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Géostratégie de la Caspienne

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par Clément Vigneaud
Institut d'Etudes Politiques d'Aix-en-Provence - 2e année du Diplome 2008
  

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Relations Internationales Contemporaines

Géostratégie de la Caspienne

Institut d'Etudes Politiques
Aix-en-Provence

Année 2007-2008

A) Localisation géographique et caractéristiques 1

B) Enjeux et problématiques régionales 1

1) Le pétrole 1

2) Le gaz 2

3) La pêche et le commerce du caviar. 2

4) Le statut de la mer caspienne 2

5) L'eau et Lesfluctuations du niveau de la mer 3

6) La pollution 3

7) Les enjeux pour l'Europe 4

C) Les ressources naturelles des pays limitrophes de la Caspienne 4

1) Le Kazakhstan 4

2) L'Azerbaïdjan 5

3) Turkménistan 5

4) La Russie 6

5) L'Iran 6

D) Un retour au « grand Jeux » 6

II) La Caspienne ; une région géostratégique qui suscite toutes sortes de tension 7

A) Les rivalités dans l'accès aux ressources naturelles. 7

1) La course aux énergies 7

2) Une puissance énergétique quifait poids sur la scène internationale 8

3) L'occident, entre dépendance et pragmatisme 8

B) Affrontements de puissances et jeux de dominations 9

1) Une perte de l'influence Russe ? 9

2) L'affrontement américano-soviétique pour la domination de la Caspienne.9

3) Isoler l'Iran 9

4) L'organisation de coopération de shanghaï, un nouvel enjeu. 10

III) La question de l'acheminement du gaz et du pétrole vers l'Europe 10

A) La « guerre des oléoducs » 10

1) Les oléoducs existant et en activité 10

· De l'Azerbaïdjan à la Russie 10

· Du Kazakhstan à la Russie: Caspian Pipeline consortium (CPC) 11

· De l'Azerbaïdjan à la Géorgie: l'oléoduc Bakou-Soupsa 11

· De l'Azerbaïdjan à la Turquie : Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) 11

2) Les projets et les oléoducs en construction 11

· Kazakhstan Caspian Transportation System (KCTS), 11

· D'Azerbaïdjan en Turquie, le «double corridor». Bakou-Tbilissi-Erzerum 11

· Trukménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde 12

· Les projets vers la Chine 12

· Un oléoduc Caspienne-baltique ? 12

3) L'affrontement entre la Russie et les pays de la Caspienne pour l'approvisionnement de l'europe; Le projet Nabucco 12

B) Les positions internationales 13

IV) Défense et sécurisation de la Caspienne, 14

A) La Caspienne; base arrière américaine 14

B) Vers une militarisation de la Caspienne ? 15

C) La nouvelle donne géopolitique, Moscou-Washington-Téhéran 15

V) Annexes 17

VI) Bibliographie 20

Géostratégie de la Caspienne

La région de l'Asie Centrale, dominé par la mer Caspienne apparaît aujourd'hui comme un nouveau centre de gravité sur la scène internationale. Bien que peu présente dans les medias, la littérature faisant référence aux enjeux internationaux dans la region de la Caspienne s'est multiplié depuis les 20 dernières années. La chute de l'URSS et la disparition du système soviétique ont laissé la porte ouverte à une nouvelle donne géopolitique dans ce que l'on appelle désormais les anciennes républiques soviétiques d'Asie Centrale, c'est à dire le Kazakhstan, l'Azerbaïdjan, l'Ouzbékistan, le Turkménistan, le Kirghizistan, et le Tadjikistan. L'accès de ces pays à l'indépendance à partir de 1991 et leur émancipation par rapport à Moscou à fortement remodelé le paysage géopolitique, énergétique, économique et diplomatique de la région. L'étude géostratégique de la Caspienne apparaît dans cette optique riche et intéressante dans la mesure ou elle renferme des dimensions récentes et en constante évolution, ce qui contribue grandement à structurer les relations internationals de nos jours en Asie Centrale mais également à l'échelle du monde entier.

S'intéresser à la géostrategie d'une région, c'est faire l'étude approfondie des enjeux, des conflits d'interêts, et des rivalités qui sont liés à cette région. C'est prendre en considération toutes les dimensions géopolitiques, humaines, et naturelles qui font la singularité d'une zone donnée pour tenter de comprendre la situation à un moment donné. Etudier le thème de la géosratégie de la Caspienne nous invite donc à nous pencher sur de nombreuses problématiques tant energétiques que diplomatiques et pose la question de la situation actuelle. Ainsi cela nous amène à étudier à la fois la géopolitique 1, c'est à dire les implications politiques de la géographie, les Relations internationales, et l'histoire de cette région, de manière à dresser un «tableau» global sur la situation actuelle de celle-ci, gardant à l'esprit que cette situation, parce qu'elle est liée aux acteurs étatiques et aux relations internationales, est en constante évolution.

1 Dans son ouvrage intitulé, les Grandes puissances du présent Le professeur de science politique suédois Rudolf Kjellén, définit la géopolitique comme étant « la science de l'État comme organisme géographique ou comme entité dans l'espace, plaçant celui-ci en rapport avec sa géographie, son espace, son milieu »

A Localisation géographique et caractéristiques

La mer Caspienne est une mer intérieure d'une superficie de 370 000 kilomètres carrés. Elle s'étend sur 1300 kilomètres du nord au sud et sur 300 kilomètres d'ouest en est. Elle est bordée par la Russie, L'Iran, le Kazakhstan, le Turkménistan, et l'Azerbaïdjan. Sous domination russe au XIXe siècle, la Caspienne était liée à l'URSS et au système dit des Cinq Mers (mer blanche, mer Baltique, mer d'Azov, mer Noire et mer Caspienne). La chute du régime communiste en 1991 et la dislocation des anciennes républiques soviétiques d'Asie centrale a complètement modifié la structure géopolitique de cette région.

Cette mer se caractérise par d'importantes réserves naturelles en pétrole et en gaz. Elle se caractérise également par son absence de statut juridique. Cela constitue un des problèmes majeur. Les États riverains n'arrivent pas à décider s'il s'agit d'une mer ou d'un lac, l'exploitation des ressources d'une mer et d'un lac n'étant pas régies par les mêmes règles en matière droit international, cela pose problème en ce qui concerne l'accès aux ressources et le partage des zones maritimes.

Dès la chute de l'URSS, les nouveaux états indépendants regroupés dans la CEI, voient dans le pétrole un moyen de nourrir leur budget et de conforter leur indépendance vis-à-vis de l'ex URSS. L'ensemble des ex républiques soviétiques d'Asie centrale cherchent donc à acquérir une totale indépendance vis-à-vis de Moscou. Cependant le partage des richesses naturelles ne se fait pas de manière égale compte tenu de la position géographique des pays et des découpages frontaliers qui suivent 1991. Certains pays, surtout ceux bordant la mer caspienne ( Azerbaïdjan, Kazakhstan, Turkménistan ) se retrouvent en possession de davantage de richesses naturelles. Dès lors les disparités et les tensions commencent, et la Caspienne qui se trouvait être un bassin de ressources naturelles déjà largement convoité devient un espace de tensions ou chaque pays limitrophe revendique des droits dans le partage de la mer et l'accès aux ressources.

Au sein de ce dossier, nous aborderons plus particulièrement le cas de la Russie, du Kazakhstan, de l'Iran, du Turkménistan, de l'Azerbaïdjan.

B Enjeux et problématiques régionales

Les principaux enjeux régionaux sont bien évidemment le pétrole et le gaz. L'exploitation des très importantes réserves on-shore et off-shore est d'un intérêt vital pour les pays riverains qui produisent et pour les pays occidentaux qui importent. Au delà des problématiques énergétiques, la caspienne est aussi un lieu de tensions pour la pêche, la production de caviar, la navigation et de nombreux problèmes sont liés à l'environnement, à la pollution ainsi qu'à la gestion de l'eau. Par conséquent ce sont tous ces enjeux qu'il s'agit de prendre en compte.

2

1) Le pétrole

En 2003, la production des pays de la Caspienne (exceptés l'Iran et la Russie qui ne produisent pas encore en offshore) s'élevait à 1,5-1,7 million de barils par jour. En 2010, elle devrait se situer entre 2,4 et 5,9 millions de barils par jour. Sont principalement concernés les pays du nord de la Caspienne : le Kazakhstan et l'Azerbaïdjan. Avec une consommation faible, ils exportent une grande partie de leur pétrole.

2 «Données sur le pétrole »,Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)

Géostratégie de la Caspienne

Selon certaines prévisions occidentales, la demande mondiale sur le pétrole doublera durant les 25 prochaines années, pour passer de 70 millions de barils par jour, à 140 millions vers 2020. Trois régions du monde sont capables de répondre à cette demande : le Moyen-Orient, l'ex-URSS et la Chine qui disposerait d'importantes réserves.

2) Le gaz

La région de la mer Caspienne contiendrait entre 6 % et 10 % des réserves mondiales de gaz naturel. Au sein de cette région, les Républiques du Turkménistan, du Kazakhstan, détiennent de grandes quantités de réserves prouvées et figureraient ainsi parmi les vingt pays disposant des plus importantes réserves de gaz naturel au monde. L'accès à ses puits constitue un enjeu principal pour l'Europe dont la consommation de gaz est croissante depuis les 20 dernières années.

3) La pêche et le commerce du caviar.

Le secteur de la pêche est aussi une cause de litige entre les Etats riverains de la Caspienne, principalement à propos de la pêche à l'esturgeon et la production de caviar.

Après la chute de l'Union soviétique, l'activité de la pêche a beaucoup diminué sur les bords de la Caspienne, notamment en Azerbaïdjan suite à la fermeture de nombreuses conserveries. La pêche illégale et le commerce d'esturgeon et du caviar permettent à des milliers de gens dans des villes littorales de survivre mais en vingt ans, la pollution et le braconnage ont eu pour conséquence une baisse de 90 % des esturgeons dans la Caspienne, passés de 142 millions à 12 millions3. Les désaccords sur la pêche entre les pays riverains sont dus en grande partie au vide juridique actuel autour du statut de la Caspienne.

4) Le statut de la mer caspienne

L'enjeu juridique autour du statut de la mer Caspienne et de son partage est au coeur des problématiques au sein de cette région. L'absence de statut juridique suscite des rivalités et accroît les tensions compte tenu des importantes ressources de cette mer, particulièrement les ressources off-shore.

La principale question est de savoir si la loi internationale sur la mer adoptée en 1982 par la Convention des Nations Unies peut s'appliquer à la Caspienne déterminant ainsi pour chaque pays riverain des limites d'eaux territoriales, de zones économiques exclusives, et de plateforme continentale. Cela aboutirait à une division de la mer entre les cinq pays qui imposeraient ainsi leur souveraineté sur leur zone.

Il y'a donc des divergences. Certains pays comme le Kazakhstan et l'Azerbaidjan défendent l'idée que la Caspienne est une mer fermée, tandis que la Russie et l'Iran souhaite lui voir appliquer le statut de lac. En droit international, l'utilisation des ressources d'un lac ne peut se décider qu'à l'unanimité des pays riverains, alors que chaque Etat riverain se voit attribuer des zones dont il est libre d'exploiter les ressources dans le cas d'une mer. De plus, s'il s'agit d'un lac, les richesses offshore sont réparties en cinq parts égales, alors que s'il s'agit d'une mer les eaux territoriales ne dépassent pas 12 miles4 soit un peu plus de 22

kilomètres. Depuis 1991, les pays concernés militent pour le statut correspondant le mieux à leurs intérêts du moment qui évoluent avec la localisation de nouveaux gisements. Le fait est que le Kazakhstan et l'Azerbaïdjan disposant d'importantes réserves offshore ne veulent pas se les voir partager avec la Russie et l'Iran dans le cas ou la Caspienne serait considérée comme un lac. Une Organisation de coopération des pays de la Caspienne encore à créer permettrait surement de résoudre le problème du statut de la mer Caspienne sans que l'affaire soit portée devant la Cour internationale de justice.

Des progrès ont été fait très récemment

lors du sommet des pays riverains de la Caspienne qui s'est tenu à Téhéran en Octobre 2007. D'après les chefs d'états présent (Russie, Kazakhstan, Azerbaidjan, Turkménistan et Iran). le statut juridique de la mer Caspienne sera défini dans le cadre d'une convention

3 Données de la Convention des Nations unies sur le commerce international des espèces menacées.

4 Un mile nautique équivaut à environ deux kilomètres. (1,85km)

servant de cadre juridique de base, dont l'adoption n'est possible que par accord unanime de tous les pays riverains5". Selon la déclaration faite lors de la conférence à Téhéran, «jusqu'à la définition du nouveau statut juridique de la mer Caspienne, ses eaux seront soumises aux régimes de navigation et de pêche en vigueur, adoptés conformément aux droits souverains des Etats riverains, et régissant l'activité des navires qui peuvent arborer uniquement les pavillons des pays riverains ». La convention devra définir des règles en matière de protection de l'environnement et d'exploitation des ressources biologiques et minérales.

5) L'eau et Lesfluctuations du niveau de la mer

Après avoir baissé depuis les années 30 jusqu'en 1978, le niveau de la mer Caspienne est remonté de plus de deux mètres, inondant des millions d'hectares et menaçant les installations portuaires et industrielles. Depuis 1995, le niveau se serait stabilisé et baisserait même de 25 cm par an, selon des relevés par satellite.

La gestion de l'eau, canalisation et irrigation ( pour la culture du coton ) est aussi un problème. Celle-ci est la plupart du temps mal gérée car l'eau des canaux s'infiltre ou s'évapore, et les erreurs des planifications soviétiques n'ont pas été reprises et transformées de manière à gérer l'eau d'une façon équitable et renouvelable. Alors que la mer Caspienne semble remonter, la mer d'Aral ne cesse de s'assécher depuis les années 1970. Cette mer intérieure située entre le Kazakhstan et l'Ouzbékistan a perdu plus de la moitié de sa surface car le Turkménistan, le Kazakhstan, le Tadjikistan, l'Ouzbékistan ne cesse de pomper de l'eau ( principalement pour la culture du coton ) dans le fleuve Amour daria et Syr daria qui se jette dans la mer d'Aral. Cet assèchement a des conséquences catastrophiques sur l'écosystème et l'économie de la région du karakalpakstan ( région de l'Aral ). La ville de myunak un des plus gros ports de pêches de l'URSS sur les rives de la mer d'Aral, qui comptait autrefois plus de 40 000 habitants est aujourd'hui une ville déserte de 2000 habitants où les bateaux rouillent sur ce qui est maintenant un désert en extension, la mer s'étant reculé en moyenne de plus de 100 kilomètres.

6) La pollution

Si le phénomène de la pollution pétrolière de la mer Caspienne ne date pas de ces vingt dernières années, l'augmentation du trafic contribue à renforcer les risques de pollution massive. Un seul puit rejette dans la mer au cours de son exploitation entre 30 à 120 tonnes de pétrole soit 10 % de sa production. A cela viennent s'ajouter les déchets de toutes sortes et principalement chimiques que drainent les fleuves qui s'y jettent et tout particulièrement la Volga. Selon certaines sources, la pollution engendrée par les eaux usées rejetées par l'industrie lourde représenterait 65 % de la contamination de la Caspienne et est responsable de nombreuses maladies et cancers.

A cela s'ajoute toutes les pollutions dues aux anciennes usines soviétiques non reconvertis lors de la chute de l'URSS et aujourd'hui en ruine à ciel ouvert. Des régions entières sont considérées comme dangereuses par de nombreux habitants qui ne savent pas vraiment quelles étaient les véritables activités de ces industries soviétiques. Certaines, chimiques servaient à fabriquer des armes (anthrax etcÉ), d'autres étaient des industries de transformation très polluante et dont les rejets toxiques sont encore un problème aujourd'hui. C'est le cas en Azerbaïdjan dans le nord de Bakou, ou encore sur les îles de la mer d'Aral ou des industries secrètes d'armement et de recherche en bactériologie se trouvaient. Les militaires soviétiques ont abandonné les lieux après la chute de l'URSS. Personne ne sait aujourd'hui dans quels états sont ces installations. Cependant en 2001 les Etats-Unis se sont engagés à nettoyer les îles pour un montant de 6 millions d'euros.

5 Déclaration adoptée au terme du sommet des dirigeants des pays riverains de la Caspienne en Octobre 2007 à Téhéran.

Géostratégie de la Caspienne

7) Les enjeux pour l'Europe

Les vastes ressources en gaz et en pétrole de la Caspienne sont importantes pour la prospérité et la sécurité énergétique de l'Europe. Dès 1995, le programme INOGATE financé par l'Union européenne a eu pour but de permettre à l'UE d'accéder à de nouvelles sources d'énergie notamment en Russie et dans le bassin de la mer Caspienne. Le Conseil de l'Europe a déclaré dans une résolution d'avril 2003 que «la région de la mer Caspienne occupe une place de plus en plus centrale pour la sécurité énergétique et la prospérité européennes». Ainsi la région de la Caspienne est aujourd'hui un des principaux centres de l'énergie européenne.

C) Les ressources naturelles des pays limitrophes de la Caspienne


Voir annexe n°1

1) Le Kazakhstan

C'est le « poids lourd» géographique de l'Asie centrale. Il est le pays le plus grand de lÕAsie centrale. Sa superficie fait 5 fois la France, 6 fois l `Ouzbékistan. Il revendique par ailleurs un rôle de leadership sur la scène politique centre asiatique, particulièrement après la chute de l'URSS ou le Kazakhstan participe activement a la fondation de la CEI. De plus durant le régime soviétique il disposait dÕun statut spécial compte tenu de sa puissance nucléaire.

Il dispose de 6800 kilomètres de frontière avec la Russie, (cette proximité est en lien direct avec son développement important après 1991). Le Kazakhstan dispose également de 1600 kilomètres de frontière avec la Chine, 2000 avec l'Ouzbékistan. C'est un pays qui à énormément de ressources, principalement en pétrole et gaz. Il dispose des plus grandes réserves de l'Asie centrale. Les gisements les plus importants sont proches de la Caspienne ou dans la Caspienne. Le gisement le plus important est celui de Tenguiz, connu depuis 1979 dont les réserves probables seraient de 25 milliards de barils, puis le gisement de kachagan, découvert récemment qui représente également une très grosse réserve.

Production6

En 2004 la production du Kazakhstan s'élève à 51 millions de tonnes (environ 1 million de barils par jour7), soit 12 % de plus qu'en 2003. 58 millions de tonnes en 2005 et les prévisions sont de 150 millions en 2015. Au niveau des exportations qui s'élèvent à 12,9 milliards de dollars, elles se composent exclusivement des matières premières, dont 68% d'hydrocarbures (2003).

Réserves

On estime à entre16 et 32 milliards de barils de réserves prouvées et exploitables pour le pétrole (soit entre 2 et 4 milliards de tonnes) et entre 30 et 50 milliards de barils de réserves possibles et 2,3 milliards de m3 pour le gaz. Ces pronostics particulièrement optimistes sont ceux du ministre kazakh de l'énergie et des ressources minérales. Mais de nombreux gisements sont difficiles à évaluer et les pays ont tendance à grossir leur réserves pour attirer les intérêts étrangers et faire poids sur la scène internationale. Le gisement de Kachagan au Kazakhstan découvert très récemment semble le plus important découvert en Asie centrale mais est en grande partie encore inexploré.

Pour donner un ordre de grandeur, le Kazakhstan dispose de réserves comparables à celle de la mer du nord. En comparaison, l'Arabie saoudite représente 200 milliards de baril et Le Koweït dispose de réserves prouvées qui s'élèvent à 95 milliards de barils.

6 Données du ministère Kazak de l'économie et des ressources et de la documentation française.

7 Unités de mesures, 1 tonne = 7,3 barils 1 baril/jour = 50 tonnes/an


· Localisation

Sur 120 gisements pétrolifères découverts, 112 sont situés au bord de la Caspienne dans la région d'Atirau, à l'ouest du pays. Il y'a actuellement 75 gisements avec des réserves exploitables d'environ 2 milliards de tonnes (14,6 milliards de barils), dont celui de Tenguiz, de Korolevskoé et de Kenbaï.

2) L'Azerbaïdjan

L'Azerbaïdjan est une des trois Républiques transcauc asiennes issues de l'ex-URSS. C'est un petit pays (équivalent de l'Autriche) dont la production est néanmoins importante.

· Production

La production est de 90% en offshore sur la mer Caspienne soit 320 000 barils par jour en 2004, 600 0000 barils/jour en 2006. L'Azerbaïdjan prévoit une production de 1,3 million en 2009, et 2 millions en 2020. L'Azerbaïdjan est un des plus anciens centres de production. Les premiers puits ont été forés en 1871. Jusqu'à la seconde guerre mondiale, Bakou était le principal centre producteur de l'Union soviétique. Après l'indépendance, le pays a signé une vingtaine d'accords avec des sociétés étrangères, dont le premier et le plus important fut celui passé en 1994 avec la compagnie BP (British Petroleum) portant sur l'exploitation des gisements d'Azeri, Chirag et G·neshli, bien qu'un contentieux territorial oppose depuis l'indépendance l'Azerbaïdjan au Turkménistan sur ces champs pétrolifères.

· Localisation et réserves

Les réserves prouvées s'élevaient fin 2003 à 7 milliards de barils soit 0,6% des réserves prouvées mondiales, le champ pétrolier offshore d'Azeri-Chirag-Guneshli (ACG) renfermant à lui seul 5,4 milliards de barils. La plupart des reserves sont au large de bakou

· Production de gaz

La production de gaz en Azerbaïdjan équivaut 5,1 milliards de m3 en 2004, avec une demande intérieure de 10 milliards de m3 environ. Le pays doit donc importer 4,9 milliards de m3/an principalement d'Ouzbékistan et de Russie. Le doublement de la production devrait être atteint vers 2007 avec la mise en activité du gisement de Shah Deniz.

3) Turkménistan

C'est le pays du dictateur mégalomane Suparmyrat Niazov decédé en novembre 2006. Ce président élu à vie a la chute de l'URSS a dirigé le pays d'une main de fer. Le turkménistan n'est pas intéressant pour son pétrole mais pour son gaz. Il est le pays de la Caspienne qui détient le plus important potentiel de gaz naturel au monde. Le Nouveau président Gourbangouly Berdymoukhamedov semble ouvrir le pays et a fait appel a des investissement étrangers dans son secteur énergétique dès son arrivée au pouvoir.

· Production

Le Turkménistan arrive en dixième position du classement mondial pour ses réserves de gaz naturel. ( pour ce qui est des droits de l'homme il se classe dans les derniers ). De premier producteur de gaz d'Asie centrale avant 1991, après l'indépendance, le Turkménistan devient un concurrent pour Gazprom, la compagnie nationale russe, qui lui ferme l'accès à ses gazoducs. Depuis, grâce aux contrats iraniens, russes et ukrainiens, la production est remontée pour atteindre 58,6 milliards m3 en 2003.

Les objectifs du pays sont ambitieux : 85 milliards en 2005, 120 milliards en 2010 et 240 milliards en 2020, alors que la consommation interne de gaz n'atteint que 11 à 12 milliards de m3/an, ce qui laisse la part belle aux exportations.

· Les réserves

Les réserves de gaz identifiées sont estimées à 3 500 milliards de m3. Mais elles pourraient s'avérer plus importantes (les autorités avancent 21 000 milliards de m3) et sont concentrées à l'est du pays.

Les gisements les plus riches sont situés dans le bassin de l'Amou-Daria, notamment DauletabadDonmez, contenant vraisemblablement la moitié des réserves du pays. La quantité de gaz est telle que

Géostratégie de la Caspienne

l'état distribue le gaz à l'ensemble de la population turkmène ( soit moins de 5 millions d'habitants) sans le faire payer.

4) La Russie

· La production et les reserves de pétrole

La Russie est le deuxième producteur mondial de pétrole. Ses réserves sont estimées à 6,7 milliards de tonnes (49 milliards de barils), soit 4,7% des réserves mondiales connues. La majeure partie des réserves se trouve en Sibérie occidentale et seulement 5% dans la Caspienne, ce qui explique que les réserves de la Caspienne n'ont pas été mises en valeur du temps de l'Union soviétique, vu l'importance des réserves dont disposait déjà le pays et les difficultés technologiques liées à l'exploitation sous-marine. Ainsi, ce n'est qu'en 1995 que la société russe Lukoil a commencé à explorer le nord de la Caspienne ce qui a permis la découverte de cinq importants gisements pétroliers dont Kvalinskoe et Tsentralnoe à la frontière avec le Kazakhstan.

· Production et réserve de gaz

Elle détient les plus grandes réserves de gaz naturel au monde avec 47 000 milliards de m3 soit le tiers des réserves mondiales et est le premier producteur avec 616 milliards de m3 mais cette production ne comprend pas le gaz de la Caspienne. Elle a commencé en juillet 2003 à développer avec le Kazakhstan le gisement de Tsentralnoe qui devrait être productif en 2007 et renfer merait, outre du pétrole, 322 milliards de m3 de gaz.

5) L'Iran

· La production et les reserves

Membre de l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole), l'Iran occupe la 5ème place mondiale pour la production de pétrole. Sa production était d'environ 5 millions de barils/jour en 2006.

Réserves de brut estimées à 17,2 milliards de tonnes (125,6 milliards de barils) soit 10 % des réserves mondiales prouvées de pétrole, dont 90% onshore. Il aura fallu attendre septembre 2004 pour que le pays lance une campagne d'exploration offshore dans sa zone.

Il possède par ailleurs la deuxième réserve de gaz naturel du monde avec 26 500 milliards de m3 soit 15% des réserves mondiales dont seulement 0,4% se situerait dans la Caspienne.

Avec une production en 2004 de 75 milliards de m3, l'Iran se place au 6ème rang mondial.

D) Un retour au « grand Jeux »

Au XIXe siècle, le « grand jeu », expression devenue légendaire, désignait la lutte d'influence entre grandes puissances au sein de l'Asie centrale Ces affrontements sont par bien des aspects semblable à ceux d'aujourd'hui.

La Caspienne, est l'enjeu de rivalités entre les pays d'Asie centrale, et plus globalement elle représente un endroit stratégique pour le monde car elle constitue une réserve de gaz et de pétrole tr ès importante et suscite de nombreuses rivalités compte tenu de son sous sol. L'enjeu principal tient à l'accès à ces ressources et à l'acheminement vers les pays demandeurs. Trois catégories d'acteurs sont concernés par l'acheminement du pétrole et du gaz : les producteurs, les pays traversés et les clients. Du fait de l'enclavement de la région, les oléoducs et gazoducs doivent traverser au moins un autre pays que celui de la zone de production.

Les pays producteurs sont contraints de faire appel à des investisseurs étrangers qui exercent des pressions concernant le tracé des voies des oléoducs et des gazoducs. Le prix de revient du transport est à mettre en relation avec le prix de vente du pétrole et du gaz, plus celui-ci sera élevé, plus les projets, même les plus démesurés, trouveront leur justification. Pendant longtemps, notamment avant les chocs pétroliers, le problème était que l'exploitation du gaz et du pétrole de la Caspienne n'était pas rentable et coûtait trop cher par rapport au prix du baril. Il a fallu attendre un certain prix de vente pour que le

pétrole soit rentable vu le coup de son extraction. Aujourd'hui dans un contexte mondial où le prix du baril peut atteindre plus de 100 dollars, cela ne pose plus de problème. Vu la demande croissante des pays industrialisés et émergents en hydrocarbures, le facteur coût pourra être minimisé par rapport au besoin vital en énergie des pays qui connaissent actuellement un boom économique (c'est le cas de la Chine et de l'Inde). Ainsi, les projets pharaoniques reliant l'Extrême -Orient aux zones de production deviennent aujourd'hui une réalité, sachant que dans les dix à quinze prochaines années la demande asiatique et notamment chinoise va augmenter de 10 millions de barils /jour alors que celle de l'Eu rope n'augmentera que d'un million de barils /jour.

Enfin, les conditions la question de l'évacuation des hydrocarbures de la Caspienne est au coeur des rivalités entre les pays qui s'intéressent à la zone car ceux qui auront la maîtrise des voies d'acheminement pèseront sur les centres de production et sur leurs débouchés.

II) La Caspienne; une région géostratégique qui suscite toutes sortes de tension

A) Les rivalités dans l'accès aux ressources naturelles.

1) La course aux énergies

La Caspienne représente une zone géographique tellement importante pour son aspect énergétique qu'elle est l'objet de toutes sortes de manoeuvres géopolitiques créant des tensions et des affrontements.

Dès la chute de l'URSS, à la fin des années 1980, l'occident commence à s'arracher les gisements de la zone. L'entreprise américaine Chevron souhaite investir le gisement de Tenguiz, un des plus gros du monde, situé dans l'ouest du Kazakhstan. Elle en acquiert 50 % en 1993. De l'autre côté de la Caspienne, le président azerbaïdjanais Gueïdar Aliev signe, en 1994, le « contrat du siècle » avec des sociétés pétrolières étrangères. Néanmoins Le premier président de l'Azerbaïdjan indépendant, le nationaliste antirusse Aboulfaz Eltchibey, à été renversé par un putsch en juin 1993, quelques jours avant de signer d'importants contrats avec des compagnies pétrolières anglo -saxonnes. Son successeur M. Aliev, ex- général du KGB, a négocié en secret avec les pétroliers russes pour trouver un terrain d'entente avec Moscou qui souhaitait conserver une main mise sur les réserves de l'Azerbaïdjan. Toutes les manoeuvres sont bonnes pour décrocher les contrats d'exploitation.

Le Turkménistan lui, appelle à des investissements étrangers dans son secteur énergétique. Le nouveau président Gourbangouly Berdymoukhamedov a publiquement appelé les entreprises étrangères à investir dans le secteur des hydrocarbures au Turkménistan. En marge de l'Assemblée générale de l'ONU de cette année il a affirmé que "la sphère du pétrole et du gaz nécessite des investissements étrangers" pour que son pays triple d'ici 2030 sa production de gaz, et multiplie par 10 celle de pétrole. Comme décrit précédemment, le Turkménistan est le pays de la Caspienne qui possède les plus importantes réserves de gaz naturel et il produit actuellement quelque 80 milliards de m3 de gaz par an et 10 millions de tonnes de brut. Les grandes puissances se disputent actuellement les faveurs turkmènes sur ce sujet notamment par rapport à la construction de nouveaux gazoducs d'exportation,

Au Kazakhstan les investisseurs étrangers au sont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et les Pays- bas. Pour le Kazakhstan, La Caspienne est à la fois une source de richesses mais aussi de conflits potentiels avec ses voisins, avec en particulier la Russie, ainsi la présence des grandes compagnies étrangères comme Chevron (compagine américaine),et Exxon mobil, impliquées dans l'exploitation des

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ressources naturelles représentent une garantie contre les velléités russes d'expansionnisme. L'exploitation de ces ressources est essentielle pour le pays afin d'équilibrer sa balance des paiements et d'accéder aux fonds des marchés financiers internationaux. Le gouvernement Kazakh fonde tous ses espoirs sur le secteur du pétrole et du gaz pour assurer le développement du pays. Ainsi Il suscite également les investissements étrangers dans son secteur énergétique, ce qui accroit la «course aux energies» menées par l'occident.

De son côté, la Chine ne cesse d'acheter des gisements de pétrole et de gaz en Asie centrale et son investissement se renforce depuis de nombreuses années, principalement à travers l'organisation de coopération de shanghaï.

2) Une puissance énergétique quifait poids sur la scène internationale

Les pays d'Asie centrale ne cessent de tirer profit de leurs richesses naturelles pour s'affirmer par rapport à la Russie et exploitent la concurrence entre les grandes p

uissances occidentales pour conforter leur indépendance économique et politique. En réalité, le « grand jeu » fait la joie des républiques d'Asie centrale et du Caucase, qui misent sur la concurrence, entre les grandes puissances. Elles y gagnent un peu en indépendance dans la mesure où elles peuvent refuser telle ou telle proposition pour se tourner vers une autre grande capitale. Ainsi, pendant que le Kazakhstan ouvre son économie au monde, l'Ouzbékistan la referme et le Turkménistan garde une profonde méfiance à l'égard de Washington.

Par-delà ces différences, les rivalités occidentales permettent aux pays de la Caspienne d'être moins contraints de suivre la voie imposée par une des puissances dominantes. Ils peuvent «choisir» en fonction de toutes les demandes et offres que font les pays occidentaux. Ainsi Ceux-ci ne saissent de «courtiser » les pays de la Caspienne et tentent d'améliorer les relations diplomatiques avec eux.

3) L'occident, entre dépendance et pragmatisme

Les impératifs stratégiques conduisent également Les Etats-Unis ou l'union européenne à reléguer les droits de la personne au second plan, ce qui décrédibilise considérablement les valeurs dites « occidentales ». Ce qui importe, c'est avant tout l'exploitation des ressources naturelles et leur acheminement vers les pays consommateurs. Ainsi les pays occidentaux ont tout intérêt à ce que la stabilité soit assurée dans cette région. Les pouvoirs autoritaires ne sont donc au final pas un problème.

Un pays comme le Turkménistan qui est classé parmi les derniers du monde en matière de liberté d'expression et de pensée ne subit pas les moindres reproches de la part des pays occidentaux qui continuent de courtiser ses dirigeants sans se soucier des conditions de vie de la population, qui, sans être catastrophique, sont loin d'être conforme aux revenus du pays qui par une gestion honnête permettrait une amélioration des conditions de vies.

La corruption est en effet un problème majeur. Les revenues crées par l'exploitation des hydrocarbures, pourtant richesses nationales, échappe pour l'essentiel au contrôle démocratique des habitants de ces pays qui ont des indices de développement humain très faible et des infrastructures vétustes.

Par exemple, c'est la société Française Bouygues qui a réalisé toutes les constructions du président mégalomane Suparmyrat Niazov dans la capitale du Turkménistan Aschgabat. A coté des projets pharaoniques tels que les palais, les ministères, les magnifiques mosqués (qui au passage sont vides ), les monuments nationaux, les fontaines, on trouve une population qui survit tant bien que mal par des activités diverses et une économie de rue informelle. La capitale, flambant neuf, avec ses fontaines et ses pelouses vertes en plein désert tranche avec les autres régions du pays où l'eau n'est courante que quelques heures par jour et semble complètement absurde alors qu'en Ouzbékistan la mer d'Aral s'assèche inexorablement.

B) Affrontements de puissances et jeux de dominations

1) Une perte de l'influence Russe?

La chute de l'URSS a bien évidemment porté un coup fatal à la Russie et a largement remodelé toute la géopolitique de l'Asie centrale. Même si les anciennes républiques soviétiques se sont réunies au sein de la CEI, Moscou a perdu sa main mise sur le Caucase et la Caspienne. La Russie dès lors n'a cessé de vouloir retrouver ce statut de puissance dominante en Asie centrale. L'indépendance des républiques soviétiques s'est marquée par une ouverture économique. les investisseurs cherchant à s'implanter sur le territoire russe ont rencontré des difficultés alors que les pays de la Caspienne sont apparus d'accès relativement plus facile. Cela est principalement du aux échecs de réformes économiques en Russie où les enterprises privées n'ont pas réagit de la même manière.

La russie voit aussi les oléoducs et pipelines lui échapper. En 1991, elle contrôle tous les oléoducs permettant aux nouveaux états independents d'exporter leurs hydrocarbures, mais par la suite six oléoducs ne passant pas par le territoire Russe ont été construits Moscou perd ainsi de son influence politique et économique.

La conséquence directe de cela, c'est que les NEI sont devenus des concurrents pour la Russie. Moscou voit donc son influence se réduire sur les pays d'Asie centrale. D'une part, ceux-ci souhaitent prendre de la distance avec le «grand frère Russe» après 1991 et s'ouvrir sur la scène internationale, et d'autre part tous les projets mis en oeuvres par les Etats-Unis ont visé et visent toujours à amoindrir l'influence russe dans le bassin Caspien.

2) L'affrontement américano-soviétique pour la domination de la Caspienne.

Au lendemain de l'indépendance des Républiques d'Asie centrale et du Caucase et à la suite de la première guerre du Golfe, les Etats-Unis affichent l'ambition d'étendre leur influence dans les nouveaux pays bordant la mer Caspienne, afin de les désenclaver en les détachant de l'influence exclusive de la Russie et de celle potentielle de l'Iran. La volonté des Etats-Unis et des pays occidentaux est également d'apporter sur le marché mondiale une nouvelle source d'approvisionnement en hydrocarbures. Dans les années 1990, pour justifier leur pénétration dans le bassin de la Caspienne, les Etats-Unis gonflent leurs estimations des réserves d'hydrocarbures que celui-ci contient. Ils parlent de 243 milliards de barils de pétrole, à peine moins que l'Arabie saoudite alors qu'en réalité ces réserves ne sont pas comparables à celle de l'Arabie saoudite qui sont de loin beaucoup plus élevées.

Derrière ces manoeuvres ce sont des rivalités de puissance et de domination qui sont en jeu. On est ici dans une mentalité de lutte énergétique ou aucun avantage ne doit être laissé aux autres acteurs étatiques rivaux. (Etats-Unis contre Russie ou Iran). On retrouve d'ailleurs par certains aspects une ambiance de guerre froide. L'Europe, quant à elle, depuis la guerre du gaz entre la Russie et l'Ukraine, en janvier 2006, se penche enco re davantage sur la Caspienne pour réduire sa dépendance énergétique vis-à- vis de Moscou.

3) Isoler l'Iran

Dans sa volonté de contrôle sur la Caspienne, Washington soutient des projets de pipelines dans la zone pour mieux isoler l'Iran et toujours pour décrocher de la sphère d'influence russe les ex- républiques soviétiques. L'Iran semble être le grand perdant du nouveau «grand jeu». D'une part les oléoducs contournent en majeur partie son territoire ( sauf un oléoduc turkmène), mais d'autre part personne ne peut investir en Iran. Or le pays a besoin d'investissements. Ses installations datent des années 1970, ce qui l'oblige à importer 40 % de son essence ; il n'a pas pu explorer sa portion de la Caspienne et il sous-exploite son énorme potentiel gazier. Il semble d'ailleurs paradoxal que le « grand jeu » exclue l'Iran a l'heure ou les producteurs d'hydrocarbures en Asie centrale souhaite voir s'ouvrir une route sud, plus simple et plus économique.

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L'Iran a cependant trouvé une solution par son admission en tant qu'observateur en 2005 au sein de l'organisation de coopération de shanghaï. Par ce rapprochement Téhéran peut tisser des liens avec l'Asie, notamment la Chine, et être plus fort dans son bras de fer avec les Etats-Unis ».

4) L'organisation de coopération de shangha
·, un nouvel enjeu.

L'OCS est une organisation régionale qui regroupe la Russie, la Chine, le Kazakhstan, la Kirghizistan,le Tadjikistan et l'Ouzbékistan. Elle a été créée à Shanghai les 14 et 15 juin 2001 par les présidents de ces six pays. Par ailleurs, la Mongolie, l'Inde, l'Iran est le Pakistan ont un statut d'observateur, ce statut a été refusé aux Etats-Unis.

Investir en Asie centrale constitue aussi, pour les Chinois, une façon de s'immiscer dans les affaires de la région pour, disent-ils, contribuer à sa sécurité. En réalité la chine veut « sa part de gâteau » dans la gestion de la Caspienne. Elle s'engage dans l'OCS pour fédérer les Etats membres autour de thèmes qui lui sont chers, comme la lutte contre le terrorisme ou la coopération économique et énergétique. De surcroît, l'organisation forme un bloc susceptible de se solidariser fortement en cas de déstabilisation de la zone ou si les Etats -Unis y gagnent en influence au point de menacer les pouvoirs en place.

La vague de « révolutions colorées » qui a pris place dans l'espace ex-soviétique depuis 2003 a ainsi conduit l'OCS à prendre plus nettement position contre Washington. En juillet 2005, par exemple, ses six membres soutenaient l'ouzbékistan dans son exigence de fermer la base militaire aérienne américaine de Karshi-Khanabad, ouverte dans le cadre de l'opération en Afghanistan. Conséquences tous les soldats américains ont quitté le sol ouzbek, ainsi que toutes les ONG.

Ainsi ce groupement régional récent montre sa capacité à peser dans les Relations internationales influant sur la décision des états. Il représente un nouvel acteur en essor du «grand jeu» autour de la Caspienne.

III) La question de l'acheminement du gaz et du pétrole vers l'Europe

La logique de diversification des exportations et de réduction de dépendance menée par l'europe conduit les pays importateurs et exportateurs à élaborer de nouvelles stratégies de sortis pour leur ressources naturelles. Ces différents projets sont la principale cause des tensions de la Caspienne. Certes la question de l'accès aux ressources, du contrôle des zones déchirent les états. Mais les rivalités sont beaucoup plus apparentes sur la question des tracés des oléoducs et de l'acheminement des hydrocarbures vers les pays importateu rs. Depuis plus de cinq ans, on assiste à une véritable guerre commerciale et économique dans laquelle sont impliqués, outre les Occidentaux, pratiquement tous les Etats de la zone comprise entre la Caspienne et la Méditerranée.

A) La « guerre des oléoducs »

La confusion règne tant cette question des oléoducs est complexe. Ainsi il convient de distinguer clairement les oléoducs existants de ceux qui sont en construction ou en projet.

1) Les oléoducs existant et en activité Voir annexe 3

De l'Azerbaïdjan à la Russie

Il existe un oléoduc entre Bakou en Azerbaïdjan et Novorossisk en Russie. Celui-ci a été réhabilité. Initialement, il passait par le territoire tchétchène. Mais en 2002, la Russie l'a détourné afin d'éviter la zone de conflit et de mettre fin à des années de pompage illégal servant à financer la résistance tchétchène.

· Du Kazakhstan à la Russie : Caspian Pipeline consortium (CPC)

Cet oléoduc transporte le pétrole du champ kazakh de Tenguiz à Novorossisk. Il a été mis en activité en novembre 2001. Long de 1 580 kilomètres, il a nécessité 4,2 milliards de dollars d'investissements dont la moitié a été assurée par deux firmes américaines ChevronTexaco et ExxonMobil. Le Kazakhstan, ne possédant pas ses propres oléoducs pour l'exportation, a été jusqu'à maintenant dans l'obligation d'utiliser le réseau russe existant.

· De l'Azerbaïdjan à la Géorgie : l'oléoduc Bakou-Soupsa

C'est le premier oléoduc indépendant du réseau russe reliant Bakou au port géorgien de Soupsa. D'une longueur de 833 km, il a été mis en activité en avril 1999, et a coûté au consortium AIOC (Azerbaïdjan International Operating Company) 560 millions de dollars. Sa capacité est limitée car les tankers quittant Soupsa doivent emprunter les détroits du Bosphore et des Dardanelles où le trafic est si dense que la Turquie restreint le transit.

· De l'Azerbaïdjan à la Turquie : Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC)

C'est un des plus important. Inauguré le 25 mai 2005, il a été mis en activité fin 2005. Long de 1 765 km, il traverse l'Azerbaïdjan et la Géorgie pour aboutir au port méditerranéen de Ceyhan, en Turquie.

La construction de cet oléoduc initié il y a onze ans, a été lancée en octobre 2001 par un consortium regroupant dix sociétés, dont les plus importantes sont; Socar (Azerbaïdjan), Amerada Hess, ConocoPhilips, ENI (Italie), Total et Unocal. Le projet unifié autour de British Petroleum a coûté près de 4 milliards de dollars. Le Kazakhstan, qui devra s'équiper en supertankers d'une capacité de 50 à 60 mille tonnes pour évacuer le brut de Kashagan jusqu'à Bakou, envisage de s'y rattacher et de faire passer par l'oléoduc BTC 5 à 10 millions de tonnes par an à partir de 2008.

2) Les projets et les oléoducs en construction Voir annexe 3

· Kazakhstan Caspian Transportation System (KCTS),

Un nouveau projet vient de naître et il est lié à la découverte du gisement de Kachagan le plus gros découvert dans le monde depuis trente ans. Ce dernier doit entrer en production fin 2010, et les actionnaires du consortium qui l'exploite, formé de 10 grandes majors occidentales, entendent transporter ses 1,2 à 1,5 million de barils par jour via un itinéraire sud-ouest traversant la Caspienne. L'oléoduc ne passera sous la mer, en raison de l'opposition russe et iranienne. En réalité il ne s'agira pas d'un oléoduc mais d'une flotte de tankers qui fera la navette entre le Kazakhstan et l'Azerbaïdjan, où un nouveau terminal pétrolier connectera le « système» au BTC et rejoindra la Turquie.

Le groupe Total, qui détient 18,52 % du gisement, mène les études pour mettre en place ce système qui devrait couter 3 milliards d'euros. C'est un des principaux projets que le président de la République Nicolas Sarkozy pourrait défendre l'an prochain au Kazakhstan, lors de sa visite.

· D'Azerbaïdjan en Turquie, le «double corridor». Bakou-Tbilissi-Erzerum

Un second projet qui concerne le gaz est en cour d'élaboration. Il s'agit d'un gazoduc appelé à fournir l'Europe en gaz kazakh et turkmène Ce gazoduc double le tracé du BTC. L'Europe encourage en même temps des investissements pour produire du gaz naturel liquéfié au Turkménistan, lequel peut être ensuite transporté par bateau à Bakou. La construction de ce gazoduc, long de 690 kilomètres d'un coût de 900 millions de dollars a débuté fin 2004. Ce «double corridor énergétique» Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) et Bakou-Tbilissi-Erzerum (BTE) participe au rapprochement de la région Caspienne avec l'Union européenne.

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· Trukménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde

Un autre grand pipeline stratégique encouragé par Washington mais qui a peu de chances de voir le jour: il s'agit du Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde (TAPI), ce gazoduc que les Etats-Unis, avec la société pétrolière américaine Unocal, envisageaient de construire avec les talibans dans la seconde moitié des années 1990 se trouvent largement compromis car il comporte trop d'inconvénients, en termes de sécurité, avec le retour des talibans en Afghanistan.

· Les projets vers la Chine

La construction d'un oléoduc transportant le pétrole de l'ouest du Kazakhstan vers le nord-ouest de la Chine (Xinjiang), longtemps repoussée en raison de sa non-rentabilité, va désormais se concrétiser. D'une longueur totale de 6 000 kilomètres «le West China-West Kazakhstan Oil Pipeline» devrait transporter 20 millions de brut par an (400 000 barils/jour). Une première partie de 449 kilomètres est entrée en service en 2003 et relie déjà une ville chinoise.

· Un oléoduc Caspienne-baltique?

Ce projet est pratiquement sur la voie d'être lancé. Il reste à déterminer les points de départs et d'arrivée de l'oléoduc et déterminer ses caractéristiques. Cet oléoduc, selon le projet des pays participants, (Lituanie, de Pologne, d'Ukraine, d'Azerbaïdjan et de Géorgie ) jouera le rôle d'alternative aux livraisons russes et permettra l'acheminement du pétrole de la région de la mer Caspienne et de la mer Noire vers la mer Baltique et également permettra de renforcer la sécurité énergétique de l'Union européenne

3) L'affrontement entre la Russie et les pays de la Caspienne pour l'approvisionnement de l'europe; Le projet Nabucco

Voir Annexe 5

Le projet Nabucco est un projet d'oléoduc reliant la Caspienne à l'Europe. Vers 2012, ce pipeline de 3 400 kilomètres est censé acheminer le gaz d'Asie centrale, et plus tard d'Iran, jusqu'en Autriche . Réunis le 26 juin 2006 autour du commissaire européen à l'énergie, les pays concernés (Turquie, Bulgarie, Roumanie, Hongrie, Autriche) ont définitivement mis en place le projet, qui est soutenu par les Etats- Unis. La construction et l'exploitation de la conduite ont été confiées à un consortium international dirigé par la compagnie pétro gazière autrichienne OMV.

Cela crée un affrontement qui oppose la Russie aux pays européens et aux républiques d'Asie centrale. Le but de l'Europe est de diversifier ses sources d'approvisionnement. Ainsi par le projet Nabucco, elle réfléchie à un moyen de contourner la Russie et Gazprom, le géant gazier Russe, pour la fourniture du gaz d'Azerbaïdjan, du Kazakhstan et du Turkménistan. La Russie quant à elle souhaite un contrôle total sur l'acheminement du gaz et en tant que premier producteur de gaz au monde veut demeurer le principal exportateur. Moscou développe donc un projet concurrent et prévoit de construire un nouveau pipeline au sud dont le tracé est très proche de celui de Nabucco.( voir annexe) alors que Gazprom construit déjà «le Nord Stream » sous la Baltique pour livrer le gaz de Sibérie à l'Europe en évitant la Biélorussie, les pays baltes et la Pologne.

De Lourdes incertitudes pèsent encore sur le projet. Le contre-projet Russe peut en effet s'avérer plus intéressant et plus rentable, la Russie mettant en avant ses réserves et la crédibilité de son projet. De plus Avant d'investir quelque 5 milliards d'euros, les firmes turque, bulgare, roumaine, hongroise et autrichienne veulent des assurances. Il n'est pas sûr qu'il y ait assez de gaz dans la région de la Caspienne, dont les réserves font l'objet d'évaluations divergentes. De plus il faut pour que le projet soit rentable qu'il transporte le gaz non seulement de l'Azerbaïdjan et du Kazakhstan, m ais aussi de l'Iran et du Turkménistan. Malgré ces conditions qui restent à assurer, le ministre turc de l'Energie, Hilmi G·ler, a déclaré en mai 2007 que le projet de gazoduc

transcaspien Nabucco serait réalisé malgré tout.

B) Les positions internationales

La construction du BTC de l'Azerbaïdjan à la Turquie a été soutenue par l'Union européenne, par les Etats-Unis, et par la Turquie. Il est en de même aujourd'hui pour le projet Nabucco.

· La Turquie souhaite favoriser les projets de pipeline car elle veut désengorger ses détroits, ceux des Dardanelles et du Bosphore ou le trafic est déjà saturé. Les conséquences écologiques en cas d'accident seraient dramatiques, notamment pour le tourisme. La Turquie tient à préserver ce domaine et donc à éloigner les pétroliers et autres tankers qui pourrait transiter par les détroits.

· L'UE possède une politique énergétique commune, qui vise la création de sources alternatives d'approvisionnement énergétique et la diversification des livraisons d'hydrocarbures, ce qui la pousse toujours à rechercher d'autres projets complémentaires et s'assurer une sécurité.

· Les Etats-Unis à travers cette guerre des oléoducs cherchent à isoler l'Iran et la Russie. Si Washington défendait le TAPI, le projet «Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Industrielle », c'était à la fois pour isoler l'Iran et pour affaiblir la Russie en Asie centrale. Désormais, les Etats- Unis entendent aussi intégrer l'Afghanistan à son voisinage tout en lui fournissant de quoi chauffer ses populations et relancer son économie, gages de sa stabilité. Dans ce but, le département d'Etat américain, en 2005, a réorganisé sa division Asie du Sud pour la fondre avec celle de l'Asie centrale, afin de favoriser les relations à tous les niveaux dans cette aire désignée comme la « Grande Asie centrale ».

Le BTC, tout comme le BTE représentent de grandes victoires américaines en politique internationale. C'est une réussite en matière d'Òendiguement» de la Russie et de soutien à l'indépendance des républiques du Caucase. Ces oléoducs offrent aux Etats -Unis et à l'Europe la possibilité de lancer deux projets pour diversifier leurs sources d'approvisionnement et pour attirer dans leur géopolitique les NEI de la zone. Néanmoins les défis sont nombreux. Actuellement, le Turkménistan est dépendant du réseau de gazoducs construits à l'époque soviétique et contrôlée par Moscou. Américains et Européens cherchent à convaincre le Turkménistan de construire un gazoduc sous la mer Caspienne contournant la Russie, arguant du fait qu'Achkhabad pourrait vendre son gaz plus cher. Gourbangouly Berdymoukhamedov, le président du Turkménistan, a été accueilli à Bruxelles où les Européens ont tenté de le convaincre de participer au « corridor » transcaspien, Bakou-Tbilissi-Erzerum, permettant de transporter du gaz liquéfié par barges de l'autre côté de la mer. Mais depuis son élection en février, M. Berdymoukhamedov a signé des accords pour remettre en état et doubler les capacités du gazoduc de la côte de la Caspienne débouchant en Russie, et pour la construction d'un gigantesque oléoducs de 7.000 kilomètres de long reliant le Turkménistan à la Chine.

De retour de sa première visite officielle à Moscou le président à également invité l'entreprise Chevron à prendre part au développement du secteur énergétique turkmène. Jamais son prédécesseur n'avait osé solliciter une major internationale. Par ailleurs, il n'a pas dit « non » aux propositions européennes de corridor transcaspien. Peut-être menace-t-il de faire entrer les Occidentaux dans son jeu pour que Gazprom accepte de payer plus. La Russie obtient jusque là le gaz turkmène pour un prix dérisoire. (100 dollars par unité de mille mètre cube). Et Il facture son gaz à plus de 250 dollars aux pays européens.

En conséquence l'Europe et les Etats-Unis ne cessent de faire pression sur le Turkménistan pour que celui-ci oriente ses projets directement vers l'Europe sans passer par la Russie. Mais bien que le régime est changé de président au début de l'année, il demeure méfiant envers Washington.

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IV) Défense et sécurisation de la Caspienne,

A) La Caspienne ; base arrière américaine

A partir du 11 septembre 2001, l'administration américaine a intensifié sa coopération militaire avec les républiques d'Asie centrale. Elle a sensiblement augmenté les montants de son assistance fournie aux États de la région au titre des programmes de sécurité. Des troupes américaines ont, été déployées en Ouzbékistan (base de Karsi-Khanabad) et au Kirghizstan (base de Manas), en soutien à l'intervention en Afghanistan. l'hypothèse d'une installation de bases OTAN en Géorgie et en Azerbaïdjan a également été soulevé. En un an, ( 2003/2004) Washington a mis en place son dispositif militaire en Asie centrale s'assurant ainsi tout le soutien logistique necessaire pour toutes leurs interventions.

Les Etats -Unis se servent de l'Asie Centrale comme d'une base arrière pour leur établissement au moyen-orient et principalement pour leur engagement en Afghanistan. La guerre menée contre le régime des talibans en 2001 avait pour point de depart l'Ouzbékistan. Aujourd'hui. Depuis, des forces américaines stationnent également dans d'autres bases au Tadjikistan, et près de l'aéroport de Manas, au Kirghizstan. Les événements du 11 septembre 2001 ont, en fait, accentué des tendances à l'Ïuvre depuis dix ans dans la région de la caspienne, c'est à dire le recul de l'influence de Moscou et l'installation des Etats-Unis qui acquiert un statut d'hyperpuissance.

Le grand gagnant de cette présence militaire américaine fut le président ouzbek Islam Kar imov : Les Etats-Unis ont joué un rôle majeur dans l'élimination des talibans. Par conséquent, Ils ont libéré l'Ouzbékistan de toute menace d'agression militaire ou idéologique. Les choses ont changé depuis l'année 2005. En effet le 29 juillet 2005, l'ambassade américaine à Tachkent a reçu une note du ministère ouzbek des Affaires étrangères appelant les États-Unis à retirer leurs forces de la base aérienne de KarshiKhanabad dans un délai de six mois. Consécutive à la crise politique déclenchée par les événements d'Andij an8, cette demande a provoqué de nombreuses spéculations quant à la réaction possible de Washington.

Si les Dirigeants des pays d'Asie Centrale semblent satisfait par la présence militaire américaine qui garantit une stabilité face aux agitations et au terrorisme, celle-ci suscite également des espoirs parmi les groupes d'opposants. Par exemple, pour Boris Shikhmuradov, fondateur du Mouvement démocratique populaire du Turkménistan et ancien ministre des affaires étrangères, arrêté dans des conditions obscures en décembre 2002, comme pour M. Akezhan Kazhegeldin, ancien premier ministre kazakh, l'implication américaine et occidentale représente une avancée pour la démocratie. Ces leaders independents, bien que soumis à de fortes pressions dans leurs états, voient dans la presence américaine un moyen de parvenir a plus de démocratie. De fait, la quasi-totalité de l'aide des Etats -Unis à l'Ouzbékistan, au Kazakhstan et à la Géorgie contribue au développement, non seulement de l'économie de marché, mais aussi d'un système politique démocratique.

Le secrétaire d'Etat Colin Powell avait évoqué en 2003 devant le Congrès les « progrès substantiels et continus» faits par les pays d'Asie Centrale en matière de droits humains et de démocratie. Pourtant Human Rights Watch et d'autres ONG comme amnesty international soulignent que ces progrès restent bien limités, et souhaitent plus de pressions de la part de Washington. Cela s'avère délicat pour les Etats-Unis qui ne sont pas en Asie Centrale pour des interêts idéologiques mais bien pour des

8 La crise d'Andidjan: Le 12 et 13 mais 2005, Lors de manifestation dans la ville ouzbek d'Andijan, l'armée a ouvert le feu sur la foule tuant et blessant des manifestants. Selon certains témoignages les forces armées ont encerclé les manifestants et commencé à ouvrir le feu sans discrimination sur ceux qui étaient sur la place ou tentaient de s'enfuir. Cela à fait des centaines de morts. Néanmoins la vérité n'a jamais été mise au clair et le gouvernement ouzbek a toujours refusé les commissions d'enquêtes étrangères, ni reconnu la gravité de ces événements. Les Etats -Unis Ont vivement dénoncé et condamné cette répression, ce qui explique les tensions diplomatiques et la décision ouzbek d'évacuer les Etats-Unis hors du territoire.

interêts économiques et énérgetiques. Ainsi, mettre en avant un discours trop démocratiques pourrait nuire à leurs relations diplomatiques. Si ce discours démocratique de l'Occident dérange les dirigeants centre asiatiques, ils peuvent toujours changer de décisions et s'orienter vers la Chine et la Russie qui ne sont guère exigeant en la matière.

B) Vers une militarisation de la Caspienne?

Dans la région de la Caspienne, les enjeux sont nombreux, les tensions sont constantes et les rivalités ne cessent de croître. L'idée d'une militarisation de la Caspienne dans le but de sécuriser la zone apparaît alors.

En Octobre 2005, le ministre Russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov a annoncé qu'une force militaire commune aux pays de la Caspienne était en cours de formation. La CASFOR (« Caspian Force ») serait chargée d'assurer la sécurité de la mer Caspienne. Cette déclaration a fait suite à une rencontre entre le président du Turkménistan de l'époque Saparmourad Niazov et le ministre Russe des affaires étrangères.

Une semaine plus tôt, les 10-13 octobre 2005, la Secrétaire d'État américaine, Condoleeza Rice, était en
visite dans la région, notamment au Kazakhstan, où elle évoquait l'importance de la coopération des deux

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pays en matière de sécurité . Parallelement au projet Russe, l'administration américaine soutient en effet le développement d'une Garde caspienne (« Caspian Guard »). Ce second projet lancé par Washington vise également à sécuriser la zone maritime et a pour objectif d'aider l'Azerbaïdjan et le Kazakhstan à lutter contre les traffics d'armes et le terrorisme, cela par l'établissement d'un régime commun de contrôle aérien, maritime et frontalier.

Le Projet de la CASFOR illustre la volonté Russe de prévenir la présence d'acteurs exterieurs comme les Etats-Unis et représente ainsi une sorte de réponse a Washington. La Russie veut conserver son influence dans la region et ce projet de force Caspienne était déjà évoqué par les Russes en 2002. Difficile à réaliser en 2002, cette initiative Russe a été relancée en 2005 et ce n'est qu'au cours de cette année que cette force est concretement evoquée. On retrouve par cette question de force armée, l'illustration d'un conflit Americano-Russe omniprésent au sein de cette région.

Au ministère Russe des affaires étrangères, on préconise la formation d'une force navale sur le modèle de celle créee pour la mer noire10. A Washington, les choses semblent aller plus vite et le Pentagone a anoncé en août 2005 que 130 millions de dollars seraient alloués au projet de la Caspian Force au cours des 6 prochaines années. Cette déclaration a fait suite à l'inauguration de l'oléoduc BTC, Bakou, Ceyhan. Assurer la sécurité et la perennité des interêts énergétiques est une dimension primordiale. C'est dans cette optique qu'il faut comprendre le projet américain.

Pour l'instant la Russie semble déterminée mais ne parvient pas encore à fédérer tous les états de la Caspienne derrière sa volonté. Le Kazakhstan et l'Azerbaïdjan semblent peu enclin au projet Russe et leur position sera determinante. L'Azerbaïdjan préconise une demilitarization de la mer, alors que le Kazakhstan est soutenu par les Etats-Unis pour la Force Caspienne. Avant de constituer une réalité en devenir, ce projet apparaît avant tout comme la manifestation de l'attachement de la Russie à maintenir sa puissance dans l'espace Caspien.

C) La nouvelle donne géopolitique, Moscou-Washington-Téhéran

Depuis les années 1990, la Russie et l'Iran ont resserré leurs relations. Le 16 mars 2001, Vladimir Poutine et Mohammed Khatami, son homologue iranien, ont signé à Moscou un pacte de coopération

9 Déclaration faite lors du Discours de Condoleeza Rice à l'occasion de sa visite au Kazakhstan, à la Eurasian National University, à Astana, le 13 octobre 2005,

10 Il existe une force de sécurité en mer noire. Celle-ci a été créée en 2001.

Géostratégie de la Caspienne

civile et militaire comprenant la vente de matériels de guerre russes, dont un système de défense antiaérien de moyenne et longue portée.

Par son projet de la « Caspien Guard» Washington veut certes garantir une sécurité énergétique pour l'Europe, mais son principal but est de lutter contre l'influence Russe et contenir l'Iran. Les Etats- Unis ne sont pas présents dans la région de la Caspienne uniquement pour des intérêts énergétiques qui ne les concernent qu'a moitié, mais bien pour une question d'affrontement avec Moscou et de domination géopolitique sur la région de la Caspienne et plus globalement de l'Asie centrale.

Une volonté revient fréquemment, celle d'isoler l'Iran et faire de la Force Caspienne un moyen de dissuasion et d'autorité. Si le projet Russe venait à aboutir, il constituerait une grande menace pour les Etats-Unis car il intégrerait l'Iran et mettrait fin à son isolement. Depuis les Tensions diplomatiques au sujet du nucléaire Iranien, la question a été remise quelque peu de côté, mais le spectre de ce projet hante encore Washington. Le récent sommet qui a réuni les pays de la Caspienne à Téhéran montre à quel point l'heure est au rapprochement entre la Moscou et Téhéran. Ce sommet ne fut en quelque sorte qu'une «couverture» pour le rapprochement des deux pays. Les questions de la Caspienne ont été abordées et ont permis des avancées, notamment sur le statut juridique de la mer. Celui-ci à cependant débouché sur une déclaration finale apportant un soutien implicite au programme nucléaire iranien. Après le sommet sur la Caspienne, Vladimir Poutine s'est entretenu avec le président Mahmoud Ahmadinejad. Le président Russe a déclaré "La Russie est le seul pays à aider l'Iran à construire une centrale nucléaire dans un but pacifique, ce sera l'objet de discussions sérieuses". Le président Poutine est ensuite revenu sur ce point en déclarant que "les activités nucléaires pacifiques devaient être autorisées".

Actuellement la Russie est le dernier pays, avec la Chine, à s'opposer à l'adoption d'une troisième résolution du Conseil de sécurité de l'ONU infligeant des sanctions à Téhéran, à cause de son refus de suspendre son programme d'enrichissement d'uranium. Dans la crise nucléaire qui oppose l'Iran à l'Occident, la Russie est donc pour le moins ambivalente et joue le double jeu. Elle donne depuis peu une opinion divergente de celle des occidentaux prônant une certaine patience face à ce dossier et refusant de nouvelles sanctions envers Téhéran.

Ces événements politiques récents ne cessent de remodeler la géopolitique de la Caspienne et les tensions centres asiatiques. Dans cette atmosphère de confrontation, le projet de militarisation de la Caspienne paraît mis de côté car on semble plus dans un risque d'affrontement direct avec l'Iran que dans la mise en place d'une armée visant à la sécurisation. De plus des projets de militarisation attiseraient en quelque sorte les tensions déjà existantes. Par ces projets et ces différentes réalités présente en Asie centrale, la région de la Caspienne se révèle bien être un lieu de plus en plus convoité à la fois cause et raisons d'affrontement sur la scène internationale.

V) Annexes

Annexe 1

Géostratégie de la Caspienne

Annexe 2

Annexe 3

Annexe 4

Annexe 5 ; le projet Nabucco

Géostratégie de la Caspienne

VI) Bibliographie

- « Chine, Russie, Asie centrale, éléments de géostratégie: énergie,minerais en Chine. Routes russes. Statut mer Caspienne. Projet oléoduc Bourgas - Alexandroupolis. La Bouriatie ».

Revue Courrier des pays de l'Est. La Documentation française

- « La bataille de l'énergie » (n.24 mars-avril 2007) Revue Questions internationales.

-L'Asie centrale, dix ans après les indépendances : quels nouveaux enjeux ? Les exemples du Kazakhstan et de l'Ouzbékistan

Xavier de Villepin, André Dulait, André Boyer Sénat, Commission des affaires étrangères

Les rapports du Sénat, n° 320

Le projet de la CASFOR » Note de la fondation pour la recherche stratégique, Annie Jafalian chargé de recherche, rapport réalisé en octobre 2005,.

Russie et Caspienne : réalités énergétiques, enjeux européens»

Compte rendu de la conférence tenue au Commissariat général du Plan, le 19 octobre 1999 dans le cadre du cycle de conférence de politique énergétique

Le Kazakhstan entre Russie et Caspienne». Cahier d'études sur la meditérranée orientale et le monde Turquo-Iranien

Article de Alain GIROUX

-- Données sur le pétrole. Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)

-Archives et articles du journal, Le monde diplomatique. - Article du quotidien Le Monde






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