Relations Internationales Contemporaines
Géostratégie de la Caspienne
Institut d'Etudes Politiques Aix-en-Provence
Année 2007-2008
A) Localisation géographique et caractéristiques
1
B) Enjeux et problématiques régionales 1
1) Le pétrole 1
2) Le gaz 2
3) La pêche et le commerce du caviar. 2
4) Le statut de la mer caspienne 2
5) L'eau et Lesfluctuations du niveau de la mer 3
6) La pollution 3
7) Les enjeux pour l'Europe 4
C) Les ressources naturelles des pays limitrophes de la Caspienne
4
1) Le Kazakhstan 4
2) L'Azerbaïdjan 5
3) Turkménistan 5
4) La Russie 6
5) L'Iran 6
D) Un retour au « grand Jeux » 6
II) La Caspienne ; une région géostratégique
qui suscite toutes sortes de tension 7
A) Les rivalités dans l'accès aux ressources
naturelles. 7
1) La course aux énergies 7
2) Une puissance énergétique quifait poids sur
la scène internationale 8
3) L'occident, entre dépendance et pragmatisme
8
B) Affrontements de puissances et jeux de dominations 9
1) Une perte de l'influence Russe ? 9
2) L'affrontement américano-soviétique pour la
domination de la Caspienne.9
3) Isoler l'Iran 9
4) L'organisation de coopération de shanghaï, un
nouvel enjeu. 10
III) La question de l'acheminement du gaz et du pétrole
vers l'Europe 10
A) La « guerre des oléoducs » 10
1) Les oléoducs existant et en activité
10
· De l'Azerbaïdjan à la Russie 10
· Du Kazakhstan à la Russie: Caspian Pipeline
consortium (CPC) 11
· De l'Azerbaïdjan à la Géorgie:
l'oléoduc Bakou-Soupsa 11
· De l'Azerbaïdjan à la Turquie :
Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) 11
2) Les projets et les oléoducs en construction
11
· Kazakhstan Caspian Transportation System (KCTS),
11
· D'Azerbaïdjan en Turquie, le «double
corridor». Bakou-Tbilissi-Erzerum 11
· Trukménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde
12
· Les projets vers la Chine 12
· Un oléoduc Caspienne-baltique ? 12
3) L'affrontement entre la Russie et les pays de la Caspienne
pour l'approvisionnement de l'europe; Le projet Nabucco 12
B) Les positions internationales 13
IV) Défense et sécurisation de la Caspienne, 14
A) La Caspienne; base arrière américaine 14
B) Vers une militarisation de la Caspienne ? 15
C) La nouvelle donne géopolitique,
Moscou-Washington-Téhéran 15
V) Annexes 17
VI) Bibliographie 20
Géostratégie de la
Caspienne
La région de l'Asie Centrale, dominé par la mer
Caspienne apparaît aujourd'hui comme un nouveau centre de gravité
sur la scène internationale. Bien que peu présente dans les
medias, la littérature faisant référence aux enjeux
internationaux dans la region de la Caspienne s'est multiplié depuis les
20 dernières années. La chute de l'URSS et la disparition du
système soviétique ont laissé la porte ouverte à
une nouvelle donne géopolitique dans ce que l'on appelle
désormais les anciennes républiques soviétiques d'Asie
Centrale, c'est à dire le Kazakhstan, l'Azerbaïdjan,
l'Ouzbékistan, le Turkménistan, le Kirghizistan, et le
Tadjikistan. L'accès de ces pays à l'indépendance à
partir de 1991 et leur émancipation par rapport à Moscou à
fortement remodelé le paysage géopolitique,
énergétique, économique et diplomatique de la
région. L'étude géostratégique de la Caspienne
apparaît dans cette optique riche et intéressante dans la mesure
ou elle renferme des dimensions récentes et en constante
évolution, ce qui contribue grandement à structurer les relations
internationals de nos jours en Asie Centrale mais également à
l'échelle du monde entier.
S'intéresser à la géostrategie d'une
région, c'est faire l'étude approfondie des enjeux, des conflits
d'interêts, et des rivalités qui sont liés à cette
région. C'est prendre en considération toutes les dimensions
géopolitiques, humaines, et naturelles qui font la singularité
d'une zone donnée pour tenter de comprendre la situation à un
moment donné. Etudier le thème de la géosratégie de
la Caspienne nous invite donc à nous pencher sur de nombreuses
problématiques tant energétiques que diplomatiques et pose la
question de la situation actuelle. Ainsi cela nous amène à
étudier à la fois la géopolitique 1, c'est
à dire les implications politiques de la géographie, les
Relations internationales, et l'histoire de cette région, de
manière à dresser un «tableau» global sur la situation
actuelle de celle-ci, gardant à l'esprit que cette situation, parce
qu'elle est liée aux acteurs étatiques et aux relations
internationales, est en constante évolution.
1 Dans son ouvrage intitulé, les Grandes puissances du
présent Le professeur de science politique suédois Rudolf
Kjellén, définit la géopolitique comme étant «
la science de l'État comme organisme géographique ou comme
entité dans l'espace, plaçant celui-ci en rapport avec sa
géographie, son espace, son milieu »
A Localisation géographique et
caractéristiques
La mer Caspienne est une mer intérieure d'une
superficie de 370 000 kilomètres carrés. Elle s'étend sur
1300 kilomètres du nord au sud et sur 300 kilomètres d'ouest en
est. Elle est bordée par la Russie, L'Iran, le Kazakhstan, le
Turkménistan, et l'Azerbaïdjan. Sous domination russe au XIXe
siècle, la Caspienne était liée à l'URSS et au
système dit des Cinq Mers (mer blanche, mer Baltique, mer d'Azov, mer
Noire et mer Caspienne). La chute du régime communiste en 1991 et la
dislocation des anciennes républiques soviétiques d'Asie centrale
a complètement modifié la structure géopolitique de cette
région.
Cette mer se caractérise par d'importantes
réserves naturelles en pétrole et en gaz. Elle se
caractérise également par son absence de statut juridique. Cela
constitue un des problèmes majeur. Les États riverains n'arrivent
pas à décider s'il s'agit d'une mer ou d'un lac, l'exploitation
des ressources d'une mer et d'un lac n'étant pas régies par les
mêmes règles en matière droit international, cela pose
problème en ce qui concerne l'accès aux ressources et le partage
des zones maritimes.
Dès la chute de l'URSS, les nouveaux états
indépendants regroupés dans la CEI, voient dans le pétrole
un moyen de nourrir leur budget et de conforter leur indépendance
vis-à-vis de l'ex URSS. L'ensemble des ex républiques
soviétiques d'Asie centrale cherchent donc à acquérir une
totale indépendance vis-à-vis de Moscou. Cependant le partage des
richesses naturelles ne se fait pas de manière égale compte tenu
de la position géographique des pays et des découpages
frontaliers qui suivent 1991. Certains pays, surtout ceux bordant la mer
caspienne ( Azerbaïdjan, Kazakhstan, Turkménistan ) se retrouvent
en possession de davantage de richesses naturelles. Dès lors les
disparités et les tensions commencent, et la Caspienne qui se trouvait
être un bassin de ressources naturelles déjà largement
convoité devient un espace de tensions ou chaque pays limitrophe
revendique des droits dans le partage de la mer et l'accès aux
ressources.
Au sein de ce dossier, nous aborderons plus
particulièrement le cas de la Russie, du Kazakhstan, de l'Iran, du
Turkménistan, de l'Azerbaïdjan.
B Enjeux et problématiques régionales
Les principaux enjeux régionaux sont bien
évidemment le pétrole et le gaz. L'exploitation des très
importantes réserves on-shore et off-shore est d'un intérêt
vital pour les pays riverains qui produisent et pour les pays occidentaux qui
importent. Au delà des problématiques énergétiques,
la caspienne est aussi un lieu de tensions pour la pêche, la production
de caviar, la navigation et de nombreux problèmes sont liés
à l'environnement, à la pollution ainsi qu'à la gestion de
l'eau. Par conséquent ce sont tous ces enjeux qu'il s'agit de prendre en
compte.
2
1) Le pétrole
En 2003, la production des pays de la Caspienne
(exceptés l'Iran et la Russie qui ne produisent pas encore en offshore)
s'élevait à 1,5-1,7 million de barils par jour. En 2010, elle
devrait se situer entre 2,4 et 5,9 millions de barils par jour. Sont
principalement concernés les pays du nord de la Caspienne : le
Kazakhstan et l'Azerbaïdjan. Avec une consommation faible, ils exportent
une grande partie de leur pétrole.
2 «Données sur le pétrole »,Organisation
de coopération et de développement économiques (OCDE)
Géostratégie de la
Caspienne
Selon certaines prévisions occidentales, la demande
mondiale sur le pétrole doublera durant les 25 prochaines années,
pour passer de 70 millions de barils par jour, à 140 millions vers 2020.
Trois régions du monde sont capables de répondre à cette
demande : le Moyen-Orient, l'ex-URSS et la Chine qui disposerait d'importantes
réserves.
2) Le gaz
La région de la mer Caspienne contiendrait entre 6 %
et 10 % des réserves mondiales de gaz naturel. Au sein de cette
région, les Républiques du Turkménistan, du Kazakhstan,
détiennent de grandes quantités de réserves
prouvées et figureraient ainsi parmi les vingt pays disposant des plus
importantes réserves de gaz naturel au monde. L'accès à
ses puits constitue un enjeu principal pour l'Europe dont la consommation de
gaz est croissante depuis les 20 dernières années.
3) La pêche et le commerce du caviar.
Le secteur de la pêche est aussi une cause de litige entre
les Etats riverains de la Caspienne, principalement à propos de la
pêche à l'esturgeon et la production de caviar.
Après la chute de l'Union soviétique,
l'activité de la pêche a beaucoup diminué sur les bords de
la Caspienne, notamment en Azerbaïdjan suite à la fermeture de
nombreuses conserveries. La pêche illégale et le commerce
d'esturgeon et du caviar permettent à des milliers de gens dans des
villes littorales de survivre mais en vingt ans, la pollution et le braconnage
ont eu pour conséquence une baisse de 90 % des esturgeons dans la
Caspienne, passés de 142 millions à 12 millions3. Les
désaccords sur la pêche entre les pays riverains sont dus en
grande partie au vide juridique actuel autour du statut de la Caspienne.
4) Le statut de la mer caspienne
L'enjeu juridique autour du statut de la mer Caspienne et de
son partage est au coeur des problématiques au sein de cette
région. L'absence de statut juridique suscite des rivalités et
accroît les tensions compte tenu des importantes ressources de cette mer,
particulièrement les ressources off-shore.
La principale question est de savoir si la loi internationale
sur la mer adoptée en 1982 par la Convention des Nations Unies peut
s'appliquer à la Caspienne déterminant ainsi pour chaque pays
riverain des limites d'eaux territoriales, de zones économiques
exclusives, et de plateforme continentale. Cela aboutirait à une
division de la mer entre les cinq pays qui imposeraient ainsi leur
souveraineté sur leur zone.
Il y'a donc des divergences. Certains pays comme le Kazakhstan
et l'Azerbaidjan défendent l'idée que la Caspienne est une mer
fermée, tandis que la Russie et l'Iran souhaite lui voir appliquer le
statut de lac. En droit international, l'utilisation des ressources d'un lac ne
peut se décider qu'à l'unanimité des pays riverains, alors
que chaque Etat riverain se voit attribuer des zones dont il est libre
d'exploiter les ressources dans le cas d'une mer. De plus, s'il s'agit d'un
lac, les richesses offshore sont réparties en cinq parts égales,
alors que s'il s'agit d'une mer les eaux territoriales ne dépassent pas
12 miles4 soit un peu plus de 22
kilomètres. Depuis 1991, les pays concernés
militent pour le statut correspondant le mieux à leurs
intérêts du moment qui évoluent avec la localisation de
nouveaux gisements. Le fait est que le Kazakhstan et l'Azerbaïdjan
disposant d'importantes réserves offshore ne veulent pas se les voir
partager avec la Russie et l'Iran dans le cas ou la Caspienne serait
considérée comme un lac. Une Organisation de coopération
des pays de la Caspienne encore à créer permettrait surement de
résoudre le problème du statut de la mer Caspienne sans que
l'affaire soit portée devant la Cour internationale de justice.
Des progrès ont été fait très
récemment
lors du sommet des pays riverains de la Caspienne qui s'est
tenu à Téhéran en Octobre 2007. D'après les chefs
d'états présent (Russie, Kazakhstan, Azerbaidjan,
Turkménistan et Iran). le statut juridique de la mer Caspienne sera
défini dans le cadre d'une convention
3 Données de la Convention des Nations unies sur le
commerce international des espèces menacées.
4 Un mile nautique équivaut à environ deux
kilomètres. (1,85km)
servant de cadre juridique de base, dont l'adoption n'est
possible que par accord unanime de tous les pays riverains5". Selon
la déclaration faite lors de la conférence à
Téhéran, «jusqu'à la définition du nouveau
statut juridique de la mer Caspienne, ses eaux seront soumises aux
régimes de navigation et de pêche en vigueur, adoptés
conformément aux droits souverains des Etats riverains, et
régissant l'activité des navires qui peuvent arborer uniquement
les pavillons des pays riverains ». La convention devra définir des
règles en matière de protection de l'environnement et
d'exploitation des ressources biologiques et minérales.
5) L'eau et Lesfluctuations du niveau de la
mer
Après avoir baissé depuis les années 30
jusqu'en 1978, le niveau de la mer Caspienne est remonté de plus de deux
mètres, inondant des millions d'hectares et menaçant les
installations portuaires et industrielles. Depuis 1995, le niveau se serait
stabilisé et baisserait même de 25 cm par an, selon des
relevés par satellite.
La gestion de l'eau, canalisation et irrigation ( pour la
culture du coton ) est aussi un problème. Celle-ci est la plupart du
temps mal gérée car l'eau des canaux s'infiltre ou
s'évapore, et les erreurs des planifications soviétiques n'ont
pas été reprises et transformées de manière
à gérer l'eau d'une façon équitable et
renouvelable. Alors que la mer Caspienne semble remonter, la mer d'Aral ne
cesse de s'assécher depuis les années 1970. Cette mer
intérieure située entre le Kazakhstan et l'Ouzbékistan a
perdu plus de la moitié de sa surface car le Turkménistan, le
Kazakhstan, le Tadjikistan, l'Ouzbékistan ne cesse de pomper de l'eau (
principalement pour la culture du coton ) dans le fleuve Amour daria et Syr
daria qui se jette dans la mer d'Aral. Cet assèchement a des
conséquences catastrophiques sur l'écosystème et
l'économie de la région du karakalpakstan ( région de
l'Aral ). La ville de myunak un des plus gros ports de pêches de l'URSS
sur les rives de la mer d'Aral, qui comptait autrefois plus de 40 000 habitants
est aujourd'hui une ville déserte de 2000 habitants où les
bateaux rouillent sur ce qui est maintenant un désert en extension, la
mer s'étant reculé en moyenne de plus de 100
kilomètres.
6) La pollution
Si le phénomène de la pollution
pétrolière de la mer Caspienne ne date pas de ces vingt
dernières années, l'augmentation du trafic contribue à
renforcer les risques de pollution massive. Un seul puit rejette dans la mer au
cours de son exploitation entre 30 à 120 tonnes de pétrole soit
10 % de sa production. A cela viennent s'ajouter les déchets de toutes
sortes et principalement chimiques que drainent les fleuves qui s'y jettent et
tout particulièrement la Volga. Selon certaines sources, la pollution
engendrée par les eaux usées rejetées par l'industrie
lourde représenterait 65 % de la contamination de la Caspienne et est
responsable de nombreuses maladies et cancers.
A cela s'ajoute toutes les pollutions dues aux anciennes
usines soviétiques non reconvertis lors de la chute de l'URSS et
aujourd'hui en ruine à ciel ouvert. Des régions entières
sont considérées comme dangereuses par de nombreux habitants qui
ne savent pas vraiment quelles étaient les véritables
activités de ces industries soviétiques. Certaines, chimiques
servaient à fabriquer des armes (anthrax etcÉ), d'autres
étaient des industries de transformation très polluante et dont
les rejets toxiques sont encore un problème aujourd'hui. C'est le cas en
Azerbaïdjan dans le nord de Bakou, ou encore sur les îles de la mer
d'Aral ou des industries secrètes d'armement et de recherche en
bactériologie se trouvaient. Les militaires soviétiques ont
abandonné les lieux après la chute de l'URSS. Personne ne sait
aujourd'hui dans quels états sont ces installations. Cependant en 2001
les Etats-Unis se sont engagés à nettoyer les îles pour un
montant de 6 millions d'euros.
5 Déclaration adoptée au terme du sommet des
dirigeants des pays riverains de la Caspienne en Octobre 2007 à
Téhéran.
Géostratégie de la
Caspienne
7) Les enjeux pour l'Europe
Les vastes ressources en gaz et en pétrole de la
Caspienne sont importantes pour la prospérité et la
sécurité énergétique de l'Europe. Dès 1995,
le programme INOGATE financé par l'Union européenne a eu pour but
de permettre à l'UE d'accéder à de nouvelles sources
d'énergie notamment en Russie et dans le bassin de la mer Caspienne. Le
Conseil de l'Europe a déclaré dans une résolution d'avril
2003 que «la région de la mer Caspienne occupe une place de plus en
plus centrale pour la sécurité énergétique et la
prospérité européennes». Ainsi la région de la
Caspienne est aujourd'hui un des principaux centres de l'énergie
européenne.
C) Les ressources naturelles des pays limitrophes de la
Caspienne
Voir annexe n°1
1) Le Kazakhstan
C'est le « poids lourd» géographique de
l'Asie centrale. Il est le pays le plus grand de lÕAsie centrale. Sa
superficie fait 5 fois la France, 6 fois l `Ouzbékistan. Il revendique
par ailleurs un rôle de leadership sur la scène politique centre
asiatique, particulièrement après la chute de l'URSS ou le
Kazakhstan participe activement a la fondation de la CEI. De plus durant le
régime soviétique il disposait dÕun statut spécial
compte tenu de sa puissance nucléaire.
Il dispose de 6800 kilomètres de frontière avec
la Russie, (cette proximité est en lien direct avec son
développement important après 1991). Le Kazakhstan dispose
également de 1600 kilomètres de frontière avec la Chine,
2000 avec l'Ouzbékistan. C'est un pays qui à
énormément de ressources, principalement en pétrole et
gaz. Il dispose des plus grandes réserves de l'Asie centrale. Les
gisements les plus importants sont proches de la Caspienne ou dans la
Caspienne. Le gisement le plus important est celui de Tenguiz, connu depuis
1979 dont les réserves probables seraient de 25 milliards de barils,
puis le gisement de kachagan, découvert récemment qui
représente également une très grosse réserve.
Production6
En 2004 la production du Kazakhstan s'élève
à 51 millions de tonnes (environ 1 million de barils par
jour7), soit 12 % de plus qu'en 2003. 58 millions de tonnes en 2005
et les prévisions sont de 150 millions en 2015. Au niveau des
exportations qui s'élèvent à 12,9 milliards de dollars,
elles se composent exclusivement des matières premières, dont 68%
d'hydrocarbures (2003).
Réserves
On estime à entre16 et 32 milliards de barils de
réserves prouvées et exploitables pour le pétrole (soit
entre 2 et 4 milliards de tonnes) et entre 30 et 50 milliards de barils de
réserves possibles et 2,3 milliards de m3 pour le gaz. Ces pronostics
particulièrement optimistes sont ceux du ministre kazakh de
l'énergie et des ressources minérales. Mais de nombreux gisements
sont difficiles à évaluer et les pays ont tendance à
grossir leur réserves pour attirer les intérêts
étrangers et faire poids sur la scène internationale. Le gisement
de Kachagan au Kazakhstan découvert très récemment semble
le plus important découvert en Asie centrale mais est en grande partie
encore inexploré.
Pour donner un ordre de grandeur, le Kazakhstan dispose de
réserves comparables à celle de la mer du nord. En comparaison,
l'Arabie saoudite représente 200 milliards de baril et Le Koweït
dispose de réserves prouvées qui s'élèvent à
95 milliards de barils.
6 Données du ministère Kazak de l'économie
et des ressources et de la documentation française.
7 Unités de mesures, 1 tonne = 7,3 barils 1 baril/jour =
50 tonnes/an
· Localisation
Sur 120 gisements pétrolifères
découverts, 112 sont situés au bord de la Caspienne dans la
région d'Atirau, à l'ouest du pays. Il y'a actuellement 75
gisements avec des réserves exploitables d'environ 2 milliards de tonnes
(14,6 milliards de barils), dont celui de Tenguiz, de Korolevskoé et de
Kenbaï.
2) L'Azerbaïdjan
L'Azerbaïdjan est une des trois Républiques transcauc
asiennes issues de l'ex-URSS. C'est un petit pays (équivalent de
l'Autriche) dont la production est néanmoins importante.
· Production
La production est de 90% en offshore sur la mer Caspienne
soit 320 000 barils par jour en 2004, 600 0000 barils/jour en 2006.
L'Azerbaïdjan prévoit une production de 1,3 million en 2009, et 2
millions en 2020. L'Azerbaïdjan est un des plus anciens centres de
production. Les premiers puits ont été forés en 1871.
Jusqu'à la seconde guerre mondiale, Bakou était le principal
centre producteur de l'Union soviétique. Après
l'indépendance, le pays a signé une vingtaine d'accords avec des
sociétés étrangères, dont le premier et le plus
important fut celui passé en 1994 avec la compagnie BP (British
Petroleum) portant sur l'exploitation des gisements d'Azeri, Chirag et
G·neshli, bien qu'un contentieux territorial oppose depuis
l'indépendance l'Azerbaïdjan au Turkménistan sur ces champs
pétrolifères.
· Localisation et réserves
Les réserves prouvées s'élevaient fin
2003 à 7 milliards de barils soit 0,6% des réserves
prouvées mondiales, le champ pétrolier offshore
d'Azeri-Chirag-Guneshli (ACG) renfermant à lui seul 5,4 milliards de
barils. La plupart des reserves sont au large de bakou
· Production de gaz
La production de gaz en Azerbaïdjan équivaut 5,1
milliards de m3 en 2004, avec une demande intérieure de 10 milliards de
m3 environ. Le pays doit donc importer 4,9 milliards de m3/an principalement
d'Ouzbékistan et de Russie. Le doublement de la production devrait
être atteint vers 2007 avec la mise en activité du gisement de
Shah Deniz.
3) Turkménistan
C'est le pays du dictateur mégalomane Suparmyrat
Niazov decédé en novembre 2006. Ce président élu
à vie a la chute de l'URSS a dirigé le pays d'une main de fer. Le
turkménistan n'est pas intéressant pour son pétrole mais
pour son gaz. Il est le pays de la Caspienne qui détient le plus
important potentiel de gaz naturel au monde. Le Nouveau président
Gourbangouly Berdymoukhamedov semble ouvrir le pays et a fait appel a des
investissement étrangers dans son secteur énergétique
dès son arrivée au pouvoir.
· Production
Le Turkménistan arrive en dixième position du
classement mondial pour ses réserves de gaz naturel. ( pour ce qui est
des droits de l'homme il se classe dans les derniers ). De premier producteur
de gaz d'Asie centrale avant 1991, après l'indépendance, le
Turkménistan devient un concurrent pour Gazprom, la compagnie nationale
russe, qui lui ferme l'accès à ses gazoducs. Depuis, grâce
aux contrats iraniens, russes et ukrainiens, la production est remontée
pour atteindre 58,6 milliards m3 en 2003.
Les objectifs du pays sont ambitieux : 85 milliards en 2005,
120 milliards en 2010 et 240 milliards en 2020, alors que la consommation
interne de gaz n'atteint que 11 à 12 milliards de m3/an, ce qui laisse
la part belle aux exportations.
· Les réserves
Les réserves de gaz identifiées sont
estimées à 3 500 milliards de m3. Mais elles pourraient
s'avérer plus importantes (les autorités avancent 21 000
milliards de m3) et sont concentrées à l'est du pays.
Les gisements les plus riches sont situés dans le bassin
de l'Amou-Daria, notamment DauletabadDonmez, contenant vraisemblablement la
moitié des réserves du pays. La quantité de gaz est telle
que
Géostratégie de la
Caspienne
l'état distribue le gaz à l'ensemble de la
population turkmène ( soit moins de 5 millions d'habitants) sans le
faire payer.
4) La Russie
· La production et les reserves de
pétrole
La Russie est le deuxième producteur mondial de
pétrole. Ses réserves sont estimées à 6,7 milliards
de tonnes (49 milliards de barils), soit 4,7% des réserves mondiales
connues. La majeure partie des réserves se trouve en Sibérie
occidentale et seulement 5% dans la Caspienne, ce qui explique que les
réserves de la Caspienne n'ont pas été mises en valeur du
temps de l'Union soviétique, vu l'importance des réserves dont
disposait déjà le pays et les difficultés technologiques
liées à l'exploitation sous-marine. Ainsi, ce n'est qu'en 1995
que la société russe Lukoil a commencé à explorer
le nord de la Caspienne ce qui a permis la découverte de cinq importants
gisements pétroliers dont Kvalinskoe et Tsentralnoe à la
frontière avec le Kazakhstan.
· Production et réserve de gaz
Elle détient les plus grandes réserves de gaz
naturel au monde avec 47 000 milliards de m3 soit le tiers des réserves
mondiales et est le premier producteur avec 616 milliards de m3 mais cette
production ne comprend pas le gaz de la Caspienne. Elle a commencé en
juillet 2003 à développer avec le Kazakhstan le gisement de
Tsentralnoe qui devrait être productif en 2007 et renfer merait, outre du
pétrole, 322 milliards de m3 de gaz.
5) L'Iran
· La production et les reserves
Membre de l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de
pétrole), l'Iran occupe la 5ème place mondiale pour la production
de pétrole. Sa production était d'environ 5 millions de
barils/jour en 2006.
Réserves de brut estimées à 17,2
milliards de tonnes (125,6 milliards de barils) soit 10 % des réserves
mondiales prouvées de pétrole, dont 90% onshore. Il aura fallu
attendre septembre 2004 pour que le pays lance une campagne d'exploration
offshore dans sa zone.
Il possède par ailleurs la deuxième réserve
de gaz naturel du monde avec 26 500 milliards de m3 soit 15% des
réserves mondiales dont seulement 0,4% se situerait dans la
Caspienne.
Avec une production en 2004 de 75 milliards de m3, l'Iran se
place au 6ème rang mondial.
D) Un retour au « grand Jeux »
Au XIXe siècle, le « grand jeu », expression
devenue légendaire, désignait la lutte d'influence entre grandes
puissances au sein de l'Asie centrale Ces affrontements sont par bien des
aspects semblable à ceux d'aujourd'hui.
La Caspienne, est l'enjeu de rivalités entre les pays
d'Asie centrale, et plus globalement elle représente un endroit
stratégique pour le monde car elle constitue une réserve de gaz
et de pétrole tr ès importante et suscite de nombreuses
rivalités compte tenu de son sous sol. L'enjeu principal tient à
l'accès à ces ressources et à l'acheminement vers les pays
demandeurs. Trois catégories d'acteurs sont concernés par
l'acheminement du pétrole et du gaz : les producteurs, les pays
traversés et les clients. Du fait de l'enclavement de la région,
les oléoducs et gazoducs doivent traverser au moins un autre pays que
celui de la zone de production.
Les pays producteurs sont contraints de faire appel à
des investisseurs étrangers qui exercent des pressions concernant le
tracé des voies des oléoducs et des gazoducs. Le prix de revient
du transport est à mettre en relation avec le prix de vente du
pétrole et du gaz, plus celui-ci sera élevé, plus les
projets, même les plus démesurés, trouveront leur
justification. Pendant longtemps, notamment avant les chocs pétroliers,
le problème était que l'exploitation du gaz et du pétrole
de la Caspienne n'était pas rentable et coûtait trop cher par
rapport au prix du baril. Il a fallu attendre un certain prix de vente pour que
le
pétrole soit rentable vu le coup de son extraction.
Aujourd'hui dans un contexte mondial où le prix du baril peut atteindre
plus de 100 dollars, cela ne pose plus de problème. Vu la demande
croissante des pays industrialisés et émergents en hydrocarbures,
le facteur coût pourra être minimisé par rapport au besoin
vital en énergie des pays qui connaissent actuellement un boom
économique (c'est le cas de la Chine et de l'Inde). Ainsi, les projets
pharaoniques reliant l'Extrême -Orient aux zones de production deviennent
aujourd'hui une réalité, sachant que dans les dix à quinze
prochaines années la demande asiatique et notamment chinoise va
augmenter de 10 millions de barils /jour alors que celle de l'Eu rope
n'augmentera que d'un million de barils /jour.
Enfin, les conditions la question de l'évacuation des
hydrocarbures de la Caspienne est au coeur des rivalités entre les pays
qui s'intéressent à la zone car ceux qui auront la maîtrise
des voies d'acheminement pèseront sur les centres de production et sur
leurs débouchés.
II) La Caspienne; une région
géostratégique qui suscite toutes sortes de tension
A) Les rivalités dans l'accès aux
ressources naturelles.
1) La course aux énergies
La Caspienne représente une zone géographique
tellement importante pour son aspect énergétique qu'elle est
l'objet de toutes sortes de manoeuvres géopolitiques créant des
tensions et des affrontements.
Dès la chute de l'URSS, à la fin des
années 1980, l'occident commence à s'arracher les gisements de la
zone. L'entreprise américaine Chevron souhaite investir le gisement de
Tenguiz, un des plus gros du monde, situé dans l'ouest du Kazakhstan.
Elle en acquiert 50 % en 1993. De l'autre côté de la Caspienne, le
président azerbaïdjanais Gueïdar Aliev signe, en 1994, le
« contrat du siècle » avec des sociétés
pétrolières étrangères. Néanmoins Le premier
président de l'Azerbaïdjan indépendant, le nationaliste
antirusse Aboulfaz Eltchibey, à été renversé par un
putsch en juin 1993, quelques jours avant de signer d'importants contrats avec
des compagnies pétrolières anglo -saxonnes. Son successeur M.
Aliev, ex- général du KGB, a négocié en secret avec
les pétroliers russes pour trouver un terrain d'entente avec Moscou qui
souhaitait conserver une main mise sur les réserves de
l'Azerbaïdjan. Toutes les manoeuvres sont bonnes pour décrocher les
contrats d'exploitation.
Le Turkménistan lui, appelle à des
investissements étrangers dans son secteur énergétique. Le
nouveau président Gourbangouly Berdymoukhamedov a publiquement
appelé les entreprises étrangères à investir dans
le secteur des hydrocarbures au Turkménistan. En marge de
l'Assemblée générale de l'ONU de cette année il a
affirmé que "la sphère du pétrole et du gaz
nécessite des investissements étrangers" pour que son pays triple
d'ici 2030 sa production de gaz, et multiplie par 10 celle de pétrole.
Comme décrit précédemment, le Turkménistan est le
pays de la Caspienne qui possède les plus importantes réserves de
gaz naturel et il produit actuellement quelque 80 milliards de m3 de gaz par an
et 10 millions de tonnes de brut. Les grandes puissances se disputent
actuellement les faveurs turkmènes sur ce sujet notamment par rapport
à la construction de nouveaux gazoducs d'exportation,
Au Kazakhstan les investisseurs étrangers au sont les
Etats-Unis, la Grande-Bretagne et les Pays- bas. Pour le Kazakhstan, La
Caspienne est à la fois une source de richesses mais aussi de conflits
potentiels avec ses voisins, avec en particulier la Russie, ainsi la
présence des grandes compagnies étrangères comme Chevron
(compagine américaine),et Exxon mobil, impliquées dans
l'exploitation des
Géostratégie de la
Caspienne
ressources naturelles représentent une garantie contre
les velléités russes d'expansionnisme. L'exploitation de ces
ressources est essentielle pour le pays afin d'équilibrer sa balance des
paiements et d'accéder aux fonds des marchés financiers
internationaux. Le gouvernement Kazakh fonde tous ses espoirs sur le secteur du
pétrole et du gaz pour assurer le développement du pays. Ainsi Il
suscite également les investissements étrangers dans son secteur
énergétique, ce qui accroit la «course aux energies»
menées par l'occident.
De son côté, la Chine ne cesse d'acheter des
gisements de pétrole et de gaz en Asie centrale et son investissement se
renforce depuis de nombreuses années, principalement à travers
l'organisation de coopération de shanghaï.
2) Une puissance énergétique quifait poids sur
la scène internationale
Les pays d'Asie centrale ne cessent de tirer profit de leurs
richesses naturelles pour s'affirmer par rapport à la Russie et
exploitent la concurrence entre les grandes p
uissances occidentales pour conforter leur indépendance
économique et politique. En réalité, le « grand jeu
» fait la joie des républiques d'Asie centrale et du Caucase, qui
misent sur la concurrence, entre les grandes puissances. Elles y gagnent un peu
en indépendance dans la mesure où elles peuvent refuser telle ou
telle proposition pour se tourner vers une autre grande capitale. Ainsi,
pendant que le Kazakhstan ouvre son économie au monde,
l'Ouzbékistan la referme et le Turkménistan garde une profonde
méfiance à l'égard de Washington.
Par-delà ces différences, les rivalités
occidentales permettent aux pays de la Caspienne d'être moins contraints
de suivre la voie imposée par une des puissances dominantes. Ils peuvent
«choisir» en fonction de toutes les demandes et offres que font les
pays occidentaux. Ainsi Ceux-ci ne saissent de «courtiser » les pays
de la Caspienne et tentent d'améliorer les relations diplomatiques avec
eux.
3) L'occident, entre dépendance et pragmatisme
Les impératifs stratégiques conduisent
également Les Etats-Unis ou l'union européenne à
reléguer les droits de la personne au second plan, ce qui
décrédibilise considérablement les valeurs dites «
occidentales ». Ce qui importe, c'est avant tout l'exploitation des
ressources naturelles et leur acheminement vers les pays consommateurs. Ainsi
les pays occidentaux ont tout intérêt à ce que la
stabilité soit assurée dans cette région. Les pouvoirs
autoritaires ne sont donc au final pas un problème.
Un pays comme le Turkménistan qui est classé
parmi les derniers du monde en matière de liberté d'expression et
de pensée ne subit pas les moindres reproches de la part des pays
occidentaux qui continuent de courtiser ses dirigeants sans se soucier des
conditions de vie de la population, qui, sans être catastrophique, sont
loin d'être conforme aux revenus du pays qui par une gestion
honnête permettrait une amélioration des conditions de vies.
La corruption est en effet un problème majeur. Les
revenues crées par l'exploitation des hydrocarbures, pourtant richesses
nationales, échappe pour l'essentiel au contrôle
démocratique des habitants de ces pays qui ont des indices de
développement humain très faible et des infrastructures
vétustes.
Par exemple, c'est la société Française
Bouygues qui a réalisé toutes les constructions du
président mégalomane Suparmyrat Niazov dans la capitale du
Turkménistan Aschgabat. A coté des projets pharaoniques tels que
les palais, les ministères, les magnifiques mosqués (qui au
passage sont vides ), les monuments nationaux, les fontaines, on trouve une
population qui survit tant bien que mal par des activités diverses et
une économie de rue informelle. La capitale, flambant neuf, avec ses
fontaines et ses pelouses vertes en plein désert tranche avec les autres
régions du pays où l'eau n'est courante que quelques heures par
jour et semble complètement absurde alors qu'en Ouzbékistan la
mer d'Aral s'assèche inexorablement.
B) Affrontements de puissances et jeux de
dominations
1) Une perte de l'influence Russe?
La chute de l'URSS a bien évidemment porté un
coup fatal à la Russie et a largement remodelé toute la
géopolitique de l'Asie centrale. Même si les anciennes
républiques soviétiques se sont réunies au sein de la CEI,
Moscou a perdu sa main mise sur le Caucase et la Caspienne. La Russie
dès lors n'a cessé de vouloir retrouver ce statut de puissance
dominante en Asie centrale. L'indépendance des républiques
soviétiques s'est marquée par une ouverture
économique. les investisseurs cherchant à s'implanter
sur le territoire russe ont rencontré des difficultés alors que
les pays de la Caspienne sont apparus d'accès relativement plus facile.
Cela est principalement du aux échecs de réformes
économiques en Russie où les enterprises privées n'ont pas
réagit de la même manière.
La russie voit aussi les oléoducs et pipelines lui
échapper. En 1991, elle contrôle tous les oléoducs
permettant aux nouveaux états independents d'exporter leurs
hydrocarbures, mais par la suite six oléoducs ne passant pas par le
territoire Russe ont été construits Moscou perd ainsi de son
influence politique et économique.
La conséquence directe de cela, c'est que les NEI sont
devenus des concurrents pour la Russie. Moscou voit donc son influence se
réduire sur les pays d'Asie centrale. D'une part, ceux-ci souhaitent
prendre de la distance avec le «grand frère Russe»
après 1991 et s'ouvrir sur la scène internationale, et d'autre
part tous les projets mis en oeuvres par les Etats-Unis ont visé et
visent toujours à amoindrir l'influence russe dans le bassin Caspien.
2) L'affrontement américano-soviétique pour
la domination de la Caspienne.
Au lendemain de l'indépendance des Républiques
d'Asie centrale et du Caucase et à la suite de la première guerre
du Golfe, les Etats-Unis affichent l'ambition d'étendre leur influence
dans les nouveaux pays bordant la mer Caspienne, afin de les désenclaver
en les détachant de l'influence exclusive de la Russie et de celle
potentielle de l'Iran. La volonté des Etats-Unis et des pays occidentaux
est également d'apporter sur le marché mondiale une nouvelle
source d'approvisionnement en hydrocarbures. Dans les années 1990, pour
justifier leur pénétration dans le bassin de la Caspienne, les
Etats-Unis gonflent leurs estimations des réserves d'hydrocarbures que
celui-ci contient. Ils parlent de 243 milliards de barils de pétrole,
à peine moins que l'Arabie saoudite alors qu'en réalité
ces réserves ne sont pas comparables à celle de l'Arabie saoudite
qui sont de loin beaucoup plus élevées.
Derrière ces manoeuvres ce sont des rivalités
de puissance et de domination qui sont en jeu. On est ici dans une
mentalité de lutte énergétique ou aucun avantage ne doit
être laissé aux autres acteurs étatiques rivaux.
(Etats-Unis contre Russie ou Iran). On retrouve d'ailleurs par certains aspects
une ambiance de guerre froide. L'Europe, quant à elle, depuis la guerre
du gaz entre la Russie et l'Ukraine, en janvier 2006, se penche enco re
davantage sur la Caspienne pour réduire sa dépendance
énergétique vis-à- vis de Moscou.
3) Isoler l'Iran
Dans sa volonté de contrôle sur la Caspienne,
Washington soutient des projets de pipelines dans la zone pour mieux isoler
l'Iran et toujours pour décrocher de la sphère d'influence russe
les ex- républiques soviétiques. L'Iran semble être le
grand perdant du nouveau «grand jeu». D'une part les oléoducs
contournent en majeur partie son territoire ( sauf un oléoduc
turkmène), mais d'autre part personne ne peut investir en Iran. Or le
pays a besoin d'investissements. Ses installations datent des années
1970, ce qui l'oblige à importer 40 % de son essence ; il n'a pas pu
explorer sa portion de la Caspienne et il sous-exploite son énorme
potentiel gazier. Il semble d'ailleurs paradoxal que le « grand jeu »
exclue l'Iran a l'heure ou les producteurs d'hydrocarbures en Asie centrale
souhaite voir s'ouvrir une route sud, plus simple et plus économique.
Géostratégie de la
Caspienne
L'Iran a cependant trouvé une solution par son
admission en tant qu'observateur en 2005 au sein de l'organisation de
coopération de shanghaï. Par ce rapprochement Téhéran
peut tisser des liens avec l'Asie, notamment la Chine, et être plus fort
dans son bras de fer avec les Etats-Unis ».
4) L'organisation de coopération de
shangha ·, un nouvel enjeu.
L'OCS est une organisation régionale qui regroupe la
Russie, la Chine, le Kazakhstan, la Kirghizistan,le Tadjikistan et
l'Ouzbékistan. Elle a été créée à
Shanghai les 14 et 15 juin 2001 par les présidents de ces six pays. Par
ailleurs, la Mongolie, l'Inde, l'Iran est le Pakistan ont un statut
d'observateur, ce statut a été refusé aux Etats-Unis.
Investir en Asie centrale constitue aussi, pour les Chinois,
une façon de s'immiscer dans les affaires de la région pour,
disent-ils, contribuer à sa sécurité. En
réalité la chine veut « sa part de gâteau » dans
la gestion de la Caspienne. Elle s'engage dans l'OCS pour fédérer
les Etats membres autour de thèmes qui lui sont chers, comme la lutte
contre le terrorisme ou la coopération économique et
énergétique. De surcroît, l'organisation forme un bloc
susceptible de se solidariser fortement en cas de déstabilisation de la
zone ou si les Etats -Unis y gagnent en influence au point de menacer les
pouvoirs en place.
La vague de « révolutions colorées »
qui a pris place dans l'espace ex-soviétique depuis 2003 a ainsi conduit
l'OCS à prendre plus nettement position contre Washington. En juillet
2005, par exemple, ses six membres soutenaient l'ouzbékistan dans son
exigence de fermer la base militaire aérienne américaine de
Karshi-Khanabad, ouverte dans le cadre de l'opération en Afghanistan.
Conséquences tous les soldats américains ont quitté le sol
ouzbek, ainsi que toutes les ONG.
Ainsi ce groupement régional récent montre sa
capacité à peser dans les Relations internationales influant sur
la décision des états. Il représente un nouvel acteur en
essor du «grand jeu» autour de la Caspienne.
III) La question de l'acheminement du gaz et du
pétrole vers l'Europe
La logique de diversification des exportations et de
réduction de dépendance menée par l'europe conduit les
pays importateurs et exportateurs à élaborer de nouvelles
stratégies de sortis pour leur ressources naturelles. Ces
différents projets sont la principale cause des tensions de la
Caspienne. Certes la question de l'accès aux ressources, du
contrôle des zones déchirent les états. Mais les
rivalités sont beaucoup plus apparentes sur la question des
tracés des oléoducs et de l'acheminement des hydrocarbures vers
les pays importateu rs. Depuis plus de cinq ans, on assiste à une
véritable guerre commerciale et économique dans laquelle sont
impliqués, outre les Occidentaux, pratiquement tous les Etats de la zone
comprise entre la Caspienne et la Méditerranée.
A) La « guerre des oléoducs »
La confusion règne tant cette question des oléoducs
est complexe. Ainsi il convient de distinguer clairement les oléoducs
existants de ceux qui sont en construction ou en projet.
1) Les oléoducs existant et en activité
Voir annexe 3
De l'Azerbaïdjan à la Russie
Il existe un oléoduc entre Bakou en Azerbaïdjan et
Novorossisk en Russie. Celui-ci a été réhabilité.
Initialement, il passait par le territoire tchétchène. Mais en
2002, la Russie l'a détourné afin d'éviter la zone de
conflit et de mettre fin à des années de pompage illégal
servant à financer la résistance tchétchène.
· Du Kazakhstan à la Russie : Caspian Pipeline
consortium (CPC)
Cet oléoduc transporte le pétrole du champ
kazakh de Tenguiz à Novorossisk. Il a été mis en
activité en novembre 2001. Long de 1 580 kilomètres, il a
nécessité 4,2 milliards de dollars d'investissements dont la
moitié a été assurée par deux firmes
américaines ChevronTexaco et ExxonMobil. Le Kazakhstan, ne
possédant pas ses propres oléoducs pour l'exportation, a
été jusqu'à maintenant dans l'obligation d'utiliser le
réseau russe existant.
· De l'Azerbaïdjan à la Géorgie :
l'oléoduc Bakou-Soupsa
C'est le premier oléoduc indépendant du
réseau russe reliant Bakou au port géorgien de Soupsa. D'une
longueur de 833 km, il a été mis en activité en avril
1999, et a coûté au consortium AIOC (Azerbaïdjan
International Operating Company) 560 millions de dollars. Sa capacité
est limitée car les tankers quittant Soupsa doivent emprunter les
détroits du Bosphore et des Dardanelles où le trafic est si dense
que la Turquie restreint le transit.
· De l'Azerbaïdjan à la Turquie :
Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC)
C'est un des plus important. Inauguré le 25 mai 2005, il
a été mis en activité fin 2005. Long de 1 765 km, il
traverse l'Azerbaïdjan et la Géorgie pour aboutir au port
méditerranéen de Ceyhan, en Turquie.
La construction de cet oléoduc initié il y a
onze ans, a été lancée en octobre 2001 par un consortium
regroupant dix sociétés, dont les plus importantes sont; Socar
(Azerbaïdjan), Amerada Hess, ConocoPhilips, ENI (Italie), Total et Unocal.
Le projet unifié autour de British Petroleum a coûté
près de 4 milliards de dollars. Le Kazakhstan, qui devra
s'équiper en supertankers d'une capacité de 50 à 60 mille
tonnes pour évacuer le brut de Kashagan jusqu'à Bakou, envisage
de s'y rattacher et de faire passer par l'oléoduc BTC 5 à 10
millions de tonnes par an à partir de 2008.
2) Les projets et les oléoducs en construction
Voir annexe 3
· Kazakhstan Caspian Transportation System (KCTS),
Un nouveau projet vient de naître et il est lié
à la découverte du gisement de Kachagan le plus gros
découvert dans le monde depuis trente ans. Ce dernier doit entrer en
production fin 2010, et les actionnaires du consortium qui l'exploite,
formé de 10 grandes majors occidentales, entendent transporter ses 1,2
à 1,5 million de barils par jour via un itinéraire sud-ouest
traversant la Caspienne. L'oléoduc ne passera sous la mer, en raison de
l'opposition russe et iranienne. En réalité il ne s'agira pas
d'un oléoduc mais d'une flotte de tankers qui fera la navette entre le
Kazakhstan et l'Azerbaïdjan, où un nouveau terminal
pétrolier connectera le « système» au BTC et rejoindra
la Turquie.
Le groupe Total, qui détient 18,52 % du gisement,
mène les études pour mettre en place ce système qui
devrait couter 3 milliards d'euros. C'est un des principaux projets que le
président de la République Nicolas Sarkozy pourrait
défendre l'an prochain au Kazakhstan, lors de sa visite.
· D'Azerbaïdjan en Turquie, le «double
corridor». Bakou-Tbilissi-Erzerum
Un second projet qui concerne le gaz est en cour
d'élaboration. Il s'agit d'un gazoduc appelé à fournir
l'Europe en gaz kazakh et turkmène Ce gazoduc double le tracé du
BTC. L'Europe encourage en même temps des investissements pour produire
du gaz naturel liquéfié au Turkménistan, lequel peut
être ensuite transporté par bateau à Bakou. La construction
de ce gazoduc, long de 690 kilomètres d'un coût de 900 millions de
dollars a débuté fin 2004. Ce «double corridor
énergétique» Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) et
Bakou-Tbilissi-Erzerum (BTE) participe au rapprochement de la région
Caspienne avec l'Union européenne.
Géostratégie de la
Caspienne
· Trukménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde
Un autre grand pipeline stratégique encouragé
par Washington mais qui a peu de chances de voir le jour: il s'agit du
Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde (TAPI), ce gazoduc que les
Etats-Unis, avec la société pétrolière
américaine Unocal, envisageaient de construire avec les talibans dans la
seconde moitié des années 1990 se trouvent largement compromis
car il comporte trop d'inconvénients, en termes de
sécurité, avec le retour des talibans en Afghanistan.
· Les projets vers la Chine
La construction d'un oléoduc transportant le
pétrole de l'ouest du Kazakhstan vers le nord-ouest de la Chine
(Xinjiang), longtemps repoussée en raison de sa non-rentabilité,
va désormais se concrétiser. D'une longueur totale de 6 000
kilomètres «le West China-West Kazakhstan Oil Pipeline»
devrait transporter 20 millions de brut par an (400 000 barils/jour). Une
première partie de 449 kilomètres est entrée en service en
2003 et relie déjà une ville chinoise.
· Un oléoduc Caspienne-baltique?
Ce projet est pratiquement sur la voie d'être
lancé. Il reste à déterminer les points de départs
et d'arrivée de l'oléoduc et déterminer ses
caractéristiques. Cet oléoduc, selon le projet des pays
participants, (Lituanie, de Pologne, d'Ukraine, d'Azerbaïdjan et de
Géorgie ) jouera le rôle d'alternative aux livraisons russes et
permettra l'acheminement du pétrole de la région de la mer
Caspienne et de la mer Noire vers la mer Baltique et également permettra
de renforcer la sécurité énergétique de l'Union
européenne
3) L'affrontement entre la Russie et les pays de la
Caspienne pour l'approvisionnement de l'europe; Le projet Nabucco
Voir Annexe 5
Le projet Nabucco est un projet d'oléoduc reliant la
Caspienne à l'Europe. Vers 2012, ce pipeline de 3 400 kilomètres
est censé acheminer le gaz d'Asie centrale, et plus tard d'Iran,
jusqu'en Autriche . Réunis le 26 juin 2006 autour du commissaire
européen à l'énergie, les pays concernés (Turquie,
Bulgarie, Roumanie, Hongrie, Autriche) ont définitivement mis en place
le projet, qui est soutenu par les Etats- Unis. La construction et
l'exploitation de la conduite ont été confiées à un
consortium international dirigé par la compagnie pétro
gazière autrichienne OMV.
Cela crée un affrontement qui oppose la Russie aux
pays européens et aux républiques d'Asie centrale. Le but de
l'Europe est de diversifier ses sources d'approvisionnement. Ainsi par le
projet Nabucco, elle réfléchie à un moyen de contourner la
Russie et Gazprom, le géant gazier Russe, pour la fourniture du gaz
d'Azerbaïdjan, du Kazakhstan et du Turkménistan. La Russie quant
à elle souhaite un contrôle total sur l'acheminement du gaz et en
tant que premier producteur de gaz au monde veut demeurer le principal
exportateur. Moscou développe donc un projet concurrent et
prévoit de construire un nouveau pipeline au sud dont le tracé
est très proche de celui de Nabucco.( voir annexe) alors que Gazprom
construit déjà «le Nord Stream » sous la Baltique pour
livrer le gaz de Sibérie à l'Europe en évitant la
Biélorussie, les pays baltes et la Pologne.
De Lourdes incertitudes pèsent encore sur le projet. Le
contre-projet Russe peut en effet s'avérer plus intéressant et
plus rentable, la Russie mettant en avant ses réserves et la
crédibilité de son projet. De plus Avant d'investir quelque 5
milliards d'euros, les firmes turque, bulgare, roumaine, hongroise et
autrichienne veulent des assurances. Il n'est pas sûr qu'il y ait assez
de gaz dans la région de la Caspienne, dont les réserves font
l'objet d'évaluations divergentes. De plus il faut pour que le projet
soit rentable qu'il transporte le gaz non seulement de l'Azerbaïdjan et du
Kazakhstan, m ais aussi de l'Iran et du Turkménistan. Malgré ces
conditions qui restent à assurer, le ministre turc de l'Energie, Hilmi
G·ler, a déclaré en mai 2007 que le projet de gazoduc
transcaspien Nabucco serait réalisé malgré
tout.
B) Les positions internationales
La construction du BTC de l'Azerbaïdjan à la Turquie
a été soutenue par l'Union européenne, par les Etats-Unis,
et par la Turquie. Il est en de même aujourd'hui pour le projet
Nabucco.
· La Turquie souhaite favoriser les projets de pipeline
car elle veut désengorger ses détroits, ceux des Dardanelles et
du Bosphore ou le trafic est déjà saturé. Les
conséquences écologiques en cas d'accident seraient dramatiques,
notamment pour le tourisme. La Turquie tient à préserver ce
domaine et donc à éloigner les pétroliers et autres
tankers qui pourrait transiter par les détroits.
· L'UE possède une politique
énergétique commune, qui vise la création de sources
alternatives d'approvisionnement énergétique et la
diversification des livraisons d'hydrocarbures, ce qui la pousse toujours
à rechercher d'autres projets complémentaires et s'assurer une
sécurité.
· Les Etats-Unis à travers cette guerre des
oléoducs cherchent à isoler l'Iran et la Russie. Si Washington
défendait le TAPI, le projet
«Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Industrielle »,
c'était à la fois pour isoler l'Iran et pour affaiblir la Russie
en Asie centrale. Désormais, les Etats- Unis entendent aussi
intégrer l'Afghanistan à son voisinage tout en lui fournissant de
quoi chauffer ses populations et relancer son économie, gages de sa
stabilité. Dans ce but, le département d'Etat américain,
en 2005, a réorganisé sa division Asie du Sud pour la fondre avec
celle de l'Asie centrale, afin de favoriser les relations à tous les
niveaux dans cette aire désignée comme la « Grande Asie
centrale ».
Le BTC, tout comme le BTE représentent de grandes
victoires américaines en politique internationale. C'est une
réussite en matière d'Òendiguement» de la Russie et
de soutien à l'indépendance des républiques du Caucase.
Ces oléoducs offrent aux Etats -Unis et à l'Europe la
possibilité de lancer deux projets pour diversifier leurs sources
d'approvisionnement et pour attirer dans leur géopolitique les NEI de la
zone. Néanmoins les défis sont nombreux. Actuellement, le
Turkménistan est dépendant du réseau de gazoducs
construits à l'époque soviétique et contrôlée
par Moscou. Américains et Européens cherchent à convaincre
le Turkménistan de construire un gazoduc sous la mer Caspienne
contournant la Russie, arguant du fait qu'Achkhabad pourrait vendre son gaz
plus cher. Gourbangouly Berdymoukhamedov, le président du
Turkménistan, a été accueilli à Bruxelles où
les Européens ont tenté de le convaincre de participer au «
corridor » transcaspien, Bakou-Tbilissi-Erzerum, permettant de transporter
du gaz liquéfié par barges de l'autre côté de la
mer. Mais depuis son élection en février, M. Berdymoukhamedov a
signé des accords pour remettre en état et doubler les
capacités du gazoduc de la côte de la Caspienne débouchant
en Russie, et pour la construction d'un gigantesque oléoducs de 7.000
kilomètres de long reliant le Turkménistan à la Chine.
De retour de sa première visite officielle à
Moscou le président à également invité l'entreprise
Chevron à prendre part au développement du secteur
énergétique turkmène. Jamais son
prédécesseur n'avait osé solliciter une major
internationale. Par ailleurs, il n'a pas dit « non » aux propositions
européennes de corridor transcaspien. Peut-être menace-t-il de
faire entrer les Occidentaux dans son jeu pour que Gazprom accepte de payer
plus. La Russie obtient jusque là le gaz turkmène pour un prix
dérisoire. (100 dollars par unité de mille mètre cube). Et
Il facture son gaz à plus de 250 dollars aux pays européens.
En conséquence l'Europe et les Etats-Unis ne cessent de
faire pression sur le Turkménistan pour que celui-ci oriente ses projets
directement vers l'Europe sans passer par la Russie. Mais bien que le
régime est changé de président au début de
l'année, il demeure méfiant envers Washington.
Géostratégie de la
Caspienne
IV) Défense et sécurisation de la
Caspienne,
A) La Caspienne ; base arrière
américaine
A partir du 11 septembre 2001, l'administration
américaine a intensifié sa coopération militaire avec les
républiques d'Asie centrale. Elle a sensiblement augmenté les
montants de son assistance fournie aux États de la région au
titre des programmes de sécurité. Des troupes américaines
ont, été déployées en Ouzbékistan (base de
Karsi-Khanabad) et au Kirghizstan (base de Manas), en soutien à
l'intervention en Afghanistan. l'hypothèse d'une installation de bases
OTAN en Géorgie et en Azerbaïdjan a également
été soulevé. En un an, ( 2003/2004) Washington a mis en
place son dispositif militaire en Asie centrale s'assurant ainsi tout le
soutien logistique necessaire pour toutes leurs interventions.
Les Etats -Unis se servent de l'Asie Centrale comme d'une base
arrière pour leur établissement au moyen-orient et principalement
pour leur engagement en Afghanistan. La guerre menée contre le
régime des talibans en 2001 avait pour point de depart
l'Ouzbékistan. Aujourd'hui. Depuis, des forces américaines
stationnent également dans d'autres bases au Tadjikistan, et près
de l'aéroport de Manas, au Kirghizstan. Les événements du
11 septembre 2001 ont, en fait, accentué des tendances à
l'Ïuvre depuis dix ans dans la région de la caspienne, c'est
à dire le recul de l'influence de Moscou et l'installation des
Etats-Unis qui acquiert un statut d'hyperpuissance.
Le grand gagnant de cette présence militaire
américaine fut le président ouzbek Islam Kar imov : Les
Etats-Unis ont joué un rôle majeur dans l'élimination des
talibans. Par conséquent, Ils ont libéré
l'Ouzbékistan de toute menace d'agression militaire ou
idéologique. Les choses ont changé depuis l'année 2005. En
effet le 29 juillet 2005, l'ambassade américaine à Tachkent a
reçu une note du ministère ouzbek des Affaires
étrangères appelant les États-Unis à retirer leurs
forces de la base aérienne de KarshiKhanabad dans un délai de six
mois. Consécutive à la crise politique déclenchée
par les événements d'Andij an8, cette demande a
provoqué de nombreuses spéculations quant à la
réaction possible de Washington.
Si les Dirigeants des pays d'Asie Centrale semblent satisfait
par la présence militaire américaine qui garantit une
stabilité face aux agitations et au terrorisme, celle-ci suscite
également des espoirs parmi les groupes d'opposants. Par exemple, pour
Boris Shikhmuradov, fondateur du Mouvement démocratique populaire du
Turkménistan et ancien ministre des affaires étrangères,
arrêté dans des conditions obscures en décembre 2002, comme
pour M. Akezhan Kazhegeldin, ancien premier ministre kazakh, l'implication
américaine et occidentale représente une avancée pour la
démocratie. Ces leaders independents, bien que soumis à de fortes
pressions dans leurs états, voient dans la presence américaine un
moyen de parvenir a plus de démocratie. De fait, la
quasi-totalité de l'aide des Etats -Unis à l'Ouzbékistan,
au Kazakhstan et à la Géorgie contribue au développement,
non seulement de l'économie de marché, mais aussi d'un
système politique démocratique.
Le secrétaire d'Etat Colin Powell avait
évoqué en 2003 devant le Congrès les « progrès
substantiels et continus» faits par les pays d'Asie Centrale en
matière de droits humains et de démocratie. Pourtant Human Rights
Watch et d'autres ONG comme amnesty international soulignent que ces
progrès restent bien limités, et souhaitent plus de pressions de
la part de Washington. Cela s'avère délicat pour les Etats-Unis
qui ne sont pas en Asie Centrale pour des interêts idéologiques
mais bien pour des
8 La crise d'Andidjan: Le 12 et 13 mais 2005, Lors de
manifestation dans la ville ouzbek d'Andijan, l'armée a ouvert le feu
sur la foule tuant et blessant des manifestants. Selon certains
témoignages les forces armées ont encerclé les
manifestants et commencé à ouvrir le feu sans discrimination sur
ceux qui étaient sur la place ou tentaient de s'enfuir. Cela à
fait des centaines de morts. Néanmoins la vérité n'a
jamais été mise au clair et le gouvernement ouzbek a toujours
refusé les commissions d'enquêtes étrangères, ni
reconnu la gravité de ces événements. Les Etats -Unis Ont
vivement dénoncé et condamné cette répression, ce
qui explique les tensions diplomatiques et la décision ouzbek
d'évacuer les Etats-Unis hors du territoire.
interêts économiques et
énérgetiques. Ainsi, mettre en avant un discours trop
démocratiques pourrait nuire à leurs relations diplomatiques. Si
ce discours démocratique de l'Occident dérange les dirigeants
centre asiatiques, ils peuvent toujours changer de décisions et
s'orienter vers la Chine et la Russie qui ne sont guère exigeant en la
matière.
B) Vers une militarisation de la Caspienne?
Dans la région de la Caspienne, les enjeux sont
nombreux, les tensions sont constantes et les rivalités ne cessent de
croître. L'idée d'une militarisation de la Caspienne dans le but
de sécuriser la zone apparaît alors.
En Octobre 2005, le ministre Russe des Affaires
étrangères, Sergueï Lavrov a annoncé qu'une force
militaire commune aux pays de la Caspienne était en cours de formation.
La CASFOR (« Caspian Force ») serait chargée d'assurer la
sécurité de la mer Caspienne. Cette déclaration a fait
suite à une rencontre entre le président du Turkménistan
de l'époque Saparmourad Niazov et le ministre Russe des affaires
étrangères.
Une semaine plus tôt, les 10-13 octobre 2005, la
Secrétaire d'État américaine, Condoleeza Rice,
était en visite dans la région, notamment au Kazakhstan,
où elle évoquait l'importance de la coopération des
deux
9
pays en matière de sécurité .
Parallelement au projet Russe, l'administration américaine soutient en
effet le développement d'une Garde caspienne (« Caspian Guard
»). Ce second projet lancé par Washington vise également
à sécuriser la zone maritime et a pour objectif d'aider
l'Azerbaïdjan et le Kazakhstan à lutter contre les traffics d'armes
et le terrorisme, cela par l'établissement d'un régime commun de
contrôle aérien, maritime et frontalier.
Le Projet de la CASFOR illustre la volonté Russe de
prévenir la présence d'acteurs exterieurs comme les Etats-Unis et
représente ainsi une sorte de réponse a Washington. La Russie
veut conserver son influence dans la region et ce projet de force Caspienne
était déjà évoqué par les Russes en 2002.
Difficile à réaliser en 2002, cette initiative Russe a
été relancée en 2005 et ce n'est qu'au cours de cette
année que cette force est concretement evoquée. On retrouve par
cette question de force armée, l'illustration d'un conflit
Americano-Russe omniprésent au sein de cette région.
Au ministère Russe des affaires
étrangères, on préconise la formation d'une force navale
sur le modèle de celle créee pour la mer noire10. A
Washington, les choses semblent aller plus vite et le Pentagone a anoncé
en août 2005 que 130 millions de dollars seraient alloués au
projet de la Caspian Force au cours des 6 prochaines années. Cette
déclaration a fait suite à l'inauguration de l'oléoduc
BTC, Bakou, Ceyhan. Assurer la sécurité et la perennité
des interêts énergétiques est une dimension primordiale.
C'est dans cette optique qu'il faut comprendre le projet américain.
Pour l'instant la Russie semble déterminée mais
ne parvient pas encore à fédérer tous les états de
la Caspienne derrière sa volonté. Le Kazakhstan et
l'Azerbaïdjan semblent peu enclin au projet Russe et leur position sera
determinante. L'Azerbaïdjan préconise une demilitarization de la
mer, alors que le Kazakhstan est soutenu par les Etats-Unis pour la Force
Caspienne. Avant de constituer une réalité en devenir, ce projet
apparaît avant tout comme la manifestation de l'attachement de la Russie
à maintenir sa puissance dans l'espace Caspien.
C) La nouvelle donne géopolitique,
Moscou-Washington-Téhéran
Depuis les années 1990, la Russie et l'Iran ont
resserré leurs relations. Le 16 mars 2001, Vladimir Poutine et Mohammed
Khatami, son homologue iranien, ont signé à Moscou un pacte de
coopération
9 Déclaration faite lors du Discours de Condoleeza Rice
à l'occasion de sa visite au Kazakhstan, à la Eurasian National
University, à Astana, le 13 octobre 2005,
10 Il existe une force de sécurité en mer noire.
Celle-ci a été créée en 2001.
Géostratégie de la
Caspienne
civile et militaire comprenant la vente de matériels de
guerre russes, dont un système de défense antiaérien de
moyenne et longue portée.
Par son projet de la « Caspien Guard» Washington
veut certes garantir une sécurité énergétique pour
l'Europe, mais son principal but est de lutter contre l'influence Russe et
contenir l'Iran. Les Etats- Unis ne sont pas présents dans la
région de la Caspienne uniquement pour des intérêts
énergétiques qui ne les concernent qu'a moitié, mais bien
pour une question d'affrontement avec Moscou et de domination
géopolitique sur la région de la Caspienne et plus globalement de
l'Asie centrale.
Une volonté revient fréquemment, celle d'isoler
l'Iran et faire de la Force Caspienne un moyen de dissuasion et
d'autorité. Si le projet Russe venait à aboutir, il constituerait
une grande menace pour les Etats-Unis car il intégrerait l'Iran et
mettrait fin à son isolement. Depuis les Tensions diplomatiques au sujet
du nucléaire Iranien, la question a été remise quelque peu
de côté, mais le spectre de ce projet hante encore Washington. Le
récent sommet qui a réuni les pays de la Caspienne à
Téhéran montre à quel point l'heure est au rapprochement
entre la Moscou et Téhéran. Ce sommet ne fut en quelque sorte
qu'une «couverture» pour le rapprochement des deux pays. Les
questions de la Caspienne ont été abordées et ont permis
des avancées, notamment sur le statut juridique de la mer. Celui-ci
à cependant débouché sur une déclaration finale
apportant un soutien implicite au programme nucléaire iranien.
Après le sommet sur la Caspienne, Vladimir Poutine s'est entretenu avec
le président Mahmoud Ahmadinejad. Le président Russe a
déclaré "La Russie est le seul pays à aider l'Iran
à construire une centrale nucléaire dans un but pacifique, ce
sera l'objet de discussions sérieuses". Le président Poutine est
ensuite revenu sur ce point en déclarant que "les activités
nucléaires pacifiques devaient être autorisées".
Actuellement la Russie est le dernier pays, avec la Chine,
à s'opposer à l'adoption d'une troisième résolution
du Conseil de sécurité de l'ONU infligeant des sanctions à
Téhéran, à cause de son refus de suspendre son programme
d'enrichissement d'uranium. Dans la crise nucléaire qui oppose l'Iran
à l'Occident, la Russie est donc pour le moins ambivalente et joue le
double jeu. Elle donne depuis peu une opinion divergente de celle des
occidentaux prônant une certaine patience face à ce dossier et
refusant de nouvelles sanctions envers Téhéran.
Ces événements politiques récents ne
cessent de remodeler la géopolitique de la Caspienne et les tensions
centres asiatiques. Dans cette atmosphère de confrontation, le projet de
militarisation de la Caspienne paraît mis de côté car on
semble plus dans un risque d'affrontement direct avec l'Iran que dans la mise
en place d'une armée visant à la sécurisation. De plus des
projets de militarisation attiseraient en quelque sorte les tensions
déjà existantes. Par ces projets et ces différentes
réalités présente en Asie centrale, la région de la
Caspienne se révèle bien être un lieu de plus en plus
convoité à la fois cause et raisons d'affrontement sur la
scène internationale.
V) Annexes
Annexe 1
Géostratégie de la
Caspienne
Annexe 2
Annexe 3
Annexe 4
Annexe 5 ; le projet Nabucco
Géostratégie de la
Caspienne
VI) Bibliographie
- « Chine, Russie, Asie centrale,
éléments de géostratégie: énergie,minerais
en Chine. Routes russes. Statut mer Caspienne. Projet
oléoduc Bourgas - Alexandroupolis. La Bouriatie ».
Revue Courrier des pays de l'Est. La Documentation
française
- « La bataille de l'énergie
» (n.24 mars-avril 2007) Revue Questions
internationales.
-L'Asie centrale, dix ans après les
indépendances : quels nouveaux enjeux ? Les exemples du Kazakhstan et de
l'Ouzbékistan
Xavier de Villepin, André Dulait, André Boyer
Sénat, Commission des affaires étrangères
Les rapports du Sénat, n° 320
-« Le projet de la CASFOR »
Note de la fondation pour la recherche stratégique, Annie Jafalian
chargé de recherche, rapport réalisé en octobre 2005,.
-« Russie et Caspienne : réalités
énergétiques, enjeux européens»
Compte rendu de la conférence tenue au Commissariat
général du Plan, le 19 octobre 1999 dans le cadre du cycle de
conférence de politique énergétique
-«Le Kazakhstan entre Russie et
Caspienne». Cahier d'études sur la
meditérranée orientale et le monde Turquo-Iranien
Article de Alain GIROUX
-- Données sur le pétrole. Organisation de
coopération et de développement économiques (OCDE)
-Archives et articles du journal, Le monde diplomatique.
- Article du quotidien Le Monde
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