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Intermédiaires Financiers et Distribution de crédit à  Leogane (cas des Institutions de Microfinance)

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par Winston HENRY
Université d'Etat d'Haiti - Licence ès Sciences Economiques 2009
  

Disponible en mode multipage

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Introduction Générale

<< Le crédit a fait beaucoup plus, un millier de fois plus, pour enrichir les nations que toutes les mines du monde. Il a excité le travail, stimulé les entreprises, étendu le commerce sur tous les horizons et amena chaque nation, chaque royaume, et chaque petite tribu des races humaines à être connu du reste du monde>> Daniel Webster financier américain. (Cf. ETIENNE, 1996).

Problématique

L'influence indéniable du crédit et notamment du crédit bancaire, sur l'activité économique a amené des économistes à rechercher dans l'action des banques la cause principale des fluctuations de la conjoncture et des crises économiques. Toute crise serait provoquée, d'après ces derniers, par une rupture d'équilibre entre la capacité d'absorption des consommateurs exprimée en termes de monnaie et la production, amplifiée par une distribution excessive de crédit. (Ibid., p73)

Il s'agit d'une façon élégante de dire que la situation du système financier d'une économie reflète et détermine celle de l'économie réelle. Ce qui a fait du crédit une activité cruciale dans le processus de création de richesse ou de croissance économique d'une économie donnée. Sa distribution détermine dans une certaine mesure la situation économique globale. Des fonds stériles entre les mains de leurs propriétaires appelés «agents non financiers excédentaires» deviennent grâce aux intermédiaires financiers productifs entre les mains des entrepreneurs par un processus d'intermédiation dont l'essence est le crédit. D'où l'importance des intermédiaires financiers dans le processus de croissance économique dont la vocation première serait d'assurer et de faciliter cette intermédiation.

Les principaux facteurs de croissance économique du 19e siècle, à savoir : Chemin de fer-Usine-Banque, forment un bloc indissociable. Le volume des capitaux requis pour le montage et l'épanouissement des chemins de fer et des usines fut qu'il a vite fait des banques le principal moteur de la vie économique. Le règne des banquiers fut depuis lors lié à l'histoire du capitalisme triomphant. C'est à la vérité, l'ensemble des retombées positives du crédit bancaire qui explique cependant la nécessité de contrôle de l'activité bancaire, notamment le contrôle du crédit dans la vie économique, pour éviter que l'euphorie première se transforme en désastre économique futur. Lequel contrôle qui entraîne une certaine déficience au niveau du marché de crédit dans les pays en voie de développement.

Au niveau du système bancaire haïtien on a fait le constat d'une concentration du crédit à différent niveau : social, spatial et sectoriel pour reprendre les termes utilises par Fritz Deshommes. (Politique Economique en Haïti, Rétrospectives et Perspectives, Editions Cahiers Universitaires, Mai 2005, p83)

Au cours de la décennie 1994-2004 la courbe traduisant la tendance du nombre des prêts inférieurs à 250 000 gourdes a une pente négative. Toutefois, la tendance a été différente au niveau des prêts de cinq millions de gourdes et plus. Des études sur le système bancaire ont révélé que le crédit bancaire est concentré dans le secteur commercial entre les mains d'un petit groupe d'agents économiques basés dans la zone métropolitaine de Port au Prince.

Ce trait caractéristique du système bancaire national a été corroboré par les résultats d'une enquête entreprise par le projet de "renforcement des structures mutualistes et coopératif ".1(*) Cette enquête a révélé en matière de crédit en Haïti, 133 clients se voient accordés plus d'un tiers du volume des crédits supérieurs à 75 000 gourdes. Au total, 3.7 milliards de gourdes de crédit accordés au secteur privé par les banques commerciales sont constituées de prêts dont l'encours est supérieur à 75 000 gourdes.

D'un autre côté, la grande majorité des agents financiers déficitaires se voit forcée de recourir à l'usure où le taux d'intérêt moyen mensuel est de 20 à 25%.

L'enquête sur le système bancaire a montré que :

· Plus de 90% des prêts sont concentrés dans la zone métropolitaine 2(*)

· Près de deux tiers des prêts soit 62.8% sont accordés dans le cadre des activités commerciales3(*)

Pour huit (8) banques commerciales 81% des crédits en moyenne se font à court terme.4(*)

D'où la naissance des institutions de micro finance dont la vocation est d'offrir des services financiers aux populations exclues du système bancaire traditionnel. Ce qui pourrait nous laisser croire que les institutions de microfinance répondent mieux aux besoins de financement des populations à faible revenu que les banques commerciales. Toutefois, il serait curieux de pouvoir analyser les résultats de ces institutions en terme de distribution de crédit. On pourrait se demander, est ce que les institutions de microfinance arrivent-elles effectivement à apporter des services financiers aux populations exclues du système bancaire traditionnel ?

Ainsi, nous nous sommes proposés à travers ce travail de recherche de présenter la distribution du crédit à Léogâne spécifiquement le cas des institutions de Microfinance. Ce travail de recherche symbolise notre souci de faire la lumière autour de l'interrogation suivante : Les institutions de microfinance évoluant dans la commune de Léogâne ont-elles effectivement arrivé à mettre le crédit à la disposition des exclus du système bancaire ?

Hypothèse

Tenant compte de l'évolution du nombre de crédit distribué par les institutions de microfinance à Léogâne et l'encours des prêts octroyés, les institutions de microfinance évoluant dans la commune de Léogâne répondent au besoin de financement des agents économiques déficitaires de la cité d'Anacaona.

Objectif du Travail

D'où l'objectif de notre travail qui sera d'une allure essentiellement descriptive est de déterminer la performance des institutions de Microfinance évoluant dans la commune de Léogâne de 2000 à 2005 au niveau de la distribution du crédit; de présenter les résultats afin de pouvoir confirmer ou infirmer cette hypothèse faisant croire que les institutions de micro finance évoluant dans la cité d'Anacaona répondent au besoin de financement des agents économiques déficitaires de la commune exclus ou négligés par le système bancaire traditionnel.

Méthodologie et Organisation du Travail

Pour ce faire, nous nous en servirons des sources documentaires primaires et secondaires telles que : des documents issus d'oeuvres d'auteurs, des documents officiels et institutionnels. Au cours de la construction du cadre théorique nous avons utilisé des documents issus d'oeuvres d'auteurs. Et pour la vérification des hypothèses nous exploiterons les sources primaires qui constituent essentiellement des documents officiels : bulletins, rapports et autres documents institutionnels. Une enquête par questionnaire a été aussi menée sur le terrain auprès des institutions financières fonctionnant dans la commune de Léogâne. Toutes les institutions financières établies dans la commune de Léogâne au cours de cette période ont été prises en compte.

Ainsi des questionnaires d'enquête visant à collecter des informations sur le nombre de prêts décaissés, l'encours des prêts, la localisation des bénéficiaires, leurs secteurs d'activité ont été distribués aux différents responsables de succursale de banque commerciale et d'institutions de microfinance évoluant dans la zone. Les responsables de succursale des différentes institutions financières faisant l'objet de l'enquête ont rempli les questionnaires eux-mêmes, pour nous les retourner après.

De ce fait, deux banques commerciales (SOGEBANK, BNC) et cinq institutions de microfinance (KEPOMEK,CLEF,COSODEV,MCN,ACME,SFF) faisaient l'objet de notre enquête. Il faut aussi souligner que les résultats ont été traités à partir du logiciel informatique Microsoft EXCEL et présentés sous forme de tableaux et de graphiques.

En terme d'organisation, ce papier est composé de trois chapitres :

Le premier chapitre explorera les concepts : Intermédiaires financiers et Distribution du crédit dans leurs dimensions et indicateurs et les théories expliquant le mode de fonctionnement des marchés financiers dans les pays en développement. A partir de ce défrichement nous essayerons d'établir la relation entre les concepts dans la problématique générale de la distribution du crédit en Haïti particulièrement à Léogâne. Le second chapitre présentera le marché financier haïtien à travers ses composantes formelles et informelles particulièrement les caractéristiques du marché du crédit en Haïti (formel et informel). A travers le troisième chapitre une analyse empirique de la microfinance sera fait à différent niveau (mondial et national). Ce même chapitre présentera les résultats de l'enquête tout en mettant en évidence les performances des institutions de micro finance évoluant dans la cité d'Anacaona en terme de distribution de crédit.

CHAPITRE I

Cadre Théorique et Conceptuel

Chapitre I. -Cadre Conceptuel et Théorique

Section1.- Cadre Conceptuel

Le concept en tant qu'outil est un guide pour la recherche, en l'occurrence pour le mémoire, parce qu'il permet de situer ses préoccupations et l'angle sous lequel le thème est traité dans le contexte de l'étude intéressant le travail de recherche. Dans ce sens, on peut dire que le concept n'est pas seulement une aide pour percevoir, mais une façon de concevoir. Il organise la réalité en retenant les caractères distinctifs, significatifs des phénomènes. (Grawitz Madelaine cité par Frantz PIARD, construire le mémoire de sortie, Méthodes, procédé et procédures, 2005). Dans le mémoire la place et le rôle du concept sont importants dans la mesure où le concept lui donne son orientation générale. En effet, le concept en tant qu'outil fournit non seulement un point de départ mais aussi un moyen de désigner par abstraction, d'imaginer ce qui n'est pas seulement perceptible. (ibid.p345). D'où la nécessité de consacrer cette partie du premier chapitre de notre mémoire à la définition des concepts.

A) Intermédiaires Financiers ou Agents Financiers. -Définition

Les intermédiaires financiers ou agents financiers regroupent les agents qui opèrent à partir des actifs financiers.

Dans le cadre de notre étude, le concept d'intermédiaires financiers incarne ces deux grandes catégories d'institutions financières : les banques commerciales et les institutions de micro finance.

1. Les banques commerciales

Se référant au décret-loi du 14 novembre 1980 régissant le fonctionnement des banques et les activités bancaires sur le territoire de la république d'Haïti en son article 6 : Les banques commerciales se définissent comme des intermédiaires financiers qui sont autorisés à recevoir tous types de dépôts, principalement des dépôts à vue, qui d'ailleurs conditionnent leurs possibilités réelles de création monétaire et leur qualification d'institutions financières monétaires. (Cf. Moniteur no.82 du Lundi 18 novembre 1980). Dans le cadre de notre travail de recherche nous tiendrons compte des banques commerciales présentes dans la commune de Léogâne au cours de la période considérée (2001-2005) : SOCABANK5(*), BNC, SOGEBANK.

2. Les Institutions de Micro finance

Les institutions de micro finance se définissent comme des structures fournissant des services financiers (d'un montant relativement modeste) conçus pour une clientèle qui n'a pas accès aux banques commerciales ou institutions bancaires et financières ou négligée par elles. Ces services comprennent en général la mobilisation de l'épargne et l'offre de crédit. Elles (IMF) regroupent les quasi-banques et les intermédiaires financiers non bancaires.

· Les quasi-banques :

Ce sont des institutions financières qui ne peuvent pas recevoir des dépôts à vue. Elles sont incapables de générer par elles-mêmes de la monnaie scripturale. Leur fonction principale est d'agir en tant qu'intermédiaires financiers pour mobiliser et distribuer l'épargne de la collectivité en créant des actifs financiers susceptibles d'être détenus par la collectivité, et en acceptant des créances financières sur autrui. Elles peuvent également accorder des prêts à la clientèle. C'est le cas des caisses populaires, des banques communautaires, des mutuelles de solidarité etc.

Caisses Populaires :6(*)

Les caisses populaires sont des IMF de type coopératif (ou assimilées à des coopératives) qui fournissent des services financiers seulement à leurs «membres» ou «sociétaires» sur une base mutuelle. On devient membre en achetant une part sociale de la caisse et en payant un droit d'entrée. Les caisses populaires sont gouvernées par une assemblée générale de membres et respectent le principe de gestion coopérative «un membre, un vote». L'assemblée générale se réunit au moins une fois par an pour élire les organes décisionnels qui sont responsables de la mise en oeuvre des politiques de crédit et d'épargne. De manière générale, les caisses populaires privilégient une stratégie autonome de croissance axée sur la mobilisation de l'épargne des membres pour constituer un fonds de prêt. Ainsi, dans la plupart des caisses, l'épargne mobilisée est supérieure à l'encours de crédit. Bien que les caisses populaires puissent pratiquer des méthodologies de crédit communes à d'autres IMF (notamment le crédit direct individuel et la méthodologie de groupes solidaires), nous avons classifié ces activités dans la méthodologie de «caisses populaires» parce qu'elles s'inscrivent toujours dans une logique coopérative où il faut être sociétaire pour bénéficier d'un tel crédit.

Banques Communautaires. 7(*)

Cette technique de micro finance implique une méthodologie de crédit solidaire regroupant, en général 20 à 35 individus (le plus souvent des femmes), qui, avec l'aide d'une IMF qui les encadre, se mettent ensemble pour fonder une « banque communautaire ». L'IMF fournit un fonds de prêt qui est réparti entre les membres de la banque qui se réunissent à des intervalles réguliers pour rembourser. Les membres se portent mutuellement garants, les impayés des uns devenant la responsabilité des autres lors des réunions de remboursement. A la fin d'un cycle de remboursement, les membres ayant tout remboursé sont éligibles pour un nouveau prêt. Les IMF qui financent les banques communautaires et déterminent leurs règles de fonctionnement exigent aussi, selon des formules quelque peu différentes, que les membres contribuent à une épargne en sus des intérêts versés qui sert à capitaliser la banque. Le plus souvent, le montant du prêt auquel les membres ont droit au prochain cycle est calculé en fonction de l'effort d'épargne fait lors du cycle précédent. Au fur et à mesure que les cycles de prêts progressent et que les membres développent une compétence gestionnaire, la banque accumule un capital et peut ainsi commencer à effectuer des prêts de ces ressources «internes» indépendamment des prêts «externes» financés par l'Institution de Micro Finance. A terme, la banque communautaire peut devenir indépendante et l'IMF peut retirer son fonds de prêt.

Mutuelles de Solidarité. 8(*)

Les mutuelles de solidarité emploient une méthodologie « hybride » qui contient des éléments d'approche empruntés à la fois aux banques communautaires et aux caisses populaires. Elles sont des groupes de personnes, homogènes socialement, cotisant à échéances régulières une même somme d'argent. L'objectif des mutuelles est de constituer : (a) un fond interne (caisse verte) qui est alimenté par les cotisations fixes et récupérables des membres en vue de faire du crédit, généralement sur une base rotative; (b) un fond d'urgence (caisse rouge) pour faire face aux éventualités constitué à partir des cotisations non remboursables; et (c) un fond externe (caisse bleue) pour suppléer à la faiblesse du fonds interne. Ce fonds externe provient, en générale d'une IMF qui organise également une formation initiale pour les membres ainsi q'un encadrement continu.

· Les institutions non bancaires :

Ces dernières ne peuvent recevoir aucun type de dépôt. Cependant, elles sont classées parmi les intermédiaires financiers parce qu'elles peuvent octroyer des prêts. Ces fonds prêtés peuvent être empruntés par ces institutions auprès d'autres institutions financières nationales ou internationales.

B) Distribution du crédit. -Définition

La distribution du crédit constitue l'ensemble des activités et opérations mettant le crédit en tant que produit financier à la disposition des emprunteurs. Ceux que nous appelons des agents non financiers déficitaires; c'est à dire des agents qui ont un besoin de financement.

1.-Crédit. -Définition9(*)

Acte de confiance comportant l'échange de deux prestations dissociées dans le temps; biens ou moyens de paiement contre promesse ou perspective de paiement ou de remboursement. Pour engager leurs entreprises, financer leurs investissements ou leurs consommations, développer leurs échanges, les agents économiques disposent rarement en fonds propres tous les capitaux ou tous les moyens de paiement nécessaires, et au moment voulu. Le crédit est le principal moyen d'ajuster ses moyens avec ces besoins, ses anticipations ou ses décisions. Le crédit est en effet l'échange dans le temps, d'un bien sous condition d'une contrepartie future. Il implique donc une confiance fondamentale dans la réalisation de cette contrepartie ou dans les règles du jeu qui la garantissent. D'où son nom, provenant directement du latin credere (croire, se fier à).

Né de pratiques commerciales, le crédit était à l'origine consenti par des particuliers et des commerçants à l'aide de leurs disponibilités propres. Mais l'octroi des crédits est devenu progressivement une activité autonome mettant indirectement en rapport des disponibilités en quête ou en attente d'emplois et des emprunteurs; cette activité faisant appel à des techniques et à des instruments diversifiés est mise en oeuvre par des entreprises spécialisées qui sont des établissements bancaires au sens large.

L'acte de crédit peut revêtir plusieurs formes; consentir un crédit, en effet ce peut être :

- accorder un délai pour le paiement d'une prestation réalisée immédiatement; il est alors accordé par le vendeur, qui peut lui-même chercher la mobilisation de la créance qu'il détient en la cédant à un prêteur (crédit commercial ou crédit fournisseur, crédit à la consommation);

- prêter des fonds à ceux qui en ont besoin pour régler au comptant des prestations : le crédit est alors consenti par un particulier mais, plus souvent, par un établissement spécialisé;

- promettre la réalisation d'un prêt lorsque l'emprunteur demandera l'exécution de cet engagement (ouverture de crédit)

- substituer son crédit à celui d'un emprunteur vis-à-vis d'un prêteur ou des prêteurs qui se succèdent dans un processus de circulation des titres de créance : c'est le crédit par signature, engagement qui ne se réalise qu'en cas de défaillance de l'emprunteur.

Ainsi défini, le crédit comporte une rémunération qui couvre ses deux éléments principaux : le temps et les risques. Le loyer de l'argent en fonction de la durée du prêt couvre le service correspondant à une indisponibilité des fonds pour le prêteur. D'autre part, un risque d'insolvabilité de l'emprunteur, croissant au fur et à mesure de la durée du prêt, justifie une sorte de prime qui s'ajoute au loyer de l'argent, en fonction de la personnalité de l'emprunteur et des garanties dont le crédit est assorti.

Le crédit c'est donc, le mécanisme par lequel un débiteur obtient un bien ou de la monnaie d'un créancier en échange de la promesse d'un paiement différé de la contrepartie, majoré d'un intérêt.

Le crédit permet de disposer d'un bien produit par autrui avant d'en avoir produit soi-même l'équivalent. Il rend effective une demande, jusque-là virtuelle et anticipe une production à venir qu'il facilite. C'est un moyen essentiel de financement de l'économie.

Lorsque le crédit n'est pas financé par l'épargne d'un agent s'abstenant de consommer au profit d'un emprunteur, il l'est par une création monétaire nette de la part d'une banque. Spécialisés dans la distribution des crédits les intermédiaires financiers offrent des crédits que l'on distingue selon leur durée (court, moyen, long terme), selon leur objet (crédit immobilier, crédit à la consommation, crédit à l'exportation etc...), les garanties dont ils sont assortis, la méthodologie de crédit utilisée (groupes solidaires, crédit direct individuel), mais aussi selon la nature de l'institution octroyant le crédit (crédit bancaire traditionnel, micro crédit).

2.-Les Diverses Catégories de Crédits :

· Le Crédit à Court terme10(*) se définit par sa durée normalement inférieure à deux ans mais aussi par son objet : il doit normalement trouver son dénouement dans le règlement de l'opération qu'il a permise, qu'il s'agisse d'une opération de commercialisation ou de production : approvisionnement préalable, opération de production, stocks, prêts à la vente, délais de paiement consentis aux acheteurs. Il se réalise soit par l'intermédiaire du compte courant du bénéficiaire (facilités de caisse, découvert autorisé), soit par prêt, sois par cessation de créances (escompte, mobilisation de créances commerciales, factoring) dont le produit est porté au crédit du compte du bénéficiaire.

· Le Crédit à Moyen terme11(*) s'est développé en France pour répondre à des besoins nouveaux mais aussi pour pallier l'insuffisance des ressources alimentant le crédit à long terme. L'allongement des cycles de fabrication et des cycles commerciaux d'une part, la nature des immobilisations industrielles et agricoles dont l'amortissement doit être réalisé pour des causes techniques en moins de dix ans, appelaient des crédit de durée intermédiaire. L'insuffisance des ressources du marché financier et les possibilités d'autofinancement limitées conduisaient, d'autre part, à faire appel aux ressources du marché monétaire pour financer les investissements.

Ces deux causes qui se recoupent partiellement ont conduit en France au développement d'un crédit à moyen terme faisant appel à une technique formelle à partir de la décision du conseil général de la Banque de France (11 mai 1944) ouvrant la porte du réescompte au papier à moyen terme remplissant certaines conditions : durée du crédit limitée à 5 ans (et 7 ans depuis 1965) ; nombre de signature élevé a quatre au lieu de trois.

Bien que, en RFA, il n'existe pas de procédure pour la mobilisation des crédits à moyen terme, cette catégorie de crédit est isolée ; elle réunit les crédits de six mois à quatre ans. Aux Etats-Unis d'Amérique, la notion de crédit à moyen terme n'est pas utilisée.12(*)

· Le Crédit à long terme12(*) est destiné à satisfaire des besoins permanents et à financer des immobilisations amortissables sur une longue période, supérieur à dix ans. Il comporte un engagement de nature différente : aussi, traditionnellement, ne peut il être consenti que sur des ressources stables : ressources propres des établissements prêteurs, produit d'émissions obligataires, épargnes semi liquides. Il est normalement consenti par des établissements spécialisés et, si les banques y participent, les techniques mises en oeuvre ne sont plus celles du crédit bancaire. Il sort même du domaine du crédit lorsqu'il est recherché sur le marché financier.

D'une façon générale on définit comme crédit de long terme tout crédit dont la durée excède le moyen terme c'est-à-dire supérieure à sept ans.

· Le Crédit Immobilier 13(*)couvre toutes les catégories de crédit facilitant la construction d'immeubles, leur acquisition, leur modernisation. Ceux-ci sont accordés soit aux promoteurs, soit aux acquéreurs et, suivant l'état de l'opération et sa nature, sont de durée variable. Ce crédit ne coïncide que partiellement avec le domaine du crédit foncier dont la technique repose sur la garantie hypothécaire et dont l'objet s'étend à l'acquisition de tous immeubles y compris les terrains non bâtis à destination agricole, mais ne porte que sur les immeubles existants et correspond normalement à un crédit à long terme.

· Le crédit à la consommation 14(*)est le crédit consenti aux ménages pour leurs besoins courants et surtout pour l'acquisition de biens semi durables tels que : automobile, équipement ménager. Dans la terminologie courante, il est confondu avec le financement des ventes à tempérament assuré par les vendeurs eux- mêmes, par des établissements financiers spécialisés, ou par les banques ; mais ces techniques sont employées aussi pour financer la vente d'équipements professionnels (véhicules industriels).

· En fonction des garanties dont qu'ils sont assortis : on distingue les crédits en blanc15(*) (ou crédit non garantis ou crédits personnels) reposant sur la confiance dans la solvabilité du client et son aptitude à tenir l'ensemble de ses engagements, et les crédits assortis de sûretés ou gages.

Les sûretés réelles comportent affectation au profit du banquier de certains éléments de l'actif et notamment de ceux dont l'acquisition est l'objet même du crédit ; mais ces sûretés peuvent être prises aussi, même lorsqu'il s'agit de crédit par caisse sans affectation déterminée à tel objet. Parmi ces sûretés figurent l'hypothèque des immeubles, utilisé aussi bien dans les crédits immobiliers que dans toutes les catégories de crédits aux entreprises : le nantissement des matériels d'équipement et des fonds de commerce : le nantissement des titres ou de marchandises ; le warrantage des stocks ; la subrogation dans le privilège du vendeur.

Les garanties personnelles comportent le cautionnement et l'aval, ce dernier étant une forme de cautionnement réservée à la garantie d'effets de commerce. Le cautionnement peut être organisé dans le cadre d'un système de solidarité collective et réciproque. L'assurance-crédit ne s'est autant développé qu'avec la garantie de l'état dans le domaine du crédit à l'exportation : l'assurance vie est souvent exigée pour les prêts immobiliers à moyen ou à long terme.

3.- Méthodologies de Crédit

· Groupes Solidaires.

Selon la méthodologie de crédit dite «Groupes Solidaires», une IMF fournit un crédit à un groupe de 3 à 10 individus (comme pour les banques communautaires, le plus souvent des femmes) qui se portent mutuellement garants pour le remboursement. La durée du prêt, le taux d'intérêt et le calendrier de remboursement sont déterminés par l'IMF, tandis que les montants reçus par chaque individu sont fixés par les membres du groupe et approuvés par l'IMF. De cette manière, la fonction d'évaluation du risque de crédit au niveau individuel est remplie par le groupe lui-même. A la fin d'un cycle de remboursement, l'octroi d'un crédit consécutif au groupe est conditionné par l'absence d'arriéré. Cette méthodologie est semblable à la méthodologie des banques communautaires dans son aspect de crédit solidaire. Mais elle s'en distingue par le fait qu'il n'existe pas d'objectif de «pérennisation» des groupes solidaires en institutions indépendantes de l'IMF qui les encadre. Il n'y a pas non plus, de manière générale, d'obligation d'épargne faite aux membres du groupe pour bénéficier d'un crédit.

· Crédit Direct Individuel.

Les IMF pratiquant la méthodologie de crédit direct individuel ont des techniques de crédit qui ressemblent plus aux techniques de crédit bancaire classique. Des prêts sont consentis aux individus; il n'y a pas de crédit solidaire. Les officiers de crédit des IMF circulent dans le milieu des micro-entrepreneurs et effectuent des visites aux clients pour évaluer leur moralité et leur capacité de remboursement. Les prêts sont approuvés à la suite d'une demande formelle et après une visite de l'officier de crédit. A la différence des méthodes de crédit solidaire, les officiers de crédit effectuent une analyse réelle de l'activité économique financée et du risque couru. En général, les clients ayant remboursé en respectant le calendrier établi sont éligibles pour un nouveau crédit, souvent d'un montant plus grand (après réexamen du dossier). En pratique, les IMF utilisant une approche de crédit direct individuel offrent des prêts d'un montant plus élevé que les IMF se spécialisant dans les groupes solidaires ou dans les banques communautaires.

La distribution du crédit comme concept implique le mécanisme donnant accès au crédit bancaire traditionnel (offert par les banques commerciales) et le micro crédit (offert par les institutions de micro finance) par les agents non financiers déficitaires. Une meilleure ou une plus grande distribution du crédit sous entend une baisse du niveau de concentration du crédit (bancaire traditionnel et/ou micro crédit) au plan spatial, social et sectoriel.

Parlant de distribution de crédit, la prochaine section de ce chapitre mettra en évidence les différentes thèses développées au niveau de la littérature économique sur la distribution du crédit dans les pays en développement.

Section2.- Cadre Théorique

La distribution du crédit dans les pays en voie de développement comme le nôtre, Haïti, fait l'objet de plusieurs écrits au niveau de la littérature : des thèses et des papiers ont été produits sur ce sujet. Une bonne partie des débats se tournent autour d'un thème qui fera l'objet de la prochaine partie de cette section : « le dualisme financier ». C'est quoi en fait ?

A) Le Dualisme Financier

Nombreux sont les auteurs ayant avancé que les secteurs financiers des pays en voie de développement sont caractérisés par un certain dualisme financier; c'est-à-dire la juxtaposition des secteurs bancaire et informel en matière de financement. En effet, les causes de ce dualisme font l'objet de deux thèses :

La première est celle de la théorie de la libéralisation financière, considérant que la présence du secteur informel s'explique par l'existence d'une politique de répression financière, et qu'il suffirait de lever les contraintes imposées au secteur financier formel pour réduire le secteur informel.

La deuxième thèse est une approche néo-structuraliste faisant croire que le dualisme n'est autre que la conséquence de l'hétérogénéité des structures économiques, sociales, culturelles et ethniques des pays en voie de développement. Ainsi, le secteur financier se heurte lui-même à ce dualisme intrinsèque des économies en voie de développement. On peut ainsi dire que le dualisme serait un phénomène structurel dans ces pays. Pour réduire le dualisme, les partisans de cette thèse proposent une réglementation plus forte à l'intérieur du secteur formel.

1.-Théorie de la libéralisation financière

Selon les théoriciens de la libéralisation financière dont les plus connus sont Mac-Kinnon et Shaw, la présence d'un secteur informel aux cotés du secteur formel serait la conséquence de l'inefficacité du secteur financier formel, inefficacité due en grande partie à la rigidité du secteur formel et l'omniprésence des pouvoirs publics, principalement en matière de fixation des taux d'intérêt, sur les institutions du secteur formel, empêchant ce dernier de s'adapter aux conditions spécifiques de l'économie des pays en développement. La finance informelle est le signe du sous-développement financier de ces pays.

Ainsi, le secteur informel se serait développé car la majeure partie de la population rurale et urbaine est exclue de l'accès au crédit institutionnel, et aussi parce que les institutions de prévoyance et d'assurance sont absentes du secteur officiel. En règle générale, le terme « répression financière » se réfère aux effets de la réglementation étroite du système financier et aux diverses formes de restrictions imposées par le gouvernement à l'activité des institutions financières : fixation administrative des taux d'intérêt, endettement du trésor, lourdeur administrative, etc.

Ce sont ces restrictions et des disfonctionnements qui conduisent à une fragmentation des marchés financiers.

La structure des taux d'intérêt reflète un profond déséquilibre : sur le plan officiel, le loyer de l'argent est contrôlé à des niveaux bas, les taux d'intérêt réels négatifs observés pendant de longues périodes diminuant l'incitation aux placements bancaires et surtout, renforçant le rationnement du crédit bancaire traditionnel, pourtant nécessaire à la dépense d'investissement privé. A l'échelle informelle, les niveaux très élevés des taux d'intérêt réels positifs appliqués aux prêts, contrastent avec ceux appliqués aux placements courts sur ce marché avec les taux débiteurs et créditeurs appliqués aux opérations bancaires quelle que soit leur durée.

L'endettement du trésor auprès de la banque centrale. Cet endettement est lié au déficit budgétaire et aux déficits des entreprises publiques, ce qui crée des effets d'éviction vis à vis du secteur privé, notamment des petites unités et se traduit par des créances douteuses contraignant les banques à privilégier des prêts à court terme et à garanties élevées.

La lourdeur administrative, les coûts de gestion et les délais de décaissement : ceux-ci interdisent les grandes organisations d'atteindre les acteurs produisant à petite échelle. Ils créent des coûts de transaction et favorisent l'innovation financière informelle;

On peut citer comme autres formes de restrictions imposées par le gouvernement : le contrôle des changes, les coefficients de réserves obligatoires, la régulation de la concurrence...

Les tenants de la libéralisation financière estiment que dans un système financier sur règlementé et où la concurrence est limitée, les banques ressentent moins le besoin de rechercher de nouveaux clients et d'attirer des dépôts; tandis que les épargnants et les emprunteurs potentiels, n'étant pas sollicités, sont amenés à se tourner vers les circuits financiers parallèles.

Ainsi le secteur informel se développe et joue un rôle de régulateur en se substituant aux défaillances des institutions du secteur officiel. Les théoriciens de la libéralisation financière, dont les plus anciens sont Mac-Kinnon et Shaw, estiment donc qu'il suffit que la répression financière soit éliminée pour que le secteur financier informel disparaisse. La libéralisation financière consiste à centraliser l'épargne entre les mains des intermédiaires financiers officiels, centralisation qui permettra l'unification du marché financier, et donc la disparition du secteur informel.

2.-L'analyse Néo-Structuraliste :

D'après ces derniers, le dualisme financier est considéré comme une conséquence d'un dualisme déjà existant au sein des structures économiques et sociales des pays en voie de développement. Ainsi, la dynamique des informalités financières semble être liée à la configuration structurelle des sociétés des pays en développement.

Les facteurs culturels et socio-politiques, mais aussi les facteurs économiques et financiers semblent pouvoir expliquer la vivacité du secteur informelle.

- Les facteurs socio-économiques et culturels : Si le secteur informel est aussi vivace aujourd'hui, cela tient en grande partie aux facteurs culturels et à la persistance des habitudes d'investissement traditionnelles. En effet, les facteurs culturels déterminent dans une large mesure les motivations, les moyens disponibles et les formes préférées d'épargne et de crédit. On constate que dans les pays en développement, la thésaurisation est une forme très courante d'épargne. Souvent celle-ci vient du fait qu'il n'y a pas d'agence accessible, mais même lorsque ces agences sont présentes, la population n'y a pas forcément recours. Timidité, découragement, manque de confiance et méfiance en sont les raisons principales.

-Les facteurs socio-politiques expliquent également pourquoi les populations sont attachées aux pratiques financières informelles. En effet, l'instabilité sociale et politique ainsi que des changements fréquents de politiques économiques ne créent pas un climat pour installer la confiance. Cela ne fait que renforcer l'attrait des populations pour la finance informelle.

-Les Facteurs économiques et financiers : au niveau économique, on connaît déjà les obstacles auxquels se heurtent la plupart des pays en voie de développement, non absorption de la main-d'oeuvre, distorsions dans la distribution des revenus, inadéquation des structures productives, concentration excessive en milieu urbain etc.... Tous ces déséquilibres structurels du marché du travail et celui du capital se résorbent au sein du secteur informel.

Au niveau financier, l'intervention des pouvoirs publics pour réglementer et contrôler l'activité économique et financière est vivement souhaitée pour résorber les déséquilibres. En effet, selon les partisans de cette seconde thèse, il n'y a pas dans les pays en développement les conditions nécessaires permettant une mobilisation et une affectation efficace des ressources par le jeu des forces de marché. De plus il semble qu'il y ait un manque de volonté de la part de l'État pour intervenir dans le secteur informel, ce qui expliquerait qu'il perdure. Ainsi les pouvoirs publics auraient une attitude de négligence coupable vis-à-vis du secteur financier informel.

