WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les évolutions récentes du constitutionnalisme en RDC

( Télécharger le fichier original )
par Vievient MANANGOU
Université de Cergy-pontoise - Master 2 de droit public option transformation de l'Etat 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Section 2 : LA MISE EN PLACE D'UN VERITABLE PROCES

CONSTITUTIONNEL

A l'instar d'autres juridictions constitutionnelles, la cour constitutionnelle est dotée de nombreuses compétences d'attributions. Tout ne relève pas de sa fonction juridictionnelle. Celle- ci représente cependant l'essentiel de son activité.

Si parler de procès constitutionnel à propos du conseil constitutionnel français avait étonné, tellement le conseil constitutionnel avait été l'objet de critiques, notamment eu égard à la procédure suivie devant lui168. La question ne pourrait se poser pour la cour constitutionnelle congolaise qui dispose de véritable compétence d'une cour. C'est notamment le cas, lorsqu'elle exerce cette compétence relative à la responsabilité pénale du président de la république et du premier ministre.

Mais pour autant, il convient de se poser la question de savoir ce qu'est un procès avant de voir quel élément peut nous permet de dire que la proposition de LO, organise un véritable procès constitutionnel.

Le procès est traditionnellement présenté comme une instance ouverte devant une juridiction. Se pencher sur la notion de procès conduit inéluctablement à s'interroger sur les critères de l'acte juridictionnel, émanant d'un organe statuant en la forme juridictionnelle169.

Ainsi, en RDC, le procès sera organisé devant un organe: la cour constitutionnelle avec un
acteur essentiel, qui est le juge constitutionnel (1). Toutefois, le procès constitutionnel est-il un

procès comme tous les autres (2), organisé selon les règles du droit privé ?

Telles sont les deux points que nous aborderons dans cette section finale.

Paragraphe 1 : Le juge constitutionnel, acteur d'un procès assez

original

Ayant déjà évoqué l'ouverture du droit à la saisine, ce paragraphe sera consacré d'une part à la recevabilité de la saisine (A) et d'autre part à la procédure et au traitement de cette saisine (B).

A) La recevabilité de la saisine par la cour constitutionnelle

L'introduction d'un recours devant la cour constitutionnelle est facilitée à bien des égards : D'abord, le requérants n'est astreint à aucun droit de timbre, même si aucun article ne spécifie la gratuité du timbre, mais c'est déjà le cas pour les autres juridictions.

Ensuite, la représentation d'un avocat n'est pas obligatoire, mais en vertu de l'article 35 , al, 1er LO , les parties peuvent être représentées ou assistées de leurs avocats. Il s'agit d'une possibilité que la LO laisse au choix des parties.

Par ailleurs, tous les courriers sont enregistrés par ordre une fois déposé au greffe, suivant la date de réception et les donnent un numéro d'ordre. Ils sont ensuite transmis par le greffier à toutes les parties concernées pour les conclusions.

Un délai de quinze jours est prévu entre la transmission des conclusions et la communication au ministère public pour avis, qu'il doit aussi rendre dans un délai de quinze jours. Avant qu'il soit présenté au président de la cour (Art. 36, al 2 LO).

Aucune disposition légale n'interdit que des moyens nouveaux puissent être soulevés au cours d'une procédure. L'essentiel est que la cour soit, en tout état de cause, saisie avant que le recours ne soit examiné en audience plénière.

En outre, la proposition de LO prévoit des modalités de rejet pour irrecevabilité qui sont de trois
espèces: en premier lieu , lorsque le recours est manifestement irrecevable ; en second lieu , si
le recours est infondé ; enfin , si la cause ne relève pas , de façon évidente , de la compétence de

la cour .(Art.36,al,3 LO) .

De ce trois cas, seul le troisième paraît concret, puisqu'il est aisé de rejeter une requête soumise à la cour pour engager la responsabilité d'un parlementaire alors que cela relève de la compétence de la cour de cassation.

Pour les deux autres cas, la question est plus difficile, comment définir concrètement un recours infondé ? Les trois cas ne sont ils pas associables au fond ?

Pour statuer sur la recevabilité d'un recours, le président communique et réunis la chambre restreinte pour examen, mais seulement lorsque qu'il estime que le recours est susceptible d'être classé dans l'un ou l'autre cas de rejet de recevabilité.

La décision de la chambre restreinte statuant sur la recevabilité est susceptible d'aucun recours. En effet, les décisions de la cour ne sont susceptibles d'aucun recours en vertu de l'article 42, al, 2 LO.

Enfin, la cour statue toujours en assemblée plénière, et pour délibérer valablement, la présence de tous ses membres est exigée. Toutefois, l'article 41, al 1 LO, pose une limite à cette exigence. En effet, elle admet que la cour puisse siéger et délibérer en cas d'empêchement temporaire dument constaté de deux de ses membres. Ce qui ramène le nombre à sept. Au bénin, il faut au moins la présence de cinq membres pour que la cour délibère valablement 170.

Lorsque la cour est saisie d'une requête, âpres avis du ministère public, le dossier est confié à un rapporteur désigné par le président (Art. 38, al ,1er LO) .Le rapporteur procède à l'instruction de l'affaire en vue d'un rapport écris à soumettre à la cour (Art 38, al 2 LO).

Sans être l'objet d'une procédure définie au préalable, l'attribution des dossiers aux rapporteurs par le président est faite de façon à ne pas surcharger les uns par rapport aux autres 171 . Et chaque juge constitutionnel, quelque soit sa spécialité, est en mesure de participer pleinement aux travaux de la cour.

170 Art. 19 du règlement intérieur de la cour constitutionnelle Béninoise.

171 G. ILOKI. » le rôle du rapporteur dans la saisine du juge constitutionnel » article paru dans le journal le progrès N°02 du 15 janvier 2009

112 Ensuite, le rapporteur peut entendre, les parties ou toute personne dont l'audition lui paraît opportune, il peut aussi solliciter des avis par écris. Le rapport terminé, il est transmis aux membres de la cour pour délibération. A ce niveau, l'article 38, al, 5 est ambigu, puisqu'il nous apprend que le rapport est examiner par les juges constitutionnels et communiqué au président afin qu'il fixe la date de l'audience.

Mais que se passera si les juges délibèrent contre le rapport du rapporteur?

Le président est il tenu de fixer la date de l'audience, même si une délibération négative a été émise par les membres de la cour ? Par ailleurs, puisque le rapport est lu par le rapporteur lors de l'audience, une délibération positive n'est-elle pas obligatoire ? , auquel cas, il conviendra de le préciser.

Cependant, en vertu de l'article 41, al, 2 LO, les délibérés sont secrets c'est donc dans le silence d'un vote à huit clos que se décide la délibération. Il convient de souligner que l'alinéa 6 permet la divulgation des opinions divergentes à la fin de l'arrêt.

Toutefois, cet alinéa ne va pas aussi loin comme aux USA, en effet le nom de l'auteur de l'opinion divergente n'est pas divulgué. Il s'agit d'un juste milieu entre le système français ou l'unité des conseillers constitutionnels prévaut avec pour conséquences, l'interdiction de divulgation de toute opinion divergente et le système américain, ou les opinions divergentes sont divulguées et les noms des auteurs aussi.

Ainsi, l'exercice efficace de l'action juridictionnelle oblige son auteur à observer, outre les règles de compétences précédemment analysées, les conditions de recevabilité du recours. A défaut de respecter les réglés relatives aux conditions d'introduction, le juge constitutionnel refusera d'examiner au fond la démande172.

B) La procédure et le traitement de la saisine recevable devant le juge constitutionnel

113 président de la république, le premier ministre, les présidents des assemblées parlementaires nationaux en vertu de l'article 37, al, 1er LO. En outre, lorsque le recours vise le contentieux constitutionnel des provinces, le gouverneur et l'assemblée provinciale sont informés (alinéa 2 du même article).

Conformément à l'article 37, al, 1er LO, les parties ont accès au procès par écrit, en fournissant à la cour des renseignements complémentaires à la requête, soit des documents devant lui permettre de rendre sa décision.

La procédure contradictoire est essentielle pour le bon déroulement de l'instance, il s'agit aussi d'un principe garantissant équité du procès.

C'est pourquoi en France, la procédure contradictoire avait renforcée la juridictionnalisation de la procédure devant le conseil constitutionnel 173 . Même si, dans le cas du conseil constitutionnel français, la procédure contradictoire n'était garantie que dans le contentieux électoral, mais dotée d'une puissance de contagion évidente, la contradiction applicable dans le contentieux électoral, devient rapidement essentielle au contrôle des lois, avec le développement des recours institutionnels motivés 174 . En effet ces derniers ont contraint le juge à organiser de manière empirique et systématique des échanges d'observations.

La contradiction est donc un élément déterminant, quant la juridictionnalisation d'un organe, mais surtout qu'elle est le principal moyen d'assurer le respect des droits de la défense.

Pour autant, la procédure mise en place en RDC dans le procès en inconstitutionnalité peut-elle être définie comme pleinement ou seulement partiellement contradictoire ?

Au regard de l'article 35, al, 1er LO, la procédure est contradictoire. Mais, on peut être amené à conclure que le procès en inconstitutionnalité tel que mis en place en RDC n'est que partiellement contradictoire. Et ceci eu égard à la procédure de type inquisitoriale de la cour, aux pouvoirs d'investigation très étendus du rapporteur désigné et au caractère secret de l'instruction.

114 Toutefois, ces propos doivent être tempérés par le fait qu'en vertu du même article, les parties ont la possibilité de se faire assister par toute personne compétente.

Par ailleurs, pour rendre plus transparente la procédure, les audiences de la cour sont publiques sauf lorsque cette publicité peut être dangereuse pour l'ordre public et les bonnes moeurs, c'est ce résulte de l'alinéa 3 du même article.

Une dernière question mérite d'être évoquée : il s'agit de l'égalité des armes. Quelles sont les pièces constitutives de la procédure? Certaines pièces sont-elles exclues delà procédure ? Toutes les pièces sont-elles transmises ou accessibles aux parties ? En l'absence d'une pratique de la cour ou d'un règlement intérieur fixant expressément ces différents points nous ne pouvons y répondre.

Cependant , l'on peut croire que le règlement intérieur de la future cour s'orientera dans le sens de la simplicité comme l'a fait la proposition de LO : par exemple , comme au Bénin , une simple lettre remplissant les condition de validité d'un recours ,peut conduire à une procédure 175 ou encore ,le système de communication de pièces n'est pas admise en matière de contrôle de constitutionnalité .

Enfin, la haute juridiction est tenue de rendre ses décisions dans des délais constitutionnels prédéfinis. Ceux-ci varient selon que la cour constitutionnelle intervient comme juge électoral, ou comme juge des normes.

Toutefois, l'article 40 al, 1er LO fixe un délai dans lequel la cour constitutionnelle doit statuer. Ce délai est de trente jours à compter du dépôt du recours. En cas d'urgence et à la demande du gouvernement, il peut être ramené à huit jours francs.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon