Introduction Générale
<< Le crédit a fait beaucoup plus, un millier de
fois plus, pour enrichir les nations que toutes les mines du monde. Il a
excité le travail, stimulé les entreprises, étendu le
commerce sur tous les horizons et amena chaque nation, chaque royaume, et
chaque petite tribu des races humaines à être connu du reste du
monde>> Daniel Webster financier américain. (Cf. ETIENNE,
1996).
Problématique
L'influence indéniable du crédit et notamment du
crédit bancaire, sur l'activité économique a amené
des économistes à rechercher dans l'action des banques la cause
principale des fluctuations de la conjoncture et des crises économiques.
Toute crise serait provoquée, d'après ces derniers, par une
rupture d'équilibre entre la capacité d'absorption des
consommateurs exprimée en termes de monnaie et la production,
amplifiée par une distribution excessive de crédit. (Ibid.,
p73)
Il s'agit d'une façon élégante de dire
que la situation du système financier d'une économie
reflète et détermine celle de l'économie réelle.
Ce qui a fait du crédit une activité cruciale dans le processus
de création de richesse ou de croissance économique d'une
économie donnée. Sa distribution détermine dans une
certaine mesure la situation économique globale. Des fonds
stériles entre les mains de leurs propriétaires appelés
«agents non financiers excédentaires» deviennent grâce
aux intermédiaires financiers productifs entre les mains des
entrepreneurs par un processus d'intermédiation dont l'essence est le
crédit. D'où l'importance des intermédiaires financiers
dans le processus de croissance économique dont la vocation
première serait d'assurer et de faciliter cette
intermédiation.
Les principaux facteurs de croissance économique du 19e
siècle, à savoir : Chemin de fer-Usine-Banque, forment un
bloc indissociable. Le volume des capitaux requis pour le montage et
l'épanouissement des chemins de fer et des usines fut qu'il a vite fait
des banques le principal moteur de la vie économique. Le règne
des banquiers fut depuis lors lié à l'histoire du capitalisme
triomphant. C'est à la vérité, l'ensemble des
retombées positives du crédit bancaire qui explique cependant la
nécessité de contrôle de l'activité bancaire,
notamment le contrôle du crédit dans la vie économique,
pour éviter que l'euphorie première se transforme en
désastre économique futur. Lequel contrôle qui
entraîne une certaine déficience au niveau du marché de
crédit dans les pays en voie de développement.
Au niveau du système bancaire haïtien on a fait le
constat d'une concentration du crédit à différent
niveau : social, spatial et sectoriel pour reprendre les termes utilises
par Fritz Deshommes. (Politique Economique en Haïti, Rétrospectives
et Perspectives, Editions Cahiers Universitaires, Mai 2005, p83)
Au cours de la décennie 1994-2004 la courbe traduisant
la tendance du nombre des prêts inférieurs à 250 000
gourdes a une pente négative. Toutefois, la tendance a été
différente au niveau des prêts de cinq millions de gourdes et
plus. Des études sur le système bancaire ont
révélé que le crédit bancaire est concentré
dans le secteur commercial entre les mains d'un petit groupe d'agents
économiques basés dans la zone métropolitaine de Port au
Prince.
Ce trait caractéristique du système bancaire
national a été corroboré par les résultats d'une
enquête entreprise par le projet de "renforcement des structures
mutualistes et coopératif ".1(*) Cette enquête a révélé en
matière de crédit en Haïti, 133 clients se voient
accordés plus d'un tiers du volume des crédits supérieurs
à 75 000 gourdes. Au total, 3.7 milliards de gourdes de crédit
accordés au secteur privé par les banques commerciales sont
constituées de prêts dont l'encours est supérieur à
75 000 gourdes.
D'un autre côté, la grande majorité des
agents financiers déficitaires se voit forcée de recourir
à l'usure où le taux d'intérêt moyen mensuel est de
20 à 25%.
L'enquête sur le système bancaire a montré
que :
· Plus de 90% des prêts sont concentrés dans
la zone métropolitaine 2(*)
· Près de deux tiers des prêts soit 62.8%
sont accordés dans le cadre des activités commerciales3(*)
Pour huit (8) banques commerciales 81% des crédits en
moyenne se font à court terme.4(*)
D'où la naissance des institutions de micro finance
dont la vocation est d'offrir des services financiers aux populations exclues
du système bancaire traditionnel. Ce qui pourrait nous laisser croire
que les institutions de microfinance répondent mieux aux besoins de
financement des populations à faible revenu que les banques
commerciales. Toutefois, il serait curieux de pouvoir analyser les
résultats de ces institutions en terme de distribution de crédit.
On pourrait se demander, est ce que les institutions de microfinance
arrivent-elles effectivement à apporter des services financiers aux
populations exclues du système bancaire traditionnel ?
Ainsi, nous nous sommes proposés à travers ce
travail de recherche de présenter la distribution du crédit
à Léogâne spécifiquement le cas des institutions de
Microfinance. Ce travail de recherche symbolise notre souci de faire la
lumière autour de l'interrogation suivante : Les institutions de
microfinance évoluant dans la commune de Léogâne ont-elles
effectivement arrivé à mettre le crédit à la
disposition des exclus du système bancaire ?
Hypothèse
Tenant compte de l'évolution du nombre de crédit
distribué par les institutions de microfinance à
Léogâne et l'encours des prêts octroyés, les
institutions de microfinance évoluant dans la commune de
Léogâne répondent au besoin de financement des agents
économiques déficitaires de la cité d'Anacaona.
Objectif du Travail
D'où l'objectif de notre travail qui sera d'une allure
essentiellement descriptive est de déterminer la performance des
institutions de Microfinance évoluant dans la commune de
Léogâne de 2000 à 2005 au niveau de la distribution du
crédit; de présenter les résultats afin de pouvoir
confirmer ou infirmer cette hypothèse faisant croire que les
institutions de micro finance évoluant dans la cité d'Anacaona
répondent au besoin de financement des agents économiques
déficitaires de la commune exclus ou négligés par le
système bancaire traditionnel.
Méthodologie et Organisation du
Travail
Pour ce faire, nous nous en servirons des sources
documentaires primaires et secondaires telles que : des documents issus
d'oeuvres d'auteurs, des documents officiels et institutionnels. Au cours de la
construction du cadre théorique nous avons utilisé des documents
issus d'oeuvres d'auteurs. Et pour la vérification des hypothèses
nous exploiterons les sources primaires qui constituent essentiellement des
documents officiels : bulletins, rapports et autres documents
institutionnels. Une enquête par questionnaire a été aussi
menée sur le terrain auprès des institutions financières
fonctionnant dans la commune de Léogâne. Toutes les institutions
financières établies dans la commune de Léogâne au
cours de cette période ont été prises en compte.
Ainsi des questionnaires d'enquête visant à
collecter des informations sur le nombre de prêts
décaissés, l'encours des prêts, la localisation des
bénéficiaires, leurs secteurs d'activité ont
été distribués aux différents responsables de
succursale de banque commerciale et d'institutions de microfinance
évoluant dans la zone. Les responsables de succursale des
différentes institutions financières faisant l'objet de
l'enquête ont rempli les questionnaires eux-mêmes, pour nous les
retourner après.
De ce fait, deux banques commerciales (SOGEBANK, BNC) et cinq
institutions de microfinance (KEPOMEK,CLEF,COSODEV,MCN,ACME,SFF) faisaient
l'objet de notre enquête. Il faut aussi souligner que les
résultats ont été traités à partir du
logiciel informatique Microsoft EXCEL et présentés sous forme de
tableaux et de graphiques.
En terme d'organisation, ce papier est composé de trois
chapitres :
Le premier chapitre explorera les concepts :
Intermédiaires financiers et Distribution du crédit dans leurs
dimensions et indicateurs et les théories expliquant le mode de
fonctionnement des marchés financiers dans les pays en
développement. A partir de ce défrichement nous essayerons
d'établir la relation entre les concepts dans la problématique
générale de la distribution du crédit en Haïti
particulièrement à Léogâne. Le second chapitre
présentera le marché financier haïtien à travers ses
composantes formelles et informelles particulièrement les
caractéristiques du marché du crédit en Haïti (formel
et informel). A travers le troisième chapitre une analyse empirique de
la microfinance sera fait à différent niveau (mondial et
national). Ce même chapitre présentera les résultats de
l'enquête tout en mettant en évidence les performances des
institutions de micro finance évoluant dans la cité d'Anacaona en
terme de distribution de crédit.
CHAPITRE I
Cadre Théorique et Conceptuel
Chapitre I. -Cadre Conceptuel et
Théorique
Section1.- Cadre Conceptuel
Le concept en tant qu'outil est un guide pour la recherche, en
l'occurrence pour le mémoire, parce qu'il permet de situer ses
préoccupations et l'angle sous lequel le thème est traité
dans le contexte de l'étude intéressant le travail de
recherche. Dans ce sens, on peut dire que le concept n'est
pas seulement une aide pour percevoir, mais une façon de concevoir. Il
organise la réalité en retenant les caractères
distinctifs, significatifs des phénomènes. (Grawitz Madelaine
cité par Frantz PIARD, construire le mémoire de sortie,
Méthodes, procédé et procédures, 2005). Dans le
mémoire la place et le rôle du concept sont importants dans la
mesure où le concept lui donne son orientation générale.
En effet, le concept en tant qu'outil fournit non seulement un point de
départ mais aussi un moyen de désigner par abstraction,
d'imaginer ce qui n'est pas seulement perceptible. (ibid.p345). D'où la
nécessité de consacrer cette partie du premier chapitre de notre
mémoire à la définition des concepts.
A) Intermédiaires Financiers ou Agents
Financiers. -Définition
Les intermédiaires financiers ou agents financiers
regroupent les agents qui opèrent à partir des actifs financiers.
Dans le cadre de notre étude, le concept
d'intermédiaires financiers incarne ces deux grandes catégories
d'institutions financières : les banques commerciales et les
institutions de micro finance.
1. Les banques commerciales
Se référant au décret-loi du 14 novembre
1980 régissant le fonctionnement des banques et les activités
bancaires sur le territoire de la république d'Haïti en son article
6 : Les banques commerciales se définissent comme des
intermédiaires financiers qui sont autorisés à recevoir
tous types de dépôts, principalement des dépôts
à vue, qui d'ailleurs conditionnent leurs possibilités
réelles de création monétaire et leur qualification
d'institutions financières monétaires. (Cf. Moniteur no.82 du
Lundi 18 novembre 1980). Dans le cadre de notre travail de recherche nous
tiendrons compte des banques commerciales présentes dans la commune de
Léogâne au cours de la période considérée
(2001-2005) : SOCABANK5(*), BNC, SOGEBANK.
2. Les Institutions de Micro finance
Les institutions de micro finance se définissent
comme des structures fournissant des services financiers (d'un montant
relativement modeste) conçus pour une clientèle qui n'a pas
accès aux banques commerciales ou institutions bancaires et
financières ou négligée par elles. Ces services
comprennent en général la mobilisation de l'épargne et
l'offre de crédit. Elles (IMF) regroupent les quasi-banques et les
intermédiaires financiers non bancaires.
· Les
quasi-banques :
Ce sont des institutions financières qui ne peuvent pas
recevoir des dépôts à vue. Elles sont incapables de
générer par elles-mêmes de la monnaie scripturale. Leur
fonction principale est d'agir en tant qu'intermédiaires financiers pour
mobiliser et distribuer l'épargne de la collectivité en
créant des actifs financiers susceptibles d'être détenus
par la collectivité, et en acceptant des créances
financières sur autrui. Elles peuvent également accorder des
prêts à la clientèle. C'est le cas des caisses populaires,
des banques communautaires, des mutuelles de solidarité etc.
Caisses Populaires :6(*)
Les caisses populaires sont des IMF de type coopératif
(ou assimilées à des coopératives) qui fournissent des
services financiers seulement à leurs «membres» ou
«sociétaires» sur une base mutuelle. On devient membre en
achetant une part sociale de la caisse et en payant un droit d'entrée.
Les caisses populaires sont gouvernées par une assemblée
générale de membres et respectent le principe de gestion
coopérative «un membre, un vote». L'assemblée
générale se réunit au moins une fois par an pour
élire les organes décisionnels qui sont responsables de la mise
en oeuvre des politiques de crédit et d'épargne. De
manière générale, les caisses populaires
privilégient une stratégie autonome de croissance axée sur
la mobilisation de l'épargne des membres pour constituer un fonds de
prêt. Ainsi, dans la plupart des caisses, l'épargne
mobilisée est supérieure à l'encours de crédit.
Bien que les caisses populaires puissent pratiquer des méthodologies de
crédit communes à d'autres IMF (notamment le crédit direct
individuel et la méthodologie de groupes solidaires), nous avons
classifié ces activités dans la méthodologie de
«caisses populaires» parce qu'elles s'inscrivent toujours dans une
logique coopérative où il faut être sociétaire pour
bénéficier d'un tel crédit.
Banques Communautaires. 7(*)
Cette technique de micro finance implique une
méthodologie de crédit solidaire regroupant, en
général 20 à 35 individus (le plus souvent des femmes),
qui, avec l'aide d'une IMF qui les encadre, se mettent ensemble pour fonder une
« banque communautaire ». L'IMF fournit un fonds de
prêt qui est réparti entre les membres de la banque qui se
réunissent à des intervalles réguliers pour rembourser.
Les membres se portent mutuellement garants, les impayés des uns
devenant la responsabilité des autres lors des réunions de
remboursement. A la fin d'un cycle de remboursement, les membres ayant tout
remboursé sont éligibles pour un nouveau prêt. Les IMF qui
financent les banques communautaires et déterminent leurs règles
de fonctionnement exigent aussi, selon des formules quelque peu
différentes, que les membres contribuent à une épargne en
sus des intérêts versés qui sert à capitaliser la
banque. Le plus souvent, le montant du prêt auquel les membres ont droit
au prochain cycle est calculé en fonction de l'effort d'épargne
fait lors du cycle précédent. Au fur et à mesure que les
cycles de prêts progressent et que les membres développent une
compétence gestionnaire, la banque accumule un capital et peut ainsi
commencer à effectuer des prêts de ces ressources
«internes» indépendamment des prêts «externes»
financés par l'Institution de Micro Finance. A terme, la banque
communautaire peut devenir indépendante et l'IMF peut retirer son fonds
de prêt.
Mutuelles de Solidarité. 8(*)
Les mutuelles de solidarité emploient une
méthodologie « hybride » qui contient des
éléments d'approche empruntés à la fois aux banques
communautaires et aux caisses populaires. Elles sont des groupes de personnes,
homogènes socialement, cotisant à échéances
régulières une même somme d'argent. L'objectif des
mutuelles est de constituer : (a) un fond interne (caisse verte) qui est
alimenté par les cotisations fixes et récupérables des
membres en vue de faire du crédit, généralement sur une
base rotative; (b) un fond d'urgence (caisse rouge) pour faire face aux
éventualités constitué à partir des cotisations non
remboursables; et (c) un fond externe (caisse bleue) pour suppléer
à la faiblesse du fonds interne. Ce fonds externe provient, en
générale d'une IMF qui organise également une formation
initiale pour les membres ainsi q'un encadrement continu.
· Les institutions non
bancaires :
Ces dernières ne peuvent recevoir aucun type de
dépôt. Cependant, elles sont classées parmi les
intermédiaires financiers parce qu'elles peuvent octroyer des
prêts. Ces fonds prêtés peuvent être empruntés
par ces institutions auprès d'autres institutions financières
nationales ou internationales.
B) Distribution du crédit.
-Définition
La distribution du crédit constitue l'ensemble des
activités et opérations mettant le crédit en tant que
produit financier à la disposition des emprunteurs. Ceux que nous
appelons des agents non financiers déficitaires; c'est à dire des
agents qui ont un besoin de financement.
1.-Crédit. -Définition9(*)
Acte de confiance comportant l'échange de deux
prestations dissociées dans le temps; biens ou moyens de paiement contre
promesse ou perspective de paiement ou de remboursement. Pour engager leurs
entreprises, financer leurs investissements ou leurs consommations,
développer leurs échanges, les agents économiques
disposent rarement en fonds propres tous les capitaux ou tous les moyens de
paiement nécessaires, et au moment voulu. Le crédit est le
principal moyen d'ajuster ses moyens avec ces besoins, ses anticipations ou ses
décisions. Le crédit est en effet l'échange dans le temps,
d'un bien sous condition d'une contrepartie future. Il implique donc une
confiance fondamentale dans la réalisation de cette contrepartie ou dans
les règles du jeu qui la garantissent. D'où son nom, provenant
directement du latin credere (croire, se fier à).
Né de pratiques commerciales, le crédit
était à l'origine consenti par des particuliers et des
commerçants à l'aide de leurs disponibilités propres. Mais
l'octroi des crédits est devenu progressivement une activité
autonome mettant indirectement en rapport des disponibilités en
quête ou en attente d'emplois et des emprunteurs; cette activité
faisant appel à des techniques et à des instruments
diversifiés est mise en oeuvre par des entreprises
spécialisées qui sont des établissements bancaires au sens
large.
L'acte de crédit peut revêtir plusieurs formes;
consentir un crédit, en effet ce peut être :
- accorder un délai pour le paiement d'une prestation
réalisée immédiatement; il est alors accordé par le
vendeur, qui peut lui-même chercher la mobilisation de la créance
qu'il détient en la cédant à un prêteur
(crédit commercial ou crédit fournisseur, crédit à
la consommation);
- prêter des fonds à ceux qui en ont besoin pour
régler au comptant des prestations : le crédit est alors
consenti par un particulier mais, plus souvent, par un établissement
spécialisé;
- promettre la réalisation d'un prêt lorsque
l'emprunteur demandera l'exécution de cet engagement (ouverture de
crédit)
- substituer son crédit à celui d'un emprunteur
vis-à-vis d'un prêteur ou des prêteurs qui se
succèdent dans un processus de circulation des titres de
créance : c'est le crédit par signature, engagement qui ne
se réalise qu'en cas de défaillance de l'emprunteur.
Ainsi défini, le crédit comporte une
rémunération qui couvre ses deux éléments
principaux : le temps et les risques. Le loyer de l'argent en fonction de
la durée du prêt couvre le service correspondant à une
indisponibilité des fonds pour le prêteur. D'autre part, un risque
d'insolvabilité de l'emprunteur, croissant au fur et à mesure de
la durée du prêt, justifie une sorte de prime qui s'ajoute au
loyer de l'argent, en fonction de la personnalité de l'emprunteur et des
garanties dont le crédit est assorti.
Le crédit c'est donc, le mécanisme par lequel un
débiteur obtient un bien ou de la monnaie d'un créancier en
échange de la promesse d'un paiement différé de la
contrepartie, majoré d'un intérêt.
Le crédit permet de disposer d'un bien produit par
autrui avant d'en avoir produit soi-même l'équivalent. Il rend
effective une demande, jusque-là virtuelle et anticipe une production
à venir qu'il facilite. C'est un moyen essentiel de financement de
l'économie.
Lorsque le crédit n'est pas financé par
l'épargne d'un agent s'abstenant de consommer au profit d'un emprunteur,
il l'est par une création monétaire nette de la part d'une
banque. Spécialisés dans la distribution des crédits les
intermédiaires financiers offrent des crédits que l'on distingue
selon leur durée (court, moyen, long terme), selon leur objet
(crédit immobilier, crédit à la consommation,
crédit à l'exportation etc...), les garanties dont ils sont
assortis, la méthodologie de crédit utilisée (groupes
solidaires, crédit direct individuel), mais aussi selon la nature de
l'institution octroyant le crédit (crédit bancaire traditionnel,
micro crédit).
2.-Les Diverses Catégories de
Crédits :
· Le Crédit à Court terme10(*) se
définit par sa durée normalement inférieure à deux
ans mais aussi par son objet : il doit normalement trouver son
dénouement dans le règlement de l'opération qu'il a
permise, qu'il s'agisse d'une opération de commercialisation ou de
production : approvisionnement préalable, opération de
production, stocks, prêts à la vente, délais de paiement
consentis aux acheteurs. Il se réalise soit par l'intermédiaire
du compte courant du bénéficiaire (facilités de caisse,
découvert autorisé), soit par prêt, sois par cessation de
créances (escompte, mobilisation de créances commerciales,
factoring) dont le produit est porté au crédit du compte du
bénéficiaire.
· Le Crédit à Moyen terme11(*)
s'est développé en France pour répondre à
des besoins nouveaux mais aussi pour pallier l'insuffisance des ressources
alimentant le crédit à long terme. L'allongement des cycles de
fabrication et des cycles commerciaux d'une part, la nature des immobilisations
industrielles et agricoles dont l'amortissement doit être
réalisé pour des causes techniques en moins de dix ans,
appelaient des crédit de durée intermédiaire.
L'insuffisance des ressources du marché financier et les
possibilités d'autofinancement limitées conduisaient, d'autre
part, à faire appel aux ressources du marché monétaire
pour financer les investissements.
Ces deux causes qui se recoupent partiellement ont conduit en
France au développement d'un crédit à moyen terme faisant
appel à une technique formelle à partir de la décision du
conseil général de la Banque de France (11 mai 1944) ouvrant la
porte du réescompte au papier à moyen terme remplissant certaines
conditions : durée du crédit limitée à 5 ans
(et 7 ans depuis 1965) ; nombre de signature élevé a quatre
au lieu de trois.
Bien que, en RFA, il n'existe pas de procédure pour la
mobilisation des crédits à moyen terme, cette catégorie de
crédit est isolée ; elle réunit les crédits de
six mois à quatre ans. Aux Etats-Unis d'Amérique, la notion de
crédit à moyen terme n'est pas utilisée.12(*)
· Le Crédit à long terme12(*) est destiné
à satisfaire des besoins permanents et à financer des
immobilisations amortissables sur une longue période, supérieur
à dix ans. Il comporte un engagement de nature différente :
aussi, traditionnellement, ne peut il être consenti que sur des
ressources stables : ressources propres des établissements
prêteurs, produit d'émissions obligataires, épargnes semi
liquides. Il est normalement consenti par des établissements
spécialisés et, si les banques y participent, les techniques
mises en oeuvre ne sont plus celles du crédit bancaire. Il sort
même du domaine du crédit lorsqu'il est recherché sur le
marché financier.
D'une façon générale on définit
comme crédit de long terme tout crédit dont la durée
excède le moyen terme c'est-à-dire supérieure à
sept ans.
· Le Crédit Immobilier 13(*)couvre toutes les
catégories de crédit facilitant la construction d'immeubles, leur
acquisition, leur modernisation. Ceux-ci sont accordés soit aux
promoteurs, soit aux acquéreurs et, suivant l'état de
l'opération et sa nature, sont de durée variable. Ce
crédit ne coïncide que partiellement avec le domaine du
crédit foncier dont la technique repose sur la garantie
hypothécaire et dont l'objet s'étend à l'acquisition de
tous immeubles y compris les terrains non bâtis à destination
agricole, mais ne porte que sur les immeubles existants et correspond
normalement à un crédit à long terme.
· Le crédit à la
consommation 14(*)est le crédit consenti aux ménages pour
leurs besoins courants et surtout pour l'acquisition de biens semi durables
tels que : automobile, équipement ménager. Dans la
terminologie courante, il est confondu avec le financement des ventes à
tempérament assuré par les vendeurs eux- mêmes, par des
établissements financiers spécialisés, ou par les
banques ; mais ces techniques sont employées aussi pour financer la
vente d'équipements professionnels (véhicules industriels).
· En fonction des garanties dont qu'ils sont
assortis : on distingue les crédits en blanc15(*) (ou crédit non
garantis ou crédits personnels) reposant sur la confiance dans la
solvabilité du client et son aptitude à tenir l'ensemble de ses
engagements, et les crédits assortis de sûretés ou gages.
Les sûretés réelles comportent affectation
au profit du banquier de certains éléments de l'actif et
notamment de ceux dont l'acquisition est l'objet même du
crédit ; mais ces sûretés peuvent être prises
aussi, même lorsqu'il s'agit de crédit par caisse sans affectation
déterminée à tel objet. Parmi ces sûretés
figurent l'hypothèque des immeubles, utilisé aussi bien dans les
crédits immobiliers que dans toutes les catégories de
crédits aux entreprises : le nantissement des matériels
d'équipement et des fonds de commerce : le nantissement des titres
ou de marchandises ; le warrantage des stocks ; la subrogation dans
le privilège du vendeur.
Les garanties personnelles comportent le cautionnement et
l'aval, ce dernier étant une forme de cautionnement
réservée à la garantie d'effets de commerce. Le
cautionnement peut être organisé dans le cadre d'un système
de solidarité collective et réciproque. L'assurance-crédit
ne s'est autant développé qu'avec la garantie de l'état
dans le domaine du crédit à l'exportation : l'assurance vie
est souvent exigée pour les prêts immobiliers à moyen ou
à long terme.
3.- Méthodologies de Crédit
· Groupes Solidaires.
Selon la méthodologie de crédit dite
«Groupes Solidaires», une IMF fournit un crédit à un
groupe de 3 à 10 individus (comme pour les banques communautaires, le
plus souvent des femmes) qui se portent mutuellement garants pour le
remboursement. La durée du prêt, le taux d'intérêt
et le calendrier de remboursement sont déterminés par l'IMF,
tandis que les montants reçus par chaque individu sont fixés par
les membres du groupe et approuvés par l'IMF. De cette manière,
la fonction d'évaluation du risque de crédit au niveau individuel
est remplie par le groupe lui-même. A la fin d'un cycle de
remboursement, l'octroi d'un crédit consécutif au groupe est
conditionné par l'absence d'arriéré. Cette
méthodologie est semblable à la méthodologie des banques
communautaires dans son aspect de crédit solidaire. Mais elle s'en
distingue par le fait qu'il n'existe pas d'objectif de
«pérennisation» des groupes solidaires en institutions
indépendantes de l'IMF qui les encadre. Il n'y a pas non plus, de
manière générale, d'obligation d'épargne faite aux
membres du groupe pour bénéficier d'un crédit.
· Crédit Direct Individuel.
Les IMF pratiquant la méthodologie de crédit
direct individuel ont des techniques de crédit qui ressemblent plus aux
techniques de crédit bancaire classique. Des prêts sont consentis
aux individus; il n'y a pas de crédit solidaire. Les officiers de
crédit des IMF circulent dans le milieu des micro-entrepreneurs et
effectuent des visites aux clients pour évaluer leur moralité et
leur capacité de remboursement. Les prêts sont approuvés
à la suite d'une demande formelle et après une visite de
l'officier de crédit. A la différence des méthodes de
crédit solidaire, les officiers de crédit effectuent une analyse
réelle de l'activité économique financée et du
risque couru. En général, les clients ayant remboursé en
respectant le calendrier établi sont éligibles pour un nouveau
crédit, souvent d'un montant plus grand (après réexamen du
dossier). En pratique, les IMF utilisant une approche de crédit direct
individuel offrent des prêts d'un montant plus élevé que
les IMF se spécialisant dans les groupes solidaires ou dans les banques
communautaires.
La distribution du crédit comme concept implique le
mécanisme donnant accès au crédit bancaire traditionnel
(offert par les banques commerciales) et le micro crédit (offert par les
institutions de micro finance) par les agents non financiers
déficitaires. Une meilleure ou une plus grande distribution du
crédit sous entend une baisse du niveau de concentration du
crédit (bancaire traditionnel et/ou micro crédit) au plan
spatial, social et sectoriel.
Parlant de distribution de crédit, la prochaine section de
ce chapitre mettra en évidence les différentes thèses
développées au niveau de la littérature économique
sur la distribution du crédit dans les pays en développement.
Section2.- Cadre Théorique
La distribution du crédit dans les pays en voie de
développement comme le nôtre, Haïti, fait l'objet de
plusieurs écrits au niveau de la littérature : des
thèses et des papiers ont été produits sur ce sujet. Une
bonne partie des débats se tournent autour d'un thème qui fera
l'objet de la prochaine partie de cette section : « le dualisme
financier ». C'est quoi en fait ?
A) Le Dualisme Financier
Nombreux sont les auteurs ayant avancé que les secteurs
financiers des pays en voie de développement sont
caractérisés par un certain dualisme financier;
c'est-à-dire la juxtaposition des secteurs bancaire et informel en
matière de financement. En effet, les causes de ce dualisme font l'objet
de deux thèses :
La première est celle de la théorie de la
libéralisation financière, considérant que la
présence du secteur informel s'explique par l'existence d'une politique
de répression financière, et qu'il suffirait de lever les
contraintes imposées au secteur financier formel pour réduire le
secteur informel.
La deuxième thèse est une approche
néo-structuraliste faisant croire que le dualisme n'est autre que la
conséquence de l'hétérogénéité des
structures économiques, sociales, culturelles et ethniques des pays en
voie de développement. Ainsi, le secteur financier se heurte
lui-même à ce dualisme intrinsèque des économies en
voie de développement. On peut ainsi dire que le dualisme serait un
phénomène structurel dans ces pays. Pour réduire le
dualisme, les partisans de cette thèse proposent une
réglementation plus forte à l'intérieur du secteur
formel.
1.-Théorie de la libéralisation
financière
Selon les théoriciens de la libéralisation
financière dont les plus connus sont Mac-Kinnon et Shaw, la
présence d'un secteur informel aux cotés du secteur formel serait
la conséquence de l'inefficacité du secteur financier formel,
inefficacité due en grande partie à la rigidité du secteur
formel et l'omniprésence des pouvoirs publics, principalement en
matière de fixation des taux d'intérêt, sur les
institutions du secteur formel, empêchant ce dernier de s'adapter aux
conditions spécifiques de l'économie des pays en
développement. La finance informelle est le signe du
sous-développement financier de ces pays.
Ainsi, le secteur informel se serait développé
car la majeure partie de la population rurale et urbaine est exclue de
l'accès au crédit institutionnel, et aussi parce que les
institutions de prévoyance et d'assurance sont absentes du secteur
officiel. En règle générale, le terme
« répression financière » se
réfère aux effets de la réglementation étroite du
système financier et aux diverses formes de restrictions imposées
par le gouvernement à l'activité des institutions
financières : fixation administrative des taux
d'intérêt, endettement du trésor, lourdeur administrative,
etc.
Ce sont ces restrictions et des disfonctionnements qui
conduisent à une fragmentation des marchés financiers.
La structure des taux d'intérêt reflète un
profond déséquilibre : sur le plan officiel, le loyer de
l'argent est contrôlé à des niveaux bas, les taux
d'intérêt réels négatifs observés pendant de
longues périodes diminuant l'incitation aux placements bancaires et
surtout, renforçant le rationnement du crédit bancaire
traditionnel, pourtant nécessaire à la dépense
d'investissement privé. A l'échelle informelle, les niveaux
très élevés des taux d'intérêt réels
positifs appliqués aux prêts, contrastent avec ceux
appliqués aux placements courts sur ce marché avec les taux
débiteurs et créditeurs appliqués aux opérations
bancaires quelle que soit leur durée.
L'endettement du trésor auprès de la banque
centrale. Cet endettement est lié au déficit
budgétaire et aux déficits des entreprises publiques, ce qui
crée des effets d'éviction vis à vis du secteur
privé, notamment des petites unités et se traduit par des
créances douteuses contraignant les banques à privilégier
des prêts à court terme et à garanties
élevées.
La lourdeur administrative, les coûts de gestion
et les délais de décaissement : ceux-ci interdisent les
grandes organisations d'atteindre les acteurs produisant à petite
échelle. Ils créent des coûts de transaction et favorisent
l'innovation financière informelle;
On peut citer comme autres formes de restrictions
imposées par le gouvernement : le contrôle des changes,
les coefficients de réserves obligatoires, la régulation de la
concurrence...
Les tenants de la libéralisation financière
estiment que dans un système financier sur règlementé et
où la concurrence est limitée, les banques ressentent moins le
besoin de rechercher de nouveaux clients et d'attirer des dépôts;
tandis que les épargnants et les emprunteurs potentiels, n'étant
pas sollicités, sont amenés à se tourner vers les circuits
financiers parallèles.
Ainsi le secteur informel se développe et joue un
rôle de régulateur en se substituant aux défaillances des
institutions du secteur officiel. Les théoriciens de la
libéralisation financière, dont les plus anciens sont Mac-Kinnon
et Shaw, estiment donc qu'il suffit que la répression financière
soit éliminée pour que le secteur financier informel disparaisse.
La libéralisation financière consiste à centraliser
l'épargne entre les mains des intermédiaires financiers
officiels, centralisation qui permettra l'unification du marché
financier, et donc la disparition du secteur informel.
2.-L'analyse
Néo-Structuraliste :
D'après ces derniers, le dualisme financier est
considéré comme une conséquence d'un dualisme
déjà existant au sein des structures économiques et
sociales des pays en voie de développement. Ainsi, la dynamique des
informalités financières semble être liée à
la configuration structurelle des sociétés des pays en
développement.
Les facteurs culturels et socio-politiques, mais aussi les
facteurs économiques et financiers semblent pouvoir expliquer la
vivacité du secteur informelle.
- Les facteurs socio-économiques et
culturels : Si le secteur informel est aussi vivace
aujourd'hui, cela tient en grande partie aux facteurs culturels et
à la persistance des habitudes d'investissement traditionnelles. En
effet, les facteurs culturels déterminent dans une large mesure les
motivations, les moyens disponibles et les formes
préférées d'épargne et de crédit. On
constate que dans les pays en développement, la thésaurisation
est une forme très courante d'épargne. Souvent celle-ci vient du
fait qu'il n'y a pas d'agence accessible, mais même lorsque ces agences
sont présentes, la population n'y a pas forcément recours.
Timidité, découragement, manque de confiance et méfiance
en sont les raisons principales.
-Les facteurs socio-politiques expliquent
également pourquoi les populations sont attachées aux pratiques
financières informelles. En effet, l'instabilité sociale et
politique ainsi que des changements fréquents de politiques
économiques ne créent pas un climat pour installer la confiance.
Cela ne fait que renforcer l'attrait des populations pour la finance
informelle.
-Les Facteurs économiques et financiers :
au niveau économique, on connaît déjà les obstacles
auxquels se heurtent la plupart des pays en voie de développement, non
absorption de la main-d'oeuvre, distorsions dans la distribution des revenus,
inadéquation des structures productives, concentration excessive en
milieu urbain etc.... Tous ces déséquilibres structurels du
marché du travail et celui du capital se résorbent au sein du
secteur informel.
Au niveau financier, l'intervention des pouvoirs publics pour
réglementer et contrôler l'activité économique et
financière est vivement souhaitée pour résorber les
déséquilibres. En effet, selon les partisans de cette seconde
thèse, il n'y a pas dans les pays en développement les conditions
nécessaires permettant une mobilisation et une affectation efficace des
ressources par le jeu des forces de marché. De plus il semble qu'il y
ait un manque de volonté de la part de l'État pour intervenir
dans le secteur informel, ce qui expliquerait qu'il perdure. Ainsi les pouvoirs
publics auraient une attitude de négligence coupable vis-à-vis du
secteur financier informel.
Jean-Louis Lespes (in M Lelart, 1990) distingue lui quatre
phénomènes à l'origine du développement des
pratiques informelles. Son analyse est aussi basée sur les
caractéristiques structurelles des différents pays en voie de
développement, et peut donc compléter l'analyse ci-dessus. Ces
quatre phénomènes sont : l'insertion du pays dans le
contexte mondial, les transformations du mode de production, la situation
démographique de ces pays, et là encore l'omniprésence et
l'inefficacité de l'État.
Pour lui donc, ces quatre phénomènes sont de
puissants facteurs de déstructuration sociale, et l'informel permet un
ajustement au sein de ces sociétés face aux mutations qu'elles
doivent supporter. En effet, dans de nombreux cas, l'informel permet de
supporter les enchaînements régressifs liés à
l'insertion mondiale et donc la
« résistance » de la société. Il
compense les défaillances du système officiel dans tout le
registre des besoins (nourriture, santé, transport, crédit,
épargne, protection sociale, enseignement etc.) Il appuie
également le système officiel en autorisant un coût
très faible de la force de travail. Il indique que les voix de
l'amélioration du système formel, voire se substituer peu
à peu à lui.
Si ces deux thèses semblent s'opposer, il faut signaler
qu'aucune d'entre elles ne donne une explication suffisante. En effet, on peut
dire que l'existence et le dynamisme du secteur informel résultent de
l'ensemble des facteurs décrits ci-dessus dans les deux
thèses.
Un autre auteur, Olivier Cadot, à travers un
système d'équations bien charpenté a expliqué de
façon élégante le fonctionnement du marché de
crédit dans les pays en voie de développement à travers ce
qu'il appelle lui-même « les principes et problèmes de
base ».
B) Déficiences des Marchés de
Crédit dans les pays en voie de Développement (Olivier Cadot,
1999-2000)
1. Principes et problèmes de base
· Le risque de défaut
Soit `' r '' le taux d'intérêt
auquel un individu (l' « emprunteur » ou débiteur) emprunte
à un autre (le « prêteur » ou créancier). Le
prêteur paie un taux d'intérêt
«i» sur ses propres fonds, qui correspond au taux de
rémunération des dépôts bancaires (ou au coût
d'opportunité). L'emprunteur a une probabilité de
défaut, `' P '', exogène. Si le
débiteur fait défaut à ses obligations de rembourser, le
créancier récupère une proportion ë
< 1 sur les créances douteuses. On suppose, dans cette application,
que le marché du crédit fonctionne en concurrence parfaite.
Résumons donc les variables :
P : est la probabilité de
défaut du débiteur.
r : est le taux d'intérêt
que paie le débiteur sur son emprunt.
i : est le coût de l'argent pour
le créancier.
L : est le montant du prêt.
ë : est la proportion
récupérable des créances douteuses.
Le créancier a une espérance de profit E
(ðc) qui est nulle en concurrence parfaite.
E (ðc) = (1-p)(1 +r) L + pëL - (1 + i)L =
0
ð (1 -p)(1 +r) +ëp = 1 + i
ð :
Ce résultat pour « r » nous donne
la relation entre la probabilité de défaut et le taux
d'intérêt que le créancier exigera. En calculant la
dérivée par rapport à p; on a :
pour tout
p å (0; 1):
On constate donc que « r »
est une fonction strictement croissante
de « P ». En d'autres termes, plus la
probabilité de défaut de l'emprunteur est grande, plus le taux
d'intérêt d'équilibre sera élevé, ce qui
n'est après tout guère surprenant. Ainsi, une dégradation
de l'environnement économique exogène (suite à une
mauvaise récolte, par exemple, ou à un désastre naturel)
provoquera une hausse du risque de défaut et donc, par contre-coup, une
hausse des taux d'intérêt. Cette hausse contribuera à
aggraver la situation économique, puisque des projets qui auraient
été, sinon, économiquement viables se verront
privés de financement. L'abandon de ces projets ralentira le rythme de
l'investissement et donc la vitesse de reprise de l'économie.
On a aussi :
Ce qui signifie qu'un système légal ou judiciaire
déficient ne permettant aux créanciers de récupérer
qu'une fraction faible des créances douteuses les incitera à
exiger des taux d'intérêt élevés, ce qui de nouveau
affaiblira le potentiel d'investissement de l'économie.
La dépendance du taux d'intérêt par
rapport à des variables économiques ou institutionnelles n'est
pas la seule source d'effets pervers sur les marchés du crédit.
L'information dite « dissymétrique », dans laquelle un agent
(en général l'emprunteur) en sait plus sur la qualité du
projet qu'un autre (le prêteur) peut aussi engendrer des
déficiences du marché. Les phénomènes de ce type,
appelés « anti-sélection » (adverse selection en
anglais) sont l'objet de la section suivante.
2. L'anti-sélection
Supposons qu'on ait deux types d'emprunteurs sur le
marché : le type risqué et le type sûr. La proportion
d'emprunteurs sûrs est ë et celle d'emprunteurs
risqués, 1-ë. Chaque agent souhaite emprunter un
montant L pour investir dans un projet à rendement
x pour le type sûr et x' pour le type
risqué.
Le marché ne dispose pas de système de garantie
contre les mauvais risques, c'est-à-dire que, dans la notation de la
section précédente, ë = 0.
Le prêteur (c'est l'hypothèse cruciale) n'observe
pas le type d'emprunteur auquel il a à faire. Les débiteurs
à haut risque, dits risqués, ont une probabilité q < 1
de rembourser, alors que les débiteurs à faible risque
remboursent avec certitude. Cependant, on suppose que qx' > x, c'est
à dire que le type risqué a un rendement espéré
plus élevé que le type sûr.
Type
sûr risqué
Rendement
x x'
Probabilité de remboursement 1
q
Proportion de la population d'emprunteurs ë
1-ë
Comportement des emprunteurs
A partir de ce tableau, on détermine le taux
d'intérêt maximum que le débiteur est prêt à
payer. Il sera de rS pour le type sûr et rR pour le
type risqué.
· Type sûr: x- (1 +r)L = 0 => rS =
(x - L)/L
· Type risqué: q [x'- (1 + r)L] + (1 - q)0 = 0
=> rR = (x'- L)/L:
Étant donné que, par hypothèse, qx' >
x, et q < 1, il s'ensuit que x' > x:
On a donc rR > rS. En l'absence de
garanties, le type risqué est donc prêt à payer plus que le
type sûr afin d'obtenir un prêt.
Comportement du prêteur
Le profit espéré du prêteur,
considérant les données du problème, est :
E (ðp) = ë [(1 +r)L - L] +(1 -ë) [q(1
+r)L - L]
où l'on a supposé que le prêteur a un
coût nul sur les fonds. La condition de
profit non-négatif, E(ðp) =0, implique
donc
ë (1 + r) +(1-ë)q(1 +r) - 1 ? 0
En mettant r en évidence,
Le taux d'intérêt sur les emprunts est donc une
fonction de ë et q: Pour mieux cerner l'effet de ces deux variables sur le
taux d'intérêt, posons :
,
et calculons les limites:
Ainsi, lorsque ë et q
tendent simultanément vers 0, c'est à dire lorsque la proportion
des types sûrs diminue en même temps que diminue la
probabilité que le type risqué rembourse, le taux
d'intérêt concurrentiel tend vers l'infini.
En général, au fur et à mesure que la
qualité des risques se détériore, le taux
d'intérêt augmente et, ce qui est crucial, les types sûrs
seront les premiers à quitter le marché, puisque rS
< rR:
Equilibre
Plusieurs cas doivent être distingués en fonction
de la relation entre ö; rS et rR.
Cas 1: < rS
Les deux types d'agents empruntent; le marché
fonctionne avec une proportion
(1 - q)(1 -ë ) de faillites.
Cas 2: > rS
Seul le type sûr sort du marché. Alors ë = 0
et E(ðp) = q(1 + r)L - L.
Le taux d'intérêt d'équilibre sera celui
pour lequel le profit du prêteur sera nul. La condition de profits nuls
E(ðp) = 0 implique alors q(1 + r) = 1 ou r = (1 - q)/q = ö,
ce dernier étant, on s'en souvient, le taux d'intérêt qui
garantit la couverture des coûts lorsque le marché n'est
constitué que d'agents risqués. Deux sous-cas sont à
considérer :
Cas 1a: rS < < rR
Alors (1-q)/q < (x'-L)/L, et le marché n'est
composé de plus que de mauvais risques. Le taux d'intérêt
est alors élevé.
Cas 2b: rR <
Alors (x'- L)/L < (1-q)/q, ce qui implique qx' <
1 : Cette relation ne peut être satisfaite que lorsque q s'approche
de 0. Le marché s'effondre alors complètement.
La nature du problème sur le marché du
crédit vient du fait que le prix a un double rôle.
Premièrement, le taux d'intérêt assure l'équilibre
entre l'offre et la demande et deuxièmement, il détermine la
qualité de la population sur le marché. Lorsqu'on a un continuum
de niveaux de « qualité » (c'est-à-dire de risques) au
lieu de deux niveaux comme ici (« sûr » et « risqué
»), on peut montrer que le marché s'effondre toujours.
Souvenons-nous que les hypothèses du modèle sont les
suivantes : information asymétrique, absence d'interactions
répétées, population hétérogène (mais
sans aléa moral), absence d'institution pour surmonter le
problème d'anti-sélection, enfin absence de garanties
(collatéraux.)
Par extension, le problème de l'asymétrie
d'information s'applique à d'autres marchés : le
marché du travail, dans lequel l'employeur ne sait pas s'il a affaire
à un bon ou un mauvais travailleur, ce qui peut mener à la
dégradation du marché »spot»; le marché de
l'assurance, en particulier dans le domaine de la santé, où
l'information asymétrique entre assureur et assuré engendre des
coûts élevés et des distorsions. C'est essentiellement pour
cette raison que des systèmes d'assurance obligatoire sont
imposés dans de nombreux pays.
En quoi les problèmes d'anti-sélection sont-ils
spécifiques, ou particulièrement aigus, dans les pays
émergents ? Tout d'abord, un environnement politique instable,
marqué par les risques de changements brutaux de politique, de coup
d'État, ou de violences inter-ethniques, augmentent le taux d'escompte
des agents et les incitent à se conduire comme dans un jeu dit «
one-shot », c'est-à-dire joué une fois seulement. Dans un
tel jeu, les effets de réputation ou les stratégies qui
permettent la coopération dans les super-jeux sont inutiles, rendant les
problèmes d'anti-sélection particulièrement aigus. La
défaillance des systèmes judiciaires et l'absence de garanties
qui en résultent contribuent à aggraver le problème.
Enfin, les institutions qui permettent de surmonter les problèmes
d'anti-sélection par la fourniture d'informations crédibles sont
souvent sous-développées dans les pays pauvres, remplacées
par des réseaux informels de type familial ou ethnique (qui cependant,
il faut le reconnaître, peuvent être eux-mêmes très
efficaces).
Dans ce même papier, Olivier Cadot, poursuit pour dire
tout n'est pas déficient dans le fonctionnement des marchés de
crédit dans les pays pauvres , en particulier en raison du
développement des systèmes de micro crédit fonctionnant
sur des principes différents des intermédiaires financiers
traditionnels. Des systèmes qui ont suscité un
intérêt considérable mêmes auprès des
institutions financières internationales plus précisément
la banque mondiale.
Ce qui aurait dû expliquer cette assertion de James
wolfensohn, président de la Banque Mondiale dans un article
publié dans un bulletin de la campagne du sommet du micro
crédit<Count down 2005>: la micro finance s'accorde tout à
fait avec la stratégie globale de la Banque mondiale. Elle permet
d'atteindre des millions de personnes très pauvres, en particulier des
femmes et de leur offrir l'accès à des services financiers
rentables et fiables auxquels elles n'auraient pas droit autrement ».
Ce qui sous entend que les IMF opèrent une certaine
démocratisation du crédit. La micro finance, née à
la fin du 20e siècle au début des années 1980,
est une réponse à l'exclusion des populations à faible
revenu par le système bancaire traditionnel. C'est un nouvel
élément du système financier qui permet aux agents
économiques exclus du système bancaire traditionnel en raison de
leur faible capacité économique d'accéder à des
produits financiers appropriés à leur besoin plus
particulièrement le crédit. La microfinance caractérise un
moyen de compenser les défaillances des systèmes locaux de
financement et d'améliorer les niveaux de revenu de cette
catégorie de la population formée en grande partie de micros et
de petits entrepreneurs. (Eustache Roi/DAI FINNET, 2003)
Bref, la microfinance est donc considérée comme
une structure de financement alternative ayant pour mission d'offrir des
services financiers aux exclus du système bancaire qui sont
généralement des agents économiques évoluant dans
le secteur informel. Considérant les différentes thèses et
papiers tentant d'expliquer l'existence de ce phénomène de
dualisme financier dont les économies des pays en voie de
développement en sont la proie, il serait important de jeter un coup
d'oeil sur le fonctionnement du système financier haïtien.
CHAPITREII.-
Le Système Financier Haïtien
Chapitre2.- Le Système Financier
Haïtien
Le système financier haïtien, en dépit de
ses faiblesses, joue actuellement un rôle très important dans
l'économie haïtienne. La contribution de l'intermédiation
financière en tant que branche d'activité varie entre 5% à
7% d'après les informations publiées par l'institut haïtien
de statistique et d'informatique(IHSI). Le système financier
haïtien comprend toutes les structures financières bancaires et les
structures financières non bancaires. Il peut être
étudié du point de vue de sa composante formelle regroupant le
sous-système des banques et quelques structures financières
très liées organiquement au système formel et de sa
composante informelle.
Avant d'aborder la question de la distribution du
crédit bancaire en Haïti, faisons un peu l'historique du
système. Car certaines des caractéristiques de ce système
découlent dans une certaine mesure de son passé.
A) LA COMPOSANTE FORMELLE
1.-Le SYSTEME BANCAIRE HAITIEN
· Son
Historique
Dans la vie économique de tout pays, le système
financier particulièrement le système bancaire joue un rôle
très important. A travers le processus d'intermédiation
financière ce dernier facilite les échanges entre les agents
économiques et l'émergence des entreprises publiques et
privées. Ce que les dirigeants haïtiens ont pu comprendre peu de
temps après la reconnaissance de l'indépendance d'Haïti par
la France. En 1826, le gouvernement de Boyer a eu le projet de création
d'une banque. Malheureusement ce projet ne fut finalement lancé qu'en
1874. Le local fut construit, cependant il a fallu attendre les six prochaines
années, la présidence de Salomon pour assister à
l'implantation de la première Banque en Haïti. Le 30 septembre 1880
soit 76 ans après l'indépendance Nationale, une institution
financière dénommée Banque Nationale
d'Haïti a vu le jour dans le pays pour la première
fois dans l'histoire d'Haïti. Il s'agissait d'une société
anonyme française dont le siège social est à Paris et le
conseil d'administration est à Port au Prince. Elle fut autorisée
à fonctionner dans le pays pendant cinquante ans avec un capital social
de dix millions de francs. Elle était à la fois une banque
d'émission, une banque commerciale et elle était chargée
aussi de gérer les fonds du trésor.
Cette expérience n'a pas été une
réussite totale puisque la Banque Nationale d'Haïti était
mal vue par le public. Bien que protégée par le gouvernement
pendant un certain temps, cette institution devait fermer ses portes suite
à la résiliation du contrat de concession en octobre 1910. Une
autre institution, dénommée cette fois-çi Banque Nationale
de la République d'Haïti allait succéder à la
première. Elle fonctionna dans le pays pendant six ans (1910-1916) avec
une majorité française; ensuite elle devint totalement
américaine avant d'être vendue en 1935 à l'Etat
haïtien. La BNRH fut achetée par l'Etat haïtien pour un
million de dollars, tirés des réserves du trésor public.
En fait, la société américaine continuera à
gérer la BNRH jusqu'à ce que l'on ait obtenu ce qu'on appelle la
libéralisation financière en 1947.
La stabilité politique imposée par les
américains suite à leur intervention en Haïti en 1915 et les
réformes monétaires entreprises dans les premiers mois de
l'année 1919 entraînèrent l'installation de plusieurs
banques dans le pays. Parmi lesquelles, on peut citer : la Royal Bank of
Canada en 1919, la American Foreign Banking Corporation en 1920 et quelques
autres banques spécialisées dans les opérations de
change.
A la suite de la libéralisation financière en
1947, d'autres banques ont vu le jour en Haïti dont IHCAI, IDAI et BNDAI
en 1951, Banque Populaire Colombo Haïtienne en 1955 et la Banque
Commerciale d'Haïti 1960 pour suspendre ses opérations en 1967.
Au cours des années 1970, certaines banques
étrangères, notamment américaines, ont
intégré le circuit bancaire haïtien en ouvrant des
succursales dans le pays, rejoignant ainsi la Banque Royale du Canada qui
s'était déjà installé depuis 1919.
Parallèlement, en tant que banques domestiques
récemment créées on retrouvait la Banque Populaire
Haïtienne (BPH), la Banque de l'Union Haïtienne (BUH), la Banque
Industrielle et Commerciale d'Haïti (BICH) et, un peu plus tard la Banque
Nationale de Crédit issue de la refonte de la Banque Nationale de la
République d'Haïti (BNRH) en 1979.
A l'exception de la BNC qui avait hérité des
succursales de province de l'ex-BNRH et de la BUH qui était
présente dans deux villes de province (Cap-Haïtien et Cayes), les
banques commerciales et leurs agences, au nombre de treize en 1979, se
trouvaient principalement à Port au Prince, avec position dominante des
succursales de banques étrangères. Cette domination
commença à s'affaiblir à partir de la deuxième
moitié des années 1980, après que les succursales de
banques étrangères eurent choisi de se désengager
progressivement du marché haïtien.
En effet, des investisseurs haïtiens entreprirent
d'acquérir le patrimoine local des banques étrangères qui
se retiraient. Ceci occasionna la création de nouvelles banques
domestiques. En 1986, la Banque Royale du Canada cédaient ses
activités à la Société Générale de
Banque (SOGEBANK). Pendant la deuxième moitié de la
décennie 1980, deux banques d'épargne et de logement (BEL)
à capitaux privés haïtiens furent créées: la
Banque de Crédit Immobilier (BCI) en 1985 et la Société
Générale d'Epargne et de Logement (SOGEBEL) en 1988.
Pendant la décennie suivante, de nouvelles banques
à capitaux privés haïtiens émergèrent. Il
s'agit de la UNIBANK (1993), la Société Caraibéenne de
Banque (SOCABANK, 1995) et la Banque Métropolitaine d'Haïti (BMH)
ou METROBANK, 1996.
La banque de la Promotion Commerciale et Industrielle
(PROMOBANK) reprenaient les activités de la Banque Nationale de Paris en
1994; la Banque Intercontinentale de commerce (BIDC) reprenaient aussi les
activités de la First National Bank of Boston en 1996 et celles de la
METROBANK en 1997.
L'acquisition en novembre 1998 de la BIDC et de sa filiale BMH
par la SOGEBANK porta le système bancaire à douze
établissements : deux banques commerciales d'Etat, deux succursales de
banques étrangères, sept banques commerciales à capitaux
privés haïtiens et une banque de logement. La BCI a changé
de dénomination en 1996 pour devenir la CAPITAL BANK qui a acquis en
mars 1999 le statut de banque commerciale.
Avec la SOCABEL la dernière du système
jusqu'à 2005 le système bancaire haïtien est
constitué d'une banque centrale (BRH), deux banques commerciales
publiques, sept banques commerciales nationales privées, deux banques
étrangères (CITIBANK, SCOTIABANK) et deux banques
d'épargne et de logement (SOGEBEL, SOCABEL).16(*)
Parallèlement il existe le Fonds de
Développement Industriel (FDI) et la Société de
Financement de Développement des Entreprises (SOFHIDES) qui sont des
structures de financement formelles traditionnelles et qui sont organiquement
connectés au système bancaire.
Bref, qu'en est il de la distribution du crédit
bancaire en Haïti ?
· Banques Commerciales et Distribution du
crédit en Haïti
Les études réalisées sur le
système bancaire haïtien l'ont toujours qualifié d'un
système centralisé au triple plan spatial, social et sectoriel.
Certains auteurs parlent même d'une certaine concentration du capital.
Au cours de la décennie 1980-1990 le porte feuille de
crédit des établissements bancaires a enregistré une
progression annuelle moyenne de 6,3 %. Cette évolution
modérée peut être liée à l'attitude de
prudence des banquiers face à l'instabilité politique et aux
incertitudes de la conjoncture économique à partir du milieu des
années 1980. Exprimés en pourcentage des prêts totaux, les
prêts à court terme octroyés à la fin des
années 1980, tels que le crédit documentaire et les avances en
comptes courants, ont varié entre 55% et 67%.
Les succursales de banques étrangères
établies en Haïti s'étaient attribuées
approximativement 60% du total des prêts octroyés au secteur
privé au début des années 1980. Cette part du
marché de crédit des banques étrangères
déclina progressivement pour s'établir à 42% au cours de
l'année 1986. L'entrée en jeu de nouveaux acteurs locaux au cours
des années 1992-1998 suite en partie à la baisse graduelle des
coefficients de réserves obligatoires, survenue en milieu du
décennie, le porte feuille de crédit des banques a
évolué à un rythme annuel moyen de 24,6 % passant de 2
237.8 à 8 367.5 millions de gourdes.
Toutefois, en ce qui a trait à la distribution du
crédit, le système a gardé son caractère
centralisé. Certains parlent d'une concentration au triple plan :
spatial, social et sectoriel.
-Distribution spatiale
En ce qui concerne la distribution du crédit en
Haïti au plan spatial une étude réalisée par Fritz
Deshommes sur le fonctionnement des banques commerciales en Haïti, leur
logique et leur motivation dont un extrait a été publié
dans son ouvrage intitulé « Politiques Economiques en
Haïti, Rétrospectives et Perspectives, (Cahiers Universitaires, Mai
2005) nous a révélé ceci.
Au 30 septembre 1995, le porte feuille de crédit brut
des banques commerciales totalisait 4,323.8 millions de gourdes. Plus que la
moitié soit 65% du portefeuille de crédit concerne des banques
n'ayant aucune succursale en province. Le reste est partagé entre douze
succursales de Port au prince et 17 succursales de province. Ce que le tableau
suivant met en évidence :
TABLEAU I.- Distribution Spatiale du crédit bancaire en
Haïti (1995)
BANQUES
|
Nbre de succursales P au P
|
Nbre de succursales Province
|
Porte feuille de crédit Brut
En millions de Gdes
|
Dépôts Totaux En millions de
Gdes
|
BUH
|
3
|
2
|
397.9
|
921.4
|
BNC
|
4
|
12
|
632.0
|
1316.0
|
PROMOBANK
|
3
|
1
|
469.0
|
834.2
|
SOCABANK
|
2
|
2
|
21.1
|
113.2
|
AUTRES
|
24
|
0
|
2803.8
|
6135.9
|
TOTAL
|
36
|
17
|
4323.8
|
9310.7
|
Source : Calculs à partir du Rapport Annuel, 1995
(Fritz DESHOMMMES, 2005)
Par ailleurs, selon les données fournies par la BRH
pour cette même période, 90% des dépôts sont
collectés à Port au prince.
Avec la politique de proximité des banques commerciales
manifestée à partir de l'établissement des succursales
dans les différentes villes de province on aurait pu s'attendre à
une certaine amélioration au niveau de la distribution du crédit
bancaire au plan spatial.
Il faut dire, des efforts considérables que nous avons
déployés pour retrouver les statistiques sur la distribution
spatiale du crédit se révélaient tous vains. Les chiffres
portant sur la distribution géographique du crédit bancaire
n'étaient pas disponibles.
En dépit, de l`absence ou de l'indisponibilité
de ces données statistiques, nous avons tenté de retrouver
quelques éléments de réponse à partir d'une analyse
de l'organigramme des succursales de banque commerciale dans les
différentes villes de province.
Les recherches dans le cadre de cette étude nous ont
permis de constater qu'au niveau du personnel des succursales de banque de
province la présence d'un officier de crédit, pour ne pas parler
d'un service de crédit, se fait complètement ignorer. Il est dans
la majorité des cas, question d'un service à la clientèle
avec de jolies jeunes filles qui s'occupent en général des
ouvertures de comptes, vente de chèques de direction, certification de
chèques et d'autres services qui ne sont pas liés à
l'octroi du crédit ; un service de caisse avec en moyenne trois
guichets payeurs, et la direction qui s'occupe en grande partie de la promotion
et de la supervision des deux services. En gros, c'est tout ce qui fait
l'organigramme d'une succursale de banque de province sans tenir compte du
messager pour le transfert des courriers au siège social (qui se trouve
toujours à Port au Prince), des agents de sécurité et le
personnel de soutien.
Il y a peut être des raisons valables qui pourraient
expliquer un tel choix. En effet, il s'agit quand même d'un fait qui
pourrait nous porter à remettre en question une quelconque
volonté des banques commerciales à offrir le crédit aux
populations vivant dans les villes de province. Ainsi, les politiques de
proximité menées par les banques commerciales haïtiennes en
plaçant des succursales dans certaines villes de province semblent ne
pas changer en rien le caractère centralisé du système
bancaire au niveau de la distribution spatiale du crédit.
Si au plan géographique le crédit bancaire reste
encore concentrer au niveau de la zone métropolitaine de port au prince.
Qu'en est-il au plan social ? Qui sont les bénéficiaires du
crédit dans le système ? A qui prêtent les banques
commerciales ?
- Distribution Sociale
Cette question se révèle d'une importance
capitale, car de récentes études de la banque mondiale ont
prouvé que l'accès au crédit à un impact important
sur la réduction de la pauvreté. Ce qui les porte à
plaider pour une finance en faveur des pauvres.
« La finance affecte la pauvreté et la
distribution des revenus par divers canaux, le premier étant la
croissance économique qui augmente globalement les niveaux de revenus et
aide à réduire la pauvreté. Des études empiriques
ont montré qu'un doublement du crédit au secteur privé par
rapport au PIB est associé à une augmentation de deux points de
pourcentage dans le taux de croissance du PIB. Cette croissance additionnelle
à son tour se traduit par une baisse de la pauvreté. La finance
aide aussi à réduire la pauvreté par des canaux
Complémentaires, particulièrement en réduisant la
concentration des revenus et en augmentant l'égalité de revenus,
conduisant à une plus forte réduction de la
pauvreté. »17(*)
De 1993 à 2004 le nombre des emprunteurs au niveau du
système bancaire est passé de 1838 à 6462 ; soit une
croissance moyenne annuelle de 19,45%. En effet, une augmentation plus
élevée a été aussi décelée au niveau
de l'encours des prêts de 75000 gourdes et plus qui passe d'un montant de
2231,8 millions de gourdes à 12742,7 millions ; soit une variation
à la hausse de 470,96% en 12 ans avec une croissance moyenne annuelle de
39,24%.
Ce qui nous porte à reformuler une seconde fois cette
même interrogation : Qui sont les bénéficiaires de ces
prêts ?
Afin de pouvoir avancer quelques éléments de
réponse à cette importante interrogation nous allons faire une
analyse du crédit bancaire sur une période de douze de 1993
à 2004. Il est vrai que notre étude est portée sur la
période allant de 2000 à 2005, cependant ce choix est bien sur
justifié par notre souci d'avoir une meilleure idée de la
distribution du crédit en Haïti au plan social.
Ainsi, nous nous proposons de scinder les emprunteurs du
système bancaire au cours de cette période en deux grandes
catégories : Les grands et les petits emprunteurs.
Sont appelés petits emprunteurs ceux qui ont
bénéficié un prêt inférieur à un
million de gourdes et de grands entrepreneurs ceux qui ont le privilège
de pouvoir bénéficier un prêt dont le montant est
égal ou supérieur à un million de gourdes.
Faisons donc l'analyse pour la première
catégorie à partir des données du tableau
suivant :
Tableau 2.- Répartitions des Prêts
Bancaires <1000000 de Gourdes suivant le nombre et l'encours de prêts
(1993-2004)
Année
|
Nbre d'Emprunteurs
|
En %
|
Encours en MG*
|
En %
|
1993
|
1644
|
85
|
399.1
|
18
|
1994
|
1618
|
86
|
412.7
|
16
|
1995
|
1857
|
82
|
504.3
|
15
|
1996
|
2102
|
81
|
590.3
|
14
|
1997
|
3371
|
79
|
953
|
17
|
1998
|
4201
|
79
|
1127.53
|
17
|
1999
|
4780
|
79
|
1298.1
|
17
|
2000
|
4920
|
79
|
1394.9
|
12
|
2001
|
4856
|
78
|
1334.1
|
12.52
|
2002
|
4701
|
77
|
1330.9
|
11
|
2003
|
4405
|
74
|
1292.9
|
8
|
2004
|
4777
|
74
|
1403.27
|
11.54
|
Source : Calculs Personnels à partir des
rapports annuels de la Banque Centrale
*MG : Million de Gourdes
En considérant le nombre des emprunteurs du
système bancaire dits petits en valeur absolue nous pouvons imaginer
qu'un effort considérable a été réalisé
à ce niveau dans le système bancaire haïtien. De 1993
à 2004, ils ont passé de 1644 à 4777. Une augmentation de
190% en 12 ans, soit une croissance de 15,83 l'an. Donc, la courbe traduisant
l'évolution du nombre des petits emprunteurs au sein du système
bancaire à une pente positive. Ce qui pourrait nous porter à
croire à une éventuelle déconcentration du crédit
au plan social.
Graphe 1.-
Source : Calcul Personnel à partir des rapports
annuels de la BRH
Toutefois, il serait imprudent d'arriver à une telle
conclusion en se basant uniquement sur ces données. Voyons de
préférence la tendance en terme de pourcentage disons mieux en
valeur relative. Si, le graphique précédent pouvait nous porter
à croire que le marché de crédit bancaire au cours de la
période 1993-2004 était plus ouvert aux petits emprunteurs, la
distribution du nombre de petits emprunteurs au niveau du système en
terme de pourcentage ou en valeur relative nous révèle une
idée contraire. Car le graphique représentant cette distribution
a une tendance à la baisse. Ce qui explique une certaine diminution en
terme de pourcentage du nombre de petits emprunteurs au niveau du
système bancaire haïtien au cours de la période
considérée. Si en 1993 le nombre de petits emprunteurs du
système bancaire représentait 85% de la population des
emprunteurs du système, en 2004 ils ne représentaient que 74% de
cette population. Ce que le graphe suivant mettra en évidence.
Graphe2.-
Source : Calcul Personnel à partir des
rapports annuels de la BRH
Essayons de poursuivre l'analyse au niveau de l'encours de
prêts. Ce qui nous permettra de comprendre en terme monétaire le
volume des fonds qui ont été accordés à chaque
catégorie d'emprunteur.
Que nous révèle l'analyse de l'encours des
prêts pour la catégorie des petits emprunteurs du système
bancaire haïtien ?
En valeur absolue, la tendance est croissante au niveau de
l'encours des prêts octroyés aux petits emprunteurs du
système de 1993 à 2004. Les fonds accordés en terme de
prêts à cette catégorie d'agents non financiers
déficitaires ont connu une augmentation de 251.6% soit une croissance
annuelle 20.96%. En 1993 les petits emprunteurs du système bancaire
bénéficiaient des prêts dont l'encours total est
estimé à 399.1 millions de gourdes. En 2004 ce montant à
déjà atteint le cap de 1403.27 millions de gourdes. Ce qui
sous-entend que des fonds plus importants ont été accordés
à ce groupe. (voir le graphe 3)
Graphe 3.-
Source : Calcul personnel à partir des rapports de
la BRH
Toutefois, en terme de pourcentage la tendance est aussi
différente. Car, si en 1993, l'encours des prêts octroyés
aux petits emprunteurs représentait 18% de l'encours total, en 2004 il
ne représentait que 11.54%.
Qu'en est-il des prêts d'un million de gourdes et
plus ?
La prochaine partie de cette section s'occupera bien sûr
de la répartition des prêts bancaires d'un million de gourdes et
plus. Pour ce faire, on va procéder de la même manière que
pour la catégorie des prêts inférieurs à un million
de gourdes. Cela dit, toute l'analyse va se faire à travers une
interprétation du tableau suivant :
Tableau3.- Répartition des Prêts
Bancaires d'un Million de gourdes et Plus de 1993 à 2004
Année
|
Nombre d'Emprunteurs
|
en %
|
Encours en MG
|
en %
|
1993
|
294
|
15
|
1832.7
|
82
|
1994
|
302
|
14
|
2197.2
|
84
|
1995
|
403
|
18
|
2887.8
|
85
|
1996
|
494
|
19
|
3481.7
|
86
|
1997
|
860
|
21
|
4567.3
|
83
|
1998
|
1142
|
21
|
6378.3
|
83
|
1999
|
1142
|
21
|
6984.4
|
83
|
2000
|
1461
|
21
|
10427.9
|
88
|
2001
|
1367
|
22
|
9320.1
|
87
|
2002
|
1423
|
23
|
10829.3
|
89
|
2003
|
1158
|
26
|
14715.5
|
92
|
2004
|
1685
|
26
|
11045.63
|
86.18
|
Source : Calculs Personnels à partir des
rapports annuels de la Banque Centrale
Au cours de la période allant de 1993 à 2004 le
nombre des grands emprunteurs du système ont cru de 473% soit une
croissance annuelle de 39.42%. Le nombre de ces derniers a passé de 294
à 1685. Il faut surtout rappeler que les grands emprunteurs en terme
de pourcentage représentent une part plus importante de l'effectif des
emprunteurs du système bancaire. S'ils représentaient 15% en
1993, en 2004 ils constituaient déjà 26% de la population des
emprunteurs du système bancaire. Ce que les graphes 4 et 5 nous
permettrons de comprendre facilement.
Graphe 4.-
Source : Calcul personnel à partir des
rapports de la BRH
Graphe 5.-
Source : Calcul personnel à partir des
rapports de la BRH
Il faut dire aussi que cette même tendance se
développe au niveau de l'encours des prêts. En 1993 les grands
emprunteurs bénéficiaient 82% de l'ensemble des fonds
prêtés dans le système bancaire qui représentait un
montant de 1832.7 millions de gourdes.
En analysant encore une fois les chiffres
présentés plus haut mais sous un autre angle nous constatons
que : si le graphe traduisant l'évolution du nombre global des
emprunteurs du système dans le temps a une tendance croissante, c'est le
cas contraire pour celui décrivant l'évolution du nombre des
emprunteurs et de l'encours des prêts de moins de 250,000.00 gourdes. En
1993, ces derniers représentaient 58% de la population des emprunteurs
du système bancaire bénéficiant seulement 7% de l'encours
des prêts. En 2004, ils représentaient 43% et
bénéficiaient une part plus mince de l'encours des prêts
3,24%. De l'autre côté, la tendance contraire est observée
en ce qui a trait à la catégorie des emprunteurs
bénéficiant des prêts de 5 millions gourdes et plus. Ils
représentaient seulement 4% du nombre total des prêts
octroyés en 1993 pour avoir bénéficié 61% de
l'encours des prêts pour cette même année. En 2004 le nombre
des prêts de 5 millions et plus représentait déjà 9%
du nombre global des prêts bénéficiant 68,13% de l'encours
des prêts. Ce qui explique en terme plus clair que chaque 100 gourdes de
prêts qui ont été accordé par le système
bancaire national en 2004, plus de 68 gourdes allaient dans la catégorie
des prêts de 5 millions gourdes et plus.
De là, nous avons remarqué à partir de
ces chiffres que le système bancaire tend à garder son
caractère centralisé pour ne pas dire que la concentration du
crédit traditionnel s'intensifie au plan social.
En effet, que se passe-t-il au niveau sectoriel ? Quelles
sont les activités qui ont été financé ?
- Distribution Sectorielle (activités
financées)
La distribution du crédit bancaire traditionnel au
niveau des différents secteurs d'activités ne cesse de garder son
caractère centralisé comme c'est le cas pour l'ensemble du
système à plusieurs niveaux. Le portefeuille de crédit des
banques commerciales d'Haïti est constitué en grande partie de
prêts finançant le commerce de gros et de détails.
En fait, trois secteurs d'activité partagent à
eux seuls les 2/3 du portefeuille de crédit des banques commerciales
haïtiennes. Toutefois, on est curieux de voir : quels sont les
secteurs d'activité qui ont été
privilégiés ?
Graphe6.- Concentration du crédit bancaire par
secteur d'activité (1999-2004)
Source : Source : Rapport BRH
Tableau4.-REPARTITION DE L'ENCOURS DES PRETS PAR
SECTEUR D'ACTIVITÉ EN POURCENTAGE (1999 - 2004)
Secteur d'activité
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
Commerce de Gros et de Détails
|
35
|
36.5
|
36.2
|
35.9
|
33.6
|
33
|
Services & Autres
|
19.8
|
18.9
|
15
|
17.3
|
17.7
|
19
|
Industries Manufacturières
|
13.6
|
13.1
|
18
|
16.3
|
18
|
17.5
|
Prêts aux particuliers
|
14.3
|
12.2
|
10.1
|
11.7
|
12.6
|
10.6
|
Immobilier Résidentiel &
Commercial
|
9.5
|
9.6
|
13.1
|
11.5
|
11.3
|
12.6
|
Transport, Entrepôt &
Communication
|
3.4
|
4.8
|
4
|
3.3
|
3.1
|
4.1
|
Bâtiment et Travaux Publics
|
3.7
|
3.5
|
2.4
|
2.2
|
1.7
|
1.4
|
Electricité, Gaz & Eau
|
0.5
|
1.4
|
1
|
1.7
|
2
|
1.8
|
Agriculture, Sylviculture & Pêche
|
0.2
|
0.1
|
0.2
|
0.1
|
0.0
|
0
|
Source: BRH
A travers les chiffres présentés plus haut il
devient évident que le crédit bancaire traditionnel est aussi
concentré au niveau des secteurs d'activité. On a pu constater au
cours de la période considérée trois secteurs
d'activité sur les neuf secteurs considérés partagent
à eux seuls plus des 2/3 de l'encours des prêts. Pendant que
certains secteurs importants de l'économie nationale comme le secteur
agricole n'arrivent pas à rafler 1% de l'encours des prêts.
Certes, à partir des années 2003-2004 on a
constaté une certaine baisse au niveau de la part de crédit
octroyée au secteur : commerce de gros et de détails.
Toutefois à partir du graphe précédent il est clair que ce
secteur d'activité ne cesse d'avoir la part du lion au niveau de la
distribution de crédit. En moyenne, les secteurs : commerce de
gros et détails, Services et industries manufacturières
bénéficient respectivement 34%, 20% et 14% de l'encours des
prêts. Pendant que les secteurs : agricole, Electricité gaz
et eau, transport communication et entrepôt, bâtiment et travaux
publics partagent entre eux moins de 10% de l'encours des prêts.
C'est ce qui explique en quelque sorte le désir de
certains dirigeants et entrepreneurs haïtiens de mettre sur pied à
coté du système bancaire d'autres structures financières
en vue de faciliter l'émancipation des entrepreneurs et groupements
coopératifs et paysans.
2.- LES STRUCTURES FINANCIERES LIÉES AU
SYSTEME FORMEL
En 1951, l'Institut Haïtien de Crédit Agricole et
Industriel (IHCAI) a pris naissance. Il accorda des prêts surtout aux
propriétaires sur garantie hypothécaire et à certains
groupements coopératifs. Cette institution échoua dans sa mission
puisque les petits entrepreneurs ne pouvaient pas avoir accès aux
prêts faute de garantie; moins de 10% des prêts accordés par
l'IHCAI ont atteint le secteur de la production agricole. Il fonctionna
à la manière des banques suivant les mêmes
procédures. De plus avec le volume des impayés, la hausse du
portefeuille à risque, l'IHCAI fut remplacé par l'Institut de
Développement Agricole et Industriel (IDAI) en 1961. Etant
financé à partir des prêts provenant de la Banque
Interaméricaine de Développement (BID), l'Institut de
Développement Agricole et Industriel (IDAI) a eu son conseil
d'administration détaché de la BNRH et les fonds furent
utilisés conformément aux accords signés entre la BID et
l'Etat haïtien.
Ses interventions se portèrent sur :
- le crédit au secteur agricole avec quatre
sous-programmes : le crédit supervisé, le crédit
orienté, le crédit autonome et le crédit
coopératif
- le crédit au secteur industriel comprenant trois
sous-programmes : le crédit au secteur privé, le
crédit à la société d'équipement national
(SNE), le secteur des huiles essentielles.
Il faut noter que les petits entrepreneurs sont à
nouveau tenus à l'écart du fait que les coûts de gestion
des prêts de l'IDAI étaient très élevés par
rapport à leur revenu.
En 1984, la Banque Nationale de Développement Agricole
et Industrielle (BNDAI) succéda à l'IDAI. Mais rien n'a
changé en réalité. Un autre nom, mais la même
institution.
Malheureusement de nombreux clients faisant abus de leur
influence politique n'ont pas honoré leurs dettes en vers l'entreprise.
Le niveau des prêts délinquants étant aggravé
à un point tel que les opérations de prêts de la BNDAI ont
été purement et simplement suspendues.
Parallèlement à ces institutions, le Bureau de
Crédit Rural Supervisé (BCRS) fut créé en 1956 dans
le but de soutenir les institutions du DARNDR. La politique du BCRS consistait
à accorder des prêts à des fermes de type familial de 4
à 6 ha à des taux d'intérêt très bas.
Cependant, l'impact du bureau a été presque insignifiant par
rapport à la population à desservir. Pour le remplacer en 1959 la
Banque de Crédit Agricole fut mise en pied. La loi du 17 septembre 1963
l'a consacré comme organisme autonome sous la tutelle du DARNDR. La BCA
a pour mission, la promotion économique et sociale des agriculteurs
ruraux. Au départ, il accordait des prêts individuels, mais
à partir de 1963, il a changé de stratégie pour accorder
des prêts collectifs à des groupes paysans, à des
coopératives et surtout des sociétés agricoles de
crédit (SAC).
De 1959 à 1962, la BCA reçut des ETATS-UNIS une
aide d'un million de dollars pour le crédit agricole et une contrepartie
haïtienne de 925,000.00 gourdes. En gros l'expérience de la BCA est
enrichissante. Cependant il faut avouer que la population à desservir
était loin d'être couverte par cet organisme.
Il faut mentionner aussi que l'État n'était pas
le seul à vouloir intervenir pour une meilleure distribution du
crédit dans le pays. En 1983, 143 hommes d'affaire se sont réunis
pour faire naître sur le territoire haïtien une nouvelle institution
financière dénommée : «Société
Financière Haïtienne de Développement« (SOFIHDES).
Comme son nom l'indique sa mission est d'aider à la promotion d'une
nouvelle classe d'entrepreneurs haïtiens tout en encourageant de nouveaux
investissements industriels locaux.
En 1994, cette institution avait
bénéficié de la Banque Européenne d'Investissement
(BEI) un prêt de six millions de dollars américains. Selon les
termes du contrat, la SOFIDHES doit accorder des prêts variant entre
60,000.00 dollars et plus.
Il faut signaler qu'au cours de cette année
l'entreprise a eu d'excellents résultats. Ses avoirs passaient de 81.60
millions en 1994 à 97.7 millions de gourdes en 1995, avec une croissance
de profit opérationnel de 391% pour la même période; soit
2.3 millions contre 0.5 million. (Lettre de la conjoncture volume 5 #40)
Cependant, il est évident que sa politique ne tenait
pas compte du secteur non structuré de l'économie nationale.
Puisque sans vouloir exagérer la quasi-totalité de ces
entreprises n'ont pas un fonds de roulement supérieur au montant minimal
des prêts accordés par la SOFHIDES.
En dépit, des différentes et multiples
initiatives qui ont été prises en vue d'assurer une meilleure
distribution du crédit tant par l'Etat que par le secteur privé
des affaires les acteurs disons mieux les entrepreneurs du secteur informel ont
été toujours écartés. Une sorte de barrière
à l'entrée a été toujours dressée contre ces
derniers. Le marché du crédit formel leur était toujours
inaccessible. Ainsi, la distribution du crédit sur le marché
formel a toujours gardé son caractère centralisé.
Toutefois, qu'en est-il de la composante informelle du
marché de crédit ?
B) LA COMPOSANTE INFORMELLE
Le secteur informel de plus en plus joue un rôle
important dans l'économie des pays en voie de développement. Dans
la seule région Amérique latine et Caraïbes, les emplois
informels représentent 54 % des emplois urbains, ce qui suscite des
préoccupations depuis quelques années. Chez nous en Haïti
certains avancent des chiffres estimant la contribution du secteur informel
jusqu'à 70 %. Selon le rapport de la Banque mondiale intitulé
« Informalité: Retrait volontaire et Exclusion
», préparé par Guillermo Perry,
Économiste en chef à la Région Amérique latine et
Caraïbes de la Banque mondiale, en collaboration avec Omar Arias,
Pablo Fajnzylber, William Maloney, Andrew Mason et Jaime Saavedra les
travailleurs indépendants du secteur informel qui détiennent 24 %
des emplois urbains, et les travailleurs salariés du secteur informel,
qui détiennent environ 30 % de tous les emplois urbains et plus de la
moitié des emplois du secteur informel avance que : la poursuite
d'une activité dans le secteur informel peut aujourd'hui tenir à
deux raisons : l'exclusion du secteur formel et le retrait volontaire de ce
même secteur. En fait, pour corroborer cette assertion des
économistes de la Banque mondiale nous pouvons avancer que c'est aussi
valable pour le secteur financier de l'économie nationale. Car le
secteur financier de l'économie nationale n'a pas échappé
de ce phénomène qualifié de dualisme.
Face à un caractère centralisé du
système financier formel, les agents économiques évoluant
dans le secteur informel de l'économie nationale ont dû recourir
aux structures de financement alternatives comme les institutions de
financement Intermédiaires (SFI), les caisses populaires formant ce
qu'on appelle les institutions de microfinance (IMF) et d'autres structures de
financement telles que : le «solde», le
«sabotage»et l'usure.
1.-Le Solde
Le solde constitue aussi l'une des structures de financement
utilisées par l'agent économique haïtien pour financer ces
principaux besoins de consommation et/ou d'investissement. Il constitue en la
formation formelle ou informelle d'un club dont les participants versent une
somme d'argent déterminée à une fréquence
régulière et à chaque période le capital
collecté appelé « main » est remis à
l'un des membres à tour de rôle. La somme à verser, les
règles du club, les procédés de rotation doivent
être délibérément consentis, agréés et
acceptés par chaque membre.
C'est une institution d'origine africaine; On le retrouve sous
divers noms en Afrique et dans les Amériques. Ce système de
crédit rotatoire fonctionne au Nigéria sous le nom de Esusu et a
été étudié par Basco en 1945 et Uchendu en 1965. On
le retrouve aussi à Trinidad comme Susu (Herskovitz,1946), aux Iles
Bahamas sous le nom de Esu (Growley); à la Jamaique, il est connu comme
«partners» (Katzin); en Guyanne britanique comme «Throwing the
box» (Smith, 1995). En la République Dominicaine, on le
reconnaît sous le nom de San (Billingsley) et en Haïti, sous le nom
de sangue (Laguerre 1976). On parle aussi de solde à Port au Prince et
comblé dans la zone de Jérémie pour se
référer à la même réalité. Avec la
migration des antillais vers les Etats Unis on retrouve cette institution dans
les communautés haïtiennes et Jamaïcaines de New York (Harlem
& Brooklin) et à Miami.18(*)
Actuellement, en Haïti le solde prend un ampleur tel: une
entreprise haïtienne serait en difficulté de nier l'existence d'une
telle activité entre les membres de son personnel à un moment
quelconque de son histoire. Il est aussi très rare de trouver
actuellement dans un marché public un petit marchand ne faisant pas
partie d'un consortium, d'une sangle ou d'un solde.
Bref, en Haïti actuellement, nul n'est censé
ignorer l'existence d'une telle structure de financement soient dans les
milieux formels ou informels.
2.-Le Sabotage
On parle aussi de sabotage. Celui-ci est en quelque sorte la
même pratique que le solde avec une seule différence. Dans le cas
du sabotage les participants sont plus nombreux en général, le
versement et la réception de la main comme on le dit sont journaliers.
Cette pratique fonctionne surtout avec des petits commerçants, les
détaillants exposant leurs marchandises sur les trottoirs ou dans les
marchés publics. C'est en fait une structure qui est en train de faire
son petit bonhomme de chemin chez nous en Haïti. Certains d'entre eux
(sabotage) finissent par s'établir comme de véritables
institutions. TITI SABOTAGE en est un exemple flagrant.
3.- L'usure
En ce qui concerne l'usure, cette dernière
communément appelée dans le langage haïtien « coup
de poignard » était considérée comme un
prêt consenti à un taux d'intérêt supérieur
à celui fixé par l'Etat ou à celui accepté sur le
marché formel par le jeu de l'offre et de la demande. Avec la
libéralisation des taux d'intérêt sur le marché
haïtien en 1995 ne fixant plus les limites de variation des taux
d'intérêt est considérée comme l'usure tout
prêt consenti ou offert à un taux fortement supérieur par
rapport à celui du marché formel. Comme c'est le cas par exemple
des gens qui prêtent ou empruntent de l'argent à des taux mensuels
voisinant les 20%. Dans certains cas, le prêt est octroyé à
des taux quotidiens dépassant celui du marché bancaire par
mois : soit 5% par jour. L'usurier peut prêter 500 gourdes à
son débiteur qui doit lui verser 25 gourdes comme intérêt
chaque jour pendant que ces 500 gourdes continuent à produire des
intérêts. Faisant exception des dimanches où les
activités commerciales dans la majorité des cas sont ralenties,
cet usurier gagne au bout d'un mois 575 gourdes pendant que ces 500 gourdes
continuent à générer des intérêts ; soit un
taux de 125%. Le débiteur étant en difficulté n'ayant pas
d'autres recours se trouvent astreints à accepter un prêt avec de
telles conditions. Car, il est en train de négocier avec un couteau sur
la gorge. En effet, cet un véritable « coup de
poignard » qui paradoxalement sauve des vies, financent
l'éducation de beaucoup d'enfants; couvre les frais de voyage de
nombreux compatriotes haïtiens vivant actuellement aux USA, Canada,
Guadeloupe, Martinique, Guyane constituant la diaspora haïtienne dont la
survie de l'économie nationale en dépend grandement de leurs
transferts de fonds.
Cette structure de financement fait usage de deux
méthodologies. Certains d'entre eux prêtent en exigeant un gage,
d'autres n'exigent rien.
Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer ce
marché n'est pas ouvert à tous. C'est un marché secret et
restreint. Il faut trouver un parent, un ami pour s'y introduire. Et, le plus
souvent l'usurier fonctionne sous le couvert de l'anonymat en faisant croire
qu'il agit pour le compte de quelqu'un d'autre. Ce caractère discret et
réservé de ce marché explique en quelque sorte les
difficultés que nous avons à fournir des chiffres quant au
fonctionnement, à l'évolution de cette structure de financement.
Ce chapitre traitant du système financier haïtien
mettant en évidence les composantes formelles et informelles de ce
système nous a renseigné sur la concentration du crédit
bancaire en Haïti. Nous avons aussi constaté que ce
caractère centralisé de ce marché a suscité
l'émergence des structures de financement alternatives dont certaines
sont liées au système formel et d'autres au système
informel telles que : l'usure ou « coup de
poignard »,le solde, le sabotage. Ainsi, il ne nous reste qu'à
aborder la micro finance qui, elle aussi est considérée comme une
structure alternative répondant aux besoins de financement des exclus du
système bancaire.
Qu'en est-il de la microfinance ? En quoi ces
institutions ont joué leur rôle d'intermédiaires
financiers ? Quels sont les résultats en termes de distribution de
crédit ?
Le troisième chapitre soit le dernier de ce travail
traitera de ces questions à travers une analyse empirique de la
microfinance à différent niveau : mondial, national et
local.
CHAPITRE III.-
ANALYSE EMPIRIQUE DE LA MICROFINANCE
Chapitre 3.- ANALYSE EMPIRIQUE DE LA MICRO
FINANCE
Ce présent chapitre, en fait le dernier mais pas le
moindre, est consacré à une analyse de la micro finance à
plusieurs niveaux. Premièrement, il présentera
l'expérience de la micro finance à travers le monde en
considérant le résultat des institutions comme La Banque Grameen
du professeur Muhummad Yunus, La Bancosol de la Bolivie, Les banques
villageoise d'Indonésie etc.. Ensuite, le cas d'Haïti sera
présenté globalement pour enfin vérifier notre
hypothèse de travail avec le cas léogânais.
A) L'expérience de la microfinance dans le
monde
La banque Grameen au Bengladesh, certainement la plus
célèbre parmi les institutions de micro finance est citée
comme la pionnière de la micro finance. Fondée en 1974 par
Muhummad Yunus un professeur d'université qui tentait de trouver des
réponses à la détresse de la population bengalie
accablée par les inondations. Celui-ci a commencé par donner des
très petits crédits à des femmes, qui investissaient
l'argent dans des petites activités lucratives et leur permettaient de
sortir de la détresse, tout en honorant leurs dettes. Entre temps, la
banque Grameen est devenue l'une des plus grandes institutions de micro finance
dans le monde. Elle a servi de modèle partout dans le monde tant aux
États Unis d'Amérique qu'en Europe. La Grameen compte
essentiellement des femmes dans sa clientèle, lesquelles doivent passer
un processus de formation et d'information au sujet des préceptes de la
banque, avant d'obtenir un prêt. En 1998, elle compte 2,4 millions de
clients et un portefeuille d'environ 322 millions de dollars. La Grameen n'est
actuellement pas encore autosuffisant compte tenu du fait que son but est avant
tout social.
En plus de la Grameen Bank, il y a aussi la « Banco
Solidario » ou BANCOSOL » en Bolivie l'une des plus grandes
institutions de micro finance en Amérique Latine. Elle fut fondée
en 1987 comme une Organisation Non Gouvernementale d'aide au
développement. En 1992, ses fondateurs ont décidé de
transformer l'ONG en banque depuis, BANCOSOL n'a cessé de croître.
Elle a donc un but principalement lucratif et atteint des profits qui lui
permettent de couvrir ses coûts opérationnels et financiers. Ses
clients bien que parmi les plus pauvres au départ comptent actuellement
dans leurs rangs des personnes vivant juste au dessus du seuil de
pauvreté. BANCOSOL avait 81503 membres en 1998 et une porte feuille
supérieur à 74 millions de dollars.
La micro finance a connu aussi un certain succès en
Indonésie. La banque Rakyat d'Indonésie (BRI),
propriété de l'état, a créé des
unités de banques locales décentralisées appelées
Unit Desa. Ces unités destinées à octroyer des prêts
à la population locale, sont basées sur l'idée que la
micro finance est une affaire rentable. Durant la crise financière
asiatique, le taux de remboursement n'était pas plus bas que 97,8 %. En
1998, les Unit Desa prêtaient à 2 millions de personnes et avait
au total 16 millions d'épargnants, leur portefeuille total
s'élevait à 2014 millions de dollars.
Il y aussi le programme de micro finance de la Badon Kredit
Dessa ressemblant fortement à celui de la BRI mais avec une plus grande
affinité pour les plus pauvres de la population rurale
Indonésienne. Il est moins connu que les Unit Desa de la BRI car sa
clientèle est moins nombreuse. Mais les unités de la BKD ont la
particularité de canaliser leurs prêts à travers les
autorités locales et non des guichets bancaires dans les villages. Elle
a environ 766,000.00 membres et 54 millions de dollars en porte feuille de
prêts.
Le système des banques villageoises mis sur pied dans
les années 80 en Amérique latine par une organisation non
gouvernementale (ONG) nord américaine, FINCA (foundation for
international community assistance) compte environ 90 000 clients dans le monde
et un porte feuille de 17 millions de dollars. Ce modèle a
été répliqué environ 300 fois dans 25 pays
différents. (Voir tableau 4, cf. Morduch Joanna, 1999 à
l'annexe)
A coté d'une douzaine de grandes institutions de micro
finance dont celles citées ci-dessus, le secteur est composé
d'une myriade de moyennes et petites institutions réparties dans le
monde. Selon une publication de la banque mondiale, le secteur comptait en 1996
environ 1000 institutions de plus de mil clients qui offraient des services
financiers aux pauvres et qui avaient été fondées en
1992.
Apres avoir constaté à travers les chiffres
précédents les efforts qui ont été
réalisés dans certains pays à travers la micro
crédit. Il nous devient un impératif de nous tourner vers le
marché haïtien.
B) Analyse Empirique de la Microfinance en
Haïti
Les activités de micro finance en Haïti sont
conduites par des structures juridiques diverses : coopératives,
Sociétés privées, Organisation non gouvernementale,
Associations, Institutions Religieuses, Fondation. Pour desservir leur
clientèle, ces institutions sont emmenées à pratiquer une
ou plusieurs méthodologies à la fois. Les plus recensés
sont : crédit direct, groupe solidaire, banque communautaire et
mutuelle de solidarité. Plusieurs d'entre elles pratiquent plus d'une
méthodologie. La méthodologie du crédit direct est
cependant la plus utilisée par les institutions de microfinance
haïtiennes.
Il faut aussi souligner que ce secteur, la microfinance est en
train de faire son petit bonhomme de chemin en Haïti.
En 2002, on a recensé 147 institutions de micro finance
contre 132 en 1999 réparties comme suit sur les neuf départements
du territoire national.
En 1992 on a recensé :
17 IMF dans le Nord soit 12.9 %
5 dans le nord-ouest soit 3.8 %
11 dans le nord-est soit 8.3 %
15 dans l'Artibonite soit 11.4 %
7 dans le centre soit 5.3 %
44 dans l'ouest soit 33.3 %
13 dans le Sud soit 9.9 %
7 dans le sud-est soit 5.3 %
13 dans le Grand-Anse soit 9.8 %
On a pu constater aussi une certaine concentration des
institutions de microfinance dans le département de l'Ouest en 1999 soit
33%. Ce qui reflète en quelque sorte la réalité
économique du pays.
Parallèlement ces institutions sont peu
présentes dans le Nord-ouest. 5 sur 132 soit un taux de 3.8% de la
population des IMF recensées sur le territoire national. Le plus bas
taux de représentation des institutions de microfinance par
département.
Toutefois, de 1999 à 2002 les choses ont
évoluées.
17 ont été encore une fois recensée dans
le nord sur 147. Soit un taux de représentation de 11.8 cette
fois-çi.
10 pour le Nord-ouest soit 6.8%
12 pour le nord-est soit 8.2 %
13 pour l'artibonite soit 8.8%
7 pour le centre soit 4.8%
42 pour l'ouest soit 28.6 %
18 pour le sud soit 12.2 %
17 pour le sud-est soit 11.5 %
11 pour la Grande Anse soit 7.5%
Jusqu'à 2002, on a pu constater encore une fois une
concentration des IMF dans le département de l'ouest mais à un
niveau moindre soit un taux de 28.8 % contre 33% en 1999. Il faut dire aussi
leur présence est intensifiée dans le nord-ouest dix en 2002
contre cinq en 1999 ; le nombre a doublé. On a passé de 3.8
à 6.8 en pourcentage. Une forte augmentation du nombre a
été aussi observée dans le sud-est. Le nombre a fait plus
que doublé. On a passé de 7 à 17 et en pourcentage de 5.3
à 11.5 %.
Le tableau qui suit présente la répartition des
Institutions de Micro finance par département et méthodologie
employée.
Tableau 5.- Répartition des IMF par
département et méthodologie de crédit utilisée en
2002.
Département
|
Nombre
D'IMF
|
Méthodologie de Crédit
|
Caisse Populaire
|
Crédit Direct Individuel
|
Banque Communautaire
|
Groupe Solidaire
|
Mutuelle de Solidarité
|
Nord
|
17
|
6
|
4
|
5
|
2
|
-
|
Nord-Ouest
|
10
|
5
|
2
|
2
|
1
|
-
|
Nord-Est
|
12
|
6
|
2
|
1
|
2
|
1
|
Artibonite
|
13
|
8
|
3
|
-
|
2
|
-
|
Centre
|
7
|
3
|
|
2
|
2
|
-
|
Ouest
|
42
|
15
|
11
|
9
|
5
|
2
|
Sud
|
18
|
7
|
4
|
5
|
2
|
-
|
Sud-est
|
17
|
5
|
4
|
3
|
4
|
1
|
Grand-Anse
|
11
|
5
|
2
|
3
|
1
|
-
|
TOTAL
|
147
|
60
|
32
|
30
|
21
|
4
|
Source : Base de données. DAI/FINNET
En effet, une enquête menée par la DAI/FINNET en
2003 sur l'offre de la micro finance en Haïti révèle sur un
échantillon de 15 institutions de micro finance, 33% interviennent
uniquement dans le milieu urbain. Toutefois, le même pourcentage 33%
d'entre elles intervient à la fois dans les milieux urbains,
péri-urbains et ruraux.
Selon les résultats de cette même étude on
a pu déceler que les crédits octroyés concernent
trois secteurs spécifiques :
a) les entreprises informelles ayant un employé
b) les entreprises informelles ayant 2 à 5
employés
c) les entreprises enregistrées
27% des sondés ciblent exclusivement les entreprises
informelles ayant un employé et 67 % desservent plus qu'un secteur
à la fois. Il faut aussi souligner que parmi les IMF desservant plus
qu'un secteur, 40% d'entre elles octroient aussi du crédit aux
entreprises enregistrées. Le secteur bénéficiant le plus
les activités de micro finance est celui de l'informel avec 94 % des
résultats.
Divers critères sont utilisés par les IMF pour
sélectionner, cibler leur clientèle. Une seule institution se
réfère à un type spécifique qui est le genre. Le
niveau de pauvreté est le plus commun, utilisé par 60% des
enquêtés. L'ensemble des institutions s'intéresse à
plus d'un aspect dans le ciblage de la clientèle. Par exemple 5
institutions soit 30 % se réfèrent à 4 critères qui
sont le niveau de pauvreté, le genre, le secteur d'activité
économique et la zone géographique.
Les produits de crédit offerts par les IMF
haïtiennes sont au nombre de quatre :
a) Prêt fonds de roulement
b) Prêt à l'investissement
c) Prêt à la production
d) Prêt logement
Nous pouvons remarquer que de façon
générale les IMF n'octroient pas des prêts à la
consommation. Dans la majorité des cas les prêts sont
octroyés pour une période allant de 4 à 10 mois avec des
taux d'intérêt variant dans un intervalle de 24 à 36% l'an.
Certains arrivent jusqu'à 36-42% et même plus. Pour les
prêts à l'investissement et à la production certaines parmi
les IMF accordent des prêts allant jusqu'à 24 mois et plus. En
effet, elles ne sont pas nombreuses celles qui octroient des prêts au
logement. La période de remboursement pour cette catégorie
s'étend sur 10 à 12 mois et les taux d'intérêt ne
dépassent pas 36%. Ce que le tableau çi-après
traduit :
Tableau 6.- Répartition des IMF en HAITI suivant
les produits offerts, la durée des prêts octroyés et les
taux d'intérêt.
Produits Offerts
|
Nbre IMF
|
Durée (mois)
|
Tx d'Intérêt Annuel
|
4-6
|
6-10
|
10-12
|
12-24
|
>24
|
12-24
|
24-36
|
36-42
|
>42
|
FDR
|
15
|
11
|
4
|
0
|
0
|
0
|
2
|
9
|
2
|
1
|
INVEST
|
7
|
2
|
2
|
1
|
1
|
1
|
1
|
4
|
1
|
1
|
PROD
|
11
|
1
|
5
|
4
|
1
|
0
|
1
|
6
|
2
|
1
|
LGMEN
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Source : Base de Données / DAI/FINNET-2003
Légende :
FDR: Fond de Roulement PROD :
Production LOGMEN : Logement INVEST :
Investissement
En gros, les IMF haïtiennes ont financé une
multitude d'activité. Sans avoir la prétention de donner une
liste exhaustive on peut citer :
1. Dans le milieu urbain
· Le petit commerce (boutiques, quincailleries, marchands
ambulants....)
· L'artisanat (sculpture, peinture, poterie...)
· Les petites industries de production (fabrique de
blocs, de sachets, ateliers de couture, d'ébénisterie, de
ferronneries, de garages etc...)
· Les services (bar-restaurant en chambre et trottoir,
salon de coiffure, photocopie, transport en commun, les cireurs de chaussure
etc.)
· Les petits métiers (ferblantiers, cordonniers,
maçons, charpentiers, tailleurs...)
2. En milieu Rural
· L'agriculture
· Des unités de stockage de produits agricoles
· Le petit commerce (boutique, madame Sara)
· Des unités de transformation des produits
agricoles (les moulins, les cassaveries, les unités de fabrication de
beurre d'arachide/ mamba, de confiture)
· L'artisanat (vannerie, broderie, tissage, peinture,
sculpture)
· Les petits métiers (ébénisterie,
charpentiers, maçons, forgeron, tailleur, coiffeur.)
De 1999 à 2002 les IMF haïtiennes ont passé
de 49551 à 61778 clients soient une augmentation de 4075 clients par an.
Un taux de croissance moyen de 8% l'an. Un portefeuille de crédit de
834, 706,160.00 gourdes contre 381, 455,785.00 gourdes en 1999. Soit une
augmentation de plus 150 millions de gourdes en moyenne par année. Un
taux de croissance moyen de 39% par année.
Voilà, en quelque sorte ce qu'a été le
système financier haïtien à partir de ses composantes
formelles et informelles. Il fallait présenter la situation globale
avant de faire état de la situation spécifique qui est l'objet de
notre travail de recherche la distribution de crédit à
Léogâne.
C) LA DISTRIBUTION DE CREDIT A LEOGANE (cas des
IMF)
Avant d'aborder la question du crédit à
Léogâne, il serait impérieux de présenter la zone de
l'étude. Ainsi, faisons un inventaire des ressources et potentiels de
cette commune; voyons ce qu'il y a comme infrastructure socio-économique
et financière.
1.- Présentation de la zone de
l'étude
Léogâne, commune de l'arrondissement du
même nom du département de l'ouest. C'est l'une des anciennes
villes du pays. Du temps des indiens, elle s'appelait
« Yaguana ». La date d'élévation au rang des
communes n'est pas connue. Elle a treize sections communales et un quartier.
Elle est intérieure, son relief dominant est le norme et son climat est
normal. Ses habitants portent le nom de Léogânais.
La plaine de Léogâne est située à
trente deux kilomètres au sud ouest de Port au Prince. Elle est
traversée par la route nationale numéro deux reliant Port au
Prince Cayes. Elle est dominée par le massif de la selle.
En 1998, la population de la commune de Léogâne
était estimée à 106785 habitants. Pour une superficie de
688,52 km², en 1998, sa densité était de 155 habitants par
km² en 1998. Toutefois, d'après les résultats du
quatrième recensement général de la population et de
l'habitat Août 2003 les treize sections communales et le quartier de
Trouin que constitue la commune de Léogâne sont habités par
une population de 134190 personnes soit 64680 hommes et 69510 femmes. La
population infantile constituée d'enfant age de moins de cinq
année est de 33843 et environ 162593 personnes sont âgées
de dix huit ans et plus.
Ce qui sous entend que d'après les résultats du
quatrième recensement général de la population, la
densité de la commune de Léogâne passe de 155 à 195
habitants par km².
Cette plaine est limitée :
A l'Ouest par la ville de Grand-Goave
A l'Est par la commune de Gressier
Au nord par le golfe de la Gonave
Au Sud par le morne la Selle de Jacmel
Sa frontière maritime offre une belle perspective
d'observation permettant de contrôler les arrivées de la baie de
Grand Goave, de l'Ile de la Gonâve, de la pointe de Saint Marc et de
l'Arcahaie. Elle est arrosée par les rivières : Momance,
Rouyonne et Cormier.
En termes d'infrastructure au niveau de
l'éducation : le ministère de l'éducation nationale
de la jeunesse et des sports est représenté par un bureau
d'inspection scolaire dans la commune. Douze kindergarten privés, cent
trente quatre (134) écoles dont vingt publiques, cent dix (110)
privées et quatre (4) de type congréganiste ont été
inventoriées dans la commune. Au niveau secondaire, elle a vingt quatre
écoles dont deux publiques, vingt deux (22) privées. On y
retrouve également seize (16) écoles professionnelles.
En ce qui a trait à la santé, le
ministère de la santé publique et de la population n'est pas
représenté dans la commune de Leogane. En ce qui concerne les
établissements sanitaires, un (1) hôpital, deux (2) dispensaires,
cinq (5) cliniques, six (6) centres de santé sans lit, un (1) centre de
santé avec lit ont été inventories au niveau de la
commune. Vingt sept (27) médecins, quatre dentistes, vingt sept
infirmières, cinq (5) auxiliaires, cent soixante dix (170) matronnes
certifiées, cinq (5) techniciens de laboratoire forment le personnel
sanitaire de la commune de Léogâne.
La commune a six rivières et dix neuf (19) sources,
deux (2) étangs et un (1) lagon. Presque chaque maison a un puit. On y
retrouve des fontaines publiques munies de dix huit robinets et de plus de eux
cents de pompes. Ces fontaines ont été construites par l'UNICEF,
plusieurs des pompes sont tombées en panne.
Du côté de la religion, près de cent
trente (130) temples ont été dénombrées dans la
commune. Les temples catholiques (églises et chapelles confondues) se
révèlent être les plus nombreux.
La commune de Léogâne a cinq
représentations de parti politique, vingt trois (23) organisations
populaires, vingt (20) groupements de paysans, six (6) groupements de
femmes.
La commune de Léogâne et un bon nombre
d'habitation ou de localités sont électrifiés. Au niveau
de la télécommunication en plus d'un bureau de la TELECO, les
autres compagnies privées de téléphonie mobile (Haitel,
Comcel, Digicel) sont toutes présentes dans la commune de
Léogâne. Quatre stations de radio fonctionnent actuellement
à Léogâne et une chaîne de
télévision.
Pour les infrastructures administratives et judiciaires un
commissariat de police, deux sous commissariats de police, un (1) tribunal de
paix et un bureau d'état civil ont été
répertoriées dans la commune.
Depuis 1998, onze (11) matériaux de construction,
trente cinq centre de provisions alimentaires, trois dépôts, cinq
stations d'essence, trois morgues privées, dix huit pharmacies, trois
photocopieuses, dix huit studio de beauté, quatre markets, sept studios
de photographie, huit (8) dry cleaning constituent les principaux
établissements économiques et commerciaux de la commune de
Léogâne.
Douze (12) restaurants, sept (7) night clubs, vingt neuf (29)
gaguères, deux (2) bibliothèques et près d'une demi
douzaine d'hôtels fonctionnent actuellement dans la cite d'Anacaona.
(Fichier Commune IHSI, 1998)
Qu'en est il des infrastructures bancaires et
financières ?
2.-Le Système Financier
Léogânais
La commune de Léogâne étant une
région du pays, son système financier présente en quelque
sorte presque la même structure que le système financier au plan
national. En fait, c'est le produit d'un même model, d'une même
structure. Il est donc, constitué d'une composante formelle et d'une
composante informelle. Toutefois avant de présenter les
différentes composantes du système financier
léogânais nous nous faisons le plaisir de faire un bref historique
de ce système.
Jusqu'à la fin du vingtième siècle la
cité d'Anacaona ne se dotait pas d'une seule institution
financière. Pour ainsi dire, jusqu'à l'année 1997 de
l'ère chrétienne le léogânais qui voulait
épargner son argent n'avait que trois choix :
1) Garder son argent chez lui sous ses matelas
2) Confier son argent à un notable de la famille ou de
la zone
3) se rendre à Port au Prince pour ouvrir un compte
d'épargne dans une banque commerciale
Toutefois, les agents économiques déficitaires
ayant un besoin de financement soit pour la consommation personnelle
(dépenses pour les soins médicaux, scolarité des enfants
ou autres) ou activité commerciale se réfugiaient dans la
majorité des cas chez un parent, un voisin, un ami ou se rend chez
l'usurier pour encourir un emprunt avec des taux d'intérêt allant
jusqu'à 240% l'an.
Considérant l'inexistence d'une institution
financière dans la commune jusqu'à l'année 1997, point
n'est besoin d'être grand clair pour comprendre que ce vide qui
régnait à ce niveau dans la commune de Léogâne
favorisait largement l'émergence des usuriers dans la
société léogânaise et l'intensification de
l'usure.
Il a fallu attendre l'année 1997 pour doter la commune
de Léogâne de ses deux premières institutions
financières : KEPOMEK (Kès Popilè Men Kontre) dont le
siège social est à Darbonne et CLEF (caisse d'épargne et
de Financement de Léogâne) qui s'est installée au coeur de
la ville tout près de l'église Sainte Rose ; elles sont
fondées respectivement en Juin 1997 et novembre 1997.
Aujourd'hui la commune de Léogâne se fait doter
d'un système financier constitué de succursales de banque
commerciale et de plusieurs institutions de micro finance qui se
diffèrent de par leur statut et leur méthodologie de
crédit.
· Les Banques Commerciales
Actuellement la cité d'Anacaona compte dans son actif
trois succursales de banque commerciale : La Société
Caraïbéenne de Banque (SOCABANK), la Banque Nationale de
Crédit (BNC) et la Société Générale de
Banque (SOGEBANK) la dernière arrivée dans la commune
jusqu'à date.
La Société Caraïbéenne de Banque a
fait son apparition dans la commune de Léogâne en janvier 2001. Ce
fut la première banque commerciale qui a su s'installer dans la
cité d'Anacaona, l'ancien cacique du Yaguana. Ce qui a été
à notre humble avis un choix éclairé. Car
l'avènement de la SOCABANK en 2001 dans la commune a été
très profitable tant pour la Socabank que pour les agents
économiques de la commune. La Socabank arrivait dans la cité
à un moment où l'économie léoganaise prenait un
tournant important. Cette période caractérisait une certaine
relance des activités économiques avec une montée
considérable du secteur de la construction qui entraînait une
certaine intensification des usines de fabrication de bloc et d'autres
entreprises commerciales se spécialisant dans la vente des
matériaux de construction. C'était aussi l'année de la
réouverture de la centrale sucrière de Darbonne, toutefois sous
un autre nom Usine Sucrière Jean Léopold Dominique.
Avant, le commerçant léogânais se trouvait
des fois embarrasser avec des sommes importantes puisqu'il n'y avait pas une
succursale de banque commerciale pouvant le permettre de faire des
dépôts sur son propre compte ou celui de son fournisseur.
Certaines fois, il était contraint d'emprunter la route nationale
numéro 2 tout en prenant les risques d'insécurité que nous
connaissons tous avec des sommes importantes en monnaie locale mais aussi en
devise américaine. Malheureusement, certains d'entre eux ont eu des
expériences douloureuses en leur faisant victimes des cas
d'insécurité causant parfois la faillite de leur entreprise avec
la perte de fonds importants.
Pour ainsi dire l'arrivée de la SOCABANK en 2001 a
été quelque chose de très attendue par la population.
Quelques années après l'intervention de la Société
Caraïbéenne de Banque dans l'ancien cacique du Yaguana probablement
informée des résultats de cette succursale de la SOCABANK la BNC
a fait son apparition et presque un an après la SOGEBANK qui tardait
d'intervenir a finalement décidé de s'installer à
Léogâne. Jusqu'au début de l'année 2006 le
marché bancaire Léogânais s'était constitué
de trois banques commerciales.
Il serait intéressant de présenter dans cette
partie de notre travail de recherche les performances des succursales de banque
commerciale évoluant dans la commune de Léogâne en terme de
distribution de crédit. Malheureusement malgré des efforts
considérables qui ont été consentis pour la collecte de
ces informations il nous était impossible de pouvoir franchir certaines
barrières.
Cependant, le mode de fonctionnement des succursales de banque
commerciale nous emmène à remettre en question leur vocation en
tant qu'intermédiaire. Pour ainsi dire, à ce qui saute aux yeux
le mode de fonctionnement des succursales de banque commerciale opérant
à Léogâne nous laisse croire que la distribution de
crédit ne soit pas une priorité. D'ailleurs, aucun personnel n'a
été prévu à cet effet. Pour être plus clair,
il n'y a pas quelqu'un qui s'occupe du crédit au niveau du personnel des
succursales de banque commerciale évoluant à
Léogâne. Ce qui pourrait dans une certaine mesure justifier la
fiabilité des chiffres présentés plus haut faisant croire
que le crédit bancaire en Haïti soit concentré au triple
dimension : Spatial, social et sectoriel.
Bref, qu'en est il des institutions de mirofinance ?
Qu'est ce qu'ils ont apporté au niveau de la commune en terme de
distribution de crédit ?
· La Microfinance à
Léogâne
L'industrie de la microfinance haïtienne constitue
à l'heure actuelle l'un des secteurs les plus dynamique de
l'économie locale. Des progrès significatifs ont
été enregistrés en terme de couverture du marché au
cours de ces dernières années. Elle se caractérise par la
variété des services financiers (formation pour la gestion
d'entreprise, l'alphabétisation, la santé etc.) par la
diversité en termes de méthodologies et par une large
accessibilité des services répondant aux besoins des micros et
petits entrepreneurs indépendamment de leur formalisation et de leur
relation avec une institution de micro finance.
Onze ans après la libéralisation des taux
d'intérêts en 1995, l'industrie de la microfinance continue de se
développer comblant ainsi les carences du secteur bancaire qui se
révèle incapable d'assurer le financement des micros et petites
entreprises, en particulier de l'économie formelle. (Rapport Annuel
2006, ANIMH).
Cette évolution de l'industrie de la micro finance ne
se limite pas uniquement dans la capitale mais aussi dans certaines villes de
province.
Dans le cadre de cette étude traitant de la
distribution de crédit dans la commune de Léogâne, nous
constatons que les institutions de micro finance jouent actuellement un
rôle important dans les transactions financières opérant
dans cet espace du territoire national.
Tenant compte de leur statut et méthodologie de
crédit les institutions de microfinance évoluant dans l'ancien
cacique du Yaguana se regroupent en plusieurs catégories :
-Les quasi banques que nous qualifions
d'intermédiaires financiers bancaires non monétaires. Dans cette
catégorie nous retrouvons les caisses populaires et autres
sociétés coopératives recevant des dépôts
à vue et octroyant des crédits ; ces dernières sont
ainsi appelées par le fait qu'ils ne possèdent pas ce pouvoir de
création monétaire qui caractérise les banques
commerciales à travers leur habilité de pouvoir gérer des
comptes courants :
C'est le cas de la caisse populaire « Men
Kontre » ci-devant KEPOMEK évoluant dans la commune de
Léogâne plus précisément dans la communauté
de Darbonne depuis juin 1997. Celle-ci est considérée comme la
doyenne des institutions financières offrant actuellement des services
financiers à la population léogânaise.
Dans cette même catégorie des quasi banques nous
comptons la caisse léogânaise d'épargne et de financement
(CLEF) fondée en novembre 1997 sous l'initiative d'un groupe de jeunes
désireux de doter la cité d'Anacaona d'une institution
financière pouvant offrir à la population de Léogâne
des services financiers que les banques commerciales de la place tardaient
à offrir en quelque sorte. La coopérative solidarité de
Développement (COSODEV) et le Service Financier Fonkoze ci-devant SFF
font aussi parti de cette catégorie des institutions de micro finance
baptisée d'intermédiaires financiers bancaires non
monétaires offrant des services d'épargne et de crédit
dans l'ancien cacique du Yaguana.
Il n'est pas superflu de signaler que pour la majorité
des caisses populaires les services offerts ont les mêmes
caractéristiques et les méthodologies de crédit ne sont
pas vraiment différentes l'une de l'autre. Exception faite du Service
Financier Fonkoze qui se distingue au niveau de la méthodologie de
crédit. C'est actuellement la seule institution offrant des prêts
collectifs à Léogâne.
Ces institutions qualifiées d'intermédiaires
financiers bancaires non monétaires offrent presque toutes des services
d'épargne à vue. Certaines d'entre elles en essayant de
diversifier leurs produits offrent des services d'épargne en dollar
américain, d'autres arrivent à développer des produits de
dépôt à terme et d'autres services d'épargne
adaptés à la situation des populations desservies.
En ce qui concerne le crédit, pour
bénéficier un prêt on doit être membre de la
caisse, dans la majorité des cas on exige une période de trois
mois ; avoir un compte d'épargne à la caisse accusant une
balance représentant un tiers du montant sollicité. Il y a aussi
un critère géographique très important, la personne doit
être domiciliée dans une zone ne dépassant pas les limites
géographiques d'action de la caisse populaire. De plus, la
dernière exigence faite pour l'obtention d'un prêt mais pas la
moindre c'est la signature d'un avaliseur.
De l'autre coté nous retrouvons ces derniers que nous
qualifions d'intermédiaires financiers non bancaires non
monétaires. Ils sont ainsi appelés parce qu'ils ne
reçoivent pas de dépôts. Dans la majorité des cas
les fonds prêtés proviennent d'autres institutions sous forme de
don ou d'emprunt. Actuellement les banques commerciales nationales
créent des branches spécialisées intégrant cette
classe d'institution de micro finance en vue d'atteindre cette partie
importante du marché national qu'est le commerce informel.
Ainsi nous comptons dans la commune de Léogâne la
présence de l'Association pour la coopération avec la micro
entreprise (ACME) et Micro Crédit National (MCN) une filiale du groupe
financier national. Quant à ces dernières, la méthodologie
de crédit est la même. Elles octroient des prêts individuels
à toute personne possédant une activité commerciale. Point
n'est besoin d'être membre ou d'avoir un compte d'épargne.
D'ailleurs ce sont des institutions non bancaires non monétaires, elles
ne reçoivent pas de dépôt.
De là, il ne serait pas insensé de se poser la
question suivante : En quoi ces intermédiaires financiers, ce que
nous appelons les institutions de microfinance, contribuent-elles à la
distribution de crédit dans la cité d'Anacaona, l'ancien cacique
du Yaguana ?
Considérant l'impossibilité de trouver des
informations sur les portefeuilles de crédit de ces institutions de
microfinance évoluant dans la commune de Léogâne
auprès d'une institution mère comme on pourrait le faire pour les
banques commerciales à travers la banque centrale dans une certaine
mesure, nous nous sommes donnés la peine de mener notre propre
enquête avec les faibles moyens que nous disposions en terme de temps et
de fonds.
Ainsi, nous avons préparé un questionnaire
d'enquête pouvant nous permettre de capter l'essentiel des
activités menées par les instituions de microfinance de
Léogâne surtout au niveau de la distribution de crédit. Le
traitement des données nous permet d'arriver à la conclusion
suivante.
Au cours de la période allant de l'exercice fiscal
1999-2000 à l'exercice 2004-2005 les six institutions de microfinance
évoluant dans la commune de Léogâne actuellement octroient
12,189.00 prêts, distribuant ainsi dans la commune de
Léogâne, en termes de crédit pendant ces six années
205, 371,813.00 gourdes. Il faut surtout souligner qu'elles n'étaient
pas toutes présentes dans la cité pendant les six années.
Certaines interviennent sur le marché très tard et d'autres pour
des raisons que nous ignorons ne pouvaient pas fournir des informations sur
leur portefeuille de crédit pour certaines années.
Source : Enquête Personnelle
Considérant la tendance de la courbe traduisant
l'évolution de la distribution de crédit de ces institutions au
cours de la période de l'étude nous pouvons courir le risque de
dire que la tendance a été croissante. Elles ont passé
de 1425 crédits décaissés en 2000 à 2754 en 2005.
Soit une croissance de 93% en six ans avec une croissance moyenne annuelle de
15,54%.
En analysant l'évolution de l'encours total des
prêts octroyés par les institutions de microfinance à
Léogâne pour la période considérée nous
pouvons faire les mêmes remarques. D'ailleurs les deux variables ont la
même tendance. Elles ont toutes deux des pentes une tendance à la
hausse exprimant la croissance du secteur. Elles sont passées de 21,
571,451.00 gourdes distribuées en terme de crédit à 52,
902,903.00 en 2005. Soit une croissance de 145.24% en six ans. Ce qui accuse
une croissance moyenne de 24,25 l'an.
En faisant un coup d'oeil sur l'encours moyen exprimé
en gourde nous avons fait le constat suivant : cet indicateur symbolisant
dans une certaine mesure le montant moyen des prêts octroyés varie
entre 13000 à 20000 gourdes.
Source : Enquête Personnelle
Etant donné, les institutions n'étaient pas en
mesure de nous donner des informations pouvant nous permettre de faire une
analyse de la distribution sociale et géographique des crédits
octroyés. De plus, considérant les nuances qui existent au niveau
de la définition du concept pauvreté dans ce cas précis.
On ne peut pas courir le risque d'affirmer une quelconque assertion faisant
croire que ces institutions de microfinance évoluant à
Léogâne ne prêtent qu'aux pauvres. De toute façon
tenant compte de la nature de cet indicateur (encours moyen des prêts)
qui soit une moyenne nous n'ignorons pas les biais qui pourraient attacher
à la valeur de cette variable de tendance centrale qu'est la moyenne. De
plus, les concepts de pauvreté et de richesse n'étant pas
définis, il serait imprudent, pour ne pas dire maladroit d'orienter les
analyses dans une telle direction.
Cependant, peu importe la définition possible et
imaginable qu'on pourrait donner au concept de pauvreté ou de
richesse : compte tenu de la valeur de l'encours moyen des prêts ne
pourrions nous pas dire que les pauvres n'étaient pas oubliés ou
mis en quarantaine ?
Ainsi, en ce qui concerne la distribution de crédit au
plan social dans la commune de Léogâne, l'analyse de ces
données ne pourrait pas nous conduire à la conclusion que le
marché de la micro finance est plus ouvert aux populations à
revenu faible.
Il serait intéressant de pouvoir faire une analyse aux
plans géographique et sectoriel.
Des questions ont été prévues à
cet effet au niveau du questionnaire d'enquête, malheureusement les
institutions de microfinance évoluant dans la commune de
Léogâne n'étaient pas en mesure de fournir des informations
sur les crédits distribués au plan géographique et
sectoriel. En ce qui a trait aux secteurs d'activité financés ne
pourrait-on pas penser que le commerce de détail était
privilégié. Car, plusieurs des institutions de microfinance
opérant à Léogâne exigeaient pour l'octroie d'un
prêt l'existence d'une activité commerciale. C'est le cas surtout
des institutions financières non bancaires telles qu'ACME et MCN.
CONCLUSION GENERALE
Notre étude s'est proposée de faire une analyse
descriptive de la distribution du crédit à Léogâne.
Nous nous sommes intéressés particulièrement aux
institutions de micro finance évoluant dans cette commune, du fait que
la micro finance a été considérée comme une
réponse aux déficiences des institutions financières
bancaires traditionnelles dite banques commerciales en matière de
distribution de crédit.
Il a été démontré que le
système financier traditionnel dans une certaine mesure est
déficient dans les pays en voie de développement. En ce qui a
trait à la distribution du crédit bancaire en Haïti, on a pu
constater qu'en dépit de la politique de proximité des banques
commerciales de la place, le crédit bancaire en Haïti est
concentré au triple dimension : spatiale, sociale et
sectorielle.
On a pu constater que le crédit bancaire est fortement
concentré au niveau du commerce de gros et détails dans la zone
métropolitaine. Aussi, l'écart de plus en plus béant qui
existe entre le pourcentage des prêts octroyés au secteur
commercial au détriment du secteur agricole et autre a été
mis en évidence. Les données publiées sur la distribution
du crédit démontrent que le secteur commercial
bénéficie plus que 30% du montant des crédits
octroyés au niveau du système bancaire. En 2004, un petit groupe
représentant près de 9% de la population des
bénéficiaires de prêts a obtenu plus de 68% des fonds
prêtés par le système bancaire haïtien.
Ce qui constitue un handicap majeur pour le
développement des micros et petites entreprises dans l'économie
haïtienne. Ce qui a entraîné au niveau du marché de
nouvelles structures de financement de type varié. D'où
l'existence d'un système financier constitué d'une composante
formelle et d'une composante informelle.
La composante formelle se trouve constituer du système
bancaire avec les banques commerciales dites traditionnelles et d'autres
structures commerciales liées au secteur formel.
La composante informelle quant à elle est
caractérisée par l'exercice des pratiques d'entraide collective
fonctionnant généralement sur une base de confiance mutuelle. Il
faut dire que ce phénomène baptisé de dualisme financier a
été remarqué dans plusieurs pays à travers le monde
principalement les pays en voie de développement. Ainsi, on a pu
présenter la performance de certaines institutions de micro finance
à travers le monde comme par exemple la célèbre Gramean
Bank de Bengladesh dont la performance a permis à son fondateur de
décrocher la fameuse distinction de prix Nobel de la paix en 2006 ;
La Bancosol au Chili et les fameuses banques Villageoises etc...
Entre autre, plus près de nous en Haïti on
constate ces dernières années une certaine intensification de la
présence des institutions de micro finance voulant dans une certaine
mesure offrir les services d'épargne et de crédit aux populations
vivant du commerce informel et/ou aux populations exclues ou
négligées par le système bancaire traditionnel. Ce qui ne
se limite pas au niveau de la capitale ou de la zone métropolitaine de
Port au Prince mais aussi dans d'autres régions du territoire national.
Ce qui nous porte curieux de voir est ce qu'effectivement les institutions de
microfinance ont répondu à cette lourde mission qui leur est
confiée.
D'où l'objectif de notre travail de recherche est de
présenter l'apport des institutions de microfinance en termes de
distribution de crédit dans la commune de Léogâne.
Ainsi, afin de pouvoir atteindre l'objectif visé par
l'étude une enquête par questionnaire sur la distribution du
crédit à Léogâne a été menée.
Des questionnaires d'enquête ont été administrés aux
différentes institutions financières opérant à
Léogâne. Malheureusement les succursales de banque commerciale
fonctionnant à Léogâne ne pouvaient pas nous fournir des
informations concernant leur portefeuille de crédit. Ainsi, nous nous
sommes servis des rapports annuels publiés par la banque centrale pour
pouvoir présenter et analyser la distribution du crédit bancaire
sur une base nationale.
De l'autre coté, les résultats de
l'enquête sur la distribution de crédit par les institutions de
micro finance opérant dans la commune de Léogâne nous ont
donc permis d'arriver à la conclusion que : La tendance de la
distribution du microcrédit à Léogâne a
été croissante. Pendant la période allant de 2000 à
2005 le nombre de prêts octroyés a cru de 93% en six ans soit une
croissance moyenne annuelle de 15.54%. En 2000 d'après les
résultats de l'enquête les six institutions de microfinance
établies dans la cité d'Anacaona ont octroyé 1425
prêts pour arriver à 2754 en 2005. L'encours des prêts a
été également augmenté à un niveau
considérable pendant les six années pour lesquelles les
données ont été disponibles. Cette variable passe de 21,
571,451.00 gourdes en 2000 gourdes pour atteindre le montant de 52, 902,903.00
de gourdes en 2005. Une analyse de l'encours moyen des prêts
octroyés par les institutions de microfinance participant à
l'Enquête nous a révélé que ces institutions
octroient en moyenne des prêts dont les encours varient entre 13000
à 20000 gourdes. Ce qui nous aurait porté à partager
l'idée que les institutions de microfinance sont plus ouvertes aux
pauvres que les banques commerciales.
De là, nous croyons que l'objectif du travail a
été atteint dans une certaine mesure. Bien que nous soyons
conscients des limites de cette étude qui ne nous a pas permis d'avoir
une idée exacte sur les bénéficiaires de ces
prêts ; à savoir s'ils vivent en milieu rural ou en milieu
urbain ? S'ils fonctionnent au niveau du secteur primaire, secondaire ou
tertiaire de l'économie locale ?
En ce qui concerne cette dernière question, des
données qualitatives recueillies au moment de l'enquête à
travers les conditions d'éligibilités nous laissent croire que le
commerce a eu la priorité encore une fois. Car toutes les institutions
de microfinance qui ont fait l'objet de l'étude ont pris le soin de
signaler que pour pouvoir bénéficier d'un prêt la personne
doit avoir une activité commerciale rentable.
Toutefois, en dépit des limites qui ont
été signalées plus haut, il faut dire que ce travail
pourrait servir de piste pour de nouvelles études à
l'avenir ; contribuer à l'animation du débat portant sur le
rôle des intermédiaires financiers dans la distribution du
crédit. Car le crédit pour reprendre Daniel Webster financier
Américain a fait beaucoup plus, un millier de fois plus pour enrichir
les nations que toutes les mines du monde.
Bibliographie
LIVRES
BEAULIEU Charles, Le
système bancaire haïtien, Fonctionnement et perspectives,
1e édition, Henri Deschamps, Port au prince, 1987.
BERNARD Yves et COLLI Jean
Claude, vocabulaire économique et financier,
6e édition, Seuil, Avril 1989.
C.-ECHAUDEMAISON :
Dictionnaire d'Économie et de Sciences Sociales, Nathan, 5e
édition, Juillet 2001, 541p
DESHOMMES Fritz, Politiques
Économiques en Haïti, Rétrospectives et Perspectives,
Cahiers Universitaires, Mai 2005, 234p.
DOUGLAS Greenwald,
Encyclopédie Économique, Economica, Paris, 1984.
ETIENNE Eddy, Économie
Monétaire, Théorie et Pratique, Imprimerie des Antilles,
1986.
PIARD Frantz, Construire le
mémoire de sortie, méthode, procédés et
procédures, Éditions Duvalsaint, Port au prince, Décembre
2004, 300p.
REVUES ET AUTRES
BROUILLET Anne Sophie,
Microfinance et lutte contre la pauvreté, Réseau Impact,
consulté en ligne sur le site: http://
www.réseauimpact.org.
CHAO Renée Béroff,
Microfinance et liens sociaux, consulté en ligne sur le site: http://
www.ecole.org en
été 2005.
EUSTACHE-ROI Alexandra,
Introduction à la microfinance, DAI /FINNET, juillet 2003,
47p
JABOUIN Eric, Le
microcrédit de la Capital Bank, Bulletin Synergies, CARE/BME
consulté sur le site : http://
www.olade.org.ec en juillet
2005.
MEMOIRES
DAMEUS Smith,
Problématique du financement dans le secteur informel, Mémoire de
sortie, FDSE, Port au prince.
ETIENNE Tamara,
L'évolution du système bancaire et le financement du
développement économique en Haïti de 1986 à 1997,
FDSE, Port au prince, avril 1999, 167p.
ETIENNE Kennis,
Le crédit des caisses populaires et les petits agents
économiques, FDSE, Port au prince, Novembre 2000.
VILGRAIN Ronald,
L'évolution récente des banques commerciales haïtiennes.
Essai sur les causes de leur performance (1992-2000) ; Mémoire,
FDSE, Port au prince, 2001, 105p.
Table des Matières
Introduction
Générale........................................................................1
Chapitre I.- Cadre Conceptuel et
théorique.......................................... 7
Section1.- Cadre Conceptuel
.............................................................8
A) Intermédiaires financiers et Distribution de
crédit comme
concept.......................................................................................
....8
Les Banques Commerciales
.............................................. ..8
Les Institutions de Micro
finance...........................................9
Les
quasi-banques................................................. ....9
Les institutions financières non
bancaires...................12
B) Distribution du crédit comme
concept...........................................12
1. Définition du
Crédit.............................................................12
2. Les différentes catégories de
crédit......................................15
3. Méthodologies de
crédit......................................................19
Sectin2.- Cadre
Théorique................................................................21
A) Phénomène du Dualisme
Financier..............................................21
1. Théorie de la libéralisation
financière...................................21
2. L'analyse
Néo-Structuraliste................................................24
B) Déficience des Marchés de crédit dans les
pays en Développement.26
(Olivier Cadot)
1. Les Principes et Problèmes de
base......................................26
Le risque de
défaut...................................................... 26
L'anti-sélection............................................................28
CHAPITRE II.- Le Système Financier
Haïtien.......................................34
A) La Composante
Formelle..............................................................35
1.Le Système Bancaire
Haïtien.................................................35
Son
historique...............................................................35
Banques Commerciales et Distribution de Crédit en
Haïti............................................................................39
Les Structures Financières Liées au Système
Formel.............52
B) La Composante
Informelle..........................................................55
1. Le
Solde............................................................................
56
2. Le
Sabotage......................................................................57
3.
L'usure..............................................................................58
CHAPITRE III.- Une Analyse Empirique des Institutions de Micro
finance..........................................................................................61
Une Analyse
Mondiale............................................................62
Une Analyse Empirique des Institutions de Micro finance en
Haïti.....................................................................................64
Une Analyse Empirique du cas
Léogânais.................................71
Présentation de la commune de
Léogâne.........................71
Système Financier
Léogânais.........................................74
Les Banques
Commerciales......................................76
La MicroFinance à
Léogâne........................................77
Conclusion.......................................................................................86
Bibliographie..................................................................................90
Table des
Matières...........................................................................92
ANNEXE I
|
TABLEAU .- Les Grandes Institutions de Micro Finance en
Chiffre
|
Grameen Bank BangladeshBancosol BolivieBank Rakyat Indonesia Unit DesaBadan
Kredit Desa IndonesieFINCA Banques Villageoises
Membres2.4 millions81,503
2 millions d'emprunteurs,
16 millions d'épargnants
76558689986Montant Moyen du prêt ($us)$134$909$1007$71$191Durée
typique du prêt1 année4-12 mois3-24 mois3 mois4 mois
Pourcentage de femmes membres
95%61%23%--95%Surtout rural/urbain ?RuralUrbainSurtout ruralRuralSurtout
ruralContrats de prêts groupeOuiOuiOuiNonNonGarantie matérielle
exigéeNonNonOuiNonnonAccent sur épargne
volontaireNonOuiOuiNonouiProgression des montants de
prêtsOuiOuiOuiOuiOuiPériodicité des
remboursementsHebdomadaireFlexibleFlexibleFlexibleHebdomadaireClients cibles
pour les prêtsPauvresSurtout non pauvresNon
pauvresPauvresPauvresAutosuffisant financièrement ?Non Oui
OuiOuiNonTaux d'intérêt nominal sur prêt
(annuel)20%47.5-50.5%32-43%55%36-48%
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
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|
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|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Source : Morduch 1999
|
QUESTIONNAIRE
A. - Identification de l'institution
Nom:...............
.............................................Sigle (
)
Adresse:........................
......................Tél.:........................
B.- Caractéristiques:
1) L'institution est présente dans la commune
de Léogâne depuis:....../......./.........
2) Quelles sont les limitations géographiques
de l'institution, les zones desservies:
...............
3) Quels sont les produits offerts par l'institution:
............................
4) Conditions d'éligibilité pour
l'obtention d'un prêt chez vous:
a)............... ..............b)............
........
c)......... ......................d).........
......
e)............ .........................f)......
.............
5) Distribution de Crédit:
a.- Répartition des prêts
distribués en gourdes
Année
|
Nombre de Prêt Octroyé
|
Montant en Gourdes
|
1999-2000
|
|
|
2000-2001
|
|
|
2001-2002
|
|
|
2002-2003
|
|
|
2003-2004
|
|
|
2004-2005
|
|
|
|
|
|
Tableau 2.-Distribution de l'encours des prêts
par tranche (75.000,00 gdes et plus)
Période: 1993-2004
Tranche de
Prêts
|
Nombre
d'Emprunteurs
|
Nombre d'Emprunteurs en %
|
Encours des prêts en M.G
|
Encours des prêts en %
|
1993
75 000 à 249 999
|
1124
|
58
|
156,9
|
7
|
250 000 à 499 999
|
342
|
18
|
119,0
|
5
|
500 000 à 999 999
|
178
|
9
|
123,2
|
6
|
1 000 000 à 2 499 9999
|
158
|
8
|
240,3
|
11
|
2 500 000 à 4 999 999
|
63
|
3
|
219,6
|
10
|
5 000 000 ou plus
|
73
|
4
|
1372,8
|
61
|
Total
|
1938
|
100
|
2 231,8
|
100
|
1994
75 000 à 249 999
|
1061
|
55
|
148,8
|
6
|
250 000 à 499 999
|
361
|
19
|
125,4
|
5
|
500 000 à 999 999
|
196
|
12
|
138,5
|
5
|
1 000 000 à 2 499 9999
|
154
|
9
|
233,9
|
9
|
2 500 000 à 4 999 999
|
67
|
4
|
226,0
|
9
|
5 000 000 ou plus
|
81
|
5
|
1737,3
|
66
|
Total
|
1 920
|
100
|
2 609,9
|
100
|
1995
75 000 à 249 999
|
1154
|
51
|
163,0
|
5
|
250 000 à 499 999
|
436
|
19
|
152,6
|
5
|
500 000 à 999 999
|
267
|
12
|
188,7
|
5
|
1 000 000 à 2 499 9999
|
192
|
9
|
294,9
|
9
|
2 500 000 à 4 999 999
|
86
|
4
|
302,5
|
8
|
5 000 000 ou plus
|
125
|
5
|
2290,4
|
68
|
Total
|
2260
|
100
|
3392,1
|
100
|
1996
75 000 à 249 999
|
1254
|
49
|
179,0
|
4
|
250 000 à 499 999
|
527
|
20
|
185,3
|
5
|
500 000 à 999 999
|
321
|
12
|
226,0
|
5
|
1 000 000 à 2 499 9999
|
257
|
10
|
402,6
|
10
|
2 500 000 à 4 999 999
|
100
|
4
|
355,1
|
9
|
5 000 000 ou plus
|
137
|
5
|
2724,0
|
67
|
Total
|
2596
|
100
|
4072,0
|
100
|
1997
75 000 à 249 999
|
2031
|
48
|
294,4
|
5
|
250 000 à 499 999
|
812
|
19
|
287,7
|
5
|
500 000 à 999 999
|
528
|
12
|
370,9
|
7
|
1 000 000 à 2 499 9999
|
409
|
10
|
632,1
|
12
|
2 500 000 à 4 999 999
|
209
|
5
|
710,4
|
13
|
5 000 000 ou plus
|
242
|
6
|
3224,8
|
58
|
Total
|
4231
|
100
|
5520,3
|
100
|
1998
75 000 à 249 999
|
2448
|
46
|
346,6
|
5
|
250 000 à 499 999
|
1017
|
19
|
357,3
|
5
|
500 000 à 999 999
|
736
|
14
|
523,6
|
7
|
1 000 000 à 2 499 9999
|
564
|
10
|
882,7
|
11
|
2 500 000 à 4 999 999
|
244
|
5
|
850,4
|
11
|
5 000 000 ou plus
|
334
|
6
|
4645,2
|
61
|
Total
|
5343
|
100
|
7605,8
|
100
|
1999
75 000 à 249 999
|
2937
|
49
|
390,4
|
5
|
250 000 à 499 999
|
1107
|
18
|
392,1
|
5
|
500 000 à 999 999
|
736
|
12
|
515,6
|
7
|
1 000 000 à 2 499 9999
|
564
|
10
|
957,6
|
11
|
2 500 000 à 4 999 999
|
244
|
4
|
928,8
|
11
|
5 000 000 ou plus
|
334
|
6
|
5098,0
|
61
|
Total
|
5343
|
100
|
8282,5
|
100
|
2000
75 000 à 249 999
|
2954
|
46
|
387,9
|
3
|
250 000 à 499 999
|
1133
|
19
|
409,9
|
4
|
500 000 à 999 999
|
833
|
14
|
597,1
|
5
|
1 000 000 à 2 499 9999
|
681
|
10
|
1059,6
|
9
|
2 500 000 à 4 999 999
|
297
|
5
|
1034,8
|
9
|
5 000 000 ou plus
|
483
|
6
|
8333,5
|
70
|
Total
|
6381
|
100
|
11822,7
|
100
|
2001
75 000 à 249 999
|
3022
|
48
|
397,3
|
4
|
250 000 à 499 999
|
1033
|
17
|
366,4
|
3
|
500 000 à 999 999
|
801
|
13
|
570,4
|
5
|
1 000 000 à 2 499 9999
|
637
|
10
|
998,7
|
9
|
2 500 000 à 4 999 999
|
305
|
5
|
1056,9
|
10
|
5 000 000 ou plus
|
425
|
7
|
7264,5
|
68
|
Total
|
6223
|
100
|
10654.4
|
100
|
2002
75 000 à 249 999
|
2838
|
46
|
373.5
|
3
|
250 000 à 499 999
|
1043
|
17
|
370.8
|
3
|
500 000 à 999 999
|
820
|
14
|
586.6
|
5
|
1 000 000 à 2 499 9999
|
677
|
11
|
1065.1
|
9
|
2 500 000 à 4 999 999
|
298
|
5
|
1035.6
|
9
|
5 000 000 ou plus
|
448
|
7
|
8728.6
|
72
|
Total
|
6124
|
100
|
12160.0
|
100
|
2003
75 000 à 249 999
|
2541
|
43
|
338,0
|
2
|
250 000 à 499 999
|
1054
|
18
|
377,1
|
2
|
500 000 à 999 999
|
810
|
13
|
577,8
|
4
|
1 000 000 à 2 499 9999
|
698
|
12
|
1110,1
|
7
|
2 500 000 à 4 999 999
|
311
|
5
|
1104,1
|
7
|
5 000 000 ou plus
|
549
|
9
|
12501,3
|
78
|
Total
|
5963
|
100
|
16008.5
|
100
|
2004
75 000 à 249 999
|
2780
|
43
|
379,67
|
3.24
|
250 000 à 499 999
|
1123
|
17
|
400,44
|
3.41
|
500 000 à 999 999
|
874
|
14
|
623,16
|
4.89
|
1 000 000 à 2 499 9999
|
764
|
12
|
1215,46
|
8.98
|
2 500 000 à 4 999 999
|
326
|
5
|
1147,97
|
9.07
|
5 000 000 ou plus
|
595
|
9
|
8682,2
|
68.13
|
Total
|
6462
|
100
|
12743,7
|
100
|
Source : Banque de la République
d'Haïti (BRH)
* 1 Cf .
http://uncdf.org/francais/microfinance/documents-and-reports/country-faisibility/haitidb.php
* 2Cf .
http://uncdf.org/francais/microfinance/documents-and-reports/country-faisibility/haitidb.php
* 3 Ibid
* 4 Ibid
* 5Depuis 2007, il n'y a que
deux succursales de banque commerciale à Léogâne. BNC,
SOGEBANK. Car la banque commerciale d'Etat (BNC) a fait l'acquisition de la
SOCABANK
* 6 DAI/FINNET/Base de
données sur les Institutions de Micro finance, Présentation des
Résultats, Avril 2002.
* 7 Idem
* 8 DAI/FINNET/Base de
données sur les Institutions de Micro finance, Présentation des
Résultats, Avril 2002.
*
9DOUGLAS Greenwald,
Encyclopédie Economique, Economica, Paris, 1984.
* 10
DOUGLAS Greenwald, Encyclopédie Economique, Economica,
Paris, 1984.
* 11 Ibid
* 12 DOUGLAS
Greenwald, Encyclopédie Economique, Economica, Paris, 1984.
* 13 DOUGLAS
Greenwald, Encyclopédie Economique, Economica, Paris, 1984.
* 14 Ibid
* 15 Ibid
* 16Suite à
l'acquisition de la PROMOBANK par la SOGEBANK et l'acquisition de la SOCABANK
par la BNC en 2007 le système bancaire est maintenant constitué
d'une banque centrale (BRH), de deux (2) banques commerciales publiques, de
cinq (5) Banques Commerciales Nationales Privées et d'une banque
d'Epargne et de Logement.
* 17 Par Stijn
Claessens, Conseiller supérieur, et Neesham Kranz, Coordinatrice
Communications & Connaissances, Vice Présidence du Secteur
Financier, Banque Mondiale
* 18 Le sangle haïtien
p.4
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