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L'universitarisation de la profession infirmière

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par Gaà¯ta Le Helloco-Moy
Université Bordeaux 2 - Sciences de l'Education 2009
  

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2-5-Réforme et attractivité

Depuis plusieurs années, le système de santé doit faire face à une pénurie d'infirmiers. Un taux de non-remplissage des écoles sans cesse croissant entraîne avec l'abandon en cours de formation un déficit supérieur à 30% depuis les années 2000 par rapport aux quotas prévisionnels.9(*) La logique comptable ne suffit pas à faire face à la pénurie et les exemples des infirmières recrutées dans la CEE comme du rappel des « jeunes » retraités le montrent bien car ils n'ont pas résolu le problème.

Parce que les infirmiers sont indispensables au système de santé, il faut rendre ce métier plus attractif et, sur ce point, professionnels, syndicats et pouvoirs publics sont en accord. On peut alors imaginer que le passage de la formation IDE ( Infirmier Diplômé d'Etat) au système LMD puisse être un des leviers de cette attractivité par la reconnaissance de cette profession à un niveau universitaire européen en adéquation avec les accords de Bologne.

2-6-Réforme et VAE

Je ne pouvais pas discuter de cette universitarisation sans aborder l'antithèse de la formation initiale : la VAE (Validation des Acquis de l'Expérience). Les domaines de la santé étant les plus porteurs de certifications10(*), il me semble que la question de la VAE comme frein ou moteur de la réforme doit être posée.

Si l'on reste dans le modèle français où le diplôme a valeur immédiate sur le marché du travail, c'est donc la qualification basée sur la formation et le diplôme qui a cette valeur11(*) et la VAE serait alors un frein puisque l'exercice ne pourrait se faire sans le diplôme.

Si l'on privilégie les compétences et la reconnaissance des aptitudes et des expériences individuelles, la VAE semblerait alors être plutôt moteur de cette réforme en utilisant chacun des professionnels en place pour réorganiser la formation en adéquation avec la réalité du terrain. Etant donné « le glissement sémantique actuel de la qualification aux compétences »12(*)il faut penser que la VAE devrait aider l'évolution perpétuelle de la formation et devrait donc pouvoir s'inscrire également dans le processus de passage au système LMD.

2-7-Une voie pour l'avenir : la recherche en Soins Infirmiers

« Sommes-nous prêt à accepter la suprématie de l'esprit, de la pensée, du savoir, dans un secteur où jusqu'ici la position, le grade, confèrent l'autorité? »

Marie Odile Galant, Directeur des Soins, Coordinateur des IFSI, CHU de Nantes

L'universitarisation est un mot complexe pour une notion floue qui a permis de fédérer la profession infirmière dans les espoirs d'une filière universitaire motion Soins Infirmiers.

En 2004, lors de la conférence des présidents d'université, le ministre de l'éducation nationale réaffirme sa volonté « d'ouvrir le chantier de l'application de la démarche LMD aux formations du secteur santé ». Il insiste sur le fait qu'il lui semble parfaitement possible « de conjuguer formation professionnalisée et initiation à la recherche ».

La recherche en soins infirmiers pourrait permettre « d'enrichir le grand chantier de la santé publique d'un apport infirmier » 13(*)et il faut donc voir l'universitarisation comme « une ambition et un moyen »14(*) et non pas comme une fin en soi. Le passage à cette universitarisation peut avoir des conséquences non seulement pour la profession mais aussi pour la société car elle changera les représentations des pratiques de soins, par là-même engendrant la transformation de leur place dans notre société par un regard renouvelé sur la santé. Pourtant, la question se pose aujourd'hui en termes de « divergence entre des diplômes de pratique et des diplômes académiques »15(*) alors que la profession doit s'engager dans un travail personnel surtout dans les champs de l'enseignement et de la recherche et, plus largement, des sciences sociales intéressées par le développement des soins infirmiers.

Si certains pensent que ce passage peut « aider à forger les aptitudes au changement, stimuler ce qu'on appelle la réflexivité, le questionnement sur l'ordre établi », c'est un grand chantier qui s'ouvre et qui est à investir par la profession infirmière tout d'abord comme « celui de la formation des enseignants et chercheurs dont elle a besoin pour établir cette fameuse discipline ».13(*) « Ce chantier oblige à affronter la tension qui ne peut que surgir entre les infirmières qui dispensent les soins et celles qui pensent ».16(*)

Alors pourquoi produire des savoirs infirmiers ? Pour faire entendre une voix méconnue mais spécifique, voix qui n'est pas entendue aujourd'hui dans les reconfigurations en cours des politiques de santé par difficulté de se faire entendre. Parce qu' « un jour est venu où la vérité s'est déplacée de l'acte (...) d'énonciation, vers l'énoncé lui-même »17(*), l'émergence d'une discipline universitaire nouvelle devrait permettre une meilleure compréhension des soins offrant « une réelle opportunité pour les usagers dans la mesure où la qualité des soins ne pourrait qu'être optimisée ».18(*)Cette discipline pourrait s'appuyer sur « trois principes, l'universitarisation, la professionnalisation et avec la VAE la personnalisation ».16(*)

* 9 DREES - Enquête auprès des centres de formation aux professions de santé 2004, ADELI et INSEE - Estimations localisées de population.

* 10 DARES-2008-34.1 -les candidats à la VAE : majoritairement des femmes recherchant une certification dans le secteur sanitaire et social.

* 11 Lecourt A.J., Me Haut P., La VAE entre poursuite et inflexion du modèle français du diplôme, Revue de l'IRES, n°55, mars 2007.

* 12 Entretien avec G. Jobert, Revue Sciences Humaines, hors-série n°40, mars-avril-mai 2003.

* 13 Schweyer F.X., Revue Recherche en soins infirmiers n°93, juin 2008, p120

* 14 Schweyer F.X., Revue Recherche en soins infirmiers n°93, juin 2008, p121

* 15 Acker F., Revue Recherche en soins infirmiers n°93, juin2008, p123

* 13

* 16 Acker F., Revue Recherche en soins infirmiers n°93, juin2008, p124

* 17 Foucault Michel, L'Ordre du discours, Paris, Gallimard, 1971, p. 15-18.

* 18 Galant M.O., Revue Recherche en soins infirmiers n°93, juin 2008, p126

* 16

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand