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Utilisation des cendres volantes pour la prévention des désordres dus à l'alcali-réaction

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par Azddine KAROUITE
Ecole HASSANIA des Travaux publics -  2003
  

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L'alcali-réaction

I- 1: Aperçu Historique 

En 1935, R.j Holden est le premier qui a observé l'existence des réactions chimiques dans le béton, entre le ciment et certains granulats. Ensuite Krammer et Carlson ont constaté l'existence de désordres mais c'est l'américain Stanton qui a précisé le premier, en 1940, la nature des réactions causant les perturbations observées : ces réactions se produisent entre les alcalins du ciment et certains types de granulats, d'où le nom « Réaction Alcalis-Granulats » (RAG).[1]

En France, l'alcali-réaction était constatée, pour la première fois, vers la fin des années 70 au niveau de quelques ponts dans la région du nord.

Le Maroc n'a commencé à s'intéresser à ce phénomène que dans les années 90, en adoptant une démarche de qualification des granulats utilisés dans la construction des barrages. [2]

I- 2: Définition

L'alcali-réaction est une réaction chimique entre certaines formes de silice et de silicate pouvant être présentes dans les granulats du béton, et les alcalins de la solution interstitielle. Elle correspond à une attaque du granulat par la solution basique du béton et provoque la formation d'un gel de réaction (silicate alcalin), dont l'expansion engendre, sous certaines conditions, un ensemble de désordres. [1][3]

Il existe trois grands types d'alcali-réaction : les réactions alcali-carbonate (dolomitisation), alcali-silice et alcali-silicate. La réaction alcali-silice est la plus fréquente.

I- 3: Conditions d'apparition de l'alcali-granulat 

Trois conditions doivent être simultanément remplies pour que ces réactions puissent avoir lieu. Il faut que le granulat soit potentiellement réactif, que l'humidité relative excède 80 à 85% et que la concentration en alcalins dépasse un seuil critique. [3]

I-3-1: Alcalins 

L'établissement de la RAG nécessite la présence d'un certain pourcentage d'alcalins dans le béton (essentiellement K2O et Na2O). Ces alcalins proviennent d'une part du ciment, et d'autre part, des autres constituants du béton (granulats, eau de gâchage, adjuvants,..). Initialement, ils sont présents à l'état diffus dans les phases anhydres, et ils se dissolvent à l'état basique (K+OH-, Na+OH-) lors de l'hydratation. [4]

Environnement

Eaux salines

Sels fondants

Alcalins

Béton

Additions minérales

Ciment

Granulats

Adjuvants

Eau de gâchage

Figure 1 : Schéma illustrant les différentes sources des alcalins présents dans le béton (d'après Bérubé et al. In Baron et Ollivier, 1992)

Lors de l'évaluation des risques de la RAG, généralement, seuls les alcalins du ciment sont pris en compte. Or, c'est la quantité totale des alcalins provenant du ciment et des granulats qui est importante.

Pour l'évaluation de la teneur des alcalins d'un ciment, on utilise généralement la notion d'alcalins équivalents (Na2O équivalents) : % Alcalins équivalents = % Na2O + 0.658 K2O où 0.658 correspond au rapport des masses molaires Na2O/ K2O. [5]

I-3-2: Silice 

La silice réactive, à laquelle on s'intéresse, prend son origine des granulats. Toutes les variétés de silice sont pratiquement insolubles dans l'eau pure. Mais, en raison du caractère acide de SiO2, certaines peuvent se dissoudre sous forme d'anions dans les solutions aqueuses fortement basiques.[4]

La présence d'une silice solubilisable provenant des minéraux sensibles pouvant réagir avec les alcalins, est l'origine de la majorité des réactions alcali-granulats.

Le minéral le plus susceptible de réagir avec les alcalins est l'opale ayant comme formule (SiO2, nH2O) ou une silice amorphe. [1]

En général, la silice peut être rencontrée dans les roches et alluvions siliceuses, dans les roches carbonatées (sous forme d'inclusions) et dans les roches ou alluvions silicatées polyphasées.

L'identification de ces roches n'est pas suffisante pour permettre de caractériser un granulat comme réactif. Cette première approche, absolument nécessaire, permet tout au plus d'alerter sur l'existence ou non d'un risque. Dans l'affirmative, ce sont les essais de stabilité dimensionnelle [6] qui permettent la décision.

I-3-3:  Environnement 

L'expérience montre que les conditions d'exposition sont à l'origine d'une évolution notable de la RAG : l'humidité du sol sous l'ouvrage en contact, l'écoulement de l'eau...A titre illustratif, on présente deux cas d'exposition:

L'exposition la plus favorisante de la RAG est lorsque les constructions sont soumises à des cycles successifs d'atmosphère humide puis sèche. Même si le béton est maintenu dans des conditions d'humidité nulle, l'alcali-réaction reste potentielle, mais dés la remise du matériau en contact avec l'eau, la réaction se reproduit et les désordres auront lieu. [7]

L'exposition des structures à des températures élevées accélère aussi le processus de la RAG. En effet, les sections massives et larges du béton dissipent lentement la chaleur d'hydratation produite par la prise du ciment, ce qui favorise l'apparition et le développement de la RAG. « Ainsi, une atmosphère chaude et humide est un facteur aggravant important ». [8]

I- 4: Mécanisme de l'alcali-réaction 

Les mécanismes de l'alcali-réaction consistent, généralement, en la dissolution de la silice par la solution interstitielle alcaline du béton suivie de la formation d'un gel gonflant.

