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L'impact religieux et socio-économique de l'épiscopat de monseigneur Paul Etoga sur le développement de la mission catholique de Nlong de 1995 a 1987

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par Joseph Hervé NGAH EKANI
Université Yaounde I - DIPES II 2007
  

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A. Nomination et sacre

En fait, personne ne pouvait penser à la nomination d'un Camerounais comme premier évêque de l'Afrique noire francophone. C'est au Gabon21qu'était destinée cette désignation. Mais, il y aurait eu des dissensions au sein du clergé français au Gabon. En Mars 1955, au cours de la réunion des ordinaires à Nkongsamba, il a été décidé avec le délégué apostolique pour les Missions d'Afrique française, Mgr. Lefebvre, de nommer deux auxiliaires respectivement à Mgr. Graffin et à Mgr. Bonneau22. Le 10 Juin, Mgr. Graffin va à Rome et reçoit la promesse d'avoir un auxiliaire rapidement.

Le 24 Juin 1955, alors que l'Abbé Paul Etoga allait rendre visite à l'Abbé Christophe Mvogo, hospitalisé à Yaoundé, il rencontra les Pères Hurstel et Etienne Nkodo. Ils l'interpellèrent et lui tendirent un télégramme. Il lut : « Abbé Etoga, évêque auxiliaire de Yaoundé »23 . Il prit le télégramme pour une blague et dit : « vous voulez vous moquez de moi ! »24 . Après la visite, les Pères qui l'avaient suivi montrèrent aux gens : « voilà votre évêque ! ». Pris d'émotion, il regagna Nkol Nkumu sans rien dire à personne. Le lendemain, Monseigneur Graffin lui envoya un billet avec cette recommandation : « faites vos malles et venez ici !»25 . Intense émotion ! Il se rendit à la cathédrale où il fut réellement nommé évêque.

21 A partir de 1880, le Cameroun dépend du vicariat du Gabon, né du démembrement du vicariat de Guinée. Puis, en 1893, naît le vicariat de Yaoundé. Cf. J.B. Anya, «L'épiscopat de Monseigneur René Graffin au Cameroun 1931-1961», Mémoire de DIPES II, 1997, p.9.

22 J. Criaud, La geste des spiritains, p. 106.

23 Etoga, p. 22.

24 Ibid.

25 Ibid p. 23.

Pour Don Francesco Pedretti26, Paul Etoga n'a pas eu besoin d'un quelconque soutien pour être nommé. C'est le Saint Esprit qui a reconnu en lui un apôtre de l'Eglise. En réalité l'esprit d'initiative et de persévérance de l'Abbé Paul Etoga a joué en faveur de son choix. La soumission et le respect de la hiérarchie, valeurs chères qu'appréciait Monseigneur Graffin n'étaient pas en reste.

Le 30 Novembre 1955 à l'hippodrome de Yaoundé, eut lieu le sacre épiscopal de Monseigneur Paul Etoga. Cette cérémonie fut présidée par Monseigneur Graffin, archevêque de Yaoundé, assisté de Mgr. Bonneau et Mgr. Bernard. Paul Etoga fit sien ces mots de Timothée : « Scio cui credidi » c'est-à- dire « Je sais en qui j'ai mis ma foi ». Après son discours, Monseigneur Graffin lui donna l'onction épiscopale. Une foule de cent milles personnes27 non seulement du Cameroun, mais aussi des pays voisins et de loin emplissait l'hippodrome comme le montre la photo ci-après.

Photo N°6 : Sacre de Mgr. Paul Etoga

Source : P.Etoga, Mon autobiographie, p.26.

26 Don Francesco Pedretti est un responsable du Centro Orientamento Educativo de Barzio en Italie qui est une organisation non gouvernementale visant la promotion des masses.

27 E. Mveng, Histoire du Cameroun, Tome II, Yaoundé, CEPER, 1985 p. 229.

Des chansons populaires furent créées pour saluer cet évènement. Monseigneur Paul Etoga était désigné par cette expression très significative de ntang-evindi28 c'est-à-dire « un blanc à la peau noire ». Les populations du Cameroun n'exprimèrent pas seulement leur joie par des chansons mais aussi par des lettres de félicitations rédigées dans tout le pays. Ce n'était pas seulement l'affaire des catholiques mais celle de toutes les confessions religieuses.

B. Auxiliaire de Monseigneur Graffin de 1955 à 1961

Après son sacre, Mgr. Paul Etoga occupa son poste d'évêque auxiliaire de Monseigneur René Graffin à Yaoundé. L'action du nouvel évêque fut paralysée à cause de l'atmosphère de conflit créée par les français29. En 1961, le Saint Siège lui proposa d'aller fonder un diocèse à Mbalmayo. Pour le prélat, c'est une porte de salut.

1. Les fonctions de Monseigneur Paul Etoga

Un évêque auxiliaire30 est celui qui aide un autre évêque et qui lui prête son concours temporairement. Le mot auxiliaire est employé ici à juste titre car Monseigneur Paul Etoga était soumis aux ordres de Monseigneur René Graffin. Par son statut, le prélat devait célébrer les confirmations. Il allait dans tout l'archidiocèse confirmer les chrétiens31. C'est ainsi qu'il confirma les chrétiens de la mission catholique de Nlong.

28 J.P. Messina, «Contribution des camerounais», p. 263.

29 Le 26 Février 1956, Roland Pré demanda à Paul Etoga d'adresser une lettre à Paris dans laquelle, il devra souligner son soutien à l'action du Haut commissaire afin d'amener Paris à approuver ses initiatives de réprimandes des upécistes. Mgr Paul Etoga refusa. Ce refus marqua le début des hostilités entre Etoga et l'administration française au Cameroun.

30 Evêque auxiliaire diffère d'évêque coadjuteur. Ce dernier est un évêque adjoint à un évêque en fonction, généralement avec droit de succession.

31 Etoga, p. 27.

En dehors des confirmations, le prélat conférait parfois le diaconat aux séminaristes. Il le fit par exemple le 7 Mars 1959 dans l'église d'Otélé, église limitrophe de la mission catholique de Nlong. Il célébrait aussi les consécrations des Soeurs, notamment celle de Marie Thérèse, originaire de Nlong, le 21 Janvier 1959.

Dans ses actions, le prélat était confronté à de nombreuses difficultés à cause de la politique discriminatoire de Monseigneur Graffin vis-à-vis du clergé indigène. Les « siens » sont pris au sérieux, les « autres » sont méprisés. Cette attitude allait à l'encontre de l'exhortation summi pontificatus du Pape Pie XII qui consacre le principe de l'égalité au sein de l'Eglise Catholique : « Ceux qui entrent dans l'Eglise catholique quelle que soit leur origine ou leur langue doivent savoir qu'ils ont un droit égal d'office dans la maison du seigneur » 32.

Monseigneur Graffin avait instauré un certain nombre de règles racistes dans l'Archidiocèse :

Si un ou deux blancs arrivent, le prêtre indigène se retire et ne doit pas assister à la conversation. Il ne doit pas garder l'argent sur soi ni dans la chambre. En cas de voyage, le supérieur doit lui donner de quoi payer le voyage ; s'il a un surplus, il est remis au supérieur. A table, les prêtres indigènes ont un plat indigène composé d'une soupe d'arachide, de feuilles de manioc (kpem) ou de bananes préparées par une femme du sixa33.

Même évêque, Paul Etoga était soumis à ces mesures. Il ne participait pas aux prises de décisions de l'Eglise ; il les subissait. Il était appelé à signer les décisions de l'archevêque et de son vicaire général sans rechigner.

Tout ceci montre que le prélat n'avait qu'un rôle figuratif. Il fera remarquer plus tard que les six années qu'il a passées à Yaoundé étaient un véritable purgatoire34. Les rapports entre Monseigneur Paul Etoga et son archevêque n'étaient pas cordiaux mais discriminatoires. Qu'en était-il des rapports existant entre Monseigneur Paul Etoga et le clergé ?