Jean-Louis Lespes (in M Lelart, 1990) distingue lui quatre phénomènes à l'origine du développement des pratiques informelles. Son analyse est aussi basée sur les caractéristiques structurelles des différents pays en voie de développement, et peut donc compléter l'analyse ci-dessus. Ces quatre phénomènes sont : l'insertion du pays dans le contexte mondial, les transformations du mode de production, la situation démographique de ces pays, et là encore l'omniprésence et l'inefficacité de l'État.

Pour lui donc, ces quatre phénomènes sont de puissants facteurs de déstructuration sociale, et l'informel permet un ajustement au sein de ces sociétés face aux mutations qu'elles doivent supporter. En effet, dans de nombreux cas, l'informel permet de supporter les enchaînements régressifs liés à l'insertion mondiale et donc la « résistance » de la société. Il compense les défaillances du système officiel dans tout le registre des besoins (nourriture, santé, transport, crédit, épargne, protection sociale, enseignement etc.) Il appuie également le système officiel en autorisant un coût très faible de la force de travail. Il indique que les voix de l'amélioration du système formel, voire se substituer peu à peu à lui.

Si ces deux thèses semblent s'opposer, il faut signaler qu'aucune d'entre elles ne donne une explication suffisante. En effet, on peut dire que l'existence et le dynamisme du secteur informel résultent de l'ensemble des facteurs décrits ci-dessus dans les deux thèses.

Un autre auteur, Olivier Cadot, à travers un système d'équations bien charpenté a expliqué de façon élégante le fonctionnement du marché de crédit dans les pays en voie de développement à travers ce qu'il appelle lui-même « les principes et problèmes de base ».

B) Déficiences des Marchés de Crédit dans les pays en voie de Développement (Olivier Cadot, 1999-2000)

1. Principes et problèmes de base

· Le risque de défaut

Soit `' r '' le taux d'intérêt auquel un individu (l' « emprunteur » ou débiteur) emprunte à un autre (le « prêteur » ou créancier). Le prêteur paie un taux d'intérêt «i» sur ses propres fonds, qui correspond au taux de rémunération des dépôts bancaires (ou au coût d'opportunité). L'emprunteur a une probabilité de défaut, `' P '', exogène. Si le débiteur fait défaut à ses obligations de rembourser, le créancier récupère une proportion ë < 1 sur les créances douteuses. On suppose, dans cette application, que le marché du crédit fonctionne en concurrence parfaite. Résumons donc les variables :

P : est la probabilité de défaut du débiteur.

r : est le taux d'intérêt que paie le débiteur sur son emprunt.

: est le coût de l'argent pour le créancier.

L : est le montant du prêt.

ë : est la proportion récupérable des créances douteuses.

Le créancier a une espérance de profit E (ðc) qui est nulle en concurrence parfaite.

E (ðc) = (1-p)(1 +r) L + pëL - (1 + i)L = 0

ð (1 -p)(1 +r) +ëp = 1 + i

ð :

Ce résultat pour « r » nous donne la relation entre la probabilité de défaut et le taux d'intérêt que le créancier exigera. En calculant la dérivée par rapport à p; on a :

pour tout p å (0; 1):

On constate donc que « r » est une fonction strictement croissante de « P ». En d'autres termes, plus la probabilité de défaut de l'emprunteur est grande, plus le taux d'intérêt d'équilibre sera élevé, ce qui n'est après tout guère surprenant. Ainsi, une dégradation de l'environnement économique exogène (suite à une mauvaise récolte, par exemple, ou à un désastre naturel) provoquera une hausse du risque de défaut et donc, par contre-coup, une hausse des taux d'intérêt. Cette hausse contribuera à aggraver la situation économique, puisque des projets qui auraient été, sinon, économiquement viables se verront privés de financement. L'abandon de ces projets ralentira le rythme de l'investissement et donc la vitesse de reprise de l'économie.

On a aussi :

Ce qui signifie qu'un système légal ou judiciaire déficient ne permettant aux créanciers de récupérer qu'une fraction faible des créances douteuses les incitera à exiger des taux d'intérêt élevés, ce qui de nouveau affaiblira le potentiel d'investissement de l'économie.

La dépendance du taux d'intérêt par rapport à des variables économiques ou institutionnelles n'est pas la seule source d'effets pervers sur les marchés du crédit. L'information dite « dissymétrique », dans laquelle un agent (en général l'emprunteur) en sait plus sur la qualité du projet qu'un autre (le prêteur) peut aussi engendrer des déficiences du marché. Les phénomènes de ce type, appelés « anti-sélection » (adverse selection en anglais) sont l'objet de la section suivante.

2. L'anti-sélection

Supposons qu'on ait deux types d'emprunteurs sur le marché : le type risqué et le type sûr. La proportion d'emprunteurs sûrs est ë et celle d'emprunteurs risqués, 1-ë. Chaque agent souhaite emprunter un montant L pour investir dans un projet à rendement x pour le type sûr et x' pour le type risqué.

Le marché ne dispose pas de système de garantie contre les mauvais risques, c'est-à-dire que, dans la notation de la section précédente, ë = 0.

Le prêteur (c'est l'hypothèse cruciale) n'observe pas le type d'emprunteur auquel il a à faire. Les débiteurs à haut risque, dits risqués, ont une probabilité q < 1 de rembourser, alors que les débiteurs à faible risque remboursent avec certitude. Cependant, on suppose que qx' > x, c'est à dire que le type risqué a un rendement espéré plus élevé que le type sûr.

Type sûr risqué

Rendement x x'

Probabilité de remboursement 1 q

Proportion de la population d'emprunteurs ë 1-ë

Comportement des emprunteurs

A partir de ce tableau, on détermine le taux d'intérêt maximum que le débiteur est prêt à payer. Il sera de rS pour le type sûr et rR pour le type risqué.

· Type sûr: x- (1 +r)L = 0 => rS = (x - L)/L

· Type risqué: q [x'- (1 + r)L] + (1 - q)0 = 0 => rR = (x'- L)/L:

Étant donné que, par hypothèse, qx' > x, et q < 1, il s'ensuit que x' > x:

On a donc rR > rS. En l'absence de garanties, le type risqué est donc prêt à payer plus que le type sûr afin d'obtenir un prêt.

Comportement du prêteur

Le profit espéré du prêteur, considérant les données du problème, est :

E (ðp) = ë [(1 +r)L - L] +(1 -ë) [q(1 +r)L - L]

où l'on a supposé que le prêteur a un coût nul sur les fonds. La condition de

profit non-négatif, E(ðp) =0, implique donc

ë (1 + r) +(1-ë)q(1 +r) - 1 ? 0

En mettant r en évidence,

Le taux d'intérêt sur les emprunts est donc une fonction de ë et q: Pour mieux cerner l'effet de ces deux variables sur le taux d'intérêt, posons :

,

et calculons les limites:

Ainsi, lorsque ë et q tendent simultanément vers 0, c'est à dire lorsque la proportion des types sûrs diminue en même temps que diminue la probabilité que le type risqué rembourse, le taux d'intérêt concurrentiel tend vers l'infini.

En général, au fur et à mesure que la qualité des risques se détériore, le taux d'intérêt augmente et, ce qui est crucial, les types sûrs seront les premiers à quitter le marché, puisque rS < rR:

Equilibre

Plusieurs cas doivent être distingués en fonction de la relation entre ö; rS et rR.

Cas 1: < rS

Les deux types d'agents empruntent; le marché fonctionne avec une proportion

(1 - q)(1 -ë ) de faillites.

Cas 2: > rS

Seul le type sûr sort du marché. Alors ë = 0 et E(ðp) = q(1 + r)L - L.

Le taux d'intérêt d'équilibre sera celui pour lequel le profit du prêteur sera nul. La condition de profits nuls E(ðp) = 0 implique alors q(1 + r) = 1 ou r = (1 - q)/q = ö, ce dernier étant, on s'en souvient, le taux d'intérêt qui garantit la couverture des coûts lorsque le marché n'est constitué que d'agents risqués. Deux sous-cas sont à considérer :

Cas 1a: rS < < rR

Alors (1-q)/q < (x'-L)/L, et le marché n'est composé de plus que de mauvais risques. Le taux d'intérêt est alors élevé.

Cas 2b: rR <

Alors (x'- L)/L < (1-q)/q, ce qui implique qx' < 1 : Cette relation ne peut être satisfaite que lorsque q s'approche de 0. Le marché s'effondre alors complètement.

La nature du problème sur le marché du crédit vient du fait que le prix a un double rôle. Premièrement, le taux d'intérêt assure l'équilibre entre l'offre et la demande et deuxièmement, il détermine la qualité de la population sur le marché. Lorsqu'on a un continuum de niveaux de « qualité » (c'est-à-dire de risques) au lieu de deux niveaux comme ici (« sûr » et « risqué »), on peut montrer que le marché s'effondre toujours. Souvenons-nous que les hypothèses du modèle sont les suivantes : information asymétrique, absence d'interactions répétées, population hétérogène (mais sans aléa moral), absence d'institution pour surmonter le problème d'anti-sélection, enfin absence de garanties (collatéraux.)

Par extension, le problème de l'asymétrie d'information s'applique à d'autres marchés : le marché du travail, dans lequel l'employeur ne sait pas s'il a affaire à un bon ou un mauvais travailleur, ce qui peut mener à la dégradation du marché »spot»; le marché de l'assurance, en particulier dans le domaine de la santé, où l'information asymétrique entre assureur et assuré engendre des coûts élevés et des distorsions. C'est essentiellement pour cette raison que des systèmes d'assurance obligatoire sont imposés dans de nombreux pays.

En quoi les problèmes d'anti-sélection sont-ils spécifiques, ou particulièrement aigus, dans les pays émergents ? Tout d'abord, un environnement politique instable, marqué par les risques de changements brutaux de politique, de coup d'État, ou de violences inter-ethniques, augmentent le taux d'escompte des agents et les incitent à se conduire comme dans un jeu dit « one-shot », c'est-à-dire joué une fois seulement. Dans un tel jeu, les effets de réputation ou les stratégies qui permettent la coopération dans les super-jeux sont inutiles, rendant les problèmes d'anti-sélection particulièrement aigus. La défaillance des systèmes judiciaires et l'absence de garanties qui en résultent contribuent à aggraver le problème. Enfin, les institutions qui permettent de surmonter les problèmes d'anti-sélection par la fourniture d'informations crédibles sont souvent sous-développées dans les pays pauvres, remplacées par des réseaux informels de type familial ou ethnique (qui cependant, il faut le reconnaître, peuvent être eux-mêmes très efficaces).

Dans ce même papier, Olivier Cadot, poursuit pour dire tout n'est pas déficient dans le fonctionnement des marchés de crédit dans les pays pauvres , en particulier en raison du développement des systèmes de micro crédit fonctionnant sur des principes différents des intermédiaires financiers traditionnels. Des systèmes qui ont suscité un intérêt considérable mêmes auprès des institutions financières internationales plus précisément la banque mondiale.

Ce qui aurait dû expliquer cette assertion de James wolfensohn, président de la Banque Mondiale dans un article publié dans un bulletin de la campagne du sommet du micro crédit<Count down 2005>: la micro finance s'accorde tout à fait avec la stratégie globale de la Banque mondiale. Elle permet d'atteindre des millions de personnes très pauvres, en particulier des femmes et de leur offrir l'accès à des services financiers rentables et fiables auxquels elles n'auraient pas droit autrement ».

Ce qui sous entend que les IMF opèrent une certaine démocratisation du crédit. La micro finance, née à la fin du 20e siècle au début des années 1980, est une réponse à l'exclusion des populations à faible revenu par le système bancaire traditionnel. C'est un nouvel élément du système financier qui permet aux agents économiques exclus du système bancaire traditionnel en raison de leur faible capacité économique d'accéder à des produits financiers appropriés à leur besoin plus particulièrement le crédit. La microfinance caractérise un moyen de compenser les défaillances des systèmes locaux de financement et d'améliorer les niveaux de revenu de cette catégorie de la population formée en grande partie de micros et de petits entrepreneurs. (Eustache Roi/DAI FINNET, 2003)

Bref, la microfinance est donc considérée comme une structure de financement alternative ayant pour mission d'offrir des services financiers aux exclus du système bancaire qui sont généralement des agents économiques évoluant dans le secteur informel. Considérant les différentes thèses et papiers tentant d'expliquer l'existence de ce phénomène de dualisme financier dont les économies des pays en voie de développement en sont la proie, il serait important de jeter un coup d'oeil sur le fonctionnement du système financier haïtien.

CHAPITREII.-

Le Système Financier Haïtien

Chapitre2.- Le Système Financier Haïtien

Le système financier haïtien, en dépit de ses faiblesses, joue actuellement un rôle très important dans l'économie haïtienne. La contribution de l'intermédiation financière en tant que branche d'activité varie entre 5% à 7% d'après les informations publiées par l'institut haïtien de statistique et d'informatique(IHSI). Le système financier haïtien comprend toutes les structures financières bancaires et les structures financières non bancaires. Il peut être étudié du point de vue de sa composante formelle regroupant le sous-système des banques et quelques structures financières très liées organiquement au système formel et de sa composante informelle.

Avant d'aborder la question de la distribution du crédit bancaire en Haïti, faisons un peu l'historique du système. Car certaines des caractéristiques de ce système découlent dans une certaine mesure de son passé.

A) LA COMPOSANTE FORMELLE

1.-Le SYSTEME BANCAIRE HAITIEN

· Son Historique

Dans la vie économique de tout pays, le système financier particulièrement le système bancaire joue un rôle très important. A travers le processus d'intermédiation financière ce dernier facilite les échanges entre les agents économiques et l'émergence des entreprises publiques et privées. Ce que les dirigeants haïtiens ont pu comprendre peu de temps après la reconnaissance de l'indépendance d'Haïti par la France. En 1826, le gouvernement de Boyer a eu le projet de création d'une banque. Malheureusement ce projet ne fut finalement lancé qu'en 1874. Le local fut construit, cependant il a fallu attendre les six prochaines années, la présidence de Salomon pour assister à l'implantation de la première Banque en Haïti. Le 30 septembre 1880 soit 76 ans après l'indépendance Nationale, une institution financière dénommée Banque Nationale d'Haïti a vu le jour dans le pays pour la première fois dans l'histoire d'Haïti. Il s'agissait d'une société anonyme française dont le siège social est à Paris et le conseil d'administration est à Port au Prince. Elle fut autorisée à fonctionner dans le pays pendant cinquante ans avec un capital social de dix millions de francs. Elle était à la fois une banque d'émission, une banque commerciale et elle était chargée aussi de gérer les fonds du trésor.

Cette expérience n'a pas été une réussite totale puisque la Banque Nationale d'Haïti était mal vue par le public. Bien que protégée par le gouvernement pendant un certain temps, cette institution devait fermer ses portes suite à la résiliation du contrat de concession en octobre 1910. Une autre institution, dénommée cette fois-çi Banque Nationale de la République d'Haïti allait succéder à la première. Elle fonctionna dans le pays pendant six ans (1910-1916) avec une majorité française; ensuite elle devint totalement américaine avant d'être vendue en 1935 à l'Etat haïtien. La BNRH fut achetée par l'Etat haïtien pour un million de dollars, tirés des réserves du trésor public. En fait, la société américaine continuera à gérer la BNRH jusqu'à ce que l'on ait obtenu ce qu'on appelle la libéralisation financière en 1947.

La stabilité politique imposée par les américains suite à leur intervention en Haïti en 1915 et les réformes monétaires entreprises dans les premiers mois de l'année 1919 entraînèrent l'installation de plusieurs banques dans le pays. Parmi lesquelles, on peut citer : la Royal Bank of Canada en 1919, la American Foreign Banking Corporation en 1920 et quelques autres banques spécialisées dans les opérations de change.

A la suite de la libéralisation financière en 1947, d'autres banques ont vu le jour en Haïti dont IHCAI, IDAI et BNDAI en 1951, Banque Populaire Colombo Haïtienne en 1955 et la Banque Commerciale d'Haïti 1960 pour suspendre ses opérations en 1967.

Au cours des années 1970, certaines banques étrangères, notamment américaines, ont intégré le circuit bancaire haïtien en ouvrant des succursales dans le pays, rejoignant ainsi la Banque Royale du Canada qui s'était déjà installé depuis 1919.

Parallèlement, en tant que banques domestiques récemment créées on retrouvait la Banque Populaire Haïtienne (BPH), la Banque de l'Union Haïtienne (BUH), la Banque Industrielle et Commerciale d'Haïti (BICH) et, un peu plus tard la Banque Nationale de Crédit issue de la refonte de la Banque Nationale de la République d'Haïti (BNRH) en 1979.

