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Pour une Ethique Chrétienne du Leadership dans les Entreprises haitiennes

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par Jean-Cébert JEAN-CHARLES
Acadia (Faculté de Théologie Evangélique de Montréal) - Maitrise en Thélologie 2006
  

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CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES D'AVENIR-------------------------------------88

BIBLIOGRAPHIE----------------------------------------------------------------------------xvi

ANNEXE 1------------------------------------------------------------------------------------xvii

ANNEXE 2---------------------------------------------------------------------------------xxxiii

REMERCIEMENTS

L'élaboration de ce mémoire a entraîné la participation de plusieurs personnes. D'abord de mon Seigneur et mon Dieu qui m'a permis d'être ce que je suis, d'apprécier ce que j'apprécie, de voir ce que je vois, d'expérimenter ce que j'expérimente, et de faire ce que je fais. De mon épouse Sandra Valbrun devenue naturellement Jean-Charles, dont je salue la confiance et l'affection constante. Une femme qui donne tout et qui demande peu, ma meilleure moitie, ma chère et tendre, celle dont je considère comme étant le plus gros lot décroché de ma vie. Compagne extraordinaire, soutien indéfectible et sans pareil. En remerciement de sa compréhension, de sa patience, de sa persévérance et de sa compassion.

A mon père Jean François Ernest JEAN-CHARLES, celui qui m'a ouvert la voie vers l'acquisition de connaissances et vers une vie économique stable et un avenir assuré. A ma mère, Anne Clérilia Jean Louis, celle qui m'a permis d'être ce que je suis, en m'inculquant cette Evangile de grâce et qui répétait mes leçons quand j'étais écolier. A ma soeur Erniste ma deuxième mère, l'infirmière exquise, considérée comme le médecin de la famille, celle qui s'occupe trop de tout le monde et qui s'oublie souvent. A Claire ma ravissante petite soeur, celle qui a probablement écopé tous les maux et souffrances qui m'étaient destinés et qui les a survécus courageusement avec le support de son Dieu. A mon grand frère Hénock celui qui m'a toujours donné son support immanquable, et qui m'encourage toujours, moi, un homme très ordinaire à faire des choses extraordinaires. A mes garçons Olivier le génie et Sébastien the smartest et à ma fille Victoria (Vickie), ma princesse préférée, celle qui présente toutes les indications d'une fille qui saura contribuer à sa manière, à la communauté intellectuelle et spirituelle. Trois beaux enfants, réellement des dons du ciel, plus intelligents et surpasseront par la grâce de Dieu, de loin leur père.

Au Docteur Amar Djaballah, doyen de la Faculté de théologie évangélique de Montréal (Université Acadia) mon doyen, mon professeur, mon modèle qui m'inspire encore et toujours par son humilité, et qui a étayé ma pensée dans la réalisation de ce mémoire. Je suis infiniment reconnaissant envers le professeur Richard Lougheed pour sa participation et envers toutes les autres personnes dont leurs noms ne sont pas mentionnés ici, de qui la bienveillance à mon égard, tant en termes d'apport que de support s'est avérée prépondérante. Qu'elles soient par ces quelques lignes remerciées.

Je crois vivement que l'enseignement universitaire est très séduisant et plaisant à cause de cette opportunité de partage, de stimulation et d'enrichissement réciproque. C'est pour cela que je veux exprimer d'une façon particulière toute ma reconnaissance à mes étudiants de l'Université Quisquéya, de l'Institut Supérieur d'Administration et de Gestion (ISAG-CUMES), de l'Institut national d'Administration de Gestion et des Hautes Etudes Internationales (INAGHEI), avec qui, quand le temps le permettait j'avais des discussions intéressantes et enrichissantes. J'espère pour ma part les avoir aidés à poursuivre la route et à garder cet esprit de solidarité, de compassion et de devoir envers Haïti.

In fine, il ne me reste qu'à souhaiter que cette étude vive par elle-même et trouve sa raison d'être dans sa capacité d'aider à une meilleure pratique du leadership ou de l'autorité non seulement dans les organisations mais, dans les familles, les communautés, et dans l'État haïtiens.

Par sa grâce, et pour sa gloire,

Jean-Clébert Jean-Charles

SOMMAIRE

Dans les universités haïtiennes1(*) où nous enseignons le management, plusieurs étudiants nous font l'aveu suivant : « Professeur, en Haïti pour avoir du succès dans la gestion de son entreprise2(*), beaucoup de patrons conduisent habituellement leurs subalternes avec beaucoup de fermeté et d'autorité comme faisaient les anciens colons. Des fois ils arrivent à les abuser horriblement ». Cette révélation nous a poussé à donner des travaux pratiques aux étudiants et ce, pour nous permettre de mieux comprendre ce qui se passe dans ces entreprises. Étant donné que la majorité de ces étudiants sont déjà sur le marché du travail, nous leur avons demandé de traiter des sujets sur l'éthique, la gestion de l'autorité dans leurs entreprises, le pouvoir, la prise de décision, le  leadership, et plusieurs autres sujets connexes à la pratique du leadership.

Les résultats de ces travaux nous ont étonnement démontré qu'il existe un problème sérieux d'éthique du leadership dans plusieurs entreprises haïtiennes. Certains étudiants travaillant dans ces entreprises déclarent que généralement le leadership se manifeste par une application de l'autorité de façon totalitaire. La personne qui en est investie pense que tout le monde lui doit une obéissance aveugle. Elle ne tient compte ni des opinions, ni des suggestions de ses collaborateurs. Pour elle, il n'y a pas réellement des collaborateurs mais des subalternes. D'autres parlent d'abus de pouvoir, de harcèlement et de rapport tyrannique qui transparaît au sein de leurs entreprises. Pour eux, le patron est un chef sans coeur, détenteur d'autorité, et possédant le droit de « vie ou de mort » sur eux.

De l'autre côté, nos recherches nous permettent de constater, qu'en dépit des sérieuses révélations de ces employés, les patrons ne sont pas les seuls responsables de ces mauvaises pratiques. Il est vrai que la constitution haïtienne et le code du travail comportent des provisions légales pour contrecarrer ce genre d'abus, il est aussi vrai que le ministère des Affaires sociales devrait être en mesure de s'assurer que les droits des travailleurs ne sont pas lésés. Toutefois la réalité prouve le contraire. Qui pis est, beaucoup de problèmes structurels et conjoncturels ne permettent pas la mise en application de ces lois.

Le titre du mémoire que nous proposons est : « Pour une éthique chrétienne du leadership dans les entreprises haïtiennes ». D'abord nous croyons qu'il est important de mentionner que le problème de l'application d'une éthique du leadership n'est nullement un problème spécifiquement haïtien. De plus, quelques rares entreprises haïtiennes comme les banques commerciales tendent vers une gestion moderne et participative. Toutefois, nous admettons que la République d'Haïti est dans une situation très compliquée, avec un passé colonialiste, classé actuellement comme le pays le plus pauvre du continent américain, avec un taux de chômage très élevé, et une pratique de la justice très fragilisée. Tous ces obstacles influencent grandement les relations de travail au sein de ces entreprises.

Or, la documentation locale est presque inexistante sur ce sujet. Par ce travail, nous tenterons d'ouvrir une porte sur la façon de concevoir une éthique chrétienne du leadership dans les entreprises haïtiennes. C'est aussi une opportunité d'apporter des éléments que nous espérons constructifs sur ce sujet, pour l'édification des dirigeants d'entreprises, et aussi pour ceux qui subissent cette autorité et qui se sentent mal gouvernés. D'une façon générale, nous souhaitons que ce travail apporte une autre dimension à la gestion du pouvoir et la pratique de l'autorité dans ce pays et notamment à la façon de concevoir le leadership dans les entreprises.

