
UNIVERSITE
D'ABOMEY-CALAVI
*********
FACULTE DES LETTRES, ARTS ET SCIENCES HUMAINES
(FLASH)
CENTRE UNIVERSITAIRE DE PORTO-NOVO
DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE ET AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
(DGAT)

OPTION : AMENAGEMENT DU TERRIROIRE
THEME : LA CROISSANCE DEMOGRAPHIQUE ET
L'EXPANSION AGRICOLE DANS LA COMMUNE DE BANTE
Présenté par :
Claude Senawoudji M. DAHANDE
Sous la direction de :
Marcel Antonin da MATHA SANT'ANNA
Maître Assistant à l'UAC
Année Académique :
2007-2008
DÉDICACE
A
- ma mère et à mon père,
- tous mes frères, soeurs et ami(e) s,
Je dédie ce mémoire.
REMERCIEMENTS
Le présent travail n'aurait pas pu être
réalisé sans le concours de certaines personnes à qui je
reste profondément reconnaissant.
J'adresse donc mes sincères remerciements :
§ Aux enseignants du Département de
Géographie et Aménagement du Territoire pour m'avoir
assuré une formation académique adéquate ;
§ A Monsieur Marcel Antonin da MATHA SANT'ANNA, mon
maître de mémoire qui, malgré ses multiples occupations, a
accepté de diriger ce travail ;
§ A Monsieur Jean Bosco VODOUNOU pour avoir
apporté sa contribution et son apport intellectuel appréciable au
travail
§ A Arsène HOUADEGLAH pour son soutien
§ Aux autorités locales et agents du CeRPA de la
commune de Bantè ;
§ A Monsieur Adolphe AHONNON et sa femme
Alice AMOUSSOU;
§ A Pascaline DAHOU,
§ A Victoire BOGNINOU
Ø Que de personnes sont restées dans
l'ombre ! Elles voudront bien me pardonner cette omission que je les prie
de ne point considérer comme une ingratitude.
SIGLES ET ABREVIATIONS
ABE : Agence Béninoise pour
l'Environnement
AERAMR : Association pour l'Etude et la Réalisation
des Aménagement en Milieu Rural
A D : Association de Développement
AMPS : Association mondiale pour la prospective
sociale
APV : Agents Polyvalents de Vulgarisation
CeRPA : Centre Régional de Promotion
Agricole
CEG : Collège d'Enseignement
Général
CLCAM : Caisse Locale de Crédit Agricole
Mutuel
CREP : Caisse Rurale d'Epargne et de Prêt
CSC : Complexe de Santé Communal
FAO : Programme des Nations Unies pour
l'Alimentation et l'Agriculture
FLASH : Faculté des Lettres Arts et Science
Humaines
FSA : Faculté des Sciences Agronomiques
FAST : Faculté des Sciences Techniques
GERTATHA : Groupement d'Etude et de Réalisation des
Travaux d'Aménagement des Terres Hydro-agricoles
GF : Groupement Féminin
GV : Groupement Villageois
IECE : Information Education Communication
Environnemental
INSAE : Institut National de la Statistique et de
l'Analyse Economique
MAEP : Ministère de l'Agriculture de
l'Elevage et de la Pèche.
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PDL : Plan de Développement Local
RGPH : Recensement Général de la
Population et de l'Habitation
TS-For : Technicien Spécialisé en
Foresterie
UCP : Union Communale des Producteurs
SOMMAIRE
INTRODUCTION......................................................................7
CHAPITRE PREMIER : PROBLÉMATIQUE,
OBJECTIFS, HYPOTHÈSES ET CADRE
D'ÉTUDE................................................................................
9
1.1- Problématique, Objectifs et
Hypothèses
9
1.2- Cadre d'étude ...
13
CHAPITRE II : ETAT DES LIEUX ET APPROCHE
MÉTHODOLOGIQUE...............................................................
22
2.1- Mode d'occupation des terres et organisation du
terroir
22
2.2- Systèmes de production
24
2.3- Approche méthodologique
28
CHAPITRE 3 : RESULTATS ET
DISCUSSION.................................
35
3.1- Population dynamique et engagée dans
l'agriculture
35
3.2- Production agricole et animale
41
3.3- Milieu naturel soumis aux effets néfastes
des systèmes de
production...............................................................................
49
3.4- Conséquences socio-économiques
liées à la dynamique de la population agricole
57
3.5- Croissance démographique et utilisation de
l'espace agricole à Bantè
58
CONCLUSION
GENERALE............................................................................
74
BIBLIOGRAPHIE....................................................................
76
ANNEXES.............................................................................
79
RÉSUMÉ
Le département des Collines en général
et la commune de Bantè en particulier est soumis à une
surexploitation des terres agricoles et du couvert forestier. Cette situation
est la conséquence de la forte pression démographique qui
caractérise ce secteur.
Le système de culture répandu dans le secteur
nécessite le défrichement de vastes superficies pour une
production saisonnière faible. La multiplication du cheptel
nécessite une disponibilité de pâturage pour
l'affouragement des troupeaux. Malheureusement, l'extension des champs conduit
à une augmentation des superficies réduisant ainsi les zones de
pâturage. Ces méthodes d'exploitation des terres entraînent
la destruction du couvert végétale et la diminution du potentiel
productif des sols. Il s'en suit une réduction subséquente des
revenus des ménages qui vivent essentiellement de l'activité
agricole. Cependant, avec l'augmentation annuelle de la population du secteur,
il y a peu de chance pour une agriculture durable, respectueuse de
l'environnement.
Mots clés : Cheptel, agriculture,
environnement.
ABSTRACT
The lands and the forestry cover in the Hill department
especially in Bantè municipality have been out of exploitation. As a
result the population increases very rapidly and the cultivation system
widespread requires vast surfaces for the bush clearing and the seasonally
harvests are relatively insignificant. The number of the livestock that
increases requires an availability of pasturage to feed animals.
Unfortunately, the expansion of cultivating lands leads to
the increasing surfaces reducing pasturage availabilities. These methods
provoke the destruction of the lands covers and decrease the productivity. It
accordingly causes weak revenues in the households that live from agricultural
activities. However, with the yearly increasing of the population there are no
ways out for a sustainable environmental agriculture.
Key words : Livestock, agriculture,
Environment.
INTRODUCTION
L'agriculture est l'activité la plus importante de
l'économie béninoise en général et de la Commune de
Bantè en particulier. La majeure partie des actifs soit 72% de la
population au recensement de 2002 est occupée par l'agriculture. Cette
agriculture, de type traditionnel, est encore axée sur les
méthodes traditionnelles de travail basées sur le système
patriarcal et les assolements comportant une jachère arbustive. (Plan
de Développement Communal Bantè, 2006).
L'igname est souvent la première culture suivie par
le maïs, le niébé, le voandzou, le riz produit à
petite échelle dans les bas-fonds.
La terre est laissée en jachère pendant quatre
ans ou plus après trois ou quatre années d'exploitation. Les
travaux champêtres sont exécutés avec des outils
rudimentaires. De ce fait, la main d'oeuvre familiale paraît un important
capital dans l'exercice des travaux champêtres (Gomez, 1995).
En effet, la puissance d'une famille se mesure au nombre de
bras valides qu'elle peut mobiliser pour les travaux agricoles. Ce qui justifie
l'importance culturelle que les paysans de Bantè continuent d'attacher
à la notion de fécondité. Les différentes
enquêtes démographiques menées lors des recensements de
1979, 1992 et 2002 font état d'une croissance
accélérée de la population soit un taux de 4,08 % pour le
monde rural de la commune. Cet accroissement exige une disponibilité de
terres cultivables. La densité générale de Bantè
est de 10,6 habitants/km2 en 1979, 17,3 habitants/km2 en
1992, 30,47 habitants/ km2 en 2002 (INSAE, 1979,1992, 2002). Ces
densités en constante évolution, s'appliquent à une
superficie qui reste inchangée dans le temps. Il est alors indispensable
de prendre des mesures pour éviter une dégradation de
l'environnement, par des paysans qui continuent de pratiquer des techniques
traditionnelles de culture, grandes consommatrices d'espace.
L'agriculture à Bantè est menée dans le
cadre d'un système d'exploitation itinérante. Ce système
était parfaitement adapté à ce secteur jadis très
peu peuplé.
On observe de nos jours un appauvrissement
accéléré des terres autour des agglomérations. Le
couvert forestier se dégrade constamment et les formations ligneuses
sont remplacées par les cultures ou une végétation
herbeuse (CeRPA Bantè, 2007). A la recherche de terres fertiles, les
paysans sont obligés de s'éloigner des villages pour s'installer
dans des fermes lointaines. L'accroissement des superficies cultivées
est remarquable, ce qui peut être attribué à l'augmentation
de la population et l'utilisation des techniques de culture attelée,
surtout dans le cadre de la culture du coton. Le système
d'élevage pratiqué est caractérisé par la
transhumance. Le nombre de bovins caprins et d'ovins a considérablement
augmenté, ce qui pose quelques problèmes entre éleveurs et
agriculteurs (Rapport de campagne agricole, 2006).
Le but de ce travail est de pouvoir montrer la dynamique
démographique depuis la création de la commune en 1978
jusqu'à ce jour et l'occupation de l'espace agricole par la
population.
Pour apprécier cette gestion de l'espace cultivable
par une population sans cesse croissante, le travail est structuré en
trois chapitres. Les deux premiers traitent de la problématique, de
l'approche méthodologique et du cadre d'étude. Les
résultats d'enquête, objet du troisième chapitre,
permettent d'apprécier certains aspects des systèmes de
production agricoles qui ont un impact négatif sur le couvert forestier
et les sols dans la commune. Au terme de ce chapitre, une discussion a permis
de mettre en évidence les insuffisances des systèmes actuels
d'exploitation des ressources naturelles, et de proposer des approches de
solution.
CHAPITRE PREMIER : PROBLÉMATIQUE, OBJECTIFS,
HYPOTHÈSES ET CADRE D'ÉTUDE
1.1-
Problématique, Objectifs et Hypothèses
1.1.1-
Problématique
La croissance démographique a entraîné
une augmentation de la production agricole dans la commune de Bantè et
un accroissement des superficies cultivées (CeRPA Bantè, 2007).
Les pratiques d'utilisation des terres qu'elles soient agricoles ou pastorales
n'ont pas significativement évoluées depuis les années 70,
époque où les besoins des populations étaient en
équilibre avec les capacités du milieu. Avec l'essor
démographique, les anciens mécanismes de contrôle et de
gestion des ressources sont devenus complètement obsolètes face
à la demande. (PAMF, 2006)
L'accroissement de la production agricole s'est traduit par
une extension de l'occupation de l'espace rural, entraînant avec elle, le
rétrécissement des espaces vacants et l'augmentation des
déboisements. La forêt classée d'Agoua située dans
la commune est presque totalement détruite sous l'emprise des
populations qui y ont installé des fermes et pratiquent une agriculture
extensive (Gomez, 1995). La conséquence en est une profonde modification
dans le mode de reconstitution de la fertilité des sols agricoles de
Bantè, traditionnellement assurée par la jachère et la
fumure animale. Les jachères devenant de plus en plus courtes, c'est
aussi un espace pastoral qui se contracte en même temps que
s'appauvrissent la quantité et la qualité de la couverture
végétale.
Toutefois, en dehors de ces facteurs démographiques
rassemblés dans le cadre d'activités
« techniques » ; les causes profondes, celles qui
contraignent les populations à adopter ces comportements destructeurs de
l'environnement, sont également d'ordre économique et social
(Barbier, 2004). Car, par manque de capital, les paysans de Bantè n'ont
pas la possibilité de passer à des formes d'agriculture intensive
et ont tendance à exploiter de plus en plus de terres pour subvenir
à leurs besoins. Aussi, le nouvel ordre économique au
Bénin se traduit-il par une baisse des prix des produits de base
(maïs, igname etc.) et incite à produire davantage à moindre
coût sans toutefois permettre de maintenir un revenu stable. Enfin, la
mauvaise gestion des terres, les difficultés de déplacement des
pasteurs dans les terroirs cultivés entraînent des conflits
fréquents entre les éleveurs et les agriculteurs. Ce sont tous
ces constats qui amènent à poursuivre la réflexion sur le
sujet auquel sont assignés des objectifs généraux et
spécifiques.
1.1.2-
Objectifs global
L'objectif principal de la présente étude est
d'analyser d'une part l'évolution spatiale des champs dans la commune de
Bantè et de déterminer d'autre part leurs impacts
environnemental et socio-économique.
1.1.3- Objectifs
spécifiques
1- d'analyser la dynamique de la population et le rythme
d'occupation des espaces agricoles ;
2- de déterminer les impacts environnementaux et socio-
économiques de l'évolution des espaces agricoles ;
3- de proposer des stratégies pour concilier les
impératifs socio-économiques de production et la sauvegarde des
ressources naturelles.
1.1.4-
Hypothèses
1- La pratique d'une agriculture
extensive qui cause l'appauvrissement du sol et la réduction du couvert
forestier n'est pas liée à l'accroissement de la population de
Bantè.
2- La pression exercée
sans cesse par les paysans sur les ressources naturelles n'est pas
forcément due à la pauvreté et à la mauvaise
gestion des revenus.
3- La
population de Bantè n'est pas informée sur les risques que
constitue pour elle la dégradation continue de l'environnement.

Carte 1 : Situation
de la commune de Bantè
1.2- Cadre
d'étude
1. 2.1- Cadre physique
1.2.1.1- Situation
géographique
Située dans le département des Collines, entre
les parallèles 8° 0' et 8°40' de latitude nord et 1°30'
et 2°17' de longitude est, la commune de Bantè couvre une
superficie de 2695 km2. Les terres cultivables sont estimées
à 1180 km2 (CeRPA Bantè, 2006) pour une population de
82.129 habitants. Les superficies emblavées pour l'ensemble des
spéculations en 2003 sont 138.264 hectares pour 192.300 ha de terres
disponibles.
Elle est limitée au sud par la commune de Savalou,
à l'est par celle de Glazoué, au nord par le département
de la Donga et à l'ouest par la République du Togo (Carte 1).
1.2.1.2- Substratum
géologique et formations pédologiques
La géologie de la commune de Bantè se
caractérise par des formations cristallines du Dahoméen,
composées d'embrechites et de gneiss ou granits-gneiss. (Degny,
1992)
Les sols issus de la décomposition de ces roches sont
ferrugineux tropicaux et ferrallitiques. (Degny, 1992) Les premiers les plus
répandus, sont lessivés et concrétionnés. Les
seconds se rencontrent à de nombreux endroits sur les interfluves et
sont indiqués pour les cultures pérennes.
Ces sols, malgré leur exploitation excessive par une
population paysanne toujours croissante n'ont pas encore perdu tout leur
potentiel productif.
Au total, le domaine s'établit dans un ensemble
morphopédologique caractérisé par une
pénéplaine disséquée et une gamme variée de
sols avec un réseau hydrographique peu dense ( Akoegninou, 1989 ).
1.2.1.3- Relief et réseau
hydrographique
Le relief du secteur d'étude se compose de plateau
dominé par quelques collines d'altitude variée. Le secteur
CeRPA-Bantè a fait des estimations selon lesquelles, le plateau sur
lequel s'organisent l'habitat et les activités agricoles couvre les 70%
de la superficie de la commune, 20% des terres sont occupées par les
collines et les bas-fonds couvrent environ 10%.
Les bas-fonds sont aujourd'hui exploités pour la
culture du riz. Les eaux du réseau hydrographique coulent suivant une
direction nord-sud. Ce réseau, constitué principalement de
l'Agbado et de ses affluents Otcho, Odokoto, Odjouro, Odo-n-la et
Bouboulé. Ces cours d'eau dont les longueurs et débits ne sont
pas connus ne résistent pas à la longue saison sèche. Ils
permettent quand même le développement des cultures
maraîchères pratiquées par quelques paysans d'Agoua,
d'Akpassi, d'Adja, de Pira et de Bantè.
1.2.1.4- Climat, vents et
précipitation
- Climat
La situation géographique de la commune de
Bantè lui permet de bénéficier d'un climat
soudano-guinéen de transition entre le soudanien typique du nord et le
subéquatorial du sud. La température moyenne annuelle est de
26°C. Le mois le plus chaud est mars avec une moyenne de 37°C alors
que le mois le plus froid est janvier avec le régime de l'harmattan. En
période de l'harmattan les paysans s'adonnent aux activités
intermédiaires telles que la production du charbon parce que les
forêts et savanes sont d'accès faciles.
- Vents et
précipitation
On observe dans le secteur d'étude les mouvements
saisonniers de deux vents comme pour l'ensemble du pays : l'harmattan sec
et la mousson humide.
En effet, vers la fin du mois de mars jusqu'en octobre,
souffle un vent humide venant du Sud, de direction sud-ouest, nord-est :
il s'agit de la mousson. Quant à l'alizé continental, il souffle
pendant plus de quatre mois, de novembre à février. Ce vent est
sec et chaud et vient du nord de direction nord-est, sud-ouest. A partir de
décembre, il est dominé par un régime de fraîcheur.
Les données sur la pluviométrie de la commune sont
calculées sur une période de dix (10) ans (1996-2005) ; ce
qui permet de connaître les périodes favorables aux
activités agricoles, mais aussi et surtout la période
sèche au cours de laquelle les paysans préparent les parcelles
par brûlis ou par défrichement. La figure 1
construite à partir du tableau 14 en annexe présente une
augmentation régulière de la quantité moyenne de pluie
jusqu'en 2000 puis une diminution les deux années suivantes. Mais de
2003 à 2005, on constate une augmentation constante de la moyenne
pluviométrique.
Ainsi les premières pluies surviennent vers la fin du
mois de mars grâce au passage de la mousson suivie du déplacement
du front né de la rencontre de ces deux masses d'air. La
pluviométrie moyenne annuelle est de 1323,7 mm (ASECNA, 2006).
Au total, la commune de Bantè bénéficie
de deux saisons : l'une sèche allant de novembre à mars est
celle au cours de laquelle les paysans de Bantè se consacrent aux noix
d'anacarde, préparent les sols pour les cultures des premières
pluies. C'est pendant cette période que les paysans font le choix des
espaces à mettre en culture et le début des grands
défrichements. Les feux de végétation sont très
fréquents pendant cette période de l'année. L'autre,
pluvieuse couvre la période d'avril à octobre et est
consacrée aux activités agricoles proprement dites :
labours, semis, entretien des espaces ensemencés et production des
cultures vivrières et de rente.

1.2.1.5- Une
végétation peu abondante
Jadis zone de forêts denses humides
(Akoegninou, 1989), Bantè n'est plus aujourd'hui qu'une zone de
savane arborée avec l'existence de quelques reliques de forêts
denses soumises à une exploitation abusive. La plus importante de ces
forêts reste la forêt classée d'Agoua qui couvre une
superficie de 75.000 ha dans laquelle sont installées les plantations
domaniales de près de 482,5 ha d'anacardiers d'une part et une
forêt mise en défend par la population de Sako d'une superficie
d'environ 12 ha d'autre part. (PAMF, 2005)
La région de Bantè renferme divers types de
formations végétales parmi lesquelles on peut citer :
- Les forêts
- Les îlots forestiers
- La savane
Les forêts denses, les îlots forestiers, les
forêts claires et les forêts galeries couvrent une superficie
totale de 533 km2 et se trouvent développer à l'ouest
d'Agoua, de Lougba et au nord de Djagballo et de Bannon (Degny, 1992).
Les îlots forestiers se retrouvent dans les
régions de Bobè, d'Akpassi et de Pira. Les galeries
forestières longent les cours d'eau et couvrent environ 38
km2.
Les savanes sont dominées par les espèces
telles que : Vitellaria paradoxa (Karité), Diospyros
mespiloformis (Ebène), Tectona grandis (Teck), Anacardium occidentale
(anacardier), Pterocarpus erinaceus (Apékpé). Dans
l'ensemble, ces espèces sont surexploitées par les paysans.
Ces conditions physiques sont favorables aux
activités agricoles et à l'installation humaine.
1.2.2- Contexte humain
1.2.2.1- Evolution
démographique de la commune de Bantè entre 1970 et 2002
La commune de Bantè ne comptait en 1970 que 14.000
habitants avec une densité de 5 habitants/km2. En 1979, elle
avait une population de 28.598 habitants (INSAE-1979). C'était une
région enclavée, ce qui explique sa faible densité pendant
ce temps.

A l'origine, la population de Bantè était
homogène et les premiers habitants étaient venus du Nigeria
(ILE-ISA). Mais au recensement général de 1992 (INSAE, RGPH2) les
données démographiques ont changé, la population
atteignant 46699 habitants. En 2002, elle s'évalue à 82.129
habitants (INSAE 2002) avec une densité de 30,47 habitants/
km2.
1.2.2.2- Répartition
spatiale
La densité de la population de Bantè est de
17,3 habitants au km2 en 1992 et de 30,47 habitants/km2
en 2002. Ces densités, permettent d'affirmer que Bantè
connaît une progression du point de vue de l'occupation du territoire et
de l'espace rural entre 1992 et 2002. Mais ces densités ne rendent pas
compte de la répartition spatiale de la population sur l'ensemble du
territoire de la commune. La concentration diffère d'un arrondissement
à un autre. La figure 3 réalisée à partir des
données du tableau 15 en annexe présente la répartition de
la population dans les différents arrondissements de la commune.

De la lecture de cette figure, on constate que
l'arrondissement de Bantè est plus peuplé que tous les autres
alors qu'il a la plus petite superficie. Sa population a presque doublé
entre 1992 et 2002. L'arrondissement de Bobè a connu la même
poussée démographique bien qu'étant l'arrondissement le
moins peuplé de la commune. La carte 2 ci-après,
réalisée à partir des données des tableaux 19, 22
et 23 en annexe montre la répartition spatiale de la population par
arrondissement d'après les trois recensements généraux.

1.2.2.3- Répartition de la
population par sexe et par groupe d'âge
La population de Bantè en 2002 est de 82.129
individus dont 40.135 de sexe masculin et 41.994 de sexe féminin. Les
chiffres de la répartition de la population selon le sexe et le groupe
d'âge sont présentés dans le tableau 22 en annexe pages
90.
Il ressort de ce tableau que les individus âgés
de 0 à 14 ans représentent 50,4% de la population, ceux dont
l'âge est compris entre 15 et 19 ans occupent 42,9 % et les 60 ans et
plus ne représentent que 6,7 %.
En effet, au recensement de 2002, la population active
résidente de la commune compte 79.440 habitants soit 96,72% de la
population totale la même année. Les femmes étaient au
nombre de 41.208 contre 40.921 hommes (INSAE, 2002). Au même moment, les
actifs agricoles sont estimés à 77.663 soit 94,56% de la
population totale et 97,76% de la population totale active.
La commune de Bantè a donc une population
majoritairement jeune.
CHAPITRE II : ETAT DES LIEUX ET APPROCHE
MÉTHODOLOGIQUE
2.1- Mode d'occupation des
terres et organisation du terroir
L'occupation des terres se définit comme le mode de
mise en valeur de l'espace à des fins agricoles. A Bantè au
départ selon les cultivateurs, la terre est un bien communautaire, mais
elle appartient aux premiers occupants. Aujourd'hui, l'occupation de la terre
se fait selon le régime foncier traditionnel ou moderne.
2.1.1- Régime foncier
Dans la commune de Bantè, l'occupation des terres ne
pose pas de difficultés majeures compte tenu de la faible densité
de la population (30,47 habitants/km² en 2002) et du statut de la terre.
Deux formes de droit foncier sont appliquées dans la commune : le
droit foncier traditionnel et le droit foncier moderne.
2.1.1.1- Droit foncier
traditionnel
A Bantè, la terre est un bien communautaire
géré par un chef de terre (BA'NLE). Le droit d'usage pour les
champs éloignés « DO'NKO » en Ifè est
reconnu au premier défricheur et à sa descendance. Chaque village
dispose d'un chef de terre qui veille au nom de la communauté sur le
terroir villageois. Ce chef est toujours issu du groupe le plus anciennement
installé. Il est assisté dans cette tâche dans certains
villages comme GOUKA par un juge traditionnel qui dit le droit nommé
AGRANI dont personne ne peut voir le visage ni le voir manger. Il
préside toutes les offrandes dédiées à la terre.
La terre est un patrimoine ancestral et ne peut être
vendue. Elle s'acquiert par prêt ou par don suivant des rituels bien
déterminés.
Aujourd'hui, le concept de droit foncier traditionnel a
beaucoup évolué. Malgré la faible emprise humaine sur
l'espace agricole à Bantè, la remise en cause des pratiques
ancestrales est nettement perceptible. Le caractère collectif de la
propriété terrienne cède la place au caractère
individuel avec la plantation des arbres dans les parcelles vacantes surtout
l'anacarde qui du reste, a une importance économique dans le secteur.
2.1.1.2- Droit foncier moderne
Les lois du droit foncier du système
moderne ont été introduites en République du Bénin
dans les années 65 en remplacement des règles traditionnelles.
(Perspective Bénin ALAFIA 2025)
Les règles du droit foncier moderne ou
napoléonien sont entre autres :
· la terre appartient à l'Etat ;
· la terre appartient à celui qui la cultive sans
distinction ;
· celui qui ne paie pas l'impôt en
République du Bénin ne saurait prétendre à la
terre.
Le droit moderne en se manifestant en milieu urbain par des
lotissements, devrait consacrer en milieu rural la modernisation des
exploitations et la spécification de l'espace rural.
Cependant, à Bantè le droit moderne est
très mal connu. L'utilisation des exploitations dépend des
collectivités et des groupes sociaux culturels.
2.1.2- Problèmes
liés à l'utilisation actuelle de l'espace agricole à
Bantè
Les pratiques d'utilisation des terres à Bantè
sont restées les mêmes depuis plusieurs années. Mais avec
l'augmentation de la population dans tous les arrondissements, les anciens
mécanismes de gestion des terres (préparation des terroirs par le
feu etc.) sont devenus complètement obsolètes face à la
demande.
Pour faire face aux besoins en produits vivriers de la
population, la production agricole s'est accrue avec pour conséquence
une extension de l'occupation de l'espace rural, ce qui réduit les
espaces vacants et augmente les débordements.
Selon les paysans, agriculteurs et éleveurs
concluaient traditionnellement des contrats de fumures, assurant le transfert
de fertilité entre les espaces vacants et les jachères d'une
part, et les champs d'autre part. Ainsi les animaux étaient-ils
groupés sur les espaces vacants en ayant accès aux
résidus de récolte de l'espace agricole. Mais aujourd'hui de
nombreux agriculteurs se réservent les chaumes de céréales
pour l'alimentation de leur propre bétail et excluent les
éleveurs de l'espace cultivé. La fermeture aux pasteurs de leur
parcours traditionnel les confine sur leur territoire pastoral, lequel s'en
trouve surexploiter.
A Bantè, ce sont les interactions entre les feux de
brousse, le pâturage et l'agriculture qui sont déterminants pour
l'évolution du milieu. Selon la méthode de mise en valeur
agricole, traditionnelle ou ``mécanisée'', la pression du
pâturage et la fréquence des feux, l'évolution du milieu
est plus ou moins forte, sur certains champs à Agoua et à
Atokolibé, le stade ultime de la dégradation du sol est atteint
avec la formation de curasse latéritique, impropre à la
croissance des végétaux.
2.2- Systèmes de
production
2.2.1- Choix du terrain et les
techniques culturales
Le choix du terrain par le paysan de Bantè repose sur
les potentialités agronomiques des terres, la nature du sol, sa saveur,
sa consistance et les espèces qu'il comporte.
Ainsi, les espèces telles que : Burkia
africana (acapa), Anogneissus leiocarpus (Epa), Lophia
lanceolata (papasaoko) et des paocées comme Andropogon
tectorum (apapa), Rottboellia cochinchinensis (n'wo),
Hyparrhenia involucrata (ômômini ahoko), sont des
espèces indicatrices de la bonne fertilité des sols. La recherche
d'une terre de telle qualité entraîne la dispersion des champs
dans l'espace. Cette conditionnalité dans le choix est aujourd'hui
alternée avec l'usage des intrants agricoles pour les cultures de rente,
notamment le coton.
Une fois le terrain identifié, suit le
défrichement qui consiste à débarrasser le sol du tapis
herbacé. Les herbes déterrées sont laissées
étalées par terre tandis que les bois secs sont coupés et
entassés autour des arbres à abattre pour les calciner sur pieds.
Il existe trois types de défrichement à Bantè.
Le premier « Adjiba » est destiné
aux champs d'igname. Il consiste à essoucher les herbes afin de pouvoir
mettre en place les buttes destinées à recevoir les têtes
d'igname coupées qui servent de semis.
Le second type « N'ga » repose sur
l'essouchement des rhizomes et des talles de paocées après le
passage du feu de végétation.
Le troisième « Pata » consiste
à faire un pare-feu au mois de novembre autour d'une parcelle qui sera
soumise à la culture. Le brûlis a généralement lieu
en février - mars. Pour les paysans, les avantages de cette pratique
sont multiples : économie de force de travail et fertilisation
appréciable du sol par apport d'éléments minéraux
fournis par les cendres, d'où les rendements élevés. De
plus pendant cette période les herbes mortes se décomposent et
humidifient le sol. Cette catégorie de défrichement prend le pas
sur les autres et s'utilise surtout pour la production du coton.
Les deux derniers types et surtout le deuxième sont
pratiqués par des paysans travaillant sur des parcelles qui ne
garantissent pas une grande productivité. Ces techniques culturales ne
sont pas respectueuses de l'environnement. A chaque saison, les paysans font
des feux tardifs de végétation, coupent ou incinèrent les
arbustes qui devraient reconstituer le couvert végétal.
La houe et les coupe-coupe sont les plus utilisés
dans le défrichement. Mais pour les labours, la daba remplace ces
instruments. Le labour est la condition nécessaire avant tout
ensemencement dans le secteur d'étude. Il existe deux types de
labours.
· Les buttes pour l'igname, le manioc ;
· Les billons pour le coton, et la plupart des
céréales.
Les labours ameublissent et aèrent le sol. Mais leurs
inconvénients résident dans le fait qu'ils favorisent l'ablation
du sol quand les pentes sont légèrement prononcées et
dépassent 4 % (Barbier, 2004)
L'exploitation d'une terre devrait être soumise
à des normes qui permettent au paysan de tirer le maximum de profit sur
le plan du rendement et la conservation du sol.
2.2.2- Techniques de culture
Les techniques de culture représentent l'ensemble des
pratiques mise en oeuvre par l'agriculteur dans son processus de production.
Le système d'agriculture itinérante, les différentes
associations de cultures, la technique de rotation sont autant de
méthodes traditionnelles qu'utilisent les agriculteurs du secteur de
Bantè pour mettre en valeur leurs parcelles.
L'agriculture itinérante sur brûlis est la
forme la plus ancienne d'exploitation du paysan de Bantè. On
considère cette pratique comme une méthode archaïque. Mais
elle constitue une forme de culture extensive qui était parfaitement
adaptée à une région jadis peu peuplée. La culture
itinérante consiste à défricher la parcelle
destinée à recevoir les cultures en coupant et en brûlant
la végétation naturelle qu'elle porte.

Photo 1 : Parcelle destinée
à recevoir la culture d'igname après le passage du feu à
Gouka. (Cliché Claude DAHANDE, janvier 2007)
Les cendres de la végétation
brûlée augmentent la fertilité des sols. Mais après
trois ou quatre années d'exploitation, le sol s'appauvrit et le paysan
se trouve obliger de l'abandonner à la jachère pour
défricher d'autres parcelles. Le paysan déplace alors
régulièrement son exploitation d'une parcelle à une autre
sur une période de trois à cinq ans, laissant sur son passage de
vastes terrains incultes sur lesquels, il projette revenir dans deux à
quatre ans plus tard.
Après ce nettoyage par le feu, ce sont
généralement les tubercules qui constituent les cultures de
premières années, en l'occurrence l'igname. Dans le cas de
l'igname la constitution des buttes permet de rassembler les
éléments nutritifs et les fertilisants à proximité
de la plante.
2.3- Approche
méthodologique
L'approche méthodologique s'articule autour de deux
(2) grands points.
- La recherche documentaire
- Les enquêtes de terrain et le traitement des
données
2.3.1-
Recherche documentaire
La recherche documentaire a consisté au recoupement
et à l'analyse des données documentaires relatives à
l'objet de la recherche. Le tableau suivant résume les informations
recueillies dans les différents centres de documentation
visités.
Source : Résultats
d'enquêtes
Tableau I: Centres de documentation
visités et informations recueillies
Centre de documentation
|
Nature des documents
|
Types d'informations recueillies
|
Bibliothèque de l'université
d'Abomey-Calavi
|
Livres, thèses, mémoires,
rapports et articles
|
Informations générales et à
caractère
méthodologique
|
Centre de documentation de
la FLASH
|
Livres, thèses, mémoires,
rapports et articles
|
Informations générales et à
caractère
méthodologique
|
Institut Géographique
National (IGN- Bénin)
|
carte topographique et
photographie aérienne du
secteur
|
Informations de base sur le secteur:
voie, village, toponymie
|
Centre National de Télédétection
(CENATEL)
|
Carte de végétation du secteur
|
Information sur l'occupation du sol et formations
végétales.
|
Agence pour la Sécurité de la
Navigation Aérienne (ASECNA)
|
Données climatiques : vent, température,
pluviométrie, humidité.
|
Informations sur les statistiques climatiques du secteur,
|
CeRPA Zou- Collines
|
Rapports annuels d'activité et plans de campagne
agricole
|
Informations sur les statistiques agricoles.
|
Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique
(INSAE)
|
Les données sur la population
du secteur
|
Informations sur les statistiques démographiques du
secteur
|
Agence Béninoise pour l'Environnement (ABE)
|
Livres rapports d'étude et articles
|
Informations générales sur les problèmes
Environnementaux
|
Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et
l'Agriculture (FAO)
|
Livres et rapports d'étude
|
Informations générales sur les problèmes de
l'agriculture
|
Dans les différents centres parcourus, une
documentation abondante d'ordre général sur les problèmes
démographiques et environnementaux est disponible. Msais des travaux
spécifiques sur l'expansion agricole sont rares.
2.3.2- Enquêtes de
terrain et traitement des données
2.3.2.1- Les enquêtes
de terrain et la collecte des données
Les enquêtes ont été menées dans
les neuf (09) arrondissements de la commune. Mais (18) dix huit villages ont
été parcourus sur les (34) trente quatre que compte Bantè
soit deux villages par arrondissement. Les chiffres de la population fournis
par le recensement de 2002 ont servi de base à la détermination
de l'échantillon. Puis il a été procédé au
hasard au choix du x/100ème de la population compte tenu de
l'accessibilité de la localité. L'arrondissement de Gouka par
exemple compte 7627 habitants et nous avons choisi x = 1,5. Le nombre
d'individus interrogés est de 115 environ. Suivant cette application,
(625) six cent vingt cinq individus dont (196) cent quatre vingt seize femmes
et (429) quatre cent vingt neuf hommes ont été interrogés.
Les enquêtes ont permis de rencontrer, d'observer,
d'interroger les populations surtout les paysans, de discuter avec eux dans le
but de vérifier quantitativement et qualitativement les
hypothèses émises au début du travail.
Ces enquêtes se sont déroulées en deux
phases.
- La première phase concerne les observations faites
sur le terrain pendant les mois d'avril et de mai 2006 avant l'enquête
proprement dite. C'est une période qui marque la fin de la saison
sèche et le début des activités agricoles. Cette
période a permis d'apprécier le mode de défrichement des
parcelles et les moyens mis en oeuvre dans les (09) neuf arrondissements de la
commune de Bantè. Cette pré-enquête a permis de prendre
connaissance des problèmes auxquels sont confrontés les paysans
de la commune dans le déroulement des activités agricoles et les
techniques mises en oeuvre pour mettre en culture les terres.
L'enquête proprement dite s'est déroulée
de septembre à février, cette période est choisie pour
plusieurs raisons. La période allant de septembre à novembre
correspond à la fois à la saison pluvieuse où les
activités agricoles se déroulent intensément et au
début de la saison sèche où les grands
défrichements pour les préparatifs des champs d'ignames
préoccupent les paysans de Bantè. C'est également pendant
cette période que les produits agricoles sont intensément
commercialisés.
En fonction des spécificités des informations
recherchées, la collecte des données a été
réalisée sur la base d'interview, d'animation de groupe et
d'observation directe. L'animation de groupe a été mise à
contribution lors des séances de travail collectif.
L'intérêt de ces entretiens de groupe est d'obtenir le maximum
d'informations et d'apprécier les contradictions par rapport aux
différents aspects abordés dans ce travail.
En dehors de l'échantillon choisi, le guide
d'entretien est adressé aux agents du CeRPA, aux agents des Eaux et
Forêts, aux personnes ressources et aux autorités locales de la
commune.
2.3.2.2- Le traitement et l'analyse des
données
Le traitement porte sur des données
planimétriques et socio-économiques. Les logiciels Excel, Word
et Arc view 3.2 ont été utilisés pour le traitement des
données. Word a permis de faire la saisie et la mise en forme du texte,
Excel a servi à calculer certains paramètres, à
réaliser les graphiques et Arc view a été utilisé
pour la réalisation des cartes.
- Traitement des données planimétriques
La combinaison des données recueillies dans les
documents planimétriques et sur le terrain a permis de réaliser
les cartes d'occupation du sol de 1990, et 2005. (LABEE, 2007).

- Evaluation des superficies des unités d'occupation
Le calcul des superficies des unités d'occupation du
sol a été fait à l'aide du papier millimétré
calque. Cette technique consiste d'abord à superposer le papier calque
à la carte. Ensuite compter le nombre de millimètres carré
qu'occupe chaque unité d'occupation du sol. Enfin, en tenant compte de
l'échelle on convertit le nombre de millimètres carrés en
centimètre, puis en mètre carré et en hectare.
- Calcul du rythme d'évolution des unités
d'occupation du sol
Soit U-U1990 la superficie d'une unité d'occupation du
sol en 1990 désignée U1 et U-2005 la superficie de la même
unité d'occupation du sol en 2005 désignée U2. Soit uU, la
variation de la superficie de cette unité d'occupation du sol entre 1990
et 2005. uU= U2-U1.
Si uU = 0, il a stabilité.
Si uU < U1, alors il y a régression de
l'unité.
Si uU > U1, alors il y a progression de cette
unité.
Par rapport à la végétation naturelle,
il y a évolution régressive en cas de contraction ou diminution
et évolution progressive en cas d'extension. Cette technique a permis de
suivre l'évolution des différentes unités d'occupation du
sol et d'apprécier le rythme d'extension des champs à
Bantè.
- Traitement des données socio-économiques
Les
questionnaires ont été dépouillées manuellement et
les résultats intégrés à l'ordinateur. Les
informations de synthèse qui sont produites ont été
traduites sous forme de données tabulaires pour la réalisation
des histogrammes à l'aide du logiciel Excel. Les données des
recensements de 1979, 1992 et de 2002 obtenues à l'INSAE ont permis de
réaliser la carte de densité de la commune.
Ainsi, la densité de chaque arrondissement est
calculée à l'aide de la formule d= p/s x 100 avec `'p''
l'effectif de la population, `'s'' la superficie de l'arrondissement
concerné en km2 . Pour ce travail, la densité est
calculée pour les années 1979, 1992 et 2002.
Le taux d'accroissement intercensitaire entre 1979, 1992 et
2002 a été également calculé à l'aide de la
formule :
TA = (Pf - Pi)/(f-i)x (Pi+pf/2) avec «i» et
«f» désignant respectivement le début et la fin de
l'observation, Pi et Pf étant respectivement la population en
début et en fin d'observation. Le taux de croissance correspond à
l'hypothèse d'une évolution linéaire.
CHAPITRE 3 : RESULTATS ET
DISCUSSION
3.1- Population dynamique
et engagée dans l'agriculture
3.1.1- Gestion de la
dynamique démographique
Trois facteurs essentiels sont à la base de
l'évolution de la population de la commune de Bantè : la
fécondité, la natalité et les migrations.
La population de Bantè se caractérise par une
fécondité élevée et une mortalité
elle-même élevée, mais en baisse. Cette forte
fécondité est liée notamment aux maternités
précoces, aux accouchements rapprochés et à la grande
nuptialité ainsi qu'à une faible prévalence contraceptive.
(CCS, Bantè)
Quant à la mortalité, elle est tributaire des
niveaux élevés de mortalité maternelle, de
mortalité infanto-juvenile ainsi que de la faible fréquentation
des services de santé et des mauvaises conditions d'hygiène.
Cependant, le rapprochement entre les taux bruts de
natalité et de mortalité montre que la population de Bantè
croît chaque année de 3,8% pour l'ensemble de la commune, avec
4,8% pour la population rurale ; ce qui correspond à un temps de
doublement effectif de l'ordre de 10 ans.
L'analyse des conséquences de cette poussée
démographique à moyen et à long terme doit inciter
à accroître les capacités locales en vue d'une plus grande
adéquation entre le rythme de croissance de la population et
l'accroissement des ressources naturelles.
3.1.2- Dynamique
démographique et question agraire
Dans la commune de Bantè, la production agricole
évolue en fonction de la croissance de la main d'oeuvre. Dans les
exploitations villageoises, on remarque un lien entre les superficies mises en
valeurs et la main d'oeuvre disponible. En conséquence, la population
active agricole est organisée de façon à mettre au service
de la production, la communauté des forces actives à travers
différents procédés.
Ainsi, les formes d'entraide dans le travail telles que
« Adjo » (travail d'ensemble), « OWE »
(sollicitation) sont des associations temporaires en vue de l'exécution
des travaux champêtres qui donnent lieu à de vastes superficies
ensemencées.
Ces dernières années, l'organisation du monde
rural au Bénin est caractérisée par une responsabilisation
démesurée des groupements de producteurs tels que : les
Groupements Villageois (GV) et les Unions Communales de Producteurs (UPC).
La commune de Bantè compte 43 groupements villageois
dont 25 Groupements Villageois des Producteurs de Coton (GVPC). Tous les
groupements se retrouvent au niveau de la commune pour constituer l'Union
Communal des Producteurs (UCP).
La Caisse Locale de Crédit Agricole et Mutuel (CLCAM)
constitue une véritable source de financement des producteurs de
Bantè réunis au sein des GV. L'encadrement de ces organisations
paysannes est assuré par les Agents Polyvalents de Vulgarisation (APV)
et les conseillers de production dans divers domaines dont le niveau
d'étude est de plus en plus adapté aux besoins de la production.
Ces différents agents sont chargés de vulgariser les nouvelles
techniques nécessaires à l'amélioration de la production
et de la productivité agricole, mais les résultats au plan
environnemental sont encore loin d'être satisfaisants.
Le constat fait sur le terrain permet d'affirmer que les
Spécialistes en Organisation Paysanne (SOP), chargés de
conseiller les GV et associations villageoises n'arrivent pas à
parcourir tous les villages par manque de personnel et de moyens roulants.
Cependant, Bantè reste un secteur fortement agricole avec une population
engagée dans le travail de la terre.
3.1.3 - Actifs agricoles et mise
en valeur des terres cultivables
Les agents du CeRPA Bantè définissent la
population active agricole comme « L'ensemble des individus dont
l'âge est compris entre 15 et 65 ans ». Ce sont selon la
même source des individus capables de se prendre en charge à
travers les travaux champêtres et de nourrir une famille.
Cependant à moins de 10 ans le petit paysan
accompagne déjà ses parents au champ pour les travaux de semis,
de sarclage et de récolte. A plus de 65 ans, le vieux paysan continue
d'exécuter certains travaux liés à l'organisation de
l'espace ensemencé et aux choix des terres à mettre en valeur.
Cette définition présente alors certaines insuffisances au regard
de ces observations A Bantè, la population active est occupée
à travailler dans l'agriculture et l'élevage. Les femmes et les
hommes partent tous les jours aux champs de proximité (Alèni) ou
dans les champs lointains (Don'ko) et en reviennent tardivement avec des bois
de feu ramassés, coupés ou dessouchés pour les besoins de
la production et les nécessités d'alimentation.
A chaque campagne agricole, des recensements sont
organisés par les Agents Polyvalents de Vulgarisation (APV) afin de
déterminer les actifs agricoles comme l'indique le tableau
ci-après.
Tableau II : Evolution des actifs
agricoles dans la commune de Bantè de 1996 à 2006
Actifs agricoles
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
H
|
25890
|
27098
|
27238
|
290708
|
30802
|
31018
|
40443
|
43570
|
44253
|
45620
|
48174
|
F
|
24752
|
26839
|
27251
|
276 95
|
29024
|
30296
|
37220
|
40608
|
43856
|
44432
|
48236
|
TOTAL
|
50642
|
53937
|
54489
|
56765
|
59826
|
61314
|
77663
|
84178
|
88109
|
90052
|
96410
|
Source : CeRPA Bantè,
février 2007
De l'analyse de ce tableau, on déduit que le nombre
d'actifs agricoles a évolué de façon croissante depuis
1996 jusqu'en 2006 et n'a connu aucune régression malgré la crise
dans laquelle s'est plongée la filière coton depuis la campagne
1996-1997. La croissance des actifs agricoles n'est donc pas liée
à la bonne santé de la filière coton. D'ailleurs, 407
individus sur les 625 interrogés ne veulent plus s'engager dans la
production cotonnière si les contours de cette culture ne sont pas
redéfinis.
3.1.4 - Population féminine
au service de l'agriculture
La quasi-totalité des femmes interrogées dans
le cadre de cette étude travaille dans l'agriculture. Elles sont dans
les travaux agricoles proprement dits, en payant une main d'oeuvre à cet
effet ou dans la transformation et la commercialisation des produits agricoles.
Dans les travaux champêtres, les femmes de la commune de Bantè
sont toutes aussi actives que les hommes mais ne disposent pas souvent des
chefs d'exploitation propres à elles. La situation des chefs
d'exploitation réalisée en 2007 par le CeRPA Bantè
illustre bien le fait et se présente comme suit.
Tableau III : Situation des chefs
d'exploitation (C E) par tranche d'age et par genre dans la commune de
Bantè en 2006
Tranche d'âges
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
Inférieur à 18 ans
|
0
|
0
|
0
|
18-64 ans
|
10954
|
1153
|
12107
|
Supérieur à 65 ans
|
0
|
0
|
0
|
Source : CeRPA Bantè,
février 2007
Selon les données de ce tableau 10,52% des femmes
rurales possèdent un chef d'exploitation. L'inexistante d'information
sur plusieurs années en ce qui concerne les chefs d'exploitation ne
permettent pas d'évaluer la progression des chefs d'exploitation
féminins. Cependant, les quelques femmes propriétaires de chefs
d'exploitation (CE) interrogées ont affirmé la difficulté
pour une femme de posséder un CE dans la zone
d'étude. Car les femmes sont appelées à travailler dans
les champs de leur mari. Seules les femmes qui ont fini les obligations
maritales peuvent, avec l'aide de leurs enfants travailler à leurs
propres comptes.

3.2- Production
agricole et animale
3.2.1- Cultures et
commercialisation
De nombreux produits agricoles sont cultivés dans le
secteur de Bantè. La commercialisation de ces produits est
assurée, soit par les individus sur les marchés locaux, soit par
les structures du CeRPA.
3.2.1.1- Différentes sortes
de culture
L'agriculture représente la principale
activité dans le secteur d'étude. Elle est menée suivant
deux directions : une vivrière et l'autre commerciale.
D'année en année une augmentation des superficies s'observe comme
on le verra plus bas.
- Point sur les cultures
vivrières
L'agriculture vivrière porte sur les
céréales (maïs, riz, sorgho etc) et les tubercules (manioc,
igname etc.). Ces différentes cultures sont associées à
d'autres telles que les oléagineux (arachide), les légumineuses
(niébé) et les potagers (piment, gombo, tomate).
Les cultures vivrières sont
généralement pratiquées dans les grandes exploitations
familiales et selon les règles coutumières. Aujourd'hui avec
l'augmentation du nombre d'actifs agricoles, on assiste à
l'éclatement de ces grands ensembles en de petites exploitations
individuelles, grandes consommatrices de terre. La production vivrière
était pour la plupart autoconsommée. Mais aujourd'hui, les
paysans mettent en culture de vastes espaces afin de pouvoir assurer la
consommation familiale et vendre l'excédent sur le marché local.
La figure suivante réalisée à partir des données du
tableau 17 en annexe présente l'évolution de quelques cultures
vivrières dans le temps.

Parmi les produits qui sont consommés par les
producteurs, l'igname mérite une mention spéciale à la
lecture de la figure. C'est par excellence un tubercule alimentaire de la
commune de Bantè. Chaque année, de nouvelles terres sont
défrichées pour la culture de l'igname. Les superficies
emblavées pour l'igname sont passées de 4435 hectares en 1996
à 8360 en 2006 soit un accroissement de 88,50% en dix ans. Au cours de
la même période, la production passe de 42070 tonnes à
103740 tonnes soit un accroissement de 146,58%. Cependant, le caractère
traditionnel de la production et l'essoufflement des terres se traduisent par
un rendement assez faible 10.000 kg à l'hectare au lieu de 15.000 selon
les statistiques du CeRPA.
En ce qui concerne le manioc, les superficies
consacrées à sa culture sont modestes. Il est surtout
cultivé pour permettre aux sols de reconstituer leur fertilité.
Sa culture intervient surtout en fin d'exploitation et sert en même temps
de jachère. Le sorgho, le maïs et le niébé sont
souvent cultivés en association. On observe une croissance continue des
surfaces emblavées ; et les rendements, bien que croissants ne
répondent pas toujours aux normes requises pour les
céréales.
Ainsi, la production du maïs a connu une croissance
assez faible entre 1996 et 2006 passant de 826 tonnes en 1996 à 2335
tonnes en 2006. (CeRPA, 2006). Cette faiblesse de la production du maïs
s'explique par une réponse de plus en plus défavorable des
différents sols à cette culture qui tient cependant une place
importante dans l'alimentation au Bénin. La production des cultures de
rente et singulièrement la monoculture cotonnière semble, aux
dires des cultivateurs, apporter une réponse temporaire à cette
perte de potentiel productif par apport d'engrais lorsque les parcelles sont
mises en culture.
- Les blocs de culture et
les cultures de rente
L'agriculture industrielle porte prioritairement sur le
coton et l'arachide dans le secteur d'étude. Ces cultures sont
intégrées dans une économie internationale de
marché. Les paysans apprécient les cultures de rente dans la
mesure où elles apportent l'argent nécessaire pour payer les
impôts et se procurer les produits manufacturés. Le coton fut dans
les collines la culture industrielle la plus importante au regard des tonnages
et des superficies emblavées, il y a quelques années. Cette
culture, grande consommatrice d'espace avait enregistré de grands
progrès où elle dominait entièrement le paysage agraire.
(INSAE, 2004)
L'évolution des superficies consacrées au
coton ne rend pas entièrement compte de l'importance de la production
cotonnière. Car avec la chute consécutive du prix de coton
à partir de 1997 et le non paiement à temps des dus des
producteurs, les paysans de Bantè ont tourné dos à la
culture du coton fuyant ainsi les dettes liées à sa production.
Aussi, le système de dette communautaire amène-t-il les jeunes
à travailler durement pour payer les dettes des vieux ce qui les fait
fuir la production du coton pour s'adonner à d'autres cultures. Le prix
élevé des intrants : 11750 FCFA le sac d'engrais de 50 kg,
38500 F la bouteille de 5 litres d'insecticide pour la campagne 2005-2006
limite l'usage de ces produits. Dans l'ensemble l'extension des surfaces
consacrées aux cultures commerciales est notable.
Cependant, le coton étant la principale culture
commerciale, il importe de noter que sa superficie n'a pas beaucoup
évolué depuis 1996 compte tenu des difficultés qui ont
été évoquées plus haut.
Pour la campagne 2006-2007, la superficie consacrée
à la culture cotonnière est de 1464 hectares pour une production
estimée à 1398 tonnes. Pendant la même campagne, la
superficie emblavée pour l'igname fait environ six fois celle du coton
et est estimée à 7980 hectares. Au niveau de la production, la
culture d'igname a enregistré 103.740 tonnes et fait ainsi (75) soixante
quinze fois la production du coton. Cette comparaison était
nécessaire dans la mesure où, à première vue, on
est tenté de dire que la culture du coton est seule à la base de
tous les maux dont souffre l'environnement à Bantè.
Il est à noter que de plus en plus, les noix
d'anacarde prennent une place importante dans l'économie rurale à
Bantè ; car au mois de mars les paysans vendent ce produit qui leur
procure d'importants revenus et si cette filière était
organisée, elle pourrait beaucoup soulager le population
paysanne.
3.2.1.2- Commercialisation des
produits agricoles
La vente de produits agricoles constitue la principale
source de revenu du paysan de Bantè. Le transport et les
stratégies commerciales sont deux facteurs importants dans le
système commercial qui lie les régions excédentaires aux
régions déficitaires.
- Le réseau routier
et les différents marchés
La commune de Bantè est d'accès plus ou moins
facile parce que traversée au niveau de six arrondissements (Agoua,
Atokolibé, Bantè, Gouka, Akpassi, Pira) par la voie
bitumée inter état (RNIE3) sur environ 80 km. Toutes les autres
voies sont latéritiques et en très mauvais état de
praticabilité surtout pendant les saisons pluvieuses. De ce fait,
certains villages importants du fait de leur potentiel productif, sont
isolés du reste de la commune dès les premières pluies. Ce
réseau mal entretenu relie les différents marchés de la
commune. En effet, l'économie de la commune se matérialise par un
réseau à deux niveaux d'organisation. Au premier niveau, se
trouvent de nombreux petits marchés d'impact villageois ; où
les échanges sont animés presque exclusivement par les produits
agricoles transformés pour l'alimentation. Au deuxième niveau et
en jonction avec le premier, viennent les villages aux ``marchés
importants'' ouverts à certains types de produits manufacturés
qui y transitent avant de s'infiltrer dans le monde rural. Ainsi, huit
marchés ont été observés dans la commune dont
quatre d'influences régionales à savoir : Bantè,
Gouka, Pira et Alletan. Ces marchés sont des lieux de rencontre de la
population locale avec les commerçants qui viennent des villages voisins
et des villes comme Abomey, Bohicon, Djougou, Bassila et même du Togo. A
ces marchés officiels, s'ajoutent des marchés informels qui n'ont
ni date fixe, ni lieu fixe et sans aucune organisation. Les ventes et les
achats se font à domicile ou au lieu de production sur l'initiative des
acteurs. Les produits les plus commercialisés sur les marchés
locaux sont surtout les vivriers. Le tableau suivant présente certains
produits vivriers avec leurs superficies en rapport avec la
commercialisation.
Tableau IV : Principales cultures
vivrières et superficies emblavées suivant la consommation et la
commercialisation
Cultures
|
Igname
|
Maïs
|
Manioc
|
Niébé
|
Superficie
|
42,5
|
28,6
|
18,2
|
23,7
|
Niveau de consommation
|
95·%
|
46 %
|
38%
|
40%
|
Niveau de commercialisation
|
78%
|
90%
|
68%
|
35%
|
Source : Campagne agricole 2006-2007
La commercialisation des produits agricoles sur les
marchés locaux permet de comprendre leur importance dans l'alimentation
de la commune. En effet, suivant les informations du tableau 4, l'igname est la
denrée la plus consommée dans la commune suivie du maïs que
les Ifè ne consomment pas sans l'associer quoique faiblement à la
cossette de manioc. Le niébé par contre est surtout
consommé par les peulh appelés Foulani et qui produisent
massivement cette denrée au point de la commercialiser.
- La politique
commerciale
Il faut distinguer ici la commercialisation du CeRPA de
celle organisée par les particuliers (paysans et revendeurs). A
l'exception du coton, la commercialisation des produits agricoles se fait en
grande partie sur les marchés locaux où les prix fluctuent avec
des conséquences pour les producteurs et les consommateurs. La variation
des prix d'une année à l'autre, au cours d'une même
année, et mieux au sein des villages est le résultat
d'aléas climatiques et la capacité de stockage sur une longue
période. Il n'existe pas une politique de commercialisation des produits
vivriers soutenue par les pouvoirs publics. Du fait de la libéralisation
économique, la consommation des produits agricoles (igname, maïs,
sorgho, niébé, manioc) est faite individuellement et les
commerçants fixent des prix suivants les lois de l'offre et de la
demande.
A l'opposé des cultures vivrières, la SONAPRA
s'occupe de la commercialisation du coton et de ce fait, garantit les intrants
à crédit aux paysans et assure l'égrenage et la vente du
produit transformé.
Ainsi, le coton avait mené une concurrence
sévère aux cultures vivrières et a même failli
mettre en péril l'autosuffisance alimentaire de certaines familles par
son calendrier et ses exigences qui ne permettent pas toujours de se consacrer
efficacement à d'autres cultures. Mais, il est à souligner que
grâce au revenu du coton, de nouvelles dépenses liées aux
activités agricoles sont souvent engagées par les cultivateurs.
Elles consistent en l'équipement de charrues et charrettes et des frais
d'exploitation (main d'oeuvre pour le labour, le désherbage et la
récolte). Tout ceci avait permis aux agriculteurs d'étendre leurs
superficies et par là même l'augmentation des rendements.
L'accroissement de superficies et l'importance de la production agricole
proviennent aussi de l'élevage.
3.2.2- Cadre favorable à
l'élevage du gros bétail
Le climat de Bantè est caractérisé par
une alternance de saison sèche et de saison humide qui se
répercute sur la valeur alimentaire des essences fourragères, la
pâture et l'embouche des bovins. L'élevage est de type extensif et
quelques associations agriculture -élevage se pratiquent dans le
secteur.
3.2.2.1- Mode d'élevage
- l'élevage autochtone
A Bantè, la pratique de l'élevage est
limitée à l'élevage de case, constitué de volailles
et d'un nombre relativement important de caprins et de porcins. Cependant, ces
derniers jouent un certain rôle dans la régression du couvert
végétal.
En effet, les éleveurs coupent les branches des
espèces végétales fourragères comme les
Ptérocapus erinaceus (akpékpé), Burkia
africana (acapa), daniealla
oliveri (igna),
annona senegalensis
(tinibobo), piliostigma
thonningü (Panumô),
Afzelia africana (apaka),
Khaya senegalensis (aganho). (Noms indigènes des
plantes en Ife-Itcha )
Les arbres dont les branches sont ainsi
émondées souffrent de dommages écologiques à chaque
saison sèche. Aussi, les forestiers ont-il affirmé que
Pterocarpus erinaceus et Afzelia africana
sont devenus rares dans la végétation de la commune surtout dans
la forêt classée d'Agoua.
- La transhumance
L'élevage de gros bétail a
véritablement commencé dans la commune avec l'arrivée des
peulh venus des pays frontaliers tels que le Niger, le Burkina-Faso et le
Nigeria à la suite des sécheresses de 1976-1977 et de 1981-1983.
La présence de ces Foulani transhumants devient de plus en plus
importante dans le milieu et de nombreux troupeaux se sont presque
sédentarisés. La situation du cheptel entre 1998 et 2005 se
présente comme l'indique le tableau qui suit.
Tableau V : Evolution du cheptel dans la
commune de Bantè de 1998 à 2005
Espèces
Années
|
Volailles
|
Ovins
|
Caprins
|
Porcins
|
Bovins
|
1998
|
42000
|
4600
|
11500
|
3000
|
38000
|
1999
|
46000
|
5000
|
13000
|
3000
|
44000
|
2000
|
44000
|
5500
|
13000
|
3500
|
42000
|
2001
|
48000
|
6000
|
13600
|
3500
|
47000
|
2002
|
47000
|
5800
|
13400
|
4200
|
47000
|
2003
|
50000
|
6700
|
14000
|
5000
|
56000
|
2004
|
55000
|
7000
|
14200
|
5500
|
60000
|
2005
|
57000
|
7000
|
14500
|
6000
|
60000
|
Source : CeRPA secteur Bantè,
Février 2007
L'analyse du tableau révèle que les volailles
et les bovins sont plus importants dans la commune. Ceci s'explique par le fait
que certains peulh se soient installés dans les hameaux implantés
en plein milieu de la forêt d'Agoua. Il s'agit des villages ou hameaux
tels que Gotcha, Aomi, Wassimi, Bouboulé, Kikonhoun, Akatakou et
Léro. Les sols de ces villages étant favorables au
développement d'espèces fourragères, les peulh s'y
installent et se comportent comme des autochtones.
Ce genre d'élevage engendre d'énormes
dégâts écologiques allant des feux de
végétation répétés au comblement des points
d'eau, en passant par le tassement des sols et la perturbation de la faune. En
effet, les piétinements des bovins écrasent les plantules,
cassent les arbustes et donnent des éclaircis dans les formations
végétales. En outre, la divagation du bétail dans le
secteur occasionne la dévastation des champs et provoque aussi le
comblement par ensablement des sources d'alimentation en eau des cultivateurs.
L'évolution démographique ajoutée
à la pratique de la culture attelée ont entraîné un
accroissement des surfaces cultivées par les agriculteurs tant pour les
cultures vivrières que pour les cultures industrielles avec pour
corollaire une diminution des surfaces utilisables pour la pâture. De
leur côté, les pasteurs ont vu s'accroître l'effectif du
cheptel grâce à l'amélioration des pratiques
vétérinaires. Dans ces conditions, au lieu d'être
complémentaire, les rapports entre éleveurs et cultivateurs sont
devenus conflictuels autour des ressources fourragères qui deviennent de
plus en plus rares. Ainsi, les dégâts dans les champs sont assez
fréquents et le règlement se fait au niveau individuel, chez les
chefs des villages ou à la brigade en cas de nécessité. Il
se pose alors un problème de délimitation du parcours des
troupeaux.
3.2.2.2- Intégration
agriculture élevage
La traction animale et l'utilisation du fumier restent
jusqu'à ce jour des pratiques en vigueur dans le système agricole
et pastoral à Bantè. Chaque paysan organise autour de son
exploitation des enclos qui abritent les animaux. Les rejets des animaux
servent à améliorer la fertilité des sols ont
confié les individus interrogés. Mais, c'est surtout
l'élevage non conventionnel qui se pratique par les paysans de
Bantè. Les lapins, les aulacodes et les pondeuses sont entrés
dans l'habitude pastorale de la commune et se pratique dans presque tous les
villages parcourus. Cependant, les émondages que ce genre
d'élevage engendre au niveau des espèces végétales
ne rendent pas service au couvert végétal qui s'en trouve
surexploiter aux alentours des villages. L'association, agriculture
élevage dans le secteur, au lieu de jouer un rôle
complémentaire pose des problèmes d'ordre environnemental.
3.3- Milieu naturel soumis aux effets néfastes des
systèmes de production
Les pratiques paysannes conduisent à la destruction
de la fertilité initiale des sols déjà fragiles, donc
à la perte de leur potentiel productif. Les cultivateurs et les
éleveurs détruisent les espèces ligneuses qui
protègent les sols et qui constituent des puits absorbant les
différents gaz à effet de serre.
3.3.1- Exploitation forestière et besoin en bois de la
population
Les cultivateurs de Banté dans l'exercice des travaux
agricoles exploitent les produits ligneux sous différentes formes. En
effet, il y a moins de trente (30) ans l'exploitation du couvert
végétal de la commune de Bantè pour le bois de chauffage,
le charbon et le bois d'oeuvre était négligeable (CeRPA,
Bantè 2006). Mais avec l'accroissement de la population et surtout la
dévaluation du franc CFA intervenue en Janvier 1994, les prix des
produits pétroliers et leurs dérivés ont connu une hausse
sensible. Pour remédier à la situation, les populations se sont
engagées dans l'exploitation abusive des ressources forestières
tant pour les besoins en bois de chauffage et de charbon de bois que pour
subvenir aux besoins alimentaires et sanitaires.
Ce comportement a tôt fait de la commune un pôle
d'attraction des grands centres urbains pour le ravitaillement et la
commercialisation des essences végétales à diverses
fins.
- Le bois de chauffage
Le bois de chauffage était une activité
féminine, mais compte tenu de sa rentabilité économique,
les hommes s'en intéressent de plus en plus suite à l'importance
croissante de la demande. La production du bois de chauffage selon les
enquêtes se fait suivant trois procédés : la
cueillette des bois morts, la récupération des produits de
défrichement et la coupe de bois vert. Si les deux premiers
procédés entrent dans le cadre normal du processus de production
du cultivateur, le dernier constitue une activité
génératrice de revenu qui incite les paysans à mettre en
culture des parcelles dont la végétation se compose d'importants
ligneux. Par ce procédé le cultivateur abat les grands arbres
tout frais, puis ces arbres sont fendus. Les clients venant des grandes villes
s'en procurent et les drainent vers le centre, le sud et le nord et même
vers le Burkina -Faso. Les essences les plus recherchées et
appréciées sont : Pterocarpus erinaceus
(Akpékpé), Prosopis africana (Akakayi),
Vitellaria Paradoxa, (Emi), Anogeissus Leiocarpus
(Agni). Elles sont considérées comme dotées
d'un pouvoir calorifique élevé.

Photo 2 : Terrain en préparation
pour la culture du coton et coupe d'arbres pour le bois de chauffe et
charbon de bois à Galata. (Cliché C. DAHANDE, février
2007)
- Le charbon de bois
La production du charbon se fait suivant un
procédé rudimentaire de carbonisation artisanale qui repose sur
l'utilisation des fosses et des meules charbonnières. Cette
activité occupe une grande partie de la population paysanne. Il est
produit en grande quantité dans les villages de Pira,
Okoutossé, Djagballo, Lougba, Bannon. La production du charbon est
devenue une activité génératrice de revenus des paysans de
Bantè qui sont devenus des spécialistes en la matière.
Selon les explications du Ts-For, ce sont les meilleures essences, les bois
durs tels que Anogeisus leiocarpus (Agni ), Prosopis africana
( Akakayi ) Vitelleria paradoxa ( Emin) qui sont
utilisées pour la production.
Tableau VI : Evolution de la production et de
la commercialisation du charbon de 2002 à 2006
Années
|
Quantité moyenne de charbon produit (sacs de 100kg)
|
Prix de vente
|
Villages
|
Saison sèche
|
Saison pluvieuse
|
2002
|
7670
|
900F à 1000F
|
1200F à 1400F
|
Cloubou
Okoutaossé
Adja-Pira
Bantè
Kagouré
Banon
Lougba
Djagballo
Alétan
Gotcha
Atokolibé
|
2003
|
9179
|
900F à 1100F
|
1200F à 1400F
|
2004
|
11200
|
1000F à 1200F
|
1300F à 1400F
|
2005
|
12970
|
1100F à 1300F
|
1400F à 1500F
|
2006
|
14530
|
1200F à 1300F
|
1400F à 1500F
|
Source : TS For Bantè,
février 2007
En dehors des bois morts transformés en charbon, des
plantes vertes sont également utilisés à cette fin du fait
de l'écoulement rapide du produit surtout en saison pluvieuse. Le
charbon est produit aujourd'hui un peu partout dans le secteur d'étude.
Sur les 625 individus interrogés, 496 produisent du charbon soit 79,34%
de l'échantillon de l'étude. Les prix de vente du charbon varient
suivant les saisons, et dans une moindre mesure, les années. Cependant
avec l'augmentation sans cesse croissante du nombre de charbonniers et les
techniques culturales pratiquées, la commune risque d'être
classée d'ici à quelques années parmi les milieux les plus
dégradés du département des collines.
- Les bois d'oeuvre
L'augmentation d'actifs agricoles due à la croissance
démographique a fait de Banté une source d'approvisionnement en
bois d'oeuvre. Ces bois sont de plus en plus recherchés pour la
fabrication des meubles et autres travaux liés à la menuiserie.
Le développement de cette activité entraîne une
surexploitation de la ressource ligneuse.
Tableau VII : Point des exploitations
contrôlées (campagne agricole 2006-2007)
Désignation
|
Nombre de permis
|
Quantité
|
Eponge végétale
|
12
|
12 sacs
|
Bois de feu
|
110
|
1414 Stères
|
Bois de charbon
|
120
|
10533,6 Sacs
|
Bois de service
|
30
|
7200 Pieds
|
Bois d'oeuvre
|
225
|
3030,79 m3
|
Bois sciés et importés
|
245
|
4184,76 m3
|
Source : TS-For, CeRPA
Bantè, Novembre 2007
Les données de ce tableau ne peuvent qu'être
approximatives dans la mesure où sur le terrain, les ressources ne
semblent avoir aux yeux des populations aucune réglementation les
régissant.
Généralement, les exploitants opèrent
dans l'informel, concluant juste un marché avec les propriétaires
terriens oubliant les services des eaux et forêts. Les essences
végétales les plus utilisées, compte tenu de la bonne
qualité des bois qui en sont issus, sont entre autres : Khaya
senegalensis (Aganho), khaya grandifoliola (acajou à
grande feuille), Milicia excelsa (Iroko) Anogeissus Leiocarpus,
Pterocarpus erinaceus, Diospyros mespiliformis (faux Ebène),
Isoberlina doka, Berlinia grandifoliola .
Au rythme actuel de dégradation du couvert
végétal, les sols de Bantè ne tarderont pas à
devenir nus. Ce qui pourrait causer des problèmes environnementaux
graves.


-Evaluation des
unités d'occupation du sol entre1990 et 2005
Entre 1990 et 2005 les unités d'occupation du sol ont
connu une évolution progressive considérable. Le tableau suivant
résume le rythme d'évolution des unités d'occupation entre
1990 et 2005
Tableau VIII : Rythme d'évolution
des unités d'occupation du sol à Bantè entre 1990 et
2005
Années
|
1990
|
2005
|
Unité d'occupation du sol
|
En Hectare
|
En %
|
En Hectare
|
En %
|
Galerie forestière
|
8980
|
2,64
|
13492
|
3,96
|
Forêt dense semi décidue
|
33608
|
9,87
|
28506
|
8,38
|
Forêt claire et savane boisée
|
61318
|
18,02
|
52027
|
15,29
|
Savane arborée et arbustive
|
137661
|
40,45
|
78443
|
23,05
|
Savane arborée et arbustive saxicole
|
569
|
0,17
|
1041
|
0,3
|
Savane à emprise agricole
|
93911
|
27,59
|
110713
|
32,53
|
Mosaïque de cultures et de jachères
|
2839
|
0,83
|
53582
|
15,74
|
Plantation
|
1475
|
0,43
|
2557
|
0,75
|
Total
|
340361
|
100
|
340361
|
100
|
Source : Résultat de traitement,
novembre 2007
De la lecture du tableau, on remarque que la commune de
Bantè, pendant les quinze dernières années a subi
d'importantes transformations au niveau des différentes unités
d'occupation. En effet, les mosaïques de cultures et de jachères
ont progressé de plus de 15% et les plantations ont presque
doublé. Ce qui témoigne de la pauvreté des sols
laissés en jachère d'une part et d'autre part de la destruction
des forêts par une population qui s'accroît au fil des ans.
3.4- Conséquences
socio-économiques liées à la dynamique de la
population agricole
3.4.1- Extension des zones de cultures et mauvaises pratiques
agricoles
Pour répondre à l'accroissement
démographique et en absence d'intensification, les surfaces
cultivées s'étendent. On aboutit ainsi à une diminution
régulière des temps de jachères et à une saturation
de l'espace.
A Bantè, le mode d'adaptation le plus fréquent
est l'extension des surfaces cultivées sans modification des pratiques.
Cette option conduit à l'éloignement des champs des villages avec
souvent une baisse de la qualité des travaux agricoles et donc une
dégradation des terres. Le défrichement pour la mise en culture
des terres ôte toute la couverture végétale
(herbacée et ligneux) et bien souvent la croissance des cultures est
trop faible pour assurer la protection du sol contre l'érosion pluviale.

Photo 3 : Défrichement pour la
mise en culture d'une parcelle d'igname à Koko. (Cliché C.
DAHANDE, janvier 2007)
La réduction des temps de jachère
entraîne une baisse rapide de la fertilité des sols par
défaut de reconstitution de la couverture végétale. Enfin,
il faut mentionner les défrichements occasionnés dans le secteur
par les cultures de
rente : arachide et coton. La pratique du labour
nécessite en effet, la destruction presque totale des ligneux
préexistants.
De manière générale, l'agriculteur de
Bantè préserve les arbres utiles adultes (à des fins
citées plus haut), mais détruit toute autre forme de
végétation y compris la régénération des
espèces ligneuses utiles. Le tableau suivant résume les
superficies emblavées par quarante jeunes cultivateurs dans les villages
d'Atokolibé, d'Agoua et de Koumassé.
Tableau IX : Superficies
défrichées pour la culture d'igname dans les villages
d'Atokolibé, d'Agoua et de Koumassé
Echantillon
|
Formations végétales défrichées
|
Superficies défrichées pour la culture d'igname
(hectares)
|
40 cultivateurs
|
Galeries forestières
|
38
|
Forêts
|
20
|
Savanes
|
50
|
Source : Résultat d'enquête,
février 2007
De la lecture de ce tableau, il ressort que quarante paysans
ont défriché environ 58 hectares de forêts, pour la seule
culture de l'igname. Une projection sur l'ensemble des actifs agricoles de la
commune et suivant le rythme de croissance, donne une idée sur la
vitesse d'exploitation des forêts dans la zone d'étude. Il se
crée alors une situation de dégradation latente masquée au
niveau de la fertilité par des apports d'engrais quand les champs sont
cultivés, mais qui se révèle inéluctablement
dès l'arrêt de la culture.
3.5- Croissance démographique et utilisation de
l'espace agricole à Bantè
On observe dans la commune de Bantè une utilisation
anarchique des ressources naturelles. C'est ce qui justifie la
nécessité de l'analyse des systèmes de production agricole
et pastorale afin d'apporter des approches de solution pour leur
amélioration. Pour y parvenir, il faut que les acteurs ;
responsables locaux et paysans soient informés des inquiétudes
qu'engendre l'accroissement de la population sur un territoire dont les
dimensions ne varient pas dans le temps et dont les ressources s'amenuisent de
jour en jour.
3.5.1- Bonne gestion des terres pour une agriculture
durable
3.5.1.1- Amélioration de la gestion foncière
La sécurité foncière permet de
stimuler, de garantir et de dynamiser les investissements sur les terres. En
matière d'intensification et de développement d'une agriculture
durable, elle permet de sécuriser dans un cadre plus formel le secteur
des infrastructures, de la construction de l'habitat dans les centres ruraux.
Or les lois foncières encore en vigueur en République du
Bénin datent de 1965. Elles reconnaissent seulement deux modes
d'appropriation : le droit coutumier et le droit moderne en
conférant ainsi au régime foncier un caractère ambivalent.
Par ailleurs, le régime coutumier ne reconnaît pas à la
femme rurale productrice agricole, tout droit de propriété. De
même, les valeurs spéculatives prises aujourd'hui par la terre
risque de déposséder une grande partie de la population rurale de
ce bien précieux. Une telle situation si elle persiste éloigne de
l'objectif principal qui est de promouvoir les pôles locaux de
développement en vue d'endiguer le phénomène de
pauvreté et d'assurer un développement équilibré
toute chose qui entre dans le cadre de la concrétisation d'un
Bénin émergent. L'amélioration de la gestion
foncière pourra de ce point de vue, permettre à l'agriculture de
jouer efficacement ses principaux rôles que sont :
- la sécurité alimentaire ;
- la distribution des revenus ;
- l'investissement dans d'autres secteurs de l'économie
rurale ;
- la bonne gestion de l'écosystème.
Ainsi, une prise de conscience des populations de leur
espace rural et l'implication des autorités locales permettront de
réglementer l'occupation des terres en fonction des attributs qui leurs
sont conférés et de contribuer à réduire la
spéculation foncière qui risque d'entraver le
développement local.
D'une manière générale la meilleure
gestion foncière devra conduire progressivement à la formation
d'une structure locale appropriée qui réaliserait la
spécification de la région ; distinguant les zones
naturelle, agricole, agro-pastorale, les domaines publics communaux et ou
privés.
Le tableau suivant résume les actions à mener
pour réaliser une bonne gestion foncière
Tableau X : Planification des actions
pour une bonne gestion foncière
Arrondissements
|
Organisation de l'espace
|
Avantages
|
Bantè, Gouka,
Pira
|
- Implantation d'infrastructures semi urbaines (centre)
- Création de domaine communal
|
- Création des pôles locaux de
développement
|
Spécifier : (périphéries)
- domaine agricole
- domaine pastoral
|
Organisation de l'espace suivant les attributs
|
Koko, Agoua, Atokolibé, Bobè, Akpassi, Lougba,
|
Spécifier :
- domaine agricole
- domaine pastoral
|
Organisation de l'espace suivant les attributs
|
Délimitation des zones forestières
Identification des sources en eau.
|
Réglementation du pâturage.
Efficacité de la protection forestière
|
Source : Résultat d'enquête
mars 2007
3.5.1.2- Agriculture peu destructrice de l'environnement
Il s'agit pour les paysans d'utiliser des techniques
culturales appropriées et des fertilisants naturels pour auxquels ils ne
sont pas étrangers, mais qu'ils pratiquent souvent sans atteindre les
objectifs visés.
- Des techniques culturales appropriées
Ce sont des techniques qui protègent, non seulement
le sol, mais aussi et surtout lui restaurent sa fertilité. Dans ce
cadre, il est important d'insister sur certaines techniques telles que la
rotation, l'association des cultures et la jachère.
- La rotation des cultures
La rotation est une succession dans le temps de
différentes cultures dans un même champ. Pour le faire, un choix
judicieux des plantes qui ne puisent pas les substances pédologues
à la même profondeur du sol s'impose. Ceci permet de laisser
chaque couche se reposer, se reconstituer avant d'être utilisé
à nouveau. Le respect de cette technique peut permettre aux paysans de
produire sans beaucoup détruire le sol durant plusieurs années
sur une même parcelle.
Le tableau ci-dessus présente les formes de rotation
qui se pratiquent dans le secteur de Bantè.
Tableau XI : Rotation des cultures
vivrières pratiquées à Bantè
Années
|
Productions
|
1ère année
|
Igname
|
2ème année
|
Maïs + Sorgho
|
3ème année
|
Sorgho + Niébé
|
4ème année
|
Manioc + Niébé
|
Source : Résultat d'enquête-
février 2007
La première année, dans le système
igname, c'est l'igname qui entraîne le défrichage des terres
vierges. La deuxième année, c'est le sorgho et le maïs qui
occupent la parcelle et ainsi de suite.
Dans le cas du coton, c'est le coton qui entraîne le
défrichage qui peut être une reprise de jachère.
- L'association des cultures
L'association des cultures est une pratique très
ancienne à Bantè. Elle consiste à mettre plusieurs
cultures dans le même champ. Cette technique a l'avantage d'utiliser
mieux le sol et ce dernier est couvert pendant la saison des pluies, ce qui
empêche tout travail d'érosion.
Le système d'association des cultures permet non
seulement la protection des sols mais aussi la réduction du travail.
C'est une pratique très répandue dans la commune de Bantè.
Le tableau qui suit présente la rotation et l'assolement dans chacun des
systèmes igname et coton.
Tableau XII : Système de
culture : association et rotation des cultures dans le secteur
Système
Années
|
Critère de différenciation
|
Système Igname
|
Système Coton
|
1ème année
|
Igname + Anacardier
|
Coton + Anacardier
|
2éme année
|
1- Igname
2-Maïs +niébé
3-sorgho + arachide
|
1-Coton
2-Sorgho+ maïs
3-Niébé + sorgho
|
3ème année
|
1-maïs + niébé
2-haricot+ Sorgho
3-sorgho + niébé
|
1-Coton
2-Maïs et haricot
3-Niébé+ sorgho
|
4ème année
|
1-harocot + maïs
2- manioc+ maïs
Jachère de pois d'angol
|
1- Maïs + sorgho
2- Manioc+niébé
Jachère plantée en anacardiers
|
Source : Résultat d'enquête,
février 2007.
Les différentes combinaisons issues du système
de cultures associées ont l'avantage d'économiser au paysan son
énergie. Les enquêtes n'ont pas permis de déterminer les
rendements moyens de ces différentes associations. Cependant, une
étude menée en 1991 montre que dans les zones semi arides
lorsqu'on cultive ensemble le sorgho et l'arachide, le rendement combiné
est de 25% supérieur à celui obtenu en les cultivant
séparément. (P. Harrison 1991)
Dans le système coton, les paysans pensent planter au
départ une jachère en anacardes pour bénéficier de
l'engrais ayant servi au coton, mais le rendement n'est pas souvent à la
hauteur des attentes.
- La
jachère
La jachère consiste à laisser le sol se
reposer pendant un temps plus ou moins long. La durée de la
jachère est de 3 à 4 ans, durée assez courte pour
permettre aux herbes de pousser, de régénérer la
fertilité du sol et de protéger le champ contre
l'érosion.

Photo 4 : Paysage d'un terrain en
jachère Bobè. (Cliché C. DAHANDE, février 2007)
On observe sur cette photo la présence des plantes de
manioc dans l'espace mis en jachère
Outre ces techniques culturales, l'utilisation des
fertilisants naturels était connue dans la commune de Bantè.
Cependant, 438 cultivateurs sur 625 interrogés avouent n'avoir jamais
pris ces techniques comme une préoccupation pouvant améliorer la
productivité agricole.
- Les fertilisants naturels
Les fertilisants sont souvent des herbes, des feuilles, des
déchets des animaux ou végétaux. En se décomposant,
ils fournissent des sels minéraux et de l'humus au sol qu'ils
enrichissent. Au nombre de ces fertilisants, on peut citer le fumier, les
engrais verts, le compost, le paillage.
- Le fumier est un mélange de paille et
d'excréments d'animaux qu'on laisse pourrir ensemble. A Bantè,
grâce à l'élevage, les Foulani et dans une moindre mesure,
certains paysans utilisent le fumier pour engraisser leurs champs. C'est par
un déplacement constant du lieu de parcage sur la parcelle à
engraisser que les sols acquièrent les éléments
nutritifs.
- Les engrais verts sont des plantes que l'on enfouit dans le
sol. Il s'agit des mauvaises herbes qui gênent les cultures :
Commelina diffusa; Digitaria horizontalis; Cenchurus biflonus.
L'utilisation de cette forme d'engrais, est fort répandue avec le
billonnage des champs de maïs et de sorgho. Ces engrais permettent
d'amoindrir les coûts de production et de limiter l'appauvrissement du
sol.
- Le compost est un mélange d'herbes, de feuilles, de
paille, de tiges, de légumineuses et de fruits abîmés qu'on
laisse pourrir ensemble. L'épandage de ces éléments se
fait le plus souvent en saison sèche et ce sont les premières
pluies qui activent leur décomposition. Les feuilles de certaines
légumineuses comme le poids d'Angol ou Cajanus cajan (kolo,),
Acacia auriculiformis et des herbes telles que Boerhavia erecta;
Cenchrus biflonus sont des végétaux indiqués dans un
mélange de compost.
- Le paillage se fait après les récoltes
à l'aide des tiges de sorgho non brûlées. Il protège
le sol contre l'érosion. Cette pratique est moins répandue du
fait qu'après les récoltes, les tiges sont coupées et
brûlées. La cendre recueillie par les femmes après
incinération des tiges, entre dans la composition d'un savon
traditionnel.
Mais, les fertilisants naturels et les techniques culturales
ne peuvent être efficaces dans la recherche d'une agriculture durable si
des actions conséquentes au niveau local ne sont pas menées tant
par les paysans, les agents d'encadrement du monde rural que des
autorités locales.
3.5.2- Actions à mener au niveau local pour promouvoir
une agriculture durable
Il s'agit de mettre l'accent sur l'encadrement et la
formation du monde paysan à travers l'aménagement du territoire
rural. Il est aussi nécessaire de sensibiliser la population sur
l'importance de l'arbre dans la protection de l'environnement et le maintien en
bon état de fertilité des sols.
3.5.2.1- Encadrement adéquat du monde paysan
L'encadrement et la formation continue des agriculteurs
répondent à la nécessité de trouver une solution
aux difficultés du développement rural. Les enquêtes
menées sur le terrain ont donné l'occasion de constater que les
paysans de Bantè ne sont pas vraiment suivis par les Agents Polyvalents
de Vulgarisation (APV). Beaucoup d'agriculteurs avouent que leur encadreur ne
sait même pas où se situent leurs champs. Ce sont des techniques
traditionnelles qui sont en vigueur : de grandes surfaces pour des
tonnages faibles.
D'ailleurs, l'encadrement et la recherche agronomique
n'interviennent qu'à la faveur exclusive des cultures d'exportation
telles que le coton et dans une moindre mesure l'arachide. Le cotonnier
bénéficie des pesticides, de l'engrais et des plans
sélectionnés. Les cultures d'exportation (coton et arachide)
doivent être encouragées tout en les associant aux cultures
vivrières de manière à vulgariser les assolements coton-
céréales. Ces dernières pourraient
bénéficier des effets des engrais répandus dans les champs
de coton.
Les cultures vivrières ont pour destination
fondamentale l'autoconsommation et par conséquent ne
bénéficient d'aucune attention de la part des APV. Cette attitude
vient du fait que l'Etat obtient peu de devises à partir de la vente de
ces produits. Une réorganisation de la filière des produits
vivriers s'impose. Les cultures vivrières restent insérées
dans les mécanismes socio- culturels et les règles ancestrales de
la production agricole.
L'Institut de Recherche Agronomique Tropicales (IRAT)
chargé d'étudier les conditions par lesquelles on peut
améliorer la productivité de certaines cultures vivrières,
est absent sur le terrain. De faibles quantités de maïs
sélectionnés sont distribuées à quelques paysans
dans le but de les amener à cultiver ces graines.
Il a été constaté sur le terrain un
manque d'information et de formation du monde paysan sur les techniques
agronomiques pour une agriculture durable. Il est nécessaire de combler
ce vide en encourageant l'alphabétisation en langue Ifè (surtout
que le Bénin dispose actuellement d'un ministère de
l'alphabétisation). Il faudra également recycler les APV qui
doivent disposer des documents de techniques agricoles adéquats et
actualisés afin de pouvoir enseigner et conseiller les paysans
producteurs.
Pour cela, ils doivent s'informer, se former, aller sur le
terrain pour y suivre le expériences nouvelles et acquérir des
techniques d'agriculture telles que l'agroforesterie indispensable à la
protection du sol contre l'érosion pluviale et éolienne.
3.5.2.2- Nécessité d'agroforesterie
L'agroforesterie est un système d'exploitation
agricole qui utilise les arbres (généralement en cultures
intercalaires) dans la production des cultures vivrières et des cultures
de rente. Elle couvre un grand nombre de technique visant à une
intégration ``à bénéfices réciproques'' de
l'arbre dans les espaces agricoles et pastoraux. L'arbre est planté ou
protégé par le cultivateur et ce dernier reçoit en retour
bois, fruit, fourrage et fertilisation. Cette approche a également des
effets bénéfiques sur le microclimat et réduit les effets
du vent. L'agroforesterie constitue sur les plans économique et
agronomique une meilleure réponse aux problèmes de
dégradation des sols.
En effet, le rôle de l'arbre est fondamental pour
recycler les éléments minéraux et
régénérer les sols. L'anacardier, du fait de la protection
qu'il assure au sol, semble être adopté par les masses paysannes.
Mais il a été constaté que la filière anacarde est
peu organisée et ne pourra constituer une réponse efficace
à la dégradation continue des sols.
Les pratiques paysannes actuelles sont peu
préservatrices du milieu ; il paraît nécessaire
d'amener les cultivateurs à adopter un système de culture
respectueuse des valeurs des plantes amélioratrices :
- arbres utiles : néré, karité,
manguier, anacardier, teck etc.
- légumineuses alimentaires dont les déchets de
récoltes doivent être incorporés au sol.
Ce système de production associe les arbres aux
cultures annuelles et pourrait favoriser le développement des cultures
fourragères. Il est seulement question de sensibiliser les
éleveurs sur la nécessité d'une amélioration de la
gestion bovine et la réorganisation de l'espace agro-pastoral.
3.5.2.3- Amélioration de la gestion bovine
Dans la perspective d'une meilleure gestion bovine, des
mesures doivent être prises dans le sens de la santé des
troupeaux, de la réglementation du parcours des bovins et l'organisation
des marchés de bétail.
- Assainissement des troupeaux
Il est question d'affiner la méthode de gestion pour
maintenir l'effectif du troupeau autour d'un nombre raisonnable, de pourvoir
à ses besoins et augmenter le revenu de l'éleveur. Cela est
nécessaire du fait de l'explosion démographique et du
rétrécissement de la superficie pâturable. Dans ces
conditions, il est impérieux de mettre l'accent sur une meilleure
gestion des troupeaux en produisant le fourrage nécessaire et l'eau
indispensable aux effectifs de plus en plus importants, au lieu de continuer
à cueillir dans la nature des ressources nécessaires à
l'élevage, ressources qui devraient servir à maintenir la bonne
santé d'une population paysanne, elle aussi en constante
évolution.
Ceci permettra de produire suffisamment de viande, du lait
et du cuir pour les marchés locaux et nationaux.
- La réorganisation de l'espace agropastoral
L'accroissement démographique
accéléré, (4,8 %) pour le monde rural de la commune de
Bantè en 2002 et l'extension des cultures conduisent à une
augmentation annuelle des superficies agricoles réduisant ainsi les
zones de pâturages. La nécessité d'une politique
agro-pastorale avec le concours des agents du CeRPA et des Eaux et Forêts
devient indispensable avec des objectifs clairement définis. Il s'agit
de :
- créer des couloirs de passage pour les troupeaux
bovins ;
- mettre en place une intégration
agriculture-élevage dans le sens de l'affourragement des
animaux ;
- sédentariser l'élevage dans les fermes et
hameaux avec mise en place concordante de cultures fourragères.
Il est à noter que l'exploitation des parcours de
façon extensive ne crée aucun problème tant que la
densité du bétail reste faible. Mais l'accroissement de la taille
des troupeaux accélère la pression de la population bovine sur
les ressources naturelles. Les observations ont permis de remarquer que
l'extension des parcelles de cultures aux dépens des parcours ne diminue
pas forcément la quantité de fourrages disponibles ; mais il
se pose souvent un problème d'accès au pâturage. Dans ces
conditions le potentiel pastoral ne peut être utilisé librement en
raison des risques de conflits avec l'installation anarchique des champs dans
le secteur.
Il est nécessaire de réaliser un plan
d'occupation du sol (POS) qui définit chaque zone suivant ses attributs
en délimitant les terrains de parcours, les zones de cultures, les zones
agropastorales, l'habitat etc.
3.5.3 Gestion prospective des
ressources naturelles en rapport avec l'accroissement démographique
Parmi les problèmes auxquels la commune de
Bantè devra apporter une solution adéquate dans la
décennie à venir figure en bonne place la dégradation
continue de l'environnement ainsi que l'occupation extensive et anarchique de
l'espace rural. Ces phénomènes s'expliquent principalement par
la croissance démographique qui se manifeste à un rythme
effréné depuis la deuxième moitié du
20ème siècle. Ainsi, la lecture des données
statistiques sur la situation démographique fait ressortir un doublement
de la population en vingt deux (22) ans entre 1970 et1992 puis en dix (10) ans
entre 1992 et 2002.
En l'an 2002, la population de Bantè est
estimée à 82.129 habitants contre 46.699 en 1992 connaissant
ainsi un croît de près de 3,8% par an pour l'ensemble de la
commune avec 4,8% pour la population rurale. Les projections pour l'an 2025
font ressortir une accélération de la dynamique
démographique comme l'indique le tableau ci-après.
Tableau XIII : Projection des tendances
d'évolution de la population de 2002 à 2019 puis à 2025
Arrondissement
|
Population 2002
|
Projection 2019
|
Projection 2025
|
Agoua
|
6276
|
10857
|
13242
|
Akpassi
|
8979
|
15533
|
18945
|
Atokolibé
|
9181
|
15883
|
19371
|
Bobè
|
4393
|
7599
|
9269
|
Bantè
|
15297
|
26463
|
32276
|
Gouka
|
13765
|
23813
|
29044
|
Koko
|
5855
|
10129
|
12354
|
Lougba
|
6006
|
10390
|
12672
|
Pira
|
12377
|
21412
|
26115
|
Total
|
82129
|
142079
|
173288
|
Source : Données du RGPH3
Par ailleurs, on enregistre un écart de concentration
de la dynamisation qui s'accentue au fil des années. Ainsi, au titre du
recensement de 2002 selon le tableau, les trois arrondissements de la commune
de Bantè (Gouka, Bantè et Pira), traversés par la route
inter état, enregistrent à eux seuls plus de 50% de la population
communale connaissant ainsi les plus fortes concentrations humaines par rapport
aux autres localités.
La dynamique démographique explique le
phénomène de pression sur les ressources naturelles avec plus ou
moins d'ampleur d'un arrondissement à un autre de la commune. Cette
pression s'accroît au fur et à mesure que la population
croît. Cette situation rend impérative la mise en oeuvre d'une
politique conséquente de gestion rationnelle et responsable de l'espace
communal en général et celle des ressources naturelles en
particulier pour garantir les besoins actuels et futurs des populations et donc
le développement.
L'objectif de ce travail est de proposer des solutions pour
que tout en garantissant à long terme, un cadre de vie sain aux
populations, on puisse maintenir l'équilibre entre la population, les
écosystèmes et le développement. Toute chose qui vise
l'amélioration de la productivité agricole dans le cadre d'une
approche participative et intégrée de la gestion de
l'environnement, de l'occupation des centres ruraux et des terroirs en rapport
avec les attentes des populations.
En terme clair, il s'agit de promouvoir des pôles
locaux de développement (Gouka, Bantè, Pira) eu égard
à l'extrême pauvreté de la population, le poids
démographique, l'analphabétisme, la déficiente des
systèmes de production, la mauvaise répartition spatiale des
éléments structurants de l'organisation du territoire ; ce
qui amène les collectivités à mettre en oeuvre des
stratégies de survie à effets destructeurs sur l'environnement et
les ressources naturelles.
3.5.3.1 Techniques de production, de transformation et de
conservation respectueuses de l'environnement
Bantè reste une commune où la croissance de
l'économie locale est fortement dépendante de la croissance
agricole. Si en la matière, les potentialités ne font pas encore
défaut, force est de constater que les techniques culturales
employées aujourd'hui pour l'exploitation des terres, la transformation
des produits et leur conservation compromettent dangereusement l'avenir du
secteur agricole, l'équilibre des écosystèmes et le cadre
de vie des populations de la commune.
Le caractère extensif de la production agricole fait
appel en effet, au niveau des producteurs, à l'utilisation de
méthodes nocives à l'environnement (culture sur brûlis,
déboisement incontrôlé, réduction de la durée
des jachères, monoculture prédominant sur l'assolement) et qui
dégradent sans cesse les écosystèmes en
général et les sols en particulier.
Cette évolution du secteur agricole fait appel aux
différents acteurs qui l'ont marqué jusqu'ici à
savoir :
- les responsables communaux ;
- les producteurs ruraux et leurs organisations ;
- les institutions financières locales ;
- les ONG intervenant dans le secteur.
Il est nécessaire que les mesures soient mises en
oeuvre pour renverser positivement cette tendance.
La réforme agraire, la sécurité
foncière et la valorisation des terres constituent des préalables
indispensables à ce processus de retournement positif. A ce titre, la
promotion des techniques de production respectueuses de l'environnement
à travers la sensibilisation des agriculteurs et éleveurs
permettra non seulement de réduire l'effet négatif de l'action
humaine sur les ressources naturelles, mais également de rentabiliser le
travail des producteurs agricoles, leur assurer un meilleur revenu et garantir
la satisfaction des besoins des générations futures.
3.5.3.2 - Participation des agriculteurs et éleveurs
à la mise en oeuvre des différentes actions
La promotion des pôles locaux de développement
telle que l'envisage la présente étude prend appui
essentiellement sur les potentialités humaines et physiques dont dispose
le secteur d'étude (éleveurs et agriculteurs, ressources
naturelles, équipements socio-économiques etc...).
Le développement de la capacité des acteurs du
monde rural au niveau local découle du fait que les paysans constituent
le capital le plus important de la production agricole donc de
l'économie de la commune. La population de la commune de Bantè
est jeune, près de la moitié est âgée de moins de 15
ans selon le recensement de 2002
Au niveau local, le développement des
potentialités des cultivateurs ne servira effectivement que lorsqu'il
prendra en compte de façon générale la
responsabilité totale des collectivités à la base dans la
production notamment agricole. Il se pose ici comme partout ailleurs le
problème de transfert des compétences au niveau local afin que
les responsables locaux puissent gérer efficacement les
responsabilités liées à leur fonction.
Cet état de chose permet de stimuler
l'émergence d'initiative locale par des organisations paysannes qui
prennent conscience de leurs mauvaises actions sur l'environnement et permettre
ainsi l'avènement d'un développement local harmonieux, mieux
équilibré et mieux maîtrisé.
L'absence ou la rareté des ressources naturelles
détermine la dynamique d'un milieu lorsque ces ressources font l'objet
d'une utilisation. Bantè dispose selon les résultats de nos
enquêtes et les observations faites sur le terrain de nombreuses
ressources naturelles diversement réparties sur l'étendue du
territoire local comprenant.
- Les ressources floristiques et faunistiques ;
- Les ressources en eaux peu abondantes,
- Les ressources pédologiques dont le mode
d'appropriation et d'utilisation varient d'un arrondissement à un autre
selon les zones agro écologiques.
La difficulté d'application de l'équité
dans la répartition des biens amène à constater que tous
les tracés de voies de communication convergent vers l'arrondissement de
Bantè qui se trouve être le seul pôle de
développement local et abritant la quasi localité des
institutions déconcentrées.
La consolidation des infrastructures de base est un facteur
qui devra accompagner l'action humaine. Ces infrastructures, notamment de
transport pour le désenclavement intra et extra communales, de
communication et autres sont des moyens par lesquels l'homme et la
collectivité peuvent mettre en valeur les ressources naturelles existant
au niveau local.
Au total, la création de richesse et partant de lutte
contre la pauvreté à Bantè passe nécessairement par
les trois facteurs que sont l'homme (agriculteurs et éleveurs
prioritairement), les moyens de travail (techniques modernes de production et
équipements modernes), les ressources naturelles (sols, couvert
forestier, etc.) d'où la nécessité de leur
développement dans un contexte local.
CONCLUSION GENERALE
Au terme de cette étude portant sur l'expansion
agricole en relation avec la croissance démographique dans la commune de
Bantè, l'occasion s'est présentée d'apprécier
l'extension spatiale des champs malheureusement au détriment du couvert
végétal et des sols ; et de passer en revue
l'évolution de la population de la commune ces dernières
années.
En effet, entre 1979 et 2002, la population de la commune de
Bantè a connu une croissance spectaculaire de sa population passant de
28.599 âmes à 82.129 habitants. Le taux d'accroissement naturel
est estimé en 2002 à 3,8% pour l'ensemble de la commune et
à 4,08% pour le monde rural (INSAE, 2002).
Les facteurs qui expliquent cette situation sont entre
autres, le croît naturel et la colonisation agricole. La natalité
assez élevée est liée à la jeunesse de la
population et aux unions précoces. La nuptialité reste
marquée par la volonté des jeunes d'avoir plusieurs femmes avec
pour mentalité que femmes et enfants sont des signes de richesse.
La proportion de la population active employée dans
l'agriculture est de 72% en 2002. Cette disponibilité d'ouvriers ne peut
qu'engendrer l'extension spatiale des champs. On note une progression
exponentielle des superficies cultivées en maïs et surtout en
igname, culture alimentaire principale de la région et dans une moindre
mesure le coton. Les paysans sont peu encadrés par les agents du CeRPA,
structure qui dispose d'un effectif qui couvre à peine deux
arrondissements sur les neuf dont dispose la commune.
L'utilisation irrationnelle des terres pose des
problèmes de disponibilité de terre pour la culture d'igname. Le
système de culture itinérante est très répandu
à Bantè quand bien même elle nécessite de vastes
superficies qui donnent une production saisonnière relativement faible.
Les cultivateurs justifient l'expansion des exploitations agricoles par la
faiblesse du rendement qu'induit la pauvreté des sols. La monoculture
cotonnière et surtout la culture de l'igname sont actuellement à
la base d'importants défrichements à Bantè. La
déforestation en constante évolution a des conséquences
néfastes sur les populations car, selon Boko, octobre 2003, les causes
de la dégradation de l'environnement sont à l'origine de la
dégradation de la santé humaine. Les cultivateurs sont alors
amenés à s'installer très loin des villages, dans les
fermes en quête de nouvelles terres. Cette pression sur les terres
provenant de ``l'avancée'' de l'agriculture, s'exerce donc sur les
meilleures terres périphériques jadis pâturées par
les troupeaux de bovins créant ainsi des difficultés à un
élevage déjà extensif.
L'exode rural qui pousse plusieurs jeunes à
quitter les villages pour le Nigeria et l'éparpillement des
ménages sont des indices de manque de terres fertiles dans la commune de
Bantè. Les rendements de la terre vont en décroissant, l'offre de
denrées alimentaires par paysans selon les enquêtes de terrain a
sensiblement diminué. Aux dires des femmes, les revenus sont
ramenés au niveau de subsistance. Les paysans doivent enrayer
l'augmentation de la population en restreignant leurs désirs sexuels
afin de garantir un avenir meilleur à leur progéniture et aller
ainsi dans le sens du développement durable.
La défense de l'environnement passe par une
conciliation de l'agriculture et de la croissance démographique. C'est
pourquoi la promotion et la vulgarisation des techniques modernes qui
permettent aux paysans d'exercer leurs activités sans détruire le
couvert végétal et les sols sont indispensables.
BIBLIOGRAPHIE
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la Population du Bénin. UPP, 22 p.
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Paris, Armand Colin Collection U, 131 p.
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agraires dans le District Rural de Bembéréké.
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20- GU-KONU (Y.E.), 1982-1983 : Tradition et
Modernité. La Modernisation
agricole face à la Mutation rurale en Afrique
Noire, l'exemple du Togo. Thèse de Doctorat d'Etat, 1037 p.
21- GUY (B.), 1979 : Quel Développement pour
l'Afrique Noire ? Les Nouvelles Editions Africaines, 209 p.
22- IGUE (O.J.), 1970 : Les Civilisations agraires des
populations Yoruba du Dahomey et du Moyen
Togo. Thèse de Doctorat 3è Cycle de Géographie.
Paris-Nanterre, 293 p.
23- MEYNIER (A.), 1970 : Les Paysages agraines,
Armand colin, 201 p.
24- Harrison (P.), 1991: Une Afrique verte. Edition
Karthala, 125 p.
25- RISS (M.D.), 1989 : Femmes Africaines en Milieu
Rural Ed. L'Harmattan, 218 p.
26- TCHOKPONHOUE (P.), 1990-1991 : La Culture de coton et
Dégradation du Milieu dans le secteur de Savalou. Mémoire de
Maîtrise FLASH/UNB, 116 p.
27- VODOUNOU (J. B.), 2002 : Les systèmes
d'exploitation des ressources naturelles et leurs impacts sur les
écosystèmes dans la vallée de la Sô.
Diplôme d'Etude Approfondie FLASH /UAC, 90 p
ANNEXES
LA CROISSANCE DEMOGRAPHIQUE ET L'EXPANSION AGRICOLE
DANS LA COMMUNE DE BANTE
Questionnaire d'enquête
I. / Identification
· Date d'enquête
· Village
· Nom et prénom
· Age
· Situation matrimoniale
· Niveau d'étude
II - IDENTIFICATION ET EXPLOITATION DES RESSOURCES
NATURELLES
2.1- Identification des ressources en rapport avec la
végétation
2.1.1- Citez les ressources végétales de votre
arrondissement ?
Forêts : /_/ (précisez les noms et
localités)
N°
|
Dénomination
|
Localisation (village, hameau,etc)
|
Chef/ personne responsable
|
Autres à préciser
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2.1.2 Quelles sont les usages et formes d'exploitation de ces
forêts ?
................................................................................................................................................................................................
Quelles sont les espèces végétales
adaptatives aux différentes cultures (Igname, maïs, manioc, ...)
................................................................................................................................................................................................
Quelles sont les espèces indicatrices de l'appauvrissement
des sols ?
2.1.3- Quelles sont les usages et formes d'exploitation des
autres ressources végétales ?
................................................................................................................................................................................................
Quels sont les outils de travail que vous utilisez et quelle
est leur importance ?
................................................................................................................................................................................................
Pratiquez-vous des feux de végétation ? Si
oui, pourquoi ?
................................................................................................................................................................................................
Combien de cultures pratiquez-vous sur un même
terrain ?
................................................................................................................................................................................................
Combien de temps durent vos jachères ?
................................................................................................................................................................................................
2.2- Identification des ressources en rapport avec les sols
Citez les ressources pédologiques de votre
arrondissement ?
2.2.1- Citez les types de sol de votre arrondissement ?
Types de sol : /_/(précisez les noms et
localités)
N°
|
Dénomination
|
Localisation (village,hameau,etc)
|
Chef/ personne responsable
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2.3- Comment accède t-on à la terre chez
vous ?
2.3.1- Quelles sont les usages et formes d'exploitation de ces
types de sols ?
................................................................................................................................................................................................
2.3.2- Quelles sont les usages et formes d'exploitation des
autres ressources pédologues ?
................................................................................................................................................................................................
Quelles difficultés rencontrez-vous dans l'exercice de
vos activités agricoles ?
................................................................................................................................................................................................Quels
sont les produits que vous cultivez ?
................................................................................................................................................................................................
III- IMPACTS SOCIO-ECONOMIQUES ET ENVIRONNEMENT AUX DE
L'EXPLOITATION DES RESSOURCES NATURELLES
3-1 Evaluation des revenus liés à l'exploitation
endogène des ressources naturelles
Citez les types d'activités liées aux ressources
forestières
................................................................................................................................................................................................
Evaluer les gains liés à ces activités
N°
|
Nature des activités liées à ces
activités
|
Journalier
|
Hebdomadaire
|
Mensuel
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Citez les types d'activités liées à
l'exploitation des sols
................................................................................................................................................................................................Evaluer
les gains liés à ces activités
N°
|
Nature des activités liées à ces
activités
|
Journalier
|
Hebdomadaire
|
Mensuel
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
3-2 Quelques conséquences de l'utilisation anarchique
des ressources naturelles
Citer les conséquences liées à
l'utilisation anarchique des ressources forestières
................................................................................................................................................................................................................................................................................................Citez
les conséquences liées à l'utilisation anarchique des
ressources pédologues
................................................................................................................................................................................................V-
EVALUATION DE L'ETAT DES RESSOURCES NATURELLES
4-1 Etat de dégradation
Evaluation de dégradation des ressources
forestières et pédologiques
Dans l'ensemble :
N°
|
Période
|
Taille des arbres (indiquez une idée de la hauteur)
|
Espèces composant les forêts (citez les
espèces disparues)
|
Autres indicateurs
|
|
Avant 1990
|
|
|
|
|
Après 1990
|
|
|
|
1= Beaucoup de grands arbres
2= Peu de grands arbres
Citez quelques cas de forêts très
dégradées (Noms et localisation)
................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Quels sont selon vous les facteurs de dégradation des
ressources forestières ?
................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Quels sont selon vous les facteurs de dégradation des
ressources pédologues ?
................................................................................................................................................................................................................................................................................................
V- LA GESTION DES RESSOURCES
5-1 Stratégies endogènes de protection
Par rapport aux ressources végétales
- Existe-t-il des stratégies endogènes de
conservation et de protection des ressources végétales
................................................................................................................................................................................................................................................................................................Existe-t-il
des formes d'aménagement des ressources
végétales ?
................................................................................................................................................................................................Par
rapport aux ressources pédologiques
- Existe-t-il des stratégies endogènes de
conservation et de préservation des ressources
pédologiques ?
................................................................................................................................................................................................
- Existe-t-il des formes spécifiques
d'aménagement ?
................................................................................................................................................................................................
5-2 Structure locale de gestion des ressources naturelles
- Existe-t-il des structures locales de gestion des ressources
naturelles ?
................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Comment fonctionnent-elles ?
................................................................................................................................................................................................
- Quels sont leurs rapports avec le CeRPA ou les autre
structures d'Etat
................................................................................................................................................................................................5-3
Evaluation de l'efficacité des structures endogènes de gestion
des ressources
- Quelle appréciation faites-vous des structures
endogènes de gestion ?
................................................................................................................................................................................................
VI- PROPOSITION POUR UNE GESTION INTEGREE ET DURABLE
DES RESSOURCES NATURELLES.
6-1 Par rapport aux ressources végétales
- Quel cadre institutionnel au niveau local pour la gestion
intégrée durable des ressources végétales ?
................................................................................................................................................................................................Quelle
stratégie d'aménagement vous paraît la meilleure ?
................................................................................................................................................................................................
6-2 Par rapport aux ressources pédologiques
- Quel cadre institutionnel au niveau local pour la gestion
intégrée durable des ressources pédologiques ?
................................................................................................................................................................................................
- Quelle stratégie d'aménagement vous
paraît la meilleure ?
................................................................................................................................................................................................
6-3 Autres suggestions
................................................................................................................................................................................................
Tableau XIV : Moyennes annuelles de
précipitations de 1993 à 2002
Années
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
Moyenne
Annuelle
|
294,1
|
338,6
|
349,6
|
415,1
|
415,9
|
448,8
|
397,3
|
379,0
|
415,7
|
439,7
|
419,8
|
450,3
|
Source : ASECNA, 2002
Tableau XV: Répartition par
unités administratives de la commune de Bantè en 1992 et 2002
Année
|
AGOUA
|
AKPASSI
|
ATOKOLIBE
|
BANTE
|
BOBE
|
GOUKA
|
KOKO
|
LOUGBA
|
PIRA
|
1992
|
3304
|
4845
|
5639
|
8321
|
1981
|
7627
|
3264
|
3827
|
7894
|
2002
|
6276
|
8979
|
9181
|
15297
|
4393
|
13765
|
5855
|
6001
|
12377
|
Source : INSAE 1992 et 2002
Tableau XVI : Principales cultures
vivrières et superficies emblavées suivant la consommation et la
commercialisation : cas de 20
paysans de Galata, Agbon et Cloubou
Cultures
|
Igname
|
Maïs
|
Manioc
|
Niébé
|
Superficie
|
42,5
|
28,6
|
18,2
|
23,7
|
Niveau de consommation
|
Très élevé
|
Elevé
|
Faible
|
élevé
|
Niveau de commercialisation
|
Elevé
|
Elevé
|
Assez élevé
|
faible
|
Source : Résultat d'enquête,
campagne agricole 2006-2007
Tableau XVII : Productions et superficies du
maïs et de l'igname de 1996 à 2005
Années
|
Produits
|
Superficies
|
Productions
|
1996
|
Igname
Maïs
|
4435
1269
|
42070
826
|
1997
|
Igname
Maïs
|
4435
1269
|
42070
880
|
1998
|
Igname
Maïs
|
5050
1350
|
50 500
880
|
1999
|
Maïs
Igname
|
1221
5916
|
855
59 160
|
2000
|
Igname
Maïs
|
6 935
1050
|
76 285
723
|
2001
|
Maïs
Igname
|
530
7760
|
735
77 600
|
2002
|
Maïs local
Igname
|
1016
9 705
|
7715
79245
|
2003
|
Igname
Maïs
|
9 700
1090
|
97 000
920
|
2005
|
Maïs Local
Igname
|
2305 ha
8380
|
18 345
84 325
|
Source : CeRPA Bantè,
février 2007
Tableau 19: Recensement général de
1979
Sexe-ratio
Arrondissements
|
Hommes
|
Femmes
|
Agoua
|
778
|
860
|
Akpassi
|
1833
|
1713
|
Atonalité
|
1799
|
1736
|
Bobé
|
659
|
636
|
Gouka
|
2199
|
2403
|
Koko
|
1372
|
1393
|
Lougba
|
786
|
802
|
Pira
|
1857
|
2257
|
Bantè
|
2713
|
2802
|
Totaux
|
13.9996
|
14.602
|
Source : INSAE, 1979
Tableau 20 : Evolution de la population
de la commune de Bantè de 1970 à 2002
Années
|
1970
|
1979
|
1992
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2002
|
Populations
|
14000
|
28598
|
46699
|
52974
|
54743
|
56550
|
58615
|
60550
|
82129
|
Source : INSAE, 1992 et 2002
Tableau 21 : Population par sexe de la commune
de Bantè des trois recensements généraux (1979 ; 1992
et 2002)
Populations
Années
|
Femmes
|
Hommes
|
Total
|
1979
|
14536
|
14062
|
28598
|
1992
|
23559
|
23140
|
46699
|
2002
|
41994
|
40135
|
82129
|
Source : INSAE, 1979, 1992, 2002
Tableau 22 : Recensement
générale de 1992
Sexe-ratio
Arrondissements
|
Hommes
|
Femmes
|
Agha
|
3021
|
3255
|
Akassa
|
4306
|
4673
|
Atonalité
|
4462
|
4719
|
Bobé
|
2199
|
2194
|
Gouka
|
6726
|
7039
|
Koko
|
2819
|
3036
|
Lougba
|
2962
|
3044
|
Pira
|
6192
|
6185
|
Bantè
|
7448
|
7849
|
Totaux
|
40.135
|
41.994
|
Source : INSAE, 1992
Tableau 23 : Répartition par
âge et par sexe de la commune de Bantè en 2002
Années
|
Hommes
|
Femmes
|
0-4
|
4702
|
4581
|
5-9
|
5090
|
4534
|
10-14
|
3250
|
2446
|
15-19
|
2274
|
2057
|
20-24
|
1403
|
1760
|
25-29
|
1148
|
1861
|
30-34
|
985
|
1457
|
35-39
|
822
|
1067
|
40-44
|
649
|
940
|
45-49
|
514
|
641
|
50-54
|
475
|
535
|
55-59
|
267
|
247
|
60-64
|
428
|
484
|
65-69
|
249
|
224
|
70-74
|
302
|
292
|
75-79
|
128
|
109
|
80-84
|
205
|
153
|
85-89
|
72
|
65
|
90-94
|
93
|
55
|
95-99
|
77
|
48
|
Non déclaré
|
7
|
3
|
Source : INSAE, 2002
Tableau 24 : Constitution de l'échantillon
d'enquête
Source : Résultat d'enquête, mars
2006
Arrondissements
|
Villages
|
Hommes
|
Femmes
|
AGOUA
|
CLOUEUR
N'TCHON
|
18
13
|
07
05
|
AKPASSI
|
BANON
ILLAGBO
|
19
22
|
06
07
|
ATOKOLIBE
|
MALOMI
GAbon
|
24
20
|
11
08
|
BANTE
|
BASSON
WASSIMI
|
49
37
|
23
29
|
BOBE
|
DJAGBALLO
ASSABA
|
11
14
|
05
06
|
GOUKA
|
GOUKA
SAKO
|
47
32
|
19
17
|
KOKO
|
AKPAKA
AKATAKOU
|
23
19
|
06
06
|
LOUGBA
|
GOTCHA
ALLETAN
|
16
10
|
08
05
|
PIRA
|
OKOUTOSSE
ADJIGO
|
32
23
|
12
16
|
Total
|
18
|
429
|
196
|
LISTE DES TABLEAUX ET CATES
Carte 1 : Situation géographique de la commune de
Bantè........................12
Carte 2 : Répartition de la population de la commune
de Bantè en 2002......20
Tableau I : Centres de documentation visités et
informations recueillies......28
Carte 3 : Localisation
des villages enquêtés dans la commune de Bantè
.........32
Tableau II : Evolution des actifs agricoles dans la
commune de Bantè de 1996 à
2006........................................................................................37
Tableau III : Situation des chefs d'exploitation (C E) par
tranche d'âge et par genre dans la commune de Bantè en
2006............................................38
Carte 4 : Densité de la population de la commune
de Bantè en 2002.............40
Tableau IV : Principales cultures vivrières et
superficies emblavées suivant la consommation et la
commercialisation................................................45
TableauV: Evolution du cheptel dans la commune de Bantè
de 1998 à 2005...48
Tableau VI: Evolution de la production du charbon de 2002
à 2006............52
TableauVII : Point des exploitations
contrôlées campagne agricole 2006-2007.53
Carte 5 : Dynamique de
l'occupation dans la commune de Bantè en 1990......54
Carte 6 : Dynamique de l'occupation dans la commune de
Bantè en 2005......55
Tableau VIII : Rythme d'évolution des unités
d'occupation du sol à Bantè......56
Tableau IX : Superficies défrichées pour la
culture d'igname dans les villages d'Atokolibé, d'Agoua et de
Koumassé................................................58
Tableau X : Planification des actions pour une bonne
gestion foncière.........60
Tableau XI : Rotation des cultures vivrières
pratiquées à Bantè...................61
Tableau XII : Système de culture :
association et rotation de culture dans le
secteur......................................................................................62
Tableau XIII: Projection des tendances d'évolution de
la population de 2002 à 2019 puis à
2025..........................................................................69
Tableau XIV: Moyennes annuelles de précipitations de
1993 à 2002............86
Tableau XV : Répartition par unités
administratives de la commune de Bantè en 1992 et
2002..............................................................................86
Tableau XVI : Principales cultures vivrières et
superficies emblavées suivant la consommation et la
commercialisation : cas des paysans de Galata, Agbon et
Cloubou................................................................................87
Tableau XVII : Productions et superficies du maïs et
de l'igname de 1996 à
2005........................................................................................87
Tableau XVIII:Recensement général de
1979.................................... .88
Tableau XIX : Evolution de la population de la commune de
Bantè de 1970 à
2002........................................................................................88
Tableau XX: Population par sexe de la commune de Bantè
des trois recensements généraux (1979 ; 1992 et
2002).......................................88
Tableau XXI : Recensement générale de
1992......................................89
Tableau XXII : Répartition par âge et par
sexe de la commune de Bantè en
2002........................................................................................89
Tableau XXIII: Constitution de l'échantillon
d'enquête..........................90
LISTE DES PHOTOS ET FIGURES
PHOTOS
Photo 1 : Parcelle destinée à recevoir la
culture d'igname après le passage du feu à
Gouka....................................................................................26
Photo 2 : Terrain en préparation pour la culture
du coton et coupe d'arbres pour le bois de chauffe et charbon de bois à
Galata.......................................51
Photo 3 : Défrichement par essouchage pour la mise
en culture d'une parcelle d'igname à
Koko.........................................................................57
Photo 4 : Paysage d'un terrain en jachère
semé en manioc à Bobè...............63
FIGURES
Figure 1 : Evolution des précipitations dans la
commune de Bantè de 1995 à
2006........................................................................................16
Figure 2 : Evolution de la population de la commune de
Bantè de 1970 à
2002........................................................................................18
Figure 3 : Répartition de la population de la
commune de Bantè par unités
administrative.............................................................................19
Figure 4 : Evolution des superficies emblavées
pour le maïs et l'igname de 1996 à
2006.....................................................................................42
TABLE DES MATIERES
DÉDICACE..........................................................................
2
REMERCIEMENTS................................................................
3
SIGLES ET
ABREVIATIONS....................................................4
SOMMAIRE.........................................................................
5
RESUME............................................................................6
INTRODUCTION..................................................................7
CHAPITRE PREMIER : PROBLÉMATIQUE,
OBJECTIFS, HYPOTHÈSES ET CADRE
D'ÉTUDE..........................................
9
1.1- Problématique, Objectifs et
Hypothèses
9
1.1.1- Problématique
9
1.1.2- Objectifs global
10
1.1.3- Objectifs spécifiques
10
1.1.4- Hypothèses
10
1.2- Cadre d'étude
13
1. 2.1- Cadre physique
13
1.2.1.1- Situation géographique
13
1.2.1.2- Substratum géologique et formations
pédologiques
13
1.2.1.3- Relief et réseau hydrographique
14
1.2.1.4- Climat, vents et précipitation
14
1.2.1.5- Végétation peu abondante
16
1.2.2- Contexte humain
18
1.2.2.1- Evolution démographique de la
commune de Bantè entre 1970 et 2002
18
1.2.2.2- Répartition spatiale
18
1.2.2.3- Répartition de la population par
sexe et par groupe d'âge
21
CHAPITRE II : ETAT DES LIEUX ET APPROCHE
MÉTHODOLOGIQUE............................................................
22
2.1- Mode d'occupation des terres et organisation
du terroir
22
2.1.1- Régime foncier
22
2.1.1.1- Droit foncier traditionnel
22
2.1.1.2- Droit foncier moderne
23
2.1.2- Problèmes liés à
l'utilisation actuelle de l'espace agricole à Bant.
23
2.2- Systèmes de production
24
2.2.1- Choix du terrain et les techniques
culturales
24
2.2.2- Techniques de culture
26
2.3- Approche méthodologique
28
2.3.1- Recherche documentaire
28
2.3.2- Enquêtes de terrain et traitement des
données
29
2.3.2.1- Enquêtes de terrain et la collecte
des données
29
2.3.2.2- Traitement et l'analyse des
données
30
CHAPITRE 3 : RESULTATS ET
DISCUSSION..............................
35
3.1- Population dynamique et engagée dans
l'agriculture
35
3.1.1- Gestion de la dynamique
démographique
35
3.1.2- Dynamique démographique et question
agraire
35
3.1.3 - Actifs agricoles et la mise en valeur des
terres cultivables
37
3.1.4 - Population féminine au service de
l'agriculture
38
3.2- Production agricole et animale
41
3.2.1- Cultures et leur commercialisation
41
3.2.1.1- Différentes sortes de culture
41
3.2.1.2- Commercialisation des produits
agricoles
44
3.2.2- Cadre favorable à l'élevage du
gros bétail
47
3.2.2.1- Mode d'élevage
47
3.2.2.2- Intégration agriculture
élevage
49
3.3- Milieu naturel soumis aux effets
néfastes des systèmes de
production.........................................................................
49
3.3.1- Exploitation forestière et besoin en
bois de la population
50
3.4- Conséquences socio-économiques
liées à la dynamique de la population agricole
57
3.4.1- Extension des zones de cultures et les
mauvaises pratiques agricoles
57
3.5- Croissance démographique et utilisation
de l'espace agricole à Bantè
58
3.5.1- Bonne gestion des terres pour une
agriculture durable
59
3.5.1.1- Amélioration de la gestion
foncière
59
3.5.1.2-Agriculture peu destructrice de
l'environnement
60
3.5.2- Actions à mener au niveau local pour
promouvoir une agriculture durable
64
3.5.2.1- Encadrement adéquat du monde
paysan
65
3.5.2.2- Nécessité
d'agroforesterie
66
3.5.2.3- Amélioration de la gestion
bovine
67
3.5.3 Gestion prospective des ressources naturelles
en rapport ave l'accroissement
démographique................................................
68
3.5.3.1 Techniques de production, de transformation
et de conservation respectueuses de
l'environnement..............................................
70
3.5.3.2 Participation des agriculteurs et
éleveurs à la mise en oeuvre des différentes
actions................................................................
71
CONCLUSION
GENERALE.....................................................
74
BIBLIOGRAPHIE..................................................................
76
ANNEXES...........................................................................
79