32 Pie XII, Summi pontificatus cité par Médéwalé et Agossou, Christianisme africain, Paris, Kart hala, 1987, p.7.

33 Monseigneur Graffin cité par Paul Etoga, Mon autobiographie, p. 16.

34 J.P. Messina, «Contribution des camerounais», p. 263.

2. Les rapports avec le clergé

Le clergé camerounais était constitué du clergé indigène et les missionnaires catholiques présents au Cameroun.

a. Avec le clergé indigène

Le clergé indigène était constitué des prêtres et religieuses camerounais. D'après l'Abbé Léon Messi35, le prélat entretenait de bons rapports avec les prêtres camerounais. Ces derniers le manifestaient à travers des révoltes contre Monseigneur Graffin. Ils ne partageaient pas toujours la patience avec laquelle Monseigneur Etoga résolvait les difficultés causées par Mgr. Graffin.

Le prélat présidait des réunions sacerdotales à travers l'archidiocèse de Yaoundé. Ainsi en 1959, il présida une série de quatorze réunions sacerdotales36 avec la participation de l'Abbé Jean Zoa. Malgré ces rapports de travail, l'Abbé Nkoe37 pense qu'il y avait des prêtres camerounais qui contribuaient à rendre la vie difficile à Mgr. Paul Etoga. Pour lui, certains prêtres camerounais travaillaient pour le compte de Mgr. Graffin. Si Monseigneur Paul Etoga avait une opinion contraire à celle de Monseigneur Graffin, tout lui était révélé. Aussitôt, il était blâmé sans respect.

Dès qu'il fut sacré évêque, Paul Etoga a commencé à militer pour changer le statut des religieuses camerounaises. Pour y parvenir, il avait besoin de la participation de ces dernières. Pour cela il a commencé par les sensibiliser sur leurs conditions de vie par rapport aux religieuses européennes. Les conseils de Mgr. Paul Etoga étaient relatés à l'archevêque qui s'insurgeait contre lui. Pour lui, Mgr. Paul Etoga semait la révolte et la discrimination au sein des

35 L'Abbé Léon Messi cité par E. Abessolo « L'épiscopat de Monseigneur Paul Etoga », p. 30.

36 L'effort camerounais, N° 190, 24 Mai 1959, p.8.

37 L'Abbé Benjamin Nkoe, ancien directeur du séminaire St Paul de Mbalayo que cite E. Abessolo «L'épiscopat de Monseigneur Paul Etoga», p. 31.

congrégations religieuses38. Néanmoins le statut des soeurs camerounaises fut amélioré. Les Soeurs camerounaises pouvaient désormais aller à l'école jusqu'en troisième et avaient droit à un peu plus d'égard.

b. Avec les missionnaires catholiques

Selon l'Abbé Benjamin Nkoe, Monseigneur Graffin avait répandu la nouvelle selon laquelle Monseigneur Paul Etoga était contre les français. Dès lors, tous les français se sont retournés contre lui. Mgr. Graffin avait aussi envoyé les rapports à Rome dans lesquels il informait la hiérarchie de l'Eglise catholique que Mgr. Paul Etoga faisait la politique et non sa mission pastorale. Cette atmosphère de conflit créée par les français gêna énormément l'action de Monseigneur Etoga. Dans certaines paroisses, écrit-il : « J'étais reçu comme un chien »39.

Tout était mis en oeuvre pour freiner l'action du prélat même lorsqu'il était invité dans les pays Européens. En effet, il avait été invité à Lourdes pour un congrès eucharistique. Mais, Monseigneur Graffin avait usé de son pouvoir pour annuler le voyage. Néanmoins, le prélat réussit à effectuer son second voyage en Europe, à l'absence de Monseigneur Graffin, malgré les obstacles causés par les Spiritains.

A son arrivée à Munich en Allemagne le 2 Août 1960, il rencontra les cardinaux Testa et Wendel40. Il se présenta et leur raconta qu'il était évêque depuis cinq ans mais, n'avait pas encore visité Rome. Les deux prélats lui offrirent de l'argent pour son voyage à Rome. Alors qu'il était chez Monseigneur Antonio Sigismondi41 en Italie, celui-ci l'accueillit en ces termes : « Ah asseyez vous Monseigneur... vous faites de la politique ? »42. Monseigneur

38 En 1958, il y avait au Cameroun deux congrégations religieuses indigènes : la congrégation des filles de Marie à Yaoundé et la congrégation des filles servantes de Marie à Douala.

39 L'Effort camerounais, N° 207 du 4 Octobre 1959, p.8.

40 Le cardinal Testa était gat du pape et le cardinal Wendel était archevêque de Munich.

41 Antonio Sigismondi était secrétaire général de la Propaganda Fide.

42 Etoga, p. 28.

Paul Etoga lui répondit : « Non ! Je ne me suis jamais présenté aux élections comme député, loin encore comme président de la république »43. Monseigneur Antonio révéla : « En tout cas... c'est votre supérieur qui vous accuse de faire de la politique »44. A la fin de son séjour à Rome, Paul Etoga prit l'avion pour Douala.

Dans sa tâche d'auxiliaire, Monseigneur Paul Etoga avait confirmé les chrétiens et célébré les ordinations sacerdotales et religieuses. Ce qui lui conférait de bons rapports aussi bien avec le clergé camerounais qu'avec les chrétiens, malgré quelques difficultés. Ces difficultés provenaient du fait que Mgr. Paul Etoga avait refusé de soutenir l'action de Roland Pré après les émeutes de 1955. Avec ce refus, il déclarait une guerre ouverte à Roland Pré et à tous les français jusqu'en 1961.

C. Fondateur du diocèse de Mbalmayo

Le 22 Août 1961, Monseigneur Graffin installa Monseigneur Paul Etoga comme évêque du diocèse de Mbalmayo45. Ce fut la dernière apparition du premier archevêque du Cameroun sur la scène religieuse camerounaise46. Après l'installation du prélat, la dynamique du nouveau diocèse devait être mise en marche avec la paroisse de Mbalmayo comme centre d'impulsion de la politique pastorale pensée par Mgr. Paul Etoga.

1. Politique pastorale de Monseigneur Paul Etoga

La politique ici signifie l'art, la manière de diriger les hommes. L'une des exigences cardinales du prélat était que les prêtres prêchent par l'exemple. Pour

43 Etoga, p28.

44 En réalité Mgr. Paul Etoga avait soutenu André Marie Mbida aux élections législatives de Décembre 1956. Il réitéra son soutien aux démocrates aux élections d'Avril 1960. Cf. N. Ossama, L 'Eglise de Yaoundé : aperçu historique, Yaoundé, Saint Paul, 1997, p. 133.

45 Etoga, p. 30.

46 Le 20 Novembre 1961, Mgr. Graffin céda sa place à l'Abbé Jean Zoa. Par cet acte, l'Eglise coloniale passait le flambeau de la succession apostolique et de la mission évangélisatrice de l'Eglise universelle à l'Eglise locale devenue majeure.

cela, ils devaient se faire distinguer par leur tenue vestimentaire et leur comportement.

Le prélat n'était pas fidèle à l'adage selon lequel « l'habit ne fait pas le moine ». Par conséquent, il interdit aux prêtres de son diocèse de voyager sans soutane, ou de s'en débarrasser même quand ils ont un travail manuel à faire47. Les prêtres ne pouvaient se défaire de la soutane que pour des cas « exceptionnels ». Même si le prélat ne définissait pas ce qu'il entendait par « exceptionnel ». Il est clair que le prêtre ne pouvait se départir de sa soutane qu'au coucher ou bien, quand il exécutait des tâches salissantes telles que la réparation d'un véhicule. Pour mettre le clergé sur les rails, le prélat tenait des réunions mensuelles. Il mettait en garde contre certaines activités notamment le commerce, la pêche, la chasse. Seuls les catéchistes pouvaient faire le « petit commerce » dans la mission.

Dans le même ordre d'idée, les prêtres devaient éviter tout acte frisant l'escroquerie ou l'exploitation abusive des fidèles. Il s'agissait par exemple des taxes spéciales, non prescrites dans le diocèse48. Le prélat imposa un certain nombre de règles aux prêtres car, certains étaient souvent suspectés d'entretenir des relations intimes avec les femmes. Ainsi, il interdit aux prêtres de voyager seuls avec une femme dans la voiture49. Il fallait donc porter un ou plusieurs passagers. Ces mesures montrent quelque peu la naïveté de Mgr. Paul Etoga car, le fait de porter une femme dans sa voiture ne signifie pas forcément qu'on entretienne des rapports sexuels avec elle.

Pour favoriser la concertation et une pastorale d'ensemble, Monseigneur Paul Etoga divisa le diocèse en cinq secteurs : Akonolinga, Ayos, Dzeng, Mbalmayo et Ngomedzap. Il mit sur pied un conseil diocésain rassemblant les prêtres. Assez libéral dans le respect des institutions ecclésiastiques, chaque prêtre se sentait concerné dans l'évolution du diocèse.

47 ADM, P. Etoga, circulaire N° 18, Janvier 1965.

48 ADM, P. Etoga, Notice sur le diocèse de Mbalmayo, 1961-1986.

49 Ibid.

Dans Mon autobiographie, Monseigneur Paul Etoga déclare que :

Les évêques sont les envoyés du Christ pour être ses témoins dans le monde . . Or, les évêques succèdent aux apôtres. L'évêque doit être imprégné de l'esprit du Christ, agissant comme lui, serviable comme lui, servir mais non pour être servi. Donc le mot prince de l'Eglise doit être aboli ; on est tous frères, pères et fils (Matthieu 20 : 17-28). Que l'évêque arme ses prêtres, qu'il les attire, qu'il ait confiance en eux comme les prêtres en lui. Cette mutuelle confiance est nécessaire. Dans le cas contraire, la collaboration dans l'oeuvre apostolique est impossible. Qu'il y ait un dialogue franc et sincère entre l'évêque et ses prêtres. L'évêque doit veiller à la subsistance, à la santé et au salut de ses prêtres50.

Certains prêtres du diocèse usèrent de cette liberté pour réaliser des oeuvres positives51 mais d'autres par contre abusèrent de cette liberté à la grande consternation des chrétiens.

Au-delà de ses apparences tolérantes et libérales, Monseigneur Paul Etoga était intraitable et rigoureux envers les prêtres qui développaient des comportements déviants par rapport à l'éthique de l'Eglise52.

2. Le petit séminaire Saint Paul de Mbalmayo

L'initiative de former un clergé indigène au Cameroun date de Monseigneur Vogt53. Pour continuer cette oeuvre Monseigneur Paul Etoga créa dans son diocèse un petit séminaire et s'engagea aussi dans la formation des vocations tardives.

Après avoir mis sur pied un conseil diocésain, le prélat annonce à ses collaborateurs le 22 Janvier 1962, la création d'un séminaire. Mais la construction d'un séminaire digne de ce nom nécessitait d'énormes moyens

50 Etoga, p. 29.

51 Grâce à la liberté dont jouissait l'Abbé Lucien Anya Noa, fondateur du collège Noa et du centre culturel Beti de Mbalmayo, il traduisit la Bible, la vie des Saints, l'homélie des Pères et les grandes figures de la Bible en Ewondo.

52 L'Abbé Appolinaire Essomba avait transgressé son serment de chasteté. Il a été sanctionné par Monseigneur Paul Etoga et remplacé à la paroisse de Mfoumassi en 1982 par le Père Gruher. Il se retrouva à Mbalmayo en complément d'effectif.

53 Monseigneur F.X. Vogt dans une lettre manuscrite datant de 1930, envoyée au gouverneur Marchand

écrit : « Le petit séminaire (...) comprend un cycle de cinq années d'étude. N'y sont admis que les enfants ayant fréquenté l'école primaire et sachant le français (...). Le Grand séminaire comprend un cours de Philosophie de deux ans et le cours de Théologie qui durera cinq ans ». Cf. ANY, APA 10559/B, les Eglises indigènes.

financiers. Pour remédier aux difficultés financières, des bâtiments en matériaux provisoires furent construits. Ces bâtiments ont accueilli 75 élèves le 30 Avril 1962. Il envoya les plans du petit séminaire à Rome et il reçut des subsides pour un petit séminaire définitif. C'est son excellence Antonio Mazza, secrétaire général de l'oeuvre pontificale Saint Pierre Apôtre qui bénit et posa le 26 Janvier 1969, la première pierre du petit séminaire représenté ci-dessous.

Photo N°7 : Petit séminaire Saint Paul de Mbalmayo

Source : Cliché J.H. Ngah, Mbalmayo, le 26 Janvier 2008

Au départ le séminaire Saint Paul de Mbalmayo n'avait que le premier cycle. Les séminaristes allaient au second cycle au séminaire Sainte Thérèse de Mvolyé. Aussi, sur un effectif de 75 élèves, 2 seulement aboutirent au sacerdoce ! Cet échec décida Mgr. Paul Etoga à ouvrir un second cycle au séminaire St. Paul de Mbalmayo en 197154.

Parmi les premiers candidats du petit séminaire Saint Paul reçus au baccalauréat faisait partie Jean Marie Atangana Mebara, originaire de la paroisse de Nlong. Ce dernier a occupé des hautes fonctions. Il a été ministre de

l'enseignement supérieur pendant cinq ans, secrétaire général à la présidence et ministre des affaires étrangères du Cameroun.

Jusqu'en 1986, neuf prêtres, fruits du petit séminaire Saint Paul ont été ordonnés55. Deux autres, anciens élèves56 du petit séminaire l'ont été dans l'archidiocèse de Yaoundé.

Au total, 21 prêtres ont été ordonnés dans le diocèse de Mbal mayo en 1 98757. Parmi ces derniers, aucun n'était originaire de la paroisse de Nlong. Ce fut un échec pour Mgr. Paul Etoga. En somme l'oeuvre de monseigneur Paul Etoga à Mbalmayo peut se résumer dans le tableau ci-dessous :

Tableau N°3 : Bilan de l'oeuvre de Mgr. Paul Etoga à Mbalmayo.

 

1961

1987

Population totale

117 000

154 358

Catholique

59 869

111 635

Elèves

11 408

12 927

Prêtres

28

48

Paroisses

14

27

Religieux

1

2

Religieuses

13

46

Eglises

10

16

Collèges

1

4

Dispensaires

3

6

Centre catéchétique

0

1

Centre de promotion sociale

0

1

Séminaires

0

1

Grands séminaristes

3

11

Petits séminaristes

0

169

Prêtres sortis du séminaire

 

11

Source : P. Etoga, Mon autobiographie, p. 39.

55 On peut citer les Abbés Rigobert Mvogo, Gabriel Akoa Mbarga, Raphaël Ondigui, Pascal Kollo Mbida, Martin Biwolé, Jacques Awong Medou, Joseph Ndi Okalla, Luc Tsang Bengono, Essomba Fouda.

56 On peut citer les Abbés Jean Mbarga et Séverin Zoa.

57 Etoga, p. 47.

D'après ce tableau, le nombre de catholiques a doublé. Le diocèse est passé de 59 869 fidèles en 1961 à 111 635 en 1987 sur une population totale de 154 358 habitants. Le nombre de religieuses a été multiplié par trois passant de 13 à 46. Le nombre de collèges quant à lui est passé de un à quatre tandis que le nombre de dispensaires a doublé. Onze prêtres sont sortis du séminaire saint Paul de Mbalmayo. Malgré les difficultés, Monseigneur Paul Etoga a maintenu l'existence du diocèse car ses détracteurs58 ne lui donnaient pas plus de dix mois à Mbalmayo. Son oeuvre a été reconnue par sa sainteté le Pape Jean Paul II le 15 Novembre 1984 avec la nomination de Mgr. Adalbert Ndzana comme évêque coadjuteur de Mbalmayo.

III. LES RAPPORTS ENTRE MONSEIGNEUR PAUL ETOGA ET

LA MISSION CATHOLIQUE DE NLONG

De 1955 à 1961, Monseigneur Paul Etoga entretenait avec la mission catholique de Nlong, des rapports officiels. Après 1961, ces rapports prendront une autre coloration et devenir officieuses puisque ce dernier était devenu évêque du diocèse de Mbalmayo.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon