B) Vers une militarisation de la Caspienne?
Dans la région de la Caspienne, les enjeux sont
nombreux, les tensions sont constantes et les rivalités ne cessent de
croître. L'idée d'une militarisation de la Caspienne dans le but
de sécuriser la zone apparaît alors.
En Octobre 2005, le ministre Russe des Affaires
étrangères, Sergueï Lavrov a annoncé qu'une force
militaire commune aux pays de la Caspienne était en cours de formation.
La CASFOR (« Caspian Force ») serait chargée d'assurer la
sécurité de la mer Caspienne. Cette déclaration a fait
suite à une rencontre entre le président du Turkménistan
de l'époque Saparmourad Niazov et le ministre Russe des affaires
étrangères.
Une semaine plus tôt, les 10-13 octobre 2005, la
Secrétaire d'État américaine, Condoleeza Rice,
était en visite dans la région, notamment au Kazakhstan,
où elle évoquait l'importance de la coopération des
deux
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pays en matière de sécurité .
Parallelement au projet Russe, l'administration américaine soutient en
effet le développement d'une Garde caspienne (« Caspian Guard
»). Ce second projet lancé par Washington vise également
à sécuriser la zone maritime et a pour objectif d'aider
l'Azerbaïdjan et le Kazakhstan à lutter contre les traffics d'armes
et le terrorisme, cela par l'établissement d'un régime commun de
contrôle aérien, maritime et frontalier.
Le Projet de la CASFOR illustre la volonté Russe de
prévenir la présence d'acteurs exterieurs comme les Etats-Unis et
représente ainsi une sorte de réponse a Washington. La Russie
veut conserver son influence dans la region et ce projet de force Caspienne
était déjà évoqué par les Russes en 2002.
Difficile à réaliser en 2002, cette initiative Russe a
été relancée en 2005 et ce n'est qu'au cours de cette
année que cette force est concretement evoquée. On retrouve par
cette question de force armée, l'illustration d'un conflit
Americano-Russe omniprésent au sein de cette région.
Au ministère Russe des affaires
étrangères, on préconise la formation d'une force navale
sur le modèle de celle créee pour la mer noire10. A
Washington, les choses semblent aller plus vite et le Pentagone a anoncé
en août 2005 que 130 millions de dollars seraient alloués au
projet de la Caspian Force au cours des 6 prochaines années. Cette
déclaration a fait suite à l'inauguration de l'oléoduc
BTC, Bakou, Ceyhan. Assurer la sécurité et la perennité
des interêts énergétiques est une dimension primordiale.
C'est dans cette optique qu'il faut comprendre le projet américain.
Pour l'instant la Russie semble déterminée mais
ne parvient pas encore à fédérer tous les états de
la Caspienne derrière sa volonté. Le Kazakhstan et
l'Azerbaïdjan semblent peu enclin au projet Russe et leur position sera
determinante. L'Azerbaïdjan préconise une demilitarization de la
mer, alors que le Kazakhstan est soutenu par les Etats-Unis pour la Force
Caspienne. Avant de constituer une réalité en devenir, ce projet
apparaît avant tout comme la manifestation de l'attachement de la Russie
à maintenir sa puissance dans l'espace Caspien.
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