B. Menaces et Contraintes
1) Contraintes règlementaires
a) L'obtention de l'agrément
Selon l'instruction N°01/2006/SP du 31 Juillet
2006 de la BCEAO, relative à l'émission de monnaie
électronique, toute IMF ayant le désir d'exercer ce genre
d'activités, est tenue d'avoir au préalable un
agrément.
En effet l'article 10 de cette instruction
stipule : « Avant d'exercer les activités de monnaie
électronique, les Systèmes financiers Décentralisés
et les établissements de monnaie électronique doivent obtenir
l'agrément de la Banque Centrale. A cet effet , ils doivent fournir en
trois exemplaires, les documents ci-après, nécessaires à
l'appréciation de leur demande :
· Une demande signée par le
représentant de l'établissement, dûment habilité
à cet effet, adressée à la banque Centrale est
déposée auprès de la Direction Nationale de la BCEAO de
l'Etat d'installation ;
· Une fiche de renseignements sur les
principaux actionnaires, dirigeants et partenaires de
l'institution
· Une présentation
détaillée de l'activité de monnaie électronique que
l'établissement ou l'institution souhaite exercer
· La décision d'autorisation d'exercer
du Ministère chargé des Finances pour les structures relevant des
systèmes financiers décentralisés
· Les états financiers annuels des
trois derniers exercices, certifiés par un commissaire aux comptes
agréé pour les établissements assujettis à cette
obligation et existant depuis plus de trois ans
· Les comptes de résultat
prévisionnels sur au moins trois ans, de l'activité de monnaie
électronique pour laquelle l'agrément est
sollicité
· Une copie des contrats et protocoles conclus
avec les partenaires techniques et financiers dans le cadre de
l'activité de monnaie électronique
· Une représentation de
l'architecture des systèmes d'information et techniques ainsi que de
leur fonctionnement permettant de vérifier le respect de toutes les
normes de sécurité technique
· Les projets de contrats à conclure
avec les clients (porteurs)
La Banque centrale peut en outre, réclamer
tout document qu'elle juge nécessaire pour l'instruction du dossier de
demande d'agrément. »
Comme cela se voit dans cet article, l'une des étapes
les plus préliminaires pour ECLOF-CI si cette dernière veut se
lancer dans l'émission de monnaie électronique, est l'obtention
d'un agrément émanant de la BCEAO. ECLOF-CI devra par
conséquent constituer tout un dossier, et le soumettre aux
autorités locales de la Banque centrale pour analyse et notification de
l'autorisation en cas d'avis favorable.
Perspectives de l'introduction des procédés
de paiement électronique au sein de l'institution de microfinance
ECLOF-CI
b) Exigences en matière de capital social
minimum et de fonds propres permanents
Comme autre contrainte réglementaire, l'on peut citer
l'exigence de capital social minimum et de fonds propres permanents, pour les
structures qui veulent produire de la monnaie électronique.
L'article 17 de l'Instruction
N°01/2006/SP du 31 Juillet 2006 de la BCEAO stipule :
« Les établissements de monnaie électronique
doivent avoir un capital social minimum d'au moins Trois Cents (300) millions
de FCFA. S'agissant des institutions relevant des systèmes financiers
décentralisés, le montant total des dépôts
détenus dans leurs livres devra être au moins égal à
Trois Cents (300) millions de FCFA. Les fonds propres des établissements
de monnaie électronique doivent être à tout moment
égaux ou supérieurs à huit pourcent (8%) du plus
élevé des deux montants suivants :
· Le montant quotidien des engagements
financiers correspondant aux dettes représentatives de leur monnaie
électronique ;
· La moyenne arithmétique des
montants quotidiens des six (06) derniers mois qui précèdent, tu
total des engagements financiers correspondant aux dettes
représentatives de la monnaie électronique de leur
émission.
Les établissements de monnaie
électronique et les systèmes financiers
décentralisés, qui ne comptent pas six (06) mois
d'activité depuis la date de prise d'effet de l'agrément,
calculent le montant moyen de leurs engagements financiers correspondant
à leur émission de monnaie électronique en fonction de
leur programme d'activité, après ajustement requis par la BCEAO.
»
Cet article oblige donc toute structure voulant produire de
la monnaie électronique, à détenir au préalable au
capital social minimal de trois cent (300) millions de FCFA. L'on est donc
tenté de s'interroger si le capital social ECLOF-CI remplit cette
exigence, les derniers états financiers de cette IMF ne nous permettent
pas de répondre à l'affirmative.
Aussi, ce même article 17 précise plus loin que
s'agissant des institutions relevant des SFD, le montant total des
dépôts détenus dans leurs livres devra être au moins
égal à trois cent (300) millions de FCFA. Qu'en est t-il
d'ECLOF-CI, concernant cet autre exigence ? L'analyse encore une fois de plus
des états financiers de cette IMF, ne nous permet pas de dire
qu'ECLOF-CI remplit cette condition. L'ensemble des dépôts
détenus dans les livres comptables d'ECLOF-CI est pour le moment
inférieur à trois cents (300) millions de FCFA, étant
donné que cette SFD ne lève pas d'épargne à
proprement parler auprès de ses souscripteurs pour l'instant.
Comme nous venons de le voir plus haut, cette contrainte de
capital social se présente comme l'obstacle majeur empêchant les
IMF de développer des produits de la monétique, et surtout ceux
liés à la production de monnaie électronique. Les IMF sont
de petites structures n'ayant pas de gros capitaux lors de leur constitution.
Il faut plusieurs années à une IMF ici en Côte d'Ivoire
pour mobiliser au moins trois cent millions de dépôts dans ses
livres comptables. Cette contrainte exigée par la BCEAO constitue donc
un gros frein à l'émergence de la monétique dans le milieu
des SFD qui ambitionnent de s'y lancer pour satisfaire aux besoins de leur
clientèle et pour répondre aussi aux normes internationales en
matière de produits financiers.
Perspectives de l'introduction des procédés
de paiement électronique au sein de l'institution de microfinance
ECLOF-CI
c) Vérification du respect des ratios
prudentiels
Le premier paragraphe de l'article 19 de la
même instruction précise que : « Les
Autorités Monétaires et de Contrôle s'assurent que les
ratios destinés à vérifier le respect des articles 17 et
18 sont calculés, au moins deux (02) fois par an :
· Soit par les établissements
émetteurs de monnaie électronique, eux-mêmes, qui doivent
les communiquer ainsi que toute donnée requise aux Autorités
Monétaires et de Contrôle ;
· Soit par les Autorités
Monétaires et de Contrôle, elles mêmes, sur la base des
données fournies par les établissements de monnaie
électronique. »
En clair, si ECLOF-CI veut s'engager comme
établissement produisant de la monnaie électronique, elle sera
soumise au respect scrupuleux de certains ratios tels que celui des 8% des
engagements financiers, détaillé dans l'article 17 de la
présente instruction. ECLOF-CI n'aura pas la latitude de gérer
ses fonds propres selon son seul système de gestion prudentielle
interne, mais devra désormais tenir compte des nouveaux ratios
exigés par les Autorités Monétaires et de
Contrôle.
d) Communication permanente des
informations
L'article 19 de l'instruction N° 01/2006/SP
du 31 Juillet 2006 dit dans ses derniers paragraphes que :
« ..., les établissements de monnaie
électronique sont tenus de dresser et de communiquer à la BCEAO,
à la fin de chaque semestre de l'année civile, un rapport sur
leurs activités, élaboré à partir des
éléments extraits de leur comptabilité, indiquant
notamment le respect des dispositions de l'article 17 et 18.
Les établissements de monnaie
électronique sont également tenus de fournir à la Banque
Centrale, avant le 30 Juin de l'année suivante, les Etats financiers
annuels, arrêtés au 31 Décembre, certifiés par un
commissaire aux Comptes agrée pour les établissements assujettis
à cette obligation »
Cet article fait donc obligation à ECLOF-CI en tant
qu'établissement de monnaie électronique, de produire des
rapports périodiques à la BCEAO sur l'évolution de ses
activités de production de monnaie électronique. Il ne s'agira
plus pour ECLOF-CI de produire simplement des rapports financiers à son
ministère de tutelle qui est le Ministère de l'économie et
des finances de la Côte d'Ivoire, mais au-delà de cette
autorité, l'IMF devra périodiquement informer la Banque centrale
également par des rapports semestriels.
e) Obligation de gestion saine et
prudente
Selon l'article 20 de l'instruction N° 01/2006/SP
du 31 Juillet 2006 :
« Les établissements de monnaie
électronique doivent être gérés de manière
saine et prudente. A cet effet, ils doivent notamment disposer de manuels de
procédures comptables, administratives et financières ainsi que
de procédures de contrôle interne adéquates. La gestion et
les procédures mises en oeuvre doivent permettre d'évaluer et de
suivre les risques financiers et non financiers auxquels ils sont
exposés, y compris les risques techniques et ceux liés aux
procédures, ainsi que les risques liés aux activités
exercées en coopération
Perspectives de l'introduction des procédés
de paiement électronique au sein de l'institution de microfinance
ECLOF-CI
avec toute entreprise remplissant des fonctions
opérationnelles ou d'autres fonctions accessoires en rapport avec leurs
activités. »
En adaptant cela au projet d'implémentation de la
monétique à ECLOF-CI, l'on se rend compte que cette IMF se verra
dans l'obligation de revoir son manuel de procédures comptables
administratives et financières, afin d'y prendre en compte ses nouvelles
activités relatives à la monétique. L'élaboration
et la mise à exécution de ce nouveau manuel sera une garantie
auprès des autorités compétentes qui voudront dans leurs
missions de contrôle vérifier l'existence d'une gestion saine et
prudente au sein d'ECLOF-CI.
2) Absence formelle du produit
d'épargne
La SFD ECLOF-CI ne prélève jusque là pas
d'épargne auprès de ses souscripteurs. Elle a prévu cela
dans son plan de développement, mais il convient de constater que la
quasi- totalité des institutions financières, notamment les
banques classiques qui exploitent déjà la monétique dans
leur fonctionnement quotidien, arrivent à le faire grâce aux
dépôts effectués par leur clientèle à travers
l'ouverture de comptes à leurs guichets.
La monnaie électronique pouvant être
considérée comme une créance sur l'émetteur qui est
stockée sur un support électronique, il s'avère donc
évidant que le préalable pour l'émission de cette monnaie
est la réception de ces fonds auprès de l'organisme
émetteur. Et dans le cas d'une IMF, ce qui conviendrait le mieux pour
parfaitement remplir cette fonction de réception de fonds en provenance
de ses clients, est la possibilité pour elle d'accepter l'ouverture de
compte d'épargne en son sein par les futurs utilisateurs de cette
monnaie électronique. C'est lorsque le client aura déposé
la liquidité auprès de l'IMF, qu'il lui sera
délivré un porte monnaie électronique contenant le montant
de sa créance vis-à-vis de l'IMF.
Or, cette possibilité d'épargne n'existe pas
encore à ECLOF-CI. L'ouverture de compte d'épargne permettra donc
de lancer avec beaucoup plus de faciliter les options telles que la carte
à puce, et par ricochet l'utilisation des GAB. Un client voulant
utiliser un DAB pour effectuer un retrait, devra d'abord posséder de
l'argent dans les comptes d'ECLOF-CI. Cet argent peut provenir du financement
qu'ECLOF-CI voudra bien mettre à sa disposition comme prêt
à rembourser, mais aussi cette somme pourrait également provenir
des fonds propres du client, logés dans son compte d'épargne
ouvert à ECLOF-CI.
3) Acquisition coûteuse des produits de la
monétique
L'un des facteurs essentiel qui freine un temps soit peu
l'évolution de la monétique au niveau des SFD, en dehors de
l'aspect réglementaire est le coût d'acquisition de
l'équipement de monétique.
Etant une technologie en vogue dans le milieu financier, la
monétique parait pour l'instant comme un outil de prestige,
réservée à une certaine catégorie de personne en
relation avec une institution financière. Les appareils tels que les
Guichets automatiques de billets, les Terminaux de paiement électronique
(TPE), les cartes à puces, pour ne citer que ceux là, sont des
outils qui ne sont pour l'instant par à la portée de tous,
étant donné leurs coûts d'acquisition que beaucoup de
structures voulant développer la monétique trouvent encore trop
exorbitant.
Prenons le cas du GAB, à l'heure actuelle , selon le
service commercial de l'entreprise OMOA, basée en
Côte d'Ivoire et spécialisée dans la production d'appareils
de monétique, le prix d'un GAB oscille entre Sept millions (7000 000) et
Quarante cinq millions (45 000 000)
Perspectives de l'introduction des procédés
de paiement électronique au sein de l'institution de microfinance
ECLOF-CI
de FCFA. Et cela, selon le modèle, la configuration, le
type d'installation requis, le type de coffre fort, etc.
L'installation des GAB peu s'avérée rentable
dans les zones urbaines, lorsque les coûts associés à
l'ouverture d'une agence de microfinance ont tendance à être
beaucoup plus élevés que les frais d'installation d'un GAB. De
plus, une fois les machines installées, leur maintenance est
relativement bon marché. Par contre, dans les zones rurales, les
défis associés à l'infrastructure peuvent rendre la
maintenance des GAB coûteuse et difficile du point de vue logistique. Il
en va de même pour les dispositifs de communications nécessaires
à leur fonctionnement. Dans le souci de lutter efficacement contre la
pauvreté, ECLOF-CI pourra dans sa phase d'extension installer des GAB
dans les zones rurales, et cela pourrait lui revenir un peu cher, vu le
coût d'acquisition d'un seul GAB.
L'utilisation de GAB nécessite aussi, la mise en place
d'un réseau informatique par le biais de l'acquisition d'au moins un
serveur qui centralisera toutes les informations et données en
provenance des différents guichets automatiques et TPE installés.
Une telle technologie requiert le développement de plusieurs
applications et autres logiciels à concevoir par des experts
informaticiens. L'on constate donc que cela va encore engendrer des coûts
d'acquisitions de puissants ordinateurs qui joueront le rôle de serveurs,
sans oublier les honoraires des consultants et programmeurs informaticiens qui
seront associés à la mise en place de cet outil.
En ce qui concerne la technologie des cartes à puce,
l'on note que celle-ci est plus chère que les cartes à
débit différé ou immédiat ou les cartes de GAB et
cela leur principal inconvénient selon le rapport d'un séminaire
sur les IMF organisé en 2004 au Kenya par Africap, alors qu'une carte
à débit immédiat a un coût de revient de 0.25
à 0.50 dollars, les cartes à puces coûtent entre quatre et
dix dollars, soit environ 5000 FCFA par carte à puce. ECLOF-CI devra
donc à cet effet budgétiser approximativement Cinq millions (5
000 000) de FCFA pour la production de mille (1 000) cartes à puces pour
ses clients. Il convient aussi de relever que l'entreprise Chaka Card, dont
certains bureaux sont localisés en Côte d'Ivoire, cède les
TPE à ses clients opérateurs dans le domaine de la
monétique, à un prix minimal de Cent quinze mille (115 000)
FCFA.
Tout ceci pour dire que le lancement de produits de la
monétique à ECLOF-CI nécessitera la mobilisation de moyens
financiers importants.
4) Méconnaissance et réticence de la
population cible vis à vis des produits de la monétique
En Côte d'Ivoire, et même dans toute la sous
région ouest africaine, le taux d'utilisation de la carte bancaire et
autres produits de la monétique par la population bancarisée,
reste encore faible par rapport aux objectifs fixés dans le cadre de la
reforme des systèmes de paiement dans l'UEMOA. La population a une
préférence pour la monnaie fiduciaire. Même la monnaie
scripturale à travers les chèques et les virements, a encore du
mal à entrer dans les habitudes de beaucoup de personnes.
Avec l'avènement de la monnaie électronique,
ECLOF-CI devra véritablement redoubler d'ardeur pour instaurer ce
nouveau système de paiement dans les habitudes de ses clients. Ayant
affichée une réelle volonté d'aider la population rurale
et analphabète à sortir de la pauvreté par le
développement d'activités génératrices de revenus,
la tache ne sera pas du tout aisée pour amener cette catégorie de
population à se familiariser à ces produits novateurs, pendant
que l'autre catégorie de la population considérée comme
lettrée et
Perspectives de l'introduction des procédés
de paiement électronique au sein de l'institution de microfinance
ECLOF-CI
bancarisée, éprouve déjà une aversion
pour les produits financiers rattachés à la monétique,
qu'ils trouvent souvent trop sophistiqués à utiliser.
5) Questions liées à la
sécurité
a) La cybercriminalité
De tous les temps, l'information a toujours revêtu une
importance capitale. Elle se trouve au coeur de l'activité des
institutions financières et en constitue la sève vivante. Mais
cette ressources qui vaut parfois plus que de l'or, est d'une extrême
délicatesse.
En effet, la collecte, le transport, le stockage, la
protection, la recherche, l'origine, le partage et la consommation de
l'information ont toujours posé d'énormes problèmes. En un
mot, le traitement de l'information requiert d'importantes précautions
à toutes les étapes. Face aux différentes
problématiques liées à l'information, les avancées
dans le domaines des technologies de l'information ont permis de faire des
progrès considérables et de relever des défis dans
quasiment tous les secteurs, en particulier celui de la finance. Mais le
recours, avec sans modération de ces technologies a fait naître,
comme il fallait s'y attendre, de nouveaux risques.
En s'appuyant sur les facilités offertes par les
technologies de l'information et de la communication pour fournir certains
services, les secteurs bancaires et financiers ont ainsi malencontreusement
ouvert leurs portes électroniques au public en créant de
nouvelles niches de menaces.
En effet, la vulgarisation de la monétique a
modifié profondément le niveau de risque auquel devront
s'attendre désormais les banques, établissements financiers,
systèmes de financement décentralisés et leurs usagers.
En plus des moyens traditionnels utilisés par la
fraude, les nouveaux moyens d'attaque proviennent principalement de
l'utilisation des réseaux publics donnant accès à des
services financiers. La cybercriminalité ou la criminalité par
voie électronique est ainsi née et se décline en plusieurs
risques :
· Disponibilité des infrastructures et des
services
· Intégrité et confidentialité des
données stockées et échangées
· Détournements des fonctions et des
équipements
En somme, ECLOF-CI en voulant s'approprier les avantages de la
monétique, s'expose sans le vouloir aux risques de la
cybercriminalité qui se développe de plus en plus, en même
temps que l'évolution perpétuelle des mesures de
sécurités à cet effet.
b) Le transport des billets
Dans le souci d'une expansion géographique, ECLOF-CI
pourrait dans sa stratégie installer des GAB à plusieurs
endroits, notamment dans les zones rurales, ce qui lui permettrait de se
rapprocher de sa cible. Cela va s'en dire que ces guichets devront en
permanence être approvisionnés en liquidité par ECLOF-CI
pour faciliter les opérations de sa clientèle. C'est alors
qu'interviendront les services des entreprises spécialisées dans
le
Perspectives de l'introduction des procédés
de paiement électronique au sein de l'institution de microfinance
ECLOF-CI
transport des fonds telles que BRINKS. Notons aussi que le GAB
installé dans un espace avec une absence d'agent de
sécurité à ses côtés, risque surtout en zone
rurale, ou le taux d'analphabétisme est vraiment élevé, de
voir son coffre fort fractionné par d'éventuels vandales, ayant
eu l'information selon laquelle, un appareil automatique contiendrait et
distribuerait des billets de banques.
Ainsi, la multiplication des GAB à plusieurs endroits
pourrait exposer l'IMF ECLOFCI à des risques de braquages et de
cambriolages de la part de certains vandales.
6) Nécessité d'entretien et de
maintenance permanente du réseau
Comme nous l'avons vu depuis le début de ce chapitre,
la mise en place de services de monétiques dans une structure de
microfinance telle qu'ECLOF-CI nécessitera l'acquisition de nombreux
équipements intégrant les technologies de l'information et de la
communication. Ces instruments modernes de paiement, s'appuyant sur
l'électronique et l'informatique, et fonctionnent avec des
systèmes extrêmement automatiques, nécessitent un entretien
et une maintenance permanente.
ECLOF-CI devra donc à cet effet prévoir un
budget de maintenance et d'entretien de tout son dispositif de
monétique, pour limiter les pannes récurrentes et les risques de
dommages liés à l'utilisation des machines par des clients
n'ayant pas encore le temps de se familiariser à ces nouveaux instrument
de paiement. Car toutes ces dispositions nécessiteront des frais de
façon inévitable.
Notons aussi que la ruée massive des clients vers un
seul guichet automatique, surtout en fin de mois pour effectuer des retraits
qui leur permettront de remplir leurs obligations familiales, peut endommager
et rendre le GAB non opérationnel. Il reviendra ainsi à ECLOFCI
d'être très vigilante vis-à-vis de l'état de son
équipement de prestation dans le domaine de la monétique, au
risque de le voir rapidement endommagé par ses clients suite à sa
surexploitation.
7) Technologie en perpétuelle
évolution
La monétique est un secteur très dynamique qui
favorise le renforcement permanent de la performance des équipements.
Les normes de ces appareils sont en perpétuelle évolution, chose
qui rend une technologie caduque juste après quelques années
d'utilisation.
C'est le cas par exemple de la carte électronique, les
banques classiques ont démarré la monétique avec des
cartes magnétiques, qu'elles sont en train d'extirper du marché
petit à petit, vu l'avènement des cartes à puce. Et nous
constatons aussi qu'en lieu et place des cartes privatives, les institutions
financières optent de plus en plus pour la norme EMV (Europay Mastercard
Visa).
En effet, Europay Mastercard Visa, dont le sigle est EMV,
désigne le nouveau standard international de sécurité des
cartes de paiement et qui tire son nom des organismes fondateurs que sont :
- Europay International
- MasterCard International - VISA International
Perspectives de l'introduction des procédés
de paiement électronique au sein de l'institution de microfinance
ECLOF-CI
Et cet ensemble vient d'être rejoint par le japonais JCB
International au sein d'EMVCo. Cette nouvelle technologie dont la
première version des spécifications est apparue en 1996, tire
profit de la puce intégrée à la carte. Elle a pour
principales caractéristiques :
- une interopérabilité internationale (quel que
soit l'émetteur de la carte et quel que soit le TPE)
- La vérification et le chiffrement de la clé
personnelle par la puce
- Une gestion plus ouverte de plusieurs applications sur la carte
: débit/crédit, points de fidélité, porte-monnaie
électronique, authentification forte.
Tout ce mouvement d'amélioration constante, pour
accroître la satisfaction des clients. Ainsi, en adoptant les produits de
la monétique, ECLOF-CI devra renouveler de façon permanente ses
équipements technologiques, pour rester en conformité avec les
nouvelles exigences des technologies liées aux métiers de la
monétique.
8) Renforcement des capacités du
personnel
L'implémentation de la monétique à
ECLOF-CI provoquera un changement crucial dans les habitudes de son personnel.
L'introduction de ces nouveaux produits financiers nécessitera que les
employés de cette IMF s'y familiarisent déjà, afin de
mieux initier leur clientèle à leur utilisation de façon
efficace.
ECLOF-CI sera donc amener à organiser des
séances de formation à l'endroit de son personnel. Aussi, le
développement de certains produits tels que les GAB à installer
dans des zones rurales, ou les serveurs informatiques à maintenir en bon
état, pourrait obliger ECLOFCI à accroître l'effectif de
son personnel en recrutant des spécialistes en monétique, en
électronique ou en informatique.
Nous constatons donc que cette implémentation aura
nécessairement des répercussions sur le fonctionnement habituel
de cette SFD.
9) Révision de l'organisation interne et du
système de gestion des opérations
Comme nous le disions plus haut, de profonds changements
s'opèreront à la suite de l'adoption de cette technologie par
ECLOF-CI, et l'une des conséquences immédiates du changement
potentiel de la structure de cette entreprise est le changement aussi du mode
de gestion des opérations, en somme, l'adoption de nouveau manuel de
procédures.
Les méthodes de gestion vont donc changer, des postes
seront supprimés, des postes seront créés, certaines
archives vont disparaître, certains postes seront renforcés,
d'autres seront allégés, etc.
Ainsi, l'on assistera à une réorganisation
totale d'ECLOF-CI, en vue d'une meilleure utilisation des ces nouveaux
produits, pour la satisfaction de sa clientèle et pour un meilleur
développement de cette IMF.
10) Risque de perte des données
L'une des grosses failles des échanges
dématérialisés est le risque excessif de perte de
Perspectives de l'introduction des procédés
de paiement électronique au sein de l'institution de microfinance
ECLOF-CI
données. Des mesures telles que les sauvegardes
journalières peuvent être mises en place par ECLOF-CI, mais
toujours est-il que ce risque demeure. L'ensemble des données
informatiques de la SFD, stockées dans les serveurs peut se
retrouvée inaccessible si le serveur est victime d'une grosse panne. Une
fausse manipulation des appareils pourrait entraîner en une fraction de
seconde un gros disfonctionnement en leur sein, voir même la perte
immédiate des données qui y étaient au préalable
enregistrées.
Le risque de perte de données, un donc un risque
lié à l'utilisation d'équipements technologiques
très automatisés, et ECLOF-CI s'y trouvera exposée s'y
elle implémente la monétique dans son fonctionnement.
Au regard de tout ce qui précède, l'on constate
que cette initiative d'introduire la monétique à ECLOF-CI parait
très bonne, car elle procurera beaucoup d'avantages à cette IMF.
Mais il convient de ne pas oublier, que ce projet renferme également
énormément de contraintes, et nous estimons qu'il faille que les
autorités d'ECLOF-CI en tiennent compte pour prendre la bonne
décision quant à savoir si cette SFD devrait exécuter un
tel projet, et si c'était le cas, dans quelles conditions
idéales. Afin qu'ECLOF-CI soit vraiment gagnante au sortir de l'adoption
d'une telle innovation.
C'est ce qui nous emmènera à faire des
recommandations en peu plus loin, qui à notre sens permettront à
ECLOF-CI de pleinement exécuter ce projet en domptant la majorité
des contraintes évoquées plus haut.
IV. Conclusion du diagnostic
Au terme de cette analyse diagnostic, nous nous apercevons que
malgré les nombreux bénéfices immédiats qu'ECLOF-CI
pourrait tirer de la monétique, de nombreuses contraintes
l'empêchent à son stade actuel, de lancer un tel projet. Les
nouvelles réglementations mises en vigueur par la BCEAO empêchent
une SFD de la dimension d'ECLOF-CI, à pouvoir se lancer avec aisance
dans la monétique.
Avec ces nouvelles dispositions arrêtées par la
BCEAO, l'investissement dans la monétique coûtera excessivement
cher à une SFD, notamment l'obligation qui est faite à tout
établissement de monnaie électronique d'avoir un capital social
supérieur ou égal à trois cent millions de FCFA, et aussi
la nécessité pour les IMF exerçant dans la
monétique d'avoir un dépôt minimal de Trois cent millions
de FCFA dans leurs livres comptables.
Suite à toutes ces observations qui se
révèlent comme de véritables blocages pour cette belle
initiative, nous formulons une recommandation principale ; à savoir la
création d'une plat-forme mutualisée de paiement
électronique au niveau des SFD de Côte d' Ivoire.
Mais avant, il nous parait important de préciser,
qu'une telle initiative à déjà été
expérimentée dans un pays africain, notamment la
république du Sénégal, par le biais de son projet FERLO et
de l'avis de tous les spécialistes de la microfinance, ce projet
connaît un énorme succès. C'est pourquoi, nous souhaitons
le présenter à travers le prochain chapitre, afin qu'il puisse
servir de modèle à cette nouvelle plate-forme de paiement
électronique dont nous encourageons la mise en oeuvre très
prochaine en Côte d'Ivoire.
Perspectives de l'introduction des procédés
de paiement électronique au sein de l'institution de microfinance
ECLOF-CI
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