Université de Cocody (ABIDJAN)
Institut d'Ethno-Sociologie
Mémoire de recherche en vue de l'obtention du
diplôme de
Maîtrise en Sociologie
Option : sociologie du travail
RETRAITE ET VIE ASSOCIATIVE EN MILIEU URBAIN : CAS DE
L'ASSOCIATION DES RETRAITES DE COCODY (ARECO)
Présenté par :
Sous la Direction
de :
BROU Kouamé Pacôme-Noel
Dr OGNI Kangah
Maître-assistant
SOMMAIRE
DEDICACES III
REMERCIEMENTS IV
LISTE DES ACRONYMES V
INTRODUCTION 6
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET
METHODOLOGIQUE 8
CHAPITRE 1 : CADRE THEORIQUE 9
CHAPITRE II : CADRE METHODOLOGIQUE 34
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DES CADRES DE
L'ETUDE 42
CHAPITRE I : LA CNPS ET LA GESTION DES RETRAITES
DU PRIVE 43
CHAPITRE II : LA CGRAE ET LA GESTION DES
FONCTIONNAIRES RETRAITES
47
CHAPITRE II : PRESENTATION DE L'ARECO 52
TROISIEME PARTIE : ANALYSE ET INTERPRETATION DES
DONNEES 56
CHAPITRE I : LOGIQUES DE PRODUCTION DES
ASSOCIATIONS
DE RETRAITES
58
CHAPITRE II : MECANISMES DE
RECONSTRUCTION
DES RETRAITES DANS L'ARECO
72
CHAPITRE III : FABRICATION DES REPRESENTATIONS
SOCIALES
ASSOCIEES A LA RETRAITE
79
CONCLUSION 84
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 86
TABLE DES MATIÈRES 89
ANNEXE 93
II
DEDICACES
A mon très cher oncle BROU Kra
Hyacinthe
Je crois que si nous avons pu atteindre aujourd'hui ce niveau
d'étude, c'est bien grâce à toi. Que le Seigneur t'accorde
une santé de fer.
A mon père BROU Yao Valentin pour
son soutien sans faille sur tous les plans. Que le Seigneur t'accorde une
longue vie.
III
REMERCIEMENTS
La réalisation de ce travail qui marque la fin de
notre formation du second cycle universitaire a pu se faire grâce aux
concours de plusieurs personnes envers lesquelles nous traduisons notre
reconnaissance et notre profonde gratitude. D'abord, nous remercions en premier
le Docteur OGNI Kangah Benoît pour avoir accepté de diriger ce
travail et dont nous avions mûri l'idée de travailler depuis la
licence sous sa direction. Permettez-nous encore une fois de vous remercier
cher Maître pour vos conseils aux débuts de nos travaux mais
également pour la touche scientifique que vous avez apporté
à ce travail. Par ailleurs, nous traduisons toute notre reconnaissance
aux doctorants Bouaki Kouadio Baya, Gacha Franck et Tano K. Joseph pour leur
assistance, leurs remarques pertinentes et leurs critiques constructives mais
également pour la lecture de nos premiers manuscrits. Aussi, sommes-nous
reconnaissant envers le couple Malley, retraité, membre de l'Association
des Retraités de Cocody et passionné de la recherche pour leurs
encouragements et grâce à qui j'ai pu contacter certains membres
de l'association. A travers eux, nous remercions tous les Retraités de
cette association qui ont bien voulu nous accorder de leur temps pour repondre
à nos questions. Nous n'oublions pas madame Dacouri Berthe pour sa
disponibilité et sa participation à la saisie. Enfin, nos
remerciements vont à l'endroit de M. Gouedan Daniel, Chef de service
informatique de la Caisse Générale de Retraite des Agents de
l'Etat pour les informations et les documents mis à notre
disposition.
IV
LISTE DES ACRONYMES
AG
|
Assemblée Générale
|
ARECO
|
Association des Retraités de Cocody
|
BIT
|
Bureau International du Travail
|
CA
|
Conseil d'Administration
|
CCPFCI
|
Caisse de Compensation Familiale des Travailleurs de
Côte d'Ivoire
|
CGRAE
|
Caisse Générale des Retraités et Agents
de l'Etat
|
CNPS
|
Caisse Nationale de Prévoyance de Côte
d'Ivoire
|
DC
|
Direction Centrale
|
DEX
|
Direction de l'Exploitation
|
DFC
|
Direction Financière et Comptable
|
DOF
|
Direction des Opérations Financiers
|
DP
|
Direction des Pensions
|
DRH
|
Direction des Ressources Humaines
|
EPA
|
Etablissement Public à caractère
Administratif
|
EPIC
|
Etablissement Public Industriel et Commercial
|
EPN
|
Etablissement Public National
|
FENARCI
|
Fédération Nationale des Retraités de
Côte d'Ivoire
|
IPRAO
|
Institut de Prévoyance sociale de l'Afrique
Occidentale
|
MEF
|
Ministère de l'Economie et des Finances
|
UNAFRECI
|
Union Nationale des Fonctionnaires Retraités de
Côte d'Ivoire
|
UNARCI
|
Union Nationale des Retraités de Côte d'Ivoire
|
UREPCI
|
Union des Retraités du Privé de Côte
d'Ivoire
|
V
INTRODUCTION
La retraite représente
aujourd'hui un nouvel âge du cycle individuel de vie pendant lequel
s'exercent de nouveaux rôles sociaux. Cependant, elle est souvent
synonyme de « mort sociale » à telle enseigne que certains
travailleurs ivoiriens redoutent cette phase de la vie, aussi «
normale » soit-elle. Mais, si l'on s'en tient à l'observation
de la réalité ivoirienne, une telle vision de la retraite se
justifie à cause des clichés et des stéréotypes
associés à ce nouveau statut, contribuant ainsi à donner
une figure sociale peu reluisante voire dépréciative de la
retraite en Côte d'Ivoire. Les associations de retraités sont un
phénomène assez récent dans le monde. On peut situer leur
apparition dans le courant des années soixante notamment dans les pays
occidentaux. Avec l'émergence du troisième âge, ces espaces
de sociabilité sont apparus sous la forme de club dans l'intention de
donner une visibilité sociale à cette nouvelle catégorie
sociale que constituent les retraités aujourd'hui.
Aujourd'hui, nous pouvons affirmer que la Côte
d'Ivoire n'est pas demeurée en marge de cette révolution qu'a
connu l'univers de la retraite en général vu l'apparition
sporadique des associations des retraités sur l'étendue du
territoire ivoirien. Ceci est la marque sans doute de la rupture d'avec la
première conception de la retraite consistant à demeurer en marge
de la vie socioprofessionnelle et à devenir qu'un simple consommateur
des prestations qui leurs sont offertes par les organismes sociaux. Car comme
nous pouvons le constater, il y a de plus en plus d'associations de
retraités qui naissent un peu partout dans l'espace urbain. C'est
pourquoi nous voulons nous intéresser à ce que les
retraités produisent lorsqu'ils se réunissent en association et
étudier les mécanismes de leur réintégration dans
la société globale.
Ainsi donc, l'intérêt sociologique de
cette étude se situe au niveau des nouvelles stratégies
d'adaptation sociale mises en place par les retraités eux-mêmes en
vue de maintenir leur reliance à la société globale
après le processus de désocialisation professionnelle qui
apparaît comme une phase de déconstruction de soi. C'est aussi
démontrer comment les associations des retraités constituent des
cadres ou des espaces sociaux pour jouir d'une retraite active et
atténuer les nuisances psychologiques quotidiennes liées à
celle-ci. Voici donc schématiquement présentée notre
vision sociologique qu'il convient d'apprécier à sa juste valeur.
Pour y arriver nous organiserons l'ensemble de notre recherche en trois (3)
grandes parties.
Nous exposerons dans une première partie, les
perspectives théoriques et méthodologiques de notre recherche.
Puis, dans une seconde partie nous présenterons les cadres de
l'étude et le champ de l'enquête. Elle portera essentiellement sur
les structures en charge de la retraite en Côte d'Ivoire et sur une
description de l'association qui nous a servi de terrain d'étude. Dans
une troisième partie, nous présenterons l'analyse et
l'interprétation des données. Cette troisième partie sera
organisée en trois chapitres. Ainsi, au chapitre I de cette partie, nous
verrons les logiques de production des associations de retraité. Au
chapitre II, nous analyserons les mécanismes de reconstruction des
retraités dans l'association et nous terminerons par une étude
des représentations sociales associées à la retraite au
chapitre III.


CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE
I-1-JUSTIFICATION DU CHOIX DU THEME
Le choix de ce thème se justifie par trois (3)
raisons essentielles pour nous :
Premièrement, le constat que nous faisons est
que le retraité est plus isolé lorsqu'il vit en marge des espaces
associatifs. Cela donne une impression d'être en marge de la vie sociale.
Aussi, cette étude a-t-elle pour ambition de déconstruire toutes
ces pensées construites autour de la retraite. Car l'évocation de
la retraite d'une manière générale est fondée sur
une idéologie pessimiste faisant naître dans l'esprit des uns et
des autres l'idée de la fin. La fin qui se caractérise par la
cessation de l'activité professionnelle rémunérée
mais également la fin de la vie tout court. Nous avons donc jugé
pertinent de nous intéresser à cette forme de vie
émergente dans le monde de la retraite en général et dans
le cas spécifique de la Côte d'Ivoire. Plusieurs «jeunes
retraités» ivoiriens sont socialement exclus du marché du
travail, mais encore valides parce qu'ayant débuté une
carrière professionnelle trop tôt. Néanmoins, ils sont
parfois laissés pour compte au point que leur intégration dans la
société globale devient pour la majorité difficile.
Deuxièmement, il faut noter qu'au plan
académique, nous voulons par cette étude aussi modeste soit-elle
faire l'effort de privilégier une nouvelle orientation de l'étude
de la retraite en faisant ressortir par exemple la dimension socioculturelle
à travers les associations des retraités, lesquelles sont
devenues aujourd'hui un phénomène social en Côte d'Ivoire.
En effet, le choix d'explorer cette dimension se justifie par l'inexistence
presque d'études sur la vie associative chez les retraités en
Côte d'Ivoire et spécifiquement en milieu urbain. Toutes les
études déjà effectuées sur la retraite en
Côte d'Ivoire porte pour la majorité sur les conditions sociales
de vie des personnes à la retraite et sur les régimes de retraite
ou encore sur les structures officielles en charge de la gestion de la retraite
(CNPS et CGRAE) dans notre pays. Il est certes vrai que la communauté
scientifique dispose diverses connaissances à travers le monde sur le
phénomène de la retraite; néanmoins, notre contribution
permettra sans doute de mieux cerner le processus social qui sous-tend la mise
en place de ces nouvelles formes de vie à la retraite que sont les
associations de retraités, autrefois méconnue en Côte
d'Ivoire.
Troisièmement, cette recherche se veut en fin de
compte pratique. Car elle essayera de proposer des stratégies de mise en
oeuvre de politiques sociales en faveur des retraités, des solutions en
termes d'actions programmées en rapport avec les besoins sociaux
exprimés par les retraités. L'étude pourra servir de guide
aux collectivités locales, aux partenaires sociaux locaux et
internationaux en tant que relais de l'Etat pour mieux orienter leurs actions
en faveur des groupements ou collectifs de retraités si la
nécessité s'impose.
I-2-PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESE DE RECHERCHE
I-2-1-Problématique
A l'origine, la retraite en Afrique en
général et en Côte d'Ivoire en particulier fût une
institution héritée des puissances coloniales. Celles-ci n'ont
fait que transposer ce phénomène qui existait déjà
dans les pays occidentaux. L'institution de la retraite découle de
l'introduction du travail salarié en Afrique noire à laquelle
elle est intimement liée. Cependant, la mise en place de la retraite par
l'administration coloniale s'est fait accompagner de la mise en place d'une
forme de sécurité sociale à laquelle étaient soumis
les fonctionnaires et les travailleurs de l'époque. Cette couverture des
retraites ne se limitait qu'à une population minoritaire effectuant un
travail rémunéré.
Par ailleurs, la particularité de ce
système de retraite nouvellement introduite dans la
société africaine inscrit l'africain dans un système de
production nouveau qui avait un début et une fin et donc
différent de celui qu'il connaissait jusqu'alors. C'est ce qui justifie
l'intérêt accordé à la retraite par les
autorités publiques africaines dès l'accession à
l'indépendance.
Une première expérience a
été mise en oeuvre sur la question de la retraite au niveau de
l'Afrique de l'ouest. Il s'agit en effet de l'Institut de Prévoyance
Sociale de l'Afrique Occidentale (IPRAO) de Dakar en 1958 dès la mise en
application du code de travail issu d'une convention intersyndicale datant des
années 1952. Ce régime de retraite est cependant limité
qu'aux travailleurs issus du secteur privé. Après les
indépendances et l'éclatement de l'Afrique Occidentale
Française (AOF), bon nombre des Etats membres de l'IPRAO se
retirèrent de cette institution pour réorienter leur politique de
retraite au plan strictement local.
En Côte d'Ivoire, des mécanismes
institutionnels ont été mis en oeuvre dès
l'indépendance pour régir la retraite dans une perspective de la
réglementation du travail. C'est la loi n° 60-537 du 07 Septembre
1960 portant statut général de la Fonction Publique revue par la
loi n°92-570 du 11 Septembre 1992 portant le même statut, qui a
été élaborée à cet effet ;
elle-même influencée par les textes du Bureau International du
Travail. Cette loi relative au travail a été instituée par
le Gouvernement en vue de mettre en exécution certaines décisions
administratives à savoir: le départ systématique à
la retraite après trente (30) ans de services ou cinquante cinq (55) ans
d'âge (pour l'ensemble des fonctionnaires et soixante (60) ans pour
certains corps de l'Administration Publique ou Parapublique)1(*).
Les prestations découlant du régime des
pensions civiles sont régies et organisées par la loi n°
62-405 du 07 Novembre 1962 à laquelle ont été
progressivement jointes et au fil des temps d'autres lois spécifiques
relatives à la planification de la
retraite. De ce fait, deux (2) structures en Côte
d'Ivoire sont chargées de la gestion des régimes de retraite. Il
s'agit de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS),
créée en 1960, ayant la charge des pensionnés issus des
entreprises privées du secteur moderne de l'économie et de la
Caisse Générale de Retraite des Agents de l'Etat (CGRAE),
aujourd'hui société d'Etat, créée en 1962,
gérant les pensions des retraités issus de l'Administration
Publique.
Le régime de base de retraite de la CNPS tout
comme celui de la CGRAE repose sur un système par répartition,
c'est une sorte de solidarité intergénérationnelle entre
actifs et retraités. C'est la loi de 1962 relative à
l'organisation de la pension civile qui rend obligatoire l'affiliation à
ce régime de retraite pour tous les travailleurs salariés et pour
les employeurs.
En effet, le mécanisme de ce système
consiste à allouer aux allocataires une partie des cotisations
versées par les cotisants (3,2% part employé et 4,8% part
employeur) après déduction des frais de gestion. Par
conséquent, les retraites d'une période donnée sont
financées par prélèvement sur les revenus
d'activité de la même période.
Quant à la CGRAE, c'est aussi un système
par répartition régit plus ou moins par les mêmes principes
que la CNPS. La solidarité entre retraités et actifs
(c'est-à-dire les actifs financent en quelque sorte les pensions des
« inactifs ») est accentuée. Ce qui rend obligatoire
l'affiliation à ce régime. Et les taux de cotisation oscillent
entre 6% pour l'employé et 12% pour l'Etat. Le régime de la CGRAE
a été renforcé depuis 1999 par un nouveau régime
dit régime complémentaire par capitalisation2(*) qui offre une forme de
liberté au travailleur de cotiser en vue d'augmenter son revenu durant
la période dite « d'inactivité
professionnelle ».
En outre, la question de la retraite et de la
vieillesse comme problème social est devenue une préoccupation
à l'échelle mondiale. Tous les gouvernants accordent un
intérêt particulier au devenir du travailleur une fois qu'il
quitte définitivement la vie professionnelle pour la retraite. Bien
qu'en Côte d'Ivoire, le paiement de la sécurité sociale
représente moins de 1% du Produit Intérieur Brut (PIB)3(*), il est supérieur
à la moyenne des pays de l'Afrique Subsaharienne. On note cependant que
la couverture des retraites demeure toujours insuffisante et limitée.
C'est pourquoi, il est nécessaire d'envisager d'autres perspectives en
termes d'actions sociales en faveur des retraités.
Les nouvelles réflexions politiques dans le
contexte de la retraite s'orientent vers la promotion de l'idée de bien
vieillir à sa retraite. Ceci implique un ajustement du revenu du
retraité, l'accès aux ressources sanitaires et une
élévation du pouvoir d'achat. Car si l'on s'en tient à la
prévoyance sociale telle que définie par le Bureau International
du Travail dans sa convention n° 102, doit prendre en compte sept (7) des
neuf (9) risques sociaux : soins médicaux, des indemnités de
maladie, des prestations d'invalidité en cas de lésion d'origine
professionnelle, des allocations familiales, des prestations de
maternité. Alors que cela est en réalité loin d'être
le cas en Côte d'Ivoire «un pays à l'essai du
développement ».
Aussi, l'élaboration de nouveaux produits
liés à la retraite tels que l'Assurance-retraite ou le
régime complémentaire par capitalisation devrait-elle tenir
compte du contexte social global et de cadre institutionnel actuel dans
lesquels évoluent les retraités ivoiriens. Cela contribuerait
sans doute à mieux prendre en compte leurs aspirations surtout que
l'objectif visé par l'institution de ces produits est une
élévation du niveau de vie des retraités. Malgré
cela, la situation du retraité n'a pas fondamentalement
changé.
Nous pouvons dès lors comprendre qu'au regard de
tout ce qui précède que les rapports entre l'Etat et
retraités restent à revoir d'autant plus que les systèmes
de retraite comportent toujours des points de défaillance. Les
réformes structurelles et politiques restent toujours limitées eu
égard aux attentes des personnes à la retraite et surtout la
configuration sociale que ce nouveau statut engage dans le contexte social
ivoirien.
Par ailleurs, le constat de ces dernières
années est la floraison des associations de retraités sur
l'ensemble du territoire ivoirien en général et du district
d'Abidjan en particulier. Chaque commune compte presque une association de
retraités. On peut citer entre autres l'Union Nationale des
Fonctionnaires Retraités de Côte d'Ivoire (UNAFRECI) à
Williamsville ; l'Union Nationale des Retraités de Côte
d'Ivoire (UNARCI) dans la commune de Yopougon, l'Union des Retraités du
Privé de Côte d'Ivoire (UREPCI), la Fédération
Nationale des Retraités de Côte d'Ivoire (FENARECI) ;
l'Association des Retraités de Cocody (ARECO).
Alors, quels sont les facteurs explicatifs de la ruée
des retraités vers les espaces associatifs ?
Dans cette dynamique de la retraite, nous pouvons
également faire le constat que la composition de ces groupements de
retraités bien que minoritaires parfois, reflète la
coprésence de plusieurs générations de retraités
dont les centres d'intérêts semblent converger. Car, il n'y a
aucune différence en profondeur entre ces associations et les formes
traditionnelles d'associations que nous connaissons d'un point de vue
structurel et fonctionnel.
Dans une telle perspective, cette dynamique des
associations de retraités suscite des interrogations. Car, le
retraité ivoirien s'extériorise davantage. On assiste
aujourd'hui de la «retraite-retrait»
à la
«retraite-revendication»
selon les dénominations d'Anne-Marie Guillemard4(*). Le premier type de retraite se
réduit à la perception de la pension, à la vie
repliée sur soi, un faible niveau d'activité et peu de contact
social. Le second type de retraite se caractérise par le refus de la
place laissée aux retraités dans la société et
entreprennent de ce fait de nombreuses activités sociales avec des
personnes de leur âge dans un but d'améliorer de leurs conditions
de vie, s'ouvrir aux autres et d'étendre leurs réseaux
sociaux.
En Côte d'Ivoire, la création des
associations est régie par la loi n° 60-315 du 11 Septembre 1960 et
les premières associations qui ont vues le jour dans les espaces urbains
regroupaient des personnes originaires de la même région, de la
même communauté ethnique ou encore de mêmes
catégories socioprofessionnelles. Ainsi, Sala N. (1993) nous signale que
les premières formes d'association apparaissent spontanément
dès les débuts de l'urbanisation dans les espaces urbains. Ces
premiers réseaux sociaux qui, la plupart s'adressent à la
jeunesse spécifiquement ont été hérités des
modèles européens au cours de la période coloniale. Ces
structures sociales informelles constituent un cadre d'intégration et de
structuration de la population urbaine. Elles ont plusieurs fonctions sociales
selon Delpêch (1983) à savoir: perpétuer les relations avec
le milieu d'origine; assurer l'intégration des nouveaux adhérents
dans le nouveau cadre urbain, susciter entre les membres une idée du
lien social et surtout se procurer une place sociale. En d'autres termes,
resocialiser l'individu dans le milieu urbain. Par ailleurs, la première
association de retraités a vu le jour le 14 Juin 1985 à Abidjan.
Il s'agit de la Fédération Nationale des retraités de
Côte d'Ivoire (FENARECI). Mais, peut-on dire à la lumière
de la réalité sociale que ces associations de retraités se
réduisent-elles seulement à ces fonctions traditionnelles des
associations en milieu urbain ?
Le passage à la retraite constitue en
lui-même une rupture avec le monde professionnel. Dès lors, la
perte de l'identité professionnelle et la déconstruction du
statut lié à celle-ci entraînent chez le retraité
parfois une mobilité de type descendant. Cette perte de
l'identité professionnelle ne se compense t-elle pas par l'acquisition
de nouveaux rôles sociaux dans les espaces associatifs ?
En tant qu'expression d'une époque comme le
souligne Barthélemy Martine5(*) (2000), « les associations reflètent
par leurs activités les manques d'une société, la
faiblesse du lien social, le prolongement des pouvoirs institutionnels
notamment l'Etat, les collectivités locales, l'Eglise, etc.... qui
régulent et favorisent leur action dans le but d'assurer l'adaptation et
l'intégration sociale de l'individu »; la vitalité
associative s'inscrit dans la vitalité du contexte social. Dès
lors, la création d'une association répond à un but
précis : résoudre un problème d'ordre social. En
fait, de quel problème social pourrait-il s'agir ici puisque
l'adhésion à une association reflète également des
motivations variables selon les milieux sociaux.6(*)
En clair, comment une association peut-elle
reconstruire et donner sens à la retraite? Quel intérêt
recouvre l'adhésion des retraités aux associations? En d'autres
termes, quels sont les enjeux que recèle cet espace social et qui de ce
fait constituent aujourd'hui des sources de motivations chez les
retraités ivoiriens? Enfin, comment les pratiques sociales de ce champ
contribuent à construire la figure sociale du retraité ?
I-2-2-Hypothèse de
recherche
Les questions essentielles que nous venons de soulever
nous conduisent selon les règles de la démarche scientifique
à l'élaboration d'une hypothèse. Celle-ci est pour nous
une voie possible de réponse aux questions que nous nous sommes
initialement posées.
L'adhésion massive des retraités aux
associations s'explique par le fait que l'espace associatif est un espace
réel ou fictif de liens sociaux et identitaires. C'est sur la base de
cette hypothèse que nous allons travailler. Mais, il serait important
d'apporter des précisions sur certains concepts qui composent
l'hypothèse
I-3-Définitions opérationnelles des
concepts
Au regard de ce qui
précède nous nous rendons compte que la définition de
certains concepts s'avère nécessaire afin d'éviter les
confusions dans leur usage et aussi voir comment est ce qu'ils
s'appréhendent concrètement dans la réalité. Il
s'agit ici de la vie associative ; du lien social et de
l'identité sociale.
I-3-1-la vie associative
Pour comprendre ce que nous appelons ici vie
associative, il convient de définir ce que c'est qu'une association.
Puis, présenter les dimensions de la vie associative. En effet, une
association désigne une action de se réunir durablement et par
extension, tout groupement d'individus déterminés ayant des
intérêts communs. En d'autres mots, une association est
perçue comme une organisation de personnes poursuivant des
intérêts individuels et collectifs7(*). Comme telle, elle est un construit social d'autant
plus qu'elle découle des interactions produites par les acteurs sociaux
en fonction de leurs préoccupations du moment. Sociologiquement,
l'association est un être social concret. Dans ce sens, la vie
associative doit s'appréhender selon une double dimension: une dimension
structurale et une dimension symbolique.
Par dimension structurale, il faut
l'entendre comme étant la dimension objective, concrète de
l'association. Celle-ci se traduit par l'ensemble des comportements sociaux des
retraités qui permettent de faire fonctionner l'association; donnant
ainsi vie à l'association. En clair, c'est la dynamique des rapports
sociaux dans l'espace associatif et l'investissement du retraité dans la
pratique associative (loisirs, réunions, cotisations, etc.) que nous
nous proposons d'observer et d'analyser (d'un point de vue socioculturel ;
symbolique ; économique ; etc.)
La dimension symbolique qu'il faut saisir ici renvoie
à l'ensemble du système symbolique, au signifiant pour le
retraité et qui suscite son engagement en association. Il s'agit en fait
du sens qu'il donne à son action en rapport aux activités
pratiquées. Cela sera analyser comme des éléments
contribuant à la fabrication de représentations de la retraite
dans l'espace associatif. Mais le sens qu'un retraité peut donner
à la retraite passe évidemment par son rapport aux autres
retraités au travers des rapports sociaux qu'ils tissent dans l'espace
associatif. Ces donc ces rapports sociaux qui sont traduites ici par le concept
de lien social que nous proposons de définir maintenant et
présenter deux de ses composantes.
I-3-2- Le lien social
Le lien social est issu du latin
« ligamen » « ce qui cherche à attacher,
un cordon », de « ligarer » « attacher,
fixer, unir ». Ainsi, les liens sociaux sont des formes qui tiennent
l'individu à des groupes sociaux et à la société,
qui lui permettent de se socialiser, de s'intégrer à la
société et d'en tirer les éléments de son
identité8(*). En
clair, par lien social, il faut entendre la diversité des types de
relations qui unissent entre les individus d'une collectivité. Ainsi,
nous saisissons ce concept au travers de deux composantes : la
solidarité et la sociabilité.
On se souvient déjà qu'au début du
20ème siècle, Emile Durkheim (1893)9(*) avait défini deux types
de solidarité : il s'agit de la solidarité mécanique
propre aux sociétés traditionnelles et la solidarité
organique identifiable aux sociétés modernes. Ces deux formes de
solidarité découlent selon lui de la division du travail social.
Il est certes vrai que pour Durkheim les sociétés modernes ou
complexes sont déterminées par la seconde forme de
solidarité c'est-à-dire la solidarité organique. Mais pour
nous, ce n'est pas le type de société qui importe ici mais le
type de solidarité c'est-à-dire la solidarité organique.
Car, cette forme de solidarité fait naître ou fonde le lien
social, la reliance sociale. Dans cette perspective, le lien social se
construit au travers d'une conscience identitaire individuelle et collective et
structure les rôles sociaux dans l'espace associatif. Quant à
l'idée de sociabilité, il est clair qu'elle n'est pas une
donnée quantifiable, ni mesurable et difficile à
appréhender concrètement. Ainsi pour Georg Simmel, celle-ci
renvoie à de multiples échanges et rencontres de toutes sortes.
La sociabilité est donc une dimension fondatrice du lien social. Dans
notre contexte, elle doit être appréhendée sous l'angle du
capital social ou de réseau social comme ressources mobilisables pour
les retraités le cas échéant.
I-3-3-L'identité sociale
La question de l'identité est complexe et est
différemment abordée dans plusieurs tendances anthropologiques,
psychologiques et sociologiques. Nous nous réservons ici de nous
aventurer sur ces terrains et nous référer à Claude Dubar
qui a beaucoup travaillé sur la question.
L'identité est une production de deux
mécanismes. Il s'agit de l'identité pour soi et de
l'identité pour autrui. Claude Dubar (2000) écrit que :
« chaque acteur social a une histoire, un passé qui
pèse sur ces identités d'acteurs. Il ne se
définit pas seulement en fonction de ses partenaires actuels, de ces
interactions face à face dans un champ déterminé
de pratique, il se définit aussi en fonction
de sa trajectoire sociale »10(*). En d'autres termes, nous
pouvons dire que celle-ci renvoie à l'ensemble des dispositions
subjectives capables de structurer des représentations et de
générer des pratiques et qui est le produit d'une histoire
définissant la trajectoire des individus à travers les champs
sociaux. Ces champs sociaux peuvent être par exemple le monde
professionnel, le système scolaire ou l'univers de la retraite. Comme
tel, à travers l'identité subjective (l'identité pour soi)
de l'individu, on a un contenu symbolique socialement produit. Par contre, le
monde extérieur est perçu comme une réalité
objective par le processus d'objectivation d'où identité pour
autrui. Mais, il est évident que dans les interactions sociales, ces
dimensions de l'identité (c'est-à-dire l'identité pour soi
et l'identité pour autrui) se confondent évidemment. Dans ces
conditions, Claude Dubar se propose de dépasser ces
considérations d'ordre impersonnel de l'identité en la
définissant à l'intérieur du processus de socialisation
comme cadre unique selon lui de la production identitaire. En effet,
l'identité pour lui, est une réalité individuelle,
personnelle pour ce qui est des acteurs singuliers, impersonnels dans le cas
des identités collectives.11(*) Nous rendons compte que l'identité est un
processus de construction permanente. C'est donc à travers un double axe
temporel et spatial que l'individu se définit comme acteur social. Pour
la commodité de l'analyse il serait intéressant de faire
ressortir les indicateurs de l'identité telle que définit par
Claude Dubar. Sur cette base, l'identité sociale que se construit le
retraité à travers la vie associative impliquerait les
indicateurs tels que le sentiment de participation à des groupes sociaux
organisés ; le sentiment d'appartenance au groupe ;
l'acceptation des valeurs instituées dans l'association des
retraités et enfin la construction de l'image soi dans l'association.
Tel que conçu, il sera
intéressant de voir comment cela est perceptible à travers
l'association des retraités. Toutefois, avant de présenter et
préciser les objectifs visés par la présente il est
nécessaire d'explorer les études déjà effectuer sur
la question de la retraite de façon générale et si
possible nous pencher particulièrement sur les cas spécifiques de
la Côte d'Ivoire. Cela n'est possible que qans le cadre d'un examen
critique des études antérieures.
I-4- REVUE DE LA LITTERATURE
I-4-1-Approches sociologiques de la
retraite
Généralement, le concept de retraite
renvoie à une double image : il désigne le statut d'un
individu ou l'individu qui porte ce statut (retraité); et comporte
parfois une connotation négative (personne âgée). Cela
n'est pas totalement juste ou faux selon les considérations.
Par ailleurs, la retraite a été
diversement appréciée par plusieurs auteurs ; relevée
par L. Grattié (1988) dans sa thèse sur la retraite en Côte
d'Ivoire. Nous nous referons à certaines de ces approches et à la
lumière d'une analyse, dégager une définition
adaptée à la réalité de notre terrain pour une
meilleure orientation dans le cadre de ce travail.
Ainsi, la retraite est selon Orbach (1960), un
processus social, une transition imposée de la position de personne non
économiquement active d'après les normes selon laquelle la
société définit et détermine la nature de ce
changement. Pour Sussman (1972), la retraite est un statut qui permet de dire
que l'individu est encore actif dans certains secteurs de la vie, mais moins ou
du tout actif dans d'autres. Quant à Ménard (1975), la retraite
est un éloignement total, définitif et brutal d'une
activité professionnel à une échéance prévue
et inéluctable.
En outre, Woodruff et Biren la conçoivent comme
le moment où une personne quitte totalement ou partiellement la vie
active et commence à percevoir les avantages de la
sécurité sociale et d'autres revenus liés à la
retraite.
Au regard de toutes ces approches de la retraite, nous
pouvons constater que ce concept a connu une définition
pluridimensionnelle et évolutive. IL renvoie tantôt à un
processus social, à un statut, ou tout simplement, à un
évènement. Tout compte fait, cette situation demeure le
résultat des mécanismes institutionnels déclarant une
personne comme étant un retraité. Du coup, la retraite rime avec
l'âge avancé, l'invalidité ou la vieillesse qui sont tous
socialement construits. Toutefois, nous pensons pouvoir nous appuyer dans le
cadre de cette étude sur l'approche de la retraite selon Sussman,
Woodruff et Biren qui nous semble commode pour la suite de notre
réflexion. Ainsi, pour nous la retraite doit être perçue
comme un statut assigné par la société à un
l'individu encore actif dans certains domaines de la vie active et qui de ce
fait bénéficie d'une pension de retraite et des avantages de la
sécurité sociale.
I-4-2-Quelques théories sociologiques de
la retraite
Plusieurs théories ont été
élaborées dans l'intention d'expliquer la retraite et la
manière dont elle est individuellement ou collectivement vécue.
Ainsi, Elaine Cummings et William Henry (1963)12(*) ont démontré à travers la
théorie du désengagement que le vieillissement rime avec le
désengagement réciproque de l'individu et de la
société. Pour eux, le désengagement est un processus de
retrait progressif de l'individu des activités sociales ; et la
société lui offre aussi de moins en moins de possibilités
d'expression et d'avantage de toutes sortes. C'est aussi la baisse de ses
interactions qui sont davantage centrées sur des liens affectifs.
Résumant cette théorie, Anne Marie Guillemard (1974) écrit
que : « le processus normal du vieillissement correspond
à un double désengagement réciproque et inévitable.
D'une part l'individu se retire de la société. D'autre part la
société reprend à l'individu toute responsabilité
sociale qui lui était auparavant conférée. Une des
manifestations sera la moindre cohésion des relations sociales dans
lesquelles est inséré le retraité. Cette modification
qualitative accompagnera la réduction quantitative des échanges
sociaux s'effectuant entre la personne âgée et la
société »13(*).
Cependant, il est certes vrai qu'avec la retraite et
l'accélération du processus de vieillissement, on peut constater
une baisse de l'intensité des activités individuelles. Mais la
théorie du désengagement ignore ici la diversité des modes
de vie des personnes âgées et des retraités, des
styles de vie variables selon les individus et selon les milieux sociaux.
Toutefois, soulignons que ce sont les mécanismes sociaux qui
déclarent d'un point de vue général des personnes
âgées inactives dans certains domaines. C'est pourquoi, nous
pensons que la théorie du désengagement ne s'illustre pas
clairement à la réalité et de ce fait ne contribue pas
à une meilleure connaissance du phénomène de la
retraite.
Ce qu'il convient de retenir c'est que la
théorie du désengagement a suscité de vives critiques.
Celles-ci ont conduit à l'élaboration de la théorie de
l'activité qui avait pour but de combler les lacunes de la
précédente.
En effet, la théorie de l'activité
recommande le maintien d'un niveau élevé d'engagement en
substituant au rôle professionnel ou social perdu par d'autres à
l'effet de permettre au retraité d'être toujours en
activité et de ce fait minimiser les effets négatifs de la
retraite. Ainsi, selon cette théorie, le bonheur en situation de
retraite est fonction de l'engagement et de la participation du retraité
à la vie sociale. Car le temps de la retraite n'est pas le temps de
l'immobilité mais plutôt celui du perpétuel loisir et aussi
de la participation.
La théorie de l'activité apporte une
description des problèmes sociaux tout en mettant en exergue les causes
de l'inadaptation des personnes âgées. Le retrait de certains
rôles chez les personnes âgées doit être comblé
par d'autres rôles au risque d'entraîner la
déchéance, la désintégration, voire la perte
d'identité de celles-ci. Toutefois, en admettant le retrait de certains
rôles, cette théorie ne définit pas clairement ce qui leur
reste comme pouvant leur permettre d'assurer entièrement leur
intégration dans la vie sociale. Or, Robert Havighurst et Ruth Albrecht
souligne que le vieillissement réussi est lié par une attitude
volontariste consistant à maintenir un niveau élevé
d'engagement. Cependant, nous pensons que celle-ci est loin d'être en
conformité avec la réalité empirique que nous observons.
Par ailleurs, convenons ensemble que certaines personnes s'adaptent à
toutes les situations. Aussi, la satisfaction dans l'activité est-elle
variable selon les individus d'autant plus qu'une personne peut déclarer
être satisfaite dans peu d'activité comme cela peut être le
cas contraire chez d'autres. Donc cette approche ne s'inscrit pas dans notre
vision en vue d'apporter une explication cohérente à ce
phénomène aussi dynamique soit-elle à notre
époque.
Pour nous résumer, notons que toutes ces
théories (la théorie du désengagement de
l'activité) ont été élaborées dans une
perspective fonctionnaliste. En effet, l'analyse fonctionnaliste a
dominé les sciences sociales au cours des années 1960 notamment
dans les pays occidentaux. A cette époque, elle privilégiait
l'étude des phénomènes sociaux selon une optique
microsociologique. Ainsi, les théoriciens fonctionnalistes
étaient occupés par le fait que les éléments du
système social répondent à certaines exigences
fondamentales et remplissent certaines fonctions vitales pour l'ensemble de la
société en assurant l'équilibre de celle-ci. Par ailleurs,
en dehors de ces théories de type fonctionnaliste, l'on a
constaté l'émergence d'un autre type de la retraite. Il s'agit de
la théorie des mondes sociaux.
La théorie des mondes sociaux,
élaborée par David Unruh (1983) est fondée sur
l'intégration des personnes âgées. A cet effet, il
définit les mondes sociaux comme des formes d'organisation sociale
aux contours peu définis, dont les membres ne sont pas liés par
leur coprésence dans un même espace, mais par le partage des
perspectives semblables résultant d'un centre d'intérêt
commun et la participation aux mêmes canaux de communication14(*). Il montre que ces divers
mondes sociaux occupent une place prépondérante dans la vie des
personnes âgées et les retraités.
Aussi, David Unruh (1983) montre-il que
l'intégration ne cesse d'évoluer à travers un double
processus d'engagement et de désengagement, qui concerne à la
fois les mondes sociaux et les formes classiques d'intégration, au cours
de l'avancée en âge. Néanmoins, il est indéniable
qu'avec l'avancé en âge, le retrait de la vie sociale s'impose au
fur et à mesure à l'individu.
Enfin, la dernière notion que nous proposons
d'analyser en ce qui concerne les différentes approches du
phénomène de la retraite est la déprise. En effet
récemment introduite dans le langage sociologique par Serge
Clément et Marcel Drulhe (1988), la déprise15(*) est selon eux un processus
de réaménagement de la vie déterminé par une
sorte d'amoindrissement de l'impulsion vitale que bien de personnes
âgées en parfaite santé physique et mentale expriment de la
façon suivante : ne peut plus suivre. Ce
réaménagement est donc marqué par l'abandon de certaines
activités et de certaines relations, parfois remplacées par
d'autres qui demandent moins d'efforts. La déprise se présente
ainsi un principe de choix rationnel des activités en
privilégiant l'essentiel pour soi.
En outre, nous pouvons relever que ce postulat de la
déprise présente des liens forts avec la théorie du
désengagement qui se caractérise par une baisse des relations
sociales, un désir de se mettre en retrait. Cependant, il convient de
souligner que la notion de la déprise vise une portée très
réduite et donc peu satisfaisante.
Partant de ce qui précède, nous pouvons
dire que la théorie du désengagement, de l'activité
et des mondes sociaux ont été renforcées par la
thèse de la déprise en ce sens que qu'elles ont chacune une
partie qui se retrouve en celle-ci. Cela est donc pour nous une contribution
essentielle et intéressante dans l'approche théorique de la
retraite et du vieillissement. Car nous estimons que la perte de certains
rôles, surtout le rôle professionnel peut être
remplacé par d'autres rôles qui s'adaptent mieux aux
capacités psychosociales et physiques des personnes à la
retraite. De ce fait, nous pouvons dire que le retraité après la
perte de l'activité professionnelle pourrait trouver un substitut
à travers les formes classiques d'intégration que sont les
associations, les mutuelles, les clubs de troisième âge, etc. Les
activités pratiquées seront en rapport avec son âge, son
niveau d'instruction, son revenu et même son niveau de santé.
Ainsi, cela lui permet d'être toujours relié à la
société, de se restructurer de nouveau dans cette
société par la reconstruction d'une nouvelle identité
sociale après la perte de l'identité professionnelle. C'est donc
dans cette perspective que nous voulons inscrire notre réflexion.
I-4-3-L'action politique en faveur des
retraités
D'une manière générale, nous
constatons que c'est l'action politique qui détermine les conditions
sociales de vie à la retraite. D'autant plus que les régimes de
retraite s'inscrivent globalement dans la politique sociale des Etats au
bénéfice des personnes à la retraite. C'est pourquoi une
exploration de ce domaine s'avère nécessaire en vue de se faire
une idée claire et précise sur la question.
Guillaume Kouassi (1985) a montré que les
prestations découlant du régime de retraite ne tenaient pas
compte des réalités sociales africaines. Son institution a
entraîné l'émergence de l'individualisme au
détriment de la communauté. Aussi a-t-il ajouté qu'au plan
structurel, bien que les retraités soient fortement
représentés au niveau des instances administratives dans les
structures en charge de la gestion de la retraite, ceux-ci n'exercent pas la
pression suffisante en cas de nécessité pour défendre leur
cause. Il a ensuite souligné que l'inefficacité de nos
régimes de retraite est due au fait que certaines entreprises ne
cotisent presque pas à l'effet de mieux financer la retraite surtout que
ce régime est un régime par répartition (la
solidarité intergénérationnelle). Tout ceci a un effet
négatif sur les conditions de vie des retraités.
