3.3. Conclusion
Somme toute, nous dirons qu'à l'issue de cette
appréciation nous nous sommes rendu compte que l'éthique de
l'environnement est d'un grand apport dans l'effort d'amélioration du
rapport entre l'homme et la nature. Cependant, il y a encore un long chemin
à parcourir pour cette dernière. L'éthique
environnementale doit redéfinir ses concepts afin d'éviter une
ambiguïté dans le rapport entre l'homme et la nature qu'elle
cherche à définir.
47 G. HOTTOIS, Panorama critique des
éthiques du monde vivant, in « Revista colombiana de
bioética », Vol. 1, n°1, Enero-junio de 2006, p. 5.
35 C0NCLUSION GENERALE
Grosso modo, il a été question, tout au long de
notre travail, d'étudier le rapport entre l'homme et la nature tel qu'il
ressort de l'analyse de l'ouvrage d'Afeissa intitulé Ethique de
l'environnement.
Pour y arriver nous avons structuré notre travail en trois
chapitres.
Il a été question dans le premier chapitre de
présenter les éléments qui devrait nous servir de
repère dans la compréhension des rapports homme-nature dans leur
évolution et leur état actuel. Ces éléments nous
ont aidés à comprendre aussi la crise environnementale qui frappe
notre planète aujourd'hui. Il a été donc question dans ce
chapitre de passer en revue certaines conceptions religieuses de la relation
homme-nature et le changement de ces conceptions aux temps modernes.
En effet, la plupart de religions primitives ont eu leur
origine dans le contact de l'homme archaïque avec la nature, de la
disproportion entre son pouvoir et celui des éléments de la
nature ; ce qui explique l'adoration de grands arbres, de grandes montagnes, de
grands cours d'eau, etc. En découvrant une réalité qui lui
est transcendante, il va naître en cet homme primitif un sentiment de
dépendance. Ce qui explique aussi son attitude face à la nature.
Les religions, les croyances archaïques qui partent de la nature sont
ainsi classées sous le nom de naturisme. C'est des religions telles que
l'animisme, le totémisme, le chamanisme, etc.
Il est aussi important de savoir que les différences
entre les religions, qu'elle monothéiste, polythéiste ou
panthéiste, se traduisent par leur représentation de la nature.
G.- G. Arsène distingue deux grands groupes de religions :
- d'une part les religions dites révélées
qui sont le judaïsme, le christianisme et l'islam, qui prêchent la
domination de l'homme sur la nature et laissent la nature à la merci de
celui-ci.
- d'autre part, les religions de l'Orient qui sont le
Bouddhisme, l'Hindouisme, le Taoïsme, mazdéisme, etc. qui
prêchent l'harmonie dans la relation entre l'homme et la nature.
L'avènement de la modernité en Occident viendra
marquer un autre tournant dans l'histoire des rapports homme-nature : la raison
devient la seule instance à justifier les attitudes et les actions de
l'homme. Ce qui conduira à la crise de la religion. La pensée
analytique et méthodique instaurée par Descartes, la
mécanique de Newton, la vision mécaniste de l'univers sont
désormais les outils de l'explication de l'univers. L'explosion de
l'industrie donnera naissance à une vision de la nature comme simple
réserve des matières premières.
En ce qui concerne le deuxième chapitre, il sied pour
nous de dire que nous y avons souligné le fait que dans le monde,
l'homme joue un rôle prééminent fondé sur la
diversité ontologique profonde par rapport au reste de la
création. Sa spiritualité est indissociable de la matière
et elle le place au plus haut niveau. Cependant, cette suprématie
l'oblige à respecter la nature. Il est donc nécessaire de
créer une éthique de responsabilité, comme l'a
déjà fait Hans JONAS dans son ouvrage intitulé Le
principe responsabilité, en la concevant non seulement comme une
responsabilité individuelle, mais comme une responsabilité envers
les générations futures. C'est dans cet ordre d'idées que
se range la théorie de la durabilité qui est le principe
même du pragmatisme environnemental.
La véritable cause de tout problème
écologique provient d'une mauvaise perception de la relation
homme-nature, à cause du désir de l'homme d'être tout
puissant et de se substituer à Dieu créateur, en perdant le sens
de la limite. Ceci justifie alors l'importance d'une éthique
biocentriste et écocentriste de l'environnement pour rappeler à
l'homme ses limites. Cependant, l'homme doit demeurer et être
considéré comme un administrateur de la nature.
Le troisième chapitre consacré à
l'appréciation critique a consisté à relever les
mérites et les limites de l'apport de l'ouvrage d'Afeissa dans la
conception du rapport entre l'homme et la nature. Ayant une connaissance
limitée, nous restons ouvert en prêtant le flanc aux remarques de
quiconque s'avérerait mieux éclairé que nous. Ses
contributions, en rapport avec cette investigation, seront d'une
importance capitale dans l'érection de l'immense édifice
philosophique.
|