L'alcali-réaction dépend de plusieurs facteurs conditionnant les particularités de certains de ses mécanismes, à savoir : [7] [8]

La structure : c'est-à-dire les facteurs dépendant de la structure cristalline des minéraux réactifs dont le réseau peut avoir des défauts. Ces derniers sont en général dus à la destruction des liaisons siloxanes . Ces anomalies constituent un site des réactions pour les ions présents dans la solution (Na+, Ca2+, K+, OH-).

La texture : les facteurs liés à cet aspect concernent essentiellement la granularité, la microfissuration et la microporosité. Ils conditionnent plus la cinétique des réactions. Les surfaces d'échange des granulats en relation avec l'état de microfissuration sont en croissance en fonction de leur classe granulaire.

La composition chimique: on cite ici les facteurs : pH, concentrations en K+, Na+, Ca2+, et la quantité de la silice réactive.

La vitesse des réactions : dépend essentiellement des facteurs structuraux, texturaux et des facteurs de composition.

Le mécanisme général des réactions alcali-silice est, généralement, présenté par un processus en deux étapes fondamentales : [9]

Une première étape consistant à la neutralisation des radicaux silanols Si-OH suivant une réaction du type acide-base :

et

Figure 2: Illustration de la première étape du mécanise selon A B Poole [3]

Les charges terminales sont équilibrées par les ions Na+, K+ diffusés. D'autres ions OH- peuvent se présenter soit dans les trous de la structure soit sur sa surface externe. L'accessibilité des OH- et de Na+ est limitée par la dimension des trous et par leur distance à la surface de la particule.

La deuxième phase, est une attaque des ponts siloxanes Si-O-Si par les ions OH- :

Figure 3: Illustration de la deuxième étape du mécanise selon A B Poole [3]

Lors de cette réaction, on remarque la destruction de la structure du minéral et la formation d'un gel silico-alcalin polymérisé.

I- 5: Désordres dus à l'alcali-réaction 

La dégradation du béton des ouvrages résultant du phénomène d'alcali-réaction a été répertoriée dans de nombreux pays. En général les désordres apparaissent à des échéances variables de deux à dix ans ou plus.

La pathologie et les manifestations externes de la RAG se signalent par un ou plusieurs des symptômes suivants :

- Une fissuration,

- Un faïençage à mailles plus ou moins larges ou en étoile ou une fissuration orientée suivant la direction de distribution des armatures,

- Des exsudations blanches formées de calcite et parfois de gels siliceux translucides,

- Des pustules ou cratères avec des éclatements localisés en forme de petits cônes résultant de la réaction de gros granulats superficiels qui sont visibles au fond des cratères d'éclatement,

- Des déformations,

- Des colorations ou décolorations.....

Figure 4: : Exemple de béton dégradé par l'alcali-réaction. [2]

I- 6: Prévention de l'alcali réaction

I-6-1:  Démarche préventive  [10]

En France, les premières études d'ouvrages mettant en évidence l'alcali-réaction, comme source de désordres, datent de la fin des années 70 et du début des années 80. C'est à ce moment là que le gouvernement français a pris conscience du grand risque que constitue ce phénomène pour l'ensemble des ouvrages du pays.

Ainsi, un programme d'étude a été lancé dans le but d'élaborer une démarche de prévention contre l'alcali-réaction et d'assurer aux différents maîtres d'oeuvres le pouvoir de construire sans risque de dégradations ultérieures.

Cette démarche est représentée actuellement par les différentes recommandations contre l'alcali-réaction. Un premier document dit document provisoire, a été publié par le LCPC en 1991. Sa version définitive, toujours en vigueur, date de juillet 1994. Les ouvrages intéressés par ces recommandations sont les ouvrages neufs (à réaliser), alors que ceux existants sont exclus de son domaine d'application.

La version de juillet 1994 propose une démarche préventive, qui s'effectue en deux temps :

- Détermination d'un niveau de prévention parmi trois cas possibles, selon la catégorie de l'ouvrage et sa classe d'exposition.

-  Orientation vers la (ou les) solution(s) possible(s), en fonction du niveau de prévention retenu.

Au Maroc il n'existe pas encore une démarche nationale pour la prévention contre l'Alcali réaction, l'ensemble des mesures prises sont inspirées de la démarche française actuelle.

Cette démarche recommande l'utilisation des ajouts minéraux pour inhiber l'alcali-réaction. Parmi ces ajouts, elle a mis le point sur les cendres volantes en encourageant leurs utilisations et les études qui les valorisent.

I-6-2: Bilan des alcalins 

Vu sa simplicité et son efficacité, cette démarche est largement répondue dans le monde entier.

Son principe est de tenir compte des alcalins amenés par tous les constituants du béton à savoir : le ciment, les adjuvants, les granulats et l'eau de gâchage. Son but majeur est de faire un bilan d'alcalins afin de limiter la teneur en Na2O équivalent (= % Na2O + 0.658 K2O) dans le béton à un seuil inférieur à 3.5 Kg/m3. [10] [11]

I-6-3: Utilisation des ajouts minéraux 

Des expériences ont montré que l'utilisation des ajouts minéraux tels que : les cendres volantes, les laitiers de haut fourneau et la fumée de silice ont un effet positif sur la diminution de l'expansion du béton.

Le graphe suivant nous montre la variation de l'expansion en fonction du temps, et ceci pour différents dosages de cendres volantes et deux teneurs différentes en alcalins.

Figure 5 : Effet de l'ajout des cendres volantes sur l'expansion du béton [2]

Des expériences similaires au niveau international ont montré que les cendres volantes sont efficaces pour la diminution de l'expansion et par suite, pour la prévention des désordres dus à l'alcali réaction, d'où l'intérêt de vérifier l'efficacité des cendres nationales.

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