A l'exception de la BNC qui avait hérité des succursales de province de l'ex-BNRH et de la BUH qui était présente dans deux villes de province (Cap-Haïtien et Cayes), les banques commerciales et leurs agences, au nombre de treize en 1979, se trouvaient principalement à Port au Prince, avec position dominante des succursales de banques étrangères. Cette domination commença à s'affaiblir à partir de la deuxième moitié des années 1980, après que les succursales de banques étrangères eurent choisi de se désengager progressivement du marché haïtien.

En effet, des investisseurs haïtiens entreprirent d'acquérir le patrimoine local des banques étrangères qui se retiraient. Ceci occasionna la création de nouvelles banques domestiques. En 1986, la Banque Royale du Canada cédaient ses activités à la Société Générale de Banque (SOGEBANK). Pendant la deuxième moitié de la décennie 1980, deux banques d'épargne et de logement (BEL) à capitaux privés haïtiens furent créées: la Banque de Crédit Immobilier (BCI) en 1985 et la Société Générale d'Epargne et de Logement (SOGEBEL) en 1988.

Pendant la décennie suivante, de nouvelles banques à capitaux privés haïtiens émergèrent. Il s'agit de la UNIBANK (1993), la Société Caraibéenne de Banque (SOCABANK, 1995) et la Banque Métropolitaine d'Haïti (BMH) ou METROBANK, 1996.

La banque de la Promotion Commerciale et Industrielle (PROMOBANK) reprenaient les activités de la Banque Nationale de Paris en 1994; la Banque Intercontinentale de commerce (BIDC) reprenaient aussi les activités de la First National Bank of Boston en 1996 et celles de la METROBANK en 1997.

L'acquisition en novembre 1998 de la BIDC et de sa filiale BMH par la SOGEBANK porta le système bancaire à douze établissements : deux banques commerciales d'Etat, deux succursales de banques étrangères, sept banques commerciales à capitaux privés haïtiens et une banque de logement. La BCI a changé de dénomination en 1996 pour devenir la CAPITAL BANK qui a acquis en mars 1999 le statut de banque commerciale.

Avec la SOCABEL la dernière du système jusqu'à 2005 le système bancaire haïtien est constitué d'une banque centrale (BRH), deux banques commerciales publiques, sept banques commerciales nationales privées, deux banques étrangères (CITIBANK, SCOTIABANK) et deux banques d'épargne et de logement (SOGEBEL, SOCABEL).16(*)

Parallèlement il existe le Fonds de Développement Industriel (FDI) et la Société de Financement de Développement des Entreprises (SOFHIDES) qui sont des structures de financement formelles traditionnelles et qui sont organiquement connectés au système bancaire.

Bref, qu'en est il de la distribution du crédit bancaire en Haïti ?

· Banques Commerciales et Distribution du crédit en Haïti

Les études réalisées sur le système bancaire haïtien l'ont toujours qualifié d'un système centralisé au triple plan spatial, social et sectoriel. Certains auteurs parlent même d'une certaine concentration du capital.

Au cours de la décennie 1980-1990 le porte feuille de crédit des établissements bancaires a enregistré une progression annuelle moyenne de 6,3 %. Cette évolution modérée peut être liée à l'attitude de prudence des banquiers face à l'instabilité politique et aux incertitudes de la conjoncture économique à partir du milieu des années 1980. Exprimés en pourcentage des prêts totaux, les prêts à court terme octroyés à la fin des années 1980, tels que le crédit documentaire et les avances en comptes courants, ont varié entre 55% et 67%.

Les succursales de banques étrangères établies en Haïti s'étaient attribuées approximativement 60% du total des prêts octroyés au secteur privé au début des années 1980. Cette part du marché de crédit des banques étrangères déclina progressivement pour s'établir à 42% au cours de l'année 1986. L'entrée en jeu de nouveaux acteurs locaux au cours des années 1992-1998 suite en partie à la baisse graduelle des coefficients de réserves obligatoires, survenue en milieu du décennie, le porte feuille de crédit des banques a évolué à un rythme annuel moyen de 24,6 % passant de 2 237.8 à 8 367.5 millions de gourdes.

Toutefois, en ce qui a trait à la distribution du crédit, le système a gardé son caractère centralisé. Certains parlent d'une concentration au triple plan : spatial, social et sectoriel.

-Distribution spatiale

En ce qui concerne la distribution du crédit en Haïti au plan spatial une étude réalisée par Fritz Deshommes sur le fonctionnement des banques commerciales en Haïti, leur logique et leur motivation dont un extrait a été publié dans son ouvrage intitulé « Politiques Economiques en Haïti, Rétrospectives et Perspectives, (Cahiers Universitaires, Mai 2005) nous a révélé ceci.

Au 30 septembre 1995, le porte feuille de crédit brut des banques commerciales totalisait 4,323.8 millions de gourdes. Plus que la moitié soit 65% du portefeuille de crédit concerne des banques n'ayant aucune succursale en province. Le reste est partagé entre douze succursales de Port au prince et 17 succursales de province. Ce que le tableau suivant met en évidence :

TABLEAU I.- Distribution Spatiale du crédit bancaire en Haïti (1995)

BANQUES

Nbre de succursales P au P

Nbre de succursales Province

Porte feuille de crédit Brut

En millions de Gdes

Dépôts Totaux En millions de Gdes

BUH

3

2

397.9

921.4

BNC

4

12

632.0

1316.0

PROMOBANK

3

1

469.0

834.2

SOCABANK

2

2

21.1

113.2

AUTRES

24

0

2803.8

6135.9

TOTAL

36

17

4323.8

9310.7

Source : Calculs à partir du Rapport Annuel, 1995 (Fritz DESHOMMMES, 2005)

Par ailleurs, selon les données fournies par la BRH pour cette même période, 90% des dépôts sont collectés à Port au prince.

Avec la politique de proximité des banques commerciales manifestée à partir de l'établissement des succursales dans les différentes villes de province on aurait pu s'attendre à une certaine amélioration au niveau de la distribution du crédit bancaire au plan spatial.

Il faut dire, des efforts considérables que nous avons déployés pour retrouver les statistiques sur la distribution spatiale du crédit se révélaient tous vains. Les chiffres portant sur la distribution géographique du crédit bancaire n'étaient pas disponibles.

En dépit, de l`absence ou de l'indisponibilité de ces données statistiques, nous avons tenté de retrouver quelques éléments de réponse à partir d'une analyse de l'organigramme des succursales de banque commerciale dans les différentes villes de province.

Les recherches dans le cadre de cette étude nous ont permis de constater qu'au niveau du personnel des succursales de banque de province la présence d'un officier de crédit, pour ne pas parler d'un service de crédit, se fait complètement ignorer. Il est dans la majorité des cas, question d'un service à la clientèle avec de jolies jeunes filles qui s'occupent en général des ouvertures de comptes, vente de chèques de direction, certification de chèques et d'autres services qui ne sont pas liés à l'octroi du crédit ; un service de caisse avec en moyenne trois guichets payeurs, et la direction qui s'occupe en grande partie de la promotion et de la supervision des deux services. En gros, c'est tout ce qui fait l'organigramme d'une succursale de banque de province sans tenir compte du messager pour le transfert des courriers au siège social (qui se trouve toujours à Port au Prince), des agents de sécurité et le personnel de soutien.

Il y a peut être des raisons valables qui pourraient expliquer un tel choix. En effet, il s'agit quand même d'un fait qui pourrait nous porter à remettre en question une quelconque volonté des banques commerciales à offrir le crédit aux populations vivant dans les villes de province. Ainsi, les politiques de proximité menées par les banques commerciales haïtiennes en plaçant des succursales dans certaines villes de province semblent ne pas changer en rien le caractère centralisé du système bancaire au niveau de la distribution spatiale du crédit.

Si au plan géographique le crédit bancaire reste encore concentrer au niveau de la zone métropolitaine de port au prince. Qu'en est-il au plan social ? Qui sont les bénéficiaires du crédit dans le système ? A qui prêtent les banques commerciales ?

- Distribution Sociale

Cette question se révèle d'une importance capitale, car de récentes études de la banque mondiale ont prouvé que l'accès au crédit à un impact important sur la réduction de la pauvreté. Ce qui les porte à plaider pour une finance en faveur des pauvres.

« La finance affecte la pauvreté et la distribution des revenus par divers canaux, le premier étant la croissance économique qui augmente globalement les niveaux de revenus et aide à réduire la pauvreté. Des études empiriques ont montré qu'un doublement du crédit au secteur privé par rapport au PIB est associé à une augmentation de deux points de pourcentage dans le taux de croissance du PIB. Cette croissance additionnelle à son tour se traduit par une baisse de la pauvreté. La finance aide aussi à réduire la pauvreté par des canaux Complémentaires, particulièrement en réduisant la concentration des revenus et en augmentant l'égalité de revenus, conduisant à une plus forte réduction de la pauvreté. »17(*)

De 1993 à 2004 le nombre des emprunteurs au niveau du système bancaire est passé de 1838 à 6462 ; soit une croissance moyenne annuelle de 19,45%. En effet, une augmentation plus élevée a été aussi décelée au niveau de l'encours des prêts de 75000 gourdes et plus qui passe d'un montant de 2231,8 millions de gourdes à 12742,7 millions ; soit une variation à la hausse de 470,96% en 12 ans avec une croissance moyenne annuelle de 39,24%.

Ce qui nous porte à reformuler une seconde fois cette même interrogation : Qui sont les bénéficiaires de ces prêts ?

Afin de pouvoir avancer quelques éléments de réponse à cette importante interrogation nous allons faire une analyse du crédit bancaire sur une période de douze de 1993 à 2004. Il est vrai que notre étude est portée sur la période allant de 2000 à 2005, cependant ce choix est bien sur justifié par notre souci d'avoir une meilleure idée de la distribution du crédit en Haïti au plan social.

Ainsi, nous nous proposons de scinder les emprunteurs du système bancaire au cours de cette période en deux grandes catégories : Les grands et les petits emprunteurs.

Sont appelés petits emprunteurs ceux qui ont bénéficié un prêt inférieur à un million de gourdes et de grands entrepreneurs ceux qui ont le privilège de pouvoir bénéficier un prêt dont le montant est égal ou supérieur à un million de gourdes.

Faisons donc l'analyse pour la première catégorie à partir des données du tableau suivant :

Tableau 2.- Répartitions des Prêts Bancaires <1000000 de Gourdes suivant le nombre et l'encours de prêts (1993-2004)

Année

Nbre d'Emprunteurs

En %

Encours en MG*

En %

1993

1644

85

399.1

18

1994

1618

86

412.7

16

1995

1857

82

504.3

15

1996

2102

81

590.3

14

1997

3371

79

953

17

1998

4201

79

1127.53

17

1999

4780

79

1298.1

17

2000

4920

79

1394.9

12

2001

4856

78

1334.1

12.52

2002

4701

77

1330.9

11

2003

4405

74

1292.9

8

2004

4777

74

1403.27

11.54

Source : Calculs Personnels à partir des rapports annuels de la Banque Centrale

*MG : Million de Gourdes

En considérant le nombre des emprunteurs du système bancaire dits petits en valeur absolue nous pouvons imaginer qu'un effort considérable a été réalisé à ce niveau dans le système bancaire haïtien. De 1993 à 2004, ils ont passé de 1644 à 4777. Une augmentation de 190% en 12 ans, soit une croissance de 15,83 l'an. Donc, la courbe traduisant l'évolution du nombre des petits emprunteurs au sein du système bancaire à une pente positive. Ce qui pourrait nous porter à croire à une éventuelle déconcentration du crédit au plan social.

Graphe 1.-

Source : Calcul Personnel à partir des rapports annuels de la BRH

Toutefois, il serait imprudent d'arriver à une telle conclusion en se basant uniquement sur ces données. Voyons de préférence la tendance en terme de pourcentage disons mieux en valeur relative. Si, le graphique précédent pouvait nous porter à croire que le marché de crédit bancaire au cours de la période 1993-2004 était plus ouvert aux petits emprunteurs, la distribution du nombre de petits emprunteurs au niveau du système en terme de pourcentage ou en valeur relative nous révèle une idée contraire. Car le graphique représentant cette distribution a une tendance à la baisse. Ce qui explique une certaine diminution en terme de pourcentage du nombre de petits emprunteurs au niveau du système bancaire haïtien au cours de la période considérée. Si en 1993 le nombre de petits emprunteurs du système bancaire représentait 85% de la population des emprunteurs du système, en 2004 ils ne représentaient que 74% de cette population. Ce que le graphe suivant mettra en évidence.

Graphe2.-

Source : Calcul Personnel à partir des rapports annuels de la BRH

Essayons de poursuivre l'analyse au niveau de l'encours de prêts. Ce qui nous permettra de comprendre en terme monétaire le volume des fonds qui ont été accordés à chaque catégorie d'emprunteur.

Que nous révèle l'analyse de l'encours des prêts pour la catégorie des petits emprunteurs du système bancaire haïtien ?

En valeur absolue, la tendance est croissante au niveau de l'encours des prêts octroyés aux petits emprunteurs du système de 1993 à 2004. Les fonds accordés en terme de prêts à cette catégorie d'agents non financiers déficitaires ont connu une augmentation de 251.6% soit une croissance annuelle 20.96%. En 1993 les petits emprunteurs du système bancaire bénéficiaient des prêts dont l'encours total est estimé à 399.1 millions de gourdes. En 2004 ce montant à déjà atteint le cap de 1403.27 millions de gourdes. Ce qui sous-entend que des fonds plus importants ont été accordés à ce groupe. (voir le graphe 3)

Graphe 3.-

Source : Calcul personnel à partir des rapports de la BRH

Toutefois, en terme de pourcentage la tendance est aussi différente. Car, si en 1993, l'encours des prêts octroyés aux petits emprunteurs représentait 18% de l'encours total, en 2004 il ne représentait que 11.54%.

Qu'en est-il des prêts d'un million de gourdes et plus ?

La prochaine partie de cette section s'occupera bien sûr de la répartition des prêts bancaires d'un million de gourdes et plus. Pour ce faire, on va procéder de la même manière que pour la catégorie des prêts inférieurs à un million de gourdes. Cela dit, toute l'analyse va se faire à travers une interprétation du tableau suivant :

Tableau3.- Répartition des Prêts Bancaires d'un Million de gourdes et Plus de 1993 à 2004

Année

Nombre d'Emprunteurs

en %

Encours en MG

en %

1993

294

15

1832.7

82

1994

302

14

2197.2

84

1995

403

18

2887.8

85

1996

494

19

3481.7

86

1997

860

21

4567.3

83

1998

1142

21

6378.3

83

1999

1142

21

6984.4

83

2000

1461

21

10427.9

88

2001

1367

22

9320.1

87

2002

1423

23

10829.3

89

2003

1158

26

14715.5

92

2004

1685

26

11045.63

86.18

Source : Calculs Personnels à partir des rapports annuels de la Banque Centrale

Au cours de la période allant de 1993 à 2004 le nombre des grands emprunteurs du système ont cru de 473% soit une croissance annuelle de 39.42%. Le nombre de ces derniers a passé de 294 à 1685. Il faut surtout rappeler que les grands emprunteurs en terme de pourcentage représentent une part plus importante de l'effectif des emprunteurs du système bancaire. S'ils représentaient 15% en 1993, en 2004 ils constituaient déjà 26% de la population des emprunteurs du système bancaire. Ce que les graphes 4 et 5 nous permettrons de comprendre facilement.

Graphe 4.-

Source : Calcul personnel à partir des rapports de la BRH

Graphe 5.-

Source : Calcul personnel à partir des rapports de la BRH

Il faut dire aussi que cette même tendance se développe au niveau de l'encours des prêts. En 1993 les grands emprunteurs bénéficiaient 82% de l'ensemble des fonds prêtés dans le système bancaire qui représentait un montant de 1832.7 millions de gourdes.

En analysant encore une fois les chiffres présentés plus haut mais sous un autre angle nous constatons que : si le graphe traduisant l'évolution du nombre global des emprunteurs du système dans le temps a une tendance croissante, c'est le cas contraire pour celui décrivant l'évolution du nombre des emprunteurs et de l'encours des prêts de moins de 250,000.00 gourdes. En 1993, ces derniers représentaient 58% de la population des emprunteurs du système bancaire bénéficiant seulement 7% de l'encours des prêts. En 2004, ils représentaient 43% et bénéficiaient une part plus mince de l'encours des prêts 3,24%. De l'autre côté, la tendance contraire est observée en ce qui a trait à la catégorie des emprunteurs bénéficiant des prêts de 5 millions gourdes et plus. Ils représentaient seulement 4% du nombre total des prêts octroyés en 1993 pour avoir bénéficié 61% de l'encours des prêts pour cette même année. En 2004 le nombre des prêts de 5 millions et plus représentait déjà 9% du nombre global des prêts bénéficiant 68,13% de l'encours des prêts. Ce qui explique en terme plus clair que chaque 100 gourdes de prêts qui ont été accordé par le système bancaire national en 2004, plus de 68 gourdes allaient dans la catégorie des prêts de 5 millions gourdes et plus.

De là, nous avons remarqué à partir de ces chiffres que le système bancaire tend à garder son caractère centralisé pour ne pas dire que la concentration du crédit traditionnel s'intensifie au plan social.

