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Dette publique et investissement privé: Effet d'éviction versus effet de levier

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par Thiery Urgue KAME BA BILLA
Université de Yaoundé II - DEA-PTCI 2008
  

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REPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUB LIC OF CAMEROON

Paix-Travail-Patrie Peace-Work-Fatherland

UNIVERSITE DE YAOUNDE II UNIVERSITY OF YAOUNDE II

FACULTE DES SCIENCES FACULTY OF ECONOMICS

ECONOMIQUES ET DE AND MANAGEMENT

GESTION

P.O.BOX 1365 YAOUNDE II

B.P. 1365 YAOUNDE II Tel. (237) 22213441

Tél. (237) 22213441 Fax (237) 22237912

Fax (237)222379 12

PROGRAMME DE TROISIEME CYCLE INTERUNIVERSITAIRE EN ECONOMIE

(P.T.C.I.)

DOUXIEME PROMOTION

DEVICTION VERSUS EFFET DE LEVER AU CAMEROUN UNE ANA

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT

E DU LIEN NTRE DETT PUBIQUE ET NVESTISSE

PRIVE AU CAMEROUN : EFFET

D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER

Mémoire présenté et soutenu publiquement en vue de l'obtention du
Diplôme d'Etude Approfondie (D.E.A.) en Sciences Economiques

Spécialité : Macroéconomie Appliquée
Par : KAME BA BILLA THIERRY URGUE
Titulaire d'une MAÎTRISE en Sciences Economiques
Sous la direction du : Pr. TOUNA MAMA
Agrégé des Facultés des Sciences Economiques et de Gestion.
Année 2006-2007

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

2

SOMMAIRE

SOMMAIRE 2

AVERTISSEMENT 2

DEDICACE 5

REMERCIEMENTS 6

RESUME 8

LISTE DES ABREVIATIONS 9

LISTE DES FIGURES 11

LISTE DES TABLEAUX 12

INTRODUCTION GENERALE 13

PREMIERE PARTIE 27

CHAPITRE I : EFFET D'EVICTION DANS LA RELATION ENTRE DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE 29

SECTION I : APPROCHE TRADITIONNELLE DE L'EFFET D'EVICTION. 30

SECTION II. APPROCHE MODERNE DE L'EFFET D'EVICTION : DEPENSES PUBLIQUES DANS LE MODELE DE SOLOW-RAMSEY 39

CONCLUSION 45

CHAPITRE II : EFFET DE LEVIER DANS LA RELATION ENTRE DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE 46

SECTION I : LA STRUCTURE DE L'EFFET DE LEVIER ET LE THEOREME DE MODIGLIANI-MILLER. 47

SECTION II. APPROCHE KEYNESIENNE DE LA RELATION DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE 55

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

3

CONCLUSION 63

CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE 64

DEUXIEME PARTIE 65

INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE 66

CHAPITRE III : DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EVOLUTION ET CARACTERISTIQUES 67

SECTION I : EVOLUTION GLOBALE DE LA DETTE PUBLIQUE AU CAMEROUN. 69

SECTION II. LES PERFORMANCES ECONOMIQUES DE L'INVESTISSEMENT AU CAMEROUN. 83

CONCLUSION 90

CHAPITRE IV : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER : EVALUATION EMPIRIQUE AU CAMEROUN 92

SECTION I : LE MODELE ECONOMETRIQUE 93

SECTION II. VERIFICATION EMPIRIQUE DE L'EFFET DE LEVIER ET D'EVICTION AU CAMEROUN 102

CONCLUSION 119

CONCLUSION DEUXIÈME PARTIE 120

CONCLUSION GENERALE 121

ANNEXES 124

REFERENCE S BIBLIOGRAPHIQUES 134

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4

AVERTISSEMENT

L'université de Yaoundé II n'entend donner aucune approbation ou improbation aux opinions émises dans ce mémoire. Ces opinions doivent être considérées comme propres à l'auteur.

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DEDICACE

A l'éternel miséricordieux qui conduit tous les jours nos pas vers le chemin de la prospérité.

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6

REMERCIEMENTS

Aux trois êtres qui nous sont le plus cher

Notre chère mère, NYAKE KOUMBE Christine, notre défunte tante, MOUTO
KOUMBE Ruth et notre soeur LOMBI Michèle.

A notre famille

> BONA NDOUMBE LOTTHIN, BON'EPEE de BONA TENE du CANTON

DEIDO-DOUALA

Notre père, Mr MBEDI NDOUMBE HENRI

> BONA KOUMBE, BONA MBOLLOH, BONA KAME du CANTON BAFOUN-LOUM

Notre grand-mère, Mme veuve KOUMBE née LOMBI CHARLOTTE.
> BONA NJOOH, BON'ETEKI, de BONA MAKRITA du CANTON EWODI
Notre beau-père, Mr NJOOH ETEKI BERNARD.

« Par le biais de ce travail scientifique, recevez toute notre gratitude en réplique à
tous les sacrifices consentis en notre égard. »

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7

Professeur TOUNA MAMA, nous vous manifestons toute notre considération pour avoir conduit nos pas préliminaires vers les destinés ingénieux du savoir. Votre caractère d'homme méticuleux et perfectionniste, aimant l'effort au travail, ont été pour nous d'un apport incommensurable.

Notre qualité de doctorant PTCI, du campus de Yaoundé II tout comme du Campus Commun des Cours à Option (CCCO) de Niamey au Niger, a favorablement contribué à l'édification de ce mémoire. Nous tenons à remercier le Pr Geoges Kobou, Pr Desiré Avom et Pr Kamgnia Dia, respectivement Doyen de la FSEG de l'université de Yaoundé II, Directeur National du PTCI et Directeur du Centre d'Etude et de Recherche en Sciences Economiques et de Gestion (CEREG) pour le cadre d'étude attrayant mis à notre disposition. Autant les Professeurs du CCCO, à l'instar du, Pr Chicot EBOUE (Nancy), Pr Mamy Ravalomanana (Madagascar), Pr Amoussouga (Benin), Pr Bathélemy Biao (Benin), Pr Mbamba N'galadjo ( Côte d'ivoire), Dr Pam Zahonogo ( Burkina Faso), pour toute notre formation lors du CCCO.

Merci à toute la Direction du PTCI à Ouagadougou au Burkina Faso, pour nous avoir sélectionné parmi tous les étudiants camerounais afin d'appartenir à ce programme élogieux et unique en son genre en Afrique.

Notre gratitude va également à l'endroit de la Grande Famille du Canton DEIDO résidante à Yaoundé, spécifiquement à son Excellence Monsieur Laurent ES SO, Mr Camille EKINDI, Mr René MBAPOU à papa EPEE EPEE et Mr Daniel EKWALLA BOUMA.

Toute notre reconnaissance au Pr Garry Schinassi du FMI, au Pr Marc Raffinot pour le soutien qu'ils nous apportent de temps à autres.

Merci au Pr Séraphin FOUDA pour ses enseignements en Politique Economique, aussi au Dr J.P. Komon pour sa disponibilité. A Mr Ntsimi et Mr Messina pour la bonne tenue de la salle informatique et de la bibliothèque du CEREG.

A tous nos camarades de la douxième promotion du PTCI (les 14 nationalités), particulièrement ceux de l'Université Cheik Anta Diop de Dakar au Sénégal (à notre bien Aimée). Également à toute la famille des Doctorants de l'Université de Yaoundé II.

A tous nos confrères du Réseau International Jeunesse Développement et Paix dans le Monde de la Banque Mondiale, du club « Bank Campus » de la mission résidante de la Banque Mondiale au Cameroun, du KBS et de l'AJES.

Comme le disait Shakespeare « Toujours l'amitié, quand elle commence à s'affaiblir et à décliner a recours à un dédoublement de politesses cérémonieuses », à notre pléthore d'amis du Cameroun et d'outre mer.

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RESUME

La théorie de l'endettement repose sur plusieurs hypothèses. Notre objectif est de vérifier empiriquement l'hypothèse de l'effet d'éviction ou de l'effet de levier entre la dette publique et l'investissement privé au Cameroun. En effet, selon la théorie, le lien entre la dette et l'investissement privé peut aussi bien être négatif (effet d'éviction) que positif (effet de levier). Notre travail consiste à déterminer l'hypothèse prédominante dans le cas du Cameroun sur la période 1970-2006. L'évaluation d'un modèle « accélérateur - coût du capital » dans le cadre d'une modélisation à correction d'erreur a donné deux effets distincts : à court terme la dette externe affecte significativement et positivement l'investissement privé (effet de levier) mais à long terme la dette interne exerce un effet d'éviction sur l'investissement privé.

Mots clés : effet d'éviction, effet de levier, dette interne, dette externe investissement privé.

ABSTRACT

Debt theory lies on many hypothesis. Our target is to check empirically the crowding-out or crowding-in effects hypothesis between public debt and private investment in Cameroon. According to the theory, the relationship between debt and private investment can either be negative (debt crowding-out effect) or positive (debt crowding-in effect). This study consists of identifying the predominant hypothesis in the case of Cameroon over the 1970-2006 period. An «accelerator-capital cost» model, used within the frame work of an error correction model, reveals two distinct effects: in the short run, external debt has a positive effect on private investment whereas internal debt has a negative outcome in the long run.

Keys words: Debt crowding-out effect, debt crowding-in effect, internal debt external debt, private investment.

LISTE DES ABREVIATIONS

ADF : Dickey Fuller Augmenté

APD : Aide Publique au Développement BAD: Banque Africaine de Développement

BEAC : Banque des Etats de l'Afrique Centrale

BLUE : Best Linear Unbiaised Estimator BTP : Bâtiments et Travaux Publics

CAA : Caisse Autonome d'Amortissement du Cameroun

CEP : Caisse d'Epargne Postale CFC : Crédit Foncier du Cameroun

CNPS : Caisse Nationale de Prévoyance Sociale

CNR : Caisse Nationale de Réassurance

D : Contrat de Désendettement et de Développement

DSA : projet Dimensions Sociales de l'Ajustement.

DSRP : Document Stratégique de la Réduction de la Pauvreté.

FASR : Facilité d'Ajustement Structurel Renforcée

F. CFA : Franc de la Coopération Financière en Afrique Centrale

FMI : Fond Monétaire International

FRPC : Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et la Croissance.

INS : Institut National de la Statistique MCE : Modèle à Correction d'Erreur MCO : Moindres Carrées Ordinaires

OCDE:Organisation pour la Coopération et le Développement Economique ODM : Objectif du Millénaire pour le Développement

PAS: Programme d'Ajustement Structurel

PASR : Programme d'Ajustement Structurel Renforcé

PED : Pays En voie de Développement PIB : Produit Intérieur Brut

PME : Petite et Moyenne Entreprise

PNUD: Programme des Nations Unies pour le Développement.

PPTE : initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés

PSA : Programme Spécial pour l'Afrique

SNEC : Société Nationale des Eaux du Cameroun SNI : Société Nationale d'Investissement

SOCAR : Société Camerounaise d'Assurance et de Réassurance SONARA : Société Nationale de Raffinage

TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée

UDEAC : Union Douanière des Etats de l'Afrique Centrale

UE : Union Européenne

VAN: Valeur Actualisée Nette

WDI: World Bank Data Indicator

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11

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Effet d'éviction

33

Figure 2 : Une réduction de l'épargne

.36

Figure 3 : Une hausse des dépenses publiques à l'équilibre keynésien

...37

Figure 4 : Une hausse du revenu ou production et du taux d'intérêt

...38

Figure 5 : Dépenses publiques dans le modèle de Ramsey

.40

Figure 6 : Impôts sur le revenu du capital dans le modèle de Ramsey

41

Figure 7 : Marché du travail

58

Figure 8 : La courbe de Laffer

.59

Figure 9 : Dette publique au Cameroun

..69

Figure 10 : Stock et encours de la dette publique interne

.70

Figure 11 : La part de la dette interne et de l'investissement sur le PIB

71

Figure 12 :L'évolution de la dette publique externe

75

Figure 13: Evolution des ratios d'endettement extérieur

76

Figure 14 : Service de la dette avant le rééchelonnement

78

Figure 15: Répartition du service de la dette selon les catégories avant rééchelonnement.....

79

Figure 16: Service de la dette après le Rééchelonnement

80

Figure 17 : Répartition du service de la dette selon les catégories après rééchelonnement.....

80

Figure 18: Gain issu du rééchelonnement de Janvier 2001

..81

Figure 19 : La performance de l'investissement au Cameroun

84

Figure 20 : Evolution du PIB réel

.85

Figure 21 : Evolution des ratios investissement sur PIB

.87

Figure 22 : Taux de croissance de l'investissement au Cameroun

..88

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12

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Evolution du service de la dette interne ..73

Tableau 2 : Evolution du service de la dette avant rééchelonnement 78

Tableau 3 : Evolution du service de la dette après le rééchelonnement ....79

Tableau 4 : Gain de rééchelonnement issu du club de paris du 24 janvier 2001 .81

Tableau 5 : Evolution du service de la dette payée entre 1998 et 2005 82

Tableau 6: Signes attendus des coefficients des variables du modèle .99

Tableau 7 : Caractéristiques des Séries Temporelles des Données 104

Tableau 8 : Estimation de l'Equation (EQ) de l'Investissement . .105

Tableau 9 : Valeurs critiques de Engle et Yoo (1987) pour les tests de cointégration ..106

Tableau 10 : Test de stationnarité sur les résidus ..106

Tableau 11 : Modèle MCE suivant Engle et Granger 108

Tableau 12 : Modèle MCE suivant la méthode de Hendry .109

INTRODUCTION GENERALE

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I.CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE

Les théories de la croissance économique, en particulier, les différents modèles d'inspiration keynésienne postulent un lien possible entre l'endettement, l'investissement et la croissance économique. Il s'agit des modèles de mesure de l'effet de levier développés par des auteurs tels que Schumpeter (1912)1, Irving Fisher (1933)2, Modigliani-Miller (1958)3. Ils stipulent que, l'endettement entraînant la relance de la demande provoque par effet accélérateur une hausse plus proportionnelle de l'investissement, qui à son tour entraîne une hausse de la production.

En s'intéressant particulièrement à la relation entre endettement et investissement, il apparaît que celle-ci est sujette à une controverse théorique majeure dans la littérature économique. Au centre du débat, la question de l'effet de l'endettement sur l'investissement. Dans l'analyse économique, il y a principalement deux courants qui s'affrontent sur les théories économiques, à savoir les keynésiens et les néoclassiques.

Concernant la théorie de l'endettement, les keynésiens pensent que l'endettement n'occasionne des charges ni pour les générations futures ni pour des générations présentes du fait des investissements qu'il génère. Ainsi, le fait de recourir à l'emprunt pour relancer la demande effective signifie de facto l'abandon de la discipline budgétaire (Wagner, 1978).

En fait, Le budget public est un stabilisateur conjoncturel dans l'économie nationale, il permet d'intervenir sur la demande. Si la demande effective est insuffisante pour assurer le plein emploi et que l'on se trouve dans une récession, l'État devra relancer cette demande en augmentant ses dépenses et/ou en prélevant moins d'impôt. Inversement, si l'économie est dans une phase de surchauffe, l'État devra diminuer ses dépenses et/ou augmenter les impôts afin de freiner la demande effective. On parle de politique contracyclique, c'est- à- dire une politique qui se meut dans le sens inverse de la production, du revenu et de l'emploi dans le cycle conjoncturel. Seul compte pour les keynésiens l'équilibre macroéconomique, l'équilibre

1 J., Schumpeter, (1912), Théorie de l'évolution économique, Economica, Paris.

2 I., Fisher, (l933), « The Debt Deflation Theory of Great depression », Econometrica. Article traduit dans le n°3 de la Revue Française d'Économie 1988, avec un commentaire de Robert Boyer. Jean Arrous reprend par ailleurs la présentation que Fisher fait de la crise financière de 1929 pour montrer les différences avec celle de 1987.

3 M. H., Miller et F., Modigliani, (1958), «The cost of capital, corporation finance and the theory of investment", American Economic Review, Vol. XLVIII, pp.261-297.

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budgétaire n'est plus un but en soi. L'endettement devient un instrument qui permet d'atteindre le but principal, l'équilibre macroéconomique (Dafflon, 1998).

Les théoriciens classiques, hostiles à l'idée d'un endettement public favorisant l'accumulation du capital et la consommation des générations futures ou présentes, assimilent l'endettement à un impôt futur et imputent à l'Etat une connotation négative4. Selon Ricardo (1817), les citoyens voient dans l'emprunt un impôt différé dans le temps et se comportent comme s'ils étaient contraints de payer ultérieurement un impôt pour rembourser cet emprunt quel que soit le décalage intergénérationnel. En d'autres termes, le comportement des agents économiques est guidé par une anticipation à la hausse des impôts. Toutefois, une réserve peut être introduite selon la nature ou la qualité des dépenses (dépenses de transfert ou d'investissement) financées par l'emprunt.

Barro (1974) montre qu'une politique de déficit budgétaire financée par l'emprunt reste sans effet sur l'activité économique, dans la mesure où les agents ne sont pas victimes de l'illusion fiscale. Ces agents anticipent alors une hausse des impôts destinés à rembourser l'emprunt en constituant une épargne d'un montant équivalent à l'endettement public (Théorème d'équivalence ou de Barro-Ricardo). Dittus (1989) met l'accent sur la relation théorique entre pression fiscale et remboursement de la dette. Il existe au moins des coûts associés aussi bien à l'endettement qu'à sa résorption. V. Hayek (1979) dénonce quant à lui l'endettement comme étant équivalent à une croissance artificielle fondée sur un investissement supérieur à l'effort d'épargne national et provoquant un ajustement par l'inflation. Ainsi, tous les efforts expansionnistes à court terme de l'endettement semblent devoir s'inverser et entraîner à terme un renversement du cycle augurant une phase de lourde récession.

Au vu de ces divergences entre keynésiens et néoclassiques, nous allons analyser les mobiles de la performance de l'investissement privé pour un pays, ceci en faisant une rétrospection de l'état des lieux depuis les indépendances jusqu'à tout récemment.

Quatre régimes5 de croissance sont identifiés au Cameroun depuis les indépendances. Le premier régime, caractérisé par une croissance modérée mais équilibrée, se manifeste pendant la période pré-pétrolière allant de 1960 à 1978. Le secteur primaire, et particulièrement l'agriculture était le principal secteur d'activité de l'économie. Le taux moyen annuel de croissance du PIB réel par tête est ainsi passé de 1,2% entre 1960 et 1966 à

4 Yapo, L., (2002), « Déterminants de l'endettement extérieur des PPTE : Cas de la Côte d'Ivoire », WIDER, Discussion Paper No. 2002/14.

5 Y.F., Odia Ndongo, (2007), « Les sources des fluctuations macroéconomiques au Cameroun », MPRA Paper, No. 1308.

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près de 3,4% entre 1967 et 1976 (Odia Ndongo, 2007). Durant cette période, la croissance des secteurs clés de l'économie6 est harmonieuse. La structure par secteur reste relativement stable. En volume, l'agriculture compte pour 30% du PIB, l'ensemble de l'industrie7 20%, et le tertiaire 50%. Les équilibres extérieurs étaient assurés par le maintien d'une balance commerciale excédentaire (Fambon, 2002). Durant la période 197 1-76 qui a coïncidé avec l'exécution du IIIe Plan Quinquennal, la croissance économique a connu un ralentissement avec environ 2,5 % d'accroissement moyen annuel du PIB sur la période8.

Aux lendemains de l'indépendance, l'Etat s'est érigé en actionnaire principal dans le capital social des entreprises9. Ainsi, l'investissement public et l'investissement privé (en terme absolu) connaissent une croissance régulière et graduelle entre 1970 et 1977. Le ratio de l'investissement privé fluctue plus largement que celui de l'investissement public. En moyenne, le ratio d'investissement privé annuel se situe à 16,69%, alors que celui de l'investissement public se situe à 3,47% avant l'apparition de la production pétrolière (Khan, 2004)10.

La situation de la dette durant cette période est peu préoccupante à cause de son niveau relativement faible. L'encours de la dette publique totale est passé de 440 à 2.588 millions de dollars entre 1975 et 1980 (World Bank, 2005).

Par la suite, la découverte puis l'exploitation du pétrole inaugure un nouveau régime caractérisé par une forte croissance qui court jusqu'en 1985. L'économie camerounaise assiste à une variation structurelle importante avec l'avènement du pétrole comme source principale des échanges extérieurs. Ainsi de 1978 à 1986, le Cameroun bénéficie d'une croissance économique soutenue et équilibrée d'environ 7 % l'an, grâce à la mise en exploitation des ressources pétrolières à partir de 1978 (Fambon, 2002)11.

L'investissement public croit brusquement durant cette période, à cause des échanges extérieurs notamment la vente du pétrole. Il jouera donc à nouveau son rôle d'impulsion avec une progression nominale de 28% l'an en moyenne. Cette évolution est fortement justifiée par celle du budget de l'Etat. Les investissements d'infrastructure représentent en fin

6 A cet époque, les secteurs clés de l'économie étaient sans doute : Agriculture, industrie extractive, manufacturière, et le secteur tertiaire.

7 L'ensemble de l'industrie est réparti à égalité entre l'industrie manufacturière et le secteur minier.

8 Estimation de la Banque Mondiale.

9 Touna Mama et Kamgnia D. B., (2002), «Le comportement d'investissement au Cameroun : un resserrement de la contrainte financière», Les cahiers du SISERA, n°1.

10 S., Khan, (2004), « Macroeconomic factors and private Investment in Cameroon » dans Mondialisation, Exclusion et Développement Africain : stratégies des acteurs publics et privés, Tome 2, sous la direction de B., Bekolo-Ebe, Touna Mama et S. M., Fouda, Maisonneuve & Larose.

11 S., Fambon, (2002), « Endettement du Cameroun : Problèmes et solutions », WIDER, Discussion Paper No. 2002/49.

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de période 70% de la dépense publique d'investissement, contre 47% en 1974/75 (Odia Ndongo, 2007). L'investissement public atteint un maximum de 447 millions de F.CFA en 1987 et commence à chuter brutalement en 1988. Les infrastructures routières bénéficient grandement du boom dans les investissements publics. L'investissement privé s'accroît aussi rapidement pendant cette période, avec un taux moyen annuel d'environ 42,23%, il atteint son pic et commence à décroître en 1986, mais sa décroissance sera moins brusque que celle de l'investissement public en 1988 (Khan, 2004).

La situation de la dette publique reste contrôlable jusqu'à 1985. De ce fait, de 1981/82 à 1984/85 l'encours total de la dette publique passe de 826.590 à 1.487.080 millions de F. CFA. La part de la dette externe dans la dette globale est importante avec une évolution de son encours de 805.990 à 1.385.080 millions de F.CFA pendant la période. La dette interne quant à elle croit de 20.600 à 102.000 millions de F.CFA (WDI, 2005). Le service de la dette publique (externe et interne) prévisionnelle est identique à celui de la dette effective pendant les quatre premières années de la décennie quatre vingt.

Une telle tendance a été inversée au début de la moitié des années 80. Ainsi en 1984, le code des investissements12 est-il modifié de manière à inclure un régime spécial pour le secteur de l'artisanat et des PME13. Le troisième régime s'ouvre en 1985/86 avec la chute des prix des principaux produits de rente, la baisse du cours du dollar et l'épuisement progressif des ressources pétrolières. Ce régime de croissance correspond à la période de récession économique au Cameroun (1985-1993). Aussi, une nouvelle orientation de la politique industrielle au Cameroun a requis un déplacement du pôle de développement économique, de l'entreprise publique vers l'entreprise privée. L'objectif visé était de définir un dimensionnement des unités de production qui s'adapte aux capacités du marché local, privilégiant dès lors l'entreprise privée. De ce fait, le Cameroun doit compter principalement sur le secteur privé pour relancer sa croissance. Malheureusement au cours des années 80, le dynamisme du secteur privé ne tenait qu'au secteur urbain informel (Banque Mondiale, 1995). En effet, en réponse à la récession économique au Cameroun depuis 1985/86, la réglementation dans le secteur formel s'étant accrue, de nombreuses entreprises ont dû être fermées. Les compressions et les cas de chômage se sont accrus, le secteur urbain informel,

12 Au Cameroun, comme dans la plupart des pays Africains au Sud du Sahara, un code des investissements régit et module les décisions d'investissement ; avec pour principal objectif de favoriser les entreprises industrielles qui participent à la réalisation du plan. Les stratégies d'industrialisation ont évolué au Cameroun et avec elles le contenu du code des investissements.

13 La PME agréée bénéficie non seulement des avantages accordés sous son régime, mais aussi de ceux du régime dit des entreprises promotionnelles, pour un e durée de quinze ans si elle venait à s'installer en dehors des zones de forte concentration industrielle.

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absorbant la main d'oeuvre ainsi libérée, s'est développé au détriment du secteur formel. Le pays était donc dans une crise profonde et des reformes structurelles majeures étaient nécessaires. Face à cette situation, le Cameroun adopte le PAS. Cette période fut la plus mauvaise de l'histoire de l'économie Camerounaise. La quasi-totalité des indicateurs macroéconomiques évoluaient négativement.

Le niveau de l'investissement total continue avec cette baisse amorcée pendant la période précédente. Comme le note la Banque Mondiale (1995), devant l'ampleur de l'endettement au Cameroun et la nécessité d'accroître l'épargne publique pour y faire face, les possibilités d'accroître l'investissement public se trouvent plutôt limitées. Les deux composantes de l'investissement connaissent une évolution décroissante, imposée par la crise économique de 1985/86. Cette performance des composantes de l'investissement révère la notion de complémentarité souvent insinuée entre l'investissement public et privé. Dans l'ensemble, l'investissement privé avait une performance moins bonne que celle de l'investissement public durant la période de 1982/83-1997/98. L'investissement privé enregistrait uniquement une croissance moyenne de 3,3% par an pour les quinze années, alors que l'investissement public en enregistrait le double (6,5%) (Mbanga Ndoh, 2004). L'instabilité du climat politique au début des années 1990 pourrait expliquer en partie la baisse de l'investissement privé.

L'apparition de la crise économique à partir de 1986 au Cameroun, sonne le glas du contrôle de la dette extérieure. Durant la période de 1987 à 1999, les indicateurs du fardeau de la dette s'accroissent rapidement, à en croire les données de la CAA. L'encours total de la dette extérieure s'est ainsi accru, passant de 1.434.210 millions en 1985/86 à 1.686.542 millions de F.CFA en 1992/93. Sur la période de 1989/90 à 1992/93, le stock de la dette interne a progressé de manière constante, atteignant en 1992/93, une valeur de 1.010.988 millions de F.CFA. Durant cette période, l'Etat a contracté massivement auprès des agents économiques nationaux pour soutenir l'investissement public. En dépit des efforts consentis par le gouvernement pour assurer le service de la dette, il subsiste toujours des arriérés tant sur la dette extérieure que sur la dette intérieure. L'accumulation des arriérés entraîne une cessation complète de prêts par les banques internationales au gouvernement en 1991 et une réduction brusque à l'accès du secteur privé au marché international des capitaux (FMI, 1999).

Le quatrième régime de croissance s'opère à partir de 1995, après la dévaluation du F. CFA et l'apurement progressif de la dette interne de l'Etat. La restructuration du secteur productif entamé en 1989 et le changement de la parité monétaire de janvier 1994, sont des

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facteurs importants dans le regain de croissance noté en 1995, avec un taux d'évolution annuelle du PIB par tête de 1,8% en moyenne. Tous les signaux montrent un redressement sensible de la situation après cette date et une amélioration des indicateurs macroéconomiques (Odia Ndongo, 2007)

L'investissement privé et l'investissement public passent respectivement de 513.487 et 86.176 millions à 1.120.400 et 112.500 millions de F.CFA entre 1995 et 2003 (WDI, 2005). Cette amélioration de l'investissement au Cameroun fait suite à la dévaluation du F.CFA, qui a amélioré la compétitivité des entreprises locales et stimulé l'accroissement des investissements.

Contrairement à toute attente, l'encours de la dette publique globale ne cesse de croître, ainsi que le paiement de son service. Conformément aux statistiques de la CAA, entre 1995 et 1999 l'encours de la dette publique totale est passé 5.763.757 à 5.998.154 millions de F.CFA. La part de la dette externe variant de 3.806.845 à 4.094.627 millions de F.CFA pendant cette période. L'accroissement de l'encours de la dette extérieure à partir de 1993 s'explique par les effets conjugués des nouveaux engagements de l'Etat et des retards de paiement envers certains créanciers, notamment les pays non participants au Club de Paris14 et ceux du Club de Londres15. En juin 2000, le Cameroun est déclaré éligible à l'initiative PPTE sur la base du critère16 VAN Dette/Exportation=201,5%= 150% qui est le seuil. Il atteint le point de décision en octobre 2000. Ainsi le pays devait connaître entre autre, une rigueur dans la gestion de ses finances publiques, en vue de l'atteinte du point d'achèvement prévue initialement en mai 2003 (Tamba, 2002)17. Ces événements nous expliquent en partie pourquoi la dette publique globale connaît une nette diminution depuis 2000. Son encours est passé de 5.461.395 à 1.989.000 millions de F.CFA entre 2000 à 2006. La part de la dette externe variant entre 4.268.806 à 1.014.000 millions de F. CFA pendant cette période (CAA, 2007). La question dès lors est de savoir si la chute de l'investissement privé au Cameroun pendant la période de récession économique, peut être attribuée au lourd

14 Club de Paris : groupe informel de pays créanciers (généralement des pays de l'OCDE), qui se réunissent à Paris pour négocier des accords de restructuration de la dette avec des pays débiteurs connaissant des problèmes de service de la dette.

15 Club de Londres : groupe informel des principales banques commerciales créancières d'un pays, qui se réunissent dans un centre financier, pas nécessairement Londres, pour négocier et convenir d'une restructuration des dettes commerciales, parfois accompagnée de nouveaux fonds, qu'on appelle prêts volontaires

16 Ce critère est celui adopté après la révision de l'Initiative PPTE en 1999, lors du sommet du G8 à Cologne, améliorant ceux fixés par le sommet du G7 à Lyon en 1996 et jugé plus rudes pour les Etats Africains.

17 Pour plus de détails lire I., Tamba, (2002), Stratégie de désendettement et politiques de développement au Cameroun : Rupture, permanence ou continuité ?, FRIEDRICH EBERT STIFTUNG, CREDDA.

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fardeau de la dette. Si oui, comment expliquer la reprise de l'accroissement de l'investissement après la dévaluation alors même que le taux d'endettement augmentait sans cesse.

Répondre à ces interrogations revient à cerner les déterminants de l'investissement, puis examiner la relation entre l'emprunt public et l'investissement privé au Cameroun.

L'investissement est l'opération qui consiste pour une entreprise ou un pays à augmenter le stock de moyens de production avec pour perspective une production future. Lorsque les acteurs en présence appartiennent au secteur privé, on parle de l'investissement privé. La CAA définit la dette publique comme un ensemble d'emprunts de l'administration centrale, des entreprises publiques, des collectivités locales et du secteur privé qui ont été garantis par le gouvernement. La dette publique est constituée d'une composante conjoncturelle appelée déficit primaire et une composante structurelle appelée « effet boule de neige ».Le déficit primaire est la différence entre les recettes et les dépenses hors intérêt. on parle d'effet « boule de neige » lorsque les charges d'intérêt de la dette publique exercent une pression constante sur le déficit, il faut donc emprunter à nouveau pour payer les intérêts de la dette publique, de telle sorte que celle-ci ne cesse d'augmenter.

Krugman (1988) et Sachs (1989), ont démontré empiriquement que l'accumulation de la dette et son service constituaient une taxe sur la production future et décourageaient l'investissement par l'effet d'éviction. Borensztein (1990) a identifié, dans une étude économétrique, le service de la dette comme un déterminant qui influençait négativement l'endettement extérieur. L'hypothèse de l'effet d'éviction de la dette publique et ses effets néfastes sur la performance économique en Afrique ont été démontré par des études comme celles de : Ajayi (2000) au Nigeria ; Mjema (1996) en Tanzanie ; Fosu (1996et1999) en Afrique subsaharien ;Osei(2000) au Ghana ; Geiger (1990) en Amérique latine. Les principaux résultats de ces recherches ont montré que le paiement du service de la dette a été et restera un obstacle à la croissance économique à travers son impact négatif sur l'investissement.

