- Les fertilisants naturels
Les fertilisants sont souvent des herbes, des feuilles, des
déchets des animaux ou végétaux. En se décomposant,
ils fournissent des sels minéraux et de l'humus au sol qu'ils
enrichissent. Au nombre de ces fertilisants, on peut citer le fumier, les
engrais verts, le compost, le paillage.
- Le fumier est un mélange de paille et
d'excréments d'animaux qu'on laisse pourrir ensemble. A Bantè,
grâce à l'élevage, les Foulani et dans une moindre mesure,
certains paysans utilisent le fumier pour engraisser leurs champs. C'est par
un déplacement constant du lieu de parcage sur la parcelle à
engraisser que les sols acquièrent les éléments
nutritifs.
- Les engrais verts sont des plantes que l'on enfouit dans le
sol. Il s'agit des mauvaises herbes qui gênent les cultures :
Commelina diffusa; Digitaria horizontalis; Cenchurus biflonus.
L'utilisation de cette forme d'engrais, est fort répandue avec le
billonnage des champs de maïs et de sorgho. Ces engrais permettent
d'amoindrir les coûts de production et de limiter l'appauvrissement du
sol.
- Le compost est un mélange d'herbes, de feuilles, de
paille, de tiges, de légumineuses et de fruits abîmés qu'on
laisse pourrir ensemble. L'épandage de ces éléments se
fait le plus souvent en saison sèche et ce sont les premières
pluies qui activent leur décomposition. Les feuilles de certaines
légumineuses comme le poids d'Angol ou Cajanus cajan (kolo,),
Acacia auriculiformis et des herbes telles que Boerhavia erecta;
Cenchrus biflonus sont des végétaux indiqués dans un
mélange de compost.
- Le paillage se fait après les récoltes
à l'aide des tiges de sorgho non brûlées. Il protège
le sol contre l'érosion. Cette pratique est moins répandue du
fait qu'après les récoltes, les tiges sont coupées et
brûlées. La cendre recueillie par les femmes après
incinération des tiges, entre dans la composition d'un savon
traditionnel.
Mais, les fertilisants naturels et les techniques culturales
ne peuvent être efficaces dans la recherche d'une agriculture durable si
des actions conséquentes au niveau local ne sont pas menées tant
par les paysans, les agents d'encadrement du monde rural que des
autorités locales.
3.5.2- Actions à mener au niveau local pour promouvoir
une agriculture durable
Il s'agit de mettre l'accent sur l'encadrement et la
formation du monde paysan à travers l'aménagement du territoire
rural. Il est aussi nécessaire de sensibiliser la population sur
l'importance de l'arbre dans la protection de l'environnement et le maintien en
bon état de fertilité des sols.
3.5.2.1- Encadrement adéquat du monde paysan
L'encadrement et la formation continue des agriculteurs
répondent à la nécessité de trouver une solution
aux difficultés du développement rural. Les enquêtes
menées sur le terrain ont donné l'occasion de constater que les
paysans de Bantè ne sont pas vraiment suivis par les Agents Polyvalents
de Vulgarisation (APV). Beaucoup d'agriculteurs avouent que leur encadreur ne
sait même pas où se situent leurs champs. Ce sont des techniques
traditionnelles qui sont en vigueur : de grandes surfaces pour des
tonnages faibles.
D'ailleurs, l'encadrement et la recherche agronomique
n'interviennent qu'à la faveur exclusive des cultures d'exportation
telles que le coton et dans une moindre mesure l'arachide. Le cotonnier
bénéficie des pesticides, de l'engrais et des plans
sélectionnés. Les cultures d'exportation (coton et arachide)
doivent être encouragées tout en les associant aux cultures
vivrières de manière à vulgariser les assolements coton-
céréales. Ces dernières pourraient
bénéficier des effets des engrais répandus dans les champs
de coton.
Les cultures vivrières ont pour destination
fondamentale l'autoconsommation et par conséquent ne
bénéficient d'aucune attention de la part des APV. Cette attitude
vient du fait que l'Etat obtient peu de devises à partir de la vente de
ces produits. Une réorganisation de la filière des produits
vivriers s'impose. Les cultures vivrières restent insérées
dans les mécanismes socio- culturels et les règles ancestrales de
la production agricole.
L'Institut de Recherche Agronomique Tropicales (IRAT)
chargé d'étudier les conditions par lesquelles on peut
améliorer la productivité de certaines cultures vivrières,
est absent sur le terrain. De faibles quantités de maïs
sélectionnés sont distribuées à quelques paysans
dans le but de les amener à cultiver ces graines.
Il a été constaté sur le terrain un
manque d'information et de formation du monde paysan sur les techniques
agronomiques pour une agriculture durable. Il est nécessaire de combler
ce vide en encourageant l'alphabétisation en langue Ifè (surtout
que le Bénin dispose actuellement d'un ministère de
l'alphabétisation). Il faudra également recycler les APV qui
doivent disposer des documents de techniques agricoles adéquats et
actualisés afin de pouvoir enseigner et conseiller les paysans
producteurs.
Pour cela, ils doivent s'informer, se former, aller sur le
terrain pour y suivre le expériences nouvelles et acquérir des
techniques d'agriculture telles que l'agroforesterie indispensable à la
protection du sol contre l'érosion pluviale et éolienne.
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