En effet, que se passe-t-il au niveau sectoriel ? Quelles sont les activités qui ont été financé ?

- Distribution Sectorielle (activités financées)

La distribution du crédit bancaire traditionnel au niveau des différents secteurs d'activités ne cesse de garder son caractère centralisé comme c'est le cas pour l'ensemble du système à plusieurs niveaux. Le portefeuille de crédit des banques commerciales d'Haïti est constitué en grande partie de prêts finançant le commerce de gros et de détails.

En fait, trois secteurs d'activité partagent à eux seuls les 2/3 du portefeuille de crédit des banques commerciales haïtiennes. Toutefois, on est curieux de voir : quels sont les secteurs d'activité qui ont été privilégiés ?

Graphe6.- Concentration du crédit bancaire par secteur d'activité (1999-2004)

Source : Source : Rapport BRH

Tableau4.-REPARTITION DE L'ENCOURS DES PRETS PAR SECTEUR D'ACTIVITÉ EN POURCENTAGE (1999 - 2004)

Secteur d'activité

1999

2000

2001

2002

2003

2004

Commerce de Gros et de Détails

35

36.5

36.2

35.9

33.6

33

Services & Autres

19.8

18.9

15

17.3

17.7

19

Industries Manufacturières

13.6

13.1

18

16.3

18

17.5

Prêts aux particuliers

14.3

12.2

10.1

11.7

12.6

10.6

Immobilier Résidentiel & Commercial

9.5

9.6

13.1

11.5

11.3

12.6

Transport, Entrepôt & Communication

3.4

4.8

4

3.3

3.1

4.1

Bâtiment et Travaux Publics

3.7

3.5

2.4

2.2

1.7

1.4

Electricité, Gaz & Eau

0.5

1.4

1

1.7

2

1.8

Agriculture, Sylviculture & Pêche

0.2

0.1

0.2

0.1

0.0

0

Source: BRH

A travers les chiffres présentés plus haut il devient évident que le crédit bancaire traditionnel est aussi concentré au niveau des secteurs d'activité. On a pu constater au cours de la période considérée trois secteurs d'activité sur les neuf secteurs considérés partagent à eux seuls plus des 2/3 de l'encours des prêts. Pendant que certains secteurs importants de l'économie nationale comme le secteur agricole n'arrivent pas à rafler 1% de l'encours des prêts.

Certes, à partir des années 2003-2004 on a constaté une certaine baisse au niveau de la part de crédit octroyée au secteur : commerce de gros et de détails. Toutefois à partir du graphe précédent il est clair que ce secteur d'activité ne cesse d'avoir la part du lion au niveau de la distribution de crédit. En moyenne, les secteurs : commerce de gros et détails, Services et industries manufacturières bénéficient respectivement 34%, 20% et 14% de l'encours des prêts. Pendant que les secteurs : agricole, Electricité gaz et eau, transport communication et entrepôt, bâtiment et travaux publics partagent entre eux moins de 10% de l'encours des prêts.

C'est ce qui explique en quelque sorte le désir de certains dirigeants et entrepreneurs haïtiens de mettre sur pied à coté du système bancaire d'autres structures financières en vue de faciliter l'émancipation des entrepreneurs et groupements coopératifs et paysans.

2.- LES STRUCTURES FINANCIERES LIÉES AU SYSTEME FORMEL

En 1951, l'Institut Haïtien de Crédit Agricole et Industriel (IHCAI) a pris naissance. Il accorda des prêts surtout aux propriétaires sur garantie hypothécaire et à certains groupements coopératifs. Cette institution échoua dans sa mission puisque les petits entrepreneurs ne pouvaient pas avoir accès aux prêts faute de garantie; moins de 10% des prêts accordés par l'IHCAI ont atteint le secteur de la production agricole. Il fonctionna à la manière des banques suivant les mêmes procédures. De plus avec le volume des impayés, la hausse du portefeuille à risque, l'IHCAI fut remplacé par l'Institut de Développement Agricole et Industriel (IDAI) en 1961. Etant financé à partir des prêts provenant de la Banque Interaméricaine de Développement (BID), l'Institut de Développement Agricole et Industriel (IDAI) a eu son conseil d'administration détaché de la BNRH et les fonds furent utilisés conformément aux accords signés entre la BID et l'Etat haïtien.

Ses interventions se portèrent sur :

- le crédit au secteur agricole avec quatre sous-programmes : le crédit supervisé, le crédit orienté, le crédit autonome et le crédit coopératif

- le crédit au secteur industriel comprenant trois sous-programmes : le crédit au secteur privé, le crédit à la société d'équipement national (SNE), le secteur des huiles essentielles.

Il faut noter que les petits entrepreneurs sont à nouveau tenus à l'écart du fait que les coûts de gestion des prêts de l'IDAI étaient très élevés par rapport à leur revenu.

En 1984, la Banque Nationale de Développement Agricole et Industrielle (BNDAI) succéda à l'IDAI. Mais rien n'a changé en réalité. Un autre nom, mais la même institution.

Malheureusement de nombreux clients faisant abus de leur influence politique n'ont pas honoré leurs dettes en vers l'entreprise. Le niveau des prêts délinquants étant aggravé à un point tel que les opérations de prêts de la BNDAI ont été purement et simplement suspendues.

Parallèlement à ces institutions, le Bureau de Crédit Rural Supervisé (BCRS) fut créé en 1956 dans le but de soutenir les institutions du DARNDR. La politique du BCRS consistait à accorder des prêts à des fermes de type familial de 4 à 6 ha à des taux d'intérêt très bas. Cependant, l'impact du bureau a été presque insignifiant par rapport à la population à desservir. Pour le remplacer en 1959 la Banque de Crédit Agricole fut mise en pied. La loi du 17 septembre 1963 l'a consacré comme organisme autonome sous la tutelle du DARNDR. La BCA a pour mission, la promotion économique et sociale des agriculteurs ruraux. Au départ, il accordait des prêts individuels, mais à partir de 1963, il a changé de stratégie pour accorder des prêts collectifs à des groupes paysans, à des coopératives et surtout des sociétés agricoles de crédit (SAC).

De 1959 à 1962, la BCA reçut des ETATS-UNIS une aide d'un million de dollars pour le crédit agricole et une contrepartie haïtienne de 925,000.00 gourdes. En gros l'expérience de la BCA est enrichissante. Cependant il faut avouer que la population à desservir était loin d'être couverte par cet organisme.

Il faut mentionner aussi que l'État n'était pas le seul à vouloir intervenir pour une meilleure distribution du crédit dans le pays. En 1983, 143 hommes d'affaire se sont réunis pour faire naître sur le territoire haïtien une nouvelle institution financière dénommée : «Société Financière Haïtienne de Développement« (SOFIHDES). Comme son nom l'indique sa mission est d'aider à la promotion d'une nouvelle classe d'entrepreneurs haïtiens tout en encourageant de nouveaux investissements industriels locaux.

En 1994, cette institution avait bénéficié de la Banque Européenne d'Investissement (BEI) un prêt de six millions de dollars américains. Selon les termes du contrat, la SOFIDHES doit accorder des prêts variant entre 60,000.00 dollars et plus.

Il faut signaler qu'au cours de cette année l'entreprise a eu d'excellents résultats. Ses avoirs passaient de 81.60 millions en 1994 à 97.7 millions de gourdes en 1995, avec une croissance de profit opérationnel de 391% pour la même période; soit 2.3 millions contre 0.5 million. (Lettre de la conjoncture volume 5 #40)

Cependant, il est évident que sa politique ne tenait pas compte du secteur non structuré de l'économie nationale. Puisque sans vouloir exagérer la quasi-totalité de ces entreprises n'ont pas un fonds de roulement supérieur au montant minimal des prêts accordés par la SOFHIDES.

En dépit, des différentes et multiples initiatives qui ont été prises en vue d'assurer une meilleure distribution du crédit tant par l'Etat que par le secteur privé des affaires les acteurs disons mieux les entrepreneurs du secteur informel ont été toujours écartés. Une sorte de barrière à l'entrée a été toujours dressée contre ces derniers. Le marché du crédit formel leur était toujours inaccessible. Ainsi, la distribution du crédit sur le marché formel a toujours gardé son caractère centralisé.

Toutefois, qu'en est-il de la composante informelle du marché de crédit ?

B) LA COMPOSANTE INFORMELLE

Le secteur informel de plus en plus joue un rôle important dans l'économie des pays en voie de développement. Dans la seule région Amérique latine et Caraïbes, les emplois informels représentent 54 % des emplois urbains, ce qui suscite des préoccupations depuis quelques années. Chez nous en Haïti certains avancent des chiffres estimant la contribution du secteur informel jusqu'à 70 %. Selon le rapport de la Banque mondiale intitulé « Informalité: Retrait volontaire et Exclusion », préparé par Guillermo Perry, Économiste en chef à la Région Amérique latine et Caraïbes de la Banque mondiale, en collaboration avec Omar Arias, Pablo Fajnzylber, William Maloney, Andrew Mason et Jaime Saavedra les travailleurs indépendants du secteur informel qui détiennent 24 % des emplois urbains, et les travailleurs salariés du secteur informel, qui détiennent environ 30 % de tous les emplois urbains et plus de la moitié des emplois du secteur informel avance que : la poursuite d'une activité dans le secteur informel peut aujourd'hui tenir à deux raisons : l'exclusion du secteur formel et le retrait volontaire de ce même secteur. En fait, pour corroborer cette assertion des économistes de la Banque mondiale nous pouvons avancer que c'est aussi valable pour le secteur financier de l'économie nationale. Car le secteur financier de l'économie nationale n'a pas échappé de ce phénomène qualifié de dualisme.

Face à un caractère centralisé du système financier formel, les agents économiques évoluant dans le secteur informel de l'économie nationale ont dû recourir aux structures de financement alternatives comme les institutions de financement Intermédiaires (SFI), les caisses populaires formant ce qu'on appelle les institutions de microfinance (IMF) et d'autres structures de financement telles que : le «solde», le «sabotage»et l'usure.

1.-Le Solde

Le solde constitue aussi l'une des structures de financement utilisées par l'agent économique haïtien pour financer ces principaux besoins de consommation et/ou d'investissement. Il constitue en la formation formelle ou informelle d'un club dont les participants versent une somme d'argent déterminée à une fréquence régulière et à chaque période le capital collecté appelé « main » est remis à l'un des membres à tour de rôle. La somme à verser, les règles du club, les procédés de rotation doivent être délibérément consentis, agréés et acceptés par chaque membre.

C'est une institution d'origine africaine; On le retrouve sous divers noms en Afrique et dans les Amériques. Ce système de crédit rotatoire fonctionne au Nigéria sous le nom de Esusu et a été étudié par Basco en 1945 et Uchendu en 1965. On le retrouve aussi à Trinidad comme Susu (Herskovitz,1946), aux Iles Bahamas sous le nom de Esu (Growley); à la Jamaique, il est connu comme «partners» (Katzin); en Guyanne britanique comme «Throwing the box» (Smith, 1995). En la République Dominicaine, on le reconnaît sous le nom de San (Billingsley) et en Haïti, sous le nom de sangue (Laguerre 1976). On parle aussi de solde à Port au Prince et comblé dans la zone de Jérémie pour se référer à la même réalité. Avec la migration des antillais vers les Etats Unis on retrouve cette institution dans les communautés haïtiennes et Jamaïcaines de New York (Harlem & Brooklin) et à Miami.18(*)

Actuellement, en Haïti le solde prend un ampleur tel: une entreprise haïtienne serait en difficulté de nier l'existence d'une telle activité entre les membres de son personnel à un moment quelconque de son histoire. Il est aussi très rare de trouver actuellement dans un marché public un petit marchand ne faisant pas partie d'un consortium, d'une sangle ou d'un solde.

Bref, en Haïti actuellement, nul n'est censé ignorer l'existence d'une telle structure de financement soient dans les milieux formels ou informels.

2.-Le Sabotage

On parle aussi de sabotage. Celui-ci est en quelque sorte la même pratique que le solde avec une seule différence. Dans le cas du sabotage les participants sont plus nombreux en général, le versement et la réception de la main comme on le dit sont journaliers. Cette pratique fonctionne surtout avec des petits commerçants, les détaillants exposant leurs marchandises sur les trottoirs ou dans les marchés publics. C'est en fait une structure qui est en train de faire son petit bonhomme de chemin chez nous en Haïti. Certains d'entre eux (sabotage) finissent par s'établir comme de véritables institutions. TITI SABOTAGE en est un exemple flagrant.

3.- L'usure

En ce qui concerne l'usure, cette dernière communément appelée dans le langage haïtien « coup de poignard » était considérée comme un prêt consenti à un taux d'intérêt supérieur à celui fixé par l'Etat ou à celui accepté sur le marché formel par le jeu de l'offre et de la demande. Avec la libéralisation des taux d'intérêt sur le marché haïtien en 1995 ne fixant plus les limites de variation des taux d'intérêt est considérée comme l'usure tout prêt consenti ou offert à un taux fortement supérieur par rapport à celui du marché formel. Comme c'est le cas par exemple des gens qui prêtent ou empruntent de l'argent à des taux mensuels voisinant les 20%. Dans certains cas, le prêt est octroyé à des taux quotidiens dépassant celui du marché bancaire par mois : soit 5% par jour. L'usurier peut prêter 500 gourdes à son débiteur qui doit lui verser 25 gourdes comme intérêt chaque jour pendant que ces 500 gourdes continuent à produire des intérêts. Faisant exception des dimanches où les activités commerciales dans la majorité des cas sont ralenties, cet usurier gagne au bout d'un mois 575 gourdes pendant que ces 500 gourdes continuent à générer des intérêts ; soit un taux de 125%. Le débiteur étant en difficulté n'ayant pas d'autres recours se trouvent astreints à accepter un prêt avec de telles conditions. Car, il est en train de négocier avec un couteau sur la gorge. En effet, cet un véritable « coup de poignard » qui paradoxalement sauve des vies, financent l'éducation de beaucoup d'enfants; couvre les frais de voyage de nombreux compatriotes haïtiens vivant actuellement aux USA, Canada, Guadeloupe, Martinique, Guyane constituant la diaspora haïtienne dont la survie de l'économie nationale en dépend grandement de leurs transferts de fonds.

Cette structure de financement fait usage de deux méthodologies. Certains d'entre eux prêtent en exigeant un gage, d'autres n'exigent rien.

Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer ce marché n'est pas ouvert à tous. C'est un marché secret et restreint. Il faut trouver un parent, un ami pour s'y introduire. Et, le plus souvent l'usurier fonctionne sous le couvert de l'anonymat en faisant croire qu'il agit pour le compte de quelqu'un d'autre. Ce caractère discret et réservé de ce marché explique en quelque sorte les difficultés que nous avons à fournir des chiffres quant au fonctionnement, à l'évolution de cette structure de financement.

Ce chapitre traitant du système financier haïtien mettant en évidence les composantes formelles et informelles de ce système nous a renseigné sur la concentration du crédit bancaire en Haïti. Nous avons aussi constaté que ce caractère centralisé de ce marché a suscité l'émergence des structures de financement alternatives dont certaines sont liées au système formel et d'autres au système informel telles que : l'usure ou « coup de poignard »,le solde, le sabotage. Ainsi, il ne nous reste qu'à aborder la micro finance qui, elle aussi est considérée comme une structure alternative répondant aux besoins de financement des exclus du système bancaire.

Qu'en est-il de la microfinance ? En quoi ces institutions ont joué leur rôle d'intermédiaires financiers ? Quels sont les résultats en termes de distribution de crédit ?

Le troisième chapitre soit le dernier de ce travail traitera de ces questions à travers une analyse empirique de la microfinance à différent niveau : mondial, national et local.

CHAPITRE III.-

ANALYSE EMPIRIQUE DE LA MICROFINANCE

Chapitre 3.- ANALYSE EMPIRIQUE DE LA MICRO FINANCE

Ce présent chapitre, en fait le dernier mais pas le moindre, est consacré à une analyse de la micro finance à plusieurs niveaux. Premièrement, il présentera l'expérience de la micro finance à travers le monde en considérant le résultat des institutions comme La Banque Grameen du professeur Muhummad Yunus, La Bancosol de la Bolivie, Les banques villageoise d'Indonésie etc.. Ensuite, le cas d'Haïti sera présenté globalement pour enfin vérifier notre hypothèse de travail avec le cas léogânais.

A) L'expérience de la microfinance dans le monde

La banque Grameen au Bengladesh, certainement la plus célèbre parmi les institutions de micro finance est citée comme la pionnière de la micro finance. Fondée en 1974 par Muhummad Yunus un professeur d'université qui tentait de trouver des réponses à la détresse de la population bengalie accablée par les inondations. Celui-ci a commencé par donner des très petits crédits à des femmes, qui investissaient l'argent dans des petites activités lucratives et leur permettaient de sortir de la détresse, tout en honorant leurs dettes. Entre temps, la banque Grameen est devenue l'une des plus grandes institutions de micro finance dans le monde. Elle a servi de modèle partout dans le monde tant aux États Unis d'Amérique qu'en Europe. La Grameen compte essentiellement des femmes dans sa clientèle, lesquelles doivent passer un processus de formation et d'information au sujet des préceptes de la banque, avant d'obtenir un prêt. En 1998, elle compte 2,4 millions de clients et un portefeuille d'environ 322 millions de dollars. La Grameen n'est actuellement pas encore autosuffisant compte tenu du fait que son but est avant tout social.

En plus de la Grameen Bank, il y a aussi la « Banco Solidario » ou BANCOSOL » en Bolivie l'une des plus grandes institutions de micro finance en Amérique Latine. Elle fut fondée en 1987 comme une Organisation Non Gouvernementale d'aide au développement. En 1992, ses fondateurs ont décidé de transformer l'ONG en banque depuis, BANCOSOL n'a cessé de croître. Elle a donc un but principalement lucratif et atteint des profits qui lui permettent de couvrir ses coûts opérationnels et financiers. Ses clients bien que parmi les plus pauvres au départ comptent actuellement dans leurs rangs des personnes vivant juste au dessus du seuil de pauvreté. BANCOSOL avait 81503 membres en 1998 et une porte feuille supérieur à 74 millions de dollars.

La micro finance a connu aussi un certain succès en Indonésie. La banque Rakyat d'Indonésie (BRI), propriété de l'état, a créé des unités de banques locales décentralisées appelées Unit Desa. Ces unités destinées à octroyer des prêts à la population locale, sont basées sur l'idée que la micro finance est une affaire rentable. Durant la crise financière asiatique, le taux de remboursement n'était pas plus bas que 97,8 %. En 1998, les Unit Desa prêtaient à 2 millions de personnes et avait au total 16 millions d'épargnants, leur portefeuille total s'élevait à 2014 millions de dollars.

Il y aussi le programme de micro finance de la Badon Kredit Dessa ressemblant fortement à celui de la BRI mais avec une plus grande affinité pour les plus pauvres de la population rurale Indonésienne. Il est moins connu que les Unit Desa de la BRI car sa clientèle est moins nombreuse. Mais les unités de la BKD ont la particularité de canaliser leurs prêts à travers les autorités locales et non des guichets bancaires dans les villages. Elle a environ 766,000.00 membres et 54 millions de dollars en porte feuille de prêts.

Le système des banques villageoises mis sur pied dans les années 80 en Amérique latine par une organisation non gouvernementale (ONG) nord américaine, FINCA (foundation for international community assistance) compte environ 90 000 clients dans le monde et un porte feuille de 17 millions de dollars. Ce modèle a été répliqué environ 300 fois dans 25 pays différents. (Voir tableau 4, cf. Morduch Joanna, 1999 à l'annexe)

A coté d'une douzaine de grandes institutions de micro finance dont celles citées ci-dessus, le secteur est composé d'une myriade de moyennes et petites institutions réparties dans le monde. Selon une publication de la banque mondiale, le secteur comptait en 1996 environ 1000 institutions de plus de mil clients qui offraient des services financiers aux pauvres et qui avaient été fondées en 1992.

Apres avoir constaté à travers les chiffres précédents les efforts qui ont été réalisés dans certains pays à travers la micro crédit. Il nous devient un impératif de nous tourner vers le marché haïtien.

B) Analyse Empirique de la Microfinance en Haïti

Les activités de micro finance en Haïti sont conduites par des structures juridiques diverses : coopératives, Sociétés privées, Organisation non gouvernementale, Associations, Institutions Religieuses, Fondation. Pour desservir leur clientèle, ces institutions sont emmenées à pratiquer une ou plusieurs méthodologies à la fois. Les plus recensés sont : crédit direct, groupe solidaire, banque communautaire et mutuelle de solidarité. Plusieurs d'entre elles pratiquent plus d'une méthodologie. La méthodologie du crédit direct est cependant la plus utilisée par les institutions de microfinance haïtiennes.

Il faut aussi souligner que ce secteur, la microfinance est en train de faire son petit bonhomme de chemin en Haïti.

En 2002, on a recensé 147 institutions de micro finance contre 132 en 1999 réparties comme suit sur les neuf départements du territoire national.

En 1992 on a recensé :

17 IMF dans le Nord soit 12.9 %

5 dans le nord-ouest soit 3.8 %

11 dans le nord-est soit 8.3 %

15 dans l'Artibonite soit 11.4 %

7 dans le centre soit 5.3 %

44 dans l'ouest soit 33.3 %

13 dans le Sud soit 9.9 %

7 dans le sud-est soit 5.3 %

13 dans le Grand-Anse soit 9.8 %

On a pu constater aussi une certaine concentration des institutions de microfinance dans le département de l'Ouest en 1999 soit 33%. Ce qui reflète en quelque sorte la réalité économique du pays.

Parallèlement ces institutions sont peu présentes dans le Nord-ouest. 5 sur 132 soit un taux de 3.8% de la population des IMF recensées sur le territoire national. Le plus bas taux de représentation des institutions de microfinance par département.

Toutefois, de 1999 à 2002 les choses ont évoluées.

17 ont été encore une fois recensée dans le nord sur 147. Soit un taux de représentation de 11.8 cette fois-çi.

10 pour le Nord-ouest soit 6.8%

12 pour le nord-est soit 8.2 %

13 pour l'artibonite soit 8.8%

7 pour le centre soit 4.8%

42 pour l'ouest soit 28.6 %

18 pour le sud soit 12.2 %

17 pour le sud-est soit 11.5 %

11 pour la Grande Anse soit 7.5%

Jusqu'à 2002, on a pu constater encore une fois une concentration des IMF dans le département de l'ouest mais à un niveau moindre soit un taux de 28.8 % contre 33% en 1999. Il faut dire aussi leur présence est intensifiée dans le nord-ouest dix en 2002 contre cinq en 1999 ; le nombre a doublé. On a passé de 3.8 à 6.8 en pourcentage. Une forte augmentation du nombre a été aussi observée dans le sud-est. Le nombre a fait plus que doublé. On a passé de 7 à 17 et en pourcentage de 5.3 à 11.5 %.

Le tableau qui suit présente la répartition des Institutions de Micro finance par département et méthodologie employée.

Tableau 5.- Répartition des IMF par département et méthodologie de crédit utilisée en 2002.

Département

Nombre

D'IMF

Méthodologie de Crédit

Caisse Populaire

Crédit Direct Individuel

Banque Communautaire

Groupe Solidaire

Mutuelle de Solidarité

Nord

17

6

4

5

2

-

Nord-Ouest

10

5

2

2

1

-

Nord-Est

12

6

2

1

2

1

Artibonite

13

8

3

-

2

-

Centre

7

3

 

2

2

-

Ouest

42

15

11

9

5

2

Sud

18

7

4

5

2

-

Sud-est

17

5

4

3

4

1

Grand-Anse

11

5

2

3

1

-

TOTAL

147

60

32

30

21

4

Source : Base de données. DAI/FINNET

En effet, une enquête menée par la DAI/FINNET en 2003 sur l'offre de la micro finance en Haïti révèle sur un échantillon de 15 institutions de micro finance, 33% interviennent uniquement dans le milieu urbain. Toutefois, le même pourcentage 33% d'entre elles intervient à la fois dans les milieux urbains, péri-urbains et ruraux.

Selon les résultats de cette même étude on a pu déceler que les crédits octroyés concernent trois secteurs spécifiques :

a) les entreprises informelles ayant un employé

b) les entreprises informelles ayant 2 à 5 employés

c) les entreprises enregistrées

27% des sondés ciblent exclusivement les entreprises informelles ayant un employé et 67 % desservent plus qu'un secteur à la fois. Il faut aussi souligner que parmi les IMF desservant plus qu'un secteur, 40% d'entre elles octroient aussi du crédit aux entreprises enregistrées. Le secteur bénéficiant le plus les activités de micro finance est celui de l'informel avec 94 % des résultats.

Divers critères sont utilisés par les IMF pour sélectionner, cibler leur clientèle. Une seule institution se réfère à un type spécifique qui est le genre. Le niveau de pauvreté est le plus commun, utilisé par 60% des enquêtés. L'ensemble des institutions s'intéresse à plus d'un aspect dans le ciblage de la clientèle. Par exemple 5 institutions soit 30 % se réfèrent à 4 critères qui sont le niveau de pauvreté, le genre, le secteur d'activité économique et la zone géographique.

Les produits de crédit offerts par les IMF haïtiennes sont au nombre de quatre :

a) Prêt fonds de roulement

b) Prêt à l'investissement

c) Prêt à la production

d) Prêt logement

Nous pouvons remarquer que de façon générale les IMF n'octroient pas des prêts à la consommation. Dans la majorité des cas les prêts sont octroyés pour une période allant de 4 à 10 mois avec des taux d'intérêt variant dans un intervalle de 24 à 36% l'an. Certains arrivent jusqu'à 36-42% et même plus. Pour les prêts à l'investissement et à la production certaines parmi les IMF accordent des prêts allant jusqu'à 24 mois et plus. En effet, elles ne sont pas nombreuses celles qui octroient des prêts au logement. La période de remboursement pour cette catégorie s'étend sur 10 à 12 mois et les taux d'intérêt ne dépassent pas 36%. Ce que le tableau çi-après traduit :

Tableau 6.- Répartition des IMF en HAITI suivant les produits offerts, la durée des prêts octroyés et les taux d'intérêt.

Produits Offerts

Nbre IMF

Durée (mois)

Tx d'Intérêt Annuel

4-6

6-10

10-12

12-24

>24

12-24

24-36

36-42

>42

FDR

15

11

4

0

0

0

2

9

2

1

INVEST

7

2

2

1

1

1

1

4

1

1

PROD

11

1

5

4

1

0

1

6

2

1

LGMEN

1

0

0

0

0

0

0

1

0

0

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Source : Base de Données / DAI/FINNET-2003

Légende :

FDR: Fond de Roulement PROD : Production LOGMEN : Logement INVEST : Investissement

En gros, les IMF haïtiennes ont financé une multitude d'activité. Sans avoir la prétention de donner une liste exhaustive on peut citer :

1. Dans le milieu urbain

· Le petit commerce (boutiques, quincailleries, marchands ambulants....)

· L'artisanat (sculpture, peinture, poterie...)

· Les petites industries de production (fabrique de blocs, de sachets, ateliers de couture, d'ébénisterie, de ferronneries, de garages etc...)

· Les services (bar-restaurant en chambre et trottoir, salon de coiffure, photocopie, transport en commun, les cireurs de chaussure etc.)

· Les petits métiers (ferblantiers, cordonniers, maçons, charpentiers, tailleurs...)

2. En milieu Rural

· L'agriculture

· Des unités de stockage de produits agricoles

· Le petit commerce (boutique, madame Sara)

· Des unités de transformation des produits agricoles (les moulins, les cassaveries, les unités de fabrication de beurre d'arachide/ mamba, de confiture)

· L'artisanat (vannerie, broderie, tissage, peinture, sculpture)

· Les petits métiers (ébénisterie, charpentiers, maçons, forgeron, tailleur, coiffeur.)

De 1999 à 2002 les IMF haïtiennes ont passé de 49551 à 61778 clients soient une augmentation de 4075 clients par an. Un taux de croissance moyen de 8% l'an. Un portefeuille de crédit de 834, 706,160.00 gourdes contre 381, 455,785.00 gourdes en 1999. Soit une augmentation de plus 150 millions de gourdes en moyenne par année. Un taux de croissance moyen de 39% par année.

Voilà, en quelque sorte ce qu'a été le système financier haïtien à partir de ses composantes formelles et informelles. Il fallait présenter la situation globale avant de faire état de la situation spécifique qui est l'objet de notre travail de recherche la distribution de crédit à Léogâne.

C) LA DISTRIBUTION DE CREDIT A LEOGANE (cas des IMF)

Avant d'aborder la question du crédit à Léogâne, il serait impérieux de présenter la zone de l'étude. Ainsi, faisons un inventaire des ressources et potentiels de cette commune; voyons ce qu'il y a comme infrastructure socio-économique et financière.

1.- Présentation de la zone de l'étude

Léogâne, commune de l'arrondissement du même nom du département de l'ouest. C'est l'une des anciennes villes du pays. Du temps des indiens, elle s'appelait « Yaguana ». La date d'élévation au rang des communes n'est pas connue. Elle a treize sections communales et un quartier. Elle est intérieure, son relief dominant est le norme et son climat est normal. Ses habitants portent le nom de Léogânais.

La plaine de Léogâne est située à trente deux kilomètres au sud ouest de Port au Prince. Elle est traversée par la route nationale numéro deux reliant Port au Prince Cayes. Elle est dominée par le massif de la selle.

En 1998, la population de la commune de Léogâne était estimée à 106785 habitants. Pour une superficie de 688,52 km², en 1998, sa densité était de 155 habitants par km² en 1998. Toutefois, d'après les résultats du quatrième recensement général de la population et de l'habitat Août 2003 les treize sections communales et le quartier de Trouin que constitue la commune de Léogâne sont habités par une population de 134190 personnes soit 64680 hommes et 69510 femmes. La population infantile constituée d'enfant age de moins de cinq année est de 33843 et environ 162593 personnes sont âgées de dix huit ans et plus.

Ce qui sous entend que d'après les résultats du quatrième recensement général de la population, la densité de la commune de Léogâne passe de 155 à 195 habitants par km².

Cette plaine est limitée :

A l'Ouest par la ville de Grand-Goave

A l'Est par la commune de Gressier

Au nord par le golfe de la Gonave

Au Sud par le morne la Selle de Jacmel

Sa frontière maritime offre une belle perspective d'observation permettant de contrôler les arrivées de la baie de Grand Goave, de l'Ile de la Gonâve, de la pointe de Saint Marc et de l'Arcahaie. Elle est arrosée par les rivières : Momance, Rouyonne et Cormier.

En termes d'infrastructure au niveau de l'éducation : le ministère de l'éducation nationale de la jeunesse et des sports est représenté par un bureau d'inspection scolaire dans la commune. Douze kindergarten privés, cent trente quatre (134) écoles dont vingt publiques, cent dix (110) privées et quatre (4) de type congréganiste ont été inventoriées dans la commune. Au niveau secondaire, elle a vingt quatre écoles dont deux publiques, vingt deux (22) privées. On y retrouve également seize (16) écoles professionnelles.

En ce qui a trait à la santé, le ministère de la santé publique et de la population n'est pas représenté dans la commune de Leogane. En ce qui concerne les établissements sanitaires, un (1) hôpital, deux (2) dispensaires, cinq (5) cliniques, six (6) centres de santé sans lit, un (1) centre de santé avec lit ont été inventories au niveau de la commune. Vingt sept (27) médecins, quatre dentistes, vingt sept infirmières, cinq (5) auxiliaires, cent soixante dix (170) matronnes certifiées, cinq (5) techniciens de laboratoire forment le personnel sanitaire de la commune de Léogâne.

La commune a six rivières et dix neuf (19) sources, deux (2) étangs et un (1) lagon. Presque chaque maison a un puit. On y retrouve des fontaines publiques munies de dix huit robinets et de plus de eux cents de pompes. Ces fontaines ont été construites par l'UNICEF, plusieurs des pompes sont tombées en panne.

Du côté de la religion, près de cent trente (130) temples ont été dénombrées dans la commune. Les temples catholiques (églises et chapelles confondues) se révèlent être les plus nombreux.

La commune de Léogâne a cinq représentations de parti politique, vingt trois (23) organisations populaires, vingt (20) groupements de paysans, six (6) groupements de femmes.

La commune de Léogâne et un bon nombre d'habitation ou de localités sont électrifiés. Au niveau de la télécommunication en plus d'un bureau de la TELECO, les autres compagnies privées de téléphonie mobile (Haitel, Comcel, Digicel) sont toutes présentes dans la commune de Léogâne. Quatre stations de radio fonctionnent actuellement à Léogâne et une chaîne de télévision.

Pour les infrastructures administratives et judiciaires un commissariat de police, deux sous commissariats de police, un (1) tribunal de paix et un bureau d'état civil ont été répertoriées dans la commune.

Depuis 1998, onze (11) matériaux de construction, trente cinq centre de provisions alimentaires, trois dépôts, cinq stations d'essence, trois morgues privées, dix huit pharmacies, trois photocopieuses, dix huit studio de beauté, quatre markets, sept studios de photographie, huit (8) dry cleaning constituent les principaux établissements économiques et commerciaux de la commune de Léogâne.

Douze (12) restaurants, sept (7) night clubs, vingt neuf (29) gaguères, deux (2) bibliothèques et près d'une demi douzaine d'hôtels fonctionnent actuellement dans la cite d'Anacaona. (Fichier Commune IHSI, 1998)

Qu'en est il des infrastructures bancaires et financières ?