Fosu (1996), utilise le modèle de Solow augmenté du capital humain, pour montrer le caractère prohibitif de l'endettement sur la croissance économique en Afrique Subsaharien. Iyoha (2000), à l'aide des équations simultanées, confirme qu'un stock excessivement élevé déprécie l'investissement et baisse le taux de croissance économique. Pour lui, l'accumulation de la dette dans les pays de l'Afrique subsaharien a agit comme une taxe sur le revenu futur et a ainsi découragé l'investissement privé. Osei (2000) affirme que le service de la dette élevé signifie qu'une proportion significative des devises convertibles est consommée par la

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dette, limitant ainsi l'habilité des pays à importer des biens et services. Le service de la dette constitue également une part du budget dans plusieurs pays et ainsi impose les contraintes significatives sur l'investissement domestique. La raison est qu'une grande portion des devises tirées des exportations est requise pour le service de la dette et nous notons une décroissance des capitaux extérieurs, tout ceci rend difficile l'expansion des infrastructures, le lancement des nouveaux projets, la continuation des vieux projets et l'approvisionnement de l'économie en biens d'équipements et en matières premières nécessaires provenant des autres pays (Geiger, 1990). Etant donné la complémentarité existante entre l'investissement public et l'investissement privé, la dette et le fardeau de son service affectent aussi bien l'investissement privé que l'investissement public, soit directement soit indirectement.

Blejer et khan (1984) ; Moshi et Kilindo (1999), Asante (2000), Amin (1989) ont démontré dans leurs études variées comment l'investissement du secteur public est un support significatif sur l'investissement du secteur privé. La raison en est que le secteur public offre certaines facilités à l'instar des moyens de communication, des routes et d'autres services sociaux, qui permettent d'encourager les activités des entreprises privées.

Ainsi, le fait général acceptable maintenant est qu'il n'y a aucun moyen pour les pays très endettés et pauvres comme le Cameroun, de servir et rembourser la dette et accroître encore assez de ressources pour l'investissement public. Les créditeurs, les débiteurs et la société civile ont choisit le fait que l'annulation de la dette est le seul moyen par lequel l'investissement peut être rajeuni dans les pays endettés afin d'assurer la croissance (Touna Mama et collaborateurs, 1996), et ceci brisera la chaîne de la dette qui maintient plusieurs pays dans la pauvreté perpétuelle (Collins, 1999). Toutefois, la réduction du fardeau de la dette, peut entraîner la croissance économique seulement si les fonds issus de la réduction de la dette sont épargnés et assidûment concentrés dans le secteur social18.

Nonobstant ces travaux, B. Gürbüz et M. Raffinot en Turquie (2001) ont été les pionniers en ce qui concerne l'étude de la nature de la relation entre la dette publique et l'investissement privé. Leurs résultats donnent deux effets distincts : la dette externe a un effet positif sur les investissements privés, tandis que la dette interne exerce un effet d'éviction. Au Cameroun, selon les travaux de Touna Mama et Kamgnia Dia (2002), la dette extérieure est déterminée comme un réducteur d'effets du crédit au secteur privé ; les dépenses publiques pour investissement, plutôt que le déficit budgétaire, affectent significativement et négativement l'investissement privé et tout choc sur l'investissement observé au cours d'une

18 Le secteur social à l'instar de la santé, l'éducation, l'approvisionnement en eau potable, etc.

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année donnée est entièrement résorbé en une année. G. Mbanga Ndoh (2004) montre que le service de la dette extérieure exerce un effet d'éviction sur l'investissement privé. Néanmoins, ces études pour le cas du Cameroun, souffrent d'une insuffisance majeure qui est la non prise en compte de la dette interne dans l'analyse. Pour une évaluation complète des deux composantes de la dette publique, il nous importe de combler cette carence.

Dans cette étude, nous nous intéressons à la nature du lien entre la dette publique et l'investissement privé au Cameroun. L'effet de la dette sur l'investissement privé est théoriquement indéterminé. En effet, selon la théorie, le lien entre la dette et l'investissement privé peut aussi bien être négatif (effet d'éviction) que positif (effet de levier). Partant de là, la présente étude met en évidence l'impact de la dette publique sur le comportement de l'investissement privé au Cameroun. Nous nous posons ainsi la question centrale suivante : Quelle est la nature du lien entre l'endettement public et l'investissement privé au Cameroun? Plus spécifiquement, il s'agit de savoir : Est-ce que la dette publique exerce un effet d'éviction ou un effet de levier sur l'investissement privé au Cameroun ?

II. INTERET DE L'ETUDE

Face à cette problématique, l'intérêt de notre travail de recherche est triple. A savoir, un intérêt théorique, méthodologique et « opérationnel ».

Sur le plan théorique, il s'agit de mettre en évidence deux sujets à questionnement apparemment distantes mais intimement reliées, à savoir l'endettement public et l'investissement privé. A cet effet, ni la théorie économique, ni les études de la Banque mondiale, ni même la Comptabilité Nationale ne sont parvenues à lever l'indétermination qui entoure cette relation au niveau de la question précédente entre la dette et l'investissement. En se servant à cet égard des données d'un pays venant d'atteindre le point d'achèvement de l'initiative PPTE, l'intérêt théorique de notre travail est de lever cette indétermination.

L'intérêt méthodologique de ce travail peut être perçu à travers plusieurs apports. Premièrement, à la différence de nombreux travaux, il sera question de prendre en compte des variables relatives à la dette interne lors de l'évaluation empirique des déterminants de l'investissement privé. Puis il sera question d'évaluer les propriétés des séries temporelles, afin de justifier le choix du modèle à correction d'erreurs (MCE). Ce modèle nous permet de cerner la dynamique de court terme d'une part et celle de long terme d'autre part. Il est en effet possible que l'indétermination provienne de la recherche par des auteurs antérieurs d'un

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effet net. Nous nous attellerons à prendre en compte les nouvelles critiques de l'économétrie des séries temporelles.

S'agissant de l'intérêt « opérationnel », il faut rappeler que, la plupart des politiques économiques sont élaborées selon l'idée basique que la dette publique exerce un effet d'entraînement vertueux sur l'investissement privé. C'est notamment le cas des recommandations de Fry (1997) en faveur de ce type de financement. Dans le cadre de cette étude, il s'agira véritablement de savoir si oui ou non la dette publique est vertueuse, c'est-àdire, comment est-elle susceptible de se transformer en investissements productifs, source de croissance économique. La détermination empirique de l'impact de la dette publique sur l'investissement privé serait de nature à orienter les choix en matière de politique économique au Cameroun.

III. OBJECTIF DE L'ETUDE

Cette étude vise globalement à analyser la nature du lien entre la dette publique et l'investissement privé au Cameroun.

Plus spécifiquement, il s'agit de :

· Evaluer les facteurs qui déterminent l'investissement privé au Cameroun.

· Analyser l'effet d'éviction ou de levier de la dette publique sur l'investissement privé.

IV. HYPOTHESE DE RECHERCHE

En réponse aux questions spécifiques de notre travail, les hypothèses suivantes peuvent être formulées :

H1 : La dette publique influence significativement l'investissement privé.

H2 : la dette publique exerce un effet mitigé sur l'investissement privé, il peut être vertueux ou pervers.

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V. METHODOLOGIE

Il s'agit pour nous d'évaluer le comportement de l'investissement privé au Cameroun afin de déceler la nature du lien qu'il entretient avec la dette publique. Les approches méthodologiques relevant des études des déterminants de l'investissement sont diverses. Tout d'abord, ces études ont procédé directement à l'estimation, sans au préalable analyser les propriétés chronologiques des séries. Pourtant, comme l'ont montré Nelson et Plosser (1982), la plupart des séries macroéconomiques sont non stationnaires à niveau. Ensuite, lors de l'application du test de cointégration de Engle et Granger, d'autres études ont effectué le test de stationnarité des résidus du modèle MCE, en ne prenant pas en compte la nouvelle critique de l'économétrie des séries temporelles. Elle préconise d'utiliser les valeurs critiques tabulées19 par Engle et Yoo (1987), lors de l'analyse des résultats. Car le test de cointégration a pour objectif de tester l'existence d'une racine unitaire dans les résidus estimés de la relation de long terme et non pas sur les vraies valeurs. Aussi, un bon nombre d'études empiriques a par ailleurs eu recours à des modèles VAR, sans justifier empiriquement ce choix. Certains ont été amenés à partitionner l'étude en plusieurs périodes afin de prendre en compte les variations macroéconomiques, ce qui est intéressant mais pas assez pertinent (B. Gürbüz et M. Raffinot 2001). Pire encore, certains auteurs effectuent le test de corrélation des erreurs du modèle MCE, en procédant au test de Durbin-Watson. Exemple, très peu de ces études ont concerné directement l'Afrique.

La présente étude ira au-delà de ces insuffisances méthodologiques. Dans un besoin de garantir des estimations robustes, les propriétés de séries temporelles de l'investissement et de ses déterminants doivent être déterminées, en procédant à des tests de racine unitaire. Plus spécifiquement, les tests de Dickey- Fuller Augmenté (ADF) et de Phillips-Peron. Si les séries définies sont toutes stationnaires, lorsque définies en différence première suivant les tests de ADF et de Phillips-Perron, l'on pourrait penser à l'existence d'une relation de cointégration entre elles. Aussi, le test de cointégration de Engle et Granger (1987) peut-il être effectué. L'idée qu'une relation d'équilibre de long terme puisse être définie entre variable pourtant individuellement non stationnaire est à la base de la théorie de cointégration. Si les résidus sont stationnaires à niveau, nous tirons comme conclusion, l'existence d'une relation de cointégration entre les différentes variables du modèle. En présence d'une relation de cointégration, de meilleurs résultats sont obtenus en estimant plutôt un modèle à correction

19 Voir Valérie Mignon et Sandrine Lardic (2002): Econométrie des séries temporelles macroéconomiques et financières.

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d'erreur (ECM). En particulier, des corrections aussi bien par la méthode à deux étapes de Engle et Granger que par la méthode à une étape de Hendry. La cible de long terme doit en fait être satisfaite par le mécanisme MCE, lequel se fonde sur le théorème de représentation de Granger. Un tel théorème associe la présence d'une relation de cointégration à l'existence d'une représentation MCE qui permet de corriger les écarts afin de converger vers la cible de long terme (Bresson et Pirotte ; 1995).

Les mesures de tendance centrale et celles de dispersion, des paramètres de forme et les tests de normalité (Jarque-Bera) seront analysées. Aussi, l'hypothèse de l'homocedasticité des erreurs du modèle MCE sera vérifier en effectuant le test de White et le test de ARCH. Ensuite, nous testerons l'hypothèse de corrélation des erreurs du modèle MCE, en effectuant le test de Breusch-Godfrey et non le test de corrélation des erreurs de Durbin-Watson, car le modèle MCE comporte des variables décalées.

Le modèle économétrique pour l'évaluation des effets d'éviction et de levier dans les décisions d'investissement met en relation le logarithme de l'investissement privé réel et celui de ses déterminants. Il s'agit d'un modèle « accélérateur - coût du capital ». Ce modèle est certes critiquable, à cause de l'absence de lien fiable entre le coût du capital et l'investissement20 . Mais Blanchard (1986) propose que pour faire ressortir le coût du capital dans les équations d'investissement, « il faille déployer plus que l'ingéniosité économétrique habituelle » et « choisir une spécification qui force l'effet à être présent ». La variable endogène de ce modèle est le logarithme de l'investissement privé réel. Ainsi, la croissance de l'investissement du secteur privé s'expliquerait essentiellement par celle du PIB réel, celle de l'investissement du secteur public réel. Conformément à l'hypothèse de debt overhang, le poids de la dette totale pèserait sur l'investissement privé. L'investissement privé réel dépend positivement (effet de levier) ou négativement (effet d'éviction) de la dette interne et externe. Le crédit au secteur privé, le taux d'intérêt et le taux de change influencent aussi l'investissement privé dans notre modèle.

Nous introduirons dans notre modèle trois variables muettes ; D1= dummy pour la stabilité macroéconomique ; D1=0 pour les années de croissances (1970-1985); D1=1 pour les années de récession (1986-1995) ; D2= dummy pour la dévaluation ; 0 avant 1994 et 1 après ; D3= dummy pour l'atteinte du point de décision de l'initiative PPTE, 0 avant 2000 et 1 après. Les données de l'INS (2000), de la WDI (2005) et de la CAA (2007) nous servirons à effectuer nos estimations à l'aide du logiciel Eviews 4. La période d'observation est celle

20 Pour amples explications lire « Accélérateur et coût du capital : quelques éléments empiriques », P. Villieu, La Découverte, 2000.

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allant de1970 à 2006, bien que les estimations se limitent en 2003 pour cause de données manquantes. Par la suite, nous procéderons à l'évaluation des résultats, dans l'optique d'apprécier l'effet de la dette publique sur l'investissement privé. Il s'agit pour nous de savoir en fin de compte si l'on peut observer l'éviction de l'investissement privé par la dette publique ou alors une relation vertueuse.

VI. ANNONCE DU PLAN

Cette approche méthodologique structure notre travail en deux grandes parties comprenant chacune deux chapitres. Dans la première partie, nous nous servirons de l'approche traditionnelle de l'effet d'éviction et du modèle de Solow-Ramsey pour comprendre au chapitre premier la théorie de l'effet d'éviction. La reconnaissance théorique du débat autour de la relation entre dette publique et investissement privé nous conduit au deuxième chapitre à prendre en compte l'aspect théorique de l'effet de levier, à travers la structure de l'effet de levier et le théorème de Modigliani-Miller d'une part, et d'autre part, l'approche keynésienne de la relation entre dette publique et investissement privé.

La deuxième partie est centrée autour de la vérification empirique de nos hypothèses de recherche. Au troisième chapitre, nous présenterons l'évolution socio-économique de notre pays, en s'appuyant d'un côté sur celle de la dette publique et de l'autre sur celle de l'investissement, tout en faisant un bilan comparatif entre les deux. Le dernier chapitre nous éclaire sur la nature de la relation entre dette publique et investissement privé au Cameroun, par une évaluation empirique.

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PREMIERE PARTIE

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE :
UNE ANALYSE THEORIQUE DES EFFETS D'EVICTION ET DE
LEVIER

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INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE

La question de la dette publique est fondamentale dans le domaine de l'analyse macroéconomique. En réalité, on peut considérer qu'il existe trois écoles de pensée concernant l'effet économique des déficits publics ou de la dette publique. Chacune d'elles développe des argumentations très divergentes visant à démontrer que les déficits publics sont terriblement néfastes, incroyablement bénéfiques ou sans importance.

En effet, selon la conception classique et même monétariste, l'effet d'éviction est inhérent à toute relation entre l'emprunt public et l'investissement. De ce fait, seules les dépenses en capital21 devraient être financées par emprunt car il s'agit de dépenses qui peuvent bénéficier aux générations futures et il est donc légitime que ces dernières supportent en partie leur financement. Pour Friedman en 1983, la dette réduit le niveau d'investissement nécessaire pour la croissance économique.

Selon la conception keynésienne, les gouvernements doivent dans certains cas, stimuler l'économie par des augmentations des dépenses publiques ou par des diminutions de taxes. Les déficits publics sont donc une solution permettant d'accélérer la reprise économique en cas de crise. Ainsi, par le biais de son effet de levier sur l'investissement privé, l'emprunt public est important car il stimule et entraîne la croissance économique. L'endettement devient donc un instrument qui permet d'atteindre le but principal, l'équilibre macroéconomique (Dafflon, 1998).

Enfin, selon la conception ricardienne, les agents privés peuvent décider de ne pas accroître leur consommation lorsqu'un gouvernement, dont la situation budgétaire est précaire, diminue ses taxes car ils peuvent penser que cette diminution des impôts ne sera que temporaire et qu'ils devront incontestablement faire face à des taxes plus élevées dans un futur peu éloigné afin de permettre le remboursement des emprunts effectués suite à la diminution actuelle des recettes fiscales; le déficit causé par la diminution des taxes ne modifie donc pas la croissance économique Ricardo (1817).

Le premier chapitre de cette partie, met en évidence l'éviction de l'investissement privé. Le second chapitre limite le précédent, en mettant en exergue l'effet de levier de la dette.

21 Les dépenses qui contribuent à l'amélioration des possibilités de production future.

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CHAPITRE I

EFFET D'EVICTION DANS LA RELATION ENTRE DETTE PUBLIQUE ET
INVESTISSEMENT PRIVE

L'effet d'éviction est une baisse de l'investissement et de la consommation privée provoquée par une hausse des dépenses publiques. Il est mis en avant par tous ceux qui pensent que l'économie laissée à elle-même assure le plein emploi des ressources (à quelques nuances près). Par conséquent, toute activité de l'Etat qui fait appel à une partie de ces ressources en détourne forcement l'usage, du secteur privé au secteur public. Ce détournement se ferait notamment à travers la hausse du taux d'intérêt qui résulte de l'endettement de l'Etat ou des prélèvements qu'il fait sur la masse monétaire. Cette hausse freine autant l'investissement privé (le crédit devenant plus cher) qu'accessoirement la consommation. L'importance de l'effet d'éviction dépend, du moins en partie, du taux d'utilisation des capacités de production (en machine et en Hommes) de l'économie. Si ce taux est relativement faible22, les dépenses publiques n'évincent pas forcement la consommation et l'investissement privé ; elle peuvent au contraire les stimuler comme le montre l'exemple du multiplicateur Keynésien.

Dans les années 1960 et 1970, le débat à propos de l'existence et de l'importance de l'effet d'éviction a été surtout conduit dans le cadre du modèle IS-LM. Il portait alors sur le caractère plus ou moins « vertical » de la courbe LM. Dans les années 1980 et 1990, la question de l'effet d'éviction a quelque peu disparu de la scène. Mais elle est en fait implicitement présente dans les analyses sur l'inflation anticipée qui sera provoquée par la hausse des déficits publics et l'endettement de l'Etat, et qui aurait pour conséquence de faire monter les taux d'intérêt à long terme, dont les investisseurs tiennent particulièrement compte au moment où ils se décident à se lancer dans des projets de longue haleine. Les effets bénéfiques du multiplicateur keynésien seraient donc neutralisés, et au-delà, par la hausse des taux d'intérêt anticipés par les agents économiques, qui freinent leurs dépenses.

Ce chapitre aborde les diverses approches de la théorie de l'effet d'éviction. Sa première section rend compte de l'approche traditionnelle de l'effet d'éviction, selon laquelle l'emprunt public réduit l'épargne nationale et évince l'investissement privé. Cette conclusion est complétée dans sa conception moderne, par le modèle de Solow-Ramsey, mais nuancer par l'équivalence ricardienne.

22 On dira qu'il y a sous emploi important.

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Section I : APPROCHE TRADITIONNELLE DE L'EFFET D'EVICTION.

L'approche traditionnelle de l'effet d'éviction est mise en exergue par les arguments en faveur de la discipline budgétaire. Ces arguments émanent essentiellement de l'école classique et de son «héritière« l'école du Public Choice. La discipline budgétaire favorise l'allocation optimale des ressources et des choix rationnels. Concernant le financement des tâches publiques et la taille que l'on souhaite donner à l'État, l'impôt est préférable à l'emprunt principalement pour deux raisons : l'illusion fiscale et la responsabilité budgétaire.

I.1. EMPRUNT PUBLIC ET COMPORTEMENT DES AGENTS ECONOMIQUES L'emprunt public déresponsabilise le citoyen et conduit surtout à une réduction de l'investissement privé.

I.1.1. Emprunt public et responsabilité du citoyen.

Selon l'école du Public Choice, les comportements des individus ne seront pas identiques face à un emprunt privé ou face à un emprunt public. Dans le cas d'un emprunt privé, l'individu contracte une responsabilité individuelle face à sa dette. S'il déménage, ses créanciers le poursuivront et s'il décède, ses héritiers pourraient devoir payer ses dettes.

Dans le cas d'un emprunt public, c'est l'Etat qui est censé être responsable face à cette dette. Cette responsabilité n'est cependant pas réellement partagée par tous les citoyens en ce sens que ces derniers ne possèdent pas «une part individuelle« de responsabilité de la dette. Si un résidant d'un Etat ayant contracté une dette déménage, la dette collective ne suit pas. De même s'il décède, ses héritiers non résidants ne doivent rien, car il n'y a pas de responsabilité individuelle face à la dette publique, mais une responsabilité collective, dans la limite politique de l'Etat s'étant endetté. On peut donc supposer que les individus seront moins prudents et précautionneux face à un emprunt public que face à un emprunt privé. Cela pourrait donc conduire les politiciens à emprunter même quand les conditions pour un emprunt rationnel ne sont pas réunies. La déresponsabilisation des contribuables face à l'endettement public provoque l'illusion que la dette est moins coûteuse que l'impôt, les gouvernements auront donc plus tendance à y recourir (Buchanan et Wagner, 1977).

Buchanan et al. (1987 : 366 et 367) développent l'argument suivant. Un citoyen pourrait reconnaître une sorte de responsabilité morale individuelle vis-à-vis de son pays s'il est associé de plein droit dans le processus de décision. Dans le cas d'un emprunt, il est nécessaire de distinguer deux groupes de citoyens : les citoyens ayant participé à la décision de s'endetter pour une dépense et ceux qui n'ont pas participé à cette décision, et qui n'ont peut-être même pas profité des retombées de la dépense en question, soit la génération

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suivante. Les premiers ont sans doute une responsabilité morale individuelle face aux dettes contractées par leur Etat, car ils ont participé au processus de décision qui a engendré la dépense. Les deuxièmes, n'ayant pas participé à la décision, n'auront certainement pas cette responsabilité.

Le raisonnement ci-dessus s'effectue sous l'hypothèse d'absence de mobilité. Si on lève cette hypothèse, l'immigration devient possible. Selon Buchanan, un citoyen qui arriverait dans un Etat dans la période qui suit la décision relative à la dépense aurait plus de responsabilité face à la dette de cet Etat qu'un citoyen qui appartiendrait au deuxième groupe, la génération suivante. En effet, le nouvel arrivant, bien que n'ayant pas participé à la décision de contracter une dette, a choisi volontairement de s'installer dans cet Etat, contrairement au citoyen du deuxième groupe qui y est né. On peut dire que cette dette envers l'Etat fait partie intégrante du contrat qui lie le nouvel arrivant à l'Etat. Ce raisonnement n'est cependant cohérent qu'avec l'hypothèse d'une information parfaite. Il faut en effet que le nouvel arrivant connaisse la dette réelle de son nouvel Etat afin de faire un choix rationnel.

Par contre, toujours en cas de mobilité, la déresponsabilisation du citoyen face à la dette publique peut engendrer des comportements stratégiques. Un citoyen peut être favorable à un financement par emprunt pour des dépenses publiques d'investissement, en profiter quelques temps, puis, lorsqu'un certain bénéfice en a été retiré, déménager vers un autre Etat pour ne plus avoir à supporter le fardeau de la dette. Ces comportements ne sont cependant possibles que si la période de remboursement de l'emprunt excède la durée de vie du capital de production financé par le dit emprunt.

De ce fait, la distinction entre dépenses courantes (ou de fonctionnement) et dépenses d'investissement est essentielle. Dans le cas des dépenses courantes, le raisonnement de Buchanan se renforce : une telle dépense ne devrait pas être financée par emprunt, car elle n'aura pas de retombées aussi longues que la période de remboursement de l'emprunt. Par contre une dépense d'investissement peut être financée par emprunt. Idéalement, la période de remboursement correspond à la durée de vie de l'investissement, compte tenu de sa dépréciation ou de l'obsolescence.

Au vu de ces deux situations, la responsabilité morale individuelle face à un emprunt public n'est guère praticable si on lève des hypothèses restrictives comme l'information parfaite. On doit alors envisager une responsabilité morale de groupe soutenue par des règles constitutionnelles.

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Plusieurs sortes de financements s'offrent à un gouvernement pour ses services collectifs, autrement dit pour transférer des ressources privées vers le secteur public : les impôts et les taxes, l'emprunt, la création monétaire.

Si un gouvernement finance ses prestations avec des impôts ou des taxes, il y a transfert réel et immédiat de ressources entre les citoyens et le gouvernement, sans contrainte d'un budget public équilibré. Les citoyens considèrent explicitement les coûts (hausse de leurs impôts) qu'une augmentation de services publics occasionne. Cette méthode de financement permet de rationaliser la décision et de retenir les appétits dépensiers de l'État.

L'emprunt implique quant à lui un transfert du secteur privé vers le secteur public qui est implicite, parceque décalé dans le temps et non précisé. Les citoyens peuvent oublier le coût réel des dépenses publiques, car la charge financière de l'emprunt sera supportée par les futurs citoyens-contribuables, le financement de la dépense est ainsi reporté (Tollison et Wagner, 1987).

L'emprunt cause donc une rupture temporelle dans la relation entre le cercle des bénéficiaires, les contribuables d'aujourd'hui, et le cercle des payeurs, les contribuables de demain ; c'est dire qu'il y a rupture du lien entre une dépense et son financement, lien qui doit exister pour que la décision soit rationnelle. Cette situation induit ainsi un phénomène d'illusion fiscale, car les contribuables actuels ne ressentent pas le poids du financement. Au contraire, le financement par impôt permet aux impôts de jouer leur rôle traditionnel de prix des politiques publiques offertes, car la dépense et son financement sont simultanés, la contrainte budgétaire étant fixée (Dafflon, 1998).

I.1.2. Emprunt public et investissement privé.

Selon les auteurs classiques23, l'emprunt public exerce un effet d'éviction, c'est-à-dire qu'il réduit, ou évince, les investissements privés. L'emprunt public provoque une diminution des fonds disponibles pour les agents privés et une hausse des taux d'intérêt due à l'augmentation de la demande de crédit. Cela engendre une diminution de l'investissement privé, et probablement du PIB. Toutefois, deux conditions sont nécessaires:

(i) l'investissement est une fonction du taux d'intérêt ;

(ii) on ne se situe pas dans une situation de trappe à liquidité, la demande de monnaie n'est donc pas parfaitement élastique. Cet argument est cependant plutôt théorique, les travaux empiriques sur le sujet ne parviennent pas à une conclusion unilatérale et définitive qui prouverait l'effet d'éviction (Novaresi, 2001).

23 Plusieurs auteurs ont vérifié empiriquement l'effet d'éviction qu'exerce la dette publique sur l'investissement privé, à l'instar de D., Ricardo, (1817), Barro, (1989), Krugman (1988), Sachs (1989),

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Taux d'intérêt O0 Taux d'intérêt

D1

D0

DI

r1

r0

Prêts I1 I0 Investissements privés

Figure 1 : L'effet d'éviction

La figure 1 montre que la demande de fonds de la part du secteur public fait augmenter le taux d'intérêt parce que les emprunts du gouvernement haussent la demande de prêts sans qu'il y ait augmentation de l'offre de prêts. Le premier graphique illustre la situation sur le marché des capitaux où la demande de prêts est représentée par la courbe DO et l'offre de prêts

par la courbe Ïï . La rencontre entre les deux courbes détermine le taux d'intérêt sur le
marché qui se fixe en rÏ . Pour ce taux, les investissements atteignent ÉÏ . Lorsque le

gouvernement se trouve face à un déficit, il va rentrer lui aussi sur le marché des capitaux. La
demande de prêts augmente et passe de DÏ àD1 . L'offre ne change pas, de sorte que le taux

d'intérêt passe à r1. Le taux d'intérêt plus élevé entraîne une diminution des investissements et

une baisse du stock de capital privé. L'effet d'éviction porte donc atteinte aux générations futures. Cette atteinte est d'autant plus forte que le recours à l'emprunt sert à financer des dépenses de consommation.

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I.2. LA DETTE PUBLIQUE ET LA POLITIQUE BUDGETAIRE

L'approche traditionnelle de la dette publique peut être expliquée par différents modèles relatifs aux effets de long terme et de court terme de la politique budgétaire.

I.2.1. Les effets à long terme de la politique budgétaire sur l'investissement privé.

Dans une économie fermée, il y a trois utilisations possibles des biens et services qu'elle produit. L'identité du revenu national exprime ces trois composantes du PIB :

Y=C+I+G (1.1)

Les équations qui suivent synthétisent cette demande des biens et services :

C=c(Õ?T) (1.2)

I=(r) (1.3)

G=G (1.4)

T=T (1.5)

Y est le revenu national ou la production nationale ; C est la consommation nationale ; I est la fonction d'investissement qui est fonction du taux d'intérêt. ; T représente les transferts ; G les dépenses publiques.

En substituant les fonctions de consommation et d'investissement dans l'identité comptable du revenu national, nous obtenons

Y=c(Y-T)+I(r)+G (1.6)

Comme les variables G et T sont établies par la politique budgétaire et que le niveau de la production Y est déterminé par les facteurs de production et la fonction de production, nous pouvons écrire

Y=c(Y-T)+I(r)+G (1.7)

L'offre de la production est égale à la demande de celle ci qui n'est rien d'autre que la somme de la consommation, de l'investissement et des dépenses publiques. Les variables Y, T, G étant exogène à notre modèle.

Le taux d'intérêt est le coût de l'emprunt et le rendement sur les marchés financiers. Pour visualiser son rôle, nous devons réécrire l'identité comptable du revenu national comme suit :

Y - c(Y - T) - G=I(r) (1.8)

S=I(r) (1.9)

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35

L'épargne nationale S dépend du revenu Y et des variables G et T de la politique budgétaire, elle est également donnée.

Partant de cette identité, une hausse des dépenses publiques à concurrence de AG entraîne comme premier effet, une hausse de la demande de biens et services équivalente à AG. Mais comme la production totale est déterminée par les facteurs de production, cet accroissement des dépenses publiques doit être compensé par une baisse dans un autre secteur de la demande. Le revenu disponible Y - T ne variant pas, la consommation C reste inchangé. La hausse des dépenses publiques doit donc être compensée par une baisse équivalente de l'investissement. Pour induire cette baisse le taux d'intérêt doit augmenter.

Ainsi, la hausse des dépenses publiques entraîne un relèvement du taux d'intérêt et une diminution de l'investissement. Dans un tel cas, on dit qu'il y a éviction de l'investissement par les dépenses publiques.

Examinons maintenant son impact sur le marché des fonds prêtables. Comme la hausse des dépenses publiques ne s'accompagne pas d'un relèvement des impôts, l'Etat finance ses dépenses supplémentaires par l'emprunt, ce qui a pour effet de réduire l'épargne publique. Comme l'épargne privée reste inchangée, l'emprunt de l'Etat pèse négativement sur l'épargne nationale. Dans ce cas comme le montre la figure2, une réduction de l'épargne se représente par un glissement vers la gauche de l'offre des fonds prêtables disponibles pour l'investissement. Au taux d'intérêt initial, la demande de fonds excède leur offre. Le taux d'intérêt d'équilibre augmente jusqu'au point où la fonction d'investissement intercepte la nouvelle fonction d'épargne.

L'accroissement des dépenses publiques induit donc une hausse du taux d'intérêt et évince l'investissement.

Aussi, une réduction des impôts à concurrence de AT entraîne comme premier effet l'accroissement du revenu disponible et donc la consommation. Le revenu disponible augmente de AT et la consommation croit d'un montant équivalent à AT fois la propension marginale à consommer PMC. Plus la PMC est élevée, plus l'impact de la réduction d'impôts sur la consommation est important. Comme la production de l'économie est déterminée par les facteurs de production et que les dépenses publiques sont établies par la politique budgétaire, l'accroissement de la consommation doit être compensé par une réduction de l'investissement. Pour induire cette baisse de l'investissement, le taux d'intérêt doit croître.

En conséquence, une réduction des impôts, tout comme une hausse des dépenses publiques, évince l'investissement et induit une hausse du taux d'intérêt.

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Il est également possible d'analyser l'effet d'une réduction fiscale à partir de l'épargne et de l'investissement. Comme la réduction fiscale accroît le revenu disponible à concurrence de ÄT, la consommation augmente de PMC x ÄT . L'épargne nationale S, qui est égale à Y - C - G diminue du même montant que la consommation augmente. Comme l'indique la figure 2, la réduction de l'épargne déplace l'offre des fonds prêtables vers la gauche, ce qui accroît le taux d'intérêt d'équilibre et produit une éviction de l'investissement.

r

S2 S1

r2

r1

 

I(r)

 
 

Figure 2 : Une réduction de l'épargne. I, S

Ainsi à long terme, d'après l'identité comptable du revenu national, une hausse des dépenses publiques ou une réduction fiscale stimule les dépenses de consommation et réduit l'épargne nationale. Cette baisse de l'épargne accroît le taux d'intérêt, ce qui tend à évincer l'investissement. Pour une analyse complète, Il nous est nécessaire de vérifier les effets à court terme.

I.2.2.Les effets à court terme de la politique budgétaire.

Pour analyser ces effets, nous partons d'une théorie simple de la demande des biens et services, l'équilibre keynésien. Il est l'interprétation la plus simple de la théorie keynésienne du revenu national, interprétation qui est à la base du modèle IS/LM, plus complexe et plus réaliste.

Pour établir l'équilibre keynésien, nous partons des déterminants de la dépense prévue E :

E=C+I+G (1.10)

En remplaçant les déterminants de la dépense prévue par leur valeur comme dans 1.7 on aura :

E=Y=c(Y-T)+I(r)+G (1.11)

E

E2 = Y2

E1 = Y1

Y=E

B

AY

A

AY

AG

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

 

37

Cette équation montre que la dépense prévue est fonction du revenu Y, du niveau

exogène de l'investissement programmé I, et des variables exogènes G et T de la politique
budgétaire. La figure 3 montre qu'une hausse des dépenses publiques induit un accroissement

AY

plus que proportionnel du revenu : AY est plus élevé que AG. Le rapport s'appelle

AG

multiplicateur des dépenses publiques : il nous indique de combien augmente le revenu en réaction à la hausse des dépenses publiques.

Figure 3 : une hausse des dépenses publiques à l'équilibre keynésien.

L'équilibre keynésien implique que le multiplicateur des dépenses publiques est supérieur à 1. La raison en est que, selon la fonction de consommation, toute hausse du revenu induit une consommation accrue. L'accroissement des dépenses publiques augmente le revenu, et donc la consommation et ceci, à son tour, accroît le revenu, et donc la consommation, et ainsi de suite. Dans ce modèle donc, la hausse du revenu induite par un accroissement des dépenses publiques est supérieure à celui-ci.

Ainsi au départ, une hausse AG des dépenses publiques induit une hausse équivalente du revenu. Cet accroissement du revenu se traduit à son tour par une hausse de la consommation égale à PMC x AG, ou PMC est la propension marginale à consommer. Cette hausse de la consommation augmente à son tour la dépense et le revenu. Cette deuxième hausse du revenu, égale àPMCx AG, entraîne un nouvel accroissement de la consommation, à concurrence dePMCx (PMCx AG), ce qui accroît une nouvelle fois la dépense et le revenu,

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et ainsi de suite. Cette boucle « consommation-revenu-consommation » se poursuit indéfiniment.

Examinons aussi l'impact des modifications de la politique budgétaire sur l'économie, en nous servant du modèle IS-LM. Il nous montre comment les déplacements de la courbe IS affectent le revenu et le taux d'intérêt.

Commençons par une hausse des dépenses publiques ÄG .Selon le multiplicateur des dépenses publiques de l'équilibre keynésien, pour tout taux d'intérêt donné, cette modification

Ä G

de la politique budgétaire accroît le niveau de revenu de ( PMC) . C'est pourquoi, comme le

1 -

montre la figure 4, la courbe IS se déplace proportionnellement vers la droite. L'équilibre de l'économie passe du point A au point B. La hausse des dépenses publiques accroît tant le revenu que le taux d'intérêt.

r

LM

B

Taux d'intérêt

IS2

A

IS1

Y1 Y2

Revenu, production

Figure 4 : une hausse du revenu ou production et du taux d'intérêt.

Y

r2

r1

Y

De même, le multiplicateur fiscal de l'équilibre keynésien nous montre que, pour tout taux d'intérêt donné, une baisse des impôts ÄT accroît le niveau de revenu de ÄT× PMC(1 - PMC) . En conséquence, comme l'illustre la figure 4, la courbe IS se

déplace proportionnellement vers la droite. L'équilibre de l'économie passe du point A au point B : la réduction fiscale accroît à la fois le revenu et le taux d'intérêt.

Vous aurez remarqué que la hausse du revenu faisant suite à une réduction des impôts est moins importante dans le modèle IS-LM que dans l'équilibre keynésien, le déplacement horizontal de la courbe IS est égal à la hausse du revenu d'équilibre.

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L'ampleur de celle-ci est supérieure à la hausse du revenu d'équilibre donnée par le modèle IS-LM. La raison est que l'équilibre keynésien suppose donné le niveau d'investissement, tandis que le modèle IS-LM tient compte du fait que l'investissement baisse lorsque le taux d'intérêt augmente.

Dans le modèle IS-LM, une expansion budgétaire accroît le taux d'intérêt et évince l'investissement.

De ce fait, l'approche traditionnelle de la dette publique nous montre que, une hausse des dépenses publiques ou un réduction fiscale financée par l'emprunt public exerce des effets sur l'économie, tant à court terme qu'à long terme. A court terme, on enregistre une augmentation du revenu et du taux d'intérêt. A long terme, une réduction de l'épargne, hausse du taux d'intérêt et éviction de l'investissement. Un examen du modèle de Solow-Ramsey sera de nature à faire progresser l'analyse théorique de l'effet d'éviction.

Section II. APPROCHE MODERNE DE L'EFFET D'EVICTION : DEPENSES PUBLIQUES DANS LE MODELE DE SOLOW-RAMSEY

Nous examinons dans le cadre du modèle néoclassique, trois questions relative à l'intervention de l'Etat : celle de l'influence d'un budget public équilibré sur l'état régulier, celle de l'influence d'un budget transitoirement déséquilibré et de la dette publique, celle de la Soutenabilité de la dette publique. Les deux premiers points sont repris de Blanchard-Fisher.

II.1. BUDGET EQUILIBRE DANS LE MODELE NEOCLASSIQUE

Le gouvernement achète g « dépense publique par unité de travail efficace ». Par hypothèse dans le modèle néoclassique, les dépenses publiques n'affectent ni l'utilité ni la production. Par exemple elles financent l'éducation publique qui se substitue à l'éducation privée. Le budget est équilibré à chaque date. Examinons deux cas, celui où l'impôt est forfaitaire g = ô , puis celui où l'impôt est une taxe sur le rendement du capital g=ô rk

II.1.1. Impôt forfaitaire et dépenses publiques

Les dépenses publiques sont financées par un impôt forfaitaire qui ne provoque aucune distorsion (il ne modifie pas la productivité marginale du capital ni le taux d'intérêt).

L'évolution de la consommation reste inchangée : Dc à ( 1 )( r ñ ó x)c à

= ó - - .

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

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Seule la contrainte budgétaire du consommateur, contrainte instantanée et intertemporelle24, est affectée par les impôts :

Contrainte instantanée : Da=w+ra-ô-na-c.

Contrainte intertemporelle :

8 8

e

-rt . à .

c t

e ( ) dt a e ( w ) e ( ) dt

n x t rt n x t

+ - +

= à + . à - à .

ô

0

ô à = gà (1.12)

0 0

Donc la contrainte d'accumulation devient : Dk f ( k ) c g [ x n ]k

à à à à à

= - - - + + ä .

à

Sur la figure 5, Dcà = 0 n'est pas affecté et Dk = 0 est déplacé vers le bas de gà .

Pour atteindre le nouvel état régulier, il faut que la consommation baisse du montant des dépenses publiques. Ni le stock de capital, ni le taux d'intérêt ne sont affectés. Le seul effet est que les dépenses publiques évincent les dépenses privées de consommation.

0

à

Dk

*

K

Kà

à

c

Dc

=

0

à

cà

à

g

cà

**

à

Figure 5 : Dépenses publiques dans le modèle de Ramsey25 (1928)

II.1.2. Taux d'imposition et dépenses publiques

L'impôt taxe le rendement du capital au tauxô. Alors r est le taux d'intérêt net d'impôt, et (1-ô).r est la rémunération du capital après impôt. D'une part, la contrainte

24 Voir annexe 1.

25 Le modèle de Ramsey traite de la croissance optimale alors que le modèle de Solow traite de la croissance équilibrée.

à

c

Dk =

0

à

Dkà(ô)=0

Dcà(ô)=0 Dcà =0

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

 

41

budgétaire instantanée du consommateur devient Da= w+(1 -ô).ra- na-c, donc la contrainte

d'accumulation devient : Dk = f ( k ) - c - [ x + n + ä ] k - ô

à à à à rk à

à

ô rk

à
g

Pour que le budget soit équilibré. D'autre part le sentier de consommation devient :

Dc à ( 1 [ )( 1 ô ) r ñ ó x]c à

= ó - - - .

Où(1-ô).r = (1-ô) . [ f'(k à )-ä]. La taxation du capital affecte l'économie et l'allocation des

ressources. Le niveau du capital est diminué ainsi que la consommation. Il y a un effet d'éviction non seulement sur la consommation mais aussi sur le capital. Inversement, si l'Etat substitue une taxe forfaitaire à l'impôt sur le revenu du capital, il peut augmenter le niveau de l'état stationnaire tant que l'on est à gauche de la règle d'or modifiée.

Kà * ( ô) Kà * Kà

Figure 6: Impôt sur le revenu du capital dans le modèle de Ramsey

II.2. DETTE PUBLIQUE ET EQUIVALENCE RICARDIENNE

Le consommateur rationnel comprend que l'Etat qui emprunte aujourd'hui devra lever des impôts demain pour rembourser. Une réduction fiscale financée par la dette publique ne réduit pas le prélèvement fiscal ; elle ne fait que le réaménager dans le temps. Ceci n'affecte en rien le revenu permanent du consommateur et ne contribue donc nullement à accroître la consommation. Le principe général est que la dette publique équivaut à des impôts futurs et que, si les consommateurs sont rationnels, les impôts futurs équivalent à des impôts actuels.

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

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Si en t0 les dépenses publiques ne sont plus financées par les impôts courants mais par emprunt public DB= G-T+rB , (B est la dette publique), la contrainte budgétaire intertemporelle du gouvernement devient (voir annexe 1) :

8

e rt

-

. à - g à . e n + x tdt= bà

( ) ( )

ô 0

(1.13)

0

Le gouvernement n'a plus besoin, à chaque période, d'équilibrer son budget et peut financer son déficit courant en s'endettant, mais la dette initiale doit être égale à la somme actualisée des excédents budgétaires primaires futurs. La contrainte budgétaire intertemporelle du consommateur devient (voir annexe 1) :

8 8

e c e ( ) dt a b e ( w ) e ( ) dt

- rt n x t rt n x t

+

. à. = à + à +

+ - . à - à .

ô

0 0

0 0

(1.14)

Puisque la dette interne est interne (l'économie est fermée), elle est due par la nation à ses propres citoyens : « nous la devons à nous même ». Comme le consommateur est

rationnel, il prend en compte la contrainte budgétaire du gouvernement, il remplace bà0 par la valeur présente des excédents budgétaires primaires futurs (équation 1.13).

8 8

e c e ( ) dt a e ( w g ) e ( ) dt

- . à. = à +

rt n x t rt n x t

+ - +

. à - à .

0

(1.15)

0 0

L'équation 1.15 que nous venons d'obtenir, est exactement la même que dans le cas où le budget est équilibré à chaque date (équation1 .12). Si l'agent est altruiste et rationnel, sa contrainte ne dépend ni de la dette publique ni des impôts. Tout ce qui compte pour les décisions de consommation, c'est le profil temporel de g, comme on l'a vu ci-dessus.

Cette affirmation a une conséquence importante : la méthode de financement des dépenses publiques (impôts ou dette) est neutre sur les décisions de consommation. Ce théorème de neutralité de la dette publique est appelé principe d'équivalence Ricardienne (Barro 1974). Ce principe dit que seul le sentier d'évolution de g et non celui des impôts destinés à les financer, a un impact sur l'économie. Les consommateurs altruistes et rationnels savent que le recours courant à l'emprunt est synonyme d'une augmentation différée des impôts qui sera prise en charge par les générations futures. Le « père fondateur » ne considère pas la baisse transitoire des impôts ou l'augmentation des dépenses de l'Etat financées à crédit comme un enrichissement pour sa dynastie, il réagit à la détérioration du bien-être des générations futures par un effort d'épargne supplémentaire. La contrainte budgétaire de la dynastie n'est pas affectée, donc le sentier de consommation reste inchangé.

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Les modèles keynésiens supposent qu'en remplaçant l'impôt par un emprunt, on augmente la
consommation, que la consommation dépend du revenu disponible(w-ô). L'analyse

ricardienne implique qu'elle dépend de(w-g), pas du mode de financement de g, que les

déficits n'ont d'effets ni sur l'accumulation du capital ni sur la consommation.

Cette conclusion aux implications politiques pour les moins importantes, dépend des hypothèses : rationalité, altruisme, perfection des marchés financiers (taux d'intérêt identique pour l'Etat et les agents), absence de distorsion fiscale (impôt forfaitaire), respect de l'interdiction du jeu de Ponzi26, non productivité des dépenses publiques. Elle n'est pas corroborée économétriquement. Dans la réalité, les agents sont victimes de l'illusion fiscale, ou ne sont pas altruistes, ou ne peuvent pas emprunter au même taux que l'Etat.

De plus en plus, la littérature s'intéresse non pas à des effets pervers ou positif de la dette publique, mais recherche plutôt le niveau du déficit, on parlera donc de la soutenabilité de la dette publique.

II.3. SOUTENABILITE DE LA DETTE PUBLIQUE

Le déficit public en t est : Déficitt= Gt -T t -rB t

Il a deux composantes :

Les intérêts sur la dette publique ( trB) où B est la dette publique et le déficit primaire

(G-T).

Le déficit primaire est un instrument de politique conjoncturelle qui est donc soumis à la contrainte d'endettement de l'Etat. Certes l'Etat peut financer son endettement (principal et intérêt) par les impôts, mais il existe des résistances à la montée de la pression fiscale.

L'Etat est soumit à une contrainte budgétaire intertemporelle. Celle-ci se traduit par le

critère de soutenabilité de la dette publique qui impose que le ratio d'endettement b = BY

ne soit pas croissant(Db= 0).

Si l'Etat finance son déficit par l'endettement, la variation de la dette (DB) est :

DB= G-T+rB,

DBGTrB

En divisant par Y : = - +

Y YYY

26 Le jeu de Ponzi : est une opération par laquelle les intérêts de la dette des anciens investisseurs sont financés par les liquidités des investisseurs récents. Elle provient du nom de l'escro itilien au Etats unis en 1920.

44

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

B DBY D YB

. .

-

D =

=

Y Y 2

Comme

DB DYB Y Y Y ,

On a : b D ( b)

DB DY B B

= + ã.

D = +

Y Y Y Y

Donc : ã.b+D(b)=(g-t)+r.bY

b = B , Y

g=G, Y

t = T

Et en définitive : D ( b ) = ( g - t ) + ( r -ã . )b (1.16)

Si r =ã, la dynamique de la dette est stable, la croissance de Y est supérieure à celle de B.

Si r ?ã, la dynamique de la dette est explosive, le ratio d'endettement croit constamment,

c'est l'effet boule de neige, la dette publique est insoutenable. Dans ce cas, pour stabiliser la
dette, c'est -à- dire pour queD(b)=0, il faut un excédent primaire stabilisant qui dépend du

niveau où l'on veut stabiliser le taux d'endettement : (t -g) = (r -ã . )b

La dette publique doit avoir pour contrepartie les excédents primaires futurs. Cela traduit la contrainte intertemporelle de l'Etat (voir annexe 1). Le corollaire est que le recours à l'emprunt pour financer les dépenses publiques ne constitue pas un moyen de réduire les impôts courants, mais seulement un moyen d'en différer le paiement dans le temps. C'est le principe de l'équivalence ricardienne que nous venons d'étudier.

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

45

CONCLUSION

Il était question dans ce chapitre de faire une analyse théorique de l'effet d'éviction. Plusieurs écoles de pensées ont soutenu cette assertion. La plus ancienne est celle de l'école classique, avec ses partisans de l'école des choix publics. Elles pensent que l'emprunt public est néfaste pour l'investissement en particulier, et l'activité économique par ricochet. Ces écoles de pensées considèrent qu'il est primordial de garantir la discipline budgétaire dans la gestion des finances publiques, car entre autre, l'emprunt public réduit l'investissement privé. Aussi, en ce qui concerne la dette publique, il en ressort dans son approche traditionnelle qu'une hausse des dépenses publiques ou une réduction fiscale financée par l'emprunt public exerce un effet à court et à long terme sur l'économie. A court terme, les dépenses accrues de consommation accroissent la demande des biens et services, et donc, de la production et l'emploi. Les taux d'intérêt tendent également à augmenter, à mesure que les investisseurs sont confrontés à un flux réduit d'épargne. A long terme, la baisse de l'épargne nationale provoquée par les réductions fiscales pèse négativement sur le stock du capital et positivement sur l'emprunt à l'étranger. Il en résulte une production nationale moins élevée et une emprise de l'étranger sur une plus large part de cette production.

Le modèle de Solow-Ramsey fait progresser l'analyse de l'effet d'éviction à travers trois questions relatives à l'intervention de l'Etat. Il pose ainsi le problème de la soutenabilité de la dette publique. Mais D. Ricardo s'insurge contre les conclusions de la théorie néoclassique. Il stipule que la dette publique équivaut à des impôts futurs et que, si les consommateurs sont rationnels, les impôts futurs équivalent à des impôts actuels. La politique budgétaire est inutile. La réduction fiscale n'a donc aucun des effets préconisés par les interprétations traditionnelles. Ainsi la dette publique n'évince pas nécessairement l'investissement. Malgré les limites de l'équivalence ricardienne, le débat autour de la dette publique n'est pas tranché. Il importe donc d'analyser la théorie de l'effet de levier afin de faire évoluer le débat théorique entre dette publique et investissement privé.

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CHAPITRE II

EFFET DE LEVIER DANS LA RELATION ENTRE DETTE PUBLIQUE ET
INVESTISSEMENT PRIVE

L'effet de levier explique le mécanisme d'accroissement des capitaux propres par l'utilisation intensive des capitaux empruntés, lorsque le coût de l'endettement est inférieur à la rentabilité économique. Il est positif lorsque la rentabilité de l'ensemble des capitaux investis27, ou rentabilité économique est supérieure au coût de l'endettement. Dans cette hypothèse, l'endettement accroît la rentabilité financière et cet accroissement est d'autant plus élevé que, d'une part, le levier d'endettement28 est lui-même élevé, et d'autre part, l'écart entre la rentabilité économique et le coût de l'endettement est important. Il est négatif dans le cas contraire et signifie que l'endettement dégrade la rentabilité financière. On parle alors d'effet de masue. Notons que si l'endettement permet d'accroître la rentabilité des capitaux propres, il accroît également la variabilité de cette rentabilité, appelée risque financier.

L'effet de levier est identifié depuis très longtemps, pratiqué par les responsables financiers, affiché dans les rapports annuels américains avant-guerre, mais c'est l'article de Modigliani et Miller (1958) qui a initié un important débat théorique quant à la portée réelle du levier de la dette dans les politiques financières, débat encore d'actualité. Ainsi le principe de l'effet de levier se voit structurer en trois parties à savoir, l'effet accélérateur (en amont), la relation positive entre investissement public et privé, l'effet multiplicateur (en aval). Le multiplicateur est un outil essentiel dans l'analyse de la croissance pour les keynésiens. Le multiplicateur de l'investissement relie l'effet d'une variation des investissements à la variation du revenu national.

Le présent chapitre donne un aperçu de la théorie de l'effet de levier de la dette publique. Dans une première section, nous procéderons à une analyse de la structure de l'effet de levier, en relation avec le théorème de Modigliani-Miller. Dans une seconde section, nous présenterons l'effet de levier sous l'optique keynésienne de la relation entre la dette publique et investissement privé.

27 Il s'agit des capitaux propres +dettes financières

28 C'est le rapport Dettes financières /Capitaux propres

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47

Section I : LA STRUCTURE DE L'EFFET DE LEVIER ET LE THEOREME DE

MODIGLIANI-MILLER.

Suivant la logique de l'effet de levier, nous présenterons tour à tour l'effet accélérateur et l'effet multiplicateur comme composante de l'effet de levier, puis nous y associerons le théorème de Modigliani-Miller afin d'apprécier la porté du principe de l'effet de levier.

I.1. EFFET ACCELERATEUR ET EFFET MULTIPLICATEUR

Une revue du principe de l'accélérateur et du multiplicateur Keynésien illustrera la mécanique de l'effet de levier.

I.1.1. Principe de l'accélérateur comme composante de l'effet de levier.

Il met en exergue la relation entre la variation de la demande d'un bien et celle des capacités de production qui permettent de le satisfaire. Il y a « accélération » dans la mesure où, la mise en oeuvre de capacités de production nouvelles entraîne généralement des dépenses29 bien plus importantes que celles qui accompagnent la production supplémentaire nécessaire pour satisfaire une demande accrue.

La présence des capacités de production plus ou moins excédentaires dépend des investissements faits « dans le passé », et donc des anticipations de ceux qui ont effectuées ces investissements. C'est pourquoi il existe deux façons de traiter de l'accélérateur : la version « de base », ou les anticipations ne sont pas prise en compte, et la version « élaborée »-dite « de l'accélérateur flexible »-, ou elles le sont.

Dans le modèle de base de l'accélérateur qui adopte d'emblée un point de vue
macroéconomique, la variation de capacité de production à l'instant t est mesurée par
l'investissementIt = Ê t + 1 - Ê t , ou Ê t désigne le stock de Capital à l'instant t. Si l'on appelle

Õt le revenu (national) à l'instant t, alors la variation de la demande en T est donnée par Õ t - Õ t - 1 , de telle sorte que l'accélérateur est caractérisé par la relation :

I t = Ê ( Y t - Y t - 1) (2.1)

Où k est le coefficient du capital, qui est supposé constant. Ce coefficient du capital est le
rapport entre le capital disponible et la production qu'il permet de mettre en oeuvre. Si l'on

29 Dépense en machine et en équipements de tout ordre

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suppose que l'investissement se décompose en investissement de remplacement r

É t et en

investissement net n

It , alors l'effet accélérateur ne concerne que ce dernier, de sorte que l'équation (2.1) s'écrit :

I t Y Y ( 2 .2)

n = Ê ( t - t - 1 )

Le capital en t+1 est donc égal au capital en t auquel s'ajoute l'investissement de remplacement et l'investissement net ; soit :

Ê + = Ê + É + Ê Õ t - Õ t -

t t t

1 ( 1 )

r

Si l'on suppose, en outre, que l'investissement de remplacement est proportionnel au capital existant -soit É t = aÊ -, il vient :

r

t

Ê t +1 =Ê(Õ tt -1)+(1+a t (2.3)

Elle peut se mettre sous la forme :

Ê t + - Ê t =

1

Ê(Õ t - Õ t - ) + a Ê

1

Ou encore en divisant ses deux membres par Õt:

Ê? -

Ê Õ

t t 1

= Ê Õ - + Ê

a

t+1t

Õ Õ

t t

Ê

Ainsi le taux d'investissement t 1 est égal à la somme de k fois le taux de croissance

t

Ê + -

Õ t

, et d'un terme constant aÊ, qui est donc indépendante de cette

du produit,

Õ

Õ - -

t

t

1

Õt

croissance.

Toutefois la prise en compte des anticipations des agents, ainsi que les délais de mise en oeuvre de nouvelles capacités de production, ont conduit les macro économistes à proposer une variante de l'accélérateur où l'évolution du capital installé dépend de ces facteurs ; c'est le modèle de l'accélérateur flexible.

Le cas le plus flexible est celui où l'on suppose que l'investissement30 dépend des variations du revenu anticipé, de sorte que le principe de l'accélérateur s'écrit :

É t = Ê Õ +1 - Õ ( 2 .4)

n a

( a )

t t

a

Õ t + 1 est le revenu anticipé en t pour la période t+1

30 L'investissement ici est confondu avec l'investissement net, pour simplifier la présentation.

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49

Le revenu anticipé est supposé suivre les règles des anticipations adaptatives, de sorte qu'on a :

Õ t + 1 = ë Õ + 1 - ë Õ , avec Ï? ë ? 1 ( 2 . 5)

a ( ) a

t t

Il s'ensuit, par récurrence, que :

a i

Õ= ë( ) t i

1 - ë Õ -

t

Par conséquent:

Õ - Õ = Õ - Õ + - Õ - Õ + - Õ - Õ +

a a ë ë ë

( ( ) ( )( ) ( ) ( )

1 1 . . .)

2

t + + - - -

1 1 1

t t t t t t t

1 2

Et donc en remplaçant dans (1.22)

É = Ê Õ - Õ + Ê - Õ - Õ + Ê - Õ - Õ +

( ) ( 1 )( ) ( 1 ) ( ) ...

2 ( 2 . 6)

t t t t t t t

ë ë ë ë ë

+ - - -

1 1 1 2

Ainsi l'investissement à l'instant t dépend des variations passées du revenu, pondérées par les coefficients d'une progression géométrique de raison 1-ë(donc strictement comprise entre 0 et 1). Par conséquent, on peut appliquer à la formule (2.6)la transformation de

Koyck, aveca=0,b=ëÊ,Õ tt , × tt +1 -Õ t et 1-ëau lieu de ë ; il vient :

É t =ëÊÕ t +(1-ët - 1 (2.7)

La formule (2.7) est celle de l'accélérateur flexible : elle comporte un effet

accélérateur puisque l'investissement en t dépend du revenu (avec le coefficient
« amorti » ëÊ, strictement inférieur au coefficient de capital k) mais aussi un « effet inertie »,
du à la présence de l'investissement passé É t- 1 . Ce qui est une conséquence directe du fait que

les anticipations envisagées sont de type « adaptatifs ».

Cependant, on arrive à un résultat similaire si l'on suppose que l'investissement demande un délai de réalisation non négligeable, ou s'il peut être plus ou moins adapté aux variations observées de la demande, mais à certains coûts. En effet, dans l'un ou dans l'autre cas, on se trouve dans une situation formellement équivalente à celle décrite par la règle des anticipations adaptatives, avec des « ajustements » plus ou moins coûteux de l'investissement en cours de processus. Le principe de l'accélérateur est capital dans la mesure où il accorde à l'effet de levier un enchaînement mécanique sur l'activité économique, de même que l'effet multiplicateur.

50

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I.1.2. Effet multiplicateur mécanique de l'effet de levier

Le multiplicateur keynésien est un concept utilisé par Keynes pour montrer comment, dans une économie où il n y a pas le plein emploi des ressources31, une variation « autonome », exogène, de la demande peut provoquer une variation plus importante du revenu national ; le multiplicateur keynésien donne le rapport entre ces deux variations. La variation de la demande est considérée comme « autonome » si elle correspond à un changement dans le comportement des agents économiques32 ou de la façon d'intervenir de l'Etat, à travers ses dépenses.

La relation économique sur laquelle se fonde le multiplicateur keynésien est la fonction de consommation, qui établit un lien entre les dépenses de consommation courantes des ménages (dans leur ensemble) et leur revenu courant. Selon Keynes, ces dépenses sont bien moins soumises aux divers aléas de la vie économique que celle qui accompagnent les investissements ; les variations de ceux-ci sont donc en bonne partie à l'origine des fluctuations économiques. Pour lui, les décisions de consommer et d'investir sont prises indépendamment les unes des autres, les premières étant le fait des ménages qui agissent selon des habitudes bien établies, alors que les secondes sont le fait des entreprises, dont les choix sont gouvernés par leur prévision sur la demande future. Le multiplicateur peut donc être considéré comme la résultante de ces deux types de décisions, auxquelles on peut ajouter celles de l'Etat. Même si elle est relativement rudimentaire, la logique du multiplicateur relève plutôt de l'équilibre général, puisqu'elle fait jouer un rôle essentiel à la coordination de décisions prises par des entreprises différentes (ménages et entreprises).

Les analyses qui font appel au multiplicateur keynésien adoptent un point de vue de statique comparative, puisqu'elles consistent à mesurer le lien qui existe entre les variations autonomes de l'investissement (ou de tout autre dépense) et celles du revenu d'équilibre de l'économie.

Le multiplicateur keynésien est obtenu en combinant une fonction de comportement33 et une identité comptable, qui traduit l'interdépendance des divers secteurs de l'économie. Autrement dit, il se déduit d'un modèle du type suivant :

C = f(Y) Qui représente la fonction de consommation. (2.8)

Y = C + A Représente l'identité comptable.

31 Le plein emploi des ressources en hommes et en équipements.

32 Par exemple, une modification de l'état d'esprit des entrepreneurs.

33 Ici la fonction de consommation

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L'identité comptable Y = C + A signifie qu'on distingue dans le revenu national Y, les dépenses de consommation C, des dépenses « autres » A. On considère généralement que ces dernières se décomposent en dépenses d'investissement I, et en dépenses du gouvernement G, de sorte qu'on a : A=I+G

Dans le modèle (2.8), on suppose que la dépense A est exogène34 alors que Y et C sont endogènes35. Le système (1) est la forme structurelle du modèle, celle qui découle de la théorie, dont on déduit la forme réduite, où les variables Y et C sont exprimées en fonction de la seule variable exogène A. pour y parvenir, on élimine C dans (1) ; il vient :

Y-A=f(Y) (2.9)

L'équation (2.9) définit Y en tant que fonction implicite de A ; si l'on note Y (A) cette fonction, alors (2.9) s'écrit :

Y(A)- A = f(Y(A)) (2.10)

Les deux membres de (2.10) n'ont que A pour variable. Si on les dérive donc tous deux par rapport à A, il vient :

Õ ' (A)- 1 = f ' (Y(A))× Y ' (A) , et donc si ( ( ) ) 1

f ' Õ A ? :

1

Õ = '

' ( )

A- Õ

1 f ( ( A ) )

(2.11)

Le nombre 1 est par définition, le multiplicateur keynésien déduit du modèle

1-f ' (Õ(A))

(2.8) puisque à la variation ÄÁ de la dépense autonome correspond (approximativement) la

1 ÄÁ = ( A)

variation Õ ÄÁ du revenu. Si l'on omet de préciser l'argument

'

1-f ' (Õ(A))

1

de Y (.), le multiplicateur s'écrit :

1-f ' (Õ)

On constate donc que le multiplicateur keynésien est d'autant plus grand que la propension marginale à consommer, ( Õ)

f , est proche de 1.

'

Le multiplicateur met en rapport des équivalences de l'économie, « avant » et « après » variation de la dépense autonome ; il relève donc clairement de la statique comparative. Dans le souci de mettre l'effet de levier au centre d'un débat théorique, nous devons l'analyser en rapport avec le théorème de Modigliani-Miller.

34 C'est pourquoi on la qualifie souvent d' « autonome » puisqu'elle est déterminée en dehors du modèle.

35 Ils sont déterminés par le modèle notamment par A.

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II.2. EFFET DE LEVIER ET THEOREME DE MODIGLIANI-MILLER.

Il nous revient de présenter le principe de levier puis de faire un rapprochement avec le théorème de Modigliani-Miller.

II.2.1. Le principe de l'effet de levier

L'effet de levier représente le mécanisme par lequel un recours à de la dette permet d'améliorer la rentabilité sur fonds propres, lorsque le rendement attendu de l'activité économique est supérieur au taux d'intérêt exigé par les prêteurs. Il s'agit d'un effet mécanique. L'effet de levier ne fait que retracer une vérité d'expérience évidente.

Au bilan d'une entreprise, le capital (K) a pour contrepartie les fonds propres apportés par les actionnaires (A) et la dette (D) : K=A+D. en termes de flux, le rendement des actions (ðA, oùð est le rendement unitaire d'une action), est égal au rendement du capital (ñK, où ñ

est le taux de rendement du capital) moins la rémunération des prêteurs (rD, où r est le taux
d'intérêt) : ñK = rD +ðA. Si le taux d'intérêt est fixé contractuellement, donc connu avec

certitude, il n'en est pas de même du taux de rendement du capital et, en conséquence, du taux
de rendement des actions, qui sont incertains. ñ et ð sont donc des variables aléatoires, dont il

faut calculer l'espérance et la variance. L'espérance du taux de rendement des actions peut

s'écrire : [ ] [ ] ( [ ] ) D A

E ð = E ñ + E ñ - r .

C'est la formule de l'effet de levier, qui montre que la déformation du bilan de l'endettement (augmentation de A

D ) permet d'accroître la rentabilité moyenne des fonds propres (E[ð]), même si le rendement moyen des capitaux investis (E[ñ]) ne change pas (tant qu'il reste supérieure au taux d'intérêt r).

L'endettement permet donc d'améliorer le rendement moyen servi aux actionnaires, tant que la rentabilité économique des projets d'investissement dépasse le taux d'intérêt du marché. En contrepartie, l'endettement accroît également la variance du rendement servi aux actionnaires : le risque de l'entreprise est supporté par un nombre d'actions relativement plus faible. La variance de la rentabilité des fonds propres s'écrit en

effet : [ ð ] Var [ ñ]

D

Var = 1 +

A

2

. Pour un risque donné des projets d'investissement, la

variance du taux de rendement des actions s'accroît plus que proportionnellement à

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l'endettement. On est alors tenté d'en conclure qu'il existe une structure financière

*

optimale

D
A

, qui résume l'arbitrage entre le rendement et risque, en fonction des

préférences des actionnaires. Si cet arbitrage est valable au plan microéconomique, le théorème de Modigliani-Miller montre que ce n'est toujours pas le cas sur le plan macroéconomique.

II.2.2. Le lien entre le théorème de Modigliani-Miller et l'effet de levier

Le théorème de Modigliani-Miller (1958) est l'un des jalons importants de la théorie des marchés financiers. Il stipule que: « sous condition que les marchés fonctionnent parfaitement,36 la valeur d'une entreprise est indépendante de la façon dont elle est financée (en dette ou en actions) ». Ce premier théorème de Modigliani-Miller est à mettre directement en relation avec l'hypothèse de l'effet de levier.

Le raisonnement précédent sur la structure financière optimale repose sur une hypothèse cruciale : il suppose que les actionnaires puissent modifier leur détention de dettes ou d'actions, sans effet sur les prix. Une telle hypothèse est valable pour un actionnaire particulier, mais pas au niveau de l'ensemble des actionnaires. Imaginons un monde composé d'une seule firme et d'un seul actionnaire-prêteur, dans lequel le taux d'intérêt d'équilibre est r et la rentabilité de l'entreprise estE[ñ]? r. Partant d'un endettement D et d'une quantité

d'actions A, la firme adopte une structure financière différente, avec plus de dettes

(D = D + ÄD)

' et moins d'actions(A = A - ÄA)

' , sans changer son capital ÄD = ÄA.

Conformément à l'effet de levier, le rendement moyen de l'action s'accroît :

( [ ð ] ) [ ñ ] ( [ ñ ] )

E E E r

' = + -

D D

+ Ä

A A

- Ä

? E[ð], ainsi que le risque associé à ce rendement :

2

[ ð ] [ ñ ] [ ð]

D D

Var + Ä

' 1

= + Var Var

?

A A

+ Ä

.

Du point de vue du portefeuille de l'actionnaire, cependant, rien n'aura changé à l'équilibre. En effet, l'actionnaire-prêteur (unique, dans ce monde imaginaire) doit absorber le nouvel endettement, et dont détenir plus d'obligations et moins d'actions. Le rendement de son portefeuille R sera donc inchangé, en moyenne comme en variance. Pour le montrer,

36 Marchés complets, efficients, absence ou neutralité des impôts, absence de coûts de transaction en cas de faillite, etc...

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remarquons d'abord que, puisque le capital n'a pas changé, son rendement doit permettre de
rémunérer les actions et les emprunts dans les deux structures

financières : E [ ] K E [ ] a rD E [ ' ] A ' rD '

ñ = ð + = ð + . Une conséquence immédiate de cette

égalité comptable est que le rendement moyen du portefeuille de l'actionnaire-prêteur n'est pas affecté par le changement de structure financière :

[ ] [ ] [ ] E [ R]

' = ð ' ' ' ð

E A rD

+ E A rD

+

E R = = . La variance du rendement du portefeuille est

K K

également inchangée :

Var R A A Var K Var A Var Var R

( ) ( ) [ ] ( ) [ ] [ ] ( ).

' = - Ä ' = = =

2 2 2

ð ñ ðLe risque dépend seulement

des choix d'investissement de la firme et non des choix de portefeuille de l'actionnaire.

Ce qui est vrai dans ce monde imaginaire à une seule firme et un seul actionnaire - prêteur l'est également à l'équilibre général d'un monde à n firmes et m actionnaires, mais passe par la flexibilité des actifs financiers. Une entreprise qui veut faire jouer l'effet de levier en s'endettant davantage provoque des tensions à la hausse sur le taux d'intérêt, ce qui améliore le rendement des obligations et détériore celui des actions, jusqu'à ce que le marché soit prêt à absorber le montant additionnel d'obligations émises. Au nouvel équilibre, rien n'aura changé en termes de portefeuille : ce que les actionnaires de l'entreprise gagnent par l'effet de levier interne, ils le perdent par la montée des taux d'intérêt de marché :

La flexibilité des prix des actifs financiers neutralise à l'équilibre l'impact des changements de structures financières des entreprises.

Plus précisément Franco Modigliani et Merton Miller montrent qu'il existe un système des prix qui soutient un équilibre général dans lequel le rendement et le risque de tous les portefeuilles individuels sont invariants à la structure financière des firmes. Celle-ci n'a donc aucune influence sur les variables réelles de l'économie, et en particulier sur l'investissement. La finance est un sophisme de composition (effet microéconomique qui n'est plus valable au niveau macroéconomique).

L'intuition à la base du théorème de Modigliani-Miller est que chaque actionnaire peut compenser les décisions financières des entreprises en faisant jouer son propre levier personnel : s'il trouve qu'une firme s'endette trop, il peut toujours vendre des actions de cette firme et acheter des actions d'une firme moins endettée. S'il trouve qu'elle ne lui verse pas suffisamment de dividendes, il peut toujours se procurer des liquidités en vendant ses actions. Ce raisonnement contient deux hypothèses cruciales : la structure financière des firmes est supposée transparente pour les actionnaires et les marchés financiers sont supposés parfaits.

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En entreprenant pour leur propre compte les mêmes opérations financières aux mêmes conditions de prix que les entreprises, les actionnaires peuvent ainsi renverser la politique financière des firmes.

La conséquence directe est que lorsque l'on augmente la dette d'une entreprise sans en changer les perspectives, la valeur de ses actions doit diminuer d'autant. Ce résultat est important, car il contrarie l'intuition. On pourrait en effet être tenté de croire que la valeur unitaire des actions d'une entreprise augmente avec la dette, du fait de l'effet de levier. En effet, il ne paraîtrait pas anormal en première approximation de penser que, comme la rentabilité sur fonds propres peut s'améliorer grâce à l'effet de levier, les actions valent d'autant plus cher que l'on augmente la dette.

Le théorème de Modigliani-Miller est un théorème sur la façon dont se fait l'équilibre global sur les marchés financiers. La théorie financière nous présente le principe de levier en terme micro-économique, c'est-à-dire à l'échelle des entreprises. Une vision élaborée de l'effet de levier est abordée sous l'angle de la relation entre dette publique et investissement privé selon l'optique keynésien.

SECTION II. APPROCHE KEYNESIENNE DE LA RELATION DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE.

L'approche keynésienne de l'emprunt public est présentée suivant le point de vue macroéconomique, allocatif et rédistributif. Les arguments en faveur de l'emprunt sont clairement d'inspiration keynésienne. Mais ces arguments sont en partie limités par la politique de relance keynésienne.

II.1. OPTIQUE KEYNESIENNE DE L'EMPRUNT D'UN POINT DE VUE
MACROECONOMIQUE.

Le principal argument de relâchement de la discipline budgétaire consiste en la stabilisation de l'économie, fonction attribuée au secteur public par les keynésiens. L'État doit réduire les fluctuations économiques en agissant de manière anticyclique et discrétionnaire sur la demande effective. Pour éliminer un déficit, on peut soit réduire les dépenses soit augmenter les recettes fiscales ou introduire un frein au déficit ou à l'endettement37 .

37 Qui revient à mettre en place une mesure légale ou constitutionnelle reportant le problème sur les deux points précédents, puisque pour réduire le déficit il faudra bien ou diminuer les dépenses, ou augmenter les recettes, ou combiner ces deux mesures).

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II.1.1. Réduction des dépenses et déficit public.

La réduction des dépenses publiques peut donner lieu à deux démarches éventuelles.

a) La réduction des coûts de production des prestations publiques.

Dans ce premier cas de figure, trois situations sont envisagées. D'abord, on admet qu'au fil des années, la production publique développe des « rentes de situation » qui peuvent être réduites, voire évacuées. Ensuite, on peut imaginer que par coopération entre Etat, des économies d'échelle de production seraient possibles (par exemple pour les productions en réseau : réseau de distribution d'eau potable, évacuation et épuration des eaux usées). Enfin, on peut aussi mettre en oeuvre un partenariat « public-privé » ou déléguer la production à un agent économique privé afin d'économiser (si le ramassage des ordures ménagères n'occupe des employés communaux que durant 3 jours et que le véhicule ne sert à rien le reste du temps, il vaudrait mieux faire un appel d'offre et confier cette tâche en concurrence à un entrepreneur privé). Peut être dans ce cas, le secteur public pourrait parfaire son efficacité.

b) L'efficacité dans les fonctions du secteur public.

Si les coûts les plus bas sont atteints dans le premier cas, l'économie sur les postes « dépenses » ne peut alors se faire plus qu'en réexaminant le bien-fondé de chaque fonction du secteur public pour déterminer si une fonction est encore nécessaire, peut être biffée, ou quelles sont les priorités sous contrainte budgétaire.

Un problème particulier doit retenir l'attention de l'économiste : pour être crédible, les réductions de dépenses doivent porter sur des dépenses de fonctionnement. Évacuer des dépenses d'investissement pose problème : d'abord, c'est une économie ponctuelle (« one shot solution ») qui ne vaut que pour l'investissement abandonné ; ensuite, c'est une solution à courte vue dans la mesure où un Etat se doit de maintenir son capital de production - sauf évidemment à conclure que la prestation issue d'un investissement n'est plus du ressort public parce qu'elle passe du domaine collectif au domaine marchand.

Si la réduction des dépenses ne pose pas beaucoup de problèmes conceptuels (tout en étant très problématique à entreprendre), la même chose ne vaut pas pour l'augmentation des recettes.

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II.1.2. Augmentation des recettes publiques et déficit public.

Du côté des impôts, la question est plus délicate. En effet, le réflexe « hausse des impôts » doit s'accompagner d'une étude de faisabilité et des conséquences de la hausse fiscale. Toute hausse n'est pas neutre dans l'allocation des ressources : il faut en apprécier les effets sur les décisions des agents économiques. On a coutume de distinguer deux effets :

l'effet taux et l'effet base : T = t × [B - (D i ...)]× K.

L'effet taux agit sur « t » dans la formule : en l'augmentant, on cherche à obtenir un accroissement du produit de l'impôt T. Mais il faut compter avec l'effet base : comment va réagir l'agent économique ? Va-t-il ajuster son comportement, avec un effet qui réduit l'assiette fiscale : B diminue ? Ainsi la question suivante est cruciale: la hausse des taux d'imposition entraîne-t-elle une augmentation ou une diminution des recettes fiscales? Ce problème est conceptuellement analysé en examinant la courbe de Laffer.

La courbe de Laffer permet d'établir la relation qui existe entre le taux d'imposition et les
recettes fiscales. La situation initiale sur le marché du travail (figure 7), sans impôt, est une
offre LÏ pour un salaire horaire w. Si le taux d'imposition est nul, le gouvernement ne tire

évidemment aucun revenu fiscal. Après l'introduction d'un taux d'impôt ta = ab, le salaire
horaire réel baisse à(1 - ta)W . L'État encaisse un impôt égal au taux d'impôt × le temps de

travail, soit ab × bd = abdc. Ce rendement fiscal est donné au point a dans la figure 8 sur la courbe de Laffer. Lorsque le taux d'imposition augmente, les recettes fiscales s'accroissent également, mais seulement jusqu'à m. Ainsi, avec un taux tm = ae pour un salaire horaire net de (1- tm)W, le rendement fiscal est tm × le temps de travail Lm , soit ae × ef = aefg. Dans

l'exemple, le taux d'imposition est alors de 40%. Si le taux d'imposition dépasse 40%, les
recettes fiscales se mettent à diminuer, pour être zéro si le taux est de 100%. Ainsi, avec un
tauxtb = ah, le taux de salaire net devient(1- tb)W, et le rendement fiscal est

de ah × hi = ahij .

Taux de salaire

SL

horaire

a j g c

w

b

(1- ta)w

(1- tm) w

d

e

f

h

(1- tb)w

i

Heures de travail

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58

Lb Lm La Lo

Figure 7: Marché du travail

C'est le même rendement fiscal qu'avec un taux ta : en fait, le taux a considérablement augmenté, mais l'assiette s'est tellement réduite que le rendement fiscal n'est pas élevé. Il est le même, dans l'exemple, qu'avec un taux ta: ahij dans le figure 7 correspond au point b sur la

courbe de Laffer dans le figure 8. Pour un gouvernement, le taux ta est donc préférable à tb, puisque pour un même rendement fiscal, la charge qui pèse sur les salaires est moindre. Le comportement des agents économiques sur le marché du travail fait qu'il y a inversion à partir du point m avec la baisse du niveau de l'activité en réponse à l'impôt. En effet, la base d'imposition diminue à la suite de l'ajustement du comportement des agents économiques (le taux est trop élevé ? je travaille moins ? donc il y a moins de revenu ? donc moins d'impôt). Si un gouvernement veut rétablir l'équilibre du budget par une hausse du taux, il est avisé de savoir s'il se trouve au point a ou b dans la figure 8. S'il part du point a, l'augmentation du taux accroîtra la recette, bien qu'à un rythme de moins en moins soutenu. Par contre, s'il se trouve au point b, la hausse du taux aura l'effet contraire : elle incitera les agents économique à quitter le marché (du travail) imposé.

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59

Recette fiscale

m

a b

40 100 Taux d'imposition

Figure 8 : la courbe de Laffer

La dernière mesure possible est, comme nous l'avons dit, l'introduction d'une règle constitutionnelle destinée à freiner les dépenses, les déficits et l'endettement. A vrai dire, ce n'est pas une mesure d'économie en soit : elle doit inévitablement se traduire par des dépenses en moins ou des recettes en plus. L'idée est simplement qu'en mettant un barrage institutionnel et en compliquant la procédure de décision, on oblige le parlement à respecter une certaine discipline budgétaire.

L'optique keynésienne de l'emprunt public d'un point de vue macroéconomique se base sur la réduction des fluctuations économiques. Nous pouvons aussi l'évoquer selon un point de vue allocatif et rédistributif.

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II.2. ALLOCATION, REDISTRIBUTION DE L'EMPRUNT PUBLIC ET LIMITE DE
L'APROCHE KEYNESIENNE.

Pour une présentation complète de l'approche keynésienne de la dette publique, nous analyserons l'optique keynésienne d'un point de vue allocatif et rédistributif. Par la suite, nous lèverons quelques limites de cette approche.

II.2.1. Optique keynésienne de l'emprunt d'un point de vue allocatif et rédistributif

L'emprunt équivaut à l'impôt, donc le problème de l'endettement ne se pose pas et le principe d'équilibre budgétaire perd sa justification théorique.

Ricardo fut le principal inspirateur de l'hypothèse de l'équivalence entre l'impôt et l'emprunt, bien qu'il finisse par la rejeter, la jugeant invraisemblable non seulement en raison de l'illusion fiscale, mais aussi parce que l'équivalence repose sur huit hypothèses très restrictives, rarement sinon jamais réalisées en pratique.

L'hypothèse de l'équivalence fut reprise par Barro en 1974. Selon cet auteur, l'impôt est seulement différé en cas d'emprunt ; ce dernier devra en effet être payé par des impôts futurs. Comme le contribuable est considéré être rationnel, il anticipe correctement les engagements futurs auxquels il devra faire face. Ainsi, l'emprunt est neutre du point de vue des comportements, il est donc équivalent à l'impôt. Cependant, beaucoup d'auteurs ont rejeté ce théorème d'équivalence, le considérant comme irréaliste car dépendant d'hypothèses héroïques, comme la parfaite rationalité des individus et l'absence de mobilité (Novaresi, 2001 : 31 et 32).

D'après l'optique rédistributif, le recours à l'emprunt n'influence pas le bien-être des générations futures. Un des grands apports de la théorie keynésienne est le raisonnement en termes de variables macroéconomiques, qui s'oppose au raisonnement classique individualiste en termes microéconomiques. Si l'on raisonne avec des variables macroéconomiques, on n'évalue plus les effets d'un emprunt sur l'utilité des individus mais par rapport aux impacts globaux sur l'économie. Dans ce cas, on mesure le fardeau de l'emprunt en terme de ressources réelles qui ont dû lui être consacrées. Le coût de l'emprunt ne représente pas un coût monétaire si l'on considère la génération future prise dans son ensemble, il ne s'agirait en fait que d'un transfert entre ceux qui ont prêté afin que la dépense publique ait pu s'effectuer par emprunt, et les contribuables qui doivent le leur rembourser, moyennant les

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intérêts. Selon cet argument, il n'y aurait donc pas de report du fardeau de l'emprunt sur la génération future (Novaresi, 2001 : 36 à 38).

Le raisonnement individualiste (microéconomique) en termes de sacrifice est employé par Buchanan dans l'argument selon lequel l'emprunt est un fardeau pour les générations futures, en faveur de la discipline budgétaire. Ainsi, l'argument «pour» ou «contre»la discipline budgétaire varie selon que l'on raisonne sur le plan microéconomique ou macroéconomique.

Toutefois l'approche keynésienne de la relation entre dette et investissement se heurte à quelques difficultés.

II.2.2.Les bémols dans l'analyse de l'effet de levier : La politique de relance keynésienne

La dette comme instrument de rééquilibrage économique se heurte à plusieurs problèmes de mise en oeuvre.

Il n'y a pas à proprement parler d'arguments de type macroéconomique qui sont en faveur de la discipline budgétaire. Ce sont plutôt les faiblesses des arguments keynésiens prônant le relâchement budgétaire à des fins de relance qui plaident pour la discipline budgétaire. L'idée keynésienne d'utiliser la politique budgétaire et en particulier la dette comme instrument de rééquilibrage économique se heurte en effet à plusieurs problèmes de mise en oeuvre qui en réduisent l'efficacité (Novaresi, 2001 : 26 à 30) :

· Des problèmes techniques de mise en oeuvre des politiques budgétaires : non seulement la prévision des cycles est très difficile (décalage entre l'horizon temporel des prévisions conjoncturelles, mensuel, et celui du processus budgétaire, annuel), mais en plus les délais d'engagement de la politique budgétaire sont longs, l'intervention risque donc de déclencher ses effets à contretemps.

· Des problèmes d'asymétrie dans la mise en oeuvre des politiques budgétaires : en période de faible conjoncture, tout le monde est d'accord pour créer des déficits budgétaires ou diminuer les impôts, mais en période de bonne conjoncture, les politiciens ne seront guère enclin à créer des surplus en augmentant les impôts ou en diminuant les dépenses.

· Des problèmes d'application des politiques de stabilisation à des échelons décentralisés : ces derniers étant en situation de petite économie ouverte, une politique de relance pourrait conduire à des effets de débordements considérables.

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Outre ces problèmes de mise en oeuvre, la politique de stabilisation keynésienne est vivement contestée par Buchanan et Wagner (1978 : 79 à 97) en raison de son manque total de réalisme. En effet, selon ces auteurs, la politique budgétaire dérivée des préceptes keynésiens n'est pas applicable dans un système démocratique. Keynes suppose que les politiques publiques et économiques sont menées par un petit groupe d'hommes sages et éclairés, qui agiraient selon l'intérêt public sans subir de pressions quelconques. Or, ceci est impensable dans une démocratie représentative, où les politiciens sont des élus qui répondent aux désirs des votants.

Dans la réalité, il est très difficile de créer des surplus budgétaires à des fins conjoncturelles, car ces derniers sont très mal acceptés par la population et une partie de la classe politique. En effet, lors de surplus, le citoyen est perdant : il paie plus d'impôts qu'auparavant, sans pour autant recevoir davantage de biens publics (ou il supporte des coupes dans les dépenses publiques sans bénéficier de réduction d'impôt). Donc pour qu'un citoyen accepte un surplus, il faudrait qu'il comprenne et qu'il évalue les bénéfices indirects (c'est-à-dire les avantages de ne pas avoir de déficits) qu'il en retirerait, ce qui est difficilement envisageable. Le système institutionnel crée ainsi un biais en défaveur de la création de surplus, qui n'ont dès lors que peu de chances de se réaliser. C'est pourquoi on qualifie la politique keynésienne anticyclique de «politiquement« asymétrique.

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CONCLUSION

Notre objectif dans ce chapitre était de présenter de manière théorique le principe de l'effet de levier. A cet effet, deux approches ont été élaborées à savoir une approche microéconomique et une approche macroéconomique. La première approche était centrée sur la théorie financière avec pour toile de fond le théorème de Modigliani-Miller. La seconde quant à elle a fait l'apanage de la théorie keynésienne de la dette publique. Ainsi, Keynes et ses disciples pensent que la dette publique exerce un effet vertueux sur l'activité économique de part son effet de levier sur l'investissement privé. Les arguments en faveur de l'emprunt sont clairement d'inspiration keynésienne. L'emprunt est un instrument au service de l'Etat ; il permet la réduction des impôts ; il équivaut à l'impôt, donc le problème de l'endettement ne se pose pas ; Le principe d'équilibre budgétaire perd donc sa justification théorique.

S'agissant de l'optique financière, il vient que la rentabilité économique est au centre des analyses du principe de l'effet de levier. L'effet de levier se manifeste d'une part par effet multiplicateur et effet accélérateur, d'autre part par la liaison entre investissement privé et investissement public. De ce fait, l'effet de levier de l'endettement est la différence entre la rentabilité des capitaux propres et la rentabilité économique. Il résulte de la différence entre la rentabilité économique et le coût de la dette et dépend de la proportion de la dette par rapport aux capitaux propres. L'effet de levier peut donc jouer dans les deux sens : s'il peut accroître la rentabilité des capitaux propres par rapport à la rentabilité économique, il peut aussi la minorer quand la rentabilité économique devient inférieure au coût de l'endettement. Il permet de connaître l'origine d'une bonne rentabilité des capitaux propres. Dans la durée, seule une bonne rentabilité économique est le gage d'un niveau de rentabilité des capitaux propres satisfaisant. L'effet de levier ne crée pas de valeur. S'il peut augmenter la rentabilité des capitaux propres, il augmente leur risque en proportion de l'excédent de profit obtenu.

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CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE

La théorie économique met en exergue l'existence d'un débat sur le lien entre dette publique et investissement privé. Effet d'éviction versus Effet de levier occupant une place centrale autour de ce débat. L'investissement étant considéré comme la courroie de transmission entre la dette publique et la croissance économique. L'école classique et des choix publics, soutiennent l'éviction de l'investissement privé par la dette publique, elles prônent donc la discipline budgétaire. Mais elles relativisent cette vision en faisant la distinction entre dépenses de consommation ou de fonctionnement et dépenses d'investissement. Ainsi, si l'emprunt sert à financer les dépenses publiques d'investissement, il peut être bénéfique pour l'économie. De ce fait, l'analyse traditionnelle de la dette publique nous montre qu'à court terme, toute modification de la politique budgétaire entraîne une augmentation des revenus et du taux d'intérêt. A long terme, elle provoque une réduction de l'épargne, une hausse des taux d'intérêt et tend à évincer l'investissement privé. Mais l'approche ricadienne réfute ces conclusions, en montrant que la réduction fiscale n'a aucun des effets que les analyses inspirées par les interprétations traditionnelles prévoient.

Toutefois, l'enchaînement vertueux de l'emprunt public est pleinement soutenu par l'approche keynésienne et la théorie financière. Cette théorie financière donne une présentation microéconomique de l'effet de levier. Le théorème de Modigliani-Miller, l'un des jalons importants de la théorie des marchés financiers, soutien l'effet de levier. L'effet de levier matérialise donc la portée de l'emprunt public soutenue par l'approche keynésienne. Keynes est partisan du relâchement de la discipline budgétaire. Pour lui, la dette publique est vertueuse en ce sens qu'elle est au service de l'Etat pour la stabilisation de l'économie du fait de son effet de levier sur l'investissement privé. Mais les arguments en faveur de la discipline budgétaire sont plus importants que ceux contre. Il sera donc intéressant pour nous d'évaluer empiriquement la nature de ce lien, enfin d'éclairer le débat dans le cas de l'économie camerounaise.

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DEUXIEME PARTIE

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE :
UNE ANALYSE EMPIRIQUE DES EFFETS D'EVICTION ET DE
LEVIER APPLIQUEE AU CAMEROUN.

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INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE

Le comportement de l'investissement constitue le principal facteur de croissance économique par son effet accélérateur et multiplicateur. Mais les études empiriques montrent que l'investissement dans les pays en développement ne peut se développer en présence d'une large dette et d'un fardeau de son service (Elbadawi et al, 1996 ; Cohen, 1993 ; Iyoha, 2000 ; Fosu, 1996 ; Geiger, 1990 ;Mbanga, 1996 ; etc.). Les travaux empiriques sur ce thème se sont multipliés, pour Rockerbie (1994) dans le cas de l'Amerique latine , l'impact de l'endettement sur l'investissement privé est généralement positif avant 1981 (sauf au Mexique), mais qu'il se réduit fortement après la crise de 1982, sans devenir systématiquement négatif. Aussi les travaux de Marc Raffinot et de Burak Gürbüz (2001) en Turquie donnent deux effets distincts : la dette externe a un effet positif sur les investissements privés, tandis que la dette interne exerce un effet d'éviction.

En ce qui concerne le Cameroun, les travaux de Touna Mama et kamgnia Dia en 2002 montrent que la dette extérieure est déterminée comme un réducteur d'effets du crédit au secteur privé ; les dépenses publiques pour investissement, plutôt que le déficit budgétaire, affectent significativement et négativement l'investissement privé et tout choc sur l'investissement observé au cours d'une année donnée est entièrement résorbé en une année. G. Mbanga Ndoh (2004) montre que le service de la dette extérieure exerce un effet d'éviction sur l'investissement privé. Mais l'hypothèse de debt-overhang n'est pas vérifiée. Toutefois, ces travaux souffrent d'une insuffisance qui est la non prise en compte de la dette interne. Pourtant, sous l'égide de l'atteinte du point d'achèvement, la part de la dette interne sur la dette globale peut considérablement s'améliorer au point de devenir inquiétant. Il importe de prendre en compte la dette interne dans l'analyse de l'effet de la dette publique sur l'investissement privé.

Notre réflexion dans cette partie portera sur la nature empirique du lien entre dette publique et investissement privé au Cameroun. Le diagnostic de l'endettement sera la première étape de notre démarche. Nous présenterons ensuite l'évolution de l'investissement camerounaise et les différents régimes de croissance prévalant depuis les indépendances. Au regard de la revue théorique et des caractéristiques de la dette publique, nous entreprendrons une analyse empirique par l'application économétrique au cas du Cameroun. L'étude sera bouclée par l'interprétation des résultats et des recommandations en termes d'actions et de stratégies concourant à renforcer les politiques de développement de notre pays.

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CHAPITRE III

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN :
EVOLUTION ET CARACTERISTIQUES

Le Cameroun a connu un développement économique assez fort, comparativement aux autres pays d'Afrique en paix, jusqu'au début de la deuxième décennie des années quatre- vingt. En effet, après la flambée des prix des produits de base du milieu des années 70, le Cameroun connaît des remous et des déséquilibres économiques causés par la dégradation constante des termes de l'échange, les hausses des taux d'intérêt, qui ont aggravé ses problèmes d'endettement. En plus, l'adoption des politiques intérieures inappropriées affaiblissait considérablement sa capacité de résistance aux chocs de nature exogène. Des lors, il est apparu nécessaire de mener des actions parallèles à l'application des PAS et susceptibles de répondre aux besoins sociaux des populations des PED, sans pour autant que la contrainte de l'ajustement soit relâchée.

La première concrétisation de l'approche de réduction de la pauvreté dans l'élaboration des politiques économiques s'est faite à travers le projet DSA lancé en 1987, à l'initiative conjointe du PNUD, de la Banque Mondiale et de la BAD. L'objectif principal de ce projet était d'aider les gouvernements des PED en général et des pays africains en particulier, à intégrer les dimensions sociales dans leurs PAS et leurs plans de développement. Malheureusement, le projet DSA n'a pas atteint les objectifs escomptés, en dépit de l'importance des fonds qui avaient été mobilisés au niveau de la communauté internationale pour son financement38.

Dans la foulée du projet DSA et parallèlement à l'APD, d'autres instruments de coopération internationale visant à contenir la recrudescence de la pauvreté ont été expérimentés. Parmi ceux-ci, on peut citer le PSA inauguré en 1987, l'Initiative 20% /20% en 1995, celle du Secrétaire Général des Nations Unies pour l'Afrique de 1996 et l'Initiative PPTE dont la version renforcée a été adoptée en 1999. L'Initiative PPTE inaugure une nouvelle conception de l'aide qui lie l'allègement de la dette et les prêts concessionnels à la réduction de la pauvreté.

38 Au Ghana par exemple, le projet DSA avait un coût estimé à 5,7 millions de $ ; au Tchad, le Programme d'Action pour le Développement Social était évalué à 27 millions de $ alors que le projet DSA pour le Cameroun devait bénéficier des financements représentant environ 80 millions de $.

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En octobre 2000, le Cameroun a atteint le point de décision de l'initiative PPTE, ce qui lui a permis de bénéficier de ressources intérimaires évaluées à 213 milliards de F.CFA avec la promesse d'un traitement plus prononcé sur le stock de sa dette dès l'atteinte du point d'achèvement. Mais, l'assiette globale de rééchelonnement attendue portait sur 975 milliards de F.CFA à laquelle il faudra ajouter le rachat de sa dette commerciale avec une décote de l'ordre de 85%. En d'autres termes, dans la foulée de l'initiative PPTE, la dette commerciale du Cameroun devait passer de 600 milliards à 30 milliards de F.CFA. Cependant, le Cameroun n'a pas atteint le point d'achèvement dans les délais prévus, du fait du non respect des engagements pris au point de décision39, compromettant de ce fait la réalisation des promesses d'allègements manifestées par les différents types de créanciers. Pour cette raison, le point d'achèvement initialement prévu en mai 2003, sera reporté à plusieurs reprises : décembre 2003, juin 2004, décembre 2004...

Le Cameroun sera par la suite placé sous un programme spécial ou intérimaire de six mois (1er janvier au 30 juin 2005). Le bilan quelque peu satisfaisant de ce programme va lui permettre après maintes négociations avec les hautes instances du FMI, de signer en octobre 2005 un programme de référence dans le cadre d'une FRPC. Ce programme triennal allant du 1er juillet 2005 au 30 juin 2008, lui a ouvert les portes du point d'achèvement le 28 avril 2006, après la tenue des Conseils d'Administration du FMI et de la Banque Mondiale. Il bénéficie alors d'un allègement du Stock de sa dette extérieure à la hauteur de 1400 milliards de F.CFA environ.

L'après point d'achèvement rime avec des initiatives bilatérales et multilatérales de désendettement envers le Cameroun. A titre d'illustration, fin mai 2006, la France signe avec le Cameroun un D prévoyant une aide de 340 milliards de francs CFA (523 millions d'euros) sur cinq ans au Cameroun.

Notre chapitre examine l'évolution globale de la dette publique et de l'investissement au Cameroun. Sa première section est partitionnée par l'examen de la dette intérieure, compte tenu de son poids dans la dette globale du pays, ainsi que de la dette externe. La deuxième section traite de l'investissement au Cameroun.

39 Dérapage budgétaire, sous utilisation des ressources PPTE, non réalisation des reformes structurelles.

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Section I : EVOLUTION GLOBALE DE LA DETTE PUBLIQUE AU CAMEROUN

La dette publique est composée de la dette interne et de la dette externe. Ainsi, Il sied de présenter d'une part l'évolution de la dette intérieure, puis en second lieu celle de la dette extérieure.

I.1. EVALUATION DES COMPOSANTES DE LA DETTE INTERIEURE
CAMEROUNAISE

La dette intérieure d'un pays représente la créