UNIVERSITÉ DE TUNIS
Faculté des Sciences Économiques
et de Gestion de Tunis
MÉMOIRE
POUR OBTENIR LE DIPLÔME
D'ÉTUDES APPROFONDIE EN MÉTHODES QUANTITATIVES
LES EFFETS ÉCONOMIQUES DE LA
SÉCURITÉ SOCIALE: MODÉLISATION ET EXPLICATION POUR LE CAS
TUNISIEN
Présenté et
soutenu publiquement par :
Ezzeddine
M'BAREK
Sous la direction
de :
Monsieur Mongi
BOUGHZALA
Professeur à la faculté des sciences
économiques et de gestion de Tunis
Le 18 décembre 1990 devant
le Jury :
Monsieur Mahmoud SEKLENI professeur, rapporteur
Monsieur Abderrazak ZOUARI professeur,
président
Monsieur Mongi BOUGHZALA professeur, encadreur
La faculté n'entend pas donner aucune approbation ni
improbation aux opinions émises dans les mémoires. Ces opinions
doivent être considérées comme propres à leurs
auteurs.
DEDICACES
-A mon père mohamed et ma mère romdhana ;
-A ma femme Najet ;
-A mes deux filles Amira et Nour el houda.
- A tous mes maîtres et professeurs dans les écoles,
instituts et facultés que j'ai fréquentés depuis 1962
jusqu'au 1990.
- A tous ceux qui m'ont aidé à réaliser ce
modeste travail.
- A mes camarades de l'école primaire de Om Ladham ( el
omma), du lycée mixte de Gammouda (sidi bouzid), du lycée mixte
Houcine Bouzaiene de Gafsa,
de la Faculté des Sciences et Technique de Sfax, de
l'Institut National de la Statistique et de l'Economie Appliquée de
Rabat et de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de
Tunis.
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier vivement mon encadreur le
professeur Mongi BOUGHZALA d'avoir accepté de diriger ma recherche et
pour ses nombreux conseils tout le long du parcours de ce travail.
J'adresse mes sincères remerciements à mes
collègues cadres et responsables de la CNRPS qui m'ont aidé
à la documentation et la collecte des données statistiques et
notamment Jameleddine SEBI de la direction des études et Houcine
KARROUBI de la direction de l'organisation et méthodes.
Je tiens à remercier chaleureusement mes
collègues de l'INS qui m'ont facilité la tache pour
accéder aux fichiers des données statistiques et divers documents
de synthèse et particulièrement Ali BOUZEYANI de la direction de
la comptabilité nationale.
Je remercie aussi l'assistant de l'université
tunisienne et mon collègue de l'INSEA de Rabat (MAROC), Abdeljelil
FARHAT pour ses précieux encouragements dans les moments difficiles.
J'adresse mes vifs remerciements aux différents
enseignants de la faculté des sciences économiques et de gestion
de Tunis et notamment Mohamed salah MATTOUSSI, Abessalem DAMMAK, Khaled EL
MANNOUBI, Mustpha Kamel NABLI, Farouk KRIA, Abdeljabbar BSAIES, Abderrazak
ZOUARI, Mohamed HADDAR, Messoud BOUDHIAF, Mohamed Hédi LAHOUEL, Afif
HENDAOUI, ....,etc.
En fin, je tiens à remercier avec amour et tendresse
ma femme Najet qui n'a cessé de m'encourager en m'offrant la
sérénité et l'ambiance ainsi qu'un soutien sans faille,
pendants des années.
TABLE DES
MATIERES
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DU SYSTEME DE LA SECURITE
SOCIALE EN TUNISIE
Chapitre I : Sécurité sociale en Tunisie
Introduction
Section 1 : Définition de la
sécurité sociale
Section 2 : Présentation des régimes
Section 3 : Financement des régimes
Section 4 : Conclusion
Chapitre II : Historique des régimes
Introduction
Section 1 : Population couverte
Section 2 : Equilibre financier
Section 3 : Investissements et créances
Investissements
Créances
Section 4 : Comparaison des différents
régimes
Section 5 : Conclusion
DEUXIEME PARTIE : ENVIRONNEMENT SOCIO-DEMOGRAPHIQUE ET
ECONOMIQUE
Chapitre I : Environnement socio-démographique
Introduction
Section 1 : Evolution des prestations sociales en
pourcentage du PIB
Section 2 : Tendances démographiques et sociales
Baisse de la natalité
Baisse de la mortalité
Augmentation des personnes âgées
Besoin grandissant de soins de santé
Coût grandissant de soins de santé
Section 3 : Conclusion
Chapitre II : Environnement économique
Introduction
Section 1 : Population active
Section 2 : Demande et offre d'emploi
Section 3 : Salaires
Section 4 : Conclusion
Chapitre III : Régimes de la sécurité
sociale dans le monde
Introduction
Section1 : Les différents systèmes de
retraites existants
Système de retraite par répartition
Système de retraite par capitalisation
Section 2 : L'évolution des systèmes de
sécurité sociale en Europe
Section 3 : La réforme de 1981 au Chili
Section 4 : La sécurité sociale aux
Etats-Unis
Section5 : Conclusion
TROISIEME PARTIE : RELATIONS DE LA SECURITE SOCIALE AVEC
L'ECONOMIE NATIONALE
Chapitre I : Sécurité sociale et politique de
l'emploi
Introduction
Section 1 : Sécurité sociale et promotion
de l'emploi
Section 2 : Sécurité sociale et
équilibre du marché de l'emploi
Section 3 : Enquête par sondage auprès de
la population active
a- Présentation de l'échantillon
b- Questionnaire
c- Résultats
d- Interprétation des résultats
Section 4 : Conclusion
Chapitre II : Incidence de la sécurité
sociale sur la croissance et la répartition
Introduction
Section 1 : Modèle macro-économique
Section 2 : Influence de la sécurité
sociale sur la croissance
Section 3 : Influence de la sécurité
sociale sur la répartition
Section 4 : Conclusion
Chapitre III : Effets des régimes de la
sécurité sociale sur l'épargne
Introduction
Section 1 : Problématique
Section 2 : Essai d'analyse
Section 3 : Approche de la théorie du cycle de
vie
Section 4 : Conclusion
Chapitre IV : Sécurité sociale et
fiscalité
Introduction
Section 1 : Instruments utilisés par le
système de la sécurité sociale
Section 2 : Instruments utilisés par le
système fiscal
Section 3 : Problèmes posés par
l'existence de deux systèmes séparés
Section 4 : Imposition des cotisations de la
sécurité sociale
Section 5 : Imposition des prestations de la
sécurité sociale
Section 6 : Conclusion
QUATRIEME PARTIE : ESSAI DE CONSTRUCTION D'UN MODELE
MACRO-ECONOMETRIQUE
Chapitre I : Cadre théorique du modèle
Introduction
Section 1 : Problèmes financiers des
régimes de la sécurité sociale
Section 2 : Equilibre dynamique de la
sécurité sociale
Section 3 : Caractéristiques des
prévisions sociales
Section 4 : Risques étudiés
Section 5 : Variables prises en considérations
Recettes
Dépenses
Section 6 : Conclusion
Chapitre II : modèle de projection et de
simulation des régimes de sécurité sociale
Introduction
Section 1 : les cotisations
Section 2 : les prestations
Régime de retraite
Régime de décès
Régime d'assurance maladie
Les prestations familiales
Section 3 : utilité du modèle
Section 4 : exemples d'application
Section : Conclusion
Chapitre III : projection de l'équilibre des
régimes
Introduction
Section 1 : Projection globale par régime
Retraite
Assurance maladie
Capital décès
Prestations familiales
Section 2 : Projection globale par caisse
CNSS
CAVIS
CNRPS
CREGT
Section 3 : Projection globale de l'ensemble des
régimes
Section 4 : Conclusion
Chapitre IV : Essai de modélisation de la
sécurité sociale
Introduction
Section 1 : Le facteur législatif
Section 2 : Les facteurs démographiques
Section 3 : Les facteurs économiques
Section 4 : Présentation sommaire du
modèle
Section 5 : Conclusion
CONCLUSION GENERALE
ANNEXE STATISTIQUE
BIBLIOGRAPHIE
INTRODUCTION
GENERALE
La sécurité sociale a été
considérée depuis longtemps par les économistes comme une
partie intégrante des finances publiques.
A l'heure actuelle, elle occupe une place
prépondérante dans une branche tout à fait nouvelle des
sciences économiques appelée l'économie sociale.
Par son rôle en matière de distribution de
revenus, d'allocation des ressources et de promotion de l'emploi, la
sécurité sociale a une grande importance dans le processus de
développement économique et social.
Au fil des années, la couverture sociale a
intéressé une part qui ne cesse de s'accroître de la
population active, en même temps des améliorations sans
précédent au niveau des prestations ont constatées.
Cette tendance a influée, dans beaucoup de pays du
monde et en particulier en Tunisie, négativement sur l'équilibre
financier des régimes de sécurité sociale.
D'où la nécessité de prendre des mesures
d'ajustement pour rétablir l'équilibre, dans un sens ou dans un
autre.
L'augmentation du coût de la sécurité
sociale donne naissance à des problèmes complexes et concrets en
matière de politique économique.
Le but de ce mémoire est d'étudier les mesures
permettant de rétablir l'équilibre tout en assurant un niveau
optimal des prestations. Il est admis que la sécurité sociale est
un mécanisme trop complexe et aux caractéristiques trop
particulières pour être représentée à l'aide
d'un modèle simple.
Le travail s'articule autour de deux points essentiels
à savoir :
-l'étude des effets de la sécurité sociale
sur l'économie nationale afin d'identifier le niveau des prestations
adéquates.
-l'analyse des variables qui déterminent
l'évolution des recettes et des dépenses des régimes de la
sécurité sociales, c'est-à-dire les déterminants de
l'équilibre financier.
Afin de répondre à ces deux
préoccupations, on tentera de construire et d'utiliser un modèle
macro-économétrique approprié.
Une enquête auprès d'un échantillon
d'actifs aidera à dévoiler l'attitude de la population couverte
en cas d'une éventuelle modification des prestations et des
cotisations.
Certains régimes comme la retraite pour la CAVIS,
l'assurance maladie et le capital décès pour la CNRPS sont
déjà déficitaire.
Par contre, les autres régimes connaissent une
détérioration très rapide de leur équilibre
financier compte tenu d'un accroissement plus rapide des dépenses par
rapport aux recettes.
Cette situation ne pourra pas durer longtemps sans
l'application de mesure d'ajustement touchant, soit les prestations, soit les
cotisations.
Compte tenu de l'interdépendance entre la
sécurité sociale et l'économie nationale, tout changement
au niveau des variables explicatives des recettes et des dépenses, peut
avoir des effets sur les variables économiques comme l'emploi,
l'épargne, le produit, la consommation,...etc.
Ainsi, pour aborder un sujet très complexe, il a
été essayé d'analyser la relation entre la
sécurité sociale et l'économie nationale qui paraît
indispensable, car il faut en premier lieu prévoir les
conséquences de tout réajustement non seulement sur
l'équilibre financier, mais surtout sur les agrégats
macro-économiques dont dépendent la croissance et le
développement économique.
En second lieu, pour pouvoir appliquer les mesures
nécessaires d'ajustement, il est clair qu'il faut déterminer les
variables à considérer.
De ce fait, il a été pensé à
construire et à estimer un modèle économétrique qui
explique l'évolution des recettes et des dépenses afin de faire
des projections et des simulations.
Sur ce terrain d'analyse, il y en a seulement deux travaux
empiriques concernant le cas de la Tunisie à savoir :
-L'analyse actuarielle du régime des salariés
des secteurs public et privé.
-Incidences financières de certaines réformes
sur le régime de retraite dans le secteur public.
Le premier travail a été fait par le BIT en
1989. Il cherche à calculer le taux de cotisation d'équilibre
pour des périodes futures allant jusqu'à l'an 2012 compte tenu
des hypothèses de projection sur les facteurs démographiques,
économiques et financiers.
Le second travail a été fait par l'IEQ en 1983.
Il traite l'incidence de certaines réformes, comme
l'élargissement de l'assiette soumise à retenue, l'abaissement de
l'âge de départ à la retraite des ouvriers et
l'amélioration du rendement des annuités liquidables, sur
l'équilibre du régime de retraite de la CNRPS.
La méthode de projection est basée sur des
relations mathématiques montrant l'évolution des recettes et des
dépenses.
Par rapport à ces deux travaux, la démarche
consiste à considérer la sécurité la
sécurité sociale dans son ensemble sans distinguer entre le
secteur privé et le secteur public.
L'élément nouveau présenté dans
ce mémoire est l'analyse de la relation qui existe entre la
sécurité sociale et l'économie nationale laquelle est
totalement ignorée par les travaux cités ci-dessus.
En outre, il a été utilisé comme
méthodes d'analyse, l'élaboration statistique, la
modélisation macro-économétrique et l'enquête par
sondage, ce qui n'est pas le cas pour les travaux de l'IEQ et du BIT.
Le mémoire compte en fait quatre parties
distinctes :
-La première partie donne un aperçu
général sur le système de sécurité sociale
en Tunisie et ses principales composantes et traite par la suite l'historique
des régimes essentiellement en matière de la population couverte
et de l'équilibre financier.
Le but est évidemment de suivre l'évolution des
services offerts par la sécurité sociale et leur
diversification.
-La deuxième partie porte sur l'environnement
socio-démographique et économique de la sécurité
sociale.
-Quant à la troisième partie, elle cherche
à expliquer les relations qui existent entre la sécurité
sociale et l'économie nationale en privilégiant les effets sur
l'emploi, la répartition, l'épargne et la fiscalité.
-En fin, la quatrième partie est consacrée
à un essai de construction d'un modèle
macro-économétrique expliquant l'évolution des recettes et
des dépenses des régimes de la sécurité sociale.
PREMIERE PARTIE :
PRESENTATION DU SYSTEME DE LA SECURITE SOCIALE EN
TUNISIE
CHAPITRE I :
LA SECURITE SOCIALE EN TUNISIE
INTRODUCTION
Nous présentons dans ce chapitre préliminaire
une configuration sommaire sur les régimes gérés par les
différentes institutions de sécurité sociale en place en
Tunisie.
Il existe une différenciation selon le secteur
professionnel public et privé dont chaque caisse s'occupe de ses
affiliés compte tenu d'une législation séparée.
On assiste alors à un niveau de couverture variable,
une méthode de gestion peu comparable vu les caractéristiques de
la population couverte et le contenu des prestations offertes.
Cette structure en place a connu un acheminement vers une
plus grande diversification des prestations, une couverture plus étendue
touchant actuellement presque la quasi totalité de la population active
occupée et une certaine harmonisation des régimes.
SECTION 1 : DEFINITION DE LA SECURITE
SOCIALE
D'après la convention concernant la
sécurité sociale de 1952 :'' la sécurité
sociale est l'ensemble des mesures visant à assurer à tous les
citoyens les soins médicaux ou le maintien d'un niveau de revenu
satisfaisant en cas de maladie, de maternité, d'accident de travail ou
de maladie professionnelle, de chômage, d'invalidité, de
vieillesse et de décès du soutien de famille, ou un revenu
supplémentaire aux personnes qui ont des responsabilités
familiales ''citée dans (KASMI M.S. , 1989).
De même, la sécurité sociale au sens de
la convention 102 de l'organisation internationale du travail (OIT) : les
soins médicaux et indemnités de maladie, les prestations de
maternité et celles d'invalidité, les prestations d'accidents du
travail ou des maladies professionnelles, les prestations aux familles, les
prestations de vieillesse, de survivants et les prestations de
chômage.
La sécurité sociale couvre deux types de
risques à savoir :
- Les risques à court terme : la
maladie et la maternité et dans une certaine mesure les accidents de
travail et les maladies professionnelle.
Ces risques peuvent arriver à n'importe quel moment et
plusieurs fois pour une personne. On peut citer dans cette catégorie de
risques : les régimes d'allocations familiales et la protection
contre le chômage.
- Les risques à long terme : les
régimes de pensions, d'invalidité, de vieillesse et de
survivants.
La sécurité sociale par le biais d'une
couverture contre la maladie, le décès, la vieillesse,
l'invalidité, et le chômage contribue à une
amélioration du moral et de la santé des
intéressés, à de meilleures relations de travail et
à une plus grande stabilité dans le marché de l'emploi.
Ces effets quantitatifs et qualitatifs peuvent promouvoir le
rendement du travail et l'accroissement de la production et de la
productivité au sein de l'entreprise et au niveau de la nation toute
entière.
SECTION 2 : PRESENTATION DES REGIMES
Les régimes actuels de la sécurité
sociale en Tunisie, sont gérés par les structures
suivantes :
1-La Caisse Nationale de Retraite et de Prévoyance
Sociale (CNRPS) gère les régimes du secteur public
à savoir :
-la retraite ;
-la prévoyance sociale ;
-le capital décès ;
-l'assurance maladie.
La population couverte est constituée par les actifs
et les pensionnés de l'Etat, des établissements publics à
caractères industriel et commercial (EPIC) et des collectivités
publiques locales contre les risques de vieillesse, de maladie et de
décès.
2-La Caisse Nationale de Sécurité Sociale
(CNSS) et la Caisse d'Assurance Vieillesse, Invalidité
et Survie (CAVIS), gèrent les régimes du secteur
privé à savoir :
-les assurances sociales ;
-les prestations familiales ;
-la retraite.
La population couverte est constituée par les
salariés non agricoles, les salariés agricoles, les
indépendants agricoles et les indépendants non agricoles du
secteur privé contre les risques de vieillesse, de maladie et de
décès.
3-La Caisse du Personnel de l'Electricité, du Gaz
et des Transport (CREGT) gère les régimes de retraite,
de prévoyance sociale et du capital décès, afin de couvrir
le personnel de le STEG, de la SMLT et de la SNT contre les risques de
vieillesse, de maladie et de décès.
En plus des caisses de sécurité sociale, nombre
d'autres organismes interviennent dans le domaine de la protection
sociale :
-les mutuelles gèrent des régimes d'assurance
maladie ;
-les compagnies d'assurance gèrent les assurances
groupes et les accidents de travail ;
-l'Etat gère directement les prestations familiales et
le fonds des accidents de travail ;
-les entreprises publiques à caractère
industriel et commercial et les collectivités publiques locales servent
directement les prestations familiales ;
-certaines entreprises gèrent l'assurance maladie pour
son propre personnel ;
-le comité national de solidarité sociale joue
un rôle important en matière de protection sociale.
SECTION 3 : FINANCEMENT DES REGIMES
Le financement de la sécurité sociale en
Tunisie est assuré au moyen de contributions versées par les
assurés et les employeurs dans des proportions inégales avec une
participation plus grande des employeurs comme le montre l'exemple suivant
concernant les régimes de base gérés par la CNRPS et la
CNSS-CAVIS.
caisse
|
Contribution des assurés
|
Contribution des employeurs
|
CNRPS
|
7%
|
8%
|
CNSS-CAVIS
|
6,25%
|
17,5%
|
Le niveau des taux de cotisations diffère comme le
constater de l'exemple précédent selon le secteur
d'activité : privé ou public.
La base de cotisations que ce soit pour l'employeur ou
l'assuré et constituée par les salaires et les gains
perçus par l'actif.
Ces taux qui sont fixés par la législation
sociale peuvent être réajustés périodiquement afin
de préserver l'équilibre entre les dépenses et les
recettes des régimes.
Le financement de la sécurité sociale repose en
fait sur certains principes comme le montre la recommandation n°67
relative à la garantie des moyens d'existence adoptée par la
conférence internationale du travail lors de sa 26ème
session tenue à Philadelphie en 1944, énonce au paragraphe 26,
les principes de répartition des frais de sécurité sociale
à savoir :''les frais de prestations, y compris les frais
d'administration, devraient être répartis entre les
assurés, les employeurs et les contribuables dans les conditions
équitables pour les assurés et propres à épargner
des charges trop lourdes aux assurés de ressources modestes et à
éviter toute perturbation à la production'' citée dans
(KASMI M.S., 1989).
Le financement des risques à court terme, comme le cas
de la maladie, est assuré presque toujours selon le système de la
répartition pure qui consiste à affecter les cotisations des
actifs aux pensionnés inactifs par souci de solidarité entre les
générations.
Par contre, les risques à long terme tels que les
régimes de pensions, d'invalidité, de vieillesse et de survivants
sont financés selon le système de primes
échelonnées, c'est-à-dire un système de
répartition qui tient compte d'une manière périodique de
l'équilibre des régimes moyennant des réajustements des
primes.
SECTION4 : CONCLUSION
Le niveau des prestations offertes aux affiliés des
différentes caisses présente une certaine inégalité
compte tenu de l'appartenance à tel ou tel régime ou secteur
professionnel.
Cette vision des choses comptant sur la sectorisation des
prestations met en doute le principe de l'équité de la
sécurité sociale.
La tendance actuelle est d'introduire des passerelles entre
les régimes des deux secteurs pour un éventuel rapprochement dans
un proche avenir.
Il est donc opportun de créer des caisses
spécialisées où chacun se spécialise dans un
domaine particulier : une caisse pour les retraites, une caisse pour
l'assurance maladie,..., etc.
Cette configuration donne une image plus équitable,
une cohérence plus marquée et un moindre frais de gestion.
CHAPITRE II :
HISTORIQUE DES REGIMES
INTRODUCTION
La sécurité sociale datait en Tunisie sous
l'ère du protectorat depuis l'institution du régime de retraite
au profit du personnel d'électricité de gaz et des transports
(décret du 26 août 1948).
Peu après, il y a eu l'institution d'un régime
de prévoyance sociale, du capital décès et de la
retraite (décret du 12 avril 1951) en faveur uniquement des personnels
de l'Etat et des collectivités publiques.
La gestion administrative des telles prestations est
assurée par la caisse de prévoyance sociale (CPS) pour les
prestations de maladie et la caisse de retraite (CR) pour la retraite (loi
n° 59-45 du 15 avril 1959).
C'est deux caisses ont connu une fusion en fin de 1975 pour
donner la CNRPS (article 28 de la loi n° 75-83 du 30/12/1975).
Il faut attendre la fin de 1960 pour instituer un
régime de sécurité sociale en faveur des travailleurs
salariés non agricoles (article 4 de la loi 60-30 du 14 décembre
1960).
Au fil des années, la couverture s'est étendue
à de nouvelles catégories de salariés et les prestations
ont connu des diversifications notables.
SECTION 1 : POPULATION COUVERTE
La population totale couverte par les caisses de
sécurité sociale s'élève à
1 276 870 assurés sociaux en 1989, répartis en
1 075 687, soit 84,2% des actifs cotisants et 201 183 soit 15,8%
des pensionnés dont 65,1% des retraités.
Cette population ne constitue qu'une proportion assez faible
de la population occupée de l'ensemble du pays. En effet, seulement
54,4% des occupés sont couverts par les régimes de la
sécurité sociale en 1989.
Ce taux faible de couverture sociale s'explique
essentiellement par la non affiliation d'une grande partie de la population
visée par les textes législatifs.
Si la population du secteur public est couverte presque en
totalité, sauf peut être une partie des occasionnels, des
contractuels,et des saisonniers, la population du secteur privé
connaît quant à elle un très faible taux de couverture.
A titre d'exemple, ce taux est en 1989 de 16,5% pour les
pêcheurs, 18% pour le régime des salariés agricoles et des
indépendants non agricoles.
On a enregistré durant la période allant de
1980 à 1989, un taux annuel moyen d'accroissement de 6,7% de la
population cotisante contre 11,5% de la la population pensionnée, ce qui
donne une décroissance assez marquée du rapport
démographique (cotisants/pensionnés) passant de 7,9 en 1980
à 5,3 en 1989.
Cette tendance laisse entendre que le nombre de cotisants
pour un pensionné diminue d'une année à l'autre ce qui
signifie que les charges augmentent plus vite que les recettes d'où une
détérioration tendancielle de la situation financière du
système de la sécurité sociale.
SECTION 2 : EQUILIBRE FINANCIER
Durant la période 1980-1989, la recette globale des
régimes de sécurité sociale excède la
dépense globale.
Cette situation excédentaire connaît durant la
même période une détérioration progressive dans le
temps. En effet,le taux de croissance annuel moyen des recettes est de 13,9%
inférieur à celui des dépenses 18,3%, ce qui donne un
passage du taux de couverture des dépenses par les recettes de 156,5%en
1980 à 110,9% en 1989.
La situation des régimes montre que le régime
du capital décès connaît à partir de 1986 une
situation déficitaire qui ne cesse de s'accentuer au fil des
années.
Par contre, les autres régimes de retraite, de
prévoyance sociale et des prestations familiales sont
excédentaires, mais l'évolution des recettes et des
dépenses fait apparaître une tendance où l'équilibre
devient de plus en plus menacé par la détérioration et le
déficit.
En effet, le régime de retraite qui accapare à
lui seul 56,0% en 1989 des recettes totales de la sécurité
sociale et 62,9% des dépenses totales, montre un passage du taux de
couverture des dépenses par les recettes de 147,8% en 1980 à
seulement 107,2% en 1989.
Les autres régimes, en dehors des caisses de
sécurité sociale à savoir le comité de
solidarité nationale, le fonds des accidents de travail et les
assurances groupes connaissent des situations financières
excédentaires sauf pour ces dernières où un déficit
est apparu en 1989.
A l'intérieur de chaque caisse, on constate
que :
-Pour la CNRPS, les régimes de retraite et de
prévoyance sociale sont excédentaires, par contre le
régime d'assurance maladie est déficitaire depuis sa
création, alors que le régime du capital décès est
devenu déficitaire depuis 1986.
-Pour la CREGT, les régimes de retraite et du capital
décès sont excédentaires par contre le régime de la
prévoyance sociale est devenu excédentaire depuis 1986, alors
qu'il est déficitaire auparavant.
-Pour la CAVIS, le régime des salariés non
agricoles, le régime des salariés agricoles et le régime
des indépendants agricoles sont déficitaires durant la
période 1985-1989, par contre le régime des indépendants
non agricoles et le régime complémentaire sont
excédentaires.
-Pour la CNSS, tous les régimes sont
excédentaires.
SECTION 3 : INVESTISSEMENTS ET CREANCES
a- Investissements
En matière d'investissements, les caisses de
sécurité sociale ont fourni un effort appréciable. En
effet, durant la période 1980-1989 la valeur moyenne d'investissements
des caisses de sécurité sociale représente environ 8,7% de
l'investissement total du pays.
Les caisses de sécurité sociale ont investi
dans les domaines économiques et sociaux comme suit :
-Investissements en bons de caisse (36,3%) ou en emprunts
obligataires (1,2%).
-Investissements à caractère
économique : les bons d'équipement et les participations au
capital des sociétés nationales ou dans les secteurs que l'Etat
veut encourager (35,3%).
-Investissements à caractère social : les
prêts aux assurés sociaux (12,2%) et l'immobilier (15,0%).
Compte tenu des difficultés apparues récemment
au niveau des équilibres des régimes de sécurité
sociale, les investissements de l'ensemble des caisses ont connu depuis 1988
une baisse notable ce qui fait qu'elle ne représente en 1989 que 3,8% de
l'investissement total du pays.
b-Créances
Les créances cumulées des organismes de
sécurité sociale au 31/12/1898 totalisent 395 millions de dinars,
alors qu'elles étaient en 1985 d'environ 215 millions de dinars donnant
lieu à un taux d'évolution annuel moyen de 16,4%.
Les créances de la CNSS-CAVIS représentent la
part du lion avec 89,4% de la créance totale de l'ensemble des caisses
de sécurité sociale, suivies par la CNRPS (9,6%) et la GRECT
(1,0%).
Durant la période 1985-1989, les cotisations totales
s'élèvent à 1 714 millions de dinars, ce qui fait que
les créances irrécouvrables par le système de
sécurité sociale représentent 10,5% avec 16,6% pour la
CNSS-CAVIS et 2,7% pour la CNRPS.
SECTION 4 : COMPARAISON DES DIFFERENTS
REGIMES
Il y a une divergence assez nette entre le secteur
privé et le secteur public.
Compte tenu des caractéristiques de la population couverte
et du mode de rémunération des assurés sociaux, les taux
de cotisations sont différents même au niveau de chaque caisse.
En effet, la CNSS-CAVIS gère un régime de base
intéressant les salariés non agricoles du secteur privés
ainsi que les régimes des indépendants et des salariés
agricoles.
Par contre, la CNRPS gère le régime concernant
les salariés du secteur public et parapublic.
La GRECT gère un régime qui s'approche beaucoup
plus de la CNRPS que de la CNSS-CAVIS.
Une autre différence fondamentale, c'est que la CNSS
gère les prestations familiales et les indemnités
journalières en cas de maladie, par contre dans le secteur public c'est
l'employeur lui-même qui s'occupe de ces prestations alors que la CNRPS
offre aux retraités les prestations familiales sans contre partie.
De même, il y a des divergences constatées au
niveau du mode de calcul de la pension. A titre d'exemple, le taux de rendement
des dix premières années d'activité est de 40% dans le
secteur privé alors qu'il est de 20% seulement dans le secteur
public.
Le taux maximum du rendement est de 90% dans le
régime CNRPS contre 80% dans le régime CAVIS.
En outre, il faut remarquer que dans les deux secteurs, c'est le
système de répartition qui est appliqué en matière
de financement et que la nature des prestations fournies par les deux
institutions est presque la même malgré qu'il y a deux
législations différentes.
SECTION 5 : CONCLUSION
Les régimes de sécurité sociale en
Tunisie arrivent actuellement à une situation où la couverture
s'approche aux environs de 90% de la population active contre tous les risques
sauf celui du chômage.
Le grand défi qui se ponte à l'horizon est
inéluctablement celui du financement. C'est en effet depuis quelques
années que les caisses et surtout la CREGT et la CNRPS ont connu des
déficits ou menacées par des jours difficiles.
Les causes essentielles de ce bouleversement sont de nature
économique et démographique. En effet, une activité
économique peu évolutive où le chômage est à
un niveau élevé ne favorise pas la création de l'emploi
à un rythme soutenu.
Le nombre de cotisants à la sécurité
sociale diminue en conséquence d'où une recette de plus en faible
surtout pour les régimes basés sur le système de
répartition appliqué en Tunisie.
De l'autre coté, le vieillissement de la population
affiliée entraine de lourde charge pour les retraités et ce
compte tenu d'une espérance de vie au meilleur niveau grâce aux
avancées médicales, technologiques et du niveau de vie sans
précédent.
DEUXIEME PARTIE :
ENVIRONNEMENT SOCIO-DEMOGRAPHIQUE ET ECONOMIQUE
CHAPITRE I :
ENVIRONNEMENT SOCIO-DEMOGRAPHIQUE
INTRODUCTION
La sécurité sociale ne vit pas loin des
changements économique, sociale et démographique. Son destin et
son avenir sont liés aux différents aléas qui perturbent
la donne de l'économie nationale.
Le système de répartition en place ne sera
viable et performant qu'en cas d'une population jeune et d'une activité
économique génératrice d'emploi en faveur d'une
évolution plus proportionnelle des cotisants par rapport aux
retraités.
Nous présentons dans ce qui suit une image des
tendances passées des différents paramètres qui
influencent l'évolution de l'équilibre des régimes de
sécurité sociale à travers des données
chiffrées.
Il va sans dire que les indicateurs en ce moment pousse la
réflexion à une tendance vers une situation défavorable et
déficitaire et les projections faites au IVème partie, chapitre
III confirment cette constatation.
SECTION 1 : EVOLUTION DES PRESTATIONS SOCIALES EN
POURCENTAGES DU PIB :
années
|
PIB en MD
(1)
|
Prestations en MD
(2)
|
Prestations en % du PIB
|
1980
|
3540,5
|
88,2
|
2,5
|
1981
|
4162,0
|
118,9
|
2,9
|
1982
|
4804,4
|
147,6
|
3,1
|
1983
|
5497,4
|
171,7
|
3,1
|
1984
|
6240,0
|
192 ,7
|
3,1
|
1985
|
6910,0
|
210,3
|
3,1
|
1986
|
7004,0
|
261,1
|
3,7
|
1987
|
7959,0
|
291,9
|
3,7
|
1988
|
8604,6
|
332,2
|
3,9
|
1988
|
9496,7
|
375,4
|
4,0
|
Source : (1) : Budget économique
1990 ;
(2) : statistiques des caisses
Le rapport : prestations/PIB est
passé de 2,5% en 1980 à 4,0% en 1989, ce qui montre que les
prestations durant cette période ont augmenté plus vite que le
PIB (9).
En effet, le taux d'accroissement annuel moyen du PIB durant
la période 1980-1989 est de 11,6% alors que celui des prestations est de
17,5%. De ce fait, le coût de la protection sociale en Tunisie a
augmenté beaucoup plus vite que le PIB.
Ainsi se trouve posé le problème de l'avenir de
la sécurité sociale. On peut donc redouter que le maintien
durable d'un décalage important entre la croissance du produit
intérieur brut et celle, plus soutenue, des dépenses de
protection sociale ne conduise à un certain moment à l'explosion
du système de sécurité sociale.
SECTION 2 : TENDANCES DEMOGRAPHIQUES ET
SOCIALES
a- Bisse de la natalité
années
|
Taux de natalité pour 1000 habitants
|
Indic conjoncturel de fécondité : nombre
d'enfants par femme
|
Taux d'accroissement naturel en %
|
1966
|
45,1
|
7,1
|
3,0
|
1980
|
35,2
|
5,4
|
2,76
|
1981
|
34,4
|
5,2
|
2,68
|
1982
|
32,7
|
-
|
2,54
|
1983
|
31,6
|
-
|
2,47
|
1984
|
32,2
|
-
|
2,57
|
1985
|
31,3
|
-
|
2,46
|
1986
|
31,1
|
4,5
|
2,47
|
1987
|
29,3
|
-
|
2,30
|
1988
|
27,6
|
-
|
2,16
|
1989
|
-
|
3,5
|
-
|
Source : Institut National de la statistique (INS).
Le taux brut de natalité a connu une baisse sensible
passant de 4,5% en 1966 à 24,6% en 1988.
De même, le nombre d'enfants par femme a
diminué ; il est actuellement de 3,5 alors qu'il était de
l'ordre de 7,1 en 1966.
b- Baisse de la mortalité
années
|
1975
|
1980
|
1981
|
1982
|
1983
|
1984
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
Taux bruts de mortalité pour 1000 habitants (1)
|
-
|
7,6
|
7,6
|
7,3
|
6,9
|
6,5
|
6,7
|
6,4
|
6,1
|
6,0
|
-
|
Espérance de vie à la naissance en années
(2)
|
58
|
-
|
-
|
-
|
62
|
-
|
-
|
65
|
-
|
-
|
68
|
(1) : annuaires statistiques de la Tunisie, INS.
(2) : Plans de développement économique et
social, Ministère de développement.
Le taux brut de mortalité a connu une
légère diminution passant de 7,6% en 1980 à 6,0% en 1989.
De même, l'espérance de vie à la naissance a connu une
amélioration sensible, elle était de 58 ans pour les deux sexes
en 1975 alors qu'elle enregistrait 68 ans en 1989.
Cette tendance signifie qu'il y aura de plus en plus de
personnes âgées.
c- Augmentation du nombre des personnes
âgées
années
|
1966
|
1984
|
1987
|
1989
|
% des âgées de 60 ans et plus.
|
5,6
|
6,6
|
6,8
|
7,4
|
Source : Institut National de la statistique.
b- Besoin grandissant de soins de
santé
Au fur et à mesure de l'élévation du
niveau de vie de la population tunisienne, la part des dépenses de
santé croit dans le budget des ménages comme le montre le tableau
suivant tiré de l'enquête budget (structure en %) :
années
|
1980
|
1981
|
1982
|
1983
|
1984
|
1985
|
1986
|
Soins médicaux
|
57,7
|
57,8
|
58,5
|
58,6
|
59,3
|
59,3
|
59,9
|
Soins personnels
|
19
|
19,1
|
19,1
|
19,1
|
19,1
|
19,2
|
19,2
|
Produits d'hygiènes
|
23,3
|
23,1
|
22,4
|
22,3
|
21,6
|
21,5
|
20,9
|
Iotal
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
PIB par tête en Dinars
|
554
|
634
|
717
|
804
|
887
|
851
|
953
|
Source : enquête budget, INS, 1986.

e- Coût grandissant de soins de
santé
Le progrès médical ainsi que
l'élévation des prix des tarifs des actes et des produits
pharmaceutiques ont contribué énormément à
l'accroissement actuel des dépenses de santé.
A titre d'exemple, si on regarde la rubrique des
dépenses médicales et pharmaceutiques du poste entretien,
hygiène et soins, l'indice spécifique des prix base 100 en 1977
est passé de 116,9 en 1980 à 175,7 en 1984.
C'est ainsi que les prix de soins et des produits
pharmaceutiques ont augmenté de 75,7% par rapport au prix des
mêmes articles de l'année 1977.
Actuellement, l'indice spécifique base 100 en 1983
concernant la rubrique entretien, hygiène et soins qui englobe les
dépenses médicales et pharmaceutiques a atteint en l'espace de 6
années la valeur de 143,6 en 1989 accusant ainsi une
élévation des prix par rapport à l'année 1980 de
l'ordre de 43,6%.
années
|
1983
|
1984
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
Indice spécifique
|
100,0
|
104,7
|
112,8
|
122,2
|
132,7
|
139,6
|
143,6
|
Source : annuaire statistique de la Tunisie, INS.
SECTION 3 : CONCLUSION :
Les prestations de la sécurité sociale ont
connu durant la dernière décennie des améliorations
notables, ce qui a engendré une augmentation appréciable du
bien-être social de la population couverte.
Ce gain en bien-être pour les assurés sociaux
peut être mesuré approximativement par la part du PIB
consacrée aux prestations sociales.
Cette part est passée de 2,5% en 1980 à 4,0% en
1989, ce qui veut dire que le bien-être d'un assuré moyen est
amélioré. Le gain net pendant cette période est de 1,5
points.
Ce gain réalisé s'est accompagné par un
financier à la charge des caisses de la sécurité
sociale.
Ce coût s'est aggravé par l'augmentation du
nombre des personnes âgées dans la population active et du
coût de soins de santé.
D'un côté, il y a une exigence sociale pour
maintenir un niveau donné de prestations. De l'autre côté,
le coût de ces prestations va causer un déséquilibre
financier imminent des caisses de la sécurité sociale.
Cette situation conduira à poser la question :
comment assurer un niveau optimal de prestation pour toute la population active
sans compromettre l'équilibre financier des caisses de la
sécurité sociale ?
CHAPITRE II :
ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE
INTRODUCTION
La sécurité sociale est liée
étroitement avec tout le reste de l'économie sociale comme le
montre les modèles que nous proposons dans les chapitres qui suivent.
Tout changement au niveau des variables de nature
économiques comme le salaire, le coût des prestations, la
productivité, l'activité économique en
général, la politique de promotion de l'emploi, l'investissement,
le progrès médical et technologique, ...., a un impact certain
sur le niveau des recettes et des dépenses.
Il est donc non constructif d'analyser les résultats et la
performance de la sécurité sociale selon les notions purement
budgétaire sans tenir compte du phénomène
d'interdépendance et corrélation entre la sécurité
sociale et l'économie sociale.
Il va sans dire qu'une démarche proposant une analyse de
ce lien objet de ce mémoire est la plus pertinente à nos yeux. En
effet, si on peut construire un modèle qui s'approche de la
réalité montant le lien présumé, nous pouvons faire
des mesures, des simulations et des projections crédibles.
Nous présentons alors dans ce qui suit la situation
actuelle de l'environnement économique où la
sécurité sociale affirme son existence pour avoir une idée
claire quant au champ d'investigation et d'expérimentation.
SECTION 1 : POPULATION ACTIVE
La population active (personnes âgées de 18-59
ans qui ont déclaré avoir exercer une activité
économique au moment de l'enquête au cour des trois derniers mois
et des personnes sans travail disponible ou à la recherche d'un emploi)
a connu durant la période 1980-1989 un taux d'accroissement annuel moyen
de 3,7%.
En effet, cette population est de 2 065 400
personnes en 1989, alors qu'elle était de 1 487 000 personnes
en 1980. Quant à la population active occupée, elle est
passée de 1 318 000 individus en 1980 à
1 748 790 en 1989 avec un taux d'accroissement annuel moyen de
3,2%.
Le nombre de chômeurs en 1989 est de 316 610
personnes alors qu'il était de 169 000 personnes en 1980 accusant
ainsi un taux d'accroissement annuel moyen de 7,2% avec un taux de
chômage passant de 11,4% en 1980 à 15,3% en 1989.
Le taux brut d'activité : population
active/population totale, a connu durant la période 1980-1989 une
légère croissance passant de 23,3% en 1980 à 26,1% en
1989.
D'après l'enquête population-emploi de 1989, le
taux brut d'activité le plus élevé, soit 61% est
observé pour les actifs d'âge 25-35 ans alors qu'il est
inférieur à 32% pour les âges supérieurs à 60
ans et inférieurs à 18 ans.
La population occupée selon le statut de la profession
montre que 66,0% sont des salariés et 23,4% des indépendants.
Selon la même enquête, 34,6% de chômeurs
appartiennent à la classe d'âge 20-24 et 21,5% appartiennent
à la classe d'âge 30-34 an
SECTION 2 : DEMANDE ET OFFRE D'EMPLOI
La situation de l'emploi reste caractérisée par
un déséquilibre marqué entre l'offre et la demande. En
effet, la demande additionnelle d'emploi est estimée à
70 000 demandes alors que la capacité de création d'emploi
ne dépasse pas
50 000 places par an.
De ce fait, le nombre de chômeurs varie entre
15 000 et 20 000 personnes selon les années.
Le problème est en effet structurel ; la
croissance économique enregistrée actuellement dans le pays ne
permet pas de résorber le chômage.
années
|
1982
|
1983
|
1984
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
Demande additionnelle
|
60000
|
62000
|
65000
|
67000
|
68000
|
68500
|
69000
|
69500
|
Création d'emploi
|
39700
|
43000
|
42500
|
44600
|
30000
|
40000
|
42000
|
45000
|
Source : Plans de développement économique et
social et Budgets économiques, Ministère du Plan.

SECTION 3 : SALAIRES
Le salaire qui constitue la base de cotisations aux
régimes de sécurité sociale des assurés sociaux et
des employeurs ainsi que le calcul de la pension a connu d'après les
comptes de la nation de 1989, un taux d'accroissement annuel moyen de 5,8%
durant la période 1983-1987.
Années
|
1986
|
1984
|
1985
|
1986
|
1987
|
Salaire et traitement brut en MD
|
2 239,9
|
2 465,0
|
2 665,2
|
2 681,0
|
2 811,4
|
Taux d'accroissement en %
|
-
|
10,0
|
8,1
|
0,6
|
4,5
|
D'autres part, une étude menée par l'INS
concernant l'évolution de l'emploi et des salaires dans la fonction
publique montre que le salaire brut par an et par agent en dinars a connu un
taux d'accroissement annuel moyen de 8,0% durant la période 1980-1989
comme le montre le tableau suivant :
années
|
Salaire brut en D.
|
Taux d'accroissement en %
|
1980
|
1 718,0
|
-
|
1981
|
1 869,0
|
8,8
|
1982
|
2 395,6
|
28,2
|
1983
|
2 588,4
|
8,0
|
1984
|
2 729,2
|
5,4
|
1985
|
2 837,6
|
4,0
|
1986
|
2 926,2
|
3,1
|
1987
|
2 993,0
|
2,3
|
1988
|
3 025,6
|
1,1
|
1989
|
3 441,3
|
13,7
|
Source : note sur l'évolution de l'emploi et des
salaires dans la fonction publique, INS, 1989.
SECTION 4 : CONCLUSION
L'environnement économique durant la période
1980-1898 s'est caractérisé par un taux de chômage assez
élevé (15,3% en fin de période), un
déséquilibre structurel entre l'offre et la demande d'emplois et
un accroissement faible des salaires.
Ces paramètres interviennent dans la
détermination des recettes de la sécurité sociale au
niveau des cotisations. En effet, c'est le nombre effectif des recrutements
dans les postes de travail crées qui constitue la base des cotisants et
non le nombre des personnes en âge d'activité et qui ne peuvent
pas accéder au travail.
Ainsi, cette situation économique qui parait
défavorable pourra influer négativement sur l'équilibre
financier des régimes de la sécurité sociale puisque le
nombre de départ à la retraite augmente plus vite que le nombre
des recrus à cause du vieillissement de la population
affiliée.
Une activité économique plus soutenue moyennant
des investissements dans des projets créateurs de postes d'emploi est de
nature à résorber le chômage structurel et par
conséquent de donner de l'élan aux finances des caisses qui
épousent un système de répartition vulnérable par
essence aux aléas essentiellement démographique.
CHAPITRE III :
REGIMES DE LA SECURITE SOCIALE DANS LE
MONDE
INTRODUCTION
D'après les tableaux de l'édition 1987 du
recueil social security programs throughout the word de l'Association
Internationale de la Sécurité Sociale (AISS), on peut noter qu'il
y a plusieurs points de divergence entre les pays au niveau des risques
couverts, du champ d'application, des sources de financement, des conditions
d'attribution et des prestations allouées.
D'une façon générale, les régimes
de sécurité sociale couvrent la population active contre les
risques suivants : vieillesse, invalidité, décès,
maladie, maternité, accidents de travail et maladie professionnelles, et
chômage.
Les régimes de sécurité sociale prennent
en charge aussi les allocations familiales.
La population active concernée varie selon les pays et
leur degré de développement économique et social.
Certains pays comme la Tunisie prévoient
d'après la législation en vigueur, une couverture quasi-totale de
la population active occupée bien que la réalité montre
que le taux de couverture reste en déca des espoirs escomptés.
Pour d'autres pays, la sécurité sociale ne
concerne que certaines catégories de travailleurs comme les
salariés en général ou seulement les fonctionnaires de
l'Etat.
Pour l'ensemble des pays en voie de développement,
à l'exception des pays socialistes où l'Etat prend en charge le
financement des régimes de sécurité sociale, ce sont les
employeurs et les assurés sociaux qui supportent la charge de la
sécurité sociale avec toutefois une part plus importante de la
contribution patronale alors que le gouvernement n'intervient pas.
L'assurance chômage n'existe qu'au sein des
régimes des pays développés bien que le nombre de
chômeurs dans les pays du tiers monde ne cesse de s'accroître au
fil des années.
Pour le cas des pays développés et vu la
maturité des régimes de sécurité sociale et le
vieillissement de la population couverte, le gouvernement intervient pour
combler le déficit sous forme de subventions.
Tous les régimes de sécurité sociale
dans le monde prennent comme base de cotisations des employeurs et des
assurés les salaires ou le gain perçu par l'agent en
activité.
Pour les allocations familiales, c'est l'employeur ou l'Etat
qui prend en charge exclusivement le coût de cette prestation ;
c'est le cas de tous les régimes dans le monde.
Cette remarque reste valable pour les accidents de travail et
les maladies professionnelles. Si on prend par exemple le régime de
vieillesse, on remarque que les taux de cotisations dans les pays en voie de
développement sont assez faibles par rapport à ceux
pratiqués dans les pays développés.
On remarque aussi que dans certains pays les taux de
cotisations des employeurs sont variables selon la profession ou selon
l'activité économique : commerce, industrie,
services,...etc.
D'une façon générale, la pension
allouée aux retraités est comprise entre un minimum qui
correspond à un pourcentage du salaire minimum soit 2/3 du SMIG ou 60%
du SMIG pour certains pays ; et un maximum qui dépasse rarement 80%
du salaire moyen de trois dernières années ou du dernier salaire
perçu.
SECTION 1 : LES DIFFERENTS SYSTEMES DE RETRAITE
EXISTANTS
a- Système de retraite par
répartition
Ce système très répandu
dans le monde, est fondé sur la solidarité entre les
générations à savoir les actifs d'aujourd'hui et les
retraités de demain.
En effet, les pensions de retraite reçues par les
retraités à un moment donné sont directement
financées par les cotisations sociales prélevées sur les
salaires des actifs.
Ce système garantit à tous les actifs
l'obtention d'une pension de retraite sans tenir compte du revenu reçu
durant la vie active.
Notons que c'est système taxé de
vulnérable aux changements démographiques et ne contribue pas aux
développements économiques. En effet, le transfert
immédiat des cotisations pour le compte des retraités ne peut
dégager un surplus d'épargne.
Le réajustement selon l'activité
économique (en cas de chômage important) et du vieillissement de
la population (le problème démographique) est nécessaire
au bout des périodes plus au moins régulières.
Le paramètre souvent utilisé pour mettre en
état d'équilibre, souci majeur des finances publiques, c'est les
cotisations sociales. Ce qui devient au fil des années un processus
difficile à supporter par les actifs.
De plus, l'ajustement basé sur les cotisations peut
nuire à toute politique visant à lutter contre le chômage
(cas des pays en développement) en augmentant davantage le coût
de la main d'oeuvre par rapport au capital.
Il va sans dire que ce mécanisme d'ajustement peut
interférer avec l'impôt en se manifestant comme un
prélèvement appliqué sur le revenu.
b- Système de retraite par
capitalisation
Ce système, plus récent, suivi dans les
économies libérales comme les Etats-Unis d'Amérique et
l'Angleterre et en état d'expérimentation en Europe et surtout en
Amérique Latine (Chili et autres), se veut neutre aux problèmes
démographiques, concurrentiel, individualiste et plutôt
générateur d'épargne mais plus vulnérables aux
aléas de la bourse.
Ce système est fondé sur l'épargne
individuelle des actifs qui sera fructifié dans les marchés
financiers. Les conditions nécessaires quant à sa réussite
se trouvent dans une économie prospère et un taux de rendement
acceptable.
Si l'inflation est forte, il y aura
dépréciation de la monnaie, ce qui rend les pensions sans valeur
sur le marché des biens et services d'où une perte sèche
pour les retraités.
La tendance actuelle est vers ce qu'on appelle les fonds de
pension dans une ère de mondialisation des transactions et des capitaux
malgré le risque des turbulences financières et des crises
boursières.
SECTION 2 : L'EVOLUTION DES SYSTEMES DE SECURITE
SOCIALE EN EUROPE
Historiquement l'Europe sociale a connu deux grandes familles
de systèmes à savoir :
- les assurances sociales
bismarckienne : elles regroupent la couverture
maladie, les accidents de travail, invalidité et vieillesse et qui sont
instaurées par Bismarck après 1881.
Ces assurances ont une base plutôt professionnelle et
qui sont gérées par les syndicats et les employeurs.
- les services nationaux de santé :
ils sont instaurés suite au rapport Beveridge de 1942 et qui
suivent trois principes à savoir : universalité (ça
concerne toute la population), uniformité (les prestations sont
forfaitaires) et unité (le système est géré par
l'Etat).
Le modèle social aujourd'hui présente une
grande diversité de composantes :
- les modèles d'assurances
sociales : les soins sont remboursés en contrepartie des
cotisations.
- les systèmes publics nationaux de
santé : les soins sont financés par
l'impôt.
Les fonds de pensions sont connus tardivement par les
européens et ont fait une entrée plutôt timide et
controversée dans la scène du vieux continent.
En France, la principale institution sociale
est la sécurité sociale qui gère les régime de base
obligatoires des salariés et des autres catégories
professionnelles (professions indépendantes et agriculteurs) pour les
risques de maladie, la vieillesse et la famille.
Mais à coté de ce système de base il y a
d'autres régimes spécifiques et complémentaires :
- Les régimes complémentaires obligatoires de
retraite (AGIRC, ARRCO) ;
- Le régime du chômage (Unedic et Assedic) ;
- Le régime public ou Aide sociale ;
- Les régimes complémentaires facultatifs
d'assurance maladie (mutuelles et institutions de
prévoyance) ;
- Les régimes d'entreprise ;
- Le régime des institutions sans but lucratif au service
des ménages et des individus.
SECTION 3 : LA REFORME DE 1981 AU CHILI
Le Chili a procédé en 1981 à une
transformation radicale de son régime public à prestations
déterminées géré selon les principes de
répartition en un régime obligatoire à cotisations
déterminée basé sur la capitalisation et la gestion des
fonds de pensions.
Devant le succès de régime, le Chili est pris
comme exemple pour d'autres pays d'Amérique Latine mais les
résultats escomptés ne sont pas du même ampleur pour
tous.
La mise en place du système de fonds de pension dans
ces pays a été motivée pour essentiellement deux raisons
principales :
- Mauvaise gestion des systèmes publics de
répartition en place ;
- Collecter de l'épargne pour faire face à la
pénurie séculaire de l'épargne interne afin de financer le
développement économique en stagflation.
Mais on a observé q'une grande partie des fonds s'est
investie dans des obligations étatiques dont le rendement s'avère
faible par rapport à celui pratiqué au marché.
De même, les frais de gestion sont
considérés exorbitants par rapport aux au niveau des cotisations
prélevée ce qui affectent le montant des pensions
octroyées au moment de la retraite d'une part ainsi que le montant
épargné d'autre part.
Les études faites sur les effets des régimes
basés sur la capitalisation dans les pays en voie de
développement ne sont pas nettes et clairs vu l'interdépendance
de la sécurité sociale avec le reste de l'économie.
C'est au moment du démarrage du système et
avant maturation qu'on observe une amélioration du taux d'épargne
à cause de l'absence des mécanismes d'anticipations rationnelles
et anticipatives des agents économiques.
Les études sur le capital investi montrent que une
grande partie s'est orientée vers le logement et les entreprises
privées de services mais très peu au système productif.
De plus, un système de fonds de pension volontaire
risque de ne pas attirer de cotisants à cause des frais de gestion
très élevés et l'existence des risques de perte de
rendement et des crashs boursiers sur les marchés financiers
déjà mondialisés.
Et c'est pour ces multiples raisons que la plupart des pays
observent une certaine prudence allant parfois à la méfiance de
mettre en place un système de retraite basé sur les fonds de
pension.
Pour d'autres pays, c'est le moment de tenter
l'expérience à cause des problèmes démographiques
aigus mais en procédant par l'introduction des régimes de
capitalisation soit volontaires soit en complément d'un régime de
base géré selon le principe de la répartition
(configuration par piliers).
SECTION 4 : LA SECURITE SOCIALES AUX
ETATS-UNIS
Le système fédéral américain de
retraite a été mis en place par Franklin D.Roosevelt après
la grande crise de 1930. Il y a eu en effet, la création du social
security act 1935.
Ce nouveau système est inspiré du dispositif
installé par Bismarck en Allemagne à la fin du XIXème
siècle qui est géré selon le principe de
répartition.
Au fil des années, plusieurs réformes ont
été entreprises en défaveur du régime par
répartition qui sera progressivement remplacé par les fonds de
pension.
Fondé sur la solidarité, l'entraide entre les
générations et le partage collectif des risques, la retraite par
répartition est la pièce maitresse de ce qui reste du
système public de protection sociale américaine.
Mais comme en Europe, le vieillissement de la population
menace sa pérennité sous l'impact de l'allongement de la
durée de vie des retraités dont leur nombre augmente plus vite
que le rythme d'accroissement des cotisants.
La loi fédérale ERISA (Employment Retirement
Income Security Act) de 1974 a donné une impulsion considérable
au marché des fonds de pension.
On distingue alors trois types de FP :
- Les FP du secteur public (des Etats et des collectivités
locales) ;
- Les FP d'employeurs du secteur privé ;
- Les FP multi-employeurs, appelés aussi FP Taft-Hartley
ou encore FP syndicaux.
SECTION 5 : CONCLUSION
Le paysage du monde de la retraite tend vers
la complexité, l'émergence de nouveaux régimes
basés sur la pure capitalisation, la mixité des régimes ou
simplement la répartition avec des ajustements échelonnés
dans le temps pour résorber le déficit.
Le vieillissement de la population surtout dans les pays
développés ne laisse aucun choix pour réformer leur
sécurité sociale pour plus de souplesse et de
flexibilité.
Si les pays développés changent de cap par
contrainte essentiellement démographique, les pays en voie de
développement cherchent à résorber un déficit
interne chronique en optant pour une épargne forcée.
C'est ainsi que se développe partout dans le monde des
régimes de fonds de pension et ce malgré que les résultats
ne sont pas toujours probants vu les secousses financières qui frappent
les marchés financiers et boursiers jusqu'à l'effondrement.
Pour les pays en voie de développement et
indépendamment de l'expérience chilienne connue par leur
succès des périodes de démarrage, le temps est pour la
prudence.
Il est très difficile pour eux de remplacer purement
et simplement le régime par répartition en place par un
régime de capitalisation puisque les revenus distribués au profit
de la majorité de la population restent faibles et ne peuvent supporter
des taux de cotisations élevés.
La tentative pour certains pays est la mise en place d'un
régime formé de piliers où le régime de
répartition occupe le noyau dur du dispositif et le reste c'est pour les
régimes complémentaires.
TROISIEME PARTIE :
RELATIONS DE LA SECURITE SOCIALE AVEC L'ECONOMIE
NATIONALE
CHAPITRE I :
SECURITE SOCIALE ET POLITIQUE DE L'EMPLOI
INTRODUCTION
La promotion de l'emploi constitue un
objectif prioritaire de nos plans de développement économique et
social.
Cette promotion ne dépend pas seulement d'une
augmentation et d'une nouvelle orientation des investissements ou de
l'encouragement à de nouvelles opportunités de catégories
d'emplois.
Elle est également liée à
l'aménagement de l'environnement économique et social de l'emploi
dans un sens plus favorable à la création d'emplois nouveaux et
à la consolidation des emplois existants.
La sécurité sociale constitue l'une des
pièces maîtresses de cet environnement. En effet, un climat social
serein est de nature à influencer positivement la productivité de
l'employé qui se trouve impliquer davantage dans le processus de la
production en sachant que le gain dégagé peut lui procurer
satisfaction et avantages.
Les dépenses en soins de santé au profit des
travailleurs et leurs ayant droit constituent un moyen d'assurance pour le
maintien de la force du travail en bon état pour qu'elle contribue au
progrès de l'entreprise et de la nation.
La protection des salariés contre les risques de la
vie tels que chômage, invalidité, maladie, vieillesse,....,
cherche en fait à entretenir et à promouvoir le facteur essentiel
du processus de production qui est les ressources humaines.
SECTION 1 : SECURITE SOCIALE ET PROMOTION DE
L'EMPLOI
Les cotisations sociales à la charge des employeurs
sont actuellement assises sur les salaires distribués par
l'entreprise.
Les charges sociales, pour une entreprise qui se conforme
à la législation , ne représentent pas moins de 40% des
salaires distribués comme le montre le tableau ci-dessous concernant les
charges sociales des entreprises dans le secteur privé.
libellé
|
Taux en %
|
Cotisation sécurité sociale
|
17,50
|
Taxe de formation professionnelle
|
2,00
|
Contribution FOPROLS
|
2,00
|
Assurance accident de travail
|
2,00
|
Médecine de travail
|
2,00
|
Congés et jours chômés payés
|
10,00
|
Vêtements de travail
|
2,00
|
Timbre et feuilles de paye
|
0,55
|
Assurance groupe
|
2,00
|
total
|
40,05
|
Cette charge est difficile à supporter par un grand
nombre d'entreprises ce qui les incitent à sous déclarer les
assiettes de cotisations ou à refuser purement et simplement de se
déclarer.
En effet d'après la CNSS, en moyenne un salarié
sur cinq soit 20% n'est pas déclaré par son employeur et que les
salaires eux-mêmes sont sous déclarés ce qui veut dire que
les cotisations patronales ne représentent plus que 9,8% au lieu de
17,5% de la masse salariale effective.
D'un autre côté, le cumul des créances
des régimes de sécurité sociale est de 395 MD en 1989
alors qu'elles étaient de 215 MD en 1985.
La CNSS occupe une place prépondérante avec une
créance de 353 MD en 1989 soit 89,4% de l'ensemble des créances
du système de la sécurité sociale, alors que la part de la
CNRPS est de 9,7% seulement, ce qui laisse croire que, si le taux de cotisation
est élevé, la créance sera de même :
Caisse
|
Cumul des créances en 1989
|
Taux de contribution des employeurs
|
CNRPS
|
38 MD
|
9,5
|
CNSS
|
353 MD
|
17,5
|
Les créances du système de
sécurité sociale durant la période de 1985-1989
représentant 9,4% des cotisations totales de la même
période.
En dehors de ces inconvénients, il y a lieu de se
demander si cette assiette ne constitue pas, en réalité, un frein
à la promotion de l'emploi, dans la mesure où elle
pénalise les entreprises à fort coefficient de main-d'oeuvre.
Elle risque du reste d'inciter les employeurs à
recourir au système des heures supplémentaires, non
déclarées, qui représentent un important volume d'emploi
et de les rendre réticents à toute amélioration de
salaires.
Il faut noter à cet égard que le taux de
cotisations patronales (17,5%) et la taxe assise sur les salaires (4%) sont
plus élevés en Tunisie que dans les pays comparables, concurrents
ou ayant réussir dans leur stratégie de promotion de
l'exportation, comme par exemple la Corée du Sud (4,0%), le Taiwan
(5,6%) et le Maroc (12,0%).
Plusieurs options ont été envisagées
à travers le monde dont certaines ont été mises en
application en vue d'introduire plus d'efficacité au niveau du
système de financement de la sécurité sociale.
-Asseoir les cotisations sur les bénéfices :
une telle procédure conduirait à une pénalisation des
entreprises dynamiques et bénéficiaires et encouragerait celles
qui sont déficitaires avec le risque de fraude.
De même, le bénéfice qui constitue un
élément un élément très instable d'une
année à l'autre ne peut en aucun cas assurer un équilibre
financier permanent pour les caisses de sécurité sociale.
-Retenir la valeur ajoutée comme base de calcul des
cotisations : cette méthode a l'avantage d'être neutre envers
les facteurs de production car elle pèse à la fois sur le capital
et sur le travail.
La difficulté de cette solution est le saisi correct
de la valeur ajoutée.
En effet, très peu d'entreprises sont en mesure de
dégager mensuellement ou trimestriellement la valeur ajoutée de
leur activité car cela exige une comptabilité rigoureuse et
à jour ce qui est difficile à réaliser pour bon nombre
d'entreprises surtout les non structurées.
-La fiscalisation du système de financement de la
sécurité sociale : certaines prestations à
caractère généralisé et non liées à
l'activité professionnelle peuvent être financées
directement par le budget de l'Etat comme le cas du minimum garanti, les
prestations familiales, les prestations de soins de base.
De même, on peut affecter des taxes
particulières aux régimes de sécurité sociale.
Mais ce système peut augmenter la pression fiscale qui
sera mal accueillie par les contribuables.
-Système de la modulation des charges sociales : il y
a lieu sans mettre en cause le système d'assiette basé sur les
salaires et en vue d'encourager l'emploi, d'exonérer partiellement du
paiement des cotisations patronales pour une durée variable selon la
zone d'implantation, le nombre d'emploi, la nature de
l'activité...etc.
Il ressort d'une étude menée en 1984 que les
mesures visant à réduire le coût de la main-d'oeuvre et
notamment les exonérations des charges sociales ont un impact
relativement faible comparé à celui des mesures jouant sur le
coût d'utilisation du capital.
La réduction du coût du travail se situe suivant
les zones d'implantation entre 0 et 9% alors que celle du coût
d'utilisation du capital est comprise entre 18 et 46%.
Donc, malgré les exonérations accordées,
la variation du coût relatif des facteurs de production favorise ainsi
une plus grande utilisation du capital au détriment de l'emploi.
SECTION 2 : SECURITE SOCIALE ET EQUILIBRE DU
MARCHE DE L'EMPLOI
La sécurité sociale peut constituer un
élément de motivation essentiel pour l'orientation des
travailleurs vers des secteurs d'activité jugés prioritaires.
La couverture des secteurs des industries, du commerce et des
services explique en partie les mouvements de travailleurs des campagnes vers
les villes, ainsi que les mouvements intersectoriels.
Il a été remarqué par exemple, que
certains travailleurs du bâtiment, employés dans des entreprises
non déclarées à la CNSS, quittent l'activité du
bâtiment pendant la saison oléicole pour travailler dans les
huileries où ils peuvent bénéficier de la protection
sociale.
De ce fait et pour éviter certains transferts
inopportuns et pour stabiliser certaines catégories d'emplois
(bâtiment et agriculture notamment), il y a lieu d'envisager :
-Un renforcement du contrôle de l'administration afin
d'obtenir une affiliation des entreprises couvertes par le régime de la
sécurité sociale mais non encore affiliées et à
vérifier si tous les actifs sont adhérents et si les
déclarations de gains sont exactes.
-Pour le secteur non structurée, il faut penser à
des taux de cotisation de faveur permettant l'octroi à un nombre, qui ne
cesse de s'accroître de travailleurs, l'assiette nécessaire afin
de sécuriser et de stabiliser l'emploi dans les unités de
production.
-Il est souhaitable d'envisager une extension de la couverture
sociale à d'autres couches de la population notamment les artisans, les
travailleurs agricoles saisonniers, et les travailleurs des chantiers
publics.
SECTION 3 : ENQUETE PAR SONDAGE AUPRES DE LA
POPULATION ACTIVE
L'enquête effectuée a pour objet de collecter
des informations sur l'opinion des actifs occupés et des chômeurs
sur :
-les services rendus par la sécurité
sociale ;
-les taux de cotisation pratiqués ;
-les changements éventuels en matière de
financement et de couverture de la sécurité sociale.
Cette enquête peut donner des renseignements sur les
effets de la sécurité sociale sur l'offre et la mobilité
de l'emploi. Elle peut encore donner des réponses sur le niveau
souhaité des prestations.
A- Présentation de l'échantillon :
La base de sondage utilisée pour réaliser
l'enquête auprès des actifs occupés est constituée
de 17 878 personnes de 22 entreprises nationales dont les
caractéristiques sont les suivants :
informations
|
Agents statutaires
|
Agents contractuels
|
Ouvriers occasionnels
|
Ouvriers agricoles
|
Effectifs au 31-09-1990
|
10 853
|
218
|
3 100
|
3 707
|
Salaire brut mensuel moyen en D.
|
270
|
190
|
110
|
117
|
Age moyen en années
|
38
|
28
|
35
|
47
|
Nbre d'années jusqu'à l'âge de retraite
|
34
|
34,5
|
22,4
|
19
|
Ancienneté moyenne en années
|
12
|
2,5
|
2,4
|
11
|
Taux de rendement des annuités en %
|
78
|
79
|
54,8
|
47
|
L'enquête a porté sur un échantillon de
10% de l'effectif total, soit 1 788 personnes avec 1 430 (80%) de
sexe masculin et 358 (20%) de sexe féminin en rapport avec les
proportions des femmes et des hommes en activité.
En plus de cet échantillon, 286 personnes
considérées comme demandeurs d'emploi ont été
interviewées.
Ces personnes, dont 28,7% des femmes et 71,3% des hommes, se
sont présentées à l'office de l'emploi, rue d'Italie
à Tunis, durant les mois de septembre et d'octobre 1990.
Pour effectuer l'enquête, un questionnaire dont
ci-joint le contenu en détail, a été
confectionné.
Le questionnaire se divise en trois parties :
1- La première partie concerne les informations
générales sur les personnes enquêtées ;
2- La deuxième partie s'intéresse aux questions
posées aux actifs occupés ;
3- La troisième partie contient les questions
posées aux chômeurs désireux de travailler.
B- Questionnaire :
I- Informations
générales :
1. Age : ans.
2. Sexe : a. masculin
b. féminin
3. Etat civil : a. marié(e) b.
célibataire c. divorcé(e) d. veuf(ve)
4. Nombre d'enfants :
5. Employeur :
6. Date d'entrée e service :
II- Personnes actives
occupées :
7. Les prestations sociales sont-elles ?
a. nécessaires :
b. non nécessaires :
8. Quelle est la prestation qui vous intéresse le
plus?
a. retraite :
b. couverture maladie :
c. couverture décès :
d. allocation familiale :
9. Si votre employeur décide de ne plus
être affilié à la sécurité sociale :
a. pensez-vous changer d'employeur ? a1.oui
a2.non
b. si oui, qu'est ce qui vous attire le
plus
b1. un salaire meilleur
b2.existence d'une couverture
sociale
10. En cas d'un déficit des régimes de
sécurité sociale, que préférez-vous?
a. une augmentation des taux de
cotisations :
b. une diminution du niveau des
prestations :
c. une intervention de l'Etat :
11. Les taux de cotisations pratiqués
actuellement sont :
a. excessifs :
b. acceptables :
c. faibles :
12. Le niveau actuel des prestations est :
a. acceptable :
b. n'est pas acceptable :
c. nécessite une
amélioration :
III- Personnes en chômage :
13. Si vous trouvez un emploi, est-ce que vous
l'accepterez au cas où il n'y a pas de couverture sociale?
a. oui b. non
14. Vous préférez travailler dans une
entreprise qui vous offre :
a. un salaire élevé sans couverture
sociale?
b. un salaire moyen avec couverture sociale?
15. Est-ce que vous êtes informé sur les
régimes de sécurité ?
a. oui b. non
16. Quelle est la situation que vous
préférez?
a. payer une forte contribution maintenant et
bénéficier d'une pension élevée au moment de la
retraite.
b. ne rien payer du tout sans
bénéficier d'une pension de retraite?
c. payer une contribution faible maintenant et
bénéficier d'une pension modeste ultérieurement?
17. Est-ce que vous pensez qu'il soit réaliste
d'économiser une part du salaire afin de l'utiliser au moment de la
retraite?
a. oui b. non
18. Vous préférez que la
sécurité sociale soit :
a. obligatoire b.
facultative
C- Résultats de l'enquête :
Numéro de la question
|
Proportion en %
|
7a
|
98
|
7b
|
2
|
8a
|
50
|
8b
|
35
|
8c
|
10
|
8d
|
5
|
9a1
|
70
|
9a2
|
30
|
9b1
|
40
|
9b2
|
60
|
10a
|
10
|
10b
|
2
|
10c
|
88
|
11a
|
40
|
11b
|
58
|
11c
|
2
|
12a
|
30
|
12b
|
20
|
12c
|
50
|
13a
|
80
|
13b
|
20
|
14a
|
30
|
14b
|
70
|
15a
|
25
|
15b
|
75
|
16a
|
70
|
16b
|
10
|
16c
|
20
|
17a
|
20
|
17b
|
80
|
18a
|
60
|
18b
|
40
|
D- Interprétation des
résultats :
1. La sécurité sociale joue un rôle
important dans la vie des travailleurs et elle s'avère nécessaire
dans 90% des cas. De plus, 70% des enquêtés pensent changer
d'emploi si leur employeur décide de ne plus être affilié
à la sécurité sociale.
De même, environ 70% des interrogés
préfèrent un salaire moyen avec couverture sociale au lieu d'un
salaire élevé sans protection sociale.
2. La sécurité sociale peut être un
élément essentiel pour orienter l'offre de l'emploi au même
titre que le salaire ou plus.
En effet, 60% des gens sont plus attirés par
l'existence de la sécurité sociale que par le fait d'obtenir un
meilleur salaire.
De même, 70% des chômeurs préfèrent
travailler dans une entreprise qui offre un salaire moyen avec une couverture
sociale,par contre, 30% seulement préfèrent un salaire
élevé sans couverture sociale.
3. En cas d'un déficit des régimes de
sécurité sociale, 88% des actifs suggèrent l'intervention
de l'Etat au lieu d'augmenter les taux de cotisations (10%) ou de diminuer le
niveau des prestations (2%).
4. 58% des actifs jugent que les taux de cotisations
pratiqués actuellement sont acceptables, par contre, 40%
considèrent qu'il s sont excessifs.
Donc, les gens ne sont pas généralement aptes
à supporter une charge supplémentaire et qu'ils
préfèrent l'intervention de l'Etat.
5. 50% des assurés sociaux souhaitent une
amélioration des prestations actuelles alors que 30% considèrent
qu'elles sont acceptables.
6. Un grand nombre de demandeurs d'emploi (75%) ne sont pas
informés sur les régimes de sécurité sociale.
7. La plupart des gens (70%) préfèrent
contribuer davantage maintenant et bénéficier d'une pension
élevée ultérieurement ; alors que seulement 20%
voient le contraire, les 10% qui restent ne s'intéressent nullement
à une pension de retraite.
8. 20% seulement pensent qu'il est possible
d'économiser une part de salaire l'utiliser durant la période de
retraite, ce qui laisse croire que la majorité préfère
contribuer dans une caisse de sécurité sociale.
9. 60% des enquêtés estiment que la
sécurité sociale doit être obligatoire parce qu'en
général les gens qui ont des revenus faibles
préfèrent une consommation immédiate au lieu
d'économiser une partie pour des fins de long terme.
SECTION 4 : CONCLUSION
Cette enquête a pu donc nous renseigner même
partiellement sur le fait que la sécurité sociale, est
nécessaire pour assurer la stabilité de l'emploi, d'orienter
l'offre est de la stimuler.
En effet, l'agent cherche une couverture pour lui et pour sa
famille en cas de maladie, de vieillesse ou de décès. Il se sent
protégé contre les risques de la vie à travers une
solidarité entre les générations à laquelle chacun
contribue avec une part de son gain.
A part le coté pécuniaire, la
sécurité sociale offre au travailleur l'assurance et la
sécurité qui constituent un stimulant psychologique
nécessaire pour l'accroissement de l'effort et du sacrifice pour le bien
du développement économique et du progrès.
La plupart des actifs souhaitent une amélioration des
prestations et en même temps ne sont pas disposés à
contribuer davantage pour la financer.
De ce fait, on peut conclure que le bien être social
n'est pas encore atteint d'après les assurés d'une part, et que
la part contributive à la charge des actifs est assez
élevée d'autre part.
Il est donc impopulaire, compte tenu de cette attitude, de
penser à un réajustement de l'équilibre financier, en cas
du déficit, basé sur la diminution du niveau des prestations
acquis ou sur l'augmentation du taux de cotisation pratiqué.
CHAPITRE II :
INCIDENCE DE LA SECURITE SOCIALE SUR LA CROISSANCE ET
LA REPARTITION
INTRODUCTION
Nous avons utilisé le célèbre
modèle très connu par les économistes de croissance
économique de Domar-Harrod pour pouvoir montrer le lien entre la
sécurité sociale et le reste de l'économie.
On a choisi dans ce chapitre de mettre en relief l'incidence
de la sécurité sur la croissance économique et la
répartition du gain en intégrant dans le modèle de base de
nouveaux paramètres représentant la sécurité
sociale à savoir les taux de cotisation et de prestation d'une part et
les taux d'épargne et d'investissent d'autre part.
On a pu donc dégager par la suite une relation entre
ces paramètres et le taux de croissance du produit.
La discussion qui en découle par la suite se porte sur
les effets des variations de ces paramètres sur la croissance et la
répartition.
SECTION 1 : MODELE MACRO-ECONOMIQUE
Pour mesurer l'impact de la sécurité sociale
sur la croissance et la répartition, un modèle de Harrod-Domar a
été utilisé bien qu'il repose sur des hypothèses
très rigides (Domar,1946 et Harrod,1960).
Le modèle de croissance de type Hrrod-Domar comporte
trois variables : le produit ou le revenu réel (Y), la force de
travail (L) et le stock de capital (K).
Il suppose l'équilibre sur le marché des biens
et services c'est-à-dire l'égalité de l'investissement et
de l'épargne.
Les équations fondamentales du modèle
sont :
(1) Kt = v Yt v étant un coefficient fixe
appelé coefficient du capital, t est l'indice du temps.
(2) Lt = u Yt cette équation traduit l'équilibre
entre l'offre et la demande d'emploi, u est un coefficient constant.
(3) St = s Yt avec St : épargne totale et s c'est
la propension moyenne à épargner.
(4) It = ÄKt l'investissement net réalisé
résulte de la variation du stock de capital.
(5) It = St c'est l'équilibre sur le marché des
produits et services.
(6) Yt = y0 (1+g)t avec g : taux d'accroissement du
produit et Y0 : valeur de Y à l'année de base.
Pour analyser les effets de la sécurité, on
ajoute d'autres équations :
(7) Bt = b Yt Bt : cotisations totales reçues
par la sécurité sociale
b : taux de cotisations
fixe
(8) Xt = r Kt Xt : rémunération du
capital
r : taux
d'intérêt
(9) Ct = c Yt + At Ct : consommation finale totale
c : propension moyenne
à consommer
At : prestations
totales
(10) Yt = Ct + It équation d'équilibre qui
retrace la formation du produit
(11) Yt = Wt + Xt équation d'équilibre qui
retrace la répartition du produit entre salaire total W et produit X
(12) At = a Yt a : taux de prestations
Pour intégrer la sécurité sociale au
niveau de l'épargne et de l'investissement, on considère les deux
équations suivantes :
(13) s = ss + sm
(14) v = ve + vs
Ces deux relations supposent que l'épargne nationale
est la résultante de l'épargne des ménages (sm) et de la
sécurité sociale (ss) et que l'investissement national
résulte de l'investissement des entreprises (ve) et de la
sécurité sociale (vs) exclusivement.
A l'équilibre, on peut écrire
l'égalité macro-économique suivante :
(15) Ct + It = Wt +Xt = Ct + St = Yt
Soit W't le salaire total net des cotisations:
(16) Wt -Bt = W't
(17) W't = w' Yt w' : taux de salaire net de
cotisations
Donc l'équation (15) devient :
(18) Ct + It = W't +Bt + Xt = Ct + St = Yt
Divisons l'équation (18) par Yt, on aura compte tenu
des relations (1), (3), (4), (5), (6), (7), (8), (9) et (12).
(19) c+a+v.g = w' + b + r.v = c +a + s =1
Dérivons les relations les plus importantes de cette
équation fondamentale :
La première relation est obtenue en prenant
l'égalité :
c + a +v.g = c +a + s ce qui donne v.g =s
D'où :
(20) g = s/v c'est la relation de HARROD-DOMAR appelés
taux de croissance garanti.
Cette relation importante définit le taux
d'accroissement du produit en fonction du taux d'épargne et du
coefficient du capital.
La deuxième relation est obtenue en prenant
l'égalité :
c + a + v.g = w' + b +r.v ce qui donne :
(21) c = w' + b -a + v(r-g)
Cette relation décrit la propension moyenne à
consommer en fonction de :
w' : taux de salaire net de cotisation
b : taux de cotisation
v : coefficient du capital
r : taux d'intérêt
g : taux d'accroissement du produit
a : taux de prestations
La troisième relation vient de l'égalité
suivante :
w' +b+r.v=1 et des équations (13) et (14) :
(22) r = (1-w' -b)/(ve+vs)
Cette relation décrit la taux d'intérêt
en fonction de w', b et v.
La quatrième relation s'obtient à partir de
l'égalité :
w' +b + r.v = c + s + a et des équations (13) et
(14) :
(23) r= (a + c+sm +ss-w' - b )/(vs + vs)
Cette relation décrit le taux d'intéret en
fonction de c, s, w' a-b et v.
SECTION 2 : INFLUENCE DE LA SECURITE SOCIALE SUR
LA CROISSANCE
Considérons les trois relations (20), (13) et
(14 :
(20) g= s/v
(13) s = ss +sm
(14) v = vs +ve
De ce fait, le taux de croissance d'équilibre du
produit peut s'écrire de la manière suivante :
g= (ss +sm ) / (ve+vs)
Donc, c'est à partir d'une décomposition
sectorielle qu'on peut voir l'effet de la sécurité sociale sur la
croissance à travers les paramètres ss et vs.
La question qui se pose est de savoir si ss et vs
interviendront ou non et ensuite si la sécurité peut modifier les
grandeurs sm et ve.
La première question dépend étroitement
du régime financier choisi, par contre la deuxième, il s'agit de
savoir si l'introduction de nouvelles cotisations diminue ou non la
capacité d'épargne dans les autres secteurs, surtout celle des
ménages (voir chapitre III de la troisième partie).
Il est toutefois possible que la sécurité
sociale demeure neutre dans ses effets en cas d'un régime de
répartition puisque celui-ci n'engendre aucun ss et vs ou
éventuellement une part très faible et c'est le cas de le
Tunisie.
En effet, les régimes de la sécurité
sociale en Tunisie ont investi une part très faible de l'investissement
total, soit 3,8% dont 15,0% en immobiliers et 85% des placements
financiers.
De même, le réserve de l'ensemble des
régimes de la sécurité sociale ne constitue que seulement
11,6% des cotisations totales reçues en 1989.
De plus, l'effet de la sécurité sociale est
neutre lorsque le régime financier à base de capitaux
(régime de capitalisation) compense une diminution de sm par une
augmentation de ss.
Dans le cas d'un régime de répartition avec
pratiquement ss=0 et si sm régresse de manière sensible à
la suite de l'introduction de cotisations trop élevées, la
croissance économique s'en trouve en fin de compte freinée.
SECTION 3 : INFLUENCE DE LA SECURITE SOCIALE SUR
LA REPARTITION
L'influence de la sécurité sociale
réside dans les cotisations prélevées sur les salaires.
Considérons les relations (16) et (22) :
(16) Wt - Bt = W' soit w - b = w' avec w' : taux
de salaire net de cotisations et b : taux de cotisations d'après
(7) et (17).
(22) r = (1-w'-b)/(ve+vs)
A l'occasion de l'introduction de nouvelles cotisations, il y
aura :
-une diminution du taux de salaire réel lorsque w reste
constant. En effet, il peut y avoir un phénomène de compensation
entre les salaires et les cotisations.
-pour un v constant, et pour un même Y, on assiste à
une diminution du taux d'intérêt.
Le comportement des cotisations des assurés et des
employeurs est différent quant à leur effet de redistribution.
Les premières sont assimilées aux impôts
directs qui ont une influence sur l'épargne ou la consommation. Par
contre, la charge des cotisations des employeurs ne retombe pas sur le revenu
de ces derniers, mais elle est transférée pour la plus grande
partie, sinon sa totalité, aux consommateurs sous forme d'augmentation
du prix des biens et services.
En réalité, la contribution des employeurs est
considérée généralement comme faisant partie des
frais du personnel et entre par conséquent dans le cadre des coûts
de production, ce qui influera tôt au tard soit sur le recrutement de
nouveaux employés, soit sur l'augmentation des salaires.
Le régime pratiqué en Tunisie est un
régime basé sur le système de répartition avec un
degré de capitalisation très faible, ce qui suppose que
l'excédent des recettes sur les dépenses est faible, comme le
montrent les données du régime.
De ce fait, l'effort de la sécurité sociale
n'est pas important en matière d'épargne et d'investissement.
SECTION 4 : CONCLUSION
La sécurité sociale par son
intégration dans l'économie nationale à travers les
cotisations peut avoir une influence sur la croissance économique et sur
la répartition du revenu nationale entre les facteurs de production.
En effet, les cotisations sociales peuvent avoir des
incidences sur le salaire net réel perçu par les ménages,
sur l'épargne des ménages, sur le profit des employeurs, et
éventuellement sur les prix.
Donc, toute élévation du taux des cotisations a
une incidence sur toute l'économie. En effet, les taux de cotisations
qui sont considérées comme un impôt direct pour les
salariés, influencent ainsi le comportement du consommateur alors que
l'employeur les considère comme une charge supplémentaire venant
de l'emploi qui lui procure moins de bénéfice.
C'est alors qu'une élévation du niveau des
cotisations est de nature à pénaliser l'emploi surtout en
période de chômage chronique. En effet, l'employeur se trouve
devant une situation d'arbitrage entre la technologie et la main d'oeuvre.
C'est un phénomène de substitution qui se
crée alors pouvant engendrer plus de chômage et par
conséquent aggraver l'état de santé de l'économie
nationale surtout en période de récession et de crise.
De ce fait, il faut manipuler avec prudence le financement de la
sécurité sociale quand il est basé sur l'augmentation des
cotisations.
CHAPITRE III :
EFFETS DES REGIMES DE LA SECURITE SOCIALE SUR
L'EPARGNE
INTRODUCTION
Les pays en voie de développement connaissent un taux
d'épargne faible pour pouvoir investir et créer la richesse
susceptible de générer des revenus décents pour le bien
être de la population.
Le problème qui se pose ici est de montrer si oui ou
non la sécurité sociale contribuera-t-elle à une
amélioration de l'épargne nationale ?
Le débat sur cette question est très
mitigé donnant lieu à des positions différentes des uns et
des autres et surtout lorsque les résultats empiriques tombent à
la contradiction.
Il se peut qu'il y a d'autres phénomènes
cachés et qui peuvent perturber l'analyse économétrique et
c'est le cas l'existence de multi colinéarité ou la non
spécification correcte du modèle ou encore l'oubli de variables
importantes.
SECTION 1 : PROBLEMATIQUE
Il y a une idée épousée par certains
auteurs qui laisse entendre qu'un régime de pensions fondé sur le
système de répartition réduit l'épargne alors qu'un
régime basé sur le principe de capitalisation encourage
l'épargne.
Le système tunisien de retraite est basé sur le
principe de la répartition c'est-à-dire la solidarité
entre les générations. En d'autres termes, les actifs cotisants
financent les prestations des non actifs.
Les cotisations des ménages pour le compte des caisses
de sécurité sociale ont pour base le salaire ou le gain.
Le revenu des ménages est réparti en
consommation ou en épargne. De ce fait, toute modification des taux de
cotisations peut entraîner soit une diminution de la consommation, soit
une diminution de l'épargne.
La consommation ne peut en aucun cas descendre au dessous
d'un certain seuil qui est dicté par des normes biologiques, des
coutumes, d'un train de vie donné, d'un minimum de bien
être,....etc.
Il est donc pensable que l'épargne soit
affectée surtout si les cotisations connaissent une
élévation sensible.
SECTION 2 : ESSAI D'ANALYSE
La structure des actifs occupés en Tunisie
d'après l'enquête population emploi donne un taux de
salariés de 66%. Cette donnée laisse croire que la plupart des
cotisants à la sécurité sociale sont des salariés.
De ce fait, on peut poser :
R = W = C + S avec R : revenu
W : salaire brut
C :
consommation S : épargne
En cas d'une élévation des cotisations,
c'est-à-dire le taux de cotisations devient h' alors qu'il était
h avec h'>h.
C'est toujours le salaire W qui constitue la base de
cotisations, ce qui implique que la part du salaire qui revient à la
sécurité sociale, compte tenu de cette élévation du
taux de cotisations, est B = h W + Äh W avec :
Äh = h'-h
h.W : cotisations avant modification
Äh.W : cotisations dues à la
modification c'est-à-dire le passage de h à h'.
Le salaire net de cotisations sociales est donc :
W' = W-B = W-h.W- Äh.W
W' = (1-h- Äh).W
h et Äh étant des quantités positives, ce qui
implique que W'<W.
Si on pose W'' = W-h.W = (1-h).W c'est-à-dire le
salaire net de cotisations avant changement des taux, on a W'<W''.
De ce fait, le salaire disponible Wd diminue à la
suite d'une modification des taux de cotisations.
S'il n'y a pas une compensation de cette charge
supplémentaire par une augmentation salariale ou une diminution des taux
d'imposition, il y aura nécessairement une diminution de
l'épargne ou de la consommation.
De ce fait, la majorité des cotisants sont des
salariés, ce qui laisse penser que la grande partie du salaire finance
la consommation, le résidu est bien sûr épargné.
De même, on sait que l'épargne des
salariés est assez faible comme le montre l'estimation suivante
basée sur les données de la comptabilité nationale (comtes
de la nation, INS, 1989) :
Années
|
1983
|
1984
|
1985
|
1986
|
1987
|
Epargne brut en MD
|
555,1
|
511,5
|
594,1
|
447,3
|
796,0
|
Salaire et traitement brut en MD
|
2239,9
|
2465,0
|
2665,2
|
2681,0
|
2811,4
|
Epargne/salaire en %
|
24,8
|
20,8
|
22,3
|
16,7
|
28,3
|
Ainsi, une augmentation des cotisations semble influer
beaucoup plus sur l'épargne, à laquelle, psychologiquement les
ménages ne donnent pas beaucoup d'importance comme le montrent les taux
assez faibles d'épargne, que sur la consommation à laquelle il y
a nécessairement une limite à ne pas dépasser
(rigidité à la baisse à partir d'un certain niveau).
SECTION 3 : APPROCHE DE LA THEORIE DU CYCLE DE
VIE
Dans la théorie économique,
l'analyse de la sécurité sociale et de l'épargne est
fondée la plupart du temps sur la théorie traditionnelle du cycle
de vie comme le montre les travaux de F. MODIGLIANI (F.Modigliani, 1963).
Selon cette théorie, les individus portent leur bien
être au maximum en maintenant un courant de consommation constant pendant
toute leur vie.
Les travailleurs épargnent pendant les années
d'activité pour désépargner plus tard au moment de la
retraite.
La sécurité sociale dans ce contexte se charge
à la place des travailleurs de collecter l'épargne au cours de
leurs années d'activité pour fournir ensuite des prestations.
La question qui se pose est de savoir la manière dont
l'épargne d'aujourd'hui finance les prestations de demain ?
Est-ce que l'épargne collectée sera
immédiatement transformée en prestations ou accumulée sous
forme de réserves ?
Si la sécurité sociale fonctionne selon le
système de répartition, les cotisations sont versées sans
retard aux pensionnés sous forme de pensions et de prestations, ce qui
réduit bien entendu l'épargne globale.
En effet, selon ce schéma les réserves de la
sécurité sociale sont très faibles. On définit les
réserves par :
Réserves = cotisations + produits de placements -
prestations - frais de gestion et autres charges.
Les cotisations pour un système de répartition
se transforment immédiatement en prestations donc : cotisations -
prestations sera faible d'où un niveau faible des réserves ce qui
réduit la capacité de placement et en conséquence les
produits escomptés.
Par contre, les frais de gestion ne cessent s'accroître
au fil des années à cause du développement de la
couverture sociale et l'augmentation du nombre des bénéficiaires
de prestations.
D'après l'expérience des régimes de
sécurité sociale de la Tunisie, les réserves de
l'année 1989 constituent une part très faible par rapport aux
cotisations, soit 11,6%.
Les frais de gestion, durant la période 1980-1989, ont
connu une évolution spectaculaire, soit un taux d'accroissement annuel
moyen de l'ordre de 20,6%.
Par contre, le taux d'accroissement annuel moyen des produits
de placements durant la même période est de 8,6% seulement.
Dans un système de capitalisation où les
pensions futures sont financées par les produits des réserves,
certains auteurs pensent que l'épargne globale augmente du fait de la
capitalisation de l'épargne forcée.
Selon A. H. Munnel (1986) les études empiriques ont
donné des résultats contradictoires.
SECTION 4 : CONCLUSION
L'effet des cotisations de la sécurité sociale
sur l'épargne dépend en fait du système suivi.
L'idée la plus répandue est que le
système de répartition ne favorise pas l'épargne, par
contre le système de capitalisation mobilise plus d'épargne.
En effet, dans un système de répartition, les
cotisations des affiliés actifs collectées se trouvent
immédiatement dépensées au profit des retraités
inactifs qui moyennant des niveaux de pensions assez faibles seront
absorbées directement par l'achat des biens de consommation et rarement
épargnées même à moyen terme.
Cette constatation confirme l'idée d'un faible taux
d'épargne en cas d'un système de répartition.
Dans le cas d'un système de capitalisation, il y a une
forme d'épargne forcée auprès des affiliés à
la sécurité sociale influant la consommation actuelle et
améliorant le bien être dans le futur.
Il faut tout de même signaler que le résultat
escompté d'un tel système dépend en premier lieu sur
l'activité économique et surtout sur le rendement des placements
dans le marché financier.
L'étroitesse du marché financier et de sa
faible performance ne favorise pas le choix d'un tel système qui
s'avère d'après les expériences dans des pays analogues
à la Tunisie comme le Chili par exemple.
Cette constatation n'est pas affirmée par les
études empiriques puisque les résultats sont souvent
contradictoires.
CHAPITRE IV :
SECURITE SOCIALE ET FISCALITE
INTRODUCTION
Le gouvernement, dans un pays donné peut influencer la
répartition des revenus et garantir un revenu minimum à toutes
les familles à partir de l'utilisation des instruments du système
de la sécurité sociale et des paiements de transfert d'une part,
et l'imposition directe, de l'autre.
Il est bien évident de ce fait qu'il y a des
interrelations entre les deux systèmes.
En fait, il y a interdépendance entre les
possibilités de financer la sécurité sociale et la
fiscalité.
L'impôt et la sécurité sociale s'adressent
aux mêmes personnes et aux mêmes entreprises. Ils peuvent se
contredire ou, au contraire, se compléter.
La différence majeure entre les deux systèmes
concerne l'affectation. En effet, la cotisation de sécurité
sociale est affectée aux ménages sous forme de prestations,
c'est-à-dire un revenu soit de remplacement, soit de soutien, tandis que
l'impôt est destiné à financer l'ensemble des
dépenses de l'Etat.
Il y a des objectifs et moyens communs aux deux
systèmes à savoir :
- Diminuer le niveau de pauvreté en assurant un minimum
vital de revenu en faveur des groupes pauvres.
- Donner une certaine régularité et
stabilité au revenu familial durant toute l'existence.
- Réduire les inégalités entre les couches
sociales.
SECTION 1 : INSTRUMENTS UTILISES PAR LE SYSTEME DE
LA SECURITE SOCIALE
- Prestations universelles : une prestation
est dite universelle si elle est octroyée sans égard au
revenu du bénéficiaire. Les allocations familiales sont un
exemple typique de l'utilisation des prestations universelles pour garantir des
revenus minimums pour les enfants.
- Prestations sélectives : une
prestation est dite sélective, si elle est accordée aux familles
pauvres avec tout de même une condition de revenu. L'exemple typique est
le minimum garanti qui est instauré par le législateur comme une
pension minimale de survie en rapport avec le bien être social le plus
faible de la population.
SECTION 2 : INSTRUMENTS UTILISES PAR LE SYSTEME
FISCAL
Pour atteindre ses objectifs, le système fiscal,
à travers l'impôt direct, utilise des instruments qui ont de
points communs avec ceux utilisés par la sécurité
sociale.
Pour réduire les inégalités dans la
répartition du revenu, le système fiscal applique des taux
progressifs c'est-à-dire que le taux d'impôt marginal augmente
avec le revenu.
En outre, la législation fiscale contient divers
allègements qui sont en relation avec la situation familiale et d'autres
caractéristiques du contribuable.
Ces allègements revêtent essentiellement la
forme de dégrèvement ou d'abattements d'impôt et de
crédits d'impôt.
- La méthode de
dégrèvement : pour déterminer l'assiette
d'imposition, on soustrait une somme d'argent bien déterminée. Il
y a par exemple de dégrèvements qui dépendent de la taille
des familles et prennent la forme forfaitaire comme c'est le cas en
Tunisie : une déduction de 90 dinars pour le premier enfant, 75
dinars pour le deuxième enfant,....etc.
Le système fiscal tunisien prévoit aussi des
exonérations et déductions qui tiennent compte de certaines
caractéristiques du contribuable :
-Déduction de 500 dinars pour chaque enfant
handicapé ;
-Déduction de 300 dinars pour chaque
étudiant non boursier dont l'âge ne dépasse pas 25 ans.
Il existe aussi des dégrèvements proportionnels
au revenu comme :
-Les frais professionnels donnent droit à une
déduction de 10%.
-Les pensions et les rentes bénéficient
d'une déduction de 25%.
Par conséquent, le dégrèvement fiscal
diminue le taux d'impôt marginal.
- La méthode du crédit
d'impôt : par comparaison avec la méthode des
dégrèvements où les abattements affectent directement le
revenu brut, le crédit d'impôt est déduit du montant
même de l'impôt dû.
En règle générale, le crédit
d'impôt est déterminé à partir des variables
démographiques, par exemple la taille des familles. Le crédit
d'impôt équivaut à une allocation universelle ou une
prestation non contributive.
SECTION 3 : PROBLEMES POSES PAR L'EXISTENCE DE DEUX
SYSTEMES SEPARES
Dans le cas où les deux systèmes poursuivent,
chacun à sa manière, des objectifs qui sont étroitement
liés, certains groupes se trouvent protégés par les deux
administrations par contre d'autres groupes ne sont pas
protégés.
De même, il existe des personnes qui, en même
temps, reçoivent des prestations et paient des impôts.
Ainsi, pour éviter les taux d'impôt
excessivement élevés à des niveaux de revenu très
bas et les anomalies dans la fixation du niveau du minimum de revenu par les
deux systèmes, il est souhaité qu'il existe une certaine
coordination afin d'éliminer les contradictions.
SECTION 4 : IMPOSITION DES COTISATIONS DE LA
SECURITE SOCIALE
Dans le système fiscal tunisien, le
législateur prévoit que les retenues obligatoires
effectuées par l'employeur en vue de la constitution de la rente, de
pension de retraite ou pour la couverture de régimes obligatoires de
sécurité sociale sont déduites du salaire et traitement
brut afin de calculer l'assiette de l'impôt.
De ce fait, les cotisations de sécurité sociale
en Tunisie ne sont pas imposables. En fait, dans le cas où les
cotisations de sécurité sociale sont incorporées dans
l'assiette imposable, il y aura une augmentation effective des taux
d'impôt ce qui pourrait avoir un très important effet
négatif sur l'incitation au travail.
En plus, le système de sécurité sociale
perdrait son caractère de régime d'assurance.
Cependant, une telle intégration réduirait la
charge fiscale pour les groupes à faible revenu donc la
répartition des revenus deviendrait moins inégale.
En pratique, on peut distinguer trois procédés
pour le traitement fiscal des cotisations :
- Autoriser les individus à déduire les cotisations
de sécurité sociale ;
- Accorder un crédit d'impôt pour les cotisations de
sécurité sociale de la base de l'impôt.
- Faire abstraction des cotisations de sécurité
sociale pour le calcul de l'impôt dû.
SECTION 5 : IMPOSITION DES PRESTATIONS DE LA
SECURITE SOCIALE
L'exclusion de certains types de revenu de
l'assiette de l'impôt peut être justifiée lorsqu'elle sert
certains objectifs sociaux et économiques.
L'analyse de l'imposition des prestations fait une
distinction entre les prestations à compléter le revenu et les
prestations de remplacement des gains.
En règle générale, et c'est le cas de la
Tunisie, les prestations de complément du revenu comme les allocations
familiales ne sont pas comprises dans le revenu imposable.
L'argument de non imposition réside dans le fait que
l'assujettissement des paiements de transfert à l'impôt
régulier augmenterait encore davantage le taux d'impôt marginal et
par voie de conséquence, provoquerait une aggravation de l'effet
négatif sur l'incitation au travail.
Dans le cas des prestations de remplacement du revenu telles
que les prestations de vieillesse, de survivants, d'invalidité et de
chômage qui constituent des revenus réguliers, elles sont
assujetties à l'impôt.
En Tunisie, les pensions sont imposables avec une
déduction particulière de 25% des montants bruts.
D'après la législation fiscale actuelle, ceux
qui touchent une pension égale au minimum garanti soit le 2/3 du SMIG ne
payent pas d'impôt ainsi que ceux qui ont une pension ne dépassant
pas 138 dinars indépendamment de leur situation familiale.
Certains auteurs pensent qu'il y a double imposition. En
effet, les pensions représentent un revenu des primes et cotisations
d'assurance payées pendant les années antérieures et sur
lesquelles et sur lesquelles l'impôt sur le revenu a déjà
été prélevé.
Une solution possible à la question de la double
imposition consiste à inclure une partie seulement des prestations de
retraite dans le revenu imposable.
Cette partie serait déterminée par le rapport
des cotisations versées par les employeurs pour le compte de leurs
travailleurs au montant total des cotisations de sécurité
sociale.
SECTION 6 : CONCLUSION
L'impôt et la cotisation sociale constituent deux
instruments de redistribution du revenu. Le but de l'un et de l'autre est
d'assurer un revenu minimum pour la majorité de la population.
Les cotisations à la charge de l'assuré
constituent une retenue à la source comme le cas de l'impôt
direct.
Les cotisations à la charge des employeurs peuvent
être assimilées à des impôts indirects.
L'existence de deux administrations séparées
peut donner lieu à des incohérences ce qui entraînera pour
certaines catégories une pression fiscale plus élevée que
les autres.
Une imposition (au sens large) excessive peut nuire à
l'incitation au travail et augmenter la charge des employeurs dont le
coefficient de la main d'oeuvre est élevé.
Il est donc opportun d'éviter toute contradiction
entre les deux systèmes afin d'alléger la charge qui incombe aux
assurés sociaux et aux employeurs.
QUATRIEME PARTIE :
ESSAI DE CONSTRUCTION D'UN MODELE MACROECONOMERIQUE
CHAPITRE
I :
CADRE THEORIQUE DU MODELE
INTRODUCTION
Dans ce cadre théorique nous
examinons de près les différentes variables économique,
démographique et institutionnelles qui déterminent les recettes
et les dépenses de la sécurité sociale.
C'est à partir d'une revue de littérature que
nous avons pu énumérer ces variables pour chaque risque
étudié et d'en spécifier le contenu et la
signification.
Cette démarche facilite par la suite une construction
du modèle explicatif de type économétrique ou du
modèle prévisionnel.
La dépense pour chaque prestation tient compte des
caractéristiques du bénéficiaires (revenu, âge,
situation familiale, durée de service, morbidité,
comportement,...,etc), du niveau des prestations et des modalités
d'octroi (la législation) et du niveau de l'activité
économique (coût, progrès technique, croissance,....,etc)
et de la démographie (natalité, mortalité,
espérance de vie,....,etc).
La recette est basée sur le gain ce qui implique une
grande importance au nombre des actifs cotisants, le niveau des salaires, la
durée de la vie active,....,etc.
SECTION 1 : PROBLEMES FINANCIERS DES REGIMES DE LA
SECURITE SOCIALE
Les problèmes financiers des régimes de la
sécurité sociale préoccupent actuellement beaucoup de pays
dont la Tunisie.
En effet, l'ensemble des régimes de la
sécurité sociale connaît depuis plusieurs années,
une croissance plus accentuée des dépenses supérieure
à celle des recettes, ce qui entraînerait, à court et
à moyen terme à un déficit.
Le vieillissement de la population active, l'augmentation du
taux de chômage, le ralentissement de l'activité économique
et l'élévation du coût de soins de santé, sont des
facteurs parmi d'autres qui influencent négativement sur
l'équilibre financier de la sécurité sociale.
Tout déficit nécessite des mesures
appropriées qui modifient le niveau des recettes et des dépenses,
en vue de redresser la situation défavorable.
Pour combler le déficit, certains pays font recours
aux subventions de l'Etat. Mais pour les pays en voie de développement,
cette solution risque d'augmenter le déficit budgétaire, elle est
donc non souhaitable.
SECTION 2 : EQUILIBRE DYNAMIQUE DE LA SECURITE
SOCIALE
L'équilibre des régimes de la
sécurité sociale est conditionné par l'évolution
comparée des recettes et des dépenses.
Ces deux importantes variables sont guidées
essentiellement par des facteurs économiques, démographiques et
législatifs.
D'une manière générale, les recettes
sont le produit d'une cotisation moyenne multipliée par le nombre des
cotisants.
Les dépenses sont le produit d'une prestation moyenne
multipliée par le nombre de bénéficiaires.
On peut donc écrire :
Rt = T. St . At (1)
Dt = Pt . Bt (2)
Avec Rt: recettes de l'année t
Dt : dépenses de l'année t
T : taux de cotisations
St : salaire moyen de l'année t soumis
à cotisations
Pt : prestation moyenne de l'année t
At : nombre des actifs cotisants de l'année
t
Bt : nombre des bénéficiaires de
l'année t
A l'équilibre, on a Rt = Dt, ce qui implique T . St .
At = Pt . Bt, d'où le taux de prélèvement
d'équilibre est donné par la relation:
T = Pt . Bt / St . At = Pt /St . Bt
/At (3)
Le rapport Pt / St constitue la partie économique de
l'équation (3) qui a une évolution difficile à
prévoir surtout à long terme.
Il se dégrade par la montée des charges des
pensionnées et par la croissance de la consommation médicale
à titre d'exemple.
Le rapport Bt / At constitue la partie démographique
de l'équation (3), qui connaît une tendance naturelle à la
dégradation car ce ratio est favorable dans les pays à
sécurité sociale jeune alors qu'il est fortement
détérioré dans les pays à sécurité
sociale plus ancienne.
Le paramètre T constitue le facteur législatif.
Ce facteur est imprévisible dans le futur et c'est pourquoi il est
généralement admis de travailler en cas de prévisions avec
l'hypothèse de législation constante.
SECTION 2 : CARACTERISTIQUES DES PREVISIONS
SOCIALES
Le domaine social, plus que toute autre au
monde, est en perpétuelle évolution et que l'avenir très
lointain est entaché de trop d'incertitude surtout pour les variables
économiques telle que prix, salaires,emploi,....etc.
Il faut pour cela, procéder à des
prévisions de court, moyen et long terme.
En règle générale, les prévisions
où la démographie occupe une place prépondérante
seront bien adaptées à long terme. Par contre, les
prévisions où le rôle de l'économie est important
devraient plutôt se limiter au court et moyen terme.
De ce fait, les prévisions de l'assurance vieillesse
pourront être réalisées à long terme et à un
degré moins les allocations familiales et le capital
décès.
Quant aux prévisions concernant l'assurance maladie,
elles ne seront efficaces qu'à court terme.
SECTION 4 : RISQUES ETUDIES
Généralement, la
sécurité sociale dans le monde entier s'intéresse aux
régimes suivants :
a- vieillesse, invalidité et décès ;
b- prestations familiales ;
c- assurance maladie ;
d- assurance chômage (ce régime n'existe que dans
les pays développés).
Dans l'analyse de l'évolution des recettes et des
dépenses pour chaque régime, il y a en fait deux types de
projection : projection démographique et projection
financière.
Notons au passage que les dépenses sont la
résultante d'un facteur volume (nombre de bénéficiaires)
et d'un facteur prix (prestation moyenne).
SECTION 5 : VAIABLES PRISES EN CONSIDERATION
a- Recettes :
Pour tous les régimes, il y a trois variables
essentielles qui sont prises e compte à savoir :
- le salaire ou le gain qui est la base des cotisations et qui
constitue un facteur économique important ;
- le nombre d'actifs cotisants qui constitue un facteur
démographique dont l'évolution dépend de la politique
économique ;
- le facteur législatif qui fixe le taux de
cotisations.
c- Dépenses :
1- vieillesse
La pension de retraite dépend pour un individu de sa
rémunération à l'âge de mise à la retraite
(ou éventuellement une rémunération moyenne de quelques
années), de la population des bénéficiaires et du
rendement des années de service qui est une fonction du taux de
l'annuité (fixé par le législateur) et de la durée
d'activité.
2- décès
Ce régime qui concerne les actifs et les
retraités dépend de la rémunération de l'agent, de
la durée d'activité, de la nature du décès (en
activité ou en retraite), du nombre d'enfants à charge et de
l'âge de l'intéressé au moment du décès.
3- prestations familiales
Les prestations familiales dépendent du nombre de
naissances ou du taux de fécondité, de l'effectif des actifs et
du niveau des prestations fournies.
En Tunisie, la grande partie des prestations familiales est
constituée par les allocations familiales qui sont fixées par la
législation en fonction du nombre d'enfants à charge.
4- assurance maladie
L'assurance maladie dépend de deux
phénomènes à savoir (Michel C., 1969):
- la démographie :
a- population assurée : la
population assurée constitue un facteur important
de l'augmentation des dépenses médicales. Ce
facteur se manifeste avec plus d'intensité si le système de
protection sociale s'étend à des couches de plus en plus larges
de la population.
b- structure de la population
assurée : les variations de l'effectif des assurés
selon l'âge et le sexe influencent beaucoup la consommation
médicale du fait que ces paramètres jouent sur les variations de
la morbidité.
En effet, tout vieillissement de la population par exemple
accélère mécaniquement les charges sanitaires.
Des études ont montré qu'un homme
âgé de plus de 65 ans dépense en moyenne presque trois fois
plus qu'un homme dont l'age varie entre 16 et 39 ans.
De même, l'enfant de moins d'un an est un grand
consommateur de soins au même titre que la femme en période de
fécondité.
- la consommation médicale :
La consommation médicale dépend d'un grand
nombre de facteurs interdépendants dont certains se prêtent
difficilement à une appréciation numérique.
Une récapitulation des facteurs qui semblent peser le
plus lourdement sur les dépenses de soins médicaux est
proposée ci-après :
a- catégorie
socio-professionnelle : les dépenses de santé
varient considérablement suivant la catégorie
socio-professionnelle du chef de famille.
Les études dans ce domaine ont montré que la
population agricole, par exemple, présente la consommation la plus
faible, alors que les cadres supérieurs et les membres des professions
libérales consomment le plus.
b- revenus : les différentes
recherches effectuées en France montrent que la consommation
médicale est indépendante du niveau des revenus à
l'exception de la partie de la population la plus pauvre.
Mais en Tunisie, où le revenu d'une grande partie de
la population est faible, laisse croire que ce facteur a une influence
certaine.
c- niveau d'instruction du chef de
famille : le niveau d'instruction du chef de la famille induit un
certain comportement spécifique de consommation sanitaire.
d- progrès de la
médecine : l'une des causes principales de l'accroissement
des dépenses de santé réside dans l'essor scientifique et
technologique de la médecine qui a pour conséquence une
augmentation des prix de revient.
e- offre de soins : la consommation
médicale est largement influencée par l'offre des services
médicaux : le personnel médical et paramédical, les
établissements hospitaliers, le nombre de médecins par habitant,
la médecine préventive,....etc.
5- assurance chômage
Plusieurs facteurs interviennent dans ce cas à
savoir :
- la population active ;
- le taux de chômage ;
- le taux d'activité ;
- la durée des services des prestations ;
- le coût des prestations.
SECTION 6 : CONCLUSION
Les variables qui déterminent
l'évolution des recettes et des dépenses des différents
régimes de la sécurité sociale constituent un
préliminaire pour pouvoir faire de la modélisation.
Il est donc opportun d'énumérer ces variables
afin de spécifier les relations et d'en analyser la tendance moyennant
l'utilisation des techniques appropriées pour faire en fin de compte des
prévisions et des mesures adéquates.
Chaque régime a ses spécificités et ses
variables qui le caractérise aux autres mais la démarche est
presque la même.
En effet, pour la dépense, c'est un coût moyen
multiplié par le nombre des bénéficiaires des prestations
alors que la recette est toujours le gain (revenu ou salaire) multiplié
par le nombre des actifs.
On constate aussi, une différenciation entre les
prestations de court terme (maladie) et les prestations de long terme
(retrait). Les premières sont très aléatoires compte
tenu de l'existence de variables économiques incertaines et
imprévisibles alors que les secondes sont déterminées par
des variables démographiques plus stables dans le temps ce qui les
rendent plus prévisibles et moins aléatoires.
CHAPITRE II :
MODELE DE PROJECTION ET DE SIMULATION DES REGIMES DE
SECURITE SOCIALE
INTRODUCTION
Le modèle que je propose prétend de trouver une
solution adéquate et satisfaisante aux différentes questions
posées par les chercheurs et surtout les professionnels quant à
l'étude des projections et des simulations des recettes, des
dépenses et de l'équilibre des régimes de la
sécurité sociale en tenant compte de l'évolution des
variables démographiques, économiques et autres.
Ce modèle très flexible permet en outre de
déterminer selon des schémas établis et en tenant compte
des différents scénarios le taux de cotisations
d'équilibre et de prévoir les déficits à tout
instant.
De même, ce modèle s'adapte aux simulations par
ses équations linéaires en offrant des opportunités
à des applications informatiques les plus redoutables et à la
programmation.
C'est un outil facile à manipuler pour mesurer l'impact
et les effets des changements qui intrviennent au niveau de la politique
sociale pour mieux prévoir l'avenir dans un environnement de plus en
plus incertain.
SECTION 1 : LES COTISATIONS
Les cotisations au profit de la
sécurité sociale sont assises pour
tous les régimes sur les salaires ou le gain
compte tenu d'un taux
de cotisation fixé par la législation en
vigueur .
En général , il y a deux taux de
cotisation , l'un pour l'employeur
et l'autre pour l'assuré . La masse totale
des cotisations est
proportionnelle au nombre des cotisants.
Pour un individu i , la somme qui revient à
la sécurité sociale
à l'instant t est :
Cit = h . Sit ( 1
)
h = he + ha ( 2 )
Avec Cit : cotisations se rapportant à
l'individu i au temps t .
Sit : salaire brut de l'individu
i au temps t .
he : taux de cotisation
employeur
ha : taux de cotisation
assuré
h : taux de cotisation global
La cotisation totale est :
Nt
Ct = Cit i = 1 ,.....,
t ( 3 )
I=1
Avec Nt : la population cotisante à
l'instant t .
Remplaçons maintenant Cit par sa valeur dans (
3 ) , on aura :
Nt
Ct = h . Sit i
= 1 , ...., t ( 4 )
Nt I=1
On pose St = Sit qui constitue la masse
salariale, d'où
I=1
( 4 ) devient :
Ct = h . St ( 5 )
On peut transformer l'équation (5 ) pour
obtenir Ct en fonction
de h , du salaire moyen SMt et du nombre de cotisants
Nt comme
suit :
Ct = h . St . Nt / Nt
= h . ( St / Nt ) . Nt
St / Nt constitue le salaire moyen SMt au temps t
.
D'où Ct = h . SMt . Nt ( 6 )
A partir de ce modèle , on peut en
déduire facilement les
projections des cotisations.
Supposons maintenant que le nombre de cotisants et le
salaire moyen
évoluent respectivement avec un taux d'accroissement
annuel moyen
de a1 et de b1 .
On utilise le schéma suivant pour décrire
cette évolution :
t
Nt = No . ( 1 + a1 ) ( 7
)
t
SMt = SMo . ( 1 + b1 ) ( 8 )
De ce fait l'équation ( 6 ) devient :
t t
Ct = h . No . SMo . ( 1 + a1 )
. ( 1 + b1 )
t
Ct = h . No . SMo . ( 1 + a1 ) . ( 1 + b1 )
( 9 )
On peut simplifier cette relation à partir des
transformations
logarithmiques et exponentielles comme suit :
Log Ct = Log h + Log No + Log SMo + t .Log ( 1 + a1 ) . (
1+ b1) ( 10 )
Si h , No , SMo , a1 et b1 sont des constantes , on
peut considérer
que : x1 = Log h + Log No + Log SMo
et
y1 = Log ( 1 + a1 ) ( 1 + b1 ) = Log (
1 + a1 ) + Log ( 1 + b1 )
sont aussi des constantes.
Alors ( 10 ) devient :
Log Ct = x1 + t . y1
( 11 )
Une transformation exponentielle adéquate de ( 11
) nous montrera
Ct en fonction du temps :
Exp ( Log Ct ) = Exp ( x1 + t . y1
)
Ct = Exp ( x1 + t . y1 )
( 12 )
Donc si on connaît x1 et y1 , on peut
déterminer Ct facilement .
SECTION 2 : LES PRESTATIONS
Pour les prestations, il faut distinguer les variables
explicatives
de chaque régime à part.
En effet chaque régime diffère des autres
compte tenu de ses
caractéristiques propres au niveau des
dépenses.
En Tunisie, on peut distinguer quatre régimes
à savoir :
1. régime de vieillesse
2. régime décès
3. régime de maladie
4. régime des allocations familiales
D'une manière générale, les
dépenses d'un régime donné en cas
d'un modèle simplifié sont le produit d'une
valeur moyenne de la prestation par le nombre de
bénéficiaires de cette prestation .
a. Régime de retraite
La valeur de la pension totale PRt à
l'instant t est donnée par la
formule suivante :
PRt = PRMt . NRt
( 13 )
Avec PRMt : la pension moyenne au temps t
NRt : effectif des retraités au
temps t
La pension moyenne PRMt est une fonction du salaire
moyen SMt
et du taux moyen de rendement des annuités
liquidables z , soit :
PRMt = z . SMt ( 14
)
d'ou PRt = z . SMt . NRt ( 15 )
Si a2 et b2 les taux d'accroissement annuels
moyens respectivement de NRt et SMt ; et si le schéma
d'évolution du salaire moyen et du nombre des retraités
est comme suit :
t
NRt = NRo . ( 1 + a2 )
( 16 )
t
SMt = SMo . ( 1 + b2 )
(17 )
On aura :
t t
PRt = z . NRo .
( 1 + a2 ) . SMo . ( 1 + b2 )
t
PRt = z . NRo .
SMo . ( 1 + a2 ) ( 1 + b2 ) ( 18 )
Si on considère que z , NRo , SMo , a2 ,
et b2 sont des constantes et que :
x2 = Log ( z . NRo . SMo ) = Log z +
Log NRo + Log SMo
y2 = Log ( 1 + a2 ) . ( 1 + b2 ) = Log ( 1 +
a2 ) + Log ( 1 + b2 )
On obtient après des transformations
logarithmiques et exponentielles :
Log PRt = Log ( z . NRo . SMo ) + t .
Log ( 1 + a2 ) . ( 1+ b2 )
Log PRt = x2 + t . y2
(19 )
Exp Log PRt = Exp ( x2 + t . y2 )
PRt = Exp ( x2 + t . y2 )
( 20 )
b. Régime de décès
Le capital décès total PDt est le produit
du capital moyen PDMt par le nombre de décès NDt ,
soit :
PDt = PDMt . NDt ( 21
)
Le montant du capital décès moyen PDMt
dépend de plusieurs
facteurs dont notamment :
- durée des services rendus ;
- nombre d'enfants à charge ;
- décès en activité ou en
retraite ;
- décès naturel ou par accident ;
- gain de l'intéressé au moment du
décès : salaire ou pension.
Le facteur gain moyen GMt est la base du calcul du
capital décès ,
par contre, les autres facteurs constituent un coefficient
de pondération
qu'on note w , d'ou :
PDMt = w . GMt
( 22 )
Le nombre de décès NDt est le produit
du taux de mortalité tm
par l'effectif des actifs et des retraités NARt ,
soit :
NDt = tm . NARt
( 23 )
Ainsi ( 21 ) devient comte tenu de ( 22 ) et de (
23 ) :
PDt = w . GMt . tm .
NARt
PDt = w . tm . GMt .
NARt ( 24 )
Si a3 et b3 sont les taux d'accroissement annuels
moyens
respectivement de NARt et de GMt ; et si on
applique le schéma
d'évolution suivant :
t
NARt = NARo . ( 1 + a3 )
( 25 )
t
GMt = GMt . ( 1 + b3 )
( 26 )
La relation ( 24 ) devient :
t
PDt = w . tm . NARo . GMo . ( 1 +
a3 ) . ( 1 + b3 ) ( 27 )
On pose : x3 = Log ( w . NARo . GMo . tm )
= Log w + Log NARo + Log GMo
+ Log tm
y3 = Log ( 1 + a3 ).( 1 + b3 ) = Log
( 1 + a3 ) + Log (1 + b3 )
Après des transformations logarithmiques et
exponentielles de ( 27 ) ,
on aura :
Log PDt =Log( w.tm .NARo . GMo)+ t .
Log (1+ a3) . (1+b3)
Log PDt = x3 + t . y3
( 28 )
Exp Log PDt = Exp ( x3 +
t . y3 )
PDt = Exp ( x3 + t .
y3 ) ( 29 )
c. Régime d'assurance maladie
Les prestations d'assurance maladie dépendent
dans une large
mesure de la consommation de soins de santé.
La plus grande partie de la consommation
médicale est liée à
l'évolution des revenus , du nombre des personnes
bénéficiaires et de la
structure de la population couverte.
Le prix joue aussi un rôle important et il
pourra être intégré
dans la relation des prestations maladie d'une
manière séparée ou
au niveau du coût moyen des prestations.
D'une manière simplifiée, les prestations
maladie résultent du produit
du coût moyen PMMt par le nombre de
bénéficiaires NMt , soit :
PMt = PMMt . NMt
( 30 )
PMMt est une fonction de plusieurs facteurs dont
notamment :
- revenu des ménages
- volume de la consommation des ménages
- niveau général des prix
- progrès technique
- offre de soins
- structure des assurés : nombre d'enfants,
situation familiale
- état de santé de la population
couverte
Si on considère que le coût moyen PMMt
est proportionnel au
revenu des ménages, on aura :
PMMt = v . RMt ( 31
)
Avec v : coefficient de pondération
RMt : revenu moyen
De ce fait :
PMt = v . RMt . NMt
( 32 )
Si a4 et b4 sont les taux d'accroissement annuels
moyens
respectivement de NMt et de RMt on aura :
t
NMt = NMo . ( 1 + a4 )
t
RMt = RMo . ( 1 + b4 )
Ainsi ( 32 ) devient :
t
PMt = v . RMo . NMo ( 1 + a4 ) .
( 1 + b4 ) ( 33 )
Après les transformations logarithmiques et
exponentielles on obtiendra :
Log PMt = Log ( v . RMo . NMo ) + t . Log (
1 + a4 ) . ( 1 + b4 )
Si on pose :
x4 = Log (v . RMo . NMo ) = Log v + Log
RMo + Log NMo
y4 = Log (1+a4). (1+b4) = Log ( 1 +
a4 ) + Log ( 1 + b4 )
On aura :
Log PMt = x4 + t . y4
( 34 )
Exp Log PMt = Exp ( x4 + t . y4
)
PMt = Exp ( x4 + t . y4 )
( 35 )
d. Les prestations familiales
Les prestations familiales résultent du produit
de la valeur moyenne
de la prestation par le nombre de
bénéficiaires, soit :
PFt = PFMt . NFt
( 36 )
Avec :
PFMt : prestation familiale moyenne
NFt : nombre de
bénéficiaires
La prestation familiale moyenne dépend
essentiellement du nombre
d'enfants à charge NEt , d'ou on peut
écrire l'équation ( 36 ) comme suit :
PFt = PMEt . NEt (
37 )
Avec :
PMEt : prestation moyenne par enfant
à charge
Le nombre d'enfants à charge NEt dépend
du taux de natalité
tn de la population cotisante à la
sécurité sociale , d'où :
NEt = tn . NARt
( 38 )
De ce fait :
PFt = PMEt . tn . NARt
( 39 )
Si on suit le schéma d'évolution
suivant :
t
NARt = NARo . ( 1 + a5 )
( 40 )
t
PMEt = PMEo . ( 1 + b5 )
( 41 )
Avec :
a5 et b5 les taux d'accroissement annuels moyens
respectivement
de NARt et de PMEt .
L'équation ( 39 ) sera alors :
t
PFt = tn . NARo . PMEo . ( 1 + a5
) . ( 1 + b5 ) ( 42 )
Log PFt = Log ( tn . NARo . PMEo ) + t . Log
(1+a5 ) . ( 1 + b5 )
Si on pose :
x5 = Log ( tn . NARo . PMEo ) = Log tn + Log
NARo +Log PMEo
y5 = Log ( 1 + a5 ) . ( 1 + b5 ) = Log ( 1
+ a5 ) + Log ( 1 + b5 )
Après des transformations logarithmiques et
exponentielles on aura :
Log PFt = x5 + t . y5
( 43 )
Exp Log PFt = Exp ( x5 + t . y5
)
PFt = Exp ( x5 + t . y5 )
( 44 )
SECTION 3 : UTILITE DU MODELE
Le modèle ainsi construit pourra être
utilisé pour faire certaines
applications :
- projection des recettes et des dépenses des
différents
régimes de la sécurité sociale compte
tenu des hypothèses sur
l'accroissement dont dépendent les cotisations et
les prestations comme
les salaires , le taux de natalité , le taux de
mortalité , le nombre de
cotisants , le nombre de bénéficiaires des
prestations , le niveau général des
prix , .......etc.
- détermination du taux de cotisation
d'équilibre pour chaque
régime à part ou taux d'équilibre
global.
-étude de simulation : c'est
le cas de tester l'effet du
changement au niveau de la législation , de mesurer
l'impact d'une
politique économique donnée ou encore
d'apprécier l'effet de la variation
des paramètres démographiques.
Le modèle s'adapte facilement à la
programmation informatique
par ses relations linéaires.
SECTION 4 : EXEMPLES D'APPLICATIONS
1. Recherche du taux d'équilibre de
cotisation
On considère le régime de retraite dont
les recettes et les dépenses
sont décrites par les équations ( 6 ) et (
15 ) comme suit :
Ct = h . SMt . Nt ( 6 )
PRt = z . SMt . NRt ( 15 )
A l'équilibre , on a Recettes =
Dépenses , ce qui donne :
h . SMt . NRt = z . SMt .
NRt
D'où h = z . NRt / Nt : taux de
cotisation d'équilibre au temps t
du régime de retraite.
Avec :
NRt : nombre des retraités ou
des pensionnés
Nt : nombre des cotisants au
régime de retraite
z : taux moyen de rendement des
annuités liquidables
On peut déterminer le taux de cotisation
h en fonction du temps
en utilisant les relations ( 9 ) et ( 18 ) :
t t
Ct = h . No . SMo . ( 1 + a1 ) . ( 1
+ b1 ) ( 9 )
t t
PRt = z . NRo . SMo . ( 1 + a2 ) . (
1 + b1 ) (18 )
Le salaire dans les deux relations évolue
suivant le même taux b1 .
A L'équilibre : Ct = PRt , on
aura :
t
t
h = z . NRo . ( 1 + a2 ) / No . (
1 + a1 )
Donc , pour un temps t donné , on
détermine aisément le taux de
cotisation d'équilibre h puisque tous les autres
paramètres ( z , NRo , No , a1 et a2 ) sont connus .
5- Etudes de simulation
a. cas d'une augmentation du salaire moyen ( le double
)
SMt* = 2 . SMt
Dans ce cas les recettes et les dépenses
seront :
Ct* = h . SMt* . Nt ( 6
)
PRt* = z . SMt* . NRt ( 15 )
D'ou :
Ct* = 2 . h . SMt . Nt
PRt* = 2 . z . SMt . NRt
A L'équilibre h = z . NRt / Nt
Les recettes et les dépenses sont
proportionnelles au même variable
Salaire. Donc le taux de cotisation d'équilibre ne
sera pas affecté à la suite de ce changement .
b. cas d'une augmentation du taux de rendement des
annuités
liquidables soit z' > z ;
Les dépenses seront PR't = z' . SMt .
NRt .
Les recettes ne seront pas affectées car elles
sont indépendantes de z .
A l'équilibre on a :
h' = z' . NRt / Nt
Puisque NRt et Nt sont restées
inchangées alors que seulement le
paramètre z a connu une hausse. On a alors
h' > h .
Donc , un taux de rendement supérieur
nécessite , si toutes choses
égales par ailleurs , une augmentation du taux
de cotisation sinon le
régime sera sans doute déficitaire.
SECTION 5 : CONCLUSION
Le modèle construit constitue un
moyen efficace pour pouvoir faire des prévisions, des projections et des
études de simulations en matière de sécurité
sociale.
La souplesse de ce modèle et sa flexibilité les
rend adaptable aux différentes situations qu'exigent les
démarches à entreprendre et les investigations à
réaliser pour des raisons affirmées par les décideurs.
On peut aussi l'intégrer sans aucun problème
comme un bloc à part dans un modèle plus large comme par exemple
le modèle d'équilibre général calculable touchant
toute l'économie nationale.
Aussi, il peut être transformé en un
modèle économétrique avec des relations linéaires
et d'estimer les paramètres.
Il est très efficace surtout pour les régimes de
retraite dont les paramètres démographiques sont assez stables
car ils varient lentement en fonction du temps comme les taux de
natalité et de mortalité.
Alors qu'en cas des régimes de maladie où les
paramètres dont incertains et très variables à long terme
la tache sera ardue et difficile. En effet, les prévisions concernant
les variables économiques sont faiblement acceptables et
crédibles à long terme.
Il faut en conséquence prendre beaucoup de
précautions en manipulant ce genre d'exercices vu le caractère
instable de ces variables et qui sont corrélées avec
l'activité économique et le comportement des individus.
CHAPITRE III :
PTOJECTION DE L'EQUILIBRE DES REGIMES
INTRODUCTION
Le souci majeur des responsables des caisses sociales est
sans aucun doute l'équilibre des régimes et c'est pour cela que
l'analyse des projections de l'équilibre entre les recettes et les
dépenses se manifeste dans ce chapitre en utilisant après des
simplifications dictées par la non disponibilité de certaines
données statistiques du modèle mathématique
présenté en détail dans le chapitre
précédent.
Les projections sont faites globalement et d'abord pour
chaque régime, ensuite par caisse et enfin pour l'ensemble des caisses
réunies.
L'année 1989 est choisie comme une année de
base pour les projections alors que la période 1980-1989 est pris comme
référence pour mesurer les accroissement annuels moyens des
différents paramètres du modèle.
SECTION 1 : PROJECTION GLOBALE PAR REGIME
a- Retraite
Durant la période 1980-1989, les cotisations su
régime de retraite ont connu un taux de d'accroissement moyen de 16,5%,
alors que les prestations du même régime ont progressé avec
un taux de 20,7%.
années
|
1989
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
Cotisations en MD
|
253
|
295
|
343
|
400
|
466
|
543
|
633
|
737
|
Prestations en MD
|
236
|
285
|
344
|
415
|
501
|
605
|
730
|
881
|
Source : statistiques des caisses.

Donc, il apparaît des résultats de projection
que le déficit du régime de retraite de l'ensemble des caisses de
sécurité sociale serait observé en 1991 si rien ne se
passe c'est-à-dire à législation constante.
b- Assurance maladie
Durant la période 1980-1989, le taux d'accroissement
annuel moyen des cotisations est de 12,2%.
Quant au taux d'accroissement annuel moyen des prestations,
il est de 15,9%.
années
|
1989
|
1990
|
1992
|
1995
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
Cotisations en MD
|
98
|
110
|
138
|
196
|
246
|
276
|
309
|
347
|
Prestations en MD
|
70
|
81
|
109
|
170
|
228
|
264
|
306
|
355
|
Source : statistiques des caisses.

Si les taux d'accroissement resteront les mêmes
au-delà de 1989, le régime de l'assurance maladie ne sera
déficitaire qu'en 2000.
c. Capital décès
Le capital décès est déjà
déficitaire depuis 1986.
d. Les prestations familiales
Les cotisations ont connu un taux d'accroissement annuel
moyen de 8,2% . Par contre les prestations ont progressé avec un taux de
10,8%.
années
|
1989
|
1990
|
1992
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
2008
|
Cotisations en MD
|
95
|
103
|
120
|
152
|
165
|
179
|
193
|
425
|
Prestations en MD
|
61
|
68
|
83
|
113
|
125
|
139
|
154
|
428
|
Source : statistiques des caisses.

D'après les projections ci-dessus, les prestations
familiales seront excédentaires jusqu'au 2008 compte tenu de la tendance
observé au passé.
SECTION 2 : PROJECTION GLOBALE PAR CAISSE
a. CNSS
Les cotisations ont évolué durant la
période 1980-1989, suivant un taux d'accroissement annuel moyen de
9,4%.
Le taux d'accroissement des prestations est de 12,9% en
moyenne par an.
années
|
1989
|
1990
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1998
|
2002
|
Cotisations en MD
|
166
|
182
|
217
|
238
|
260
|
285
|
311
|
372
|
533
|
Prestations en MD
|
112
|
126
|
161
|
182
|
205
|
232
|
262
|
334
|
542
|
Source : statistiques des caisses.

Le déficit sera observé en 2002, si la
situation ne changerait pas ultérieurement.
b. CAVIS
La CAVIS connaît depuis 1982 une situation
déficitaire.
c. CNRPS
Les cotisations ont progressé suivant un taux
d'accroissement annuel moyen de 15,5% alors que les prestations ont connu une
progression de 18,2% en moyenne par an.
années
|
1989
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1997
|
1998
|
Cotisations en MD
|
189
|
218
|
252
|
291
|
336
|
388
|
449
|
599
|
692
|
Prestations en MD
|
163
|
193
|
228
|
269
|
318
|
376
|
445
|
621
|
734
|
Source : statistiques des caisses.

Ainsi, la situation financière de la CNRPS sera
défavorable à partir de 1996 compte tenu de la tendance du
passé.
d. CREGT
Les cotisations ont connu une évolution suivant un taux
d'accroissement annuel moyen de 14,5% tandis que les prestations ont
évolué avec un taux moyen de 16,2% par an.
années
|
1989
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
Cotisations en MD
|
10,0
|
11,5
|
13,1
|
15,0
|
17,2
|
19,7
|
22,6
|
Prestations en MD
|
9,9
|
11,5
|
13,4
|
15,5
|
18,0
|
20,9
|
22,4
|
Source : statistiques des caisses.

La situation de la CREGT serait déficitaire à
partir de 1991, si on tient compte de l'évolution du passé.
SECTION 3 : PROJECTION GLOBALE DE L'ENSEMBLE DES
RECGIMES DE SECURITE SOCIALE
Pour l'ensemble des régimes, les
cotisations ont connu une évolution suivant un taux annuel moyen de
13,2% contre une progression moyenne de 17,4% l'an.
années
|
1989
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
Cotisations en MD
|
452
|
512
|
579
|
656
|
742
|
840
|
951
|
1076
|
Prestations en MD
|
375
|
440
|
517
|
607
|
712
|
836
|
982
|
1153
|
Source : statistiques des caisses.

Ainsi, l'ensemble des régimes de
sécurité sociale, si les choses ne changeraient pas, observerait
une situation déficitaire à partir de l'année 1995.
SECTION 4 : CONCLUSION
Cette situation incite les pouvoirs publics à chercher
des solutions appropriées afin de préserver la
pérennité des régimes en procédant par des
ajustements soit au niveau des prestations, soit au niveau des taux de
cotisations.
L'environnement économique est de plus en plus
difficile compte tenu d'une croissance économique assez faible pour
inciter les entreprises à recruter davantage de main-d'oeuvre et en
même temps d'augmenter substantiellement les salaires.
Les cotisations couvrent à peine actuellement les
charges des retraités dont leur nombre ne cesse d'évoluer avec un
rythme de plus en plus accentué.
Le système de répartition en place se trouve en
fin de compte en bout de souffle et seulement une activité
économique soutenue pourrait lui donner des ailes.
Le secteur public sera le plus touché compte tenu des
orientations suivies en 1986 par le gouvernement en matière de politique
économique favorisant l'économie du marché et le
libéralisme.
L'Etat tunisien accorde une attention particulière au
secteur privé en se désengageant graduellement des secteurs
publics concurrentiels et en épousant une politique de compression des
charges budgétaires ce qui a des effets négatifs sur l'emploi
dans le secteur public.
CHAPITRE
IV :
ESSAI DE MODELISATION
DE LA SECURITE SOCIALE
INTRODUCTION
La sécurité sociale est en corrélation
avec plusieurs secteurs vitaux d'un pays. Elle se trouve au carrefour des
problèmes sociaux, juridiques, démographiques et
économiques.
La modélisation en ce domaine nécessite donc la
connaissance de plusieurs disciplines à la fois et c'est pour cela
qu'elle constitue un obstacle épineux devant les chercheurs.
Il y a tout de même des moyens de simplifier la tache
ardue et d'essayer de modéliser ce phénomène en donnant
une ébauche à la fin de ce modeste travail pour les chercheurs
passionnés de la complexité.
Le modèle que je propose reste un simple essai de
modélisation à compléter et éventuellement
à le tester après une opération de spécification
adéquate.
J'ai avancé la quasi-totalité des variables
explicatifs compte tenu de la littérature en la matière en
intégrant particulièrement celles de la démographie et de
l'économie en général.
Il reste par faute du temps, de spécifier davantage
les relations entre les variables, d'estimer les paramètres et
d'interpréter les résultats obtenus.
SECTION 1 : LE FACTEUR LEGISLATIF
Ce facteur constitue ce qu'on appelle
l'instrument de politique économique puisqu'il est maîtrisé
par les pouvoirs publics. Il est exogène, connu à priori,
intervient pour remédier è un éventuel
déséquilibre financier par le biais d'une augmentation des
cotisations ou d'une diminution du niveau des prestations.
Dans certains cas, les deux grandeurs (recette et
dépense) connaissent les mêmes modifications mais dans des
proportions différentes.
Les paramètres qui peuvent influer sur les recettes
sont : les taux de cotisation, les éléments de
rémunérations pris en compte comme base de cotisations,
l'âge de mise à la retraite et la durée minimale de
cotisations qui donne droit aux prestations.
Donc, pour augmenter les recettes, il est recommandé
d'agir sur ses paramètres. Mais pour faire cela, il faut tenir compte
des incidences sur l'ensemble de l'économie nationale.
En effet, d'après ce qui a été dit
auparavant, la sécurité sociale n'est pas neutre. Mais en fait,
tout réajustement de l'équilibre financier peut avoir des effets
sur le reste de l'économie.
L'élévation des taux de cotisations à un
niveau excessif peut nuire à l'épargne des ménages, ce qui
réduit les investissements, et par conséquent, l'emploi et la
croissance économique d'une façon générale.
L'augmentation de l'âge normal de la retraite
quoiqu'elle entre dans la logique de l'amélioration notable de
l'espérance de vie, elle ne peut qu'aggraver le chômage dans un
pays comme la Tunisie.
De même, pour certains secteurs d'activité comme
l'industrie, les mines,..., la productivité diminue sensiblement avec
l'âge à partir de 55 ans.
Les paramètres qui influent sur les prestations
sont : le taux de rendement des annuités liquidables, le taux et
les tarifs de remboursements des frais de soins médicaux, l'âge
normal de la retraite et le niveau de la pension minimale.
L'augmentation de l'âge de mise à la retraite
est bénéfique pour l'équilibre des caisses de
sécurité sociale dans la mesure où le nombre
d'années de jouissance de la pension diminue très sensiblement
avec l'âge après 60 ans compte tenu d'un taux de mortalité
élevé.
Cette action est contradictoire avec une politique
basée sur la lutte contre le chômage mais elle est en harmonie
avec l'amélioration de l'espérance de vie et l'accumulation des
connaissances et des expériences qui sont nécessaires au
développement.
Les autres paramètres sont considérés comme
des droits acquis et leur révision à la baisse parait
inopportune.
La pension minimale constitue un revenu de subsistance pour
les retraités qui ont exercé une période courte
d'activité.
Ce revenu minimum tient comte du niveau de vie le plus
faible. En effet, il est égal au 2/3 du salaire minimum
interprofessionnel garanti (SMIG).
Les tarifs de remboursements sont en fonction des tarifs
réels qui évoluent rapidement comte tenu du progrès
technique de la médecine et de l'augmentation sans
précédent du coût des actes médicaux et des produits
pharmaceutiques.
Donc, toute baisse des tarifs n'a pas de sens dans la mesure
où elle contribue à la détérioration du bien
être social, ce qui peut nuire à l'état de santé des
actifs et par voie de conséquence, la productivité sera
affectée négativement.
SECTION 2 : LES FACTEURS DEMOGRAPHIQUES
La natalité et la mortalité ont une influence
sur la population des bénéficiaires de prestations et sur la
population cotisante d'où leur effet sur les recettes et les
dépenses.
Le nombre de décès des actifs constitue une
charge pour le régime du capital décès et en plus une
perte au niveau de la population cotisante.
D'un autre côté, le décès des
retraités quoiqu'il fait augmenter les dépenses du régime
du capital décès, contribue à alléger la charge du
régime de retraite.
Dans un pays où les perspectives de croissance
économique seront avantageuses pour la création de nouveaux
emplois, l'augmentation des naissances a une incidence positive sur la
population active, d'où le nombre de cotisants augmenterait, ce qui
favorise bien entendu les recettes.
Mais au niveau des allocations familiales, un nombre
élevé de naissances dans les foyers des affiliés engendre
des charges supplémentaires pour le régime des prestations de
famille ainsi que pour le régime d'assurance maladie.
En effet, les études ont montré que la
mère en période de grossesse et l'enfant de moins d'un an sont de
grands consommateurs de soins médicaux.
SECTION 3 : LES FACTEURS ECONOMIQUES
Les facteurs économiques essentiels qui ont une
incidence sur l'évolution des recettes et des dépenses de la
sécurité sociale sont : les salaires, le nombre de cotisants
et les coûts.
L'évolution des salaires dépendent de la
productivité des actifs, du niveau général des prix et du
degré de la promotion professionnelle.
w = w (p , IP , d)
avec : p : productivité marginale ou
moyenne ;
IP : niveau général des
prix à la consommation familiale ;
d : degré de la promotion
professionnelle, c'est-à-dire le passage automatique ou à partir
d'un concours interne ou externe d'un niveau de salaire donné à
un autre plus élevé.
En Tunisie, la politique salariale tient compte de deux de
deux paramètres à savoir :
-le pouvoir d'achat : c'est-à-dire tenir compte
de l'évolution des prix quoiqu'il n'y a pas une indexation automatique
des salaires sur les prix ;
-les résultats des entreprises :
c'est-à-dire tenir compte de la productivité des travailleurs
quoique cette notion de productivité n'est pas encore tout à fait
définie dans des secteurs tels que l'administration et les services.
L'évolution des salaires a un effet positif sur les
recettes de tous les régimes. Mais elle a un effet négatif sur le
niveau des prestations pour des régimes tels que la retraite et le
capital décès.
En effet, la pension de retraite, par exemple, est
calculée sur la base du dernier salaire perçu (secteur public) ou
su la base du salaire moyen le plus avantageux des 3 ou 5 dernières
années (secteur privé).
Par contre, les prestations d'assurance maladie et des
allocations familiales sont indépendantes du gain.
Les cotisations sont bien entendu basées sur les
salaires pour tous les régimes.
L'amélioration de la productivité incite les
entreprises à une plus grande disponibilité dans les
négociations sociales afférentes aux salaires.
L'élévation du niveau général des
prix fait diminuer le salaire réel et donc le pouvoir d'achat. Pour
préserver un climat social sain, une amélioration des salaires
est indiquée.
L'augmentation du coût (prix de revient) de soins
médicaux et des produits pharmaceutiques joue négativement sur
les dépenses du régime de l'assurance maladie.
Mais en fait, il y a d'autres phénomènes
à part le coût qui interviennent dans l'évolution des
dépenses de l'assurance maladie.
On peut citer les facteurs suivants :
-les habitudes de consommation en soins
médicaux ;
-l'offre de soins : infrastructure sanitaire, nombre
de médecins, ...., etc ;
-le niveau du revenu ;
-l'état de santé de la population ;
-la structure par âge de la population des
bénéficiaires ;
-la structure par sexe de la population couverte ;
-le niveau d'instruction du chef du ménage ;
-la composition du ménage ;
-l'éloignement de l'infrastructure
sanitaire ;
-la catégorie socio-professionnelle.
L'évolution de la population affiliée à
la sécurité sociale dépend de plusieurs facteurs dont
notamment :
-la population active ou le taux
d'activité ;
-la population occupée ou le taux
d'occupation ;
-la couverture sociale ou le taux de couverture ;
La population active constitue la base la plus large de la
population affiliée. Par contre, la population occupée constitue
la base la restreinte.
La population affiliée qui est liée à la
population occupée dépend de la croissance économique du
pays c'est-à-dire de sa capacité en matière de
création de nouveaux emplois.
Cette condition ne sera possible qu'à travers une
politique visant à investir dans des projets dont le coefficient de main
-d'oeuvre est élevé comme les industries manufacturières
et l'agriculture.
Mais l'effort en investissement exige une mobilisation
intense de l'épargne. La couverture sociale se divise en une couverture
réelle c'est-à-dire les personnes effectivement affiliées,
et une couverture potentielle c'est-à-dire les personnes qui
d'après la législation ont droit à une l'affiliation mais
pour plusieurs raisons ne sont pas encore affiliées.
Par contre, il existe une partie de la population
occupée qui n'est pas encore couverte compte tenu de la
législation en vigueur et c'est le cas des ouvriers des chantiers
publics, des ouvriers saisonniers,...., etc.
La variabilité du taux d'affiliation provient en fait
du secteur privé et en particulier des actifs agricoles et des
indépendants.
En effet, la couverture des salaires est presque totale dans
les deux secteurs sauf pour certaines catégories dont l'activité
n'est pas stable comme les ouvriers occasionnels.
Par contre, le taux de couverture réel des actifs
agricoles et des indépendants est actuellement de l'ordre de 18%.
SECTION 4 : PRESENTATION SOMMAIRE DU
MODELE
Compte tenu des observations citées dans les sections
précédentes, on propose un modèle dans son état
préliminaire (faute du temps) qui tient compte d'une manière
implicite la variabilité des deux grandeurs clés de
l'équilibre financier de la sécurité sociale à
savoir : les cotisations et les prestations.
Ce modèle simple à priori pourra être
exploité en économétrie sous forme d'un bloc à part
ou à l'intérieur d'un modèle
macro-économétrique plus complexe du genre modèle
calculable d'équilibre général afin de tester, en
particulier, les effets économiques de la sécurité sociale
et d'en mesurer les conséquences.
(1) COT = COT (h , w , E)
(2) PRS = PRS (l , w , E , IP , N , D , H , O , T
, A , CS , S , CM , ...)
(3) w= w (p , IP , d ,....)
(4) E = E (taf , ...)
(5) taf = taf (tac , I , tc , tw , g ,....)
(6) tac =tac (tp , tn , tm ,....)
(7) tc = tc(le , IF , NP ,....)
avec :
COT : cotisations des employeurs et des assurés
sociaux ;
PRS : prestations globales des différents
régimes ;
h : taux de cotisations ;
w : salaire total brut ;
E : effectif des affiliés et des
bénéficiaires de prestations ;
l : taux de rendement ou de remboursement ;
IP : indice général des prix à la
consommation familiale ;
N : nombre de naissance ;
D : nombre de décès ;
H : habitudes et coutumes ;
O : offre de soins ;
T : progrès technique de la médecine ;
A : structure par âge de la population
assurée ;
CS : catégorie socio-professionnelle ;
S : sexe ;
CM : consommation finale des ménages ;
p : productivité ;
d : degré de promotion et d'avancement des
salaires ;
taf : taux d'affiliation à la sécurité
sociale ;
tac : taux d'activité ;
I : investissement global ;
tc : taux de couverture sociale ;
tw : taux de salariat ;
g : taux de croissance du produit ;
tp : taux de croissance de la population ;
tn : taux de natalité ;
tm : taux de mortalité ;
le : coefficient qui mesure l'effet de la
législation ;
IF : information concernant les régimes et les
prestations ;
NP : niveau des prestations.
SECTION 4 : CONCLUSION
Le modèle présenté ici ne constitue
en aucun cas une version finale et définitive, c'est une
présentation sommaire et condensée de la réalité
des choses nécessitant une spécification approfondie du
phénomène déjà complexe.
Nous cherchons alors à finir par un projet qui
demande d'autres pas de réflexions et de travail, c'est peut
être un avant gout et une incitation pour entrer au vif du sujet.
La présentation des différentes variables
compte tenu de la littérature récente dans ce domaine en
perpétuel changement, constitue déjà un grand pas pour
inventer les relations.
Le seul handicap majeur qui peut limiter le bien fondé
de l'estimation des paramètres du modèle est sans aucun doute
la disponibilité des données statistiques.
Il est donc nécessaire de procéder par des
simplifications sans perdre de l'efficacité et de la performance et de
choisir la méthode et la technique appropriée pour faires les
estimations et d'interpréter enfin les résultats obtenus.
CONCLUSION GENERALE
La sécurité sociale par son intégration
dans l'économie nationale, joue un rôle très important dans
le processus du développement économique et social.
En effet, cette étude a montré qu'il y a points
de liaisons entre la sécurité sociale et le reste de
l'économie sociale.
Certes, cette liaison nécessite beaucoup plus
d'investigation et de recherche, vu la complexité du sujet et de sa
nouveauté, mais il parait que même avec des outils simples, on
peut arriver à tirer des conclusions assez intéressantes.
Remarquons au début que l'intensité des effets
de la sécurité sociale est tributaire du système
appliqué parce que les mécanismes financiers sont
différents.
Le système de répartition consiste à
financer les prestations par les cotisations, par contre, le système de
capitalisation finance les prestations à partir des fonds
placés.
En Tunisie, c'est le premier système qui est
appliqué vu son caractère social basé sur la
solidarité entre les générations.
L'enquête effectuée et le modèle
simplifié de type Harrod-Domar ont montré que la
sécurité sociale a une incidence sur la croissance
économique, sur la répartition du produit, sur l'épargne
et sur l'emploi.
L'équilibre financier de la sécurité
sociale dépend de l'évolution des cotisations et des prestations
mais chaque grandeur est une fonction de plusieurs variables comme le montre le
modèle construit dans le chapitre IV de la quatrième partie.
Cet équilibre a un caractère dynamique dans le
temps comte tenu de l'évolution de toutes les variations dont il
dépend.
Il y a en fait, trois facteurs qui interviennent et qui ont
une incidence sur l'évolution de l'équilibre financier à
savoir :
-le facteur économique ;
-le facteur démographique ;
-le facteur législatif.
Le facteur économique est représenté par
des variables économiques comme le taux d'activité, le taux
d'affiliation, le niveau des salaires, la productivité, la croissance
économique, l'investissement, le niveau général des prix,
le coût des prestations, le coût des soins médicaux, l'offre
des soins,...., etc.
Le facteur démographique est représenté
par la structure par âge, le taux de mortalité, le taux de
natalité, l'espérance de vie, l'accroissement de la population,
l'émigration, la composition du ménage, le sexe,...., etc.
Le facteur législatif est exogène. Il est
considéré comme un instrument de politique économique qui
sert à remédier à toute situation de
déséquilibre financier.
Les paramètres utilisés sont : le taux de
cotisations, le taux de rendement des annuités liquidables, le taux de
remboursement de soins médicaux, l'âge normal de mise à la
retraite, la pension minimale, la durée minimale de cotisations,...,
etc.
L'évolution des variables démographiques et
économiques qui sont tributaires de l'évolution de la population
et de la croissance économique ont une influence sur l'équilibre
financier de la sécurité sociale.
Par contre, tout ajustement de l'équilibre financier
par la manipulation des paramètres pris comme instruments de politique
économique comme par exemple le taux de cotisations, aura des effets
négatifs ou positifs sur les variables macro-économiques telles
que l'emploi, les salaires, l'investissement, l'épargne, la croissance
économique,...., vu l'interdépendance entre l'économie
nationale et le sécurité sociale.
Cette liaison étroite entre la sécurité
sociale et l'économie nationale qui se manifeste par
l'intermédiaire des effets réciproques, laisse entendre qu'il est
pensable à une situation d'optimalité, c'est-à-dire
l'existence d'un état de « bon voisinage » où
l'économie nationale et la sécurité sociale tirent
profit.
Cette situation optimale correspondrait à un niveau
donné de prestations qui tient compte du niveau de vie d'un individu
moyen et de l'équilibre financier des régimes.
Tout ajustement de ce niveau et par conséquent de
l'équilibre financier se fait en minimisant les effets négatifs
sur le reste de l'économie par un choix judicieux, après
éventuellement une étude de simulation, des instruments à
entreprendre.
A titre d'exemple, on peur augmenter le taux de cotisations
pour combler le déficit, comme on peut diminuer la base de liquidation
de la pension en tenant compte de la moyenne des salaires de plusieurs
années au lieu du dernier salaire (cas du secteur public).
Les effets économiques de la première
procédure ne sont pas les mêmes que ceux de la deuxième.
En effet, l'augmentation du taux de cotisation comme on a vu
auparavant, a une incidence négative sur l'épargne et la
consommation des ménages. Elle augmente les charges des employeurs, ce
qui les incite à bloquer les salaires ou d'interrompre le programme de
recrutement de nouveaux actifs.
De même, cette procédure qui fait augmenter le
coût de la main d'oeuvre se répercute sur le prix de revient et
par conséquent on assiste à une élévation des prix
(inflation) et cela engendre inéluctablement une
détérioration du pouvoir d'achat.
Par contre, la deuxième procédure fait diminuer
le niveau de la pension et par conséquent le pouvoir d'achat d'une
population plus restreinte.
En définitif, la relation entre la
sécurité sociale et l'économie nationale d'une part, et le
niveau optimal désiré d'autre part, nécessite des
recherches et des investigations plus poussées.
Ce mémoire ne constitue en effet qu'une approche
préliminaire pour jeter quelques lumières et poser certaines
questions sur un sujet tout à fait nouveau, connu par sa
complexité et son étendu.
Un effort de modélisation dans ce domaine est à
suggérer à partir des essais entrepris dans ce modeste travail
quoiqu'il reste dans un stade d'expérimentation par faute
essentiellement du temps.
Enfin, j'espère que ce travail de recherche
contribuera à éclairer certains foyers d'ombre et suscitera de
vives critiques afin d'enrichir le débat et d'orienter les recherches
futur dans ce domaine peu abordé dans la littérature
scientifique.
ANNEXE STATISTIQUE
T1 : population couverte : actifs et
pensionnés 1980-1989.
années
|
CNSS
|
CAVIS
|
CNRPS
|
CREGT
|
ENSEMBLE
|
Actifs
|
Pensionnés
|
Actifs
|
Pensionnés
|
Actifs
|
Pensionnés
|
Actifs
|
Pensionnées
|
1980
|
366866
|
32422
|
223000
|
41670
|
11112
|
2391
|
600978
|
76483
|
1981
|
395317
|
37291
|
226958
|
44537
|
11822
|
2532
|
634097
|
84360
|
1982
|
421444
|
42485
|
259450
|
47167
|
12396
|
2681
|
693290
|
82333
|
1983
|
468460
|
53099
|
283466
|
50348
|
13352
|
2791
|
765278
|
106238
|
1984
|
507811
|
60232
|
329977
|
53398
|
13898
|
2951
|
851686
|
116581
|
1985
|
531873
|
72901
|
359676
|
57205
|
14104
|
3135
|
905653
|
133241
|
1986
|
536720
|
89296
|
369808
|
62982
|
14478
|
3402
|
921006
|
155680
|
1987
|
539270
|
99637
|
380064
|
68677
|
14831
|
3598
|
934165
|
171912
|
1988
|
564117
|
109845
|
395018
|
74375
|
14816
|
3857
|
973951
|
188077
|
1989
|
652100
|
122554
|
408683
|
78406
|
14904
|
4005
|
1075687
|
204965
|
Source : annuaires statistiques des différentes
caisses sociales.
T2 : cotisations et prestations par régime
1980-1989 en milliers de dinars.
années
|
retraite
|
Assurance maladie
|
Capital décès
|
Prestations familiales
|
ensemble
|
Cotis.
|
Prest.
|
Cotis.
|
Prest.
|
Cotis.
|
Prest.
|
Cotis.
|
Prest.
|
Cotis.
|
Prest.
|
1980
|
64028
|
43311
|
34826
|
18427
|
2990
|
2522
|
46602
|
24014
|
148446
|
88275
|
1981
|
72694
|
58988
|
38435
|
26143
|
3528
|
3171
|
51672
|
30648
|
166329
|
118950
|
1982
|
82013
|
74841
|
43369
|
33920
|
3768
|
3254
|
58085
|
35567
|
187235
|
147582
|
1983
|
97534
|
89749
|
52272
|
41384
|
4425
|
3658
|
71859
|
36890
|
226090
|
171681
|
1984
|
109152
|
103979
|
57417
|
45703
|
4783
|
3750
|
78434
|
39313
|
249786
|
192746
|
1985
|
121928
|
116569
|
60545
|
50944
|
5069
|
3838
|
80214
|
38996
|
267756
|
210347
|
1986
|
144966
|
144663
|
65604
|
56279
|
5294
|
6142
|
84942
|
54013
|
300806
|
261097
|
1987
|
155324
|
167671
|
65696
|
57575
|
5467
|
7016
|
83966
|
59707
|
310453
|
291970
|
1988
|
216234
|
203212
|
80927
|
63335
|
5847
|
6958
|
80231
|
58675
|
383239
|
332180
|
1989
|
253226
|
236059
|
97917
|
69748
|
6158
|
9022
|
94736
|
60556
|
452037
|
375385
|
Source : annuaires statistiques des différentes
caisses sociales.
T3 : cotisations et prestations par caisse en
milliers de dinars.
années
|
CNSS
|
CAVIS
|
CNRPS
|
CREGT
|
ensemble
|
Cotis.
|
Prest.
|
Cotis.
|
Prest.
|
Cotis.
|
Prest.
|
Cotis.
|
Prest.
|
Cotis.
|
Prest.
|
1980
|
74060
|
37633
|
19859
|
11956
|
51548
|
36136
|
2979
|
2550
|
148446
|
88275
|
1981
|
81594
|
51341
|
22263
|
18442
|
58891
|
46086
|
3581
|
3081
|
166329
|
118950
|
1982
|
91954
|
62964
|
25212
|
26394
|
65841
|
54014
|
4228
|
4210
|
187325
|
147582
|
1983
|
113199
|
69285
|
31042
|
31592
|
76721
|
66155
|
5128
|
4649
|
226090
|
171681
|
1984
|
123313
|
75266
|
35258
|
41363
|
85147
|
70718
|
6068
|
5399
|
249786
|
192746
|
1985
|
126433
|
78420
|
38281
|
47164
|
96361
|
78795
|
6681
|
5968
|
267756
|
210347
|
1986
|
132596
|
97501
|
38082
|
56768
|
121973
|
99678
|
6155
|
7150
|
300806
|
261097
|
1987
|
130904
|
102666
|
38151
|
66722
|
132522
|
114713
|
8876
|
7869
|
310453
|
291970
|
1988
|
138973
|
105695
|
74062
|
79408
|
160655
|
138135
|
9549
|
8942
|
383239
|
332180
|
1989
|
165737
|
112450
|
87054
|
90325
|
189200
|
162749
|
10045
|
9863
|
452036
|
375387
|
Source : annuaires statistiques des différentes
caisses sociales.
BIBLIOGRAPHIE
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- Enquête nationale population emploi, 1985,1989, INS.
- Incidence financière de certaines réformes sur le
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- Les comptes de la nation, 1989, INS.
- Note sur l'évolution de l'emploi et des salaires dans la
fonction publique, 1989, INS.
- Pans de développement économique et social,
VIème, VIIème, Ministère du plan et des finances.
- Rapport préliminaire sur l'analyse actuarielle du
régime des salariés non agricoles (CNSS-CAVIS), 1989, BIT,
Genève.
- Rapport préliminaire sur l'analyse actuarielle du
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Genève.
- Régime de sécurité sociale dans le monde,
1987, AISS, Genève.
- Statistiques financières n°91, 1990, BCT.
- Statistiques des caisses de sécurité
sociale : CNRPS, CNSS, CAVIS, CREGT.
ABREVIATIONS :
AISS: Association internationale de
sécurité sociale
BIT: Bureau international de travail
BCT: Banque centrale de Tunisie
CAVIS: Caisse d'assurance vieillesse
invalidité et survie
CNRPS: Caisse nationale de retraite et de
prévoyance sociale
CNSS: Caisse nationale de sécurité
sociale
IEQ: Institut d'économie quantitative
INS : Institut national de la
statistique
INSEA : Institut national de statistique et
d'économie appliquée
AISS : Association internationale de
sécurité sociale
OIT : Organisation internationale du
travail
SMIG : Salaire minimum interprofessionnel
garanti
MIG : Minimum garanti
FP : Fonds de Pension
|