2.-Le Système Financier Léogânais

La commune de Léogâne étant une région du pays, son système financier présente en quelque sorte presque la même structure que le système financier au plan national. En fait, c'est le produit d'un même model, d'une même structure. Il est donc, constitué d'une composante formelle et d'une composante informelle. Toutefois avant de présenter les différentes composantes du système financier léogânais nous nous faisons le plaisir de faire un bref historique de ce système.

Jusqu'à la fin du vingtième siècle la cité d'Anacaona ne se dotait pas d'une seule institution financière. Pour ainsi dire, jusqu'à l'année 1997 de l'ère chrétienne le léogânais qui voulait épargner son argent n'avait que trois choix :

1) Garder son argent chez lui sous ses matelas

2) Confier son argent à un notable de la famille ou de la zone

3) se rendre à Port au Prince pour ouvrir un compte d'épargne dans une banque commerciale

Toutefois, les agents économiques déficitaires ayant un besoin de financement soit pour la consommation personnelle (dépenses pour les soins médicaux, scolarité des enfants ou autres) ou activité commerciale se réfugiaient dans la majorité des cas chez un parent, un voisin, un ami ou se rend chez l'usurier pour encourir un emprunt avec des taux d'intérêt allant jusqu'à 240% l'an.

Considérant l'inexistence d'une institution financière dans la commune jusqu'à l'année 1997, point n'est besoin d'être grand clair pour comprendre que ce vide qui régnait à ce niveau dans la commune de Léogâne favorisait largement l'émergence des usuriers dans la société léogânaise et l'intensification de l'usure.

Il a fallu attendre l'année 1997 pour doter la commune de Léogâne de ses deux premières institutions financières : KEPOMEK (Kès Popilè Men Kontre) dont le siège social est à Darbonne et CLEF (caisse d'épargne et de Financement de Léogâne) qui s'est installée au coeur de la ville tout près de l'église Sainte Rose ; elles sont fondées respectivement en Juin 1997 et novembre 1997.

Aujourd'hui la commune de Léogâne se fait doter d'un système financier constitué de succursales de banque commerciale et de plusieurs institutions de micro finance qui se diffèrent de par leur statut et leur méthodologie de crédit.

· Les Banques Commerciales

Actuellement la cité d'Anacaona compte dans son actif trois succursales de banque commerciale : La Société Caraïbéenne de Banque (SOCABANK), la Banque Nationale de Crédit (BNC) et la Société Générale de Banque (SOGEBANK) la dernière arrivée dans la commune jusqu'à date.

La Société Caraïbéenne de Banque a fait son apparition dans la commune de Léogâne en janvier 2001. Ce fut la première banque commerciale qui a su s'installer dans la cité d'Anacaona, l'ancien cacique du Yaguana. Ce qui a été à notre humble avis un choix éclairé. Car l'avènement de la SOCABANK en 2001 dans la commune a été très profitable tant pour la Socabank que pour les agents économiques de la commune. La Socabank arrivait dans la cité à un moment où l'économie léoganaise prenait un tournant important. Cette période caractérisait une certaine relance des activités économiques avec une montée considérable du secteur de la construction qui entraînait une certaine intensification des usines de fabrication de bloc et d'autres entreprises commerciales se spécialisant dans la vente des matériaux de construction. C'était aussi l'année de la réouverture de la centrale sucrière de Darbonne, toutefois sous un autre nom Usine Sucrière Jean Léopold Dominique.

Avant, le commerçant léogânais se trouvait des fois embarrasser avec des sommes importantes puisqu'il n'y avait pas une succursale de banque commerciale pouvant le permettre de faire des dépôts sur son propre compte ou celui de son fournisseur. Certaines fois, il était contraint d'emprunter la route nationale numéro 2 tout en prenant les risques d'insécurité que nous connaissons tous avec des sommes importantes en monnaie locale mais aussi en devise américaine. Malheureusement, certains d'entre eux ont eu des expériences douloureuses en leur faisant victimes des cas d'insécurité causant parfois la faillite de leur entreprise avec la perte de fonds importants.

Pour ainsi dire l'arrivée de la SOCABANK en 2001 a été quelque chose de très attendue par la population. Quelques années après l'intervention de la Société Caraïbéenne de Banque dans l'ancien cacique du Yaguana probablement informée des résultats de cette succursale de la SOCABANK la BNC a fait son apparition et presque un an après la SOGEBANK qui tardait d'intervenir a finalement décidé de s'installer à Léogâne. Jusqu'au début de l'année 2006 le marché bancaire Léogânais s'était constitué de trois banques commerciales.

Il serait intéressant de présenter dans cette partie de notre travail de recherche les performances des succursales de banque commerciale évoluant dans la commune de Léogâne en terme de distribution de crédit. Malheureusement malgré des efforts considérables qui ont été consentis pour la collecte de ces informations il nous était impossible de pouvoir franchir certaines barrières.

Cependant, le mode de fonctionnement des succursales de banque commerciale nous emmène à remettre en question leur vocation en tant qu'intermédiaire. Pour ainsi dire, à ce qui saute aux yeux le mode de fonctionnement des succursales de banque commerciale opérant à Léogâne nous laisse croire que la distribution de crédit ne soit pas une priorité. D'ailleurs, aucun personnel n'a été prévu à cet effet. Pour être plus clair, il n'y a pas quelqu'un qui s'occupe du crédit au niveau du personnel des succursales de banque commerciale évoluant à Léogâne. Ce qui pourrait dans une certaine mesure justifier la fiabilité des chiffres présentés plus haut faisant croire que le crédit bancaire en Haïti soit concentré au triple dimension : Spatial, social et sectoriel.

Bref, qu'en est il des institutions de mirofinance ? Qu'est ce qu'ils ont apporté au niveau de la commune en terme de distribution de crédit ?

· La Microfinance à Léogâne

L'industrie de la microfinance haïtienne constitue à l'heure actuelle l'un des secteurs les plus dynamique de l'économie locale. Des progrès significatifs ont été enregistrés en terme de couverture du marché au cours de ces dernières années. Elle se caractérise par la variété des services financiers (formation pour la gestion d'entreprise, l'alphabétisation, la santé etc.) par la diversité en termes de méthodologies et par une large accessibilité des services répondant aux besoins des micros et petits entrepreneurs indépendamment de leur formalisation et de leur relation avec une institution de micro finance.

Onze ans après la libéralisation des taux d'intérêts en 1995, l'industrie de la microfinance continue de se développer comblant ainsi les carences du secteur bancaire qui se révèle incapable d'assurer le financement des micros et petites entreprises, en particulier de l'économie formelle. (Rapport Annuel 2006, ANIMH).

Cette évolution de l'industrie de la micro finance ne se limite pas uniquement dans la capitale mais aussi dans certaines villes de province.

Dans le cadre de cette étude traitant de la distribution de crédit dans la commune de Léogâne, nous constatons que les institutions de micro finance jouent actuellement un rôle important dans les transactions financières opérant dans cet espace du territoire national.

Tenant compte de leur statut et méthodologie de crédit les institutions de microfinance évoluant dans l'ancien cacique du Yaguana se regroupent en plusieurs catégories :

-Les quasi banques que nous qualifions d'intermédiaires financiers bancaires non monétaires. Dans cette catégorie nous retrouvons les caisses populaires et autres sociétés coopératives recevant des dépôts à vue et octroyant des crédits ; ces dernières sont ainsi appelées par le fait qu'ils ne possèdent pas ce pouvoir de création monétaire qui caractérise les banques commerciales à travers leur habilité de pouvoir gérer des comptes courants :

C'est le cas de la caisse populaire « Men Kontre » ci-devant KEPOMEK évoluant dans la commune de Léogâne plus précisément dans la communauté de Darbonne depuis juin 1997. Celle-ci est considérée comme la doyenne des institutions financières offrant actuellement des services financiers à la population léogânaise.

Dans cette même catégorie des quasi banques nous comptons la caisse léogânaise d'épargne et de financement (CLEF) fondée en novembre 1997 sous l'initiative d'un groupe de jeunes désireux de doter la cité d'Anacaona d'une institution financière pouvant offrir à la population de Léogâne des services financiers que les banques commerciales de la place tardaient à offrir en quelque sorte. La coopérative solidarité de Développement (COSODEV) et le Service Financier Fonkoze ci-devant SFF font aussi parti de cette catégorie des institutions de micro finance baptisée d'intermédiaires financiers bancaires non monétaires offrant des services d'épargne et de crédit dans l'ancien cacique du Yaguana.

Il n'est pas superflu de signaler que pour la majorité des caisses populaires les services offerts ont les mêmes caractéristiques et les méthodologies de crédit ne sont pas vraiment différentes l'une de l'autre. Exception faite du Service Financier Fonkoze qui se distingue au niveau de la méthodologie de crédit. C'est actuellement la seule institution offrant des prêts collectifs à Léogâne.

Ces institutions qualifiées d'intermédiaires financiers bancaires non monétaires offrent presque toutes des services d'épargne à vue. Certaines d'entre elles en essayant de diversifier leurs produits offrent des services d'épargne en dollar américain, d'autres arrivent à développer des produits de dépôt à terme et d'autres services d'épargne adaptés à la situation des populations desservies.

En ce qui concerne le crédit, pour bénéficier un prêt on doit être membre de la caisse, dans la majorité des cas on exige une période de trois mois ; avoir un compte d'épargne à la caisse accusant une balance représentant un tiers du montant sollicité. Il y a aussi un critère géographique très important, la personne doit être domiciliée dans une zone ne dépassant pas les limites géographiques d'action de la caisse populaire. De plus, la dernière exigence faite pour l'obtention d'un prêt mais pas la moindre c'est la signature d'un avaliseur.

De l'autre coté nous retrouvons ces derniers que nous qualifions d'intermédiaires financiers non bancaires non monétaires. Ils sont ainsi appelés parce qu'ils ne reçoivent pas de dépôts. Dans la majorité des cas les fonds prêtés proviennent d'autres institutions sous forme de don ou d'emprunt. Actuellement les banques commerciales nationales créent des branches spécialisées intégrant cette classe d'institution de micro finance en vue d'atteindre cette partie importante du marché national qu'est le commerce informel.

Ainsi nous comptons dans la commune de Léogâne la présence de l'Association pour la coopération avec la micro entreprise (ACME) et Micro Crédit National (MCN) une filiale du groupe financier national. Quant à ces dernières, la méthodologie de crédit est la même. Elles octroient des prêts individuels à toute personne possédant une activité commerciale. Point n'est besoin d'être membre ou d'avoir un compte d'épargne. D'ailleurs ce sont des institutions non bancaires non monétaires, elles ne reçoivent pas de dépôt.

De là, il ne serait pas insensé de se poser la question suivante : En quoi ces intermédiaires financiers, ce que nous appelons les institutions de microfinance, contribuent-elles à la distribution de crédit dans la cité d'Anacaona, l'ancien cacique du Yaguana ?

Considérant l'impossibilité de trouver des informations sur les portefeuilles de crédit de ces institutions de microfinance évoluant dans la commune de Léogâne auprès d'une institution mère comme on pourrait le faire pour les banques commerciales à travers la banque centrale dans une certaine mesure, nous nous sommes donnés la peine de mener notre propre enquête avec les faibles moyens que nous disposions en terme de temps et de fonds.

Ainsi, nous avons préparé un questionnaire d'enquête pouvant nous permettre de capter l'essentiel des activités menées par les instituions de microfinance de Léogâne surtout au niveau de la distribution de crédit. Le traitement des données nous permet d'arriver à la conclusion suivante.

Au cours de la période allant de l'exercice fiscal 1999-2000 à l'exercice 2004-2005 les six institutions de microfinance évoluant dans la commune de Léogâne actuellement octroient 12,189.00 prêts, distribuant ainsi dans la commune de Léogâne, en termes de crédit pendant ces six années 205, 371,813.00 gourdes. Il faut surtout souligner qu'elles n'étaient pas toutes présentes dans la cité pendant les six années. Certaines interviennent sur le marché très tard et d'autres pour des raisons que nous ignorons ne pouvaient pas fournir des informations sur leur portefeuille de crédit pour certaines années.

Source : Enquête Personnelle

Considérant la tendance de la courbe traduisant l'évolution de la distribution de crédit de ces institutions au cours de la période de l'étude nous pouvons courir le risque de dire que la tendance a été croissante. Elles ont passé de 1425 crédits décaissés en 2000 à 2754 en 2005. Soit une croissance de 93% en six ans avec une croissance moyenne annuelle de 15,54%.

En analysant l'évolution de l'encours total des prêts octroyés par les institutions de microfinance à Léogâne pour la période considérée nous pouvons faire les mêmes remarques. D'ailleurs les deux variables ont la même tendance. Elles ont toutes deux des pentes une tendance à la hausse exprimant la croissance du secteur. Elles sont passées de 21, 571,451.00 gourdes distribuées en terme de crédit à 52, 902,903.00 en 2005. Soit une croissance de 145.24% en six ans. Ce qui accuse une croissance moyenne de 24,25 l'an.

En faisant un coup d'oeil sur l'encours moyen exprimé en gourde nous avons fait le constat suivant : cet indicateur symbolisant dans une certaine mesure le montant moyen des prêts octroyés varie entre 13000 à 20000 gourdes.

Source : Enquête Personnelle

Etant donné, les institutions n'étaient pas en mesure de nous donner des informations pouvant nous permettre de faire une analyse de la distribution sociale et géographique des crédits octroyés. De plus, considérant les nuances qui existent au niveau de la définition du concept pauvreté dans ce cas précis. On ne peut pas courir le risque d'affirmer une quelconque assertion faisant croire que ces institutions de microfinance évoluant à Léogâne ne prêtent qu'aux pauvres. De toute façon tenant compte de la nature de cet indicateur (encours moyen des prêts) qui soit une moyenne nous n'ignorons pas les biais qui pourraient attacher à la valeur de cette variable de tendance centrale qu'est la moyenne. De plus, les concepts de pauvreté et de richesse n'étant pas définis, il serait imprudent, pour ne pas dire maladroit d'orienter les analyses dans une telle direction.

Cependant, peu importe la définition possible et imaginable qu'on pourrait donner au concept de pauvreté ou de richesse : compte tenu de la valeur de l'encours moyen des prêts ne pourrions nous pas dire que les pauvres n'étaient pas oubliés ou mis en quarantaine ?

Ainsi, en ce qui concerne la distribution de crédit au plan social dans la commune de Léogâne, l'analyse de ces données ne pourrait pas nous conduire à la conclusion que le marché de la micro finance est plus ouvert aux populations à revenu faible.

Il serait intéressant de pouvoir faire une analyse aux plans géographique et sectoriel.

Des questions ont été prévues à cet effet au niveau du questionnaire d'enquête, malheureusement les institutions de microfinance évoluant dans la commune de Léogâne n'étaient pas en mesure de fournir des informations sur les crédits distribués au plan géographique et sectoriel. En ce qui a trait aux secteurs d'activité financés ne pourrait-on pas penser que le commerce de détail était privilégié. Car, plusieurs des institutions de microfinance opérant à Léogâne exigeaient pour l'octroie d'un prêt l'existence d'une activité commerciale. C'est le cas surtout des institutions financières non bancaires telles qu'ACME et MCN.

CONCLUSION GENERALE

Notre étude s'est proposée de faire une analyse descriptive de la distribution du crédit à Léogâne. Nous nous sommes intéressés particulièrement aux institutions de micro finance évoluant dans cette commune, du fait que la micro finance a été considérée comme une réponse aux déficiences des institutions financières bancaires traditionnelles dite banques commerciales en matière de distribution de crédit.

Il a été démontré que le système financier traditionnel dans une certaine mesure est déficient dans les pays en voie de développement. En ce qui a trait à la distribution du crédit bancaire en Haïti, on a pu constater qu'en dépit de la politique de proximité des banques commerciales de la place, le crédit bancaire en Haïti est concentré au triple dimension : spatiale, sociale et sectorielle.

On a pu constater que le crédit bancaire est fortement concentré au niveau du commerce de gros et détails dans la zone métropolitaine. Aussi, l'écart de plus en plus béant qui existe entre le pourcentage des prêts octroyés au secteur commercial au détriment du secteur agricole et autre a été mis en évidence. Les données publiées sur la distribution du crédit démontrent que le secteur commercial bénéficie plus que 30% du montant des crédits octroyés au niveau du système bancaire. En 2004, un petit groupe représentant près de 9% de la population des bénéficiaires de prêts a obtenu plus de 68% des fonds prêtés par le système bancaire haïtien.

Ce qui constitue un handicap majeur pour le développement des micros et petites entreprises dans l'économie haïtienne. Ce qui a entraîné au niveau du marché de nouvelles structures de financement de type varié. D'où l'existence d'un système financier constitué d'une composante formelle et d'une composante informelle.

La composante formelle se trouve constituer du système bancaire avec les banques commerciales dites traditionnelles et d'autres structures commerciales liées au secteur formel.

La composante informelle quant à elle est caractérisée par l'exercice des pratiques d'entraide collective fonctionnant généralement sur une base de confiance mutuelle. Il faut dire que ce phénomène baptisé de dualisme financier a été remarqué dans plusieurs pays à travers le monde principalement les pays en voie de développement. Ainsi, on a pu présenter la performance de certaines institutions de micro finance à travers le monde comme par exemple la célèbre Gramean Bank de Bengladesh dont la performance a permis à son fondateur de décrocher la fameuse distinction de prix Nobel de la paix en 2006 ; La Bancosol au Chili et les fameuses banques Villageoises etc...

Entre autre, plus près de nous en Haïti on constate ces dernières années une certaine intensification de la présence des institutions de micro finance voulant dans une certaine mesure offrir les services d'épargne et de crédit aux populations vivant du commerce informel et/ou aux populations exclues ou négligées par le système bancaire traditionnel. Ce qui ne se limite pas au niveau de la capitale ou de la zone métropolitaine de Port au Prince mais aussi dans d'autres régions du territoire national. Ce qui nous porte curieux de voir est ce qu'effectivement les institutions de microfinance ont répondu à cette lourde mission qui leur est confiée.

D'où l'objectif de notre travail de recherche est de présenter l'apport des institutions de microfinance en termes de distribution de crédit dans la commune de Léogâne.

Ainsi, afin de pouvoir atteindre l'objectif visé par l'étude une enquête par questionnaire sur la distribution du crédit à Léogâne a été menée. Des questionnaires d'enquête ont été administrés aux différentes institutions financières opérant à Léogâne. Malheureusement les succursales de banque commerciale fonctionnant à Léogâne ne pouvaient pas nous fournir des informations concernant leur portefeuille de crédit. Ainsi, nous nous sommes servis des rapports annuels publiés par la banque centrale pour pouvoir présenter et analyser la distribution du crédit bancaire sur une base nationale.

De l'autre coté, les résultats de l'enquête sur la distribution de crédit par les institutions de micro finance opérant dans la commune de Léogâne nous ont donc permis d'arriver à la conclusion que : La tendance de la distribution du microcrédit à Léogâne a été croissante. Pendant la période allant de 2000 à 2005 le nombre de prêts octroyés a cru de 93% en six ans soit une croissance moyenne annuelle de 15.54%. En 2000 d'après les résultats de l'enquête les six institutions de microfinance établies dans la cité d'Anacaona ont octroyé 1425 prêts pour arriver à 2754 en 2005. L'encours des prêts a été également augmenté à un niveau considérable pendant les six années pour lesquelles les données ont été disponibles. Cette variable passe de 21, 571,451.00 gourdes en 2000 gourdes pour atteindre le montant de 52, 902,903.00 de gourdes en 2005. Une analyse de l'encours moyen des prêts octroyés par les institutions de microfinance participant à l'Enquête nous a révélé que ces institutions octroient en moyenne des prêts dont les encours varient entre 13000 à 20000 gourdes. Ce qui nous aurait porté à partager l'idée que les institutions de microfinance sont plus ouvertes aux pauvres que les banques commerciales.

De là, nous croyons que l'objectif du travail a été atteint dans une certaine mesure. Bien que nous soyons conscients des limites de cette étude qui ne nous a pas permis d'avoir une idée exacte sur les bénéficiaires de ces prêts ; à savoir s'ils vivent en milieu rural ou en milieu urbain ? S'ils fonctionnent au niveau du secteur primaire, secondaire ou tertiaire de l'économie locale ?

En ce qui concerne cette dernière question, des données qualitatives recueillies au moment de l'enquête à travers les conditions d'éligibilités nous laissent croire que le commerce a eu la priorité encore une fois. Car toutes les institutions de microfinance qui ont fait l'objet de l'étude ont pris le soin de signaler que pour pouvoir bénéficier d'un prêt la personne doit avoir une activité commerciale rentable.

Toutefois, en dépit des limites qui ont été signalées plus haut, il faut dire que ce travail pourrait servir de piste pour de nouvelles études à l'avenir ; contribuer à l'animation du débat portant sur le rôle des intermédiaires financiers dans la distribution du crédit. Car le crédit pour reprendre Daniel Webster financier Américain a fait beaucoup plus, un millier de fois plus pour enrichir les nations que toutes les mines du monde.

Bibliographie

LIVRES

BEAULIEU Charles, Le système bancaire haïtien, Fonctionnement et perspectives, 1e édition, Henri Deschamps, Port au prince, 1987.

BERNARD Yves et COLLI Jean Claude, vocabulaire économique et financier, 6e édition, Seuil, Avril 1989.

C.-ECHAUDEMAISON : Dictionnaire d'Économie et de Sciences Sociales, Nathan, 5e édition, Juillet 2001, 541p

DESHOMMES Fritz, Politiques Économiques en Haïti, Rétrospectives et Perspectives, Cahiers Universitaires, Mai 2005, 234p.

DOUGLAS Greenwald, Encyclopédie Économique, Economica, Paris, 1984.

ETIENNE Eddy, Économie Monétaire, Théorie et Pratique, Imprimerie des Antilles, 1986.

PIARD Frantz, Construire le mémoire de sortie, méthode, procédés et procédures, Éditions Duvalsaint, Port au prince, Décembre 2004, 300p.

REVUES ET AUTRES

BROUILLET Anne Sophie, Microfinance et lutte contre la pauvreté, Réseau Impact, consulté en ligne sur le site: http:// www.réseauimpact.org.

CHAO Renée Béroff, Microfinance et liens sociaux, consulté en ligne sur le site: http:// www.ecole.org en été 2005.

EUSTACHE-ROI Alexandra, Introduction à la microfinance, DAI /FINNET, juillet 2003, 47p

JABOUIN Eric, Le microcrédit de la Capital Bank, Bulletin Synergies, CARE/BME consulté sur le site : http:// www.olade.org.ec en juillet 2005.

MEMOIRES

DAMEUS Smith, Problématique du financement dans le secteur informel, Mémoire de sortie, FDSE, Port au prince.

ETIENNE Tamara, L'évolution du système bancaire et le financement du développement économique en Haïti de 1986 à 1997, FDSE, Port au prince, avril 1999, 167p.

ETIENNE Kennis, Le crédit des caisses populaires et les petits agents économiques, FDSE, Port au prince, Novembre 2000.

VILGRAIN Ronald, L'évolution récente des banques commerciales haïtiennes. Essai sur les causes de leur performance (1992-2000) ; Mémoire, FDSE, Port au prince, 2001, 105p.

Table des Matières

Introduction Générale........................................................................1

Chapitre I.- Cadre Conceptuel et théorique.......................................... 7

Section1.- Cadre Conceptuel .............................................................8

A) Intermédiaires financiers et Distribution de crédit comme concept....................................................................................... ....8

Les Banques Commerciales .............................................. ..8

Les Institutions de Micro finance...........................................9

Les quasi-banques................................................. ....9

Les institutions financières non bancaires...................12

B) Distribution du crédit comme concept...........................................12

1. Définition du Crédit.............................................................12

2. Les différentes catégories de crédit......................................15

3. Méthodologies de crédit......................................................19

Sectin2.- Cadre Théorique................................................................21

A) Phénomène du Dualisme Financier..............................................21

1. Théorie de la libéralisation financière...................................21

2. L'analyse Néo-Structuraliste................................................24

B) Déficience des Marchés de crédit dans les pays en Développement.26

(Olivier Cadot)

1. Les Principes et Problèmes de base......................................26

Le risque de défaut...................................................... 26

L'anti-sélection............................................................28

CHAPITRE II.- Le Système Financier Haïtien.......................................34

A) La Composante Formelle..............................................................35

1.Le Système Bancaire Haïtien.................................................35

Son historique...............................................................35

Banques Commerciales et Distribution de Crédit en Haïti............................................................................39

Les Structures Financières Liées au Système Formel.............52

B) La Composante Informelle..........................................................55

1. Le Solde............................................................................ 56

2. Le Sabotage......................................................................57

3. L'usure..............................................................................58

CHAPITRE III.- Une Analyse Empirique des Institutions de Micro finance..........................................................................................61

Une Analyse Mondiale............................................................62

Une Analyse Empirique des Institutions de Micro finance en Haïti.....................................................................................64

Une Analyse Empirique du cas Léogânais.................................71

Présentation de la commune de Léogâne.........................71

Système Financier Léogânais.........................................74

Les Banques Commerciales......................................76

La MicroFinance à Léogâne........................................77

Conclusion.......................................................................................86 Bibliographie..................................................................................90

Table des Matières...........................................................................92

ANNEXE I

TABLEAU .- Les Grandes Institutions de Micro Finance en Chiffre

Grameen Bank BangladeshBancosol BolivieBank Rakyat Indonesia Unit DesaBadan Kredit Desa IndonesieFINCA Banques Villageoises
Membres2.4 millions81,503
2 millions d'emprunteurs,
16 millions d'épargnants
76558689986Montant Moyen du prêt ($us)$134$909$1007$71$191Durée typique du prêt1 année4-12 mois3-24 mois3 mois4 mois

Pourcentage de femmes membres

95%61%23%--95%Surtout rural/urbain ?RuralUrbainSurtout ruralRuralSurtout ruralContrats de prêts groupeOuiOuiOuiNonNonGarantie matérielle exigéeNonNonOuiNonnonAccent sur épargne volontaireNonOuiOuiNonouiProgression des montants de prêtsOuiOuiOuiOuiOuiPériodicité des remboursementsHebdomadaireFlexibleFlexibleFlexibleHebdomadaireClients cibles pour les prêtsPauvresSurtout non pauvresNon pauvresPauvresPauvresAutosuffisant financièrement ?Non Oui OuiOuiNonTaux d'intérêt nominal sur prêt (annuel)20%47.5-50.5%32-43%55%36-48%

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Source : Morduch 1999

QUESTIONNAIRE

A. - Identification de l'institution

Nom:............... .............................................Sigle ( )

Adresse:........................ ......................Tél.:........................

B.- Caractéristiques:

1) L'institution est présente dans la commune de Léogâne depuis:....../......./.........

2) Quelles sont les limitations géographiques de l'institution, les zones desservies:

...............

3) Quels sont les produits offerts par l'institution:

............................

4) Conditions d'éligibilité pour l'obtention d'un prêt chez vous:

a)............... ..............b)............ ........

c)......... ......................d)......... ......

e)............ .........................f)...... .............

5) Distribution de Crédit:

a.- Répartition des prêts distribués en gourdes

Année

Nombre de Prêt Octroyé

Montant en Gourdes

1999-2000

 
 

2000-2001

 
 

2001-2002

 
 

2002-2003

 
 

2003-2004

 
 

2004-2005

 
 
 
 
 

Tableau 2.-Distribution de l'encours des prêts par tranche (75.000,00 gdes et plus)

Période: 1993-2004

Tranche de

Prêts

Nombre

d'Emprunteurs

Nombre d'Emprunteurs en %

Encours des prêts en M.G

Encours des prêts en %

1993

75 000 à 249 999

1124

58

156,9

7

250 000 à 499 999

342

18

119,0

5

500 000 à 999 999

178

9

123,2

6

1 000 000 à 2 499 9999

158

8

240,3

11

2 500 000 à 4 999 999

63

3

219,6

10

5 000 000 ou plus

73

4

1372,8

61

Total

1938

100

2 231,8

100

1994

75 000 à 249 999

1061

55

148,8

6

250 000 à 499 999

361

19

125,4

5

500 000 à 999 999

196

12

138,5

5

1 000 000 à 2 499 9999

154

9

233,9

9

2 500 000 à 4 999 999

67

4

226,0

9

5 000 000 ou plus

81

5

1737,3

66

Total

1 920

100

2 609,9

100

1995

75 000 à 249 999

1154

51

163,0

5

250 000 à 499 999

436

19

152,6

5

500 000 à 999 999

267

12

188,7

5

1 000 000 à 2 499 9999

192

9

294,9

9

2 500 000 à 4 999 999

86

4

302,5

8

5 000 000 ou plus

125

5

2290,4

68

Total

2260

100

3392,1

100

1996

75 000 à 249 999

1254

49

179,0

4

250 000 à 499 999

527

20

185,3

5

500 000 à 999 999

321

12

226,0

5

1 000 000 à 2 499 9999

257

10

402,6

10

2 500 000 à 4 999 999

100

4

355,1

9

5 000 000 ou plus

137

5

2724,0

67

Total

2596

100

4072,0

100

1997

75 000 à 249 999

2031

48

294,4

5

250 000 à 499 999

812

19

287,7

5

500 000 à 999 999

528

12

370,9

7

1 000 000 à 2 499 9999

409

10

632,1

12

2 500 000 à 4 999 999

209

5

710,4

13

5 000 000 ou plus

242

6

3224,8

58

Total

4231

100

5520,3

100

1998

75 000 à 249 999

2448

46

346,6

5

250 000 à 499 999

1017

19

357,3

5

500 000 à 999 999

736

14

523,6

7

1 000 000 à 2 499 9999

564

10

882,7

11

2 500 000 à 4 999 999

244

5

850,4

11

5 000 000 ou plus

334

6

4645,2

61

Total

5343

100

7605,8

100

1999

75 000 à 249 999

2937

49

390,4

5

250 000 à 499 999

1107

18

392,1

5

500 000 à 999 999

736

12

515,6

7

1 000 000 à 2 499 9999

564

10

957,6

11

2 500 000 à 4 999 999

244

4

928,8

11

5 000 000 ou plus

334

6

5098,0

61

Total

5343

100

8282,5

100

2000

75 000 à 249 999

2954

46

387,9

3

250 000 à 499 999

1133

19

409,9

4

500 000 à 999 999

833

14

597,1

5

1 000 000 à 2 499 9999

681

10

1059,6

9

2 500 000 à 4 999 999

297

5

1034,8

9

5 000 000 ou plus

483

6

8333,5

70

Total

6381

100

11822,7

100

2001

75 000 à 249 999

3022

48

397,3

4

250 000 à 499 999

1033

17

366,4

3

500 000 à 999 999

801

13

570,4

5

1 000 000 à 2 499 9999

637

10

998,7

9

2 500 000 à 4 999 999

305

5

1056,9

10

5 000 000 ou plus

425

7

7264,5

68

Total

6223

100

10654.4

100

2002

75 000 à 249 999

2838

46

373.5

3

250 000 à 499 999

1043

17

370.8

3

500 000 à 999 999

820

14

586.6

5

1 000 000 à 2 499 9999

677

11

1065.1

9

2 500 000 à 4 999 999

298

5

1035.6

9

5 000 000 ou plus

448

7

8728.6

72

Total

6124

100

12160.0

100

2003

75 000 à 249 999

2541

43

338,0

2

250 000 à 499 999

1054

18

377,1

2

500 000 à 999 999

810

13

577,8

4

1 000 000 à 2 499 9999

698

12

1110,1

7

2 500 000 à 4 999 999

311

5

1104,1

7

5 000 000 ou plus

549

9

12501,3

78

Total

5963

100

16008.5

100

2004

75 000 à 249 999

2780

43

379,67

3.24

250 000 à 499 999

1123

17

400,44

3.41

500 000 à 999 999

874

14

623,16

4.89

1 000 000 à 2 499 9999

764

12

1215,46

8.98

2 500 000 à 4 999 999

326

5

1147,97

9.07

5 000 000 ou plus

595

9

8682,2

68.13

Total

6462

100

12743,7

100

Source : Banque de la République d'Haïti (BRH)

* 1 Cf . http://uncdf.org/francais/microfinance/documents-and-reports/country-faisibility/haitidb.php

* 2Cf . http://uncdf.org/francais/microfinance/documents-and-reports/country-faisibility/haitidb.php

* 3 Ibid

* 4 Ibid

* 5Depuis 2007, il n'y a que deux succursales de banque commerciale à Léogâne. BNC, SOGEBANK. Car la banque commerciale d'Etat (BNC) a fait l'acquisition de la SOCABANK

* 6 DAI/FINNET/Base de données sur les Institutions de Micro finance, Présentation des Résultats, Avril 2002.

* 7 Idem

* 8 DAI/FINNET/Base de données sur les Institutions de Micro finance, Présentation des Résultats, Avril 2002.

* 9DOUGLAS Greenwald, Encyclopédie Economique, Economica, Paris, 1984.

* 10 DOUGLAS Greenwald, Encyclopédie Economique, Economica, Paris, 1984.

* 11 Ibid

* 12 DOUGLAS Greenwald, Encyclopédie Economique, Economica, Paris, 1984.

* 13 DOUGLAS Greenwald, Encyclopédie Economique, Economica, Paris, 1984.

* 14 Ibid

* 15 Ibid

* 16Suite à l'acquisition de la PROMOBANK par la SOGEBANK et l'acquisition de la SOCABANK par la BNC en 2007 le système bancaire est maintenant constitué d'une banque centrale (BRH), de deux (2) banques commerciales publiques, de cinq (5) Banques Commerciales Nationales Privées et d'une banque d'Epargne et de Logement.

* 17 Par Stijn Claessens, Conseiller supérieur, et Neesham Kranz, Coordinatrice Communications & Connaissances, Vice Présidence du Secteur Financier, Banque Mondiale

* 18 Le sangle haïtien p.4






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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius