Comportement du prêteur
Le profit espéré du prêteur,
considérant les données du problème, est :
E (ðp) = ë [(1 +r)L - L] +(1 -ë) [q(1
+r)L - L]
où l'on a supposé que le prêteur a un
coût nul sur les fonds. La condition de
profit non-négatif, E(ðp) =0, implique
donc
ë (1 + r) +(1-ë)q(1 +r) - 1 ? 0
En mettant r en évidence,
Le taux d'intérêt sur les emprunts est donc une
fonction de ë et q: Pour mieux cerner l'effet de ces deux variables sur le
taux d'intérêt, posons :
,
et calculons les limites:
Ainsi, lorsque ë et q
tendent simultanément vers 0, c'est à dire lorsque la proportion
des types sûrs diminue en même temps que diminue la
probabilité que le type risqué rembourse, le taux
d'intérêt concurrentiel tend vers l'infini.
En général, au fur et à mesure que la
qualité des risques se détériore, le taux
d'intérêt augmente et, ce qui est crucial, les types sûrs
seront les premiers à quitter le marché, puisque rS
< rR:
Equilibre
Plusieurs cas doivent être distingués en fonction
de la relation entre ö; rS et rR.
Cas 1: < rS
Les deux types d'agents empruntent; le marché
fonctionne avec une proportion
(1 - q)(1 -ë ) de faillites.
Cas 2: > rS
Seul le type sûr sort du marché. Alors ë = 0
et E(ðp) = q(1 + r)L - L.
Le taux d'intérêt d'équilibre sera celui
pour lequel le profit du prêteur sera nul. La condition de profits nuls
E(ðp) = 0 implique alors q(1 + r) = 1 ou r = (1 - q)/q = ö,
ce dernier étant, on s'en souvient, le taux d'intérêt qui
garantit la couverture des coûts lorsque le marché n'est
constitué que d'agents risqués. Deux sous-cas sont à
considérer :
Cas 1a: rS < < rR
Alors (1-q)/q < (x'-L)/L, et le marché n'est
composé de plus que de mauvais risques. Le taux d'intérêt
est alors élevé.
Cas 2b: rR <
Alors (x'- L)/L < (1-q)/q, ce qui implique qx' <
1 : Cette relation ne peut être satisfaite que lorsque q s'approche
de 0. Le marché s'effondre alors complètement.
La nature du problème sur le marché du
crédit vient du fait que le prix a un double rôle.
Premièrement, le taux d'intérêt assure l'équilibre
entre l'offre et la demande et deuxièmement, il détermine la
qualité de la population sur le marché. Lorsqu'on a un continuum
de niveaux de « qualité » (c'est-à-dire de risques) au
lieu de deux niveaux comme ici (« sûr » et « risqué
»), on peut montrer que le marché s'effondre toujours.
Souvenons-nous que les hypothèses du modèle sont les
suivantes : information asymétrique, absence d'interactions
répétées, population hétérogène (mais
sans aléa moral), absence d'institution pour surmonter le
problème d'anti-sélection, enfin absence de garanties
(collatéraux.)
Par extension, le problème de l'asymétrie
d'information s'applique à d'autres marchés : le
marché du travail, dans lequel l'employeur ne sait pas s'il a affaire
à un bon ou un mauvais travailleur, ce qui peut mener à la
dégradation du marché »spot»; le marché de
l'assurance, en particulier dans le domaine de la santé, où
l'information asymétrique entre assureur et assuré engendre des
coûts élevés et des distorsions. C'est essentiellement pour
cette raison que des systèmes d'assurance obligatoire sont
imposés dans de nombreux pays.
En quoi les problèmes d'anti-sélection sont-ils
spécifiques, ou particulièrement aigus, dans les pays
émergents ? Tout d'abord, un environnement politique instable,
marqué par les risques de changements brutaux de politique, de coup
d'État, ou de violences inter-ethniques, augmentent le taux d'escompte
des agents et les incitent à se conduire comme dans un jeu dit «
one-shot », c'est-à-dire joué une fois seulement. Dans un
tel jeu, les effets de réputation ou les stratégies qui
permettent la coopération dans les super-jeux sont inutiles, rendant les
problèmes d'anti-sélection particulièrement aigus. La
défaillance des systèmes judiciaires et l'absence de garanties
qui en résultent contribuent à aggraver le problème.
Enfin, les institutions qui permettent de surmonter les problèmes
d'anti-sélection par la fourniture d'informations crédibles sont
souvent sous-développées dans les pays pauvres, remplacées
par des réseaux informels de type familial ou ethnique (qui cependant,
il faut le reconnaître, peuvent être eux-mêmes très
efficaces).
Dans ce même papier, Olivier Cadot, poursuit pour dire
tout n'est pas déficient dans le fonctionnement des marchés de
crédit dans les pays pauvres , en particulier en raison du
développement des systèmes de micro crédit fonctionnant
sur des principes différents des intermédiaires financiers
traditionnels. Des systèmes qui ont suscité un
intérêt considérable mêmes auprès des
institutions financières internationales plus précisément
la banque mondiale.
Ce qui aurait dû expliquer cette assertion de James
wolfensohn, président de la Banque Mondiale dans un article
publié dans un bulletin de la campagne du sommet du micro
crédit<Count down 2005>: la micro finance s'accorde tout à
fait avec la stratégie globale de la Banque mondiale. Elle permet
d'atteindre des millions de personnes très pauvres, en particulier des
femmes et de leur offrir l'accès à des services financiers
rentables et fiables auxquels elles n'auraient pas droit autrement ».
Ce qui sous entend que les IMF opèrent une certaine
démocratisation du crédit. La micro finance, née à
la fin du 20e siècle au début des années 1980,
est une réponse à l'exclusion des populations à faible
revenu par le système bancaire traditionnel. C'est un nouvel
élément du système financier qui permet aux agents
économiques exclus du système bancaire traditionnel en raison de
leur faible capacité économique d'accéder à des
produits financiers appropriés à leur besoin plus
particulièrement le crédit. La microfinance caractérise un
moyen de compenser les défaillances des systèmes locaux de
financement et d'améliorer les niveaux de revenu de cette
catégorie de la population formée en grande partie de micros et
de petits entrepreneurs. (Eustache Roi/DAI FINNET, 2003)
Bref, la microfinance est donc considérée comme
une structure de financement alternative ayant pour mission d'offrir des
services financiers aux exclus du système bancaire qui sont
généralement des agents économiques évoluant dans
le secteur informel. Considérant les différentes thèses et
papiers tentant d'expliquer l'existence de ce phénomène de
dualisme financier dont les économies des pays en voie de
développement en sont la proie, il serait important de jeter un coup
d'oeil sur le fonctionnement du système financier haïtien.
|