Les résultats de cet auteur sont en effet
pertinentes eu égard à la situation sociale observée chez
la majorité des personnes retraitées et surtout dans un pays
où le code d'investissement donne la primauté aux investisseurs
et moins de protection sociale au travailleur ivoirien. Toutefois, il faut
reconnaître que la politique sociale en matière de retraite en
Côte d'Ivoire n'est pas aussi sévère qu'on pourrait le
penser comparativement à certains pays de la sous région. En
abordant dans le même sens que Kouassi Guillaume, Bialy (2001) souligne
les difficultés d'ordre social vécues par les retraités
découlent des imperfections des politiques sociales de l'Etat en
matière de retraite. Mais, celui-ci ne se focalise pas davantage sur le
régime de retraite.
Par ailleurs, il relève qu'au plan structurel,
l'organisation des structures de sécurité sociale ne pose pas de
problèmes particuliers aux retraités. Mais, c'est surtout au
niveau de leur fonctionnement que se pose l'anomalie. En effet, il faut dire
c'est dans la mise en oeuvre concrète des décisions et des
actions qui pose problème.
A l'analyse, on peut remarquer que tous ces auteurs
présentent des régularités et des similitudes dans leurs
travaux dans le but de mettre en exergue les limites et les conséquences
des régimes de retraite sur la situation sociale des
retraités : les déficits et les incohérences de ces
régimes s'illustrent bien à la réalité eu
égard aux conditions de vie de la majorité des personnes
retraitées. Ce sont donc des résultats assez pertinents sur la
connaissance des modes de vie des retraités dans l'ensemble de pays en
voie de développement.
Cependant, nous pouvons apporter notre bémol
à ces recherches. En fait, nous estimons qu'en termes d'actions
politiques en faveur des retraités, il faut aller au delà des
pures conséquences sociales en tant résultant des imperfections
des systèmes de retraite. Il est certes vrai que les systèmes de
retraite en ont une part. Néanmoins, il faut noter que le financement de
la retraite et de la sécurité sociale dans un pays se fait en
fonction du niveau économique de ce pays. Aussi, en matière de
retraite est-il nécessaire d'explorer les rapports entre les
retraités et leurs organismes de tutelle. En effet, ne serait-il pas
intéressant d'analyser les relations entre cette nouvelle
catégorie sociale montante aujourd'hui que constituent les
retraités et les partenaires sociaux (en tant que prolongement de
l'action politique étatique). Car nous pensons pour notre part qu'une
meilleure collaboration avec les retraités dans le processus de prise de
décision aura une influence positive sur leur image dans la
sphère sociale. C'est donc les manques ou les limites de la politique
sociale globale pourraient être des causes de la floraison des
associations de retraités que nous connaissons aujourd'hui.
Dans l'analyse des rapports Etat-retraités, il
serait intéressant de voir la place laissée à cette
catégorie sociale dans une société ou le lien social est
devenu si faible. Analyser si nécessaire leurs nouveaux rôles
sociaux, leurs statuts, leur nouvelle identité sociale et aussi les
nouvelles stratégies mises en place par eux pour le maintien de leur
intégration dans la société. Ainsi, nous pensons pouvoir
cerner le processus social de la mise en place de ces associations des
personnes à la retraite.
I-4-4-La vie sociale des retraités
Dans cette rubrique nous nous intéressons au
vécu quotidien de la retraite par les retraités. Car comme nous
pouvons le constater la vie quotidienne chez le retraité semble ne pas
être aussi reluisante comme on pouvait le croire. Dans son étude
sur la retraite en Côte d'Ivoire, Léocadie Grattié (1988)
par exemple a pu faire le constat (sur le vécu quotidien du
retraité ivoirien) que la retraite n'entraîne pas une modification
réelle des rapports sociaux de type familial, mais plutôt de type
amical et institutionnel. Puis, « fait ressortir la faiblesse ou
inexistence de stratégies d'adaptation élaborées par les
retraités ».
En effet, cette étude menée dans le
courant des années 80 garde encore de sa valeur. Car la retraite
représente pour la plupart des travailleurs ivoiriens le début la
persistance de leurs problèmes sociaux et cela entraîne une
intégration sociale difficile de ces derniers. Ce sont donc des
connaissances essentielles sur la retraite dans notre pays. Par ailleurs, au
plan méthodologique, Grattié a privilégié dans sa
technique de collecte de données, l'histoire de vie faisant l'analyse de
contenu de 97 segments constitutifs de l'échantillon. Cette orientation
méthodologique est intéressante surtout que son objectif
était de comprendre le vécu quotidien des retraités
ivoiriens. Cette option méthodologique de part sa dimension qualitative
nous intéressera dans la présente étude.
Laurent Ibo (2000), dans son étude sur la
condition socio-économique des retraités, aborde dans le
même sens que Léocadie Grattié mais en mettant plus
l'accent sur «les nuisances psychologiques » vécues
quotidiennement par les retraités de la commune de Yopougon. Pour lui en
effet, les effets pervers de la retraite sont liés à une
insuffisance de la politique du régime de retraite. Mais ici, Ibo ne
fait pas dans son étude des profondes mutations qui se sont
opérées ces dernières années dans l'univers de la
retraite.
En somme, nous retiendrons de ce tour d'horizon
effectué sur l'état des connaissances que la retraite demeure
une préoccupation pour la communauté scientifique. Les
modèles théoriques élaborés pour essayer de
l'expliquer en sont des preuves. Aussi, les études empiriques
effectuées au niveau de la Côte d'Ivoire en général
et dans le cas du district d'Abidjan restent centrées sur les
conséquences individuelles de la retraite sur les retraités. De
ce fait, elles ont négligé la naissance des associations de
retraités dans espace urbain ivoirien bien que ces études eu lieu
dans ces mêmes espaces pour la plupart. Néanmoins, ces
études répondent partiellement à certaines de nos
préoccupations et structurent la présente étude. Par
ailleurs, les résultats produits ne sont plus aujourd'hui un secret pour
personne. Elles appartiennent donc désormais aux sens communs. En
conséquence, il est nécessaire d'opérer une rupture
c'est-à-dire aller au-delà de ce qui existe déjà
afin de faire connaître d'autres aspects de la vie à la retraite
et à travers les associations des retraités. C'est pourquoi au
travers de cette étude nous voulons nous pencher davantage sur les
nouvelles modes de vie des retraités d'aujourd'hui à travers ces
associations qui suscitent autant de curiosité à notre sens. Cela
fait partie de l'un des objectifs de cette étude que nous
présentons maintenant.
I-5-LES OBJECTIFS DE L'ETUDE
I-5-1-L'objectif
général
L'objectif général de cette étude
est d'analyser la manière dont l'espace associatif
reconstruit et donne sens à la retraite dans l'espace urbain
ivoirien.
Ainsi pour mieux saisir cet objectif
général, avons-nous élaboré trois (3) objectifs
spécifiques.
I-5-2-les objectifs
spécifiques
Il s'agit ici :
-d'analyser les intérêts individuels et
collectifs de production des associations de retraités dans la commune
de Cocody ;
-d'identifier les mécanismes de reconstruction des
retraités dans
l'Association de Retraités de Cocody (ARECO) ;
-d'évaluer l'impact des activités associatives
sur la fabrication des représentations sociales associées
à la retraite.
I-6-LE MODELE D'ANALYSE
Dans le cadre de cette étude nous allons nous
appuyer sur l'individualisme méthodologique de Raymond Boudon. Cette
théorie nous servira à élaborer un modèle
d'approche du phénomène auquel nous nous intéressons. Mais
cette approche individualiste sera renforcée par l'approche
constructiviste à travers la théorie de l'habitus de Bourdieu.
I-6-1 l'individualisme
méthodologique
Selon R. Boudon (1982)16(*), le principe de l'individualisme
méthodologique énonce que : « pour expliquer
un phénomène social quelconque (...), il est indispensable de
reconstruire les motivations des individus concernés par le
phénomène comme le résultat de l'agrégation des
comportements individuels dictés par ces motivations. Et cette
proposition est valable quelque soit la forme du phénomène
à expliquer, qu'il s'agisse d'une singularité statistique ou
qu'il se traduise par un ensemble de données quantitatives ou
qualitatives ». En clair, selon cette théorie, tout
phénomène social résulte de la combinaison d'actions, de
croyances ou d'attitudes individuelles. Comme telle, l'analyse sociologique
consiste à comprendre le pourquoi des actions, croyances ou attitudes
individuelles responsables du phénomène à expliquer et la
cause des actions, croyances et attitudes de l'acteur individuel
résident dans le sens qu'elles ont pour lui.
Ainsi donc, Boudon soutient que le sociologue doit
étudier les actions individuelles qui constituent
l'élément de base du social puis montrer comment ces actions ont
inféré et donné naissance à un
phénomène social d'autant plus que le phénomène
social résulte de l'agrégation des comportements individuels. Par
analogie, le phénomène associatif n'est donc pas spontané.
Il est la résultante de l'agrégation des actions individuelles de
chaque retraité. En clair, l'émergence des associations de
retraité est liée à une adhésion libre de chaque
retraité lesquels ont des motivations diverses selon les
intérêts (matériels) qu'il espère tirer de cet
espace.
Mais, nous en sommes conscients que ce paradigme
quoique riche n'épuise pas entièrement la réalité
sociale et par conséquent le phénomène auquel nous nous
intéressons. Car l'action du retraité d'adhérer à
une association peut être liée à une question ontologique.
Il peut choisir d'adhérer à une association par exemple pour
résoudre un problème d'épanouissement. De ce point de vue,
l'intérêt utilitariste peut se transformer en une quête
d'intérêt non utilitariste au sens pur du thème.
L'individualiste méthodologique ne peut nous permettre de voir cela
tandis que la théorie de l'habitus de Bourdieu nous permet de mettre en
lumière cet aspect de notre objet d'étude.
I-6-2-L'apport de la théorie de l'habitus
de Pierre Bourdieu
L'apport de la théorie de l'habitus est
perçu comme un pont que nous établissons entre la théorie
individualiste et l'aspect constructiviste que présente notre
phénomène. C'est donc une jonction que nous opérons ici
pour le modèle de notre objet d'étude
L'habitus est défini par Bourdieu (1980)
lui-même comme « un système de disposition durable et
transposable structure structurée prédisposée à
fonctionner comme structures structurantes c'est-à-dire en tant que
principes générateurs et organisateurs de pratiques et de
représentations.»17(*).
Cette vision de Bourdieu est plus déterministe.
C'est-à-dire que les actions des individus sont
déterminées par les structures sociales (entendues comme un
système de relations qui lient abstraitement des individus). C'est
l'ensemble des actions des retraités en rapport avec ces structures
sociales qui pourraient être à l'origine de la création des
associations des retraités. Aussi, faut-il ajouter que le
retraité peut disposer d'un habitus associatif. Ajoutons pour finir que
l'habitus en tant que système de disposition transposable est
reproductible dans un espace social qu'il nomme champ. La reproduction de
l'habitus dans un champ dépend des propriétés
structurelles et des différents types de capitaux valorisés dans
ce champ. En d'autres termes, reproduire un habitus dans un champ comme
l'association des retraités implique que les agents soient dotés
de capitaux valorisés dans ce champ pour espérer accéder
à des positions dominantes. C'est donc tout cela que nous allons essayer
de démontrer dans les prochains chapitres de notre mémoire.
CHAPITRE II : CADRE METHODOLOGIQUE
II-1-DELIMITATION DU CHAMP DE L'ETUDE
La délimitation du champ de l'étude est
une étape de la méthodologie qui impose que l'on précise
les champs sociaux et théoriques en tant qu'ayant un rapport direct avec
celui-ci. Sociologiquement, le champ renvoie à un espace social
structurée de positionnement des acteurs. Comme tel, nous avons
délimité cette étude à trois champs à savoir
le champ géographique, le champ social et le champ sociologique que nous
allons respectivement présenter.
II-1-1-Champ géographique
Géographiquement, cette étude
s'étend sur l'ensemble du territoire de la commune de Cocody. Puisqu'il
s'agit des retraités domiciliant dans les limites territoriales de cette
commune. En effet, Cocody est considéré comme l'un des quartiers
(peut être même le plus) huppés de la capitale ivoirienne
avec une forte proportion d'individus ayant un revenu élevé en
rapport avec leur statut social. Cela se traduit également dans la
réalité avec des habitats et des résidences de haut
standing. Il nous est apparu nécessaire de mettre en exergue les
caractéristiques générales de cet espace car c'est aussi
un quartier où résident également bon nombre de
retraités issus de différents secteurs modernes de
l'économie mais également un espace où sont
représentées plusieurs sections locales d'associations de
retraités du district d'Abidjan. Les quartiers tels que La cité
des arts; Cocody centre; Riviera Jardin ; Riviera 2 sont des endroits
où résident un bon nombre de personnes en retraite. Dès
lors, le champ géographique prend un sens pour nous dans la mesure
où il sert de cadre physique ou réunit les conditions
d'émergence des associations de retraités qui ne sont qu'une
résultante des relations sociales de proximité des
retraités de Cocody. Néanmoins, en dehors du champ
géographique, nous estimons que le champ social est tout aussi important
par rapport à la population cible mais par rapport aux résultats
escomptés par cette enquête.
II-1-2-Champ social
Le champ social de cette recherche prend en compte les
acteurs des associations qui sont des personnes retraitées comme cela
est le cas ici de l'Association des Retraités de Cocody (ARECO). A cela,
nous avons considéré deux acteurs sociaux spéciaux. Il
s'agit des structures en charge de la retraite (CNPS et CGRAE) et la Mairie de
Cocody. A la CNPS, nous avions eu des entretiens avec la Sous-directrice de
l'Agence de la CNPS d'Abobo tandis qu'à la CGRAE, c'est le chef de
service informatique qui nous a accueillis. En effet, nous avons pris en compte
les organismes sociaux et la municipalité de Cocody car nous estimons
que les associations de retraités entretiennent divers rapports avec des
associations qu'il convient logiquement de saisir si nous prétendons
effectuer une étude sur celles-ci.
II-1-3-Champ sociologique
La nature du problème que nous voulons traiter
dans cette recherche nous emmène à la positionner dans un champ
de connaissance de la sociologie. Ainsi, chercher à expliquer la
re-construction de la retraite dans l'espace associatif, relève du
domaine de la sociologie du travail et des loisirs.
En effet, la sociologie du travail ne se résume
pas seulement à l'étude des collectivités humaines qui se
constituent à l'occasion du travail. Elle intègre
également toutes les relations sociales liées au travail, au hors
travail ou au non travail. Comme telle, la sociologie du travail prend en
compte, dans le cadre de ses analyses, les mobilisations et les investissements
hors travail dans le cadre général de construction des rapports
sociaux, le repos, la consommation, les loisirs, les activités non
rémunérées et la retraite (qui est une résultante
institutionnelle du travail moderne). Il est tout aussi important de souligner
que ce même problème peut être traité dans le champ
de connaissance de l'anthropologie du vieillissement. En effet, presque toutes
les premières théories élaborées pour expliquer la
retraite sont l'oeuvre d'anthropologues occidentaux du vieillissement et
s'inscrivent toutes dans une approche fonctionnaliste.
La délimitation du champ de l'étude ainsi
présenté, nous allons maintenant exposer les instruments qui ont
servi à la collecte des données sur le terrain.
II-2- LES INSTRUMENTS DE COLLECTE DES DONNEES
Comme instruments de collecte de données, nous
avons eu recourt aux documents, aux entretiens et à l'observation
directe sur le terrain.
II-2-1-La recherche documentaire
Les documents consultés au cours de notre
recherche nous ont permis de glaner des informations pertinentes sur le
phénomène de la retraite. Cette phase de collecte des
données nous a permis de faire un tour d'horizon sur l'état des
connaissances déjà acquises sur la question de la retraite de
manière générale. Pour ce faire, nous avons eu recourt aux
centres de documentation et d'informations tel que l'Institut de Recherche pour
le Développement (IRD) ; la bibliothèque de l'Institut
d'Ethno-Sociologie pour l'essentiel. Mais également, nous nous sommes
servis de la « littérature numérique ». Les
consultations des documents, bien que cela soit perçu comme une exigence
théorique et méthodologique dans le processus de la recherche,
ont permis de réorienter nos réflexions quand cela nous est
apparu nécessaire.
En dehors des documents que nous avons
consultés, nous avons eu recourt pour la collecte des données
à deux grandes techniques d'enquête reconnues dans le domaine des
sciences sociales à cause de leurs atouts scientifiques tout en ayant
conscience de leurs faiblesses. Il s'agit du guide d'entretien et de
l'observation directe sur terrain.
II-2-2- le guide d'entretien
Le guide d'entretien est un important instrument de
collecte des données en sciences sociales et incontournable dans le
cadre d'une étude qualitative. Dans notre étude qui s'est voulue
entièrement qualitative, il s'est même présenté
comme le principal instrument de collecte des données dans la phase de
l'enquête sur le terrain. Ce guide d'entretien a été
élaboré sur la base des objectifs visés par notre
recherche. Comme tel, il comporte trois (3) thèmes :
Thème 1 : logiques de production des
associations de retraités;
Thème 2 : Mécanismes de
reconstruction des retraités dans l'ARECO ;
Thème 3 : Fabrications des
représentations sociales associées à la retraite.
II-2-2-1-Les entretiens
D'abord, les entretiens exploratoires ont
été pour nous très utile pour nos premiers pas sur le
terrain et dans la construction de la problématique. Les entretiens
exploratoires nous ont également permis de prendre un premier contact
avec le terrain et de nous imprégner de la vie associative des
retraités de l'ARECO.
Ensuite, viennent les entretiens proprement dits. C'est
donc à l'aide du guide d'entretien que nous avons collecté
l'essentiel de nos données. Nous avons privilégié
exactement l'entretien semi-directif. Celui-ci a pour but de laisser les
interviewés de s'exprimer librement en recentrant nos questions sur les
objectifs de notre recherche. L'usage de cette technique nous a permis de
recueillir les représentations que se font des retraités de la
retraite, du sens qu'il accorde à leur action individuelle et collective
dans le cadre de la vie associative ; mais également les interroger
sur les activités et les conséquences qu'elles ont sur leur vie
de retraité. C'est donc dans une vision de donner une dimension purement
qualitative que nous nous sommes servis de cet instrument.
Le choix des individus qui ont servi à la
constitution de l'échantillon s'est fait sur la base du statut de
retraité adhérent de l'Association des Retraités de
Cocody. Nous n'avons donc pas tenu compte des variables âge et sexe ni
des catégories socioprofessionnelles. L'ARECO regroupe aussi bien des
Retraités issus du secteur public (qui sont numériquement
influents) que ceux issus du secteur privé. Elle compte plus de quatre
cents (400) membres dont plus de cent cinquante (150) membres actifs. Ainsi, le
nombre des personnes interrogées est de dix huit (18) dont 15
retraités (9 femmes et 6 hommes), tous adhérents de
l'ARECO ; un responsable de chacune des institutions de retraite (CNPS,
CGRAE) ayant des rapports directs avec les associations de
retraités ; et d'un responsable du service socioculturel de la
Mairie de Cocody (ayant en charge au niveau de la municipalité des
questions d'ordre socioculturel et social).
C'est grâce à certains membres et au
Président de l'association que nous avons pu prendre contact avec la
plupart des adhérents de l'ARECO pour l'administration de notre guide
d'entretien. Nous avons également fait usage du champ
d'interconnaissance18(*)
des membres de cette association. Enfin, dans le but de laisser les personnes
retenues s'exprimer librement, nous avons pris rendez-vous avec elles à
leur domicile à l'heure qui leurs convenait le mieux et en fonction de
leur disponibilité. Pour ce faire, tous les mois de Mars et Avril 2008
ont été consacrés à cette phase de la recherche.
En dehors des entretiens qui permettent
d'échanger directement avec les personnes interrogées nous avons
procédé aussi par observation directe des retraités dans
leurs oeuvres et pratiques associatives.
II-2-4-L'observation directe sur le
terrain
A l'aide cette technique, nous avons investi l'espace
associatif des retraités en les observant directement au cours des
réunions mensuelles et des activités médicales. Cette
«observation participante » nous a permis de nous
imprégner de la réalité de la retraite vécue
collectivement dans l'espace associatif. L'observation s'est faite
mensuellement pendant les réunions bimensuelles de l'ARECO. A l'aide de
notre carnet de terrain, nous avons pu noter des éléments
significatifs qui pourraient nous servir dans l'analyse et
l'interprétation des données collectées.
II-3-LES TECHNIQUES DE TRAITEMENT DES DONNEES
II-3-1-le dépouillement
Dans le cadre de notre étude, nous avons
opté pour un dépouillement manuel. En effet, après avoir
rassemblé l'ensemble des entretiens, nous avons procédé
à une codification de ceux-ci (par exemple : E-001 ;
E-002 ; etc.). Cette opération avait pour but de faire en sorte
d'isoler chacun entretien pour nécessité d'analyse. Puis, nous
avons entamé une lecture minutieuse entretien par entretien afin
d'identifier des thèmes récurrents, mettant l'accent dans chaque
entretien sur les données particulières du discours de
l'enquêté pouvant nous aider à la confrontation à
l'hypothèse de recherche et à atteindre les objectifs
visés par l'étude. Afin de garder l'anonymat des personnes
citées à titre illustratif, nous avons aussi utilisé des
lettres alphabétiques (par exemple Mme O. ; M.R. ; M.B. ;
Mme E. ; etc.). Le dépouillement manuel n'a été
qu'une opération préliminaire du traitement des données
puisque après le dépouillement manuel, nous avons
procédé à une analyse du contenu des discours
II-3-2-l'analyse de contenu
L'analyse de contenu est une technique de recherche
fondamentale et particulièrement appréciée dans le domaine
des sciences sociales. Dans ce mémoire, nous avons appliqué
à nos corpus, l'analyse de contenu indirecte. Cette technique de
recherche, dans notre cas, nous permettra de « dégager le
contenu non directement perceptible, le latent qui se cache derrière le
manifeste ou le littéral »19(*). Dans l'analyse,
l'utilisation de cette technique nous a été utile dans le sens
où elle nous a permis dégager les représentations des
retraités. La production idéologique des retraités pour
légitimer leurs pratiques associatives et de dégager le sens de
leur action. En fait, c'est une lecture sélective portée sur des
faits de paroles et orientée en fonction de notre hypothèse et de
nos objectifs que nous avons fait de notre corpus.
II-4-LES CONDITIONS SOCIALES DE L'ENQUETE
Les conditions sociales de l'enquête ont eu non
seulement un impact sur la planification de nos tâches, mais
également sur la réalisation définitive de
l'enquête. En effet, la population ciblée était hostile
à l'entretien. La plupart d'entre eux ont refusé l'entretien
malgré le fait que nous nous soyons évertué à leur
expliquer qu'il s'agit d'une recherche sociale, un simple travail
d'étudiant. Aussi, faut-il souligner que les entretiens
réalisés avec les personnes approchées pour la
majorité, l'ont été en fonction de la disponibilité
de celles-ci. Cela nous a amené à réduire finalement
l'échantillon à quinze (15) retraités au lieu d'une
vingtaine comme prévu au départ. Ces rebondissements du terrain
d'enquête ont réellement conditionné le processus
d'investigation et la planification temporelle de nos activités. Ainsi,
au lieu d'un mois comme prévu dans le calendrier, nous avons
consacré deux mois aux enquêtes sur le terrain.
Au plan institutionnel, nous avons eu également
des difficultés pour avoir accès aux données statistiques.
Au niveau de la Sous-Direction des Pensions Civiles par exemple, il nous a
été très difficile d'avoir accès aux données
statistiques sur la retraite. Néanmoins, après maints
rendez-vous, nous sommes parvenus enfin à entrer en possession de
quelques statistiques sur le nombre de départ à la retraite de
fonctionnaire et agents de l'Etat.


CHAPITRE I : LA CNPS ET LA GESTION DES
RETRAITES
DU PRIVE
· Historique
La sécurité sociale a été
introduite en Côte d'Ivoire le 1er Janvier 1956 et dans
l'ensemble des pays d'Afrique occidentale francophone. Ainsi, en Février
de cette même année fut créée la Caisse de
Compensation des Prestations Familiales des travailleurs qui exercent en
Côte d'Ivoire (CCPF-CI) avec pour mission d'allouer les prestations
familiales aux familles des travailleurs qui exercent en Côte d'Ivoire.
Le 15 Décembre 1955, l'administration coloniale mise en place la caisse
de prestation familiale chargée de payer des prestations aux familles
des salariés du secteur privé. En 1958, fût crée le
régime des risques professionnels pour réparer les accidents de
travail et les maladies professionnelles par l'action de soins médicaux,
d'indemnités journalières de rentes. Par suite, le 21 Septembre
1960 fut instituée une caisse de retraite des travailleurs en Côte
d'Ivoire, qui a pour mission de payer une pension aux travailleurs
affiliés ayant atteints l'âge de la retraite. Ainsi, la loi
n° 68- 595 du 20 Décembre 1968 portant code de prévoyance
sociale confirme la création de la Caisse Nationale de Prévoyance
Sociale.
· Le statut juridique
La forme juridique de la CNPS a connu plusieurs
évolutions. Elle est passée successivement d'Etablissement Public
à caractère Administratif (EPA) ; d'Etablissement Public
Industriel Commercial (EPIC) à Etablissement Public National (EPN).
Aujourd'hui, la loi n°99-476 du 6 Août 1999
portant définition et organisation des institutions de prévoyance
sociale marque une nette rupture avec l'ancienne mode de gestion. La CNPS, sous
cette loi dévient une société privée de type
particulier qui concilie le principe d'autonomie de gestion et celui de la
tutelle de l'Etat. Ce changement répond à un souci des
autorités politiques de conférer à cette structure une
plus grande efficacité traduite par :
o des prestations et avantages prévus au profit des
assurés et des ayants droits à la législation sur la
sécurité sociale ;
o des frais de fonctionnement ;
o des frais d'action sanitaire ;
o des remboursements des avances et des prêts.
· Les missions de la CNPS
La CNPS a pour mission de gérer le service
public de la prévoyance sociale, elle assure de se fait une gestion du
régime obligatoire de la prévoyance sociale du secteur
privé et assimilé. Ce régime comprend :
· la branche des prestations familiales ;
· la branche des accidents de travail et des maladies
professionnelles ;
· la branche de l'assurance
vieillesse ;
· la maternité ;
· la gestion des régimes complémentaires ou
spéciaux, obligatoires ou volontaires ;
· le recouvrement des cotisations sociales et des
services de prestation.
En outre, la CNPS intervient dans le domaine sanitaire
et social au profit de ses assurés et des non assurés, en appui
à l'action du gouvernement.
· Les prestations de la CNPS
· Les prestations
familiales :
La CNPS sert des prestations familiales notamment des
allocations aux foyers des travailleurs, des allocations prénatales, des
allocations de maternités, des allocations familiales, des
indemnités journalières pour les femmes salariées en
couche, les frais d'accouchement et les soins médicaux.
· Les accidents de travail et des maladies
professionnelles.
· Les pensions de retraite
· Les conditions pour bénéficier de
la pension à la CNPS
Tout travailleur salarié du secteur privé
et assimilé a droit à la pension. Mais, le paiement de la pension
est soumis à certaines conditions à savoir :
· Avoir atteint 55 ans d'âge ;
· Avoir accompli quinze années d'activités
salariées ;
· Ayant donné lieu à des cotisations dans
une ou plusieurs entreprises affilées à la CNPS ;
· Avoir cessé toute activité
salariée.
Aussi, faut-il souligner qu'actuellement la pension est
payée par trimestre et à terme échu.
· Le calcul de la pension
Le montant de la pension de retraite est calculé
en multipliant le salaire moyen des dix meilleures années
d'activités par le taux de remplacement. Soit :
PM = SMM x TR
Le taux de remplacement est acquis par année
d'activité tout au long de la carrière du travailleur. Il est
fixé comme suit :
1,33 % par an pour la période avant le 1er
Janvier 2000 ;
1,70 % par an pour la période à partir du
1er Janvier 2000.
Cependant, le taux de remplacement ne peut excéder 50%.
La pension de retraite est payée à partir de 50 ans mais elle
subit un abattement définitif de 5% par année d'anticipation.
· L'organisation administrative de la
CNPS
La CNPS est sous le contrôle d'une double
tutelle. Il s'agit à la fois du Ministère de la Solidarité
et des Personnes Handicapées et du Ministère chargé de
l'Economie et des Finances. Par ailleurs, la CNPS est gérée par
un Conseil d'Administration et une Direction Générale et des
Structures Centrales. Ces structures centrales sont composées de quatre
(4) Directions Centrales :
· Les directions centrales
· Les directions financières et comptables
· Les directions du système d'information
· Une direction de l'exploitation
· Une direction des ressources humaines.
Il faut noter que ces directions sont organisées en
Départements, Services et Sections.
CHAPITRE 2 : LA CGRAE ET LA GESTION DES
FONCTIONNAIRES RETRAITES
· Historique et statut juridique
L'Etat de Côte d'Ivoire et ses différents
gouvernements ont de tous temps été préoccupés par
le sort de leurs serviteurs tant pendant la période d'activités
que pendant la période de cessation d'activité. A ce titre, en ce
qui concerne la période de cessation d'activité, les caisses de
retraites introduites par l'administration coloniale ont été
retenues par nos dirigeants et ont fait l'objet de réglementation.
Ainsi, dès 1964, au sein du Ministère des Affaires Economiques et
du Plan, a été crée le Service Autonome de liquidation des
pensions civiles, militaires et rentes viagères. Cet organe est devenu
en 1970 une sous direction de la solde. En raison de l'accroissement des
activités de cette structure en matière de sécurité
sociale, l'Etat a mis en oeuvre des reformes institutionnelles
L'ordonnance n°77-206 du 05 Avril 1977 et son
décret d'application n°77-210 de la même date qui la
crée et l'organise en Etablissement Public à caractère
Administratif (EPA). Elle est placée sous la tutelle conjointe des
Ministères de l'Economie et des Finances, du Budget de la Fonction
Publique, de la Défense et du Service Civique. La CGRAE a connu par la
suite deux réorganisations au terme des deux (2) décrets
suivants : il s'agit du décret n°88-698 du 03 Août 1988
la plaçant désormais sous tutelle du Ministère de
l'Economie et des Finances et du décret n°92-47du 29 Janvier 1992,
l'érigeant en Etablissement Public à caractère Industriel
et Commercial et l'organise en trois (3) Sous -Directions.
Ainsi conçue, la CGRAE constitue un pilier
extrêmement important dans l'ensemble des structures de prévoyance
sociale qui exercent leurs activités au profit des fonctionnaires et
Agents de l'Etat de Côte d'Ivoire.
· Les missions
Pour répondre aux attentes des retraités,
le gouvernement a assigné à la CGRAE, société
d'Etat les missions suivantes :
· La perception de l'ensemble des cotisations des
bénéficiaires et les contributions employeurs au titre du
régime obligatoire de pension ;
· La liquidation et le paiement des pensions de veuves et
des pensions en cas de décès d'un agent de l'Etat en
activité ou à la retraite ;
· Le versement du capital décès ;
· Les versements pour charges de famille et les
majorations pour familles nombreuses ;
· Le remboursement de cotisation aux agents venant
à quitter le service avant de pourvoir obtenir une pension ou une rente
viagère d'invalidité ;
· Les versements pour rachat des services accomplis sous
le régime de la loi portant organisation des pensions civiles en
Côte d'Ivoire au profit des régimes coordonnés avec
celui-ci.
· les prestations
La CGRAE assure au delà des pensions proprement
dites, des prestations pour lesquelles aucune cotisation n'est
préalablement faite. Il s'agit de :
· Rentes viagères ;
· Accidents de travail et Rentes d'invalidité,
· Capital décès,
· Revalorisation des pensions,
· Bonifications résultant des avancements
indiciaires avec effet financier,
· Rappels sur pensions précédemment
considérées comme prescrites, mais pour lesquelles la main
levée a été obtenue.
· Les régimes de retraite actuels et les
innovations
§ Le régime obligatoire par
répartition
Le régime traditionnel de la CGRAE est un
régime obligatoire par répartition des pensions. Il a
été institué par la loi de 1962. Dans ce régime,
les cotisations sont faites par prélèvement à la source
à hauteur de 6% du salaire brut indiciaire versé à tout
fonctionnaire et agent de l'Etat. Outre la cotisation du salaire (part
salariale), chaque budget employeur cotise à hauteur de 12% du salaire
brut indiciaire versé (part salariale) soit au total dudit salaire
consacré au financement des pensions. Ce régime repose sur un
système de rotation qui fait que les retraités d'aujourd'hui
bénéficient des cotisations des agents encore en activité.
Mais depuis Mai 1999, cette structure a opté pour un nouveau choix
stratégique en vue d'améliorer le revenu des retraités en
élaborant le régime de retraite complémentaire par
capitalisation.
§ Le régime de retraite
complémentaire par capitalisation20(*)
Ce nouveau régime présente trois (3)
caractères essentiels. Il est volontaire, complémentaire, et
repose sur la capitalisation. En effet, volontaire car il n'oblige pas chacun
à se prémunir pour l'avenir mais inciter chaque Actif à
compléter « l'obligatoire » par du
« facultatif ». Complémentaire puisqu'il vient
s'ajouter au régime public obligatoire. En un mot, la CGRAE a pour
ambition à travers ce nouveau régime de faire
bénéficier aux retraités la pension acquise de plein droit
du régime obligatoire de base et la pension perçue au titre du
régime complémentaire.
· Le calcul de la pension
Le processus de liquidation de la pension
intègre les éléments suivants le nombre d'années de
services effectifs (N) ; de l'indice de liquidation (I) ; de la
valeur de liquidation ; du taux de liquidation (T) et de la majoration
(M).
Mais, le calcul proprement dit de la pension s'appuie sur ces
éléments suivants :
· PAA = Pension Annuelle d'Ancienneté
· PM = Pension Mensuelle
· MV = Minimum Vital
· AF = Allocations Familiales
· TA = Traitement Annuel
· TM = Traitement Mensuel
· MA = Majoration Annuelle
Les formules de calcul de la pension
PAA = (I x V) x (N x T)
(I x V) est le traitement de base du fonctionnaire sans les
indemnités, avant son admission à la retraite et (N x T)
correspond au pourcentage de liquidation. Ce pourcentage ne peut excéder
80%.
TA= PAA + MA+ AF (le cas échéant) sachant que TM
+TA/12
Il est aussi important de savoir que la CGRAE
présentement un total de 63516 retraités soit une augmentation de
5 à 600 retraités par moi avec un budget 8 555 millions de
F. Aussi, soulignons également que ce budget connaît des
revalorisations en fonctions de l'augmentation du nombre de fonctionnaires
retraités.
· L'organisation administrative de la
CGRAE
Au plan administratif, la CGRAE est dotée d'un
Conseil d'Administration et d'une Direction Générale qui comprend
quatre (4) directions :
· Une Direction de l'Administration Générale
et des Finances ;
· Une Direction des Pensions ;
· Une Direction des Opérations
Financières ;
· Une Direction des Recouvrements
et de deux (2) services autonomes :
· Le Service Autonome de l'Audit et du Contrôle
Interne
· Le Service Autonome de l'Informatique
La mise en place de ces Directions et services autonomes,
à long terme, à centraliser toutes les compétences en
matière de liquidation de pension au sein de la CGRAE pour une meilleure
gestion des activités, et à assurer l'équilibre financier
de la société.
CHAPITRE 3 : PRESENTATION DE L'ARECO
· Historique
C'est depuis Décembre 1998 qu'une organisation
des retraités a été mise en place et baptisée sous
le nom de mutuelle des fonctionnaires et agents de l'Etat retraités de
Cocody. Cette mutuelle avait pour activité principale d'effectuer des
courses pour les retraités de Cocody entre la perception et le
Trésor Public de Cocody. Mais, elle ne prenait pas en compte la
totalité des retraités de Cocody puisqu'elle se limitait qu'aux
fonctionnaires retraités de la commune.
En 2003, après une assemblée ordinaire,
le bureau de la MURECO décide d'étendre son réseau
à tous les retraités de la commune de Cocody. Dès lors
cette mutuelle couvre tous les fonctionnaires du public, du para public et des
travailleurs du privé retraités de la commune. Après cette
assemblée générale, la MURECO change d'appellation et
devient ARECO.
En 2007, après une assemblée
générale ordinaire la MUREO change de statut et renouvelle ses
instances sous les conseils de la Mairie de Cocody en vue de leur apporter son
aide. Depuis le 6 avril 2007, la MURECO est devenue ARECO (Association des
Retraités de Cocody).
· Les membres de l'ARECO
L'Association des Retraités de Cocody est
composée de :
· Fonctionnaires issus de l'administration
publique ;
· Fonctionnaires issus de l'administration para
publique ;
· Travailleurs issus du secteur privé ;
· Libéraux retraités.
Au total, l'ARECO compte plus de 150 adhérents (chiffre
variable) dominés en nombre par les femmes).
· Les objectifs de l'association21(*)
· Regrouper les retraités de Cocody pour pouvoir
les aider ;
· Réaliser les oeuvres sociales,
économiques et culturelles en faveur de ses membres ;
· Valoriser la retraite moralement ;
· Créer les conditions d'entraide et de
solidarité entre les membres ;
· Offrir l'expertise aux jeunes générations
et à tout public cible ;
· Constituer un appui technique à la Mairie de
Cocody.
· Les activités de l'ARECO
L'ARECO a un programme d'activités en rapport
aux objectifs qu'elle s'est fixée :
Ø Les visites médicales
annuelles
Les visites médicales annuelles sont
organisées avec les soutiens matériels et financiers de la
municipalité au profit de ses membres. Elles ont pour but de permettre
aux retraités de faire leur bilan de santé, de les informer, les
sensibiliser et les prévenir des maladies liées au processus du
vieillissement.
Ø Les sorties détentes et les
loisirs
L'ARECO organise des sorties détentes, des
voyages en vue de permettre aux retraités de se recréer et
changer d'air. Ses sorties ont lieu à l'intérieur ou à
l'extérieur du district d'Abidjan. L'ARECO a récemment
organisé un voyage sur NOE au cours du mois d'Avril. Puis, elle a aussi
organisé une nuit des retraités afin de leur permettre de revivre
la nostalgie de leur passé
Ø Les Conférences
débats
L'ARECO organise souvent des conférences, des
débats d'intérêts pour les retraités. C'est une
occasion d'échange culturel et intellectuel au profit des
retraités de la commune de Cocody.
L'ARECO tient deux réunions au cours du
mois : la petite réunion du bureau qui se tient les premiers
mercredis du mois ont pour but de préparer l'ordre du jour de la grande
réunion ; la grande réunion qui se tient tous les mercredis
du mois (généralement une semaine après la petite
réunion) réunit tous les membres pour échanger sur la vie
de l'association et parler des projets à venir.
· Les projets de l'association
L'ARECO envisage de :
· Organiser des achats groupés pour les
retraités dans les différents Supers Marchés de la
commune
· Construire le siège des retraités de
Cocody avec le soutien de la mairie
· OEuvrer pour une exonération sur les produits
pharmaceutiques au profit des retraités de la commune.
· L'organisation sociale
L'ARECO a quatre organes 22(*):
· L'Assemblée Générale (qui est
l'instance suprême)
· Le bureau exécutif (treize membres au total)
o Un président
o Deux Vices présidents
o Un secrétaire général
o Un secrétaire général adjoint
o Un trésorier
o Un trésorier adjoint
o Trois délégués à
l'organisation
o Deux délégués aux affaires sociales
o Trois conseillers du président.
· Le comité de quartier dirigé par un
délégué (une vingtaine environ), pour permettre
d'élargir le cercle d'informations
· Le commissariat aux comptes qui dépend
directement de l'Assemblée Générale (qui s'occupe des
cotisations et des dépenses de l'association)
· L'organigramme de l'ARECO
Assemblé Générale
Commissariat aux Comptes
Bureau Exécutif
Comités de Quartier
Membres


L'explication sociologique que nous avons l'intention
d'apporter à la manière dont une association de personnes
retraitées re-construit et donne sens à la retraite sera
organisée en trois (3) chapitres: d'abord, nous exposerons les logiques
de production de l'association des retraités ; ensuite, nous nous
intéresserons aux mécanismes par lesquels les retraités
parviennent à se reconstruire en association. En effet, ces deux
premières parties seront présentées selon l'approche
individualiste à l'effet de voir comment la production de l'association
pourrait obéir à une logique utilitariste, matérielle ou
immatérielle. Mais aussi montrer comment cela pourrait être
lié à un habitus associatif de chaque retraité. Enfin,
nous terminerons par une évaluation de l'impact des activités
associatives sur la fabrication des représentations sociales
associées à la retraite par les retraités.
Comme précédemment annoncé, il
convient d'aborder la partie consacrée à l'analyse et à
l'interprétation des données. Ici, l'analyse des logiques qui
sous-tendent l'émergence de l'espace associatif chez les seniors
aujourd'hui dans le milieu urbain ivoirien imbriquera les deux perspectives
théoriques exposées dans les parties précédentes
à l'effet de voir comment la vie associative chez les retraités
s'y prête aisément.
CHAPITRE I : LOGIQUES DE PRODUCTION DES
ASSOCIATIONS
DE RETRAITES
Ce chapitre sera consacré à l'analyse
des logiques relatives à la production des associations des
retraités. Il s'agit de la logique sociale, idéologique,
économique et institutionnelle. Il faut cependant préciser que
ces dimensions ne sont pas certainement exhaustives pour expliquer
l'émergence des associations de retraités mais significatives
pour notre étude.
I-1- L'ESPACE ASSOCIATIF COMME ESPACE FICTIF ET REEL DE
LIENS
SOCIOPROFESSIONNELS POUR LES RETRAITES
A la question de savoir pourquoi vont-ils dans les
associations, les retraités estiment que c'est pour échanger avec
les autres, ne pas rester totalement en retrait, se frotter aux autres et
surtout pour rechercher les contacts pour s'épanouir dans un milieu qui
est le leur. Selon eux, c'est aussi à cause de la solidarité et
l'ambiance qui règnent dans le groupe et éviter de rester
constamment entre les quatre murs.
Il y a donc un besoin d'espace social qui se fait
sentir chez les retraités ou sans doute qu'ils recherchent. En effet, si
nous tenons compte du passé professionnel de ces anciens travailleurs
où fonctionnaires (aujourd'hui retraités), cela indique qu'ils
étaient impliqués dans les rapports sociaux de collaboration, de
solidarité, de domination. Toutefois, en situation de retraite, les
retraités sont « déconnectés » de ces
rapports sociaux qui sont structurés par l'espace social qu'est
l'entreprise. Or, le principe de la retraite est individuel c'est-à-dire
que le départ à la retraite est un acte individuel et
institutionnel. Dès lors, nous pouvons dire que les retraités
sortent d'un type de rapports et se structurent dans un autre type de rapports
sociaux où ils ne se reconnaissent pas. D'où l'émergence
constatée du besoin social d'espace. Dès lors, le retraité
entend reconstruire l'espace perdu du fait de la retraite dans les
associations de retraités. A titre illustratif, rappelons les propos de
Mme O. : « à la retraite, on est retiré de
tout le monde et c'est à cause de la solidarité et l'entraide qui
règnent dans l'association. Je faisais partie de l'association de mon
service » ; Mme M. souligne également que :
« moi, je suis allée à l'ARECO, j'ai
intégré pour avoir le contact et c'est surtout pour le contact
avec les autres ».
Comme on le constate, la vie professionnelle a
structuré les retraités dans des pratiques sociales du champ
professionnel. En effet, aujourd'hui en Côte d'Ivoire et certainement
ailleurs en Afrique Noire, plusieurs entreprises ont permis d'établir en
leur sein des organisations ou des groupements de travailleurs qui sont
appelés communément « association de
service » ayant pour but l'entraide mutuelle, l'assistance morale et
matérielle en cas de nécessité. En un mot, il s'agit d'une
solidarité associative ayant pour objectif immédiat
l'épanouissement des travailleurs. Ces associations internes à
ces entreprises permettent ainsi aux membres de se socialiser en
intériorisant les pratiques et les valeurs propres à ces
organisations. La sortie de la vie professionnelle isole en quelque sorte ou
destructure ces liens de solidarité, d'affectivité et
d'assistance mutuelle dans lesquelles ils étaient
« plongés ». Il est aujourd'hui reconnu que les
premiers moments de la retraite sont difficiles à vivre. Car en dehors
de l'activité professionnelle qui atteste qu'un individu est en
retraite, il y a également la désocialisation professionnelle.
Cette désocialisation professionnelle conduit à d'autres formes
de resocialisation comme la resocialisation associative. Dans un tel contexte,
l'isolement et parfois le sentiment d'impuissance devant certaines
réalités sociales s'installent chez les retraités.
L'engagement associatif des seniors est perçu comme un moyen pour
« noyer » par moments ces nuisances psychologiques. Aussi,
faut-il ajouter que tous ces individus associés partagent un même
statut social que la société les a assigné et leurs
permet d'être socialement reconnu à travers les associations.
En outre, le rapport de proximité et l'entremise
des relations sociales sont déterminants dans la mise en place de ces
espaces de sociabilité chez les retraités. En effet, les
structures sociales entendues comme des systèmes de relations abstraites
liant ces individus orientent les retraités vers les espaces
associatifs. C'est ce que nous avions constaté dans le discours des
retraités interrogés : « j'ai entendu
parlé par des amis et je suis venu » Mme H ;
« c'était en 2006, j'ai appris à l'occasion des
journées médicales par un retraité qu' une association
organisait des soins médicaux en faveur des retraités de
Cocody » M. R. ; « c'est de bouche
à oreille, il n'y a pas de publicité et comme je fait
partie de la commune ça m'a intéressé et comme c'est une
bonne chose, je me suis rapproché d'eux au cours de leur
réunion » ; M. G. ; et enfin,
« c'est par le biais de mon mari qui était
déjà membre. Je partais l'accompagner de temps en temps
et quand je suis allé à la retraite, j'ai
adhéré. » Mme O.
Par ailleurs, il n'y a aucune structure qui forme
à la retraite. Il n'y a que des séminaires qui sont
organisés parfois à l'attention des futurs retraités dans
certaines structures publiques, parapubliques ou privées. Or, pour
Raymond Boudon, l'explication d'un phénomène social passe par la
reconstruction des motivations des individus dictés par des motivations.
Par analogie, il n'y a que les intérêts individuels et les
intentionnalités qui poussent les retraités dans les
associations. Ainsi, c'est la logique des actions individuelles des
retraités qui favorisent l'émergence des espaces associatifs chez
les retraités d'aujourd'hui. Aussi, ces actions individuelles des
retraités reposent-elles sur des calculs rationnels effectués en
fonction des intérêts qu'ils espèrent tirés de leur
engagement.
En tout état de cause, nous estimons que ces
intérêts sont soit matériels ou immatériels. En
effet, les retraités s'engagent en association en tant qu'un mouvement
social dans l'intention de profiter des retombées matérielles de
leur engagement (aides sociales publiques, visites médicales, etc...)
mais également bénéficier des retombées
immatérielles ou symboliques (comme l'épanouissement personnel du
retraité, les loisirs, etc..). Les propos de ces adhérents sont
édifiants : « quand tu es malade ou si tu meurs, il y
a une cotisation qui est versée à tes ayants
droits » M.G. ; « c'est pour l'échange
culturel, j'aime le contact, m'épanouir, me distraire. Récemment,
on a effectué une sortie avec l'ARECO » M.R. ;
« c'est les retrouvailles entre retraités à cause
des soucis auxquels sont soumis les retraités ; lutter contre les
soucis relatifs à la vieillesse, demander des choses
gratuites ». Ici, comme on le voit, la conjugaison des
rationalités individuelles entraîne le développement des
associations. A côtés de ces motivations individuelles, soulignons
en outre que certains retraités sont dotés d'un habitus
associatif. En effet, selon Bourdieu, l'habitus est un système de
dispositions durables et transposables. Comme tel, l'habitus associatif acquis
de la trajectoire socioprofessionnelle est reproduit en situation de retraite
et dans les associations. En clair, il y a des retraités qui se sont
habitués aux associations. Cela est donc une ressource symbolique
héritée de leur trajectoire sociale et professionnelle qu'ils
actualisent pour s'adapter à la situation actuelle.
Enfin, la retraite est perçue comme une
déconstruction de l'identité professionnelle. En effet, la
retraite occasionne un retrait de certaines responsabilités sociales,
certains privilèges liés aux statuts acquis durant la
carrière professionnelle. Mais, nous pouvons constater que la
hiérarchie des fonctions publiques et privées est traduite
à la retraite et dans les associations des retraités. Ainsi, les
statuts socioprofessionnels, même l'âge et le sexe structurent les
positions dans l'association des retraités. Dans cet espace, il y a des
retraités qui mobilisent leurs statuts ou leurs capitaux culturels
antérieurement acquis pour accéder aux positions dominantes dans
l'association. C'est ce qu'illustrent les propos de M.Y.
« j'étais syndicaliste dans mon service, j'étais le
président de l'amical du personnel pendant douze (12) ans. A l'ARECO, je
suis membre fondateur et présentement je suis
trésorier », et de M.R. «
j'étais dans le syndicat du personnel de la santé. Cela m'a
permis de m'informer et de me former, cela m'a beaucoup fait du bien.
J'étais le secrétaire à la communication. A l'ARECO,
je suis dans le bureau ». Comme on le constate, il y a
une continuité dans l'association des retraités. Toutefois, les
positions occupées par des acteurs sociaux dans l'association sont
fondées sur un consensus social et organisationnel propre à
l'association. Cet équilibre social constaté dans cette
association est fondé sur une idéologie sociale dominante dans
l'association légitimant ainsi les différentes positions
occupées par certains acteurs.
Pour nous résumer, disons que la logique sociale
de production des associations des retraités est fondée sur
divers éléments que nous avons pu relever au cours de cette
analyse. Le besoin d'espace social en situation de retraite, la reconstruction
de la solidarité perdue du fait de la retraite, les rationalités
individuelles ainsi que le transfert des compétences sociales et
individuelles dans l'association sont ici perçus comme des logiques
sociales de production des associations de retraités. Dans ce sens,
l'espace associatif se reconstruit comme un espace fictif mais aussi
réel de liens socioprofessionnels chez les retraités.
Néanmoins, en dehors de ces logiques sociales, il faut noter qu'il y a
aussi des logiques idéologiques qui sont pensées comme des
principes de fonctionnement des rapports associatifs à l'ARECO fondant
le goût associatif chez ces retraités.
I-2- PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT DES RAPPORTS
ASSOCIATIFS
A L'ARECO
Les enquêtes ont révélé que
la retraite est une étape normale de cycle individuel de vie qu'il faut
parvenir à assumer en la préparant consciemment si le travailleur
ne décède pas avant de l'atteindre. Car selon les
retraités, en situation de retraite « on ne s'occupe plus
de vous » ; « les retraités sont
délaissés ». A la question de l'utilité
d'une association de retraités, les enquêtés estiment que
l'association représente pour eux ce qu'elle peut leur apporter. Par
exemple les visites médicales organisées avec le soutien de la
municipalité. Ainsi, la santé est-elle primordiale et est
perçue comme une nécessité à préserver par
tous les moyens en situation de retraite. Enfin, les retraités pensent
qu'une retraite inactive participe à l'accélération du
processus du vieillissement. Aussi, l'association n'est-elle pas
incontournable, mais nécessaire à la quête d'un mieux
être social.
A la lumière de l'analyse, nous avons pu relever
des faits communs chez tous les retraités interrogés sur lesquels
nous allons mettre un accent particulier. En effet, nous pouvons soutenir que
tous les retraités ont presque les mêmes problèmes qui se
résument ici en cinq grands points :
· Le sentiment de rejet ou d'abandon par la
société ;
· Le souci de longévité et de la
préservation de la santé ;
· Le souci de la préservation des acquis du milieu
professionnel ;
· L'inactivité qu'il faut quotidiennement
combattre ;
· La quête ou l'aspiration à un mieux
être social.
Si l'idéologie est perçue d'une
manière générale comme une « construction
intellectuelle au service d'intérêts conscients ou inconscients et
servant d'instrument de légitimation »23(*), ou même organiser un
ordre de sentiment, alors nous pouvons dire que les associations de
retraités sont productrices d'idéologie de la retraite. Ce sont
ces idéologies (qui sont dans notre cas l'ensemble des cinq points
ci-dessus) qu'elles proposent aux retraités comme solutions idoines aux
situations qu'ils traversent. Ce sont donc toutes ces idéologies qui
conduisent ces retraités vers les associations. En effet, étant
officiellement exclus du circuit de production, les retraités sont
confinés dans des rôles d'acteurs improductifs. De ce fait, la
société ne leur apporte plus toute l'assistance nécessaire
à leur subsistance et à leur épanouissement comme cela
était le cas dans le milieu professionnel à travers les
mutuelles, des associations d'aides et d'assistance. Aussi, faut-il souligner
que dans la politique de protection sociale que les entreprises proposent
à leurs employés, la question de la santé est centrale
avec l'assurance-maladie. Or en retraite, la santé (se présente
comme « une denrée rare » liée au processus
de vieillissement) et l'inactivité sont sources de problèmes
sociaux et psychologiques chez les retraités. Le sentiment de rejet ou
d'exclusion sociale résulte donc du fait qu'ils ne
bénéficient plus de l'assistance nécessaire de la
société.
A la question de l'inactivité, l'association
propose des « postes fictifs » aux retraités pour
être toujours actifs afin de combler l'absence d'occupation au travail et
de compenser en quelque sorte la perte de l'identité professionnelle.
Or, le fait de mettre ses compétences qu'elles soient professionnelles
ou sociales au service de l'association n'implique ici aucun rapport salarial
contrairement le cas en entreprise. Mais, cela est légitimé par
le fait que l'association est un bien communautaire des
retraités. Ainsi, les rapports dynamiques dans le cadre associatif
doivent être perçus dans cette même perspective et
autorisés par les statuts de l'association. Les rapports sociaux de
domination observables dans l'association ne sont pas reconnus en tant que tels
par les acteurs eux-mêmes puisque l'idéologie de l'association
reconnaît cela comme légitime de s'investir pour le compte de
l'association et comme quelque chose tout à fait normal, au nom de
« l'intérêt supérieur » des
retraités adhérant de l'association.
Aussi, faut-il préciser que le souci de
longévité est une préoccupation chez les retraités
et chez toute personne d'ailleurs. Mais, nous percevons cela comme une
construction idéologique qui a également une correspondance
idéologique dans l'association des retraités à travers le
« Refus de Vieillir ». En effet, ce slogan est une
construction idéologique qui motive les retraités à
adhérer à l'ARECO quand bien même que l'on sache que le
vieillissement est un processus naturel normal qui ne dépend pas des
volontés individuelles et collectives et déterminé par le
temps dont tous les retraités en ont pleinement conscience.
En tout état de cause, l'inactivité et le
sentiment d'exclusion des rapports sociaux de production sont résolus
par une re-structuration des retraités dans les rôles associatifs.
En effet, la déconstruction de l'identité professionnelle se
trouve reconstruite à travers l'espace associatif dans
l'activité. Néanmoins, il s'agit ici d'une reconstruction furtive
de l'identité professionnelle qui n'est pas sous-tendue par un rapport
salarial. En ce sens, disons avec Claude Dubar (2001) qu'il s'agit ici d'un
processus de reconstruction identitaire de type relationnel. Car selon lui,
la construction biographique d'une identité professionnelle suppose
que l'individu entre dan des relations de travail; participe à des
actions collectives dans des organisations et intervient dans le jeu
d'acteurs24(*). Par
analogie, l'investissement des retraités dans l'association leur permet
ainsi de tirer les éléments de leur identité individuelle
et collective. Individuelle, puisqu'il entre dans une relation de production en
mettant sa compétence au service des autres et de l'association.
Collective, dans la mesure où il participe à des actions
collectives pour le compte de leur association telles que les revendications,
l'organisation des visites médicales avec le soutien matériel et
financier de la Mairie. Comme nous l'a confié M.Y. pour qui une
association : « ça sert à être utile
à la société, au groupe dans lequel on évolue et
comme on le dit, il faut se mettre en groupe pour être plus
forts et mieux revendiquer et être mieux
écoutés ». C'est la preuve que la dynamique
associative des retraités s'inscrit aujourd'hui dans une dynamique de
revendication dont a parlé Anne-Marie Guillemard. En effet selon cet
auteur, la retraite-revendication se distingue par le refus de la place
laissée aux retraités dans la société. Comme tel,
ils multiplient les activités sociales avec les personnes de leur
âge dans le but de changer leur condition de vie.
Le choix de s'entraider et d'étendre son
réseau social n'exclut donc pas les actions collectives de
revendication. Comme on le constate, la reconstruction des liens sociaux dans
l'espace associative est aussi structurante de la construction des
identités individuelles et collectives réelles des
retraités dans l'association. D'où les principes de
fonctionnement des rapports associatifs à l'ARECO.
Au regard de ce qui précède, nous notons
qu'il y a effectivement des logiques idéologiques qui président
au regroupement des retraités en association. En d'autres termes, ces
logiques idéologiques constituent pour les retraités des
principes de fonctionnement des rapports associatifs à l'ARECO
contribuant ainsi même à assigner aux retraités une
identité sociale réelle.
I-3- COTISER...POUR RECEVOIR
« GRATUITEMENT »
En nous référant aux données
recueillies auprès des enquêtés, nous nous sommes rendus
compte qu'il y a des avantages économiques qui structurent
l'émergence des associations des retraités.
Il ressort du discours des enquêtés que la
survie de leur association dépend en partie des soutiens
matériels et financiers de la municipalité. Il ressort
également que hormis les cotisations mensuelles et les frais
d'adhésion les retraités ont recourt aux soutiens des entreprises
et de leurs différentes structures de tutelle (CNPS et CGRAE). Ces
ressources économiques permettent aux retraités d'organiser leurs
différentes activités. Puis, pour être membre, seul importe
le statut de retraité et les cotisations que l'adhérent peut
mensuellement effectuer.
En guise d'analyse, il est à noter que la
logique de production des associations de retraités recouvre des enjeux
économiques au plan collectif. Mais le collectif se construit à
partir des logiques économiques individuelles qu'il faut
nécessairement souligner. C'est donc la somme des rationalités
économiques individuelles de chaque retraité qui donne naissance
aux associations de retraités. Nous n'affirmons pas ici que la logique
de production des associations de retraités repose forcément sur
un substrat économique. Car cela varie selon les objectifs et les enjeux
poursuivis par les différentes associations de retraités.
Certaines peuvent avoir des intentions économiques avouées ou
inavouées.
Les rapports sociaux établis entre les
associations de retraités et la municipalité sont des rapports
sociaux d'échange. Mais ici, on peut qualifier cet échange de
type non marchand. Car, la Mairie accorde des subventions à
l'association des retraités qui en retour lui apporte son expertise
quand cela est nécessaire. Les retraités constituent de ce fait
un appui technique de réserve pour la Mairie qui voit en ceux-ci un
capital humain à moindre coût. C'est donc l'une des formes non
marchandes de l'échange social.
Par ailleurs, nous pouvons dire que le statut
même de retraité constitue pour l'association une ressource
mobilisable à tout moment pour avoir accès à certaines
ressources au bénéfice collectif des retraités. Car
socialement, l'on définit le retraité comme étant
économiquement inactif bénéficiant d'une pension. Cette
pension est parfois égale au tiers de son salaire (quand il était
encore travailleur) (cf. chapitre 1 et 2. Deuxième partie : le mode
de calcul de la pension). Cette pension qui se calcule sur la base du statut
professionnel est pour la majorité en dessous du salaire minimum garanti
(SMIG). Or, l'élévation du niveau de vie ne tient pas
compte du statut des individus et de leur pouvoir d'achat. Cela a donc un
impact sur les conditions de vie des personnes retraitées. Le
regroupement des retraités dans une association leur permet de
solliciter collectivement l'aide publique ; de bénéficier
des dons de la part des organisations non gouvernementales qui interviennent
dans le domaine de la retraite. Car étant seul, il n'est pas
évident qu'un retraité puisse bénéficier de
subventions, des aides sociales publiques de toute nature. C'est donc dans une
action collective que cela est possible. Toutefois, les retombées de
l'action collective sous-tendent une participation individuelle qui se traduit
par des cotisations mensuelles ou périodiques et des droits
d'adhésion qui sont en général accessible
économiquement pour les retraités. Ici, la logique
économique est d'abord ce que le retraité gagne à travers
les cotisations qu'il verse à l'association et ensuite ce que
l'association lui permet de bénéficier en s'adressant à
des partenaires extérieurs. C'est là que résident les
logiques économiques de production des associations de
retraités.
Il faut aussi souligner que les relations qui lient la
mairie à l'association leur permettent de s'identifier collectivement en
tant que des acteurs sociaux à part entière d'autant plus que
cela permet de rehausser collectivement l'image du retraité ; une
sorte de reconnaissance sociale. Cette revalorisation collective des
retraités rejaillit d'une manière ou d'une autre sur les
identités sociales individuelles.
En résumé, retenons que s'il est vrai
que l'émergence des associations ne repose pas forcément sur un
substrat économique, il faut néanmoins souligner qu'il y a un
enjeu économique et social qui guide les rationalités
individuelles et collectives des retraités. D'où les logiques
économiques de production des associations des retraités puisque
dans l'association, on cotise peu pour bénéficier plus.
I-4- UN DEPLOIEMENT INSTITUTIONNEL IMPORTANT POUR UNE
« RETRAITE DE MISERE »
Les résultats de l'enquête nous permettent
d'affirmer que les associations de retraités établissent des
relations avec leurs structures de tutelle c'est-à-dire la CNPS (pour
les retraités issus du secteur privé) et la CGRAE (pour les
fonctionnaires retraités). L'enquête montre également que
les organismes sociaux ont conscience de l'existence des associations de
retraités qu'ils voient en elles des collaborateurs. On note par contre
que même si ces associations sont perçues dans une certaine mesure
comme des collaborateurs indirects de ces organismes de sécurité
sociale ; cela n'exclut pas les revendications pour une meilleure gestion
du retraité ivoirien.
L'analyse de ces observations nous permet de dire que
les retraités se regroupent en associations parce qu'il y a certainement
des imperfections dans la politique de l'Etat en matière de retraite
mais également pour la reconnaissance sociale. Nous ne voudrons pas
faire ici une analyse complète et approfondie de la politique de
retraite de l'Etat mais nous voulons nous appesantir sur les rapports qui lient
directement les retraités aux organismes sociaux au point que cela
conduise à la création d'associations oeuvrant dans le sens des
intérêts individuels et collectifs des retraités. Car c'est
l'écart institutionnel entre les retraités et leurs structures de
tutelle qui conduit de façon logique à la création des
associations se positionnant parfois comme des lieux de contre-pouvoir.
Dès lors, il serait intéressant de nous interroger
brièvement sur les compétences des organismes de
sécurités sociales en Côte d'Ivoire. En effet la CNPS et la
CGRAE sont des caisses de prévoyance et de sécurité
sociale qui ont pour mission essentielle de payer les pensions des
retraités. Elles doivent en quelque sorte oeuvrer au plein
épanouissement économique et social des retraités qui
aujourd'hui constituent une des couches sociales les plus fragiles de la
population ivoirienne bien que minoritaire. En fait, ces organismes sociaux
à travers les produits qu'ils proposent aux retraités ne prennent
pas en compte fondamentalement la dimension loisir-épanouissement du
retraité et du contexte social dans lequel ils s'évoluent. Ils
sont trop attachés à l'aspect économique négligeant
l'aspect social et sanitaire. Or, la retraite prend tout son sens dans les
loisirs et le divertissement contribuant au bien-être physique et mental
des retraités. D'où le recours aux associations pour combler non
seulement ce besoin d'épanouissement et de reconnaissance sociale mais
également pour faire fonctionner le droit de regard. C'est donc à
cause de ces manques que certains retraités estiment que :
« A la retraite on ne s'occupe plus de
nous » M. G. Ce même avis est partagé par M. B.
pour qui : « En Côte d'Ivoire quand tu es
retraité, on s'en fout de toi parce que tu ne produis
plus ». Aussi, Mme O. souligne t-elle que
« Ces structures payent seulement la pension c'est
tout ».
Nous pouvons retenir de ces propos que les
retraités expriment un droit de regard sur leur situation
d'économiquement « inactifs » dans lequel la
déconstruction du statut professionnel les a structuré. Cette
déconstruction du statut professionnel agit dans une certaine mesure sur
le mieux-être social des retraités. En s'investissant dans
l'association, c'est dans une intention de témoigner aussi de leur
visibilité sociale face à l'autorité. Cette
visibilité sociale collective participe à la construction sociale
de leur identité collective dans l'association à travers laquelle
la société devra les considérer et les prendre en compte
comme des acteurs sociaux à part entière.
Aussi, devons-nous souligner que l'engagement des
retraités en association fait fonctionner le droit d'assistance des
retraités par les structures de sécurité sociale ;
l'assistance collective à la fois économique et sociale
lorsqu'ils les sollicitent. Pour M. O : « On s'est fait
connaître par ces structures. Quand on a une activité, on demande
leur appui financier ou matériel, surtout la
CNPS » ; et M. E. : « On a des
relations avec ces structures qui parrainent les associations de
retraités, on les adresse un courrier pour les informer de nos
activités afin de bénéficier de leur soutien et
aides. » et enfin, M. Y. : « C'est
logique, s'il y a des doléances, l'association les soumet à
l'autorité ».
Par ailleurs, ajoutons que l'une des revendications en
sourdine des retraités à travers les associations est liée
à la suppression de l'impôt sur la pension. Reconnu comme
étant économiquement inactifs avec une déconstruction de
leur statut professionnel, il est logique de comprendre que les
retraités devraient être exonérer d'impôt sur la
pension afin de permettre certains d'entre eux de vivre décemment. Or,
l'impôt sur la pension est une mesure institutionnelle qui s'impose aux
retraités. En situation de retraite, le niveau économique de la
grande majorité des individus s'amenuise. A cela s'ajoute la
cherté de la vie à tout les niveaux alors que les pensions n'ont
pas connu d'augmentation depuis plus de deux décennies tandis qu'en
France les reformes institutionnelles sont entreprises visant à
augmenter d'ici Septembre 2008 la pension de 0.8% afin de permettre aux
retraités de ce pays de vivre une retraite paisible.
Pour finir, retenons que la logique institutionnelle de
production des associations de retraités recouvre ici les enjeux et les
intérêts individuels et collectifs des retraités. On peut
aussi observer entre ces structures et les retraités, soit des rapports
de force soit des rapports de collaboration ou de conflit (certains
retraités expriment plus un besoin de reconnaissance sociale, un besoin
d'assistance et de prise en compte de leurs intérêts par les
autorités). Mais, nous pouvons observer surtout dans cette relation un
rapport de domination de ces structures de prévoyance sociale sur les
associations de retraités.
Dans ce chapitre nous avons traité de la
manière dont les retraités construisent les espaces sociaux de
sociabilité et de solidarité associative. Nous avions
également vu comment l'émergence des associations repose sur des
logiques sociales, idéologiques, économiques et
institutionnelles.
Dans le chapitre suivant, nous allons porter notre
analyse sur les mécanismes qui permettent aux retraités de se
re-construire dans une association en nous appuyant sur le cas
spécifique de l'ARECO.
CHAPITRE II : MECANISMES DE RECONSTRUCTION
DES RETRAITES DANS L'ARECO
L'intérêt de cette partie, c'est
d'étudier les mécanismes de reconstruction des retraités
de l'ARECO à l'effet de voir comment ils participent à la
construction des liens sociaux. L'étude de ces mécanismes
montrera comment les habitus socioprofessionnels des retraités
contribuent à structurer leurs identités sociales actuelles. Pour
ce faire, nous allons orienter notre analyse dans la perspective de voir
comment les retraités reproduisent les habitus socioprofessionnels dans
l'association des retraités; puis, examiner la nature des gains
procurés symboliques procurés par la participation à la
vie associative et terminer ce chapitre par une étude de la construction
du sens de la retraite par les acteurs de l'association.
II-1- UNE REPRODUCTION DES HABITUS SOCIOPROFESSIONNELS
DANS L'ESPACE ASSOCIATIF
L'enquête montre que les retraités de
l'ARECO effectuent mensuellement ou exceptionnellement des cotisations. Pour
eux, ces cotisations servent à financer en partie les activités
de l'association (visites, médicales loisirs, etc.) d'une part et
d'autre part, à assister les membres en cas d'évènements
heureux ou malheureux (mariages, baptêmes, décès d'un
membre, etc.)
Dans le cas d'un évènement heureux, le mariage
d'une progéniture d'un membre, l'association verse une somme à
la personne concernée si elle effectue régulièrement ses
cotisations. Aussi, quand un membre décède ou perd une personne
très proche, l'ARECO verse également une somme aux ayants droits
en guise de soutien à la famille.
Ces pratiques sociales au sein de l'ARECO tirent leur
sens dans la trajectoire socioprofessionnelle de ses acteurs. En effet, il
existe dans presque toutes les entreprises ou services ivoiriens des fonds
d'aide aux employés appelés généralement des
« caisses de solidarité ». Ces caisses de
solidarité sont en général des cotisations de l'ensemble
du personnel qu'il gère ou cogère avec l'administration de
l'entreprise. Elles sont devenues des institutions au sein de l'entreprise et
sont exclusivement consacrées aux aides sociales. Comme tel, les caisses
de solidarité remplissent plusieurs fonctions dans le cadre de la
socialisation des acteurs de l'entreprise dont les plus essentielles sont
l'aide directe aux employés qui vivent un évènement
heureux (mariage, accouchement, etc.) ou sont touchés par un
évènement malheureux (décès pour la plupart).
La rupture d'avec le milieu professionnel du fait de la
retraite est aussi une déstructuration des liens de solidarité
construits autour de ces caisses qui sont en réalité de
véritables soutiens aux employés. Alors, les retraités
dans l'association reproduisent en quelque sorte ces mêmes pratiques dans
l'association qui sont pour eux des mécanismes qui leur permettent de se
re-construire. Car, comme nous l'entendons dire souvent, l'homme est un
être social et un être de besoins. Mais à la retraite, le
besoin de sécurité est une nécessité pour
l'équilibre psychologique des retraités. Ce besoin de
sécurité intègre non seulement le sentiment d'appartenance
à un groupe social ou à une communauté, mais
également, ce que nous appelons ici, le besoin de protection sociale.
Or, une des limites de l'action politique réside dans le fait qu'elle
n'apporte pas toute l'assistance sociale aux retraités pour leur
permettre de vivre une retraite paisible ; loin des soucis liés aux
moyens économiques. C'est qui pousse les retraités à
mettre en place des stratégies dans les associations pour combler les
insuffisances de la politique de retraite.
Cette forme de sécurité sociale
reproduite au plan microsocial donne l'impression de toujours
bénéficier étant en retraite des avantages sociaux
liés à la situation et au statut professionnel. Elle structure
aussi les liens sociaux entre des personnes d'origines diverses qui ne
partagent qu'un même statut social. En effet, l'assistance que l'ARECO
apporte à ses membres n'est pas que financière. Elle
également morale puisque hors mis le soutien financier, les membres de
l'association témoignent de leur présence physique en cas
d'évènements heureux ou malheureux.
En outre, les cotisations que les retraités
effectuent prennent sens surtout en cas d'évènements malheureux.
En effet, ces cotisations fonctionnent comme une forme d'assurance-maladie ou
d'assurance-obsèques. C'est donc un investissement productif à
court ou moyen terme pour les retraités. En effet, en Afrique
précisément en Côte d'Ivoire, la vie en communauté
est beaucoup plus valorisée et socialement valorisant. C'est aussi en
cas de décès que les liens de solidarité se manifestent
davantage au plan économique et social. Car les rites funéraires
occasionnent pas mal de dépenses et c'est en cela que les
retraités de l'ARECO estiment que les cotisations sont utiles pour eux
et pour leur association. Pour M. G. : « Les cotisations
sont comme une assurance que nous déposons. J'ai dit tout à
l'heure que quand tu es malade ou tu meurs, il y a un montant qui est
versé à votre épouse » Mme O.
estime que les cotisations servent à : « financer nos
activités, nos sorties, l'entraide quand il y a un décès
ou un mariage. Ça nous arrange, quand tu perds quelqu'un on
t'assiste financièrement et c'est quelque chose ».
Au regard de ce qui précède, disons que tous
ces mécanismes mises en place au sein de l'ARECO fait fonctionner non
seulement l'association mais permettent aux retraités de se
reconstruire. Outre ces mécanismes d'ordre économique,
l'association procure des ressources symboliques ou mentales aux
retraités pour leurs permettre de se reconstruire. C'est donc la nature
de ces ressources symboliques que nous allons examiner dans la partie
suivante.
II-2- LA NATURE DES GAINS SYMBOLIQUES
PROCURES
PAR L'ASSOCIATION
L'enquête révèle que l'ARECO a un
programme d'activités. Les activités organisées sont des
initiatives propres des membres en rapport avec les objectifs de l'association.
Nous avons identifié entre autres les visites médicales une fois
par an, les loisirs, les conférences-débats, etc. Les
retraités estiment que les activités qu'ils pratiquent dans
l'association leurs permettent de se recréer, de s'extérioriser
afin de demeurer toujours actifs et diminuer les soucis quotidiens liés
à la retraite.
La retraite n'est pas un phénomène
nouveau en Côte d'Ivoire puisqu'elle existait même avant
l'indépendance. Néanmoins, ce qu'il faut chercher à
comprendre, c'est qu'il existe aujourd'hui une nouvelle catégorie de
retraités qui sont plus actifs dans cette phase de vie en milieu urbain.
Ce niveau élevé d'activités chez les retraités
d'aujourd'hui tire son sens de deux constatations : D'un
côté, il y a une révolution de conscience, un changement
d'attitude face à la retraite et de comportement en retraite et de
l'autre, la retraite ne rime plus avec le retour systématique au
village.
En outre, les retraités de l'ARECO sont
dotés d'un capital culturel élevé hérité de
la vie active qu'ils traduisent en retraite. Ainsi, les loisirs ou les
activités pratiquées dans l'association ont un lien avec le
passé professionnel. Il y a donc une continuité dans
l'activité, ce qui laisse entrevoir un processus de
réaménagement de soi et une rupture avec l'ancienne conception de
la retraite teintée d'idéologie à connotation
négative réduisant la retraite à une mort sociale.
Les retraités de l'ARECO entretiennent
l'idée du « refus de vieillir » ou de
« bien vieillir » dans le cadre d'une retraite-loisirs et
d'une retraite-revendications25(*). En effet, ces deux variantes de conduite en retraite
s'illustrent bien dans les comportements des retraités de l'ARECO. Selon
le premier modèle (la retraite-loisirs) identifiée par Anne-Marie
Guillemard, il s'agit de valoriser le rôle de consommateur de produits
culturels (voyages, sorties détentes, spectacles, etc.). Puis le second
modèle (retraite-revendications) dont nous avions déjà
parlé dans le chapitre précédent se traduit par une sorte
d'engagement dans l'activité et une revendication d'une place d'acteur
social mais aussi d'extension de champ social et spatial. C'est ce qui confirme
les propos de Mme L. : « l'ARECO soutient les
retraités dans les oeuvres sociales, par le biais de l'ARECO, on touche
les organismes sociaux. Les activités que nous organisons
servent à nous détendre, on sort des soucis familiaux pour se
récréer. Ça fait du bien que de s'en fermer entre
les quatre murs ». En abordant dans le même sens que
Mme L., M Y. affirme que : « les loisirs, c'est pour
regrouper les personnes d'une même tranche d'âge et de leur faire
oublier les soucis et rompre avec la monotonie et épanouir le
retraité ».
Les ressources nécessaires à l'adaptation
de la vie en retraité sont diverses et les styles de vie sont
également variables selon les individus. En tout état de cause,
la pratique des loisirs ou toute autre pratique culturelle dans l'association
s'inscrit dans une perspective de réussir sa vieillesse et le choix de
ce modèle de comportement chez la plus grande partie des
retraités répond à cette fin. Dans une telle perspective,
il y a un enjeu qui est celui d'entretenir la « flamme de la jeunesse
d'esprit » et de valoriser collectivement la retraite dans les
associations.
Nous ne pouvons pas cependant occulter le fait que
l'investissement dans les loisirs demande un capital économique qu'il
faut mobiliser même dans le cadre de la vie associative (les cotisations
pour financer les loisirs). Or, nous le savons tous que le problème de
la retraite se réduit essentiellement au dépérissement des
ressources économiques qui génèrent les soucis quotidiens
chez les retraités. Ce qui revient à dire que les moins
dotés en capitaux économiques évoluent allègrement
vers une vieillesse-échec. Les loisirs en retraite sont perçus
comme un substitut au travail ou à l'activité professionnelle
dans le processus de reconstruction de soi. Cela dit, ces mécanismes
culturels de reconstruction des retraités dans l'association reposent en
partie sur un substrat économique. Celui-ci se présente comme le
socle sur lequel repose le bien vieillir ou la vieillesse réussie.
II-3- L'ESPACE ASSOCIATIF ET LA CONSTRUCTION DU SENS
DE LA RETRAITE PAR LES RETRAITES
A travers bon nombre d'entretiens, les
retraités pensent que se retrouver en association est significatif pour
eux. En effet, c'est une occasion d'être ensemble avec des individus qui
partagent le même statut faire de nouvelle connaissance et d'assistance
mutuelle. Participer à la vie associative signifie pour eux l'union
autour d'un idéal commun, et se sentir vraiment retraité. En
effet, selon eux, cela est « bon » pour le moral du
retraité. On relève dans les entretiens les formules telles
que : « le problème, c'est de ne pas rester en
retrait. C'est une occasion de se retrouver et d'échanger avec les
autres. C'est positif. » Mme.O. « je discute
avec des gens, je fais de nouvelles rencontres » M.E. ;
« ce sont les retrouvailles. Cela m'a permis de
retrouver des amis d'enfance et on a le sentiment d'être toujours
jeune » Mme M.
Le milieu professionnel précisément
l'entreprise ou le service est un espace social où les individus passent
une grande partie de leur vie. C'est dire que le monde professionnel joue un
rôle très important dans la socialisation des individus.26(*) En effet, l'insertion
professionnelle assure une intégration sociale et une construction
identitaire des individus. Comme tel, l'insertion par le travail leurs permet
de tisser des liens sociaux très solides. Alors qu'avec le retrait de la
vie professionnel, les individus se désocialisent des groupes dans
lesquels ils étaient intégrés. Il y a donc une
déconstruction des liens sociaux et l'identité des individus qui
vont à la retraite. Pour éviter donc l'anomie et la
désintégration chez ces « néo
retraités » les retraités cherchent à
intégrer les associations afin de se re-socialiser. C'est ce qui donne
sens à la retraite à travers l'association de retraités.
La socialisation est un processus continuel le temps que dure la vie d'un
individu. Cela n'est donc pas lié à l'âge mais à
l'évolution et au changement social. L'association se substitue donc aux
groupes de référence du milieu professionnel car les pratiques
propres à l'association et aux organisations internes aux entreprises
présentent de grandes similitudes. Ce processus de reconstruction
à l'intérieur de son nouveau groupe de référence
s'opère par le biais des mécanismes de socialisation :
apprentissage les normes, les règles et les valeurs du groupe de
référence ; en un mot, intériorisation de
« des codes sociaux du groupe ». Dans ce groupe, les
retraités retissent d'autres liens sociaux et cherche à se
restructurer une nouvelle identité sociale. L'association
représente de ce fait pour les retraités un groupe de
référence par excellence où ils peuvent socialement
s'affirmer.
Au regard de ce qui précède, nous pouvons
retenir que la trajectoire socioprofessionnelle des retraités
détermine en partie leur comportement à la retraite. En
intégrant ces groupes, les retraités entendent reconstruire une
nouvelle identité sociale.
A travers ce chapitre, nous avions pu analyser les
mécanismes par lesquels les retraités se reconstruisent et par la
même occasion construisent le sens de la retraite. Cela nous nous a
permis de constater qu'il y avait une reproduction des habitus
socioprofessionnels dans cet espace. Aussi, avons-nous noté que
l'association produisait des biens symboliques et matériels aux
retraités c'est-à-dire les retombées de leur engagement
dans l'association. Il est donc certain que le regroupement des
retraités en association conditionne leur représentation de la
retraite.
CHAPITRE III : FABRICATION DES REPRESENTATIONS
SOCIALES ASSOCIEES A LA
RETRAITE
L'analyse de la manière dont les retraités se
représentent la retraite sera organisée en deux parties. Il
s'agira d'abord d'analyser les représentations des individus avant la
retraite (étant encore hors du champ de la retraite), puis, pendant la
retraite (en tant qu'acteur à part entière du champ de la
retraite). Cela nous permettra de saisir le sens du choix d'un modèle de
conduite des retraités à travers leur association.
III-1- FABRICATION DE REPRESENTATIONS SOCIALES AVANT
LA
RETRAITE
III-1-1-Au niveau idéologique et
symbolique
Les retraités avaient conscience de la retraite.
Ils l'ont envisagé comme une phase incontournable de la vie qu'il faut
nécessairement être capable d'assumer à tout point de vue.
Pour eux, il fallait donc se préparer économiquement,
psychologiquement pour pouvoir l'aborder d'autant plus que la
réalité de la retraite, c'est comment s'y prendre et être
capable d'assurer sa vieillesse. Mais, cela n'exclut pas la vision floue qui
suscite en eux des doutes et des craintes quant à la suite de ce qu'on
deviendra une fois à la retraite. Les retraités estiment
qu'à la retraite, ils perdent tous les avantages sociaux puisque un
travailleur salarié est toujours socialement admiré et
respecté. Il incarne socialement l'autonomie financière et la
responsabilité.
Les différentes perceptions plus ou moins
négatives de la retraite résident dans la définition
sociale de la retraite. En effet, il s'agit de comprendre comment la
société définit les retraités et fabrique des
inactifs, des incapables sous la base des stéréotypes et de
préjugés qu'elle s'identifie à une catégorie
d'individus pour la plupart avancé en âge.
En effet, la construction sociale de la retraite laisse
entrevoir des images de vieillesse d'incapacités physiques à
travailler et d'économiquement affaibli. Nous pensons que ce sont ces
images plus ou moins négatives qui suscitent des appréhensions et
des craintes chez les futurs retraités.
La déconstruction sociale de cette vision de la
retraite nous permet d'observer que la retraite ne rime pas forcément
avec :
- La dégénérescence physique ou
intellectuelle car le retraité peut être une personne
avancée en âge, avoir une parfaite santé mentale et
physique et mettre encore ses compétences au service de la
société ;
- Le repos car le retraité peut toujours se reconvertir
dans d'autres domaines afin d'accroître ses sources de revenu et
être indépendant de la pension de retraite ;
- L'âge limite requis (55 ans) puisque certaines
personnes se retrouvent en retraite avant d'atteindre le seuil des 55 ans.
Puis, il y a la retraite anticipée ou le départ volontaire
à la retraite, etc.
Ces perceptions négatives de la retraite sont
fondées sur le fait qu'elle contribue à la dévalorisation
sociale du travailleur. Cette dévalorisation se traduit par l'exclusion
du circuit de production, la déconstruction du statut social de
salarié et la perte des avantages sociaux liés à ce
statut. Du coup, le retraité est perçu comme
dépossédé de ses capacités économiques,
physiologiques, intellectuelles ; etc. qui le valorisaient dans le champ
professionnel. Cela est constaté dans les propos des retraités
interrogés : « À la retraite, on ne te
considère plus, on ne te prend plus au sérieux, on te
néglige. Dans mon cas, les gens couraient après moi pendant que
je travaillais, mais maintenant à peine qu'ils me saluent lorsqu'on se
rencontre » M. G. ; Pour M.B., « Le
problème, une fois à la retraite, on ne s'intéresse plus
à toi puisque tu ne produis plus ».
Les rapports sociaux qu'entretiennent les
retraités dans l'association sont inscrits dans le processus de
valorisation collective et symbolique de la retraite. C'est le cas de l'ARECO.
En effet, l'ARECO ne produit pas une économie pour l'entretien
individuel de ses membres. Elle produit surtout une idéologie
valorisante de la retraite dans l'intention de déconstruire ces
perceptions négatives.
III-1-2-Au niveau normatif et cognitif
Selon l'enquête, nous notons que ce sont les
individus qui s'informent eux-mêmes sur la retraite. Il n'y a pas de
séminaire d'information en direction des futurs retraités. A la
question de savoir si les employeurs interviennent dans la préparation
de la retraite des employés, les retraités pensent que
« rien n'est fait » hormis les cotisations pour la
prévoyance sociale. A l'ARECO, la plupart des retraités estime
avoir effectué des cotisations à titre personnel pour
l'acquisition d'un bien immobilier.
Nous pouvons dire qu'avant la retraite, les individus
expriment un besoin de reconnaissance sociale. Car, si le travail est un moyen
de réalisation de l'homme, il doit être également un moyen
de distinction sociale. C'est pourquoi, un retraité doit
« normalement » faire presque envie socialement. Toutefois,
il faut noter que les insatisfactions matérielles dépendent en
partie du traitement reçu au travail et des engagements ; des
responsabilités auxquelles l'individu doit faire face. Car,
derrière un salaire, il y a toute une communauté et la perte d'un
emploi est une porte ouverte à la déchéance sociale de
l'individu, de sa famille et même de sa communauté.
Retenons en résumé que les individus ont
surtout une vision floue de la retraite. La retraite est toujours perçue
comme le départ des soucis, mais comme une phase de la
dévalorisation sociale des travailleurs. Aussi faut-il noter que
l'environnement social en général dans lequel évoluent les
individus renforce les attitudes négatives face à la retraite.
Néanmoins, un manque d'information et de sensibilisation sur la retraite
dans le milieu professionnel génère toujours des
préjugés chez les futurs retraités.
III-2-FABRICATION DE REPRESENTATIONS SOCIALES PENDANT LA
RETRAITE
III-2-1-Au niveau idéologique et
symbolique
Pour les retraités de l'ARECO, la retraite
signifie le repos, la liberté de disposer de son temps, de pratiquer les
loisirs. C'est pour eux, un mérite de vivre sa retraite avec un bon
niveau de santé. Ils se sentent encore utiles à la
société. Dans bon nombre d'entretiens, nous relevons les formules
telles que : « Pour moi, la retraite c'est le
repos » Mme O ; Mme R : « La
retraite est un moment pour se reposer », etc.
Ici, les retraités se construisent comme ceux
qui ne sont pas soumis aux contraintes de la vie active, aux contraintes
liées à l'activité professionnelle à la retraite.
C'est de là que fait naît le sentiment de liberté pendant
la retraite. Les retraités créent des opportunités et
négocient à travers des groupes sociaux organisés une
nouvelle identité pour être socialement reconnus et se
reconstruire dans les loisirs. Aussi, pendant la retraite les individus
centralisent-ils leurs liens affectifs au niveau de la famille et du groupe
pair.
III-2-2-Au niveau normatif et cognitif
Il ressort de l'enquête que pendant la retraite,
la perception qu'ils avaient de la retraite comme liberté de disposer de
son temps n'a pas changée. Les retraités de l'ARECO s'estiment
satisfaits de leur carrière professionnelle et surtout s'épanouir
dans sa retraite. Par ailleurs, la majorité des personnes
interrogées pensent que pendant la retraite, rien n'est fait par
l'autorité, il y a peu de regard de l'Etat en direction des
retraités.
En guise d'analyse, nous disons que, la conception de
la retraite comme absence de contrainte est liée aux rapports sociaux de
production, de collaboration et de domination qu'ils entretenaient dans le
cadre de l'entreprise et du travail. En effet, pendant la retraite, les
retraités se représentent la retraite comme un moment où
ils ne sont plus soumis aux ordres et n'en donnent non plus. Les
représentations de la retraite comme liberté tirent donc son sens
dans cette manière de la concevoir. C'est aussi ne plus être
confronté aux contraintes horaires liées au travail ni au stress
lié à l'accomplissement d'une tâche professionnelle. Par
contre, l'engagement dans l'activité ou dans l'entreprise
libérale en dehors de l'espace associatif vise à combler le
manque de l'assistance de l'autorité et surtout à échapper
à la dépendance de la pension ou augmenter le niveau de revenu
pour une meilleure intégration sociale.
Pour nous résumer, disons que la fabrication de
représentations sociales par les retraités pendant la retraite
est liée à leur exclusion du circuit officiel de production et
des normes liées à l'activité professionnelle. Dans ce
sens, le retrait de la vie professionnelle fait donc naître le sentiment
d'une absence de domination ou de soumission et même de contrainte
sociale.27(*)
CONCLUSION
Au total, il convient de présenter le bilan de
notre réflexion. Mais avant, il est important de rappeler les objectifs
que nous nous sommes fixés au départ. En entreprenant d'effectuer
cette recherche sur la vie associative des retraités, nous nous sommes
questionnés de savoir ce que une association pourrait apporter de
nouveau aux retraités ou ce qu'ils produisent lorsqu'ils se regroupent
en association. En un mot, nous avons voulu savoir comment une association
peut-elle construire et donner un sens à la retraite. Cela nous a
conduit à étudier le processus social qui sous-tend
l'émergence des espaces de sociabilité chez les seniors, les
mécanismes qu'ils mettent en place dans cet espace pour changer leur
condition de vie.
Comme résultat, nous avons constaté que
l'association donne une autre vision à la retraite. Les retraités
et les néo retraités sont plus actifs que leurs
aînés. Nous constatons donc qu'il y a une révolution totale
et une dynamique qui s'opère aujourd'hui dans le champ de la retraite.
En effet, l'association des retraités se présente comme un
« amortisseur » des chocs que subissent les
retraités une fois qu'ils rompent avec le milieu professionnel mais
également comme une opportunité de se re-organiser. L'association
est un espace où ils viennent tremper les nuisances psychologiques
quotidiennes puis, puiser les ressources nécessaires pour un nouveau
départ. De ce fait, elle est pour eux un espace de restructuration des
liens sociaux coupés lors de leur retrait du champ professionnel. De ce
fait, l'ARECO devient donc un espace de reproduction des habitus
socioprofessionnels des retraités mais aussi un canal de
médiation entre les retraités et la société
globale. Elle donne de ce fait une visibilité sociale aux
retraités et restaure leur identité sociale par les
mécanismes de socialisation qu'elle met en place. En un mot, l'ARECO
donne une autre dimension à la retraite en créant les conditions
d'une retraite paisible pour une vieillesse réussie pour les
retraités vivant en milieu urbain.
Ces différents constats à l'issue de notre
recherche proviennent d'un processus d'enquête qualitative très
délicate qui a parfois ressemblé à une sorte de
« négociation invisible » entre les
enquêtés et nous. Les différentes techniques
d'enquêtes utilisées nous ont apporté de grandes
satisfactions au plan méthodologique. Cependant, nous émettons
des réserves quant aux résultats de cette recherche car nous ne
saurons prétendre saisir tous les contours de la vie associative des
retraités même si l'approche choisie s'inscrit plus dans une
vision phénoménologique (c'est-à-dire rechercher les
causes profondes, saisir l'essence et le sens du phénomène
étudié).
Pour finir, soulignons que nous nous sommes
intéressés à la vie associative des retraités
vivant en milieu urbain. Nous nous sommes rendus aussi compte qu'ils
créent ou recherchent des conditions pour une meilleure
intégration sociale dans le milieu urbain. Mais, est-ce le cas pour les
retraités qui font le choix de retourner au village quand nous
savons qu'autrefois la prise en charge des personnes âgées
revenait à la communauté, à la famille nucléaire ou
élargie. Alors ne serait-il pas intéressant d'orienter des
recherches futures en direction de ceux qui ne fréquentent pas les
associations ou ceux qui vivent en milieu rural à l'effet de
comparer leur degré d'intégration sociale à ceux des zones
urbaines?
REFERENCES BIBLIOGRAFIQUES
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Sociales et approche qualitative des organisations, Une introduction
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universitaire du Québec, Edition électronique, 2007
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ü BEAUD Michel, L'art de la thèse, Comment
préparer et rédiger un mémoire de Master, une
Thèse de Doctorat ou tout autre travail universitaire à
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ü BLANCHET Alain, GOTMAN Anne, L'enquête et ses
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ü WEBER Florence, BEAUD Stéphane, Guides de
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N'DA Paul, Méthodologie de la recherche de la
problématique à la discussion des résultats. Comment
réaliser une mémoire, une thèse en sciences sociales et en
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II- OUVRAGES GENERAUX
ü BOURDIEU Pierre, Le sens pratique, éd. de
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l'individualisme méthodologique » in 100 fiches pour
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ü LERAND Monique, Préretraite et vie associative,
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ü BIALY Laurent Mathieu, Politique nationale à
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maîtrise, IES, 2001.
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bien vieillir chez les retraités vivant en milieu urbain : cas des
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ü IBO Lebato Isaac, Etude de la condition socio
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ü KOUASSI Guillaume, Le régime de retraite en
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V- REVUES ET ARTICLES
ü DELPECH Bernard, « La solidarité
populaire abidjanaise en chiffres et en dires » in Abidjan au
coin de la rue : éléments de la vie citadine dans la
métropole ivoirienne, Cahier ORSTOM série sciences humaines
vol.19, n° 4, pp551-566, 1983.
ü DUBAR Claude, La socialisation : construction des
identités professionnelles et sociales, Armand Collins, Paris,
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ü LEGRAND Monique, « Pré-retraite et vie
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social, n°95, 1988.
ü CGRAE ; la nouvelle CGRAE et le
retraité du troisième millénaire, Séminaire
CGRAE, Yamoussoukro 6et 7 Mai 19999
VI- DICTIONNAIRES
ü AKOUN André, ANSART Pierre, (s.d.)
Dictionnaire de sociologie, col. Le Robert Seuil, Paris, 2000.
ü BOUDON Raymond, BOURRICAUD François,
Dictionnaire critique de la sociologie, PUF-Quadrige,
Paris, 2002.
TABLE DES MATIÈRES
DEDICACES III
REMERCIEMENTS IV
LISTE DES ACRONYMES V
INTRODUCTION 6
PREMIERE PARTIE CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE 8
CHAPITRE 1 : CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE 9
I-1- JUSTIFICATION DU CHOIX DU THEME 9
I- 2- PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESE DE RECHERCHE 11
I-2-1- Problématique 11
I-2-2- Hypothèse de recherche 17
I-3- Définitions opérationnelles des concepts 17
I-3-1- La vie associative 18
I-3-2- Le lien social 19
I-3-3- L'identité sociale 20
I-4- REVUE DE LA LITTERATURE 22
I-4-1- Approches sociologiques de la retraite 22
I-4-2- Quelques théories sociologiques de la
retraite 23
I-4-3- L'action politique en faveur des
retraités 27
I-4-4- La vie sociale des retraités 29
I-5- LES OBJECTIFS DE L'ETUDE 31
I-5-1- L'objectif général 31
I-5-2- Les objectifs spécifiques 31
I-6-LE MODELE D'ANALYSE 31
I-6-1- L'individualisme méthodologique 31
I-6- 2- L'apport de la théorie de l'habitus de
Pierre Bourdieu 33
CHAPITRE II : CADRE METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE 34
I1-1- DELIMITATION DU CHAMP DE L'ETUDE 34
II-1-1- Champ géographique 34
II-1-2- Champ social 35
II-1-3- Champ sociologique 35
II-2- LES INSTRUMENTS DE COLLECTE DES DONNEES 36
II-2-1- La recherche documentaire 36
II-2-2- Le guide d'entretien 36
II-2-2-1- Les entretiens 37
II-2-3- L'observation directe du terrain 39
II-3-LES TECHNIQUES DE TRAITEMENT DES DONNEES 39
II-3-1-le dépouillement 39
II-3-2-l'analyse de contenu 40
II-4-LES CONDITIONS SOCIALES DE L'ENQUETE ....40
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DES CADRES DE L'ETUDE 42
CHAPITRE I : LA CNPS ET LA GESTION DES RETRAITES DU PRIVE
43
CHAPITRE II : LA CGRAE ET GESTION DES FONCTIONNAIRES
RETRAITES 47
CHAPITRE III : PRESENTATION DE L'ARECO 52
TROISIEME PARTIE : ANALYSE ET INTERPRETATION DES DONNEES
56
CHAPITRE I : LOGIQUES DE PRODUCTION DES ASSOCIATIONS
DE RETRAITES 58
I-1-L'ESPACE ASSOCIATIF COMME ESPACE FICTIF DE LIENS
SOCIOPROFESSIONNELS POUR LES RETRAITES 58
I-2-PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT DES RAPPORTS ASSOCIATIFS A
L'ARECO 62
I-3-COTISER ...POUR RECEVOIR « GRATUITEMENT »
66
I-4-UN DEPLOIEMENT INSTITUTIONNEL IMPORTANT POUR
UNE «
RETRAITE DE MISERE » 68
CHAPITRE II : LES MECANISMES DE RECONSTRUCTION
DES RETRAITES DANS L'ARECO 72
II-1-UNE REPRODUCTION DES HABITUS SOCIOPROFESSIONNELS DANS
L'ESPACE ASSOCIATIF 72
II-2-LA NATURE DES GAINS PROCURES PAR L'ASSOCIATION 74
II-3-L'ESPACE ASSOCIATIF ET LA CONSTRUCTION DU SENS DE LA
RETRAITE PAR LES RETRAITES 77
CHAPITRE III : FABRICATION DES REPRESENTATIONS SOCIALES
ASSOCIEES A LA RETRAITE 79
III-1-FABRICATION DE REPRESENTATIONS SOCIALES AVANT LA RETRAITE
79
III-1-1-Au niveau idéologique et
symbolique 79
III-1-2-Au niveau normatif et cognitif 81
III-2-FABRICATION DE REPRESENTATIONS SOCIALES PENDANT LA
RETRAITE 82
III-2-1Au niveau idéologique et
symbolique 82
III-2-2-Au niveau normatif et cognitif 82
CONCLUSION 84
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 86
ANNEXE 93
ANNEXES
ANNEXE 1
GUIDE D'ENTRETIEN ADDRESSE AUX MEMBRES DE L'ARECO
SECTION 1 : LOGIQUE DE PRODUCTION DES
ASSOCIATIONS
DE RETRAITES
1- Logique sociale
1. Comment êtes-vous devenu(e) membre de
l'ARECO ?
2. Qu'est ce qui vous a motivé à
adhérer à cette association de retraités ?
3. Etiez-vous membre d'une association lors de
votre vie professionnelle ?
4. Qu'est-ce que cette association faisait pour
vous ? Et avec l'ARECO ?
5. Est-ce qu'il y a une continuité
actuellement ? Pourquoi ?
6. Quel était votre statut dans cette
association ? Et à l'ARECO ?
2- Logique idéologique
1. A quoi sert une association d'une manière
générale selon vous ?
2. Et une association comme la vôtre qu'est-ce qu'elle
représente pour vous ?
3. Sans l'association, à quoi ressemblerait votre vie
de retraité ?
4. Avant votre mise en retraite, quel regard portez-vous sur
la retraite ?
5. Quels étaient vos soucis majeurs dans votre passage
à la retraite ?
6. De quoi parlez-vous lorsque vous vous retrouvez en
association ?
3- Logique économique
1. Est-ce que l'association paye des taxes à la
mairie ? Pourquoi ?
2. Comment l'association parvient-elle à se prendre en
charge ?
3. Est-ce l'association assiste vous assiste-elle
financièrement lorsque vous la solliciter ?
4. Est-ce que la pension est-elle un critère essentiel
d'adhésion à l'association ? Pourquoi ?
4- Logique institutionnelle
1- Est-ce que l'association entretient-elle des relations avec
les structures chargées de
gérer la retraite en Côte d'Ivoire
2- Selon vous, pourquoi l'association tisse-t-elle des
relations avec ces structures ?
1- Sur quoi portent les rapports de l'association avec ces
structures ?
2- Etes-vous satisfait des prestations offertes par ces
organismes en charge de gérer la retraite ?
3- Que leur reprochez-vous dans leur manière de
gérer les retraités ?
4- Qu'est-ce que vous ne bénéficiez pas dans
cette politique de l'Etat en matière de retraité ?
SECTION 2 : MECANISMES DE
RE-CONSTRUCTION DES RETRAITES
DANS L'ARECO
1-Au niveau économique
1. Selon vous à quoi servent les cotisations
effectuées dans l'espace associatif ?
2. En quoi est-ce que ces cotisations sont utiles pour votre
association ?
3. En quoi est-ce que l'assistance financière de la
municipalité est-elle utile pour votre association ?
4. Pourquoi la mairie participe au financement de votre
association selon vous ?
2-Au niveau socioculturel
1- Quelles sont les activités organisées par
l'ARECO ?
2-Parmi ces activités lesquelles
préférez-vous ? Pourquoi ?
5- Que faites-vous d'autres dans l'association lorsque vous ne
participez pas aux activités organisées ?
6- Aimez-vous les loisirs ? Pourquoi ? et en
retraite, qu'est-ce cela vous apporte ?
7- Selon vous, dans quelle intention est-ce que l'association
organise t-elle des activités
3- Au niveau symbolique
1. Quel sens les cotisations prennent-elles pour
vous ?
2. Depuis que vous fréquenter l'ARECO, qu'est-ce qui a
réellement changé, dans votre vie de retraité ?
3. Quel sens cela a pour vous le fait de vous retrouver dans
cet environnement social ?
4. Quel sens prend-t-il pour votre l'investissement des
retraités dans une association de retraité?
SECTION 3 : FABRICATIONS DES REPRESENTATIONS
SOCIALES
ASSOCIEES A LA RETRAITE
Avant la retraite
1. Au niveau idéologique
1. Que représentait pour vous, la retraite lorsque vous
étiez encore en fonction ?
2. Comment votre milieu professionnel interprétait-il
la retraite ?
3. Que vous conseilliez vos devanciers à la
retraite ?
4. Y Avait-il auparavant une politique de préparation
à la retraite dans votre service ?
5. Si oui, avez-vous pris connaissance du contenu de cette
politique ? Pourquoi
6. Quel était l'objectif de cette politique ?
7. Comment l'avez-vous accueillie en tant que
travailleur ?
2. Au niveau symbolique
1. Dites-moi quelqu'un qui travaille (profession
rémunérée), Comment est-il socialement
perçue ?
2. Et lorsque cette personne part à la retraite, est-ce
la même image qu'elle conserve socialement ? si oui, pourquoi ?
Si non, quelles sont les alors les raisons ?
3. A quoi devrait ressembler la vie d'un travailleur qui est
appelé à la retraite ?
4. Est-ce que la réalité de la retraite confirme
t-elle cela ? Pourquoi ?
3-Au niveau normatif
1- Qu'est-ce que votre service a fait pour préparer
votre retraite ?
2-Selon vous, est-ce que votre service devrait-il s'investir
dans la préparation votre retraite ?
3-Si oui, qu'est ce que le service devrait concrètement
faire pour vous en tant qu'employé hormis les cotisations qu'il verse
pour la prévoyance sociale et la retraite ?
4. Au niveau cognitif
1. Etant encore travailleur, pensiez-vous en ce
moment-là à la retraite ?
2. Qu'est-ce qu'il était entrepris par vous dans le
sens de la réparation à la retraite ?
Pendant la retraite
1. Au niveau idéologique
1. Comment se passe t-elle la vie quotidienne à la
retraite ?
2. Qu'est-ce qui a réellement changé par rapport
à la vie professionnelle ?
3. votre perception de la retraite a-t-elle changé ou
demeure t-elle encore la même ?
4. Les activités effectuées en association
ont-elles un lien avec celles pratiquées durant votre vie
professionnelle ?
5. Selon vous comment votre environnement Immédiat
interprète-t-il votre engagement du retraité en association?
6. Que pensez-vous vous d'un retraité inactif?
2. Au niveau symbolique
1. Actuellement quel sens accordé-vous à la vie
à la retraite ?
2. Vous sentez-vous encore utile pour la
société ? Comment ?
3. Au niveau normatif
1. Concrètement qu'est-ce que les structures de
prévoyance sociale font-elles pour vous à part payer la
pension ?
2. Qu'est-ce quelles devraient faire pour mettre le
retraité à l'aise ?
3. Est-ce que les aides de la mairie comblent-elles les
manques des caisses de retraite ?
4. Au niveau cognitif
1. Est-ce que vous regrettez la retraite ?
2. Qu'est-ce qui vous satisfaites dans votre retraite
actuellement ?
3. Eprouvez-vous encore le désir de travailler ?
Pourquoi ?
4. Y a- t-il une satisfaction ou un regret de votre
carrière professionnelle ? pourquoi ?
5. S'il y a une satisfaction, alors qu'est-ce qui explique
votre engagement dans une association avec tant de dévouement ?
ANNEXE 2
TRANSCRIPTION D'ENTRETIEN
Nom : Mme O. Date : le 07 Avril
2008
Age : 54 ans Durée : 1h 30
mn
Profession : Educatrice à la retraite
Statut : Retraitée depuis 2005
- Comment êtes-vous devenu(e) membre de
l'ARECO ?
Par le biais de mon mari qui était déjà
membre. Je partais l'accompagner de temps en temps. Et quand je suis
allée à la retraite, j'ai adhéré.
- Qu'est ce qui vous a motivé à
adhérer à cette association de
retraités ?
A la retraite, on est retiré de tout le monde et c'est
à cause de la solidarité qui règne dans l'association, il
y aussi les objectifs de l'association qui m'ont attirés :
l'entraide, la solidarité, être en communion, etc.
- Etiez-vous membre d'une association lors de votre
vie professionnelle ?
Je faisais partie de l'association du lycée où
je travaillais. Je fais partie du groupement de ma confession religieuse.
- Qu'est-ce que cette association faisait pour vous ?
Et avec l'ARECO ?
A mon départ du lycée, on m'a fait des cadeaux
et organisé une fête. Cela m'a permis de voir comment on
élève les poulets, il y avait des sorties où on
débattait des thèmes, ça réveille en vous l'esprit
de solidarité, quand il y avait la joie et le malheur tout le monde
était présent ! C'est un peu pareil avec l'ARECO. J'ai donc
acquis cette culture en moi
- Est-ce qu'il y a une continuité
actuellement ? Pourquoi ?
C'est pour conserver la continuité que j'ai même
adhérée à l'ARECO. C'est pareil.
- Quel était votre statut dans cette
association ? Et à l'ARECO ?
J'étais dans l'organisation plus
précisément dans la vente. Je suis également dans
l'organisation de l'ARECO.
- A quoi sert une association d'une manière
générale selon vous ?
C'est pour combler un vide, pour se faire plaisir, pour ne pas
rester inactif
- Et une association comme la vôtre qu'est-ce
qu'elle représente pour vous ?
Je retrouve du plaisir, ça m'a fait connaître
beaucoup de personnes et découvrir leur mentalité et me faire
connaître également.
- Sans l'association, à quoi ressemblerait
votre vie de retraité ? Sans l'association, je m'occupe de
mes petits enfants, étant en retraite, je peux me reposer et ne pas
avoir à faire à d'autres chose ; et penser à
réaliser d'autres projets pour lutter contrer l'inactivité
- Avant votre mise en retraite, quel regard
portez-vous sur la retraite ?
C'est très important d'être en relation avec le
service qu'on a quitté. J'ai vue des retraités se lamenter, mais
quand tu l'as préparée, il n'y a pas de problème et on n'a
pas peur de l'affronter. Pour mon cas, j'ai économisé et bien
préparer ma retraite
- Quels étaient vos soucis majeurs dans votre
passage à la retraite ?
Mon souci, c'était comment déménager
à cause de mes affaires
- De quoi parlez-vous lorsque vous vous retrouvez en
association ?
On parle de tout ; de nos anciens collègues, on
parle des projets pour l'association et de la vie quotidienne et de ce que
l'association peut nous apporter.
- Est-ce que l'association paye des taxes à la
mairie ? Pourquoi ?
Non, parce que c'est une association reconnue par la
municipalité.
- Comment l'association parvient-elle à se
prendre en charge ?
Par les cotisations de ses membres et aussi les aides et les
dons par-ci, par là.
- Est-ce l'association assiste vous assiste-elle
financièrement lorsque vous la solliciter ?
Dans le statut, on n'assiste pas quelqu'un qui a les
difficultés financières sauf en cas de décès ou de
mariage.
- Est-ce que la pension est-elle un critère
essentiel d'adhésion à l'association ?
- Pour être membre, il faut être fonctionnaire ou
travailleur retraité et payer régulièrement ses
cotisations.
- Est-ce que l'association entretient-elle des
relations avec les structures chargées de gérer la retraite en
côte d'ivoire ?
Oui, on s'est fait connaître par ces structures. Quand
on organise les activités, on demande leur appui financier ou
matériel, surtout la CNPS.
- Selon vous, pourquoi l'association tisse-t-elle des
relations avec ces structures ?
Ce sont les structures des retraités.
- Etes-vous satisfait des prestations offertes par ces
organismes en charge de gérer la retraite ?
Oui et Non, moi c'est quand on fait les virements. Dans mon
cas, les virements se font à partir du 6. C'est un retard !
- Que leur reprochez-vous dans leur manière de
gérer les retraités ?
C'est lorsqu'on nous prélève les impôts
sur le revenu qu'on a payé depuis qu'on travaillait et en retraite cela
se fait encore. Et cela fait partie des préoccupations de l'ARECO.
- Qu'est-ce que vous ne bénéficiez pas
dans cette politique de l'Etat en matière de
retraité ?
Il n'y a pas de reconnaissance après le service. Il n'y
a pas d'endroit pour les retraités. Pas de décoration pour avoir
servi. Les retraités n'intéressent personne. Ils ne sont pas
considérés en quelque sorte.
- Selon vous à quoi servent les cotisations
effectuées dans l'espace associatif ?
Ça sert à financer nos activités, nos
sorties, nos conférences. L'entraide lorsqu'il y a un
décès ou un mariage.
- En quoi est-ce que ces cotisations sont utiles pour
votre association ?
Ça nous arrange quand tu perds quelqu'un, on t'assiste
financièrement. C'est quelque chose.
- En quoi est-ce que l'assistance financière de
la municipalité est-elle utile pour votre association ?
La mairie nous aide beaucoup. Par ex, les journées
médicales sont organisées chaque année par la mairie et
ça nous soulage beaucoup. Tu fais ton bilan de santé.
- Pourquoi la mairie participe au financement de votre
association selon vous ?
C'est pour nous aider ; nous les retraités.
- Quelles sont les activités organisées
par l'ARECO ?
Ce sont les journées médicales, les sorties
détentes, les conférences. Il y a même une nuit des
retraités qui est en projet actuellement.
- Parmi ces activités lesquelles
préférez-vous ? Pourquoi ?
Je préfère les sorties détentes car
j'aime beaucoup voyager. Ça nous permet de découvrir beaucoup de
choses.
- Que faites-vous d'autres dans l'association lorsque
vous ne participez pas aux activités
organisées ?
- -Je milite dans d'autres associations communautaires
religieuses. Je m'occupe de mes petits enfants et je fais un petit commerce.
- Aimez-vous les loisirs ? Pourquoi ? et en
retraite, qu'est-ce cela vous apporte ?
Ça me fait revivre. Ça me fait plaisir.
- Selon vous, dans quelle intention est-ce que
l'association organise t-elle des activités
A l'ARECO, ils ont beaucoup d'idées. Chaque
retraité trouve son plaisir dans les différentes activités
organisées. Il y a aussi les problèmes financiers qui
empêchent beaucoup d'effectuer les sorties détentes.
- Depuis que vous fréquenter l'ARECO, qu'est-ce
qui a réellement changé dans votre vie de
retraité ?
C'est une continuité pour moi. Pas grand changement.
- Quel sens cela a pour vous le fait de vous retrouver
dans cet environnement social ?
C'est de ne pas rester en retrait, de se retrouver et
d'échanger avec les autres retraités comme moi. C'est vraiment
positif.
- Quel sens prend-t-il pour votre l'investissement des
retraités dans une association de
- retraité?
C'est une continuité car être retraité, ce
n'est pas une fin en soi, c'est un changement en dehors des contraintes
liées au service.
- Que représentait pour vous, la retraite
lorsque vous étiez encore en fonction ?
La retraite représentait pour moi le repos et affronter
une autre vie.
- Comment votre milieu professionnel
interprétait-il la retraite ?
- -Ce n'était pas tout le monde qui appréciait
la retraite.
- Que vous conseilliez vos devanciers à la
retraite ?
Oui, c'est mon mari. Il m'a conseillé de
préparer la retraite en économisant pour ne pas être
stressée. Il faut savoir se préparer moralement et
financièrement.
- Y Avait-il auparavant une politique de
préparation à la retraite dans votre service ?
Oui, il y avait un conférencier qui nous a entretenus
sur la retraite.
- Comment l'avez-vous accueillie en tant que
travailleur ?
C'était une occasion pour nous de nous faire une
idée. Et pour mieux la préparer.
- Dites-moi quelqu'un qui travaille (profession
rémunérée), Comment est-il socialement
perçu ?
C'est un soutien pour la famille ; il est bien vu et
c'est une satisfaction pour les parents
- Et lorsque cette personne part à la retraite,
est-ce la même image qu'elle conserve socialement ? si oui,
pourquoi ? Si non, quelles sont les alors les raisons ?
Ce n'est pas évident d'avoir la même image. Tu
t'appartiens à toi-même.
- A quoi devrait ressembler la vie d'un travailleur
qui est appelé à la retraite ?
Une vie radieuse, un petit toit, un bien-être social.
- Est-ce que la réalité de la retraite
confirme t-elle cela ? Pourquoi ?
Ici en Côte d'Ivoire, le retraité n'est rien. Il
n'est pas bien vu. Il est dans l'oubli.
- Qu'est-ce que votre service a fait pour
préparer votre retraite ?
Rien, non rien. Le service ne fait rien. Pour les employeurs,
la retraite est une question individuelle.
- Selon vous, est-ce que votre service devrait-il
s'investir dans la préparation votre retraite ?
Que le service organise une causerie-débat pour
tranquilliser tout le monde, les futurs retraités.
- Si oui, qu'est ce que le service devrait
concrètement faire pour vous en tant qu'employé hormis les
cotisations qu'il verse pour la prévoyance sociale et la
retraite ?
Je ne vois pas ce que le service devrait faire. C'est l'Etat
qui doit faire de sorte que le retraité soit payé à temps.
Le pouvoir d'achat est faible. Cela fait que le fonctionnaire ne peut pas
économiser.
- Etant encore travailleur, pensiez-vous en ce
moment-là à la retraite ?
Oui, c'était en fonction de la retraite que
j'épargnais.
- Qu'est-ce qu'il était entrepris par vous dans
le sens de la réparation à la retraite ?
J'ai fais une épargne. En plus de l'épargne, je
ne pouvais rien réaliser.
- Y a- t-il une satisfaction ou un regret de votre
carrière professionnelle ? Pourquoi ?
Oui, il y a eu satisfaction. J'ai exercé la fonction
que je désirais parce que j'aime beaucoup l'éducation. Le seul
regret, c'est que j'ai bien travaillé alors que je n'ai pas
été décorée
- Comment se passe t-elle la vie quotidienne à
la retraite ?
Pour les femmes c'est facile. On fait le ménage pour ne
pas s'ennuyer. On s'occupe des petits enfants.
- Qu'est-ce qui a réellement changé par
rapport à la vie professionnelle ?
Je m'occupe mieux de ma maison. Plus de contrainte d'aller au
travail, le temps est pour toi.
- Votre perception de la retraite a-t-elle
changé ou demeure t-elle encore la même ?
Ce n'est pas la même façon de voir. Au
début, on craint sans avoir peur. La question qu'est-ce que je vais
devenir ou faire maintenant, j'organise mieux mon temps et cela fait passer la
crainte.
- Les activités effectuées en
association ont-elles un lien avec celles pratiquées durant votre vie
professionnelle ?
Oui, je pratique les loisirs comme je le veux.
- Selon vous comment votre environnement
Immédiat interprète-t-il votre engagement du retraité en
association?
Tout le monde apprécie. Il trouve que je suis
dévouée.
- Que pensez-vous vous d'un retraité
inactif?
Un retraité inactif, il se meurt à petit feu.
C'est pourquoi quand l'association a été créée, on
a vu des retraités venir avec des cannes. L'association fait revivre.
- Actuellement quel sens accordé-vous à
la vie à la retraite ?
Je trouve que c'est une grâce d'aller à la
retraite bien portant et d'occuper son temps comme on veut. La grâce dit
tout déjà. On ne peut pas travailler éternellement aussi.
C'est une fierté d'aller à la retraite.
- Vous sentez-vous encore utile pour la
société ? Comment ?
Je suis très utile encore pour la
société. S'il y avait une maison de retraite, on n'allait pas
mourir si tôt après la retraite. Pour moi, créer un
internat de jeunes filles pour qu'on puisse donner encore de
l'éducation ; c'est mon projet ça !
- Concrètement qu'est-ce que les structures de
prévoyance sociale font-elles pour vous à part payer la
pension ?
Rien. C'est seulement la pension.
- Qu'est-ce quelles devraient faire pour mettre le
retraité à l'aise ?
Il faut qu'elles organisent des séminaires pour
entretenir les gens sur la retraite.
- Est-ce que les aides de la mairie comblent-elles les
manques des caisses de retraite ?
Non, la mairie a la volonté d'aider les
retraités en créant la maison des retraités de Cocody.
- Est-ce que vous regrettez la
retraite ?
Je ne regrette pas la retraite. J'aime avoir mon temps.
- Qu'est-ce qui vous satisfaites dans votre retraite
actuellement ?
C'est une satisfaction quotidienne quand tu as des enfants qui
travaillent et qui t'assistent financièrement, c'est aussi une
satisfaction. Ce qui fatigue dans la retraite, c'est le manque de moyen
financier.
- Eprouvez-vous encore le désir de
travailler ? Pourquoi ?
Je veux un travail libéral, sans crainte. A temps
partiel.
* 1 On enregistre entre 2000 et
2006, des totaux de 19716 départs à la retraite soit 5 à
6000 départs par an selon les chiffres de la Sous-Direction des pensions
civiles du Ministère de la Fonction Publique et de la Réforme
Administrative.
* 2 Ce nouveau régime a
vu le jour à l'issu du séminaire la CGRAE qui s'est tenu
à Yamoussoukro, le 6 et 7 Mai 1999. (cf. CGRAE, La Nouvelle CGRAE et
les Retraités du 3ème millénaire,
Séminaire CGRAE, Yamoussoukro 6 et 7 Mai 1999.
* 3 Extrait du Rapport de la
Banque Mondiale lors du séminaire CGRAE à Yamoussoukro
* 4 Anne-Marie Guillemard,
La retraite une mort sociale? Sociologie des conduites en situation de
retraite, Mouton, Paris, 1972.
* 5 Barthélemy Martine,
Association : un nouvel âge de la participation, Presse de
sciences politiques, Paris, 2000
* 6 Extrait de l'étude du
Conseil Economique et Social de France publié en 1993.
* 7 Jacques Ion,
« Association » in Dictionnaire de Sociologie, Le
Robert-Seuil, Paris, 2000, P.40.
* 8 Akoun André,
« op. cit. ». p.307.
* 9 Emile Durkheim (1893),
De la division du travail social, PUF-Quadrige, Paris, 1991. Dans cet
ouvrage l'auteur expose une théorie de différenciation des
sociétés. Selon lui, la division du travail social produit la
solidarité, crée entre les hommes tout un système de droit
et de devoirs qui lient les uns aux autres d'une manière durable.
* 10 Claude Dubar, La
socialisation, Armand Colin, Paris, 2000, p.11
* 11 Idem, la
socialisation. construction des identités sociales et
professionnelles, Armand Colin, 2ème édition
revue, 3ème tirage, 1998, p.16.
* 12 E. Cumming et w. Henry,
« Nouvelles réflexions sur la théorie du
désengagement », Revue internationale des
sciences sociales, n°15 p.393-412
* 13 A-M Guillemard et R.
Lenoir, Retraite et échange social, Paris, C.E.M.S.,
cité par Jean-Serge Lauzon, chargé de cour en gérontologie
sociale, http ://www.erudit.org/revue/
* 14 David Unruh,
Invisible Lives. Social worlds of the aged, Sage, Beverly Hills, 1983.
Taduit de l'anglais par le logiciel de traduction SYSTRAN. C'est dans un
travail fonde sur une série d'entretiens approfondis avec des personnes
âgées de 62 à 85 ans. L'auteur se propose de s'interroger
sur l'intégration sociale des personnes âgées en ne se
focalisant pas sur les formes classiques d'intégration, dans les
associations au sien des familles ou des groupes informels mais décide
plutôt de privilégier les engagements dans « les mondes
sociaux ».
* 15 Serge Clément et
al. « Vieillesse ou vieille ment ? Les processus d'organisation
des mode de vie chez les personnes âgées », Les
cahiers de la recherche sur le travail social, n°15, pp.11-31.
* 16 R. Boudon, F. Bourricaud,
dictionnaire critique de sociologie, PUF -Quadrige, 1982
* 17 P. Bourdieu, le sens
pratique, Paris, Ed. Minuit, 1980, pp 88-89
* 18 Ce vocable est
emprunté à Stéphane Beaud et Florence Weber.
L'interconnaissance selon l'auteur « désigne le fait que des
personnes se connaissent mutuellement de vue, de nom, d'expérience.
Chaque personne est au centre d'une étoile
d'interconnaissance...l'interconnaissance désigne une relation
interpersonnelle. L'interconnaissance suppose l'existence d'interactions
personnelles répétées. » Guide de
l'enquête de terrain, La découverte, 2006. cf.
l'encadré P.40
* 19 Aktouf Oumar,
Méthodologie des sciences sociales et approche qualitative des
organisations. Une introduction à la démarche classique et une
critique, p.144, version électronique, 2007. Site web :
http://classiques.uqac.ca/
* 20 Ce nouveau régime a
été institué par la CGRAE à l'issue des travaux du
séminaire qui a eu lieu Mai 1999 à Yamoussoukro.
* 21 Cf. Les statuts de
l'association en annexe pour plus de détails.
* 22 Les statuts de
l'association en annexe donnent plus de détails sur les
différents organes de l'association .
* 23 Pierre Ansart,
« Idéologie » in Dictionnaire de
sociologie, Le robert Seuil ; Paris, 2000, p.268.
* 24 Claude Dubar, op. Cit.
p.17.
* 25 Ces 2variantes de la
retraite que nous utilisons dans notre étude fait partie de la typologie
des retraites identifiées par Anne-Marie Guillemard (1972), op. Cit.
L'auteur a l'issue d'une étude quantitative et qualitative
effectuée en 1968 dressé cinq (5) types de retraite à
savoir la retraite-retrait, la retraite-participation ; la
retraite-revendication, la retraite-loisirs et la retraite-famille et enfin la
retraite-troisième âge.
* 26 Nous ne voulons pas dire
que le milieu professionnel est le seul espace de socialisation des individus
car en dehors de l'espace professionnel, il y a des instances telles que le
système scolaire, la famille, etc....
* 27 La contrainte sociale
ici doit être entendue comme l'obligation morale qu'a un travailleur
salarié de venir en aide ou d'assister financièrement un proche.
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