Nous voulons également apporter un peu d'éclaircissement sur cette problématique affectant l'efficience et l'efficacité de plusieurs entreprises haïtiennes. Les théories sur le leadership nous offrent plusieurs principes à suivre. De plus nous sommes convaincus qu'en général autorité, énergie, stratégie et vision sont des caractéristiques d'un bon leader3(*). Néanmoins comme bon nombre d'auteurs le soutiennent, le leadership doit être compris à l'instar d'une relation entre un leader et un suiveur, tous deux partagent une même relation, celle de travailler ensemble. Ils font équipe et ont des responsabilités l'un envers l'autre pour la bonne marche de l'entreprise4(*) . Il y en a parmi ces théoriciens qui croient à la primauté de la tolérance et le droit de l'autre. Car disent-ils, l'environnement d'un homme est d'abord les autres hommes5(*) et le droit le plus strict de l'homme est de vivre sans souffrir6(*). Il doit pouvoir être capable de compter sur ses collaborateurs dans son milieu de travail. Ces points de vue sont positifs et contribuent à une certaine éthique du leadership et à une gestion moderne de l'entreprise. Toutefois le niveau d'éthique du leadership que nous proposons et qui nous dépasse est celui que procure l'Evangile. C'est cette autorité qui est déléguée par Dieu aux êtres humains et ces derniers doivent lui rendre compte de l'usage qu'ils en font. C'est l'amour et le désintéressement que procure l'Évangile qui doit être la boussole du dirigeant, le service son ambition 7(*) car c'est l'humilité qui précède l'honneur et non l'inverse (Pr 15 .33).

INTRODUCTION

Aucune entreprise ne peut être administrée correctement, sans l'exercice d'un leadership, cristallisant par un droit de commander qui se nomme autorité, et par une capacité de faire, qui se nomme pouvoir. L'autorité est nécessaire et même indispensable dans tout milieu où il y a une certaine hiérarchie. Sans elle, il n'y aurait ni ordre, ni respect des principes, et chaque individu n'en ferait qu'à sa guise. Une bonne pratique de l'autorité contribue manifestement au bon fonctionnement de tout groupe, petit ou grand, dont les membres veulent atteindre un ou plusieurs objectifs. Elle se révèle essentielle à une meilleure coordination de la vie de toute société, et demeure l'élément fondamental nécessaire pour prendre en main toute responsabilité qui nous est confiée, et de la mener à bien avec justice, modération et droiture. Tout employé a une obligation d'obéir à son patron. En agissant ainsi il accomplit sa tâche par un travail bien fait, sans négligence et sans perte de temps8(*). C'est également l'opportunité pour lui de chercher à se montrer digne de confiance8(*).

Dans la société haïtienne, nous rencontrons généralement une méconnaissance des termes, éthique, autorité, pouvoir, et leadership. Cette situation malencontreuse se retrouve non seulement dans plusieurs familles haïtiennes, représentant la plus petite cellule de la société, mais au plus grand organe qui est l'État, personnifié par le gouvernement. Même les agents économiques qui sont les entreprises ne sont pas épargnés. Les témoignages de plusieurs employés9(*) travaillant dans ces entreprises révèlent que la pratique de l'autorité est souvent galvaudée, mal comprise par ceux qui détiennent le pouvoir et qui malheureusement en font mauvais usage. Ils affirment que les mêmes éléments qui caractérisaient la société coloniale se retrouvent dans ces entreprises, c'est-à-dire l'autorité abusive du colon, l'anarchie, et une injustice très poussée10(*).

La pratique du système colonial résidait dans l'usage de la violence physique et psychologique. Comme de fait, il appert dans ces entreprises des patrons qui se considèrent comme des dieux procurant de la nourriture à des employés, ces derniers ne peuvent nullement revendiquer, sous peine d'être pénalisés ou même révoqués. Donc ils consentent à accepter leur situation. Ce sont des patrons qui profitent de la défaillance de l'Etat pour abuser de leur pouvoir. Pourtant l'Etat, conformément à la constitution haïtienne, a la responsabilité de faire « respecter, protéger, et exiger la liberté de conscience et de tout ce qui relève des droits des citoyens11(*)».

Nos recherches nous ont permis de constater qu'il y a eu une pratique très forte de l'autorité dans l'île depuis le temps des premiers habitants qui sont les Indiens, en passant par les périodes coloniales, jusqu'à nos jours. De l'autre côté, nous constatons qu'il y a certaines rares entreprises comme les banques commerciales qui tendent vers la pratique d'une gestion moderne et participative, donc il y a espoir en la demeure. C'est un exemple à notre avis qui doit être suivi par plusieurs autres entreprises. Nous devons suivre cette nouvelle façon de faire de la part de ces entreprises qui optent pour cette gestion moderne. Nous devons autant nous orienter vers de saines relations de travail dans nos entreprises. Notre passé colonial doit nous influencer dans un sens positif, en nous servant d'avant-garde. Nous devons essayer de comprendre et d'appliquer dans notre société cette phrase tirée de la bande dessinée américaine Spider man : « With great power comes great responsabilities ». Lorsque nous avons beaucoup de pouvoir, nous avons aussi beaucoup de responsabilités pour gérer convenablement ce pouvoir.

Nous devons ainsi comprendre que quels que soient les projets élaborés pour un meilleur avenir, tels qu'ils soient, ils devront obéir au principe éthique fondamental : « l'homme ne doit jamais être transformé en pur moyen »12(*). Il doit rester sujet de nos démarches et être considéré comme un partenaire. Ce qui à notre sens aidera à faire mieux asseoir l'autorité du patron et non l'anéantir. Dans notre étude nous proposons une éthique chrétienne du leadership, celle qui tient compte de l'être humain crée à l'image de Dieu et qui mérite un traitement spécial. Tout cela dans le but d'apporter notre contribution à ce départ engagé par certaines entreprises haïtiennes modernes comme les grandes banques commerciales.

Méthodologie

Ce travail de recherche tend à démontrer comment des principes d'éthique chrétienne du leadership peuvent être appliqués aux entreprises haïtiennes. L'étude comportera dans l'ensemble cinq grandes parties :

1. Dans un premier temps nous ferons une approche historico-culturelle pour essayer de comprendre si le passé a eu des influences sur la compréhension et la pratique du leadership en Haïti.

2. Des recherches effectuées auprès de plusieurs employés, dont un échantillon est annexé au mémoire, nous permettent de dégager des problèmes d'éthique du leadership constatés dans des entreprises haïtiennes. Un cours d'oeil sur la constitution et le code du travail nous permettent également de constater les provisions légales qui existent pour contrecarrer les pratiques d'abus d'autorité dans ces entreprises.

3. Le cadre théorique de nos recherches nous permettra de définir quatre concepts : éthique, autorité, pouvoir, et leadership.

4. Dans le chapitre quatre nous présenterons et démontrons que c'est l'éthique normative ou théologique qui apporte le plus. Celle qui rejoint les besoins de la personne tout en permettant le meilleur fonctionnement de l'entreprise. C'est ce qui nous motive à étudier ces concepts dans une perspective théologique et chrétienne. Ces concepts une fois élaborés, nous aideront à mieux articuler des principes d'éthique chrétienne du leadership pouvant s'appliquer aux entreprises haïtiennes.

5. En toute dernière analyse, nous verrons comment ces principes d'éthique élaborés et compris dans une perspective chrétienne peuvent être appliqués à ces entreprises haïtiennes.

Chapitre 1

ÉTUDE HISTORICO-CULTURELLE DU LEADERSHIP EN HAITI

1.8. Introduction

Certains affirment que l'homme est le produit de son milieu, d'autres déclarent que c'est la culture d'un peuple qui permet de définir ce qui caractérise les comportements des leaders d'un pays donné13(*). Gareth Morgan, le théoricien britannique qui a développé de multiples métaphores pour cerner les organisations et leurs modes de fonctionnement, a mis en relief les forces de l'image de l'organisation comme culture. Ainsi, souligne-t-il, la première force de la « culture organisationnelle » est qu'elle centre l'attention sur la signification symbolique de tous les aspects de la vie de l'organisation14(*). Car toute action, qu'elle soit développée dans un cadre formel ou un contexte informel, traduit un trait ou l'autre de la culture de l'organisation.

Une deuxième force de la métaphore culturelle présentée par Morgan, est de montrer que l'organisation repose ultimement sur des systèmes de valeurs et de significations partagées15(*). Dès lors qu'un leader réussit à créer, au sein de son organisation, cette vision commune en matière des finalités et du sens des actions, il lui devient aisé de faire face avec succès aux multiples défis et problèmes auxquels il est constamment confronté.

Une troisième force de la culture organisationnelle de Gareth Morgan est la contribution significative qu'elle apporte à la compréhension du phénomène de changement et des implications du changement pour la gestion16(*). De ce fait, les dirigeants des organisations doivent savoir qu'au-delà de la pression croissante des changements technologiques, économiques, politiques, juridiques, et autres, ils ont à se préoccuper de ce que les gens, en général, et leurs employés en particulier, perçoivent et pensent. Ils auront ainsi à être proactifs, précédent et accompagnant plutôt que subissant les modifications de la culture de leur organisation, en faisant la promotion des valeurs, des attitudes et des normes à la motivation des employés.

Si nous essayons de comprendre le point de vue de Gareth Morgan, nous verrons que c'est un fait réel, l'histoire d'un peuple rattachée à sa culture, peut largement fournir des éléments, servant de cadre de référence quand on veut étudier ou établir des caractéristiques spécifiques de cette société. C'est dans cette optique que nous allons étudier brièvement certaines périodes d'histoire du peuple haïtien, et ceci pour nous aider à comprendre si, effectivement, le passé historico-culturel a eu des influences sur la pratique du leadership dans ce pays.

1.9. Les limites de notre étude

Nous limiterons notre étude à trois périodes particulières de l'histoire d'Haïti. D'abord la période précoloniale, où le pays était habité par les Indiens, les premiers peuples de l'île. Ensuite nous regarderons la période coloniale, avec le débarquement de Christophe Colomb et les Espagnols qui ont passé la balle aux conquérants français, pour aller coloniser d'autres terres. De surcroît, nous verrons la période révolutionnaire, débutant par le soulèvement des esclaves, jusqu'à l'indépendance. Enfin nous regarderons la pratique du leadership des chefs d'états haïtiens à partir de l'indépendance jusqu'à récemment.

1.10. La période précoloniale

L'une des premières populations haïtiennes étaient composée par les Ciboneys17(*). Certains archéologues affirment que cette race vivait en Haïti bien avant les années 900 de l'ère chrétienne18(*). Leur prééminence prit fin avec la migration des Arawaks/Tainos qui les forcèrent à l'esclavage.19(*) Donc avant l'arrivée de Christophe Colomb en Amérique, l'île était habitée par les Tainos (Arawaks), des individus appartenant à la Race Rouge, incorrectement appelés Indiens. Ces habitants ont divisé l'île en cinq royaumes ou caciquats. Chaque caciquat était gouverné par un souverain qu'on appelait Cacique20(*).

1.10.1. La pratique du leadership dans le caciquat.

Le Cacique avait un pouvoir absolu et décidait de tout ce qui se passait dans son territoire. Il avait le pouvoir de déclarer la guerre et faire la paix. En fait ce dernier possédait le pouvoir de vie ou de mort sur les gouvernés. De plus ce pouvoir était héréditaire et de lignée maternelle : seulement le fils ou la fille de sa soeur aînée pouvait succéder à un cacique. Il contrôlait les finances en organisant la production agricole et la gestion des denrées de son caciquat. Enfin il exigeait une obéissance aveugle de la part des gouvernés.

1.11. La période coloniale

La période coloniale quant à elle est divisée en deux grandes périodes. D'abord il y a l'arrivée de Christophe Colomb accompagné des Espagnols. Lorsqu'ils ont vu la beauté de cette île verte, au coeur de ce bassin de mer majestueusement bleue, ils ont changé l'ancien nom Hayti21(*) pour Hispaniola22(*). Par ruse et par violence, ces envahisseurs ont littéralement pratiqué une politique de génocide contre les Indiens. Ensuite les Français sont venus s'établir sur les principaux points du littoral occidental de l'île 23(*). À leur arrivée, ils se sont battus contre les Espagnols pour enfin prendre le contrôle d'une bonne partie de l'Ile tout en réduisant à néant ses premiers habitants.

1.11.1. La période espagnole

Lors de son premier voyage, le 5 décembre 1492, le môle St. Nicolas, la partie Nord-ouest de l'île, est la seconde terre où débarqua Christophe Colomb et les Espagnols. Ces dominateurs s'emparèrent de l'île après des luttes parfois acharnées contre les Indiens. Toutefois, ils étaient beaucoup plus armés qu'eux, et les ont réduits en esclavage en les contraignant à de pénibles travaux dans les mines et dans les champs24(*). Ces Espagnols forcèrent les Indiens de payer un tribut annuel de coton, tabac, et de grains d'or à Colomb25(*). De surcroît, ils se sont appliqués à détruire de façon ordonnée l'organisation politique, sociale et religieuse de ces indigènes qui a débouché sur une extinction pure et simple de cette race. « En moins de 133 ans il ne restait aucun échantillon de cette race26(*)».

1.11.2. La période française

Aux environs de 1530, les Colons espagnols abandonnaient Haïti pour se livrer à la conquête des plus vastes terres de l'Amérique du Sud27(*). Comme une tempête soudaine, ce fut la cessation de l'essor d'Hispaniola. Il ne restait plus d'or à piller. Les Espagnols quittaient l'île vers d'autres lieux plus propices. Thomas Madiou nous dit à ce propos :

À la faveur de cette désorganisation, sociale, des hommes dont l'audace, l'énergie l'intrépidité, rappellent les incursions des Scandinaves dans le Centre et au midi de l'Europe s'établirent à Hispaniola qu'ils nommeront Saint-Domingue, et répandront la terreur de leurs armes parmi les Espagnols comme ceux-ci avaient jeté l'épouvante parmi les Aborigènes 28(*).

Néanmoins leur but était de conquérir toute l'Amérique. Les premiers établissements français furent pénibles à fonder et à conserver, « car les Espagnols restés dans l'Ile les attaquaient et les ravageaient souvent29(*)».

1.11.2.1. Le leadership chez les colonisateurs français

Cent ans après 1630 marque le début de la période française avec la venue des boucaniers aventuriers30(*). « À ce moment-là presque tous les Indiens avaient été, pratiquement, exterminés par les Espagnols31(*)». Ces boucaniers étaient les pionniers de la colonisation française. Par contre l'occupation française fut légalisée en 1697, quand l'Espagne a décidé de céder à la France, en vertu du traité de Ryswick, le tiers occidental de l'île32(*). Après la ratification de ce traité, les Français rebaptisèrent officiellement l'île Saint-Domingue. Pendant cette période de colonisation française, on constate un métissage important entre les Indiens, les noirs et les blancs. « De gré ou de force, les conquérants s'unirent aux Indiennes et eurent des enfants33(*)». Toutefois ces pauvres indiens mouraient par milliers, ne pouvant s'adapter au dur régime d'esclavage imposé pas les colonisateurs34(*).

1.12. L'arrivée des premiers noirs

C'est en 1501 sous le gouvernement de Nicolas Ovando que les premiers noirs firent leur apparition dans l'île. Ces humains étaient arrachés de leur continent par les écumeurs de la côte occidentale de l'Afrique intertropicale35(*). Ils ont laissé leur pays dépourvus de toute leur dignité, et sans que personne n'ait demandé leur point de vue. Ils étaient forcés de quitter leur terre natale, « enchaînés à fond de cale avec un mètre cube et demi d'air par individu avec un champs de manoeuvre très restreint, et soumis à 8 mois ou plus de transport transatlantique dans des conditions inhumaines.36(*)»« Ces gens étaient vendus aux Colons d'Amérique comme des bêtes de somme 37(*)», qui serviront à la production ordonnée par le maître en tant qu'esclaves, dépouillés de tout droit38(*).

1.12.1. La situation tragique des esclaves

« Balancé sur l'habitation, l'esclave sarclait, bêchait la terre, plantait 39(*)». Le travail débutait dès l'aube40(*). Pendant la récolte, il travaillait jusqu'à dix, onze heures du soir41(*). Cela a causé beaucoup de malaises. Ils avaient de la difficulté à accepter leur situation. « Par le suicide, l'infanticide, l'avortement, l'empoisonnement, et surtout le marronnage42(*)», ils démontraient aux colonisateurs qu'ils ne voulaient pas accepter leur piètre condition. Prenons par exemple le suicide, ce fléau représentait une manifestation reflétant le désespoir de la population servile face à la cruauté des blancs français43(*). Ces suicides se multipliaient et certains colons poussaient à fond leurs cruautés, faisaient couper la tête et les mains des suicidés44(*). « De plus, leur préoccupation était le rendement maximum de leur capital vivant45(*)». Ils imaginèrent divers procédés parfois très machiavéliques afin de garantir la rentabilité de leur investissement46(*). Témoins oculaires, Girard de Chatrans confirme : « Il n'est pas d'animaux domestiques dont on exige le travail et dont on donne si peu de soin47(*)».

Sans équivoque, le travail dans les champs de canne à sucre était très rigoureux, et il fallait que ces personnes obéissent aveuglement sans réflexion ni contestation. Le maître exigeait d'eux du respect à sens unique. De plus, cette époque coloniale était marquée de beaucoup de violence et de préjugés raciaux. L'esclave n'avait aucun droit de s'instruire. Il était traité comme un animal. L'abus d'autorité était de mise. Ce système autoritaire avait pour objectif d'éliminer à l'esclave tout sentiment d'honneur et de dignité. Face à cette cruauté, on ne peut que souscrire à la conclusion de Jean Fouchard : « St-Domingue fut un moulin à broyer les nègres autant que la canne est le principal tombeau de la traite48(*)» . De plus les militaires coloniaux commettaient des abus les plus révoltants et le système de justice était à leur merci. Ces individus considéraient la colonie comme une place forte, ils étaient les dirigeants suprêmes, et les habitants leur devaient une obéissance absolue49(*).

1.12.2. La période révolutionnaire

Trop occupés peut-être à s'enrichir, les colons de Saint-Domingue n'avaient pas mesuré les dimensions de la colère des esclaves et des affranchis50(*). Ils avaient compris les intentions de Toussaint Louverture et de ceux qui l'entouraient. Ils avaient vite fait de décapiter le mouvement en éloignant Toussaint de Saint-Domingue. C'était ainsi qu'ils avaient toujours procédé d'après plusieurs historiens, pour tuer dans l'oeuf les rébellions d'esclaves de Saint-Domingue. Mais Toussaint, avant de partir, leur avait fait savoir de façon catégorique qu'il reste sur l'île d'autres leaders qui continueront la bataille. En quittant, il a prononcé ces paroles célèbres :

 En me renversant on n'a abattu à Saint-Domingue que le tronc de l'arbre de la liberté des noirs ; mais il repoussera par les racines parce qu'elles sont profondes et nombreuses 51(*).

Les décisions de l'été 1793 et du 7 février 1794 mettaient légalement fin au droit de propriété du maître sur l'esclave52(*). Toutefois la pratique esclavagiste était toujours de mise à Saint-Domingue. Ces décisions déclaraient fort bien que l'homme soit élevé au même niveau où l'avait placé le Christianisme des réformateurs protestants53(*). C'est au premier janvier 1804 que Saint-Domingue a repris son ancien nom Haïti. Certains leaders révolutionnaires haïtiens, le libérateur Jean Jacques Dessalines, à leur tête, ont violemment expulsé les colonisateurs de l'île. Ce fut une victoire de la fierté haïtienne et pratiquement un massacre des oppresseurs.

À côté des énoncés et des pratiques prétendant affirmer l'indépendance nationale la plus farouche, le pouvoir d'État pratiquait la marginalisation des masses54(*). Dessalines le premier dirigeant de ce peuple libre avait lui-même établi un état dessalinéssien, avec une autorité farouche. Malgré sa perte de popularité il s'était assuré de garder le pouvoir par une dictature féroce après qu'il ait ordonné le massacre des colonisateurs55(*). La plupart des historiens haïtiens affirment que le massacre des colons était inévitable pour garder l'indépendance nationale. D'autres pensent que le contexte de l'indépendance exigeait même un pouvoir autoritaire. Ils déclarent que Dessalines avait eu raison d'agir de la sorte pour ne pas remettre en question les acquis de l'indépendance. Toutefois tous ces pères de l'indépendance tels que Toussaint Louverture, Jean-Jacques Dessalines, Henri Christophe, et Alexandre Pétion, pour ne citer que ceux-là, avaient un tempérament très fort et c'était eux qui appliquaient leur autorité unique pour faire fonctionner les choses. Ils dictaient aux gens ce qu'ils devaient faire. L'un des dirigeants contemporains est le docteur François Duvalier. Il agissait comme le tout puissant comme faisait le maître blanc lors de l'esclavage. Beaucoup d'historiens pensent qu'il croyait opérer le rachat du nègre en devenant lui-même le Nègre rigoureusement maître56(*). Décidément la pratique d'autorité de tous ces leaders était tout simplement très arbitraire.

1.13. Le leadership des chefs d'état haïtiens de l'indépendance à nos jours

Depuis 1804, date à laquelle Haïti a obtenu son indépendance, une série de gouvernements totalitaires se sont succédé. Ils étaient environ une cinquantaine parmi lesquels on retrouvait deux empereurs, au moins un roi et six présidents à vie. Les leaders haïtiens ont systématiquement reproduit leurs vies d'esclaves, en réclamant une soumission sans équivoque de la part des gouvernés. Parmi les 22 chefs d'état que connut Haïti de 1804 à 1915, seuls quatre d'entre eux étaient des civils. Plus de la moitié de ces gouvernements ont été renversés du pouvoir. Seulement huit chefs d'état ont terminé leurs mandats dont quatre sous l'occupation américaine. Des quatre autres qui ont terminé leurs mandats deux étaient des provisoires, Eugène Roy et Ertha Trouillot, la première femme a occupé ce poste. Les deux autres sont Sténio Vincent et René Préval57(*).

1.13.1. La pratique du leadership avant l'occupation américaine

Le 27 juillet 1915, le palais national d'Haïti est attaqué par des gens qui n'étaient pas d'accord avec ce qui se passait dans le pays. Le général Oscar Étienne a fait massacrer tous les prisonniers politiques. Le peuple par emportement s'empare du général, l'abat, met le feu à son cadavre et l'abandonne dans les rues de Port-au-Prince. Après les funérailles de ce général, la même population se porte à la Légation de France où s'était réfugié le président d'alors, Vilbrun Guillaume Sam. Elle arrache le président de la Légation, le tue, et son cadavre mutilé est traîné dans les rues de la capitale. Dès le lendemain l'occupation américaine a commencé58(*).

1.13.2. La pratique du leadership à partir de 1915 jusqu'à nos jours.

De 1915 à 1934, le pays est sous l'occupation du gouvernement américain; on assiste à des coups d'états et à des gouvernements de plus en plus éphémères. Cela a continué jusqu'en 1957, avec la venue du docteur François Duvalier au pouvoir. Ce régime a « institué la terreur dans le pays pour démoraliser le peuple59(*)». Il a mis une force parallèle à l'armée régulière pour terroriser la population. C'était les volontaires de la sécurité nationale (VSN), proprement appelés les Tontons macoutes. François Duvalier devenait l'autorité suprême. Cette société édifiée sur « le macoutisme était pour créer chez l'Haïtien un climat de panique et d'infériorité60(*)», « de pareils comportements n'étaient dus qu'à des éléments malhonnêtes 61(*)». Après avoir organisé, en avril 1961, des élections pour se faire réélire avant la fin de son mandat, il s'accapara définitivement du pouvoir en juin1964 en se faisant proclamer président à vie. Plus tard, voyant venir sa fin, il  nomme Jean-Claude Duvalier, son jeune garçon de 19 ans, comme son successeur et président à vie d'Haïti.

