le statut de formation professionnelle dans les EMF: une étude appliquée à quelques EMF de la ville de Douala( Télécharger le fichier original )par ESTELLE RAISSA ENGAL Ecole Normale Supérieur d'Enseignement technique de l'Université de Douala - DIPET II 2008 |
Chapitre IV :LES IMPLICATIONS DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE DANS LES ETABLISSEMENTS DE MICROFINANCE. Les données secondaires sont certes nécessaires, mais n'apportent pas à elles seules une réponse satisfaisante à la question de recherche. Le questionnaire va générer des informations sur les spécificités de la formation professionnelle dans les EMF, et déterminer la place de celle-ci dans la Gestion des Ressources Humaines Gaston BACHELARD affirme : « l'observation scientifique est toujours une observation polémique ; elle confirme ou infirme une thèse antérieure ». Le présent chapitre est celui qui permettra de faire une description des politiques de formation dans les EMF (Section 1) et d'en déterminer les incidences (Section 2). Section I : Une description des politiques de formation dans les Etablissements de Microfinance. Les résultats obtenu et analysé seront classés en fonction des thèmes du questionnaire : l'identification, l'importance de la formation et les types de formation utilisés.
Nous présenterons tour à tour : la taille de l'entreprise, les types d'EMF, les services offerts, et le profil du dirigeant. Tableau 7 : Taille de l'entreprise Source : Résultats de nos enquêtes La totalité des entreprises interrogées ont entre 10 et 249 employés (80,0%), il s'agit bien des PME (EMF). Les Etablissements de Microfinance de la ville de Douala sont des pour la plus part des PME. Or on sait que la formation professionnelle y est pratiquée selon quelques spécificités, compte tenu des restrictions budgétaires dont font face ces entreprises. Tableau 8 : Catégories d'EMF Source : Résultats de os enquêtes. Il existe plus d'EMF de 1ere catégorie (53,3%) que des autres dans la ville de Douala. Ce qui signifie que la principale activité de ceux-ci est la collecte de l'épargne et l'octroi du crédit à leurs membres. On note également une forte présence des Etablissements de la deuxième catégorie (43,3%). Tableau : 9 Les services offerts Source : Résultats de nos enquêtes. Les principaux services sont la collecte de l'épargne et octroi du crédit. Cela va de soi, le secteur de la Microfinance dans la ville de Douala est en majorité composé d'EMF de la 1ère catégorie et de la deuxième catégorie. Conséquence, il est nécessaire de former le personnel en ces matières. Tableau : 10 Profil du dirigeant. Catégorie socio - professionnelle Source : Résultats de nos enquêtes Dans les petites unités, on sait que le statut (indépendant, membre de profession libérale, artisan, etc.), la trajectoire sociale et professionnelle (par exemple, professionnel autodidacte ou cadre reconverti), ou les conduites entrepreneuriales de leurs dirigeants (création ex-nihilo, reprise ou succession), jouent un rôle décisif. En articulant le profil des dirigeants et le mode de développement des entreprises, on pourrait distinguer les EMF qui fonctionnent sur un modèle « familialiste » où l'histoire de l'entreprise se confond avec l'histoire de vie de l'entrepreneur, et les unités intégrées dans des groupes commerciaux ou financiers et gérées selon des principes managériaux ; ce en passant par une configuration« entrepreneuriale intermédiaire où s'opèrent des ruptures avec les dépendances familiales initiales (extension d'un magasin, diversification des activités...) et une orientation vers une plus grande rationalisation. C'est cette opposition, ou plutôt ce continuum, qui expliquerait en partie les tensions observées dans le développement des EMF, entre les activités artisanales et la quasi industrialisation, ou toutes les formes intermédiaires ou transitoire de passage d'un métier à un autre.
Elle sera illustrée par : les raisons qui la motivent en général, les fréquences et les partenaires de la formation. Tableau : 11 Les raisons de la formation. Compétitivité de l'entreprise comme raison de formation du personnel La compétitivité est l'aptitude pour une entreprise à conserver ses parts de marché face à la concurrence locale, régionale, nationale ou internationale, or l'objectif de toute entreprise est la rentabilité. C'est la raison pour laquelle on constate ici que 83,3% des Etablissements enquêtés forment leur personnel par soucis de compétitivité.
L'épanouissement du personnel, n'est pas la priorités des dirigeants d'EMF. Leur préoccupation première est de survivre dans un secteur en pleine expansion. L'employé est considéreé comme un facteur de production. Ce qui est dommage, car l'homme est au centre de toute organisation. Et pour réeussir, il faut pouvoir trnir compte de ses besoin en tant que personne.
Source : Résultats de nos enquêtes L'efficacité se traduit par l'atteinte des objectifs. Un employé efficace est celui qui utilise à bon escient ses connaissances et compétences pour le developpement de l'entreprise. C'est la raison pour laquelle 86,7% des dirigeants interrogés reconnaissent envoyer en formation leurs employés pour assurer et améliorer leur efficacité.La formation professionnelle vaut donc à cet effet tout son pesant d'or. Il ressort de ces tableaux que la majorité des établissements enquêtés, forment leur personnel par souci de compétitivité de l'entreprise (83,3%) et d'efficacité du personnel (86,7%). Nonobstant leurs difficultés financières et de gestion, on constate que la formation apparaît aux EMF enquêtés non comme un coût, mais comme un moyen d'amélioration et d'efficacité. Tableau : 12 Les partenaires de la formation Source : Résultats de nos enquêtes Les établissements de Microfinance enquêtés s'adressent en majorité (53,3%) aux Centres de Formations Spécialisés pour la formation de leurs employés. Ce qui implique une certaine confiance en l'expertise des structures de formation, et le souci des meilleurs résultats. Quant aux services de la formation à l'intérieur de ces Etablissements (36, %), ils montrent que la formation préoccupe, mais seulement des actions internes sont privilégiées. Tableau : 13 Fréquence d'organisation des séances de formation Source : Résultats de nos enquêtes La majorité des établissements enquêtés organisent plusieurs fois par an des séances de formation. Ce qui signifie que d'énormes efforts sont fait dans ce sens. Il y a eu une légère évolution des mentalités, car 36,6% des dirigeants affirment que la formation est organisée plusieurs fois par ans.
La formation mobilise de lourdes charges financières pour l'entreprise. Car, une formation de qualité implique la détermination d'un budget conséquent, or c'est loin d'être le cas dans les EMF, qui se tournent le plus souvent vers les financements externes.. Tableau : 14 Les types de formation Source : Résultats de nos enquêtes Les types de formation préférés sont les formations présentielles (56,7%) des dirigeants reconnaissent avoir une préférence pour : la formation sur le tas, les stages, les séminaires, les activités de coatching. Pour plusieurs raisons : les coûts sont réduits, et la proximité entre formateurs et formés permet une meilleur formation que les formations à distance. Le constat que nous faisons est que les EMF enquêtés sont réfractaires à la nouveauté, car préfères se contenter des « bonnes vieilles » méthodes de formation, ce qui réduit ainsi leur éventail de techniques. Tableau : 15 Budget et financement externe
Source : Résultats de nos enquêtes Les dirigeants interviewés déclarent qu'il existe un budget alloué (100%) à la formation mais cependant compte tenu de l'insuffisance de ce budget ils ont recours à des modes de financement externes (endettement 16,7% et subventions 40,0%). SECTION 2 : Analyse Des Implications Des Politiques De Formation Dans Les Etablissements De Microfinance. L'interprétation des résultats, consiste pour nous à décrire à partir des résultats, le niveau d'intégration de la formation professionnelle dans les EMF de Douala. Grâce aux types de formation valorisés, à la fréquence des séances de formation par an, et au fonds alloués à cette activité, nous en déterminerons le statut et ferrons quelques suggestions pour améliorer cet état des faits.
Les types de formation préférés nous donnent une idée du type de management retrouvé dans les EMF enquêtés. En effet, nous sommes en présence d'établissements « traditionalistes » dont l'histoire et la gestion sont rattachés à la vie du propriétaire dirigeant. Le rapport de la plupart des dirigeants d'EMF à la formation continue est par essence complexe et d'autant plus ambivalent qu'il réactive, dans certains cas, le vécu douloureux de leur propre formation initiale marquée par des échecs, des rejets ou des interruptions qui ont laissé des traces. Par ailleurs, ils sont souvent l'exemple d'une réussite qui, à quelques exceptions près, n'a eu cure d'apprentissages scolaires laborieux. Très soucieux de leur autonomie, ils ont acquis, développé et adapté leur affaire sans l'aide d'institutions auxquelles ils rattachent le « modèle scolaire ». De ce fait, ils préfèrent pour se perfectionner, mettre en jeu des réseaux informels et miser sur le relationnel. Même dans le cas de professions fermées et réglementées (par exemple, l'expertise comptable où l'activité est elle-même normalisée et encadrée par un Ordre), les EMF multiplient les manoeuvres de contournement pour éviter les formations trop codifiées en créant des associations ou des clubs (« On se fait notre propre formation... » Disait un dirigeant lors d'un de nos entretiens). Ainsi dédramatisé, le perfectionnement pour les dirigeants serait sans doute possible, mais à condition de garder un caractère informel qui, du coup, demeure pour l'essentiel inaccessible aux offreurs « classiques » de formation.
« La répétition est mère de l'enseignement » dit un adage. La formation, permet certainement le perfectionnement des employés, mais à « faible » dose elle perdrait de son pesant d'or. Dans les EMF enquêtés, la majorité affirme avoir recourt à plusieurs sessions de formation par an. Ce qui dénote de la volonté manifeste de ces établissements à s'améliorer. Certes les techniques de formation sont très restreintes et peu formalisées, mais on assiste à une démystification progressive de la formation. Elle est de plus en plus considérée comme un investissement rentable. 1.3.- L'impact du budget sur le type de formation choisit Tableau : 16 Croisement budget et type préféré de formation Tableau croisé Type de formation préférée * Suffisance du budget alloué à la formation Source : Résultats de nos enquêtes Lorsque le budget alloué à la formation professionnelle est suffisant, le type de formation préféré est la formation présentielle à hauteur de 66,7%, largement supérieure à la formation à distance qui n'est préférée qu'à hauteur de 33,3%. Pendant que le budget alloué à la formation est insuffisant, le type de formation préféré est la formation présentielle à hauteur de 66 ,7%, également supérieure à la formation à distance qui est utilisée à hauteur de 33,3%. Dan tous les cas, la formation présentielle est la plus utilisée dans les EMF. Il ressort de ces tableaux que le choix du type de formation et l'importance du budget font état de la place de la formation dans les EMF enquêtés. Tableau : 17 Tests du Khi-deux
Source : Résultats de nos enquêtes Le tableau ci-dessus nous donne un khi-deux de 11,222 (X2cal =11,22) qui est largement supérieur à un seuil Alpha = 5% et un degré de liberté ddl= 1, (3,84). On rejette l'hypothèse nulle selon laquelle les variables sont indépendantes, pour retenir celle selon laquelle elles sont liées. Autrement dit, les variables « le type de formation préféré et l'importance du budget » sont liées. Mais nous devons prouver que notre résultat est statistiquement significatif au seuil = 5%. Pour ce faire, on compare la signification asymptotique bilatérale à Alpha. On constate que signification asymptotique = 0,027 < 0,05 donc notre test est statistiquement significatif au seuil Alpha = 5%. Le secteur de la microfinance du Cameroun est en pleine expansion et pour s'en sortir, les EMF doivent mettre sur pieds toutes les stratégies de gestion nécessaires (politique financière, politique industrielle et surtout politique humaine). Les efforts de formation qu'ils sont amenés à faire demeurent très peu formalisées car n'empruntant que rarement les formes traditionnelles de recours au marché de la formation professionnelle continue. L'obligation légale de participation au financement de celle-ci n'a pas véritablement modifié les pratiques traditionnelles, et en particulier le rôle prééminent de « la formation sur le tas ». Tout cela nous conduit à un autre constat, les EMF du Cameroun sont « traditionalistes », car ont tendance à se contenter des techniques mettant en présence le formateur et les formés dans une même pièce, au détriment des formations à distance qui peuvent être plus enrichissantes. Une autre recherche pourrait porter sur L'IMPACT DES NOUVELLES FORMES DE FORMATION DANS LA GESTION DES EMF DU CMEROUN. Recherche dans laquelle seraient démontrés la perception de ces formes (innovantes) de formation (« e-learning ») par les dirigeants, leur niveau d'intégration à l'heure de la mondialisation, et leur plus value par rapport à la formation présentielle. |
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