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Diagnostic de la Dégradation du Bassin Versant de la Rivière Marmelade en vue de son Aménagement

( Télécharger le fichier original )
par Ahmed AMY
UEH/FAMV - Ingénieur-Agronome 2008
  

Disponible en mode multipage

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DEDICACES

Je dédie ce mémoire à :

ü La mémoire de ma feue mère Camina JOSEPH décédée le 14 Septembre 2004.

ü Mon père Rochelet AMY, pour m'avoir appris certaines valeurs telles que l'amour du travail, l'esprit de combativité et l'esprit du progrès.

ü Mon cousin Fayard AMY pour ses mots d'encouragement.

ü Mes tantes Roseleine, Orina et Juliana JOSEPH.

ü Mes frère et soeur Ange-Rhodès et Shelline AMY.

REMERCIEMENTS

La réalisation de ce Mémoire a été possible non seulement grâce à l'intérêt que j'ai manifesté pour ce domaine de recherche et ma motivation, mais aussi grâce à la collaboration de certaines personnes et institutions qui m'ont accompagné tout au long du trajet. En signe de gratitude, je veux remercier de manière spéciale :

Dieu qui m'a donné la force et la détermination pour boucler le cycle universitaire.

Mon conseiller scientifique également Directeur du département RNE Ing-Agr Alix RICHMOND pour sa patience et le suivi qu'il m'a assuré du début à la fin.

La FAO pour son appui lors de la réalisation de l'étude.

La FACN pour son support logistique.

L'Ing-Agr Eric Junior VILMONT pour les remarques et les encouragements qu'il m'a prodigués tout au long de la préparation de ce travail.

L'Ingénieur Duvivier LUCIEN pour ses remarques combien pertinentes.

Le Décanat de la FAMV.

Le corps professoral de la FAMV en particulier ceux du DRNE.

Mes camarades de la promotion "K-TALOG" 2002-2007 spécialement Johnson CLERVIL, Eliote DORVIL, Chrisnel DESTIN, Jean Marie JOINVIL, Phénol VERNEUS, Jean Max RICOT, Charles Philippe BARTHELEMY, Ronald ARCHILLE, Nicodène COQUILLON, Icenel PORTILUS...

Le personnel de la bibliothèque spécialement madame Yolène PHANORD.

Les paysans du bassin versant de la rivière Marmelade qui m'ont accueilli et consenti à répondre aux entrevues.

La famille ARCHILLE pour son accueil.

Tous ceux qui d'une façon ou d'une autre m'ont aidé à la réalisation de ce travail.

RESUME

Cette étude a été conduite dans le Bassin Versant de la Rivière Marmelade (BVRM) durant la période allant de Décembre 2007 à Mars 2008. Face à l'exploitation anarchique des ressources naturelles qui entraîne la détérioration de l'aire d'étude précitée, une étude a été faite avec pour objectif principal: " saisir la complexité de la dégradation du bassin versant et faire des propositions pour son aménagement ".

Les données socioéconomiques ont été collectées dans l'aire du BVRM à l'aide d'une enquête. L'échantillon (60 exploitants agricoles) a été choisi de façon systématique. La collecte des informations sur le terrain a été faite suivant deux (2) transects altitudinaux. La mensure du débit des sources a été faite suivant la méthode volumétrique. Le bassin versant couvre une superficie de 23.78 Km2 et présente un relief très accidenté: 9.12% du bassin versant ont des pentes allant de 5 à 12%, 68.18% pour les pentes de 12 à 30% et 22.69% présentent des pentes supérieures à 60%. Cette zone jouit d'un climat tropical humide avec une pluviométrie moyenne annuelle de 2014.2 mm/an et son indice pluviométrique est de 5-4-3. On y retrouve trois (3) types de formations géologiques (formation sédimentaire d'âge crétacé supérieur, formation sédimentaire d'âge Eocène moyen à supérieure, formation magmatique) et trois (3) formations hydrogéologiques (aquifères carbonatées à intercalations marneuses peu productifs, formations cristallines, aquifères karstiques). Les travaux de terrain révèlent la présence de trente sept (38) sources d'un débit variant de 0.02 à 6 l/s et cinq (5) types de sol. Le bassin versant présente des risques d'érosion moyenne (9.91%), élevé (48.87%), grave (25.71%), très grave (15,51%). La cause principale de sa dégradation est la déforestation. Son indice de dégradation est de 0.617. Son occupation des sols est la suivante: cultures denses (1.47%), cultures agricoles moyennement denses (21.74%) et systèmes agroforestiers (76.79%).

Les principales cultures pratiquées sont: le haricot, l'igname, le maïs, la banane, le pois congo, le manioc, la patate et les cultures maraîchères. Plus de 53.34% de la population du BVRM ont un revenu inférieur à dix mille gourdes par an (10000 gourdes/an) et 50% des exploitants travaillent moins de deux hectares de terre.

Les résultats de cette étude montrent l'urgence qu'il ya de freiner la dégradation. Toute action visant à rétablir l'équilibre écologique doit prioriser des systèmes de production plus rentables et la création de nouvelles sources de revenus.

TABLE DES MATIERES

DEDICACES i

REMERCIEMENTS ii

Liste des figures x

Liste des sigles et abréviations xi

CHAPITRE 1 : INTRODUCTION 1

1.1. Problématique 1

1.2. Objectifs 2

1.2.1. Objectif général 2

1.2.2. Objectifs spécifiques 2

1.3. Hypothèses de l'étude 3

1.4. Intérêts de l'étude 3

1.5. Limitations de l'étude 3

CHAPITRE 2 : REVUE DE LITTERATURE 4

2.1. Efforts de la lutte contre l'érosion en Haïti 4

2.2. Echec des stratégies de lutte antiérosive en Haïti 5

2.3. Les approches d'intervention en aménagement des bassins versants 7

2.3.1. Les logiques traditionnelles 7

2.3.1.1. La logique d'équipement du territoire 7

2.3.1.2. La logique de développement économique 7

2.3.2. Les nouvelles approches 8

2.3.2.1. Approche intégrée 8

2.3.2.2. Approche participative 8

CHAPITRE 3 : METHODOLOGIE 10

3.1. Présentation de la zone d'étude 10

3.1.1. Situation géographique du BVRM 10

3.1.2. Conditions climatiques 10

3.1.2.1. Pluviométrie 10

3.1.2.2. Indice pluviométrique 11

3.1.2.3. Température 11

3.1.3. Topographie 12

3.1.4. Géologie du BVRM 12

3.1.5. Hydrologie 12

3.1.6. Végétation 12

3.2. Matériel utilisé 13

3.3. Méthode de travail 14

3.3.1. Recherches bibliographiques 14

3.3.2. Collecte des données climatiques 14

3.3.3. Cartographie 14

3.3.4. Enquête exploratoire 14

3.3.5. Etudes des caractéristiques biophysiques du bassin versant 14

3.3.5.1. Etablissement des transects 14

3.3.5.2. Paramètres géomorphologiques et hydrologiques du bassin versant 17

3.3.5.3. Indice de dégradation du bassin versant 17

3.3.5.5. Réalisation du profil de la Rivière Marmelade 17

3.3.5.6. Mesure du débit des sources 17

3.3.6. Etudes des Caractéristiques socioéconomiques du Bassin Versant 17

3.3.6.1. Enquête formelle 17

3.3.6.2. Echantillonnage 17

3.3.6.3. Critères de typologie des exploitations agricoles 18

CHAPITRE 4 : RESULTATS ET INTERPRETATION 19

4.1. Caractéristiques biophysiques du milieu 19

4.1.1. Caractéristiques du BV 19

4.1.1.1. Forme du BV 19

4.1.1.2. Densité de drainage (Dd) 19

4.1.1.3. Coefficient de torrentialité 19

4.1.1.4. Réseau de drainage 19

4.1.2. Topographie 22

4.1.2.1. Relief 22

4.1.2.2. Classes de pentes 22

4.1.3. Matériau parental 24

4.1.4. Ressources en eau du BVRM 26

4.1.5. Ressources sols 28

4.1.5.1. Les types de sols 28

4.1.5.2. Occupation actuelle des sols 29

4.1.5.3. Potentialité des sols 31

4.1.6. Couverture végétale 31

4.1.7.1. Causes de la dégradation des sols 32

4.1.7.2. Les raisons de la coupe des essences 32

4.1.8. Subdivision du bassin versant en fonction des risques d'érosion 33

4.1.8.1. Indice de dégradation du Bassin versant 33

4.2. Aspects socioéconomiques du milieu 27

4.2.1. Population 27

4.2.2. Scolarisation 27

4.2.3. Santé 28

4.2.4. Religion 28

4.2.5. Migration 29

4.2.6. Source d'énergie utilisée pour la cuisson et l'éclairage du logement 29

4.2.7. Accès à l'eau potable du BVRM 30

4.2.8- Les Institutions 31

4.2.8.1. Les institutions étatiques 31

4.2.8.2. Organisations non gouvernementales (ONG) 31

4.2.9. Activités extra agricoles 32

4.2.10. Infrastructures 32

4.2.10.1. Route 32

4.2.10.2. Transport et Communication 32

4.2.10.3. Habitat 32

4.2.10.4. Industrie 34

4.2.10.5. Marché public 34

4.2.11. Organisations sociales 34

4.3. Système de production 35

4.3.1. Facteurs et techniques de production 35

4.3.2. Systèmes de culture 35

4.3.3. La gestion de la fertilité des sols du BVRM 36

4.3.4. Système d'élevage 36

4.3.4.1. Caractéristiques de l'élevage 36

4.3.4.2. Taille du cheptel 36

4.3.4.3. Conduite de l'élevage 36

4.3.4.3.1. Mode d'alimentation du cheptel 36

4.3.4.4. Système de crédit 38

4.3.4.5. Niveau d'épargne 38

4.3.4.6. Système de prix 38

4.3.4.7. Système de commercialisation 39

4.3.4.8. Système de transformation 39

4.3.4.9. Situation foncière 39

4.3.4.10. La main d'oeuvre au niveau du bassin versant 41

4.3.4.11. Catégorisation des EA selon leurs performances économiques 42

4.3.4.12. Typologie des Exploitations Agricoles 42

CHAPITRTE 5 : CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 44

5.1. Conclusion 44

5.2- Recommandations 45

5.2.1- Esquisse d'un plan d'aménagement pour le BVRM 45

5.2.2. Mesures socioéconomiques 45

5.2.3. Mesures techniques 48

5.2.4. Stratégie d'application du plan 50

5.2.5. Suivi et contrôle 51

CHAPITRE VI : BIBLIOGRAPHIE 52

Liste des tableaux

Tableau # 1: Distribution des échantillons d'enquêtes dans le BVRM....................17

Tableau #2 : Répartition des pentes au niveau du bassin versant...........................22

Tableau # 3: Nombre de sources, de fontaines fonctionnelles et de sources aménagées par localité..........................................................................................27

Tableau # 4: Différentes classes de potentialités des sols du BVRM......................32

Tableau # 5 : Les causes de la dégradation du BV............................................33

Tableau # 6: Subdivision du BV en fonction des risques d'érosion........................35

Tableau # 7: Niveau de scolarisation dans le BV.............................................37

Tableau # 8: Lieu de consultation................................................................38

Tableau # 9: Les maladies affectant la population............................................38

Tableau # 10: Types d'énergies utilisées par les ménages...................................40

Tableau # 11: Calendrier cultural du BVRM...................................................45

Tableau # 12: Calendrier fourrager..............................................................47

Tableau # 13 : Mode de conduite de l'élevage.................................................47

Tableau #14: Variations annuelles des prix des produits vivriers sur le marché Marmeladais .......................................................................48

Tableau # 15: Répartition des terres du bassin en fonction du mode de Faire Valoir....50

Tableau # 16: Revenus agricoles bruts des EA enquêtées pour l'année 2007.............51

Tableau # 17: Typologie des EA du BV.......................................................53

Liste des figures

Fig # 1  : Pluviométrie à Marmelade .......................................................11

Fig # 2  : Transects effectués dans le BVRM..............................................15

Fig # 3 : Réseau hydrographique du bassin versant de la rivière Marmelade.........21

Fig # 4 : Répartition des terres suivant les différentes classes de pentes..............23

Fig # 5 : Répartition des matériaux géologiques du BVRM ............................25

Fig # 6 : Mode d'occupation des sols du BVRM.........................................30

Fig # 7 : Raison de la coupe des arbres du bassin versant...............................33

Fig # 8 : Subdivision du bassin versant en fonction des risques d'érosion..............36

Fig # 9 : Migration de la population........................................................39

Fig # 10 : Accès à l'eau potable de la population du BVRM.............................40

Fig # 11  : Logement et environnement humain.............................................43

Fig # 12 : Types de lieu d'aisances..........................................................44

Liste des sigles et abréviations

ABV  : Aménagements des bassins versants

ACDI : Agence Canadienne de Développement International

ASEC  : Assemblée de la Section Communale

BAC : Bureau Agricole Communale

BID : Banque Inter-Américaine de Développement

BV  : Bassin Versant

BVRM  : Bassin Versant de la Rivière Marmelade

CASEC  : Conseil d'Administration de la Section Communale

CDS  : Centre de Santé

CECAM  : Coopérative d'Epargne et de Crédit de Marmelade

CES : Conservation des Eaux et du Sol

CNIGS  : Centre National de l'Information Géospatiale

COPAIMAR: Coopérative Agro-Industrielle de Marmelade

CRS : Catholic Relief Service

CV  : Couverture végétale

Cx  : Carreaux

Dd : Densité de drainage

DGI  : Direction Générale des Impôts

DRIPP : Développement Régional Intégré de Petit Goâve et Petit Trou de Nippes.

DRS : Défense et restauration des sols

EA  : Exploitation Agricole

FACN : Fédération des Associations Caféières Natives

FAMV  : Faculté d'Agronomie et de Médecine Vétérinaire

FAO   : Organisation des Nations Unies pour l'Agriculture et l'Alimentation

Fonkoze  : Fondasyon Kole Zepòl

FV : Faire Valoir

FVD : Faire Valoir Direct

FVI  : Faire Valoir Indirect

GCES  : Gestion Conservatoire des Eaux et du Sol

Gdes : Gourdes

GOPP : Groupement des Organisations Paysans de Paparel

GPS : Global Positioning System

Ha : Hectare

IHSI : Institut Haïtien de Statistique et d'informatique

IICA  : Institut InterAmericain de Coopération en Agriculture

INFP : Institut National pour la Formation Professionnelle

Ip : Indice pluviométrique

Kc  : Coefficient de compacité

Km  : Kilomètre

Km2  : Kilomètre carré

MARNDR  : Ministère de l'Agriculture des Ressources Naturelles et du

Développement Rural

MDE : Ministère de l'Environnement

MENFP : Ministère de l'Education Nationale et de la Formation Professionnelle

MICT  : Ministère de l'Intérieur et des Collectivités Territoriales

MPCE : Ministère de la Planification et de la Coopération Externe

MSPP  : Ministère de la Santé Publique et de la Population

MTPTC  : Ministère des Travaux Publics, Transport et Communication

OCB : Organisations Communautaires de Bases

OEA : Organisation des Etats Américains

ODJP  : Organisation des Jeunes pour le Développement de Paparel

ONG  : Organisation Non Gouvernementale

PDAI  : Programme de Développement Agricole Intégré

pH : Potentiel Hydrogène

PNCS : Programme Nationale de Cantine Scolaire

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

RGPH : Récensement Général de la Population en Haïti

SNEP  : Service National d'Eau Potable

SNRE   : Service National des Ressources en Eau

STABV : Secrétariat Technique en Aménagement des Bassins Versants

UCG : Unité Centrale de Gestion

UCTM : Union des Cadres Techniques de Marmelade

UCS  : Unité de Coordination de Santé

UEH : Université d'Etat d'Haïti

USAID : Agence Américaine pour le Développement International

Liste des annexes

Annexe A : Questionnaire d'enquête socioéconomique

Annexe B : Questionnaire d'enquête biophysique

Annexe C : Quelques caractéristiques quantitatives de la morphologie du BVRM

Annexe D : Classification des pentes selon la FAO

Annexe E : Liste de quelques ravines du Bassin Versant

Annexe F : Fiche d'indices de dégradation du Bassin Versant de la rivière Marmelade

Annexe G : Profil longitudinal de la rivière Marmelade

Annexe H: Revenus agricoles des EA enquêtées.

Annexe I : Principales sources d'eau du bassin versant de la rivière Marmelade

Annexe J : Liste des photos

CHAPITRE 1 : INTRODUCTION

1.1. Problématique

La dégradation de l'environnement constitue un problème majeur auquel de nombreux pays font face mais les mécanismes participant à cette dégradation diffèrent d'un pays à l'autre. Dans les pays développés, l'utilisation de certaines technologies et les excès de consumérisme laissent derrière eux des volumes de déchets difficilement recyclables. Ce phénomène se manifeste dans les pays du Sud par la surexploitation des ressources ligneuses et l'érosion des terres qui, chaque année, conduit à l'abandon de sept (7) millions d'hectares et la disparition de dix (10) millions d'hectares de forêts ombrophiles tropicales (ELISSADE et DOMINGO, 1994 cité par JOSEPH, 2003).

En Haïti, le problème de la dégradation des sols se manifeste à l'échelle nationale et saute aux yeux des observateurs les moins avertis. De l'aspect physique du pays et de la prédominance de l'agriculture de montagne sur celles des plaines et de vallées, il en est découlé une dégradation continue et poussée de la majeure partie des bassins versants par suite d'une agriculture de subsistance pratiquée par des centaines de milliers de petits exploitants agricoles. En effet près de 63% des exploitations agricoles ont une pente supérieure à 20% et seulement 29% accusent une pente de moins de 10% (CALIXTE, 1998 cité par PIERVIL, 1999). Il a été prouvé depuis 1981 que près de 20% des sols de montagne était sur le point de ne plus pouvoir être utilisés à des fins agricoles, 30% était sérieusement menacés et risquait d'être perdus si rien n'est fait pour les protéger à court terme, les 50% restant étant chaque jour de plus en plus affectés par l'érosion (MAGNY, 1991).

Malgré son enclavement, l'érosion n'a pas épargné une zone aussi stratégique (de nombreux cours d'eau d'importance y prennent naissance) que Marmelade. Elle a entraîné la dégradation de son environnement et réduit la fertilité des sols à un rythme inquiétant. La coupe abusive des arbres en particulier des ligneux réalisée sans renouvellement de la part des communautés rurales, l'abandon des plantations de café, considérées traditionnellement comme le principal support au maintien de la couverture végétale au profit des cultures plus rentables (haricot, chou), les profonds bouleversements des modes et des pratiques culturales sans mesure de défense et de protection des sols jumelés à des mauvaises pratiques d'élevage (surpâturage), la forte pression sur les modes et régimes d'utilisation des terres, l'absence ou l'insuffisance des disponibilités monétaires au sein des familles ainsi que les difficultés d'accès aux sources d'approvisionnement en eau potable (6% seulement des communautés du bassin versant ont accès à l'eau potable) sont autant de problèmes auxquels sont confrontés la population de l'aire d'étude et qui offrent une perspective d'induire en aval des conséquences majeures sur les régions beaucoup plus vulnérables.

Face à tant de problèmes, restaurer l'environnement constitue un défi majeur auquel l'échange et la transmission d'information doit constituer des moyens privilégiés pour encourager et soutenir des actions positives. Conscient de cette dégradation accrue et de l'impérieuse nécessité de renverser le processus, une étude-diagnostic de la dégradation du bassin versant de la rivière Marmelade a été entreprise en vue de faire des propositions pour son aménagement.

1.2. Objectifs

1.2.1. Objectif général

L'objectif principal poursuivi par ce travail est de saisir dans sa complexité le processus de la dégradation du bassin versant sous étude afin de faire des propositions à son aménagement.

1.2.2. Objectifs spécifiques

· Etudier les paramètres géomorphologiques du BV de la rivière Marmelade;

· Analyser la situation socioéconomique du BVRM;

· Déterminer les causes profondes de sa dégradation;

· Etablir une typologie des exploitations agricoles au niveau du bassin versant.

· Proposer des éléments pour la réalisation d'un plan de son aménagement;

1.3. Hypothèses de l'étude

H1 : La situation de dégradation du bassin versant de la Rivière Marmelade est le résultat de l'exploitation anarchique de ses ressources naturelles.

H2 : Les contraintes économiques du paysan accélèrent le processus de dégradation du bassin versant étudié.

1.4. Intérêts de l'étude

Cette étude permettra aux autorités étatiques, aux ONG et organisations internationales de prendre connaissance du niveau de dégradation des ressources du BVRM afin de prévenir et d'empêcher leur aggravation.

1.5. Limitations de l'étude

C'est une étude ponctuelle qui contient certaines limitations. Compte tenu des problèmes financiers:

1. L'analyse des sols (pH, texture et de la matière organique) et de l'eau n'a pas été effectuée pour la détermination de leur niveau de dégradation.

2. A cause de l'absence d'archives dans les exploitations, les informations recueillies sont basées sur la mémoire des exploitants.

3. L'étude a été réalisée sur une courte durée, ce qui n'a pas permis de considérer tous les paramètres nécessaires.

4. En raison du manque de données climatologiques au niveau du bassin versant, seulement des données pluviométriques de la période allant de 2002 à 2007 ont été utilisées.

CHAPITRE 2 : REVUE DE LITTERATURE

2.1. Efforts de la lutte contre l'érosion en Haïti

Dès l'aube des années 1940, les tentatives pour contrer le phénomène d'érosion se sont succédées et se sont étendues à l'échelle nationale. En dehors des projets spécifiques de contrôle de l'érosion presque tous les projets régionaux contiennent un volet de lutte antiérosive. A cette croisade nationale, parallèlement aux interventions de l'Etat, différentes institutions de tendances et d'origine diverses se sont penchées sur le problème. Il en est résulté toute une série d'action dans la gestion conservatoire des eaux, de la biomasse et de la fertilité des sols (GCES). Selon (MURRAY, 1978 cité par JEAN PIERRE, 1984) cinq catégories d'institutions sont impliquées dans la lutte antiérosive en Haïti :

1. Agences gouvernementales (MARNDR, ONAAC...)

2. Agences internationales de développement (PNUD, FAO, ACDI...)

3. Agences locales et internationales de secours

4. Groupes missionnaires locaux

5. Agences liées par contrat au gouvernement américain (CARE, CRS, CWS, HACHO)

Toutes ces institutions ici présentées ont donné une assistance bilatérale ou multilatérale dans différents projets, à différentes époques et en des points différents du territoire.

ü De 1967 à 1970, la FAO et le MARNDR sont intervenus dans la conservation des sols dans la région des Gonaïves et du Nord Ouest.

ü De 1953 à 1973, les différentes agences de l'USAID telles que CARE, CRS, CWS ont entrepris des activités de développement notamment le contrôle de l'érosion dans différentes zones : Nord et Nord'Ouest pour la CARE ; la région de Port-au-Prince, l'île de la Gonâve et particulièrement Jacmel et Belle Anse pour CWS et la Grande Anse pour CRS.

ü A partir de 1972, la FAO est intervenue dans la région des cayes et du Limbé.

ü A partir de 1975, la HACHO a commencé ses activités de lutte antiérosive dans le Nord Ouest.

ü De 1975 à 1981, l'ACDI a financé le DRIPP dans un projet comprenant un volet d'aménagement des bassins versants.

ü Vers les années 1979, la BID à travers le PDAI a financé la conservation des sols aux Cayes, à Jacmel, à Thomazeau et le Nord Ouest.

ü Vers les années 87-88, le STABV a inventorié 110 projets distribués à travers le pays avec une forte concentration au le Plateau Central et dans le Sud du pays. Ils ont embrassé surtout : la défense et la restauration des sols, le reboisement, la gestion de l'eau (Captage des sources, construction de citerne). Il faut dire que toutes les méthodes ont été utilisées depuis les plus traditionnelles jusqu'aux structures les plus sophistiquées.

ü Vers les années 1999, le projet FAO/ Marmelade a lancé ses actions d'aménagement de bassins versants sur une base d'approche participative.

2.2. Echec des stratégies de lutte antiérosive en Haïti

Depuis les années 1960 jusqu'en 1990 les instances étatiques, conseillées par les organismes internationaux et les bailleurs de fonds, ont cru voir dans la résolution des problèmes liés à la conservation des ressources naturelles la solution à la crise du secteur rural. Le contexte particulier d'Haïti a favorisé la mise en oeuvre de nombreuses actions et projets s'appuyant sur une stratégie "moderne" d'équipement rural et a, ainsi, largement contribué à faire de ce pays un "laboratoire de la lutte antiérosive" (ROOSE, 1994).

En effet, la stratégie utilisée consistait à accorder la priorité à l'aménagement d'un espace dont l'unité était le bassin versant, en privilégiant la cohérence physique des structures mécaniques établies. Il devait avoir rapidement des effets sur la conservation des ressources naturelles. Malheureusement, cette conception de l'aménagement de l'espace fait de la lutte antiérosive une discipline isolée. Elles n'ont eu que des résultats mitigés et discutables et se sont souvent soldés par des cas d'échec (ROOSE, 1994).

Ces cas d'échec s'expliquent essentiellement par le fait que les projets ont priorisé l'aménagement et la conservation des sols (CES) sans tenir compte des besoins réels du paysan. En effet ce dernier perçoit le projet comme un moyen de bénéficier d'un revenu immédiat à défaut d'offrir une perspective d'amélioration des rendements et du revenu agricole à court terme en utilisant les techniques de conservation proposées (ROOSE, 1994).

Il n'existe d'ailleurs aucune relation directe entre ces techniques et l'ensemble des contraintes auxquelles font face les paysans. Cette inadéquation entre propositions et contraintes résulte d'une méconnaissance profonde des rationalités économiques paysannes, du fonctionnement des systèmes d'exploitation agricole en général et des problèmes fonciers en particulier (ROOSE, 1994).

Or, la mise en place des ouvrages nécessite de sacrifier une certaine portion de la surface cultivable, déjà restreinte, sans possibilité d'amélioration des rendements avant de nombreuses années. Ils exigent un surcroît de travail pour leur entretien, travail qui ne peut être assuré que par le paysan lui-même. De plus ces techniques ne réduisent pas la dégradation des terres qui se trouvent entre les ouvrages et n'améliorent pas leur productivité. Elles sont peu efficaces et augmentent parfois les risques (débordement, ravinement et glissement de terrain) en déséquilibrant le versant. Aussi, pour éviter ces types de problème, ces aménagements sont souvent réalisés sur des terres marginalisées par les agriculteurs (ROOSE, 1994).

Les recherches entreprises se préoccupent plus de la sélection des espèces et de la profondeur ou de l'inclinaison des terrasses, que des modes d'intégration de l'arbre ou de la structure mécanique aux systèmes d'agriculture traditionnels.

Enfin, le type d'organisation des projets devrait être remanié : la population est utilisée comme réservoir de main d'oeuvre sans réelle participation de celle-ci, manque de suivi et d'évaluation des actions engagées.

Il existe donc une incohérence totale entre les objectifs d'un projet privilégiant la logique d'équipement et les objectifs des populations concernées (rarement concertées). La situation est telle qu'il n'est plus temps de défendre (DRS), ni même de conserver (CES) les sols. En effet la population augmentant rapidement, il faut nécessairement améliorer la production sans dégrader l'environnement (ROOSE, 1994).

2.3. Les approches d'intervention en aménagement des bassins versants

L'aménagement de bassins versants (ABV) en Haïti s'est basé sur deux grandes logiques traditionnelles, lesquelles sont remplacées par de nouvelles approches.

2.3.1. Les logiques traditionnelles

2.3.1.1. La logique d'équipement du territoire

Tous les projets d'ABV, de conservation des eaux et de sols (CES), qui se sont exécutés en Haïti de (1940-1970) sont basés sur cette logique (REGIS et ROY, 1999). Suivant cette dernière, les problèmes sont considérés sur un angle purement technique. Les tentatives pour combattre la dégradation des terres ont visé surtout à prévenir ou à réduire les pertes en sol. L'érosion était considérée comme un phénomène physique à combattre surtout par des moyens physiques (FAO, 1990).

Les stratégies de mise en oeuvre  sont:

§ Motiver les paysans habitant les BV sur les conséquences négatives des actions de déboisement des mornes;

§ Donner des formations aux paysans et encadreurs juste pour réaliser des travaux de protection purement techniques;

§ Former des groupes de paysans, de façon individuelle pour travailler sur leurs terres, celles d'autres propriétaires ou celle de l'Etat;

2.3.1.2. La logique de développement économique

Elle prend en compte aussi la situation sociale du monde rural tout en pratiquant la conservation des eaux et des sols. Dans ce sens, cette approche considère la CES comme étant l'un des facteurs du développement rural (REGIS et ROY, 1999).

Les stratégies employées sont tout à fait différentes:

§ Les aménagements sont pensés à la parcelle tout en visant l'ensemble du BV;

§ Le choix des zones se fait par les paysans avec les conseils techniques d'un encadreur;

§ Les paysans identifient les contraintes, les hiérarchisent et priorisent les solutions.

2.3.2. Les nouvelles approches

Suite aux échecs qu'ont connus les logiques d'intervention en aménagement des bassins versants en Haïti, de nouvelles approches ont été adoptées. Ces approches ont assuré une large participation de la population rurale aux programmes d'aménagement et de conservation des sols.

2.3.2.1. Approche intégrée

Développée vers les années 90, l'aménagement intégré des bassins versants est un bon moyen d'harmoniser la conservation, la production agricole, l'élevage et la foresterie en altitude (HERNANDEZ, 1991). Elle opte pour une responsabilité locale, à travers un consensus devant aboutir à l'élaboration d'un plan de gestion durable des ressources naturelles, (Nations Unies, 1998) citées par (SAINT-PREUX, 2000).

Dans cette approche la planification des processus est considérée comme la première étape pouvant aboutir aux objectifs fixés. Elle insiste sur la nécessité, particulièrement au niveau local, d'impliquer et de faire participer les intéressés aux décisions sur l'utilisation et la gestion des terres. Ce ne doit pas être une procédure haut-bas, mais un mécanisme d'aide à la décision destiné à guider les utilisations des terres ou les décideurs dans le processus (F.A.O, 2001).

2.3.2.2. Approche participative

La démarche participative et sa mise en oeuvre ont débuté avec la communauté rurale, elle prend les décisions concernant le choix, la conduite et la gestion des activités (FAO, 1999). La participation populaire est essentielle au succès de l'aménagement des BV, et l'initiative revient aujourd'hui de plus en plus aux populations, et les administrations étant reléguées à un rôle consultatif et d'appui (MICHAELSEN, 1991)

L'approche participative est utilisée dans le but de réduire les impacts défavorables des pratiques d'utilisation des terres sur les ressources, en faisant participer la population à sa planification et sa mise en oeuvre. Elles apportent des bienfaits économiques, comme l'amélioration des revenus des agriculteurs et la sécurité des moyens d'existence, ainsi que des bienfaits sociaux, comme la création d'association ou de comités locaux et la diminution de l'exode rural. Les projets participatifs de la planification et de la gestion des BV sont réalisés au niveau communautaire et ne portent que sur des superficies très exiguës. Les succès et les résultats sont beaucoup plus satisfaisants (MICHAELSEN, 1991).

Toutefois, les approches participatives soulèvent certains problèmes pour les communautés en amont et en aval:

§ L'échelle réduite de l'approche tend à ne faire bénéficier des avantages que les agriculteurs participants;

§ Sur le plan social, le bassin hydrologique n'est pas toujours l'unité de planification la plus indiquée pour la population locale. Pour que l'approche participative soit performante, la zone objet de la planification devrait pouvoir être ajustée, ce qui risque de compromettre l'établissement de relation amont aval (GREENLAND, 1996) ;

§ L'extension de l'approche participative à de grands BV est une démarche très complexe car elle exige la coopération d'organismes publics et la constitution d'association de BV (GREENLAND, 1996).

CHAPITRE 3 : METHODOLOGIE

3.1. Présentation de la zone d'étude

3.1.1. Situation géographique du BVRM

Le BV de la rivière Marmelade est situé dans le département de l'Artibonite sur les hauteurs du massif du nord entre 19°30' et 19°34' de latitude Nord et 72°21' et 72°24' de longitude Ouest, suivant une tranche d'altitude allant de 267 m à 1115 m. La rivière Marmelade est un affluent de la rivière du Limbé. Il est limité au Nord par le BV de la rivière Doré; au Sud par celui de la Quinte; à l'est par celui de la rivière de Bouyaha et à l'ouest par celui des Trois Rivières.

3.1.2. Conditions climatiques

Le bassin hydrographique de la rivière Marmelade jouit d'un climat tropical humide avec un régime de pluies orageuses à fortes intensités. Le BV sous étude ne dispose pas de station météorologique, cependant quelques données pluviométriques ont été enregistrées au BAC de Marmelade.

3.1.2.1. Pluviométrie

La pluviométrie de la commune de Marmelade est irrégulièrement repartie entre les mois et les années. La pluviosité annuelle sur une période d'observation de six (6) ans, varie de 1878 mm à 2163.6 mm. La variation moyenne mensuelle pour cette même période est de 37.7 mm à 266.87 mm (voir figure #1).Toutefois il y a lieu d'observer une alternance climatique très nette qui se caractérise par une grande saison pluvieuse allant de Avril à Janvier et une saison relativement sèche de Février à Mars. Cependant, compte tenu de la faible étendue des données, leur utilisation doit être faite avec beaucoup de prudence.

Figure 1: Répartition de la pluviométrie à Marmelade de 2002 à 2007

3.1.2.2. Indice pluviométrique

La détermination de l'indice pluviométrique du bassin versant a été faite à l'aide de la pluviométrie annuelle moyenne du BV. Son indice pluviométrique (Ip) est de « 6-4-2 », c'est-à-dire 6 mois pluvieux, 4 mois intermédiaires et 2 mois de sécheresse. Ses précipitations supérieures à 1400 mm/an le classe parmi les zones à forte pluviosité.

3.1.2.3. Température

La température annuelle varie de 14°C à 27°C avec une moyenne de 25°C. La période allant de Décembre à Mars est celle des basses températures (14°C-15°C) alors que la température s'élève de 26°C à 27°C de Juin à Septembre (GRADES, 2002 cité par LEBELON, 2003). La durée d'insolation et la longueur du jour conviennent assez bien aux cultures vivrières et fruitières de type tropical.

3.1.3. Topographie

Le bassin versant présente un relief très accidenté, ses altitudes varient de 267 m près de l'exutoire à 1115 m au point culminant du bassin (Morne Dimas). Délimité par des chaînes de montagne d'altitudes relativement faibles (Morne Dimas 1115m, Morne Jean Jacques 1099 m, Morne Paparel 1087 m, Morne Petite Place 766 m, Morne Citronnelle 652 m, Morne Saint Gérard 867 m, Morne Gogolo 892 m, Morne Gilbert 945 m, Morne Michel 943 m, Morne Roux 881 m), etc ; plus de la moitié de la superficie totale de ce bassin versant est occupée par des pentes de plus de 12 à 30%.

3.1.4. Géologie du BVRM

Selon les données du CNIGS, la zone est occupée par trois (3) types de formations géologiques: une formation sédimentaire d'âge crétacé supérieur, une formation sédimentaire d'âge Eocène supérieur à moyen et une formation magmatique.

3.1.5. Hydrologie

Du fait des propriétés des roches qui constituent le socle du bassin versant et des phénomènes de déboisement accéléré, de l'anthropisation anarchique du milieu, de l'érosion des sols, les ressources en eau s'amenuisent en période de sécheresse au niveau du bassin versant. L'aval du BVRM est regorgé de nombreuses résurgences qui pouvaient être captées à cause de leur débit mais leurs positions dans les lits des ravines est un handicap majeur quant à leurs exploitations.

3.1.6. Végétation

Le bassin versant a une végétation caractéristique des zones humides. Il présente une couverture végétale faible. Cette situation permet de comprendre que le processus de déboisement accéléré s'articule autour de la logique d'exploitation à court terme pour répondre aux besoins financiers. Toutefois trois strates ont été remarquées :

Une strate arborée. On y rencontre des essences fruitières comme manguier (Mangifera Indica L.), arbre véritable (Artocarpus incisa L.), arbre à pain (Artocapus communis L.), Orange douce (Citrus sinensis Osbeck), Orange amer (Citrus aurantium L.), Chadèque (Citrus maxima Merr), avocatier (Persea americana L.), cocotier (Cocos nucifera L.), Corossolier (Annona muricata L.). Les essences forestières rencontrées sont : le mapou (Ceiba pentandra L.), le cèdre (Cedrela odorata L.), le chêne (Macrocatalpa longissima JACQ.), l'Acajou (Swietenia mahogani L.), le Saman (Samanea saman L.), le sucrin (Inga vera WILLD.), le Mombin (Spondias mombin L.), le kapab (Colubrina ferruginosa), etc.

Une strate arbustive. On y rencontre des essences comme le goyavier (Psidium guayava L.), le cerisier (Malpigia glabra Jacq.), le leucena (Leuccena leucocephala L.), le caféier (Coffea arabica L.).

Une strate herbacée. Dans cette strate on trouve des espèces comme l'herbe guinée (Panicum maximum L.), l'herbe madame michèle (Themeda quadrivalvis (L.) Kuntz), le bananier (Musa sp), l'herbe pintade (Panicum fasciculatum Sw.), le vétiver (Anatherum zizanoïdes Hitche et Chase), etc.

3.2. Matériel utilisé

Dans le but de parvenir aux résultats escomptés, le matériel suivant a été utilisé:

Une (1) carte topographique (échelle 1/20 000), pour la délimitation du bassin hydrographique sous étude;

Un (1) Clisimètre, pour la détermination des pentes sur le terrain;

Un (1) G.P.S, pour enregistrer les coordonnées des sources, des ravines et de la rivière;

Du papier millimétré pour le calcul de la superficie du bassin versant;

Des fiches d'enquêtes, pour recueillir les données socioéconomiques et biophysiques;

Papier, crayons, gommes, plumes et accessoires;

Un (1) appareil photographique pour réaliser des prises de vue;

Un (1) USB drive pour le stockage des données collectées;

Machette

Récipient (1 gallon)

Stipe de bananier pour amener l'eau au récipient de mesure.

Chronomètre

Ordinateur

3.3. Méthode de travail

Pour la réalisation de ce travail, la démarche suivante a été adoptée:

3.3.1. Recherches bibliographiques

Cette phase a consisté en la consultation d'ouvrages et de revues traitant de l'aménagement de Bassins Versants, de la conservation de l'eau et des sols, de la gestion sociale de l'environnement afin de rédiger le chapitre de la revue de littérature.

3.3.2. Collecte des données climatiques

Les données pluviométriques ont été collectées au BAC de Marmelade.

3.3.3. Cartographie

La collecte des premières informations a été faite à partir d'une carte topographique à l'échelle 1/20000. Les cartes thématiques ont été réalisées par le CNIGS suivant une échelle de 1//40000.

3.3.4. Enquête exploratoire

Elle a permis d'avoir une idée globale sur le sujet étudié et a contribué à la conceptualisation des formulaires d'enquêtes.

Elle a permis d'identifier les critères de différenciation en vue de l'établissement des performances économiques des exploitations agricoles. Elle s'est révélée d'une importance considérable car elle a permis de faire des observations sur le paysage afin de se faire une idée de l'état de dégradation des ressources naturelles de l'espace à l'étude.

3.3.5. Etudes des caractéristiques biophysiques du bassin versant

Les différents travaux qui ont conduit à la caractérisation biophysique du bassin versant peuvent être résumés ainsi:

3.3.5.1. Etablissement des transects

La réalisation des transects a eu lieu après lecture de la carte topographique. Les lignes de transects ont été établis altitudinalement de manière à traverser les différentes zones observées sur la carte. La figure # 2 montre les différents transects réalisés dans le BVRM.

3.3.5.2. Paramètres géomorphologiques et hydrologiques du bassin versant

La détermination des paramètres géomorphologique a été faite à l'aide des formules de caractérisation des bassins versants élémentaires (Voir annexe C).

3.3.5.3. Indice de dégradation du bassin versant

L'indice de dégradation a été calculé à l'aide des observations directes sur le terrain et d'une fiche d'indices de dégradation du Bassin Versant élémentaire retiré au MARNDR. (Voir Annexe F)

3.3.5.5. Réalisation du profil de la Rivière Marmelade

La réalisation du profil de la rivière a été faite à l'aide d'un GPS de type Garmin V. L'opération consistait à marcher dans la rivière et à relever des points. Le tracé du profil du cours d'eau a été fonction de l'altitude relevée en différents points du cours d'eau (notamment à sa source et à son embouchure) et des distances qui séparent ces différents points. Ce tracé a permis de représenter la pente du cours d'eau et les dénivellations (Voir Annexe G).

3.3.5.6. Mesure du débit des sources

La détermination du débit des sources a été faite par la méthode volumétrique. (Voir Annexe I)

3.3.6. Etudes des Caractéristiques socioéconomiques du Bassin Versant

3.3.6.1. Enquête formelle

Elle a été menée auprès des personnes ressources, des institutions et des autorités locales dans le souci d'avoir des informations les plus diversifiés que possible.

Elles concernent les caractéristiques biophysiques et socioéconomiques du BV (Annexe A et B).

3.3.6.2. Echantillonnage

La collecte des données sur la situation socioéconomique des habitants vivant dans le bassin versant a été faite suivant la méthode d'échantillonnage systématique. La taille de l'échantillon est de soixante (60) exploitants agricoles. La distribution des échantillons est présentée au tableau # 1.

Tableau # 1 : Distribution des échantillons d'enquêtes dans le BV

Nom du Transect

Nombre d'enquêtés

% d'enquêtés

Transect A

29

48.33

Transect B

31

52.47

Total

60

100

Source : Enquête de l'auteur

3.3.6.3. Critères de typologie des exploitations agricoles

Les enquêtes réalisées au niveau des exploitations agricoles du BV décèlent une certaine hétérogénéité, quant à la localisation des parcelles dans l'écosystème, la superficie exploitée, la disponibilité des moyens de production, etc. Ainsi, pour pouvoir établir une typologie des exploitations agricoles, les critères comme : le revenu moyen par exploitation agricole, le type de main d'oeuvre utilisé, les activités extra agricoles, la superficie cultivée et l'importance du cheptel ont été retenus.

3.3.6.4. Traitement et analyse des données

Cette étape se réfère au dépouillement et à l'analyse des données brutes (biophysiques et socioéconomiques) collectées sur le terrain à partir d'enquêtes et observations effectuées en vue d'aboutir à certains résultats. Ces données ont subi un dépouillement manuel suivi de l'application des méthodes statistiques simples (arithmétiques) dans la détermination des moyennes et de pourcentages. Certaines données sont présentées soit sous forme de tableau et de graphe soit sous forme de carte (logiciel SIG).

CHAPITRE 4 : RESULTATS ET INTERPRETATION

4.1. Caractéristiques biophysiques du milieu

4.1.1. Caractéristiques du BV

4.1.1.1. Forme du BV

Le bassin versant de la rivière Marmelade fait 23.78 Km2Sa forme est définie par le coefficient de compacité (Kc) de Gravélius qui établit une relation entre le périmètre du BV et celui d'un cercle à surface égale (DUVIVIER, 1985 cité par JOSEPH, 2003).

Le Kc est égal à 1.53. Donc, par rapport à la forme d'un cercle, celle du bassin versant est irrégulière, car ce coefficient s'éloigne de l'unité. Ce qui traduit une augmentation du temps de concentration des eaux pluviales diminuant ainsi leur pouvoir érosif au cas où il y aurait un équilibre dans le bassin versant (Annexe C).

4.1.1.2. Densité de drainage (Dd)

Sa densité de drainage est de 0.92 ce qui signifie que le drainage se fait très bien (Annexe C).

4.1.1.3. Coefficient de torrentialité

Le coefficient de torrentialité est étroitement lié à la densité de drainage. Il donne une idée sur le comportement du réseau de drainage c'est-à-dire comment l'eau provenant des cours d'eau d'ordre inférieur arrive à la rivière principale. Ce coefficient est égal à 0.58 ce qui veut dire que plus de la moitié du bassin versant est constituée de cours d'eau de premier ordre (Annexe C).

4.1.1.4. Réseau de drainage

Ce bassin versant à cause de sa géomorphologie offre un réseau de drainage assez important constitué par la rivière Marmelade et d'environs quatorze (14) ravines pérennes. Il est constitué en grande partie de ravines sèches. Les ravines sèches se rencontrent surtout dans la partie médiane du bassin versant. En général en période d'étiage l'écoulement de la rivière est plus ou moins uniforme. En période pluvieuse, la rivière reçoit les eaux des ravines qui augmentent considérablement ses débits solides et liquides (Annexe E). Cependant les ravines sont plus denses dans la partie amont et la majorité d'entre elles reçoivent des branches secondaires tout au long de leur parcours vers la rivière ce qui caractérise l'ampleur du phénomène d'érosion dans le BV. La figure # 3 présente la répartition du réseau hydrographique du bassin versant de la rivière Marmelade.

Fig # 3: Réseau hydrographique du bassin versant de la rivière Marmelade

4.1.2. Topographie

4.1.2.1. Relief

Les accidents topographiques sont remarquables dans le bassin versant. La rivière circule dans une vallée encadrée par des chaînes de montagnes, des mornes et des collines bien dressés. Les consultations cartographiques et les observations de terrain ont permis d'identifier les unités géomorphologiques suivantes :

- La plaine colluvio-alluviale se trouvant dans la partie médiane du bassin versant.

- Les zones de piémonts.

- Les plateaux rencontrés un peu partout dans le bassin versant.

- Les gorges.

- Les sommets.

4.1.2.2. Classes de pentes

Le BVRM se caractérise par de fortes pentes (Annexe D). C'est un paramètre très important dans l'appréciation du niveau d'érosion dans la zone. Les déclivités du bassin versant sont présentées par le tableau # 2 et décrites par la figure # 4.

Tableau # 2: Les différentes classes de pentes dans le BVRM

Classes de pentes

Superficie en ha

% du total

Classification selon la FAO

5 à 12 %

216.96

9.12

Terrain plat

12 à 30 %

1621.42

68.18

Pente modérée

> 60 %

539.42

22.69

Pente raide à très raide

Total

2378

100

 

Source : CNIGS

Fig # 4: Répartition des terres suivant les différentes classes de pentes du BVRM

4.1.3. Matériau parental

Le matériau parental occupant le BVRM dérive des phénomènes géologiques assez importants et ont beaucoup diversifié les types de substrat. Ce phénomène provient:

1. d'une formation sédimentaire d'âge crétacé supérieur surtout du sénonien supérieur avec un dépôt essentiellement territigène représenté par des calcaires, des argiles schisteuses ou peu métamorphiques (schistes argileux). Ce type de matériau domine surtout dans les zones comme (Loison, Morne Gilbert, Morne Michel, Lafolestrie, Cayemites, Tremestre, Bourg de Marmelade).

2. d'une formation sédimentaire d'âge Eocène moyen à supérieur représenté par des calcaires massifs qui donnent des terres rouges ou argiles latéritiques; des calcaires crayeux qui donnent une terre noire ou tuff. Cette formation se retrouve dans certaines zones comme Roux, Tamisé et Paparel.

3. d'une formation magmatique représentée par des basaltes de la série des andésites basiques, des andésites, des dacites et rhyodacytes calcoalcalines sont observés au niveau des localités comme Morne Saint Gérard, Morne Gogolo, Mingnin, Bas Madame, Paparel, Morne Beauché, Morne blanc. La répartition des formations géologiques est représentée par la figure # 5.

Fig # 5: Répartition des matériaux géologiques du BVRM

4.1.4. Ressources en eau du BVRM

Les ressources en eau du bassin versant sont constituées par les eaux de surface (les rivières, les ravines, les sources et les trous d'eau) et les ressources en eau souterraine. La carte hydrogéologique de la commune de Marmelade a permis d'identifier trois types de formations hydrogéologiques.

1. Les aquifères carbonatées à intercalations marneuses peu productifs retrouvés dans les zones comme Loison, Tremestre, Cayemites, Lafolestrie, Menti, Gilbert, Morne Michel et Marmelade.

2. Les formations cristallines localisées dans certaines zones comme Roux, Pérée, Haut Bassin, Trou Bassin, Morne citronnelle, Morne Saint Gérard, Gogolo, Mingnin, Bas Madame, Paparel.

3. Les aquifères karstiques sont observés au niveau de Tamizé.

L'inventaire des sources a conduit à l'identification d'environ 38 à écoulement permanent à coté de celles qui sont pluviales pour une superficie de 23.78 km2 donc on peut admettre que le BVRM est riche en ressources hydriques. Les sources abondent surtout dans la partie médiane du BV, 47% des sources s'y retrouvent. En effet, 36.84% des sources se trouvent sur un matériau basaltique contre 63.16% sur un substrat calcaire. Le tableau # 3 donne le nombre de sources, de fontaines fonctionnelles et du nombre de sources captées par localité.

Tableau # 3 : Nombre de sources, de fontaines fonctionnelles et de sources aménagées par localité.

Localité

Nombre de Sources

Nombre de Fontaines Fonctionnelles

Sources Captées

Substrat de la source

Bas Madame

1

0

0

Basalte

Bilée2

1

0

0

Calcaire

Marmelade

0

13

0

---------

Canal

1

0

0

Basalte

Candia

5

0

0

Calcaire

Charrette

4

0

0

Basalte

Coudray

1

3

1

Calcaire

Dado

2

0

0

Calcaire

Déché

2

0

0

Calcaire

Gilbain

1

0

1

Calcaire

Lafolestrie

3

2

2

Calcaire

Larifi

1

0

0

Basalte

Loison

2

1

1

Calcaire

Mingnin

1

0

O

Basalte

Paparel

2

3

1

Basalte

Roux

1

1

1

Calcaire

Tamisé

3

2

2

Calcaire

Tenac

2

1

1

Basalte

Testar

3

0

0

Calcaire

Masambie

1

0

0

Basalte

Bilé

1

3

1

Basalte

Total

38

29

11

 

Source : Enquête de l'auteur (Décembre 2007- Mars 2008)

4.1.5. Ressources sols

4.1.5.1. Les types de sols

Les observations faites sur le terrain ont permis d'identifier cinq (5) types de sols qui sont les suivants:

ü Les sols peu évolués d'érosion

Ils sont caractéristiques des pentes continuellement rajeunies par l'érosion et donc pauvres en matière organique. Ils sont rencontrés sur les roches dures. Par exemple, les sols de Testar, de Candia et de Tremestre (Photo 8).

ü Les sols colluvionnaires

Ce sont des sols formés sur des matériaux d'origine colluviale, c'est-à-dire transportés à faible distance par le ruissellement et l'érosion, généralement dans les zones de piémont. Ils sont localisés au bas des pentes basaltiques. Ils sont assez profonds et bénéficient des apports d'éléments nutritifs provenant du colluvionnement. Ils sont retrouvés dans les localités comme Bas Madame, Lafolestrie, Bilée, Cayemites.

ü Les sols alluvionnaires

Ce sont des dépôts récents des vallées, très souvent inondés par les crues. Ils sont caractérisés par la présence d'une nappe phréatique permanente, mais à forte oscillation, l'hétérogénéité fréquente de la texture, tantôt graveleuse, tantôt sableuse, tantôt limoneuse, variant brutalement à l'intérieur d'un même profil et une humification généralement active. Ces sols sont généralement faciles à travailler, car plats et de texture souvent légère. Ces sols concernent les zones de vallée comme la Plaine de bassin et de Bilée (Photo 3).

ü Les sols ferralitiques

Ce sont des sols de coloration rougeâtre observés sur des terrains très pentus. Ces types de sols sont observés un peu partout dans le bassin versant. Les zones comme Masambie, Gogolo, Loison, Cansy sont des témoins.

ü Les Vertisols

Ce sont des sols contenant des argiles gonflantes. Ils se gonflent en période pluvieuse et présentent des fentes de retrait lors des sécheresses. C'est le cas des sols de Lafolestrie et de Cansy.

4.1.5.2. Occupation actuelle des sols

Les observations réalisées sur le milieu biophysique et des données cartographiques ont permis d'identifier trois grands modes d'occupation des sols au niveau du bassin versant.

ü Les zones d'activités agricoles denses sont rencontrées surtout dans les zones où les sols ont une potentialité appréciable. Elles sont constituées par les cultures comme le caféier, le bananier et le haricot. Elles occupent un très faible pourcentage dans l'espace soit 1.47% du bassin versant.

ü Les zones d'activités agricoles moyennement denses, ont été observées dans des zones comme Tremestre, morne Michel, Bas Madame, Tenac, etc. Elles sont composées des cultures comme le chou, le haricot, l'igname, la Canne-à-sucre et le maïs. Elles occupent 21.74% du bassin versant.

ü Les zones occupées par des systèmes agroforestiers, quoique menacés par la coupe abusive des arbres du bassin versant, représentent la plus forte proportion de l'espace soit 76.79%. Ils sont composées d'espèces fruitières (manguiers, citrus, avocatiers...) et d'espèces forestières (sucrin, chêne, leucena, saman, cèdre, bois lait...). Font partie de ces systèmes : les vestiges de caféier, de bananier, de mirliton, d'igname (Photo 4). La figure # 6 illustre les modes d'occupation des sols.

Fig # 6: Occupation des sols du BVRM

4.1.5.3. Potentialité des sols

La situation générale de dégradation du BVRM offre de sérieuses limitations à certaines cultures vue que sur certains sols il n'y a presque pas de matière organique. Ajouté à cela les pratiques de brûlis pour libérer le sol des résidus de cultures et des mauvaises herbes se font à des intervalles trop réguliers. Dans ce cas, les classes de potentialités suivantes ont été observées :

§ Les sols à potentialité très limitée se rencontrent dans des zones comme : Candia, Loison, Cansy, bas Madame et Testar.

§ Ceux qui ont une aptitude limitée aux cultures se trouvent à Tenac, au niveau de la plaine de bassin et à morne Michel.

§ Les sols à faibles potentialités sont observés à Paparel, à Cayemites, Lafolestrie et Tremestre.

§ Les sols médiocres se retrouvent à morne Gilbert. La potentialité des sols est présentée par le tableau # 4.

4.1.6. Couverture végétale

Les espèces végétales retrouvées dans le bassin versant ne se localisent pas dans une zone spécifique du bassin versant. Elles occupent soit les versants soit les dépressions. Les jardins de cases présentent une plus grande couverture. Les essences forestières (Saman, chêne, cèdre, sucrins) et fruitières (Citrus, manguiers, avocatiers) représentent la végétation dominante du bassin versant. Suite à la coupe abusive des essences pour le bois d'oeuvre, le bois de feu et la fabrication du charbon de bois, le bambou a été introduit pour traiter certains versants et corriger certaines ravines.

Tableau # 4: Les différentes classes de potentialité des sols du BVRM

Classes de potentialité

Superficie en ha

% du total

Très limitée

679.77

28.59

Limitée

666.77

28.04

Faible

910.03

38.27

Médiocre

121.09

5.10

Total

2378

100

Source : CNIGS

4.1.7. Susceptibilité des sols à l'érosion

Selon les données de l'enquête, les 95% des enquêtées estiment que la dégradation des sols est un problème majeur au niveau du bassin versant.

4.1.7.1. Causes de la dégradation des sols

Les causes de cette dégradation, selon la population est la déforestation (44.42%), les pratiques culturales sur de fortes pentes (32.31%), les conditions climatiques défavorables (12.27%), les types de plantes cultivées (6.6%), les pentes trop raides (4.4%). Dans les zones de Testar, Bilée 2, Dado, Lamothe, les versants très lessivés prédominent. Les différentes causes de la dégradation sont données par le tableau # 5.

Tableau # 5: Les causes de la dégradation du BVRM

Causes de la dégradation

Déforestation

Mauvaises pratiques culturales

Climat défavorable

Types de plantes cultivées

Pentes

D'après le % des enquêtées

44.42

32.31

12.27

6.6

4.4

Source : Enquête de terrain

4.1.7.2. Les raisons de la coupe des essences

En fait, les raisons de cette déforestation sont le bois de feu, la fabrication du charbon de bois, le bois d'oeuvre et la production d'étais (Photo 5 et 9). La figure # 7 présente les raisons pour lesquelles la coupe des arbres est plus souvent pratiquée.

35

39

37

1

0

5

10

15

20

25

30

35

40

%

Bois de feu

Charbon de

bois

Bois

d'oeuvre

Etais

Series1

Series2

Fig # 7: Raison de la coupe des arbres du bassin versant

4.1.8. Subdivision du bassin versant en fonction des risques d'érosion

La dégradation des sols se manifeste de façon plus ou moins prononcée dans la majeure partie du bassin versant de la Rivière Marmelade. Dans les zones comme Candia, Tremestre, Cansy et Leroy où la pente est relativement élevée, des versants très lessivés prédominent. Les zones comme Paparel, Tenac, Bas madame et Bilée en plus de la déforestation sont réputées pour la culture du haricot ce qui accélèrent le processus de dégradation (Photo 1 et 10). Ainsi, la subdivision du BV se fait en quatre (4) classes selon le risque de dégradation présenté au tableau # 5 et la figure # 8.

4.1.8.1. Indice de dégradation du Bassin versant

La connaissance générale du BVRM a conduit à la détermination de l'indice de dégradation de ce bassin versant. Dans ce cas, l'indice de dégradation donne 0.617 ce qui signifie que près de 62% du bassin versant de la rivière de Marmelade est en proie à une dégradation galopante (Annexe E). Tableau # 5: Subdivision du bassin versant en fonction des risques d'érosion

Risques d'érosion

Superficie en ha

% du total

Pente en %

Zones concernées

Occupation actuelle

Vocation

Très grave

368.74

15.51

> 60

Loison, Candia, Cansy, Menti, Roux, Testar

Patate, Haricot, Chou, Tomate, Piment, maïs, Igname

Sylvicole

Grave

611.44

25.71

30 - 60

Tenac, Dado, Bas Madame

Haricot, Banane, Café, Patate, maïs

Arborico-sylvicole

Elevé

1162.26

48.87

12 - 30

Paparel, Morne Michel, Tremestre

Haricot, Sorgho, maïs, Café, Pois Congo, Patate, Igname

Agro-Arboricole

Moyen

235.56

9.91

5 - 12

Lafolestrie, Cayemites

Banane, Igname. Canne à Sucre, Taro, Café

Agricole

Total

2378

100

 
 
 
 

Source : Enquête de l'auteur Décembre 2007 - Mars 2008

Fig# 8: Subdivision du bassin versant en fonction des risques d'érosion

4.2. Aspects socioéconomiques du milieu

4.2.1. Population

Le BVRM est à cheval sur trois sections communales (Crête-à-Pins, Bassin et Platon). Donc, la population du BV est estimée à environ 375 hab /km2 en moyenne soit 8918 habitants selon les résultats définitifs du 4ème Récensement Général Population et de l'Habitat.

4.2.2. Scolarisation

L'éducation à Marmelade n'est pas très différente de celle du reste du pays. Les centres de formations sont concentrés au niveau du bourg et les élèves sont obligés de parcourir des kilomètres avant d'arriver à l'école. La situation est très pénible pour ces élèves qui, pendant la saison des pluies sont souvent obligés de rester chez eux, ce qui perturbe un peu le calendrier scolaire fixé par le Ministère de l'Education Nationale et de la Formation Professionnelle. Le tableau # 7 renseigne sur le niveau de formation au niveau du BVRM.

Tableau # 7: Niveau de scolarisation au niveau du bassin versant

Niveau de formation

Quantité

% d'exploitants enquêtés

Primaires

155

37

Secondaires

118

28

Universitaires

17

4

Professionnelles

4

1

Alphabétisé

4

1

Analphabétisé

122

29

Total

420

100

Source : Enquête de l'auteur

Selon les données de ce sondage, de toute la masse estudiantine 37% sont des écoliers, 28% fréquentent les écoles secondaires, 4% sont des universitaires, 1% a une formation professionnelle, 1% a été à un programme d'alphabétisation. Ce qui donne un taux d'alphabétisation de 71%.

4.2.3. Santé

Les soins de santé des Marmeladais en particulier ceux du bassin versant sont prodigués en majeure partie par le CDS de Marmelade. Malgré la coopération Cubaine et l'appui de l'UCS, ce centre ne peut offrir aux patients que les premiers soins. Les autres cas sont transférés aux Gonaïves, Cap-Haïtien, Ennery, Plaisance, Limbé, Pignon et Port-au-Prince cependant le dispensaire de Bilée n'est jamais opérationnelle depuis sa construction (Photo 7). Les lieux de consultation sont présentés au tableau # 8.

Tableau # 8: Les lieux de consultation

Lieu de consultation

Quantité

% d'exploitants enquêtés

Marmelade

40

66

Gonaïves

1

2

Cap-Haïtien

1

2

Ennery

7

12

Plaisance

4

7

Limbé

4

7

Pignon

1

1

Port-au-Prince

2

3

Total

60

100

Source : Enquête de l'auteur

Les maladies qui affectent la population du bassin versant restent la typhoïde, la malaria et la dysenterie. Elles sont présentées au tableau # 9:

Tableau # 9: Les maladies affectant la population du bassin versant

Maladies

Malaria

Typhoïde

Dysenterie

Autres maladies

Total

Qté d'Exploitants

16

28

4

12

60

% d'enquêtés

27

46

7

20

100

Source : Enquête de terrain

4.2.4. Religion

La religion dominante du bassin versant est le catholicisme (58%) suivie du protestantisme (29%) ce dernier regroupe des sectes religieuses comme: les baptistes, les adventistes, les témoins de Jéhovah, les pentecôtistes et les épiscopaliens. Hormis le syncrétisme, le vodou réunit 13% de la population du BVRM.

4.2.5. Migration

Ces gens laissent le BVRM pour des raisons économiques et sociales : emploi et éducation surtout. En effet, ces gens laissent Marmelade pour aller à Port-au-Prince, aux Gonaïves, au Cap-Haïtien et en République Dominicaine.

La figure # 9 montre le mécanisme de distribution du flux migratoire de la population du BVRM.

Fig # 9: Migration de la population

4.2.6. Source d'énergie utilisée pour la cuisson et l'éclairage du logement

La satisfaction en besoins énergétiques du bassin versant est axée sur les combustibles ligneux. Dans la cuisson des aliments les ménages utilisent le bois de feu et le charbon de bois. Pour l'éclairage ce sont les lampes à pétrole qui sont les plus utilisées cependant certains utilisent d'autres sources d'énergie comme l'énergie solaire. Le tableau # 10 présente le mode d'utilisation des types d'énergies dans les ménages.

Tableau # 10: Types d'énergies utilisées dans la cuisson et l'éclairage des ménages.

Energie de cuisson

% de ménages enquêtés

Energie d'éclairage

% de ménages enquêtés

Bois de feu

58

Lampes à pétroles

88

Charbon de bois

21

EDH

6

Bois et Charbon de bois

21

Panneau Solaire

3

 
 

Génératrice

3

Total

100

 

100

Source : Enquête de terrain

4.2.7. Accès à l'eau potable du BVRM

L'alimentation en eau potable est la principale préoccupation pour certaines localités du bassin versant. Le réseau d'approvisionnement en eau potable est formé de plusieurs fontaines dans les localités disposant de sources à forts débits. Certaines localités en aval ne disposent que des sources non captées ou de l'eau de la rivière comme eau de boisson. La figure # 10 montre l'accès à l'eau potable de la population du BVRM

Fig # 10: Accès à l'eau potable de la population du BVRM

4.2.8- Les Institutions

4.2.8.1. Les institutions étatiques

ü Pour répéter DUFUMIER (1990), cité par PIERRE (2002), la présence de l'Etat est peu remarquée dans les milieux ruraux. C'est un peu le contraire pour le BV de Marmelade car :

ü Dans le secteur agricole, le MARNDR est représenté par le BAC qui est responsable de l'organisation de la production agricole, de la gestion des ressources naturelles pour une production durable et de l'encadrement du monde rural.

ü Le SNEP qui dépend du MTPTC est responsable de la gestion et de l'approvisionnement en eau dans l'espace.

ü La Mairie, le CASEC, l'ASEC relèvent du MICT

ü Le Tribunal de paix organe du ministère de la Justice compte près de 4 juges et quelques policiers cantonnés au commissariat de Marmelade.

ü Le ministère de la Culture est représenté par l'officier de l'état civil et les autorités ecclésiastiques.

ü Les taxes sont perçues par la DGI (Ministère de finances).

ü Le Bureau de l'inspection scolaire, branche du MENFP contrôle l'éducation dans l'espace.

ü Le MSPP est représenté par le CDS de Marmelade et quelques agents de contrôle de la qualité des produits pharmaceutiques.

Malgré cette large représentation, les choses ne marchent pas bien du fait que ces institutions sont dépourvues de moyens et de matériel. Cette déficience les empêche de bien coordonner leurs actions.

4.2.8.2. Organisations non gouvernementales (ONG)

En ce qui a trait aux Organisations non gouvernementales (ONG) dans le bassin versant de la rivière Marmelade, on peut souligner la présence de la FAO et de la FACN. La première intervention de la FAO remonte à l'année 1999. Elle intervient dans la formation et le renforcement des groupements de planteurs, les travaux de conservation de sol, la mise en place de pépinière, les soins vétérinaires et l'aménagement des bassins versants. Elle donne un crédit en semences, un crédit aux éleveurs de bovin, un tout petit crédit féminin pour le commerce. Cependant, durant la période de cette étude, le contrat de ce projet est arrivé à son terme, cependant de nouvelles interventions sont nécessaires au niveau du BVRM.

4.2.9. Activités extra agricoles

En ce qui concerne les activités extra agricoles, elles comptent beaucoup en termes de revenu dans les exploitations agricoles. Ainsi, certains exploitants exercent des petits métiers comme menuiserie, ébenistrie, maçonnerie, scieurs du bois, le petit commerce. Il faut souligner que le commerce du bois plus particulièrement celui des bois d'oeuvre joue un rôle très important dans l'économie des habitants de Marmelade.

4.2.10. Infrastructures

4.2.10.1. Route

Les routes qui traversent les bassins versants sont en majorité en terre battue. En certains points du bassin versants l'accès en voiture est impossible, certains tronçons suivent le lit de la rivière. Lors des crues, la population est complètement immobilisée.

4.2.10.2. Transport et Communication
La communication au niveau du bassin versant est assurée par une compagnie de téléphonie mobile. La téléco n'est pas présente. Il n'y a pas de radio au niveau de ce bassin versant. Comme moyens de transport les gens utilisent la moto, le transport en commun ou tout simplement vont à pied.

4.2.10.3. Habitat

Les habitats sont plus concentrés au centre ville de Marmelade, regroupés aux bords des routes et des points d'eau. Ils sont éparpillés sur les versants. La forme d'habitat présente des aspects différents. L'habitat est constitué majoritairement par des maisons dont la toiture est en tôle, les murs des maisons sont souvent en roche ou en terre avec des poteaux en bois. Les maisons en toit de chaume sont en voie de disparition. Certaines maisons en blocs, ont été construites par les gens dont le niveau économique est relativement élevé et par la diaspora surtout celle de la République Dominicaine. La figure # 11 illustre les différents modes de logement.

Habitat

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

Ajoupa

Maisons en bois

Maisons en bloc

%

%

Fig # 11: Logement et environnement humain

Il y a un aspect très important à considérer au niveau de l'habitat, c'est le type de lieu d'aisance utilisé par la population. En effet le type de latrine a un impact direct sur les maladies hydriques dont souffrent les gens de la zone. Le constat est qu'à mesure qu'on s'éloigne de Marmelade, l'utilisation de latrines a tendance à baisser considérablement. En effet 45 % des exploitations étudiées n'ont pas accès à un endroit pour aller à la selle. La figure # 12 présente les différents types de lieu d'aisances.

Fig# 12: Types de lieu d'aisances

4.2.10.4. Industrie

Il n'y a pas d'industries de transformation dans le BVRM. Cependant à la limite du bassin versant existe une usine de transformation des citrus en nectar. Il existe seulement des unités de transformation traditionnelle de l'arachide, du manioc (cassave), de la noix de coco, de la canne à sucre etc.

4.2.10.5. Marché public

Dans son ensemble le bassin versant compte deux (2) marchés publics. Le marché de Marmelade et celui de Platon.

4.2.11. Organisations sociales

Dans le bassin, le maillon principal de la chaîne de solidarité entre les habitants est constitué par les groupements traditionnels des travailleurs agricoles principalement les « ranpono ». Ces organisations, quoique saisonnières garantissent des liens étroits et un climat de confiance et d'entraide mutuelle entre leurs membres. La structure de ces organisations reste cependant très faible. Beaucoup d'entre elles ne sont pas bien connues même dans leur localité, elles n'existent qu'avec un nom et un leader. On trouve aussi certaines organisations qui n'ont aucune reconnaissance légale de la mairie de la commune voire du ministère des affaires sociales. Parmi lesquelles on peut citer : GOPP, ODJP, UCTM, etc.

4.3. Système de production

4.3.1. Facteurs et techniques de production

Au niveau de la zone d'étude, la quasi-totalité des exploitants agricoles ne disposent d'aucun matériel végétal et animal sélectionné ni d'engrais ni de produits phytosanitaires ou zoosanitaires. Ils ne possèdent généralement que des outils aratoires comme la houe (30.14%), la machette (37.5%), la louchette (32.35%), la charrue (0.73%). Ils pratiquent une agriculture orientée vers la subsistance dans des conditions de terrains difficiles (superficies réduites, relief accidenté..). Ils n'ont pas de banque de semences, ils utilisent les semences conservées lors des dernières récoltes ou le cas échéant ils se les procurent sur le marché local juste au moment du semis. L'exode rural diminue de manière substantielle la force de travail.

4.3.2. Systèmes de culture

En général les agriculteurs pratiquent sur le bassin versant trois campagnes de haricot ; deux saisons de maïs l'une en mars et l'autre en août et une saison pour les autres cultures. Le tableau # 11 présente le calendrier cultural.

Tableau # 11: Calendrier cultural dans le BVRM

Cultures

Période de semis/Plantation

Période de récolte

Café

Toute l'année

Juillet, Août, Septembre

Banane

Toute l'année

Toute l'année

Maïs

Janvier, Avril, Août

Mars, Juillet, Novembre

Haricot

Janvier, Avril, Août

Mars, Juillet, Novembre

Igname

Mars

Février

Sorgho

Avril

Février

Patate

Mars

Octobre

Pois Congo

Mars

Octobre

Chou

Toute l'année

Toute l'année

Persil

Toute l'année

Toute l'année

Source: Enquête de terrain

C'est une agriculture de subsistance qui est pratiquée au niveau du bassin versant de Marmelade. Les cultures vivrières et céréalières entre autre l'igname, la patate, le manioc, le maïs, le haricot et le sorgho sont pratiquées sur des terrains très pentus. Les cultures maraîchères (chou, piment, persil) sont aussi pratiquées mais à petite échelle.

4.3.3. La gestion de la fertilité des sols du BVRM

Les techniques de gestion de la fertilité appliquées aux parcelles sont guidées par la superficie parcellaire que possède l'exploitant, la durée de la jachère, et la position des terres dans l'unité du paysage. Elle est surtout assurée par les résidus de cultures, les jachères et les effluents d'élevage. Son importance dépend de la disponibilité en matière organique, du foncier et des objectifs de l'exploitation agricole.

4.3.4. Système d'élevage

4.3.4.1. Caractéristiques de l'élevage

L'élevage pratiqué dans le BVRM est plutôt a but multiple c'est-à-dire les animaux sont gardés soit pour leur chaire, leurs petits et autres produits.

4.3.4.2. Taille du cheptel

Le cheptel est constitué de gros bétail tel que le bovin, de menu bétail comme caprin, porcin et de volailles spécialement l'espèce galline. Les porcins sont très remarquables au niveau de l'aire d'étude. Chaque exploitation possède en moyenne 1.55 porcs, 0.7 boeuf, 0.6 caprin et 2.65 volailles.

4.3.4.3. Conduite de l'élevage

4.3.4.3.1. Mode d'alimentation du cheptel

Dans un BV aux ¾ montagneux, en proie à une déforestation sauvage et une démographie galopante, l'espace disponible pour la culture d'espèces fourragères nécessaire aux gros et petits ruminants se raréfie de plus en plus. Dépendamment de la période de l'année, les animaux se nourrissent des résidus de récolte de toute sorte (les fanes de maïs et de petit mil, stipes de bananiers) et d'herbes (Photo 6). Les déchets de cuisines sont aussi utilisés dans leurs alimentations. Les résidus de récolte sur laquelle le petit éleveur doit se rabattre sont utilisés avec un taux de gaspillage élevé. En effet l'application des méthodes d'utilisation rationnelle et de valorisation des résidus de récolte pour en tirer le meilleur parti ainsi que les méthodes permettant de conserver la matière verte pour la saison sèche doit être une réalité. Le calendrier fourrager et les modes de conduite de l'élevage sont résumés dans les tableaux # 12 et 13.

Tableau # 12: Calendrier Fourrager

Produits

Disponibilité

Fruits

Mars - Octobre

Tête de canne

Novembre- Avril

Herbes

Janvier - Janvier

Stipe

Janvier- Janvier

Fane de Haricot

Mars- Juillet- Novembre

Fane de Sorgho

Mars

Chaume de maïs

Mars, Juillet, Novembre

Chou

Toute l'année

Source : Enquête de terrain

Tableau # 13: Mode de conduite de l'élevage

Espèces

Mode de conduite

Mode d'alimentation

Moyenne/EA

Bovin

A la corde

-Herbes, stipe, Fane

0.7

Porcin

A la corde/ joug

-Fruits, Canne-à-sucre, sons, Grains, tiges (patate), chou, déchets de cuisine, fane

1.55

Caprin

A la corde

-Herbes, résidus de récolte

0.6

Volaille

Libre/ claustration

Grains et sons

2.65

Source : Enquête de terrain

4.3.4.4. Système de crédit

A ce niveau, le crédit institutionnel est assuré par la (CECAM), le FONKOZE et la FAO. La FAO accorde un crédit en intrant et en semences. Plusieurs types de crédits sont offerts par la FAO et ses partenaires : le tout petit crédit féminin où les femmes se regroupent par 5 pour avoir accès à ce crédit et un capital de base de la part des bénéficiaires est nécessaire. Si ces fonds sont bien gérés, elles peuvent voir augmenter leur crédit. Pour avoir ce crédit, la FAO contribue à 50%, la CECAM à 25% et les bénéficiaires à 25%. Il y a aussi le crédit semence. On prête à l'agriculteur une quantité de semence à conditions qu'il remette 1/6 en plus de la quantité reçue.

Le crédit élevage est aussi pratiqué dans la zone. La porte d'entrée au crédit reste l'aménagement des parcelles des bénéficiaires. Ce qui n'est pas profitable à ceux qui n'ont pas de grandes propriétés. Le pourcentage de personnes ayant accès au crédit est estimé à 12% de la population du bassin versant.

4.3.4.5. Niveau d'épargne

Dans l'espace du bassin versant, il existe une coopérative d'épargne et de crédit (CECAM), une Coopérative Agro-Industrielle qui fonctionne comme une fédération regroupant les associations de planteurs de café. Malgré cela, seulement 33% de la population ont un compte d'épargne.

4.3.4.6. Système de prix

L'amplitude des variations annuelles des prix de certains produits est assez importante sur les marchés du bassin versant. Entre le semis et la récolte, les prix de certains produits varient presqu'au triple. Cela s'explique par le fait que s'il y a trop de pluie où s'il y a de la sécheresse, il est très facile que l'entreprise paysanne échoue. Le tableau # 14 présente les variations des prix des produits vivriers à Marmelade.

Tableau #14: Variations des prix des produits vivriers à Marmelade

Produits

Unité

Prix à la récolte (gdes)

Prix au semis (gdes)

Maïs

1 Marmite

15

40

Haricot

1 Marmite

125

150

Pois Congo

1 Marmite

90

125

Sorgho

1 Marmite

20

35

1 marmite 5 lbs

Source: Enquête sur les marchés de Marmelade et de Platon.

4.3.4.7. Système de commercialisation

Pour avoir une vue complète de la commercialisation des produits agricoles, il faut distinguer trois catégories d'acteurs.

ü Les marchandes locales

Elles sont souvent les épouses des agriculteurs. Elles tentent de vendre localement les produits agricoles soit à d'autres commerçantes (saras provenant des grandes villes ou des petites commerçantes rurales), soit aux consommateurs locaux.

ü La COPAIMAR

Cette coopérative achète les citrus et le café aux agriculteurs, les transforme pour les vendre sur le marché international, aux écoles dans les programmes de cantines scolaires pour le compte du PNCS ou bien les vendre pour la consommation locale.

ü Les madam saras

Il existe un groupe de madam saras << urbaines>> qui sont spécialisées dans le commerce des produits frais sur les marchés des grandes villes (Cap-Haïtien, Gonaïves et Port-au-Prince).

4.3.4.8. Système de transformation

Au niveau du BV, les citrus et la canne à sucre existent durant la saison de production. Une partie des citrus est transformée par la COPAIMAR en nectar. Les sous produits obtenus sont utilisés dans le compostage.

4.3.4.9. Situation foncière

Dans le bassin versant, on peut distinguer cinq (5) modes de tenure : propriété, héritage, fermage, indivision et métayage. Tous ces groupes sont réunis autour de deux modes de faire valoir : le faire valoir direct et le faire valoir indirect.

Le FVD dont les conditions sont variables d'une exploitation à l'autre regroupe :

- Les terres achetées pour lesquelles les exploitants possèdent un acte légal ou non lui garantissant la jouissance de la terre. Elles représentent 40% des superficies en FVD au niveau du BV.

- Les terres héritées représentent après les terres achetées la plus importante part des superficies en FVD, soit 33.33%.

- Les terres en indivision, également héritées qui ne font pas l'objet de séparation ni de distribution ou d'appropriation individuelle. Ces terres font partie du domaine familial et tous les héritiers ont le droit de jouissance. Ce sont les terres les plus dégradées des superficies en propriétés. Elles représentent seulement 4.76% des surfaces en FVD.

Quant au FVI, il rassemble :

- Les terres en fermage (préférence) pour lesquelles l'exploitant bénéficie d'un bail dont la durée est définie par un accord entre le propriétaire et le fermier. Ce contrat dure généralement deux années. Le montant du bail est fonction de la potentialité, de la situation agro-écologique de la parcelle. Cette catégorie couvre 7.62% des superficies en FVI.

- Les terres en métayage pour lesquelles l'exploitant verse à la récolte une rente en nature qui, au niveau du bassin versant peut représenter le tiers ou la moitié de la récolte selon que le propriétaire a participé ou non aux frais de production. L'expérience vécu sur le terrain confirme que les exploitants qui ont de faibles superficies recourent au métayage afin d'augmenter leurs superficies cultivées. Les terres en métayage représentent 14.29% du FVI. Le tableau # 15 donne la répartition des terres en fonction du mode de Faire Valoir.

Tableau # 15: Répartition des terres du bassin versant en fonction du mode de Faire Valoir

Mode de FV

Total en cx

% total

Terres en FVD

 
 

Terres achetées

Terres héritées

Terres indivises

42

35

5

40

33.33

4.76

Terres en FVI

 
 

Terres en fermage

Terres en métayage

8

15

7.62

14.29

Total

105

100

Source : Enquête de terrain

4.3.4.10. La main d'oeuvre au niveau du bassin versant

Au niveau de la zone d'étude, la main d'oeuvre est divisée en : main d'oeuvre familiale et main d'oeuvre salariale (le ramponneau, le kombit).

1. La main d'oeuvre familiale n'est pas représentée à grande échelle car dans la plupart des familles, seul le chef d'exploitation travaille excessivement durant toutes les périodes. La femme s'occupe des soins ménagers et du petit commerce. Les enfants eux-mêmes sont pour quelques uns des écoliers, les autres assistent le père dans son travail et sont souvent responsables du gardiennage.

2. Le ramponneau, est le type de main d'oeuvre le plus fréquent dans le bassin versant. C'est une association de travail composé de 10 à 15 personnes qui vendent le travail sous l'appellation de "bout kòd». Ce dernier est un carré dont le côté se mesure avec une corde de 3 à 5 brasses (une brasse équivaut à environ deux mètres). Son prix varie, selon la localité, de 15 à 25 gourdes.

3. Le Kombit, une association composée de plusieurs membres qui s'entraide à tour de rôle. Ce type d'associations tend à disparaître compte tenu du flux migratoire vers la République Dominicaine et les autres villes d'Haïti.

4.3.4.11. Catégorisation des EA selon leurs performances économiques

Plus de 95% des EA du bassin versant pratiquent l'agriculture qui constitue leur principale source de revenus. Dans ce cas les agriculteurs pratiquent le grappillage où ils sont obligés de déployer beaucoup d'effort pour tirer quelques choses de la terre. En général on admet que les revenus agricoles bruts du bassin sont assez bas. Le tableau # 16 présente les revenus agricoles bruts des EA enquêtées pour l'année 2007.

Tableau # 16: Revenus agricoles bruts des EA enquêtées pour l'année 2007

Classes des revenus (gdes)

Nombres d'exploitants

% du total

<5000

14

23.34

5000- 10000

18

30

10000-15000

11

18.33

15000-20000

8

13.33

>20000

9

15

Total

60

100

Source : Enquête de terrain

4.3.4.12. Typologie des Exploitations Agricoles

En fonction des moyens de production (taille des parcelles, type de main d'oeuvre, mode de tenure) et le type d'écosystème en question, les exploitations agricoles sont catégorisées en quatre (4) types qui sont présentés au tableau # 17:

Type I

Ces EA se rencontrent dans tout le bassin versant et appartiennent à des paysans qui possèdent un lopin inférieur à 1 Cx. Ces exploitants disposent de faibles moyens de production et d'un revenu ne leur permettant pas de subvenir aux exigences de leur famille. Ils pratiquent principalement des cultures à cycle court qui sont destinées en majeure partie à l'autoconsommation. Ils font un usage intensif des terres et vendent en partie leur force de travail. Chez ce type, la migration est d'une très grande importance car l'environnement ne leur est pas propice. Le faire valoir indirect est le mode de tenure qui prédomine dans ce type.

Type II

Ce sont des exploitants qui mettent en valeur une superficie allant de 1 à 2 carreaux. Mis à part les cultures de cycle court, ils font de l'agroforesterie. Leur revenu est toutefois insuffisant pour satisfaire les besoins les plus importants. Cependant la vente des citrus, des bananes et du café leur permet d'obtenir un revenu assez important. Leur cheptel est composé de 1 à 2 caprins, 1 porcin ou 1 boeuf ce qui permet de dégager un revenu plus important.

Type III

Ils disposent d'un même héritage foncier que le type précédent. En guise des cultures mentionnées, ils font des cultures maraîchères. Ce qui leur permet de dégager un revenu agricole important par hectare. Ils font des petits métiers, de la loterie, du taxi moto.

Type IV

Ce type regroupe les plus nantis du bassin versant. Il dispose d'un domaine supérieur à 2.58 hectares. La seule force de travail utilisée reste la main d'oeuvre salariée. A côté de l'agriculture, ils exercent d'autres professions comme la maçonnerie, la couture, l'enseignement etc.

Tableau # 17: Typologie des EA du BV

Type d'EA

Superficies (ha)

Quantité d'EA

% du total

I

< 1

14

23.33

II

1= x = 2

21

35

III

2= x = 2.58

14

23.33

IV

> 2.58

11

18.33

Total

 

60

100

Source : Enquête de terrain

CHAPITRTE 5 : CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

5.1. Conclusion

La nécessité de réhabiliter l'environnement du Bassin Versant de la Rivière Marmelade, qui est à un stade avancé de dégradation, est confirmée par les résultats de cette étude-diagnostic.

Cette dégradation est liée à l'exploitation anarchique des ressources naturelles, influencée par la situation économique précaire des habitants du BV. En effet, toute une série de facteur entre dans le jeu de la dégradation. La pression démographique (375 habitants/km2) influence négativement la gestion des ressources naturelles. Bien que plus de 78% des exploitations agricoles soient en faire valoir direct, l'atomicité de ces exploitations est un élément important à considérer car 23 % des exploitations agricoles ne dispose que d'une superficie inférieure à un hectare. De plus les pratiques culturales se font sur de fortes pentes sans aucune structure de conservation ce qui entraîne l'érosion et diminue du même coup le niveau de fertilité des sols du BVRM. Le BVRM est traversé par 14 ravines majeures et de nombreuses autres ravines en formation. Le niveau de risque très grave d'érosion occupe une superficie de 368.74 hectares soit 15.51 % du bassin versant, le risque grave d'érosion prend avec lui une superficie totale de 661.44 hectares soit 25.71% de l'espace, le risque élevé occupe 1162,26 hectares soit 48.87% et le risque moyen d'érosion embrasse 235.56 hectares soit 9.91%. Dans certaines zones comme Testar, Roux, Tremestre, Dado, Candia il y a une quasi inexistence de végétation arborée et arbustive. La coupe anarchique des arbres un peu partout dans le bassin versant pour le bois de chauffage, la fabrication du charbon de bois, le sciage pour le bois d'oeuvre et les cultures sarclées sur les pentes inaptes à la culture sont autant de facteurs qui justifient l'hypothèse selon laquelle "La situation du BVRM est le résultat d'exploitation anarchique des ressources naturelles du BVRM".

D'une manière générale, les moyens de production dont disposent les habitants (outillage rudimentaire, semences non sélectionnées, absence de crédit, faible superficie des parcelles) ne leur permettent pas de tirer des revenus intéressants d'où justification de la deuxième hypothèse "Les contraintes économiques du paysan accélèrent le processus de la dégradation du bassin versant à l'étude".

Circonscrite dans l'espace, l'étude apporte un nouvel éclairage sur la problématique de la dégradation du bassin versant de la rivière Marmelade. Les arguments qui viennent d'être avancés affirment que le bassin versant offre un tableau sombre et inquiétant en terme de dégradation physique et socioéconomique. Pour renverser cette tendance, la situation réclame des mesures urgentes et durables en vue de procéder à un aménagement approprié.

5.2- Recommandations

Les recommandations qui vont suivre résultent de l'analyse de la situation du BVRM et sont basées sur les observations et les entrevues réalisées sur le terrain.

5.2.1- Esquisse d'un plan d'aménagement pour le BVRM

La réalisation d'un plan d'aménagement n'est pas une simple entreprise. Elle requiert donc une planification qui garantit des résultats en fonction des objectifs escomptés. En effet, après avoir exploré le BV de la rivière Marmelade et identifié les problèmes majeurs qui constituent de véritables contraintes à son développement, un plan d'aménagement dans ses grandes lignes est élaboré en vue d'y apporter quelques éléments de solutions. Ce plan d'aménagement devrait prendre en compte non seulement le côté physique, le coté socioéconomique mais aussi les stratégies de mise en oeuvre. Ainsi, les mesures envisagées sont de deux types :

· Mesures socioéconomiques qui comptent apporter des solutions aux problèmes que confrontent les habitants du BV et du même coup relever leur niveau de vie.

· Mesures techniques qui visent la réhabilitation du milieu physique.

5.2.2. Mesures socioéconomiques

Le facteur humain est d'une importance capitale dans un programme d'aménagement de bassins versants. Dans les pays en voie de développement, le manque de formation et le faible niveau économique sont essentiellement à l'origine de la dégradation de l'environnement. Dans ce cas, des mesures visant à relever le niveau de vie des habitants du bassin versant deviennent un impératif.

En voici celles recommandées :

§ Les mesures préliminaires

- Le désenclavement du bassin versant par des routes est nécessaire (axe Bilée - Candia, Marmelade - Paparel).

- La santé de la population est très importante à tout point de vue, pour cela un programme de santé communautaire est nécessaire, avec un volet de lutte préventive contre les maladies chroniques comme le paludisme, la typhoïde et la dysenterie. De ce fait, le renforcement du centre de santé de Marmelade et l'ouverture du dispensaire de Bilée est primordiale.

- Dans le but d'éviter l'émigration des jeunes, la création d'écoles professionnelles (coupe, couture, cuisine, ébénisterie etc) surtout dans les zones comme Bilée, Paparel et Marmelade est d'extrême urgence, incluant des volets comme l'éducation environnementale.

§ Mise en place de stations climatologiques

La mise en place de station climatologique au niveau des zones comme Lafolestrie, Tenac, Marmelade et Loison va permettre de déterminer la pluviométrie exacte de la zone, mais aussi de pouvoir distinguer les différentes zones agro-climatologiques.

§ Mise en place des moyens visant à augmenter la production agricole. Sur ce, trois recommandations sont importantes :

- Implantation des boutiques d'intrants agricoles

Les semences utilisées par les agriculteurs ne sont pas très souvent de bonne qualité. Il faut envisager d'abord de mettre en place des boutiques d'intrants agricoles avec une banque de semences améliorées et des magasins communautaires au centre du bassin versant (Bilée), de créer un programme de crédit agricole, d'investissement et/ou de consommation à des taux raisonnables. Il faut former les agriculteurs, en leur apprenant les meilleures techniques de travail et de conservation de sol.

- Introduire et divulguer les techniques de fabrication de compost dans la zone.

- Ensuite, il faut établir en aval des unités de transformation surtout pour les fruits, des unités de conservation et de commercialisation.

§ Renforcer l'élevage

Toute action visant à renforcer le secteur de l'élevage doit prendre en compte l'aspect alimentation et génétique des populations animales. De ce fait il faut :

- Mettre à la disposition des agriculteurs des races améliorées pour augmenter la performance des races locales.

- Introduire la culture des légumineuses comme sources de protéines (leucena, velvet bean, benzolive etc) pour les animaux.

- Promouvoir, avec l'appui de la population, la production de fourrage comme l'herbe éléphant.

- Promouvoir des méthodes de conservation d'herbes (l'ensilage, le fanage et le traitement des fourrages avec de l'urée)

- Renforcer les soins vétérinaires en augmentant le nombre de campagnes de vaccination et en formant régulièrement des techniciens vétérinaires.

§ Alléger la pression sur la ressource ligneuse du BVRM

L'allègement de la pression sur la ressource passe par la création de nouvelles opportunités de revenus pour les agriculteurs (en particulier ceux qui exploitent la ressource de manière non durable), par la subvention des produits pétroliers et des gaz naturels.

De ce fait on doit :

- Créer des opportunités pour ces gens dans le secteur du service : transport, communication (vente de minutes, cartes de téléphone etc) et loisir (Cinéma).

- Promouvoir la diffusion de technologies énergétiques efficaces dans le secteur des ménages dépendant du bois de feu comme combustibles, et d'autre part, de contribuer à l'amélioration des conditions de vie des populations concernées.

- Promouvoir dans les secteurs (boulangeries, blanchisseries, restaurants) l'utilisation d'équipements efficaces (réchauds, fours, chaudières) utilisant des combustibles de substitution (gaz, kérosène, diesel, électricité) au charbon de bois et de bois de feu en vue de réduire l'offre et la demande de ces combustibles traditionnels dans le bassin versant.

§ Réhabiliter et sécuriser les potentiels des sources afin les rendre facilement accessibles et utilisables (salubrité) par les communautés rurales par:

ü Des actions de protection et mis en défens

- La protection du bassin d'alimentation de toutes les sources par la mise en place des structures anti-érosives et la plantation d'arbres.

ü Des actions d'aménagement

- L'aménagement des sources comme celles de Testar, Mingnin, Candia 1 et 3, Charles Saint par la réalisation de simples captages et de systèmes de distribution de l'eau susceptibles d'assurer aux communautés rurales un approvisionnement en eau suffisant et salubre.

ü Des actions liées à la gestion des points d'eau

-Organiser les utilisateurs des points d'eau en comités capables d'assurer la gestion et la maintenance des aménagements.

§ Substituer les constructions en bois par celles en pierre et en béton, encourager du même coup la construction de latrines au sein des exploitations en vue de préserver les sources de la pollution fécale.

§ Procéder à la relocalisation du marché de Platon sur un site foncièrement et physiquement sécurisé et faire des aménagements minimums sur ce site: eau courante, drainage, latrines, étals pour les marchands, tonnelles pour la protection contre les intempéries.

§ Les activités extra-agricoles

Etant donné que les petits métiers comme : la maçonnerie, l'ébénisterie, la charpente et la couture ont une grande importance dans la diminution de la pression sur les ressources naturelles, il faut les encourager et les subventionner.

5.2.3. Mesures techniques

Cette rubrique se base sur les facteurs suivants : l'occupation actuelle des sols, les risques d'érosion et la pente.

§ Zones de cultures agricoles denses

Elles sont rencontrées surtout dans les zones où les sols ont une potentialité appréciable, la pente est qualifiée de faible (5 - 12%). Elles sont constituées par les cultures comme le caféier, le bananier et le haricot. Elles sont de faibles pentes. Elles occupent un très faible pourcentage dans l'espace soit 1.47% du bassin versant. Dans ce cas des opérations de nettoyage, de regarnissage et de traitement phytosanitaires sont recommandées. Les risques d'érosion peuvent être corrigés par la mise en place des structures simples qui demandent moins d'investissement et de temps de travail, comme des structures de clayonnage faites à partir des résidus de sorgho, de maïs et de pois congo après chaque cycle cultural.

§ Zones de cultures agricoles moyennement denses

Pour les zones de piedmont où les pentes sont faibles (12 - 30%), elles devraient être réservées aux cultures annuelles avec des pratiques culturales ou des mesures permettant la conservation des sols. Dans ce cas, il faut :

- Maintenir la polyculture, en associant toujours l'haricot, le maïs, le sorgho et le pois congo

- Pour prévenir certaines dégradations qui pourraient survenir, on n'a qu'à mettre en place des structures simples en pierre sèches et/ou des canaux de contour.

Pour les mornes à pentes supérieures à 45 % (Candia, Testar, Menti, Loison) on peut :

- Mettre cet espace en défense pour la régénération naturelle

- Ou créer une forêt artificielle avec des espèces faciles à s'adapter dans des conditions difficiles (même très envahissante). Des espèces comme le leucena, le Cassia et certaines variétés d'eucalyptus conviennent.

ü Les systèmes agroforestiers

Dans le cadre de ces systèmes, les recommandations sont faites à la fois les systèmes de cultures pratiquées et le mode de gestion des lots boisés.

- Au niveau des poches dénudées, pour prévenir l'apparition d'une érosion accélérée, l'établissement des structures antiérosives composées de haies vives, de terrasses intermittentes, en utilisant des espèces pouvant être valorisées par le bétail est à conseiller.

Ainsi, la culture de l'igname sur les terrasses pourrait être faite, en amont des structures biologiques, et dans l'espace inter terrasses la culture du haricot, du maïs, du pois congo est conseillée etc.

Quant à la gestion des lots boisés, sur tout le bassin versant, les recommandations suivantes sont faites à savoir:

- Les espèces comme le sucrin, le saman peuvent être exploitées périodiquement par des coupes de nettoyage (émondage, élagage etc), par contre l'abatage doit être interdit.

- La pratique du brûlis dans le but d'élargir l'espace pour les cultures sarclées est à interdire, car le BVRM constitue le château d'eau pour l'alimentation des zones situées en aval (Limbé, Camp Coq).

§ Correction des ravines

En ce qui concerne le traitement des ravines, leur niveau de dégradation et leur régime sont des facteurs importants à considérer.

- Les ravines sèches comme : la ravine Larifi, la ravine Nan Jean, la ravine Dado, la ravine Roux et la ravine Bilée 2 doivent être aménagées par des structures constituées par des sacs en digues de terres, renforcées par des structures biologiques comme le bambou, le bananier, l'ananas et la canne à sucre.

- Les berges des ravines à régimes permanents (ravine Congo, ravine Charrette, ravine Benoît et ravine Garde Bilée) doivent être traitées par des seuils en pierres sèches renforcées par des structures biologiques comme le bambou, le vétiver et l'herbe guinée.

5.2.4. Stratégie d'application du plan

§ La création d'un comité de gestion

L'aménagement des bassins versants ne doit pas être un simple slogan ni l'affaire de quelques uns. Il doit intégrer toutes les entités du bassin versant. A cette fin, les comités de gestion suivants sont proposés :

- Comités locaux : avant toute chose, la mise sur pied des comités dénommés « Organisation Communautaire de Base (OCB) » dans la plupart des grandes localités ayant à leur tête un représentant de l'Etat de la zone (CASEC, ASEC, Mairie). L'OCB aura pour mission de faire passer les revendications de la population en termes de leur besoin primordial et ensuite de veiller à leur prise en compte dans le projet.

- Comité exécutif : En Haïti la gestion des ressources naturelles est sous la tutelle de trois entités (Le MARNDR, Le MDE et le MPCE). Donc un comité représenté par ces trois institutions sera constitué selon leur domaine de compétence. Un tel comité aura pour mission de fournir d'une part l'assistance technique, logistique et, d'autre part, le financement.

§ Le financement de l'aménagement

Le financement d'un projet d'aménagement nécessite la mobilisation de beaucoup de fonds. Le projet doit s'inscrire dans le cadre d'un plan de développement global, de ce fait, le financement peut être recherché à trois niveaux :

- Du côté des bailleurs de fond travaillant dans le domaine

- Du côté de la mairie de la région et/ ou de l'Etat central

- Du côté de la population locale surtout dans le cadre de l'approche participative

5.2.5. Suivi et contrôle

Cette rubrique sera assurée par un comité provenant de la fusion des comités de gestion susmentionnés où tous les acteurs vont prendre part. Ce dit comité doit jouer le rôle d'interface entre les comités locaux et l'Etat central en s'assurant vraiment que les besoins de la population locale soient pris en compte et mis en application.

CHAPITRE VI : BIBLIOGRAPHIE

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