Dans un objectif de conserver le pouvoir, Duvalier se montra peu soucieux du développement du pays. Son objectif premier était de conserver son pouvoir par n'importe quelles formes de violence. Par ailleurs durant son administration, il prôna la promotion du noiriste, une classe d'Haïtiens qui, jusque là, était négligée. De plus ailleurs sous son gouvernement plusieurs des plus éminents ressources humaines du pays ont été exécutés ou exilés. L'économie se détériora à un point tel que Haïti devint le pays le plus pauvre de l'hémisphère après avoir connu une certaine période de gloire durant les années 50. En définitive la manière de gouverner de François Duvalier était décidément très brutale et féroce62(*).

Toutefois, en 1990, Haïti a voulu tourner la page de cette période despotique, axée sur des coups d'états, en organisant des élections. En s'insurgeant contre le régime des Duvalier, le peuple avait pour objectif d'arriver à la suppression des abus, de l'injustice, de l'humiliation pour ériger une nouvelle société sans discrimination.63(*) Mais l'arbitraire est un fait culturel dans ce pays qui malheureusement perdure.

1.14. Synthèse

Nos recherches nous ont permis de constater qu'il y a eu une pratique très forte de l'autorité depuis le temps des indiens, en passant par les périodes coloniales, jusqu'à nos jours. Lorsque nous regardons, de façon générale, comment les subalternes sont traités dans certaines entreprises haïtiennes, nous voyons qu'il y a un problème préoccupant de la pratique du leadership. Les témoignages de plusieurs employés démontrent que la cruauté et la répression qui en faisait rage durant l'administration coloniale se retrouvent maintenant dans les administrations publiques et privées haïtiennes. De plus nous constatons que la déshumanisation de la force de travail du temps des esclaves continue sous une autre forme dans nos entreprises. De l'autre côté, il existe certaines entreprises comme les banques commerciales qui tendent vers une gestion moderne et participative, avec des cadres qualifiés dans leur conseil d'administration, l'embauche des gestionnaires et des opérateurs spécialisés et une décentralisation de leurs services. A notre avis ces entreprises constituent un départ encourageant pour une éthique du leadership dans ce pays mais ne résout pas complètement le problème d'abus d'autorité, une autre éthique s'impose.

Nous constatons également que cette période de l'histoire haïtienne illustre très clairement le recours à la force brutale pour imposer ses vues et conceptions en matière d'organisation de la société. Dans l'ouvrage l'héritage colonial en Haïti, P. David  relate que plus nous étudions la nation haïtienne dans ses lointaines origines, plus nous demeurons convaincus que, soumise durant près de trois siècles au dégradant régime colonial, c'est-à-dire sous les ordres de l'occupant, sans avoir aucune liberté d'action, plus nous voyons que dans les premiers temps de sa vie indépendante, le pays a été toujours désorienté et trébuchant dans la recherche de son équilibre social et politique. « Et conséquemment, mieux on comprend certaines singularités de son état présent64(*)». C'est cette situation que nous retrouvons dans nos entreprises.

Si l'autorité du gouverneur à Saint-Domingue était très étendue, parce qu'il exerçait un pouvoir monstrueux, source de vexations infinies, il en est de même dans l'Haïti contemporaine, s'il faut en croire Frédéric Marcellin : « En dépit de nos constitutions qui déterminent et limitent son pouvoir, le chef de l'État est tout ». « Tout vient de lui et tout y revient65(*)». Ainsi, ces périodes de l'histoire haïtienne démontrent que l'autoritarisme constitue, sans conteste, l'un des traits dominants de notre système culturel et sociopolitique. Ses conséquences sont incalculables, car nous constatons le développement de cette forme d'abus d'autorité dans nos entreprises. Donc loin de se plier aux exigences du temps et du monde, la plupart de nos entreprises fonctionnement à l'image du passé en reproduisant ces différentes formes d'abus d'autorité. Il s'ensuit une certaine reproduction de la vision esclavagiste où le patron ou propriétaire contrôle tout, détient toutes les réponses, et à lui seul le monopole des différentes décisions à prendre dans l'entreprise.

Chapitre 2

DES TÉMOIGNAGES ET CE QUE DIT LA LEGISTATION

2.1 Introduction

Dans le but de comprendre comment l'autorité se pratique dans plusieurs entreprises haïtiennes, nous avons demandé à des employés de nous en témoigner. Parmi les remarques obtenues, certains disent qu'en Haïti, la pratique de l'autorité semble donner le pas à l'arbitraire et aux abus, bref à un dysfonctionnement surtout en ce qui concerne les entreprises de services publiques66(*). Selon d'autre le style du leadership en vigueur au sein de leurs entreprises combine à la fois des pratiques arbitraires de l'autorité, caractérisée par des abus, qui nous donne la forme d'une dictature masquée et même irrespectueuse des règles et des principes de droits du citoyen et des employés67(*). Regardons d'abord comment ces leaders d'entreprises démontrent leur leadership et aussi voir ce que dit la législation haïtienne sur les relations de travail.

2.2 Comment ces leaders d'entreprises démontrent-ils leur leadership?

Avant de démontrer comment les leaders d'entreprises en question démontrent leur leadership, nous devons mentionner qu'il existe de nombreuses différences entre une entreprise publique et une entreprise privée. Néanmoins, en ce qui concerne notre étude, nous ne faisons aucune différence, puisque les problèmes rencontrés aux deux endroits sont identiques. Par ailleurs, il nous parait nécessaire de faire une mise au point sur la situation de la fonction publique haïtienne.

2.2.1 Mise au point sur la situation de la Fonction publique

La commission Nationale de la Réforme Administrative (CNRA)68(*) rapporte depuis plusieurs années un dysfonctionnement grave de l'administration publique haïtienne. Cette étude révèle que ce problème ne date pas de la dictature. Nos recherches sur le passé historico-culturel ont corroboré que ce modèle de gestion axé sur l'autoritarisme n'est pas d'aujourd'hui. Le pillage des ressources et l'humiliation de l'être humain sont des choses courantes dans cette administration. Dans un tel contexte, la majorité des fonctionnaires de l'état ne sont pas considérés comme des professionnels qui ont obtenu des postes à cause de leurs qualifications mais comme des gens qui ont obtenu des faveurs ou des récompenses. Tout cela n'aide pas à une bonne pratique du leadership dans ces entreprises.

2.2.2 Les problèmes rencontrés

Parmi les mauvaises pratiques du leadership que les employés disent subir dans ces entreprises, nous retrouvons des problèmes de manipulation de la part des patrons, des pratiques arbitraires d'autorité, le non-respect des droits de l'homme, des problèmes de motivation des employés et le manque de communication entre les patrons et les employés. Certaines femmes parlent même d'abus sexuels de la part des patrons. Regardons de façon spécifique les problèmes les plus fréquemment rencontrés dans ces entreprises.

Certains employés déclarent que leurs patrons exercent un pouvoir dictatorial en les menaçant constamment de congédiement, de couper leurs salaires, et même de les priver de promotion. Pour ces employés, c'est de la manipulation. Ils l'utilisent pour satisfaire leurs propres intérêts et ceux de leurs proches au détriment de la majeure partie des employés. Ce n'est pas de la participation disent-ils, ils ne tiennent pas compte de nos besoins. Une autre forme de manipulation vient du fait que ces patrons savent que c'est très difficile de trouver un emploi. Ils s'empressent de vous révoquer pour un rien disent-ils pour ensuite vous remplacer par une personne qui accepte un salaire dérisoire. Nous retrouvons ces cas surtout dans les petites entreprises. Pour ces employés, l'autorité est basée sur la manipulation au lieu de la participation.

Plusieurs employés disent que les patrons ne tiennent pas compte des besoins de leurs subalternes. Ils sont souvent traités comme des esclaves; leurs patrons leur parlent avec brutalité, autorité, et non-respect. Ils disent être soumis à l'arbitraire sans frein de leurs patrons. Ces derniers peuvent disposer d'eux à leur gré. Pour ces patrons, les employés n'ont rien à dire même quand ils se sentent lésés ou victimes. Ils les humilient et exercent leur pouvoir comme des dictateurs, qui prennent tout en charge tout en les oubliant. Outre leur rôle de preneur de toutes les décisions, la plupart s'érige en juge bourreau. Ils licencient les gens injustement. Ils abusent de leur pouvoir, et traitent les subalternes comme des animaux qui n'ont aucun recours. Ils s'imaginent qu'ils peuvent vivre ou travailler seuls, déclarent ces employés. Ils ne nous tolèrent nullement et prennent plaisir à nous regarder souffrir.

