

Quant à son propre sort, la philosophie africaine devrait se donner comme objets de réflexion théorique et pratique : D'une part pour la dimension théorique, la philosophie africaine ne doit être inféodée d'aucune manière pour être philosophique, « Le vaincu se définit par ses privations, qui proclament en creux la supériorité du maître, lorsqu'on les énumère »41(*). En effet, si la philosophie africaine demeure figée par son rapport à la domination du Maître, alors elle restera en situation d'Esclave. D'autre part, survient la question de la place du continent africain dans la mondialisation sur le plan pratique, ainsi que sa situation de marginalisation42(*). Si ce dernier thème ne concerne que l'Afrique a priori, nous allons voir durant le développement que celui de la mondialisation à des répercussions assez similaires dans les deux philosophies que nous étudierons. Là aussi se sont deux sujets d'importante envergure qu'il s'agira de penser. Comment subsumer ce foisonnement de trajectoires historiques et ces diverses cultures politiques inhérentes aux cinquante Etats africains aussi différents les uns que les autres, sous un concept unique et commode tel que l'Afrique ? En terme de participation à la mondialisation, outre certains faits historiques que nous nous attacherons à développer par la suite, on sait pertinemment de par les recherches d'histoire à ce sujet43(*) que l'Afrique française libre a été partie prenante dans les deux guerres mondiales. En effet, les tirailleurs sénégalais entre autres ont combattus aux côtés des forces françaises et des Alliés plus largement, afin de renverser le IIIème Reich.

La situation du continent africain dans la mondialisation

D'un point de vue économique, l'Afrique a également été frappé par la Crise de 1929 qui a précédé la deuxième guerre mondiale ; et plus tard en 1980, conformément à la vague néolibérale qui influença les régimes politiques en Occident, les pays d'Afrique ont dû signer des programmes d'ajustements structurels avec des réductions drastiques de leurs dépenses publiques. En somme, c'est indifféremment des contextes mondiaux que les politiques économiques de rigueur ont été appliquées à travers le monde. Cette vision d'austérité caractéristique de la théorie néolibérale, fut énoncée par le prix Nobel d'économie Milton Friedman puis relayé par le FMI ainsi que par la Banque Mondiale. Elle a conduit un bon nombre d'Etats africains à s'endetter lourdement auprès de ces instances internationales, ce qui les a intégrés aux systèmes financiers mondiaux mais sur le mode de la dépendance. Cependant à des fins géopolitiques, de prospection pétrolière ou toutes choses égales par ailleurs, le continent demeure fortement courtisé par les Etats-Unis d'Amérique, par l'Union européenne et surtout par la Chine. Cette dernière faisant prévaloir « L'or noir avant les Droits de l'Homme »44(*) en Afrique, elle multiplie les contrats économiques avec les Etats, là où les institutions financières leur imposent des clauses peu avantageuses. C'est sans aucune condition politique que la Chine négocie son aide à l'Afrique, comme le justifiait l'agence de presse officielle Chine Nouvelle en décembre 200545(*) ; en ce sens la position du continent est déterminante pour que les Droits de l'Homme soient diffusés dans le monde contemporain.

En effet, que ce soit au Brésil, en Inde ou en Chine, ces régimes politiques du Sud deviennent des puissances économiques à l'influence non-négligeable sans se préoccuper de la Démocratie ou des Droits de l'Homme ; l'Afrique a déjà les moyens de constituer des pôles financiers afin de s'insérer dans la mondialisation, notamment avec l'Afrique du Sud, le Kenya, le Nigeria ainsi que le Sénégal qui exerce une forte influence sur les régions voisines. Toutefois, l'exigence économique imposée par la concurrence en termes d'adaptation structurelle doit-elle prévaloir sur l'impératif politique conduisant à la Démocratie ? Ce modèle politique qui conçoit le peuple en tant que souverain est-il réellement une spécificité occidentale ou un leurre visant à reconduire une forme de domination ? En somme, le continent africain peut-il faire oeuvre de débouché territorial pour la Démocratie sur le long terme, en dépit des obstacles tels que la corruption, des guerres civiles ou des coups d'Etat ?

Nous avons vu se dessiner plusieurs problématiques autour de la conception des Droits de l'Homme, notamment sur sa portée universelle, son incidence sur le rapport entre l'individu et la communauté, ainsi que sur la question concernant la dichotomie entre la raison et l'affect. A partir de ces différents sujets relatifs à une conception commune des Droits de l'Homme, on est en droit de se demander s'il existe une scission fondamentale entre une philosophie africaine et la philosophie politique contemporaine en Occident ? Et nous nous demanderons également si une analyse critique de la mondialisation en tant que phénomène global, n'est envisageable qu'à partir de connaissances situées.

Dans un premier temps, nous analyserons ce sujet avec la philosophie politique contemporaine en Occident comme point de départ. Sa maturité intellectuelle nous permettra d'analyser les grandes lignes de la problématique ici présente, en utilisant les outils conceptuels et les controverses des différents auteurs. Mais nous verrons que celle-ci a néanmoins des difficultés à s'ériger durablement au dessus des savoirs spécialisés à savoir l'économie, le droit et l'histoire dans le sens où elle partage avec eux la capacité de rendre le monde intelligible. En guise d'amorce nous analyserons le paradigme économique néolibéral, nous nous appuierons ensuite sur la pensée de Anthony Giddens et sa « Troisième voie », puis, pour conclure, sur le débat entre Rawls et Nozick à propos de la forme de l'Etat démocratique.

Secondement, quant à la philosophie africaine dont l'existence ne manque pas d'être problématique, est-elle une revendication identitaire ou une question métaphysique superflue ? Peut-elle se contenter d'être un simple mimétisme de la philosophie occidentale sans spécificités propres, et en quoi peut-elle contribuer à moderniser l'idée d'Homme énoncé dans les Droits de l'Homme ? Nous allons distinguer trois moments importants concernant son édification possible : premièrement, l'africanisme en tant que savoirs constitués sur les africains à travers l'oeuvre du Père R. Placide Tempels46(*), puis nous en viendrons au moment de l'afrocentrisme comme synthèse de la philosophie marxiste et du nationalisme en Afrique, qui a émergé lors de la période de la décolonisation. Et enfin, celui de la philosophie africaine qui a suscité l'intérêt de cette recherche.

Troisièmement, nous allons tenter de valider l'hypothèse universaliste de la conception des Droits de l'Homme et de la Démocratie. Ainsi, nous nous situerons dans la continuité intellectuelle du libéralisme politique en prenant pour commencement l'individu dans son rapport au monde. Ce chapitre sera consacré à l'étude d'une action publique, la Coopération décentralisée Franco-Burkinabé sur laquelle il est permis d'envisager un cosmopolitisme minimal.

* 41 F. Eboussi-Boulaga, op. Cit, p. 16

* 42 Conférence de la Bibliothèque Nationale de France, département Droit, Economie, Politique de Mai 2006 dont le thème fut : Comment l'Afrique sortira a-t-elle de la marginalisation ? De Jean-François Bayart chercheur au CERI spécialiste de la question africaine

* 43 Général De Gaulle, Mémoires de guerre, chapitre intitulé L'Appel 1940-1942, éd, Plon, Paris, 1989, p. 97-128 sur L'Afrique

* 44 http://afrik.com/article9773.html,

* 45 Ibid.

* 46 R. P. Tempels, La philosophie bantoue, éd, Présence Africaine, Paris, 1949

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