D'autres employés déclarent que leurs patrons n'ont aucun respect des droits de la personne. Ils agissent en toute impunité et ne tiennent compte ni des lois nationales, ni des traités internationaux. Ils ne nous considèrent pas comme égaux à eux en tant qu'êtres humains déclarent-ils. Pour eux, nous ne devons pas vivre humainement et de façon décente. Ces patrons nous considèrent comme des machines qui sont là pour produire sans réfléchir, ni donner nos points de vue. De façon générale déclarent-ils, ils nous considèrent comme des choses et leur position d'autorité leur rend supérieurs à nous.

Dans la majorité des cas, déclarent ces employés, il n'y a pas de mesures incitatives visant à motiver le personnel, particulièrement les employés modèles. Le système de primes et de récompenses est au contraire occulté par certaines velléités de contenir ces efforts. De même, les promotions, distribuées sur l'initiative du service du personnel, ratent souvent la chance de reconnaître le mérite des plus capables. Ceci a pour effet de créer la frustration des cadres dont les efforts ne sont pas toujours reconnus et appréciés, et d'encourager la médiocrité. Ces employés déclarent que leurs patrons pratiquent le favoritisme, c'est-à-dire la qualification n'est pas leur principale préoccupation. Autrement dit, une personne peut occuper un poste sans avoir la qualification requise. Les tâches sont mal réparties. Les patrons embauchent leurs amis à des postes qui ne sont pas de leur niveau de compétence en oubliant souvent que le bon fonctionnement d'une entreprise dépend en grande partie d'un personnel qualifié. Pour eux, les patrons ne favorisent pas l'équité, ils tendent à préférer certains employés plus que d'autres.

Certains employés déclarent que leurs patrons parlent souvent et ne les écoutent pas. Ils ne les incitent même pas à parler, bref ils ne communiquent pas. En fait ces patrons ne sont jamais disponibles déclarent-ils. Ils entendent ce qu'ils veulent entendre et négligent le reste. Certaines femmes nous parlent d'abus sexuel. Elles s'imaginent n'avoir pas le choix de se laisser faire. Plusieurs déclarent que leurs familles ne savent pas ce qu'elles endurent au travail. Pour elles c'est l'enfer sur terre. Elles se retrouvent dans un dilemme : quitter l'emploi, c'est de ne plus avoir rien sous les dents. Rester c'est de se laisser faire et perdre sa dignité humaine. Les gestes de ces patrons sont très provocants déclarent-elles, dans le sens que pour eux c'est très naturel d'abuser. C'est une vie difficile ajoutent-elles, car nous sommes obligées de faire semblant de rien.

2.3 Certaines entreprises optent pour une gestion moderne

À ce point nous devons mentionner que l'éthique du leadership n'est pas en totale dérive au sein des entreprises haïtiennes. Il y a certaines rares entreprises privées comme les banques commerciales qui font des efforts dans ce domaine, pour non seulement maintenir un équilibre raisonnable mais pour arriver à tenir face à la concurrence des banques. De plus, toute banque commerciale haïtienne est régie par des lois et règlements fixés par la Banque de la République d'Haïti, (la BRH), communément appelée Banque centrale. Cette dernière établit des normes et procède à la vérification stricte du respect des procédures en matière de banque. Les banques haïtiennes doivent non seulement suivre à la lettre les consignes de la BRH, mais encore faire de leur mieux pour garder un standard international.

Dans ces types d'entreprises nous retrouvons une pratique de l'autorité plus ou moins conforme aux théories sur la gestion. L'entreprise est dotée d'un organigramme classique que la Direction tente de faire respecter par divers moyens. Par exemple les banques n'emploient pas deux personnes de la même famille, des spécialistes en gestion des ressources humaines, en formation, en communication sont régulièrement engagés pour prévenir ou résoudre certains problèmes organisationnels.

2.3.1 La structure typique des banques

Dans la majorité des grandes banques haïtiennes, nous retrouvons un conseil d'Administration qui, avec l'aide de la Direction de l'Audit Interne, contrôle le respect des procédures et l'utilisation rationnelle des ressources. Certains des membres du CA forment la Haute Direction de laquelle découle la Direction Générale qui a pour mandat l'exécution et l'évaluation du plan stratégique de l'Institution. Les tâches sont réparties et donnent naissance à plusieurs autres directions qui se partagent l'ensemble des activités de ces banques. Dans l'ensemble nous retrouvons des directions qui sont divisées en cinq grands groupes ou fonctions : Réseau et Opérations, Contrôle financier, Administration et Ressources humaines, Technologie et Marketing.

Par opérations nous entendons l'ensemble des activités génératrices de profit de la banque. Dans ce groupe nous retrouvons habituellement le Réseau, le Crédit, l'Administration de crédit et les Opérations. Ces entités travaillent directement avec la clientèle externe. Le réseau est également formé de l'ensemble des points de vente de la banque à travers le pays. Il inclut le Crédit et l'Administration de Crédit s'occupant essentiellement du placement des ressources en octroyant des prêts à la clientèle. Ces activités de crédit se réalisent sous la supervision de la Direction Générale et même parfois sous l'oeil du Conseil d'Administration.

Le Contrôle financier comprend la Comptabilité et le Contrôle de gestion. Il a pour mandat de s'assurer que les ressources financières sont efficacement utilisées. Il élabore et met en oeuvre des mesures pour inciter les autres directions à bien gérer les fonds qui sont à leur disposition. Sous le label Administration et Ressources humaines, nous retrouvons toutes les fonctions qui coordonnent la gestion des ressources humaines, matérielles, financières et informationnelles de la Banque. La direction des ressources humaines s'occupe du recrutement du personnel et de la formation des employés. Elle confie à un responsable le soin de faire la planification de la main-d'oeuvre, la sélection et l'embauche des candidats. Tandis qu'un responsable de la formation planifie toute la formations des employés.

La recherche et l'innovation sont du ressort de la Direction de l'Informatique et de la Technologie. Elle est mandatée pour mettre en place des projets structurés afin d'accélérer le développement et l'utilisation de la technologie. Elle est là aussi pour supporter et prodiguer des conseils à tous les départements quant à l'utilisation des nouvelles technologies. La direction du marketing qui a pour mission d'orienter l'entreprise vers le marché, s'occupe de la stratégie des banques à l'assaut des marchés et, d'autre part, la réaction du marché à cette tactique. Elle comprend l'unité d'Etudes et Recherches, le Marketing la Communication, et la Vente.

2.3.2 L'éthique du leadership des banques

Toutes les fonctions des banques sont mandatées pour exécuter et soutenir l'ensemble des activités de la Direction Générale. Il existe habituellement un va-et-vient de dossiers entre ces différentes fonctions. Toutes les tâches se réalisent pour atteindre un seul objectif qui n'est autre que celui défini dans la stratégie de ces banques. La Communication Interne est donc indispensable à l'intérieur de ces institutions.

Une des meilleures façons de juger du mode de leadership exercé dans une entreprise est la qualité de ses résultats et aussi la structure appliquée au sein cette entreprise. Pour chaque fonction de l'entreprise, il incombe aux responsables de mener à bien les tâches qui leur sont attribuées. Ils ont le pouvoir nécessaire de prendre des décisions et doivent généralement faire preuve d'autorité. Le succès que connaissent les banques prouve dans un certain sens la capacité de ces institutions de responsabiliser leurs collaborateurs, de gérer le personnel en créant un climat favorable à l'épanouissement des employés.

Se sentir concerné et valorisé crée chez l'homme la créativité, la motivation et l'esprit d'équipe. Cette atmosphère de travail ne peut exister sans le leadership. Une institution ayant ce mode de management ne peut que donner de bons résultats. Cette dynamique requiert la mise en place de tout un système de gestion au service des collaborateurs. C'est tout ce qu'on retrouve dans la plupart des banques du pays.

2.3.3 Les traits caractéristiques du système bancaire

Parmi les traits caractéristiques du système bancaire haïtien, nous retrouvons un code de déontologie. Ce code définit l'ensemble des règles et règlements de l'institution. Il explique entre autres le style de comportement à garder par tous les collaborateurs. La communication interne est aussi privilégiée dans certaines de ces institutions. C'est une cellule gérée par la Direction des Ressources Humaines. Sa mission première est d'informer les collaborateurs de toutes les activités et nouveautés de ces institutions. Cette communication est faite tant au niveau des responsables que du personnel de soutien.

Les banques commerciales sont les rares entreprises haïtiennes offrant des avantages sociaux. Nous y retrouvons des préparations à la retraite, des frais de transport, de lunch, des journées de familles etc. Généralement, il existe un environnement de travail acceptable dans les banques. Il est évident que le domaine bancaire requiert un niveau de risque et une attention particulière qui, dans certains cas, peuvent provoquer du stress. Ce climat tendu est pondéré par certaines activités récréatives créées en faveur de l'employé, surtout pour ceux faisant partie des Opérations.

2.4 La législation et les relations de travail

La constitution haïtienne et le code du travail sont clairs sur le traitement qu'on doit donner à une personne travaillant dans une entreprise. On doit les traiter avec respect et dignité. Pourtant dans la pratique, les choses sont très différentes. Dans cette partie de l'étude, nous allons énumérer quelques articles clés de la constitution et du code du travail sur la façon de traiter les employés. Ensuite nous verrons que dans la pratique, le code du travail et la constitution ne sont pas respectés. De plus nous verrons que des problèmes structurels et conjoncturels ne permettent pas la mise en application de ces lois.

2.4.1 La constitution et le traitement des employés 

Dans la Constitution de 1987 nous trouvons ces renseignements sur la liberté du travail :

« La liberté de travail est garantie, tout citoyen a pour obligation de se consacrer à un travail de son choix en vue de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille69(*)

Tout employé d'une institution privée ou publique a droit à un juste salaire70(*).

L'État garantie au travailleur l'égalité des conditions de travail et de salaire71(*)...

2.5 Le code du travail et les droits des travailleurs 

Le code du travail stipule que :

Tous les travailleurs sont égaux devant la loi et bénéficient de la même protection et des mêmes garanties72(*).

Tout travailleur a le droit de participer par l'intermédiaire de ses délégués à la détermination collective de ses conditions de travail. L'État encourage ces négociations en vue de la conclusion des contrats collectifs de travail73(*).

Le travail jouit la protection de l'Etat et n'est pas un article d'exploitation... Le travailleur ne vend ni son travail, ni sa personne... il a la protection de l'Etat74(*).

Afin d'améliorer la situation économique des travailleurs, l'Etat prendra des mesures appropriées pour :

- promouvoir le plein emploi ;

- encourager la création et le fonctionnement d'activités de production et de consommation75(*).

2.6 L'application de la législation dans les entreprises

Théoriquement le Code du travail annoté a pour objectif d'assurer le bien-être du travailleur en favorisant le relèvement de son niveau de vie sur le plan physique, moral, matériel et spirituel, et aussi pour harmoniser le rapport du capital et du travail. L'État a pour devoir d'assurer la protection des travailleurs d'améliorer leurs conditions de vie. Les taxes que l'Etat prélève sur les travailleurs, les commerçants et autres doivent servir à créer des emplois et à répondre aux besoins de la population. Pourtant dans la pratique, le salaire minimum fixé par l'État est de 70 gourdes par jour, inférieur à $2.00 US  mais bon nombre d'entreprises refusent d'appliquer cette loi. Compte tenu de la crise économique qui s'accentue au fil des ans, les gens conçoivent bien de se plier à l'exploitation ou subir le chômage.

De surcroît, on constate qu'en Haïti, l'industrialisation prend une tournure toute spéciale. Les intérêts des entrepreneurs sont solidement garantis au détriment de ceux des ouvriers producteurs. Donc le travailleur se trouve livré, pieds et mains liés au bon vouloir du Patron, les syndicats ayant cessé toute activité durant les trente ans de la dictature des Duvalier76(*). Et même après cette période dictatoriale, ils sont sans pouvoir et ne pouvant défendre les salariés. C'est la loi du plus fort, de celui qui dirige et contrôle. Les valeurs fondamentales et constitutionnelles comme la liberté, le respect des droits humains et l'équité économique sont négligées.

En Haïti plusieurs problèmes structurels et conjoncturels ne permettent pas la mise en application de la constitution et du code du travail. Les statistiques de 1987 rapportent qu'en Haïti, plus de 500,000 des enfants âgés de 6 à 12 ans ne fréquentent aucune école. 75% de la population sont analphabètes. 117 des enfants sur mille meurent à leur naissance. Seulement 11,700km² sur les 27,800 sont cultivés. Le revenu annuel per capita ne dépasse pas $250 US. Haïti a un taux de croissance démographique le plus élevé de l'Amérique. Le chômage frappe plus de 60% de la population. Le rapport mondial 2003 du PNUD classe Haïti 150ième sur 175 pays en ce qui concerne le développement humain. Il est le seul pays de l'occident et le seul des pays les moins avancés (PMA) avec un faible développement humain. Le pays vit une crise de société, la plus totale et la plus grave de son histoire de peuple et de nation77(*). D'après Eddy Etienne, la tolérance et le respect de l'autre ne sont que de vains mots.78(*) Ce qui n'aide pas à la mise en application d'une éthique du leadership.

2.7 Synthèse du chapitre 2

Dans cette partie de l'étude nous avons fait les constatations suivantes :

1) Beaucoup de patrons haïtiens utilisent de la manipulation dans leurs relations avec les employés. Ils font du chantage en leur menaçant de congédiement, de coupure de salaire, et de privations de promotions.

2) Ces patrons exercent des pratiques arbitraires d'autorité. Les employés sont souvent traités avec brutalité, autorité démesurée, et non-respect.

3) Certaines entreprises n'ont aucun respect des droits de la personne humaine. De plus ni les lois nationales, ni les traités internationaux ne sont pas respectés dans ces entreprises.

4) Il n'existe aucune mesure incitative de la part des patrons visant à motiver le personnel.

5) Pour certains patrons le favoritisme prime sur la compétence et les qualifications. Ces patrons embauchent leurs amis à des postes qui ne sont pas de leurs compétences. Ils ne favorisent pas l'équité et tendent à préférer certains employés moins compétents au détriment des autres.

6) Dans plusieurs de ces entreprises, les problèmes de communication sont de mises, car ces patrons parlent souvent et n'écoutent pas les employés.

7) Plusieurs femmes subissent des abus sexuel. Elles s'imaginent n'avoir pas le choix de se laisser faire. Ces femmes se retrouvent dans un dilemme : quitter l'emploi, c'est de ne plus avoir rien sous les dents. Rester au travail, c'est se laisser faire et perdre sa dignité humaine.

8) Certaines entreprises comme les banques commerciales haïtiennes tendent vers une gestion participative et moderne. Avec une supervision et un renforcement rigoureux des règlements par la Banque Nationale de la République (BRH), un code déontologique, une communication interne bien définie, des avantages sociaux pour les collaborateurs, un environnement acceptable. Bref ces institutions ont tout ce qu'il faut pour pratiquer une éthique du leadership.

9) Dans la pratique les lois haïtiennes sur les relations de travail ne sont pas respectées, et de plus des problèmes structurels et conjoncturels ne permettent pas la mise en application de ces lois.

* 1 En Haïti, nous enseignons le Management et la Stratégie dans les principales universités du pays. Les copies des plans de cours se trouvent annexées à ce mémoire.

* 2 Il y a effectivement une différence entre une entreprise et une organisation. D'après plusieurs théoriciens en gestion, une Entreprise est l'action d'entreprendre, une initiative et une action conduites de façon volontaire et organisée en vue d'atteindre un objectif économique ou social. Tandis qu'une organisation est un groupe de personnes engagées dans des activités spécialisées et interdépendantes, en vue d'atteindre un but ou de réaliser une mission commune. Pour faciliter notre étude ces deux concepts sont utilisés au même titre.

* 3 La Revue d'affaires de Havard, « Styles de leaders», Paris, Éditions d'organisation, 2002, p.188.

* 4 Walter C. WRIGHT, Relational Leadership : a Biblical Model for Leadership Service, Carlisle, Paternoster Press, 2000, p. xi.

* 5 J.-F. COLLANGES et al. L'intolérance et le droit de l'autre, Genève, Labor et Fides, 1992, p. 20.

* 6 Ibid., p.32.

* 7 Philip GREENSLADE, Leadership, Greatness & Servant hood, Minneapolis, Bethany House Publishers, 1984, p. 1.

* 1 Robert SOMERVILLE, L'Éthique du travail, Méry-sur-Oise, Éditions Sator, 1989, p.105.

* 8 Ibid.

* 9 Un échantillon des témoignages de plusieurs universitaires travaillant dans des entreprises haïtiennes est annexé au mémoire.

* 10 Ibid.

* 11 Hans KÜNG, Projet d'éthique planétaire, Paris, Éditions du Seuil, 1991, p. 56.

* 12 Ibid., p.62.

* 13 Richard W. WOODMAN et al, Management des organisations, Bruxelles, De Broeck, 1992, p. 307.

* 14 Gareth MORGAN, Images de l'organisation, 2ième édition, Québec, les Presses de l'Université de Laval, 1999, p. 142.

* 15 Loc. cit.

* 16 Gareth MORGAN, op.cit., p. 144.

* 17 Michel AUBOURG, Haïti préhistorique : mémoire sur les cultures Précolombiennes, Ciboney et Taïnos, Port-au-Prince, Imprimerie de l'État, 1951, p. 38.

* 18 Ibid.

* 19 Jean Ledan FILS, À propos de l'histoire d'Haïti, saviez-vous que., vol. 1, Port-au-Prince, Éditions Henri Deschamps, 1996, p. 13.

* 20 Jean-Claude DORSAINVIL, Histoire d'Haïti cours supérieur, Port-au-Prince, Éditions Henri Deschamps, 1989, p. 11.

* 21 Nom qu'avait donné les habitants de Cuba à l'île soeur.

* 22 Nom que les Espagnols donnaient à l'île, à cause de sa beauté majestueuse.

* 23 Jean-Claude DORSAINVIL, op.cit., p. 37.

* 24 Faine SCHARON, Toussaint Louverture et la révolution de Saint Domingue , tome 1 et 2, Port-au- Prince, Imprimerie de l'État, 1957, p. 4.

* 25 Jean-Claude DORSAINVIL, op.cit, p. 25.

* 26 Faine SCHARON, op.cit., p. 4.

* 27 Jean LEDAN, op.cit., p. 31.

* 28 Thomas MADIOU, Histoire d'Haïti, Tomes, I, II, & III, Port-au-Prince, Éditions Henri Deschamps, 1989.

* 29 Jean-Claude DORSAINVIL, op. cit. p. 37.

* 30 Les français à Saint-Domingue (Haïti) formaient trois groupes : les Flibustiers qui étaient des pirates, les Boucaniers demeuraient à terre, ils chassaient les boeufs et les cochons sauvages, et les habitants qui étaient des anciens Flibustiers ou Boucaniers ayant renoncé à leur vie dangereuse pour se livrer à la culture de la terre.

* 31 François LATORTUE, Haïti et la Louisiane, Port-au-Prince, Presses de l'imprimeur II, 2001, p.6.

* 32 Ibid., p. 6.

* 33 Jean Ledan FILS, op. cit., p. 31.

* 34 François LATORTUE, op.cit., p. 6.

* 35 Benoit JOACHIN, Les racines du sous-développement en Haïti, Port-au-Prince, Henri Deschamps, 1979, p.13.

* 36 Ibid.

* 37Ibid.

* 38 Ibid.

* 39 Jean Reynold JEAN-PIERRE, La révolution dans Saint- Domingue , Port-au-Prince, Presses nationales d'Haïti, 2003, p. 13.

* 40 Ibid.

* 41 Ibid.

* 42 Jean Reynold JEAN-PIERRE, Sur la route de l'esclavage, Port-au-Prince, Presses nationales d'Haïti, 2000, p. 89.

* 43 Ibid., p. 57.

* 44 Ibid.

* 45 Jean Reynold JEAN-PIERRE, op. cit., p.15.

* 46 Ibid. p. 57.

* 47 Ibid. p. 13.

* 48 Ibid. p.15.

* 49 Michel HECTOR, et Moïse CLAUDE, Colonisation et esclavage en Haïti, Port-au-Prince, Les Éditions Henri Deschamps, 1990, p. 90.

* 50 Les Affranchis étaient des esclaves qui se sont rendus libres par leurs maîtres.

* 51 Jean Claude DORSAINVIl, op. cit., p.100.

* 52 Jean Reynold JEAN-PIERRE, op. cit., p. 31.

* 53 Faine SCHARON, op. cit. p. 9.

* 54 Laëmnec HURBON, Comprendre Haïti, Port-au-Prince, Éditions Henri Deschamps, 1987, p. 91.

* 55 Gaétan MENTOR, Dessalines, l'esclave devenu Empereur, Pétionville, Les Presses de l'imprimerie le Natal, 2003, p. 40.

* 56 Pour plus de précision à ce sujet, le lecteur lira les travaux du professeur Gérard PIERRE-CHARLES, en particulier sa Radiographie d'une dictature, Mexier, 1969 ; ou du professeur Lesly MANIGAT, Haiti of the Sixties Object of International Concern, Washington, D.C, John Hopkin University,1969.

* 57 Ce paragraphe est inspiré d'un ouvrage haïtien que nous avions lu et que nous avons malheureusement de la difficulté à nous rappeler du nom de l'auteur, nous nous en excusons auprès de ce dernier. Toutefois ces données ont été vérifiées dans le manuel d'histoire d'Haïti du Dr Jean-Claude DORSAINVIL, Histoire d'Haïti cours élémentaire et moyen, Port au Prince 1944 .

* 58 Jean Claude DORSAINVIL, op.cit., p. 216.

* 59 Jean Tolly VOLTAIRE, La vérité politique, Port-au-Prince, Imprimerie nouvelle 1989, p.19.

* 60 Ibid.

* 61 Ibid.

* 62 Éddy V. ÉTIENNE, Haïti 1884-2004 :Deux cent ans de grands combats diplomatiques et de luttes intestinales minables, Port-au-Prince, Imprimerie Lakay, 2004, p. 90.

* 63 Ibid., p. 20.

* 64 David PAINE., L'héritage colonial en Haïti, Madrid, Presses nationales, 1950, p. 7.

* 65 Ernst BERNADIN, Histoire économique et sociale d'Haïti de 1804 à nos jours : L'État complice et la faillite d'un système, Port-au-Prince, Deschamps, 1990, p. 21- 23.

* 66 Voir annexe B : témoignages de plusieurs universitaires, employés dans des entreprises haïtiennes.

* 67 Ibid.

* 68 Commission Nationale de la Réforme Administrative, Port-au-Prince, Haïti Rapport de juillet 1997.

* 69 Constitution haïtienne de 1987, art. 35, Presse nationale, Port-au-Prince, Haïti

* 70 Ibid., art. 35-1.

* 71 Ibid., art. 35-2.

* 72 Code du travail haïtien, art. 3., Presse nationale, Port-au-Prince, Haïti

* 73 Ibid., art. 5.

* 74 Ibid, art. 8.

* 75 Ibid., art. 11.

* 76 Ernst A. BERNARDIN, L'espace rural haïtien, Vol. 2, Port-au-Prince, Collection les classiques de l'Université, 1997, p. 167.

* 77 Eddy, V. ETIENNE , Haïti 1804-2004 : deux cent ans de grands combats diplomatiques et de luttes intestines minables, Port-au-Prince, Presses de l'imprimerie Lakay, 2004, p. 134.

* 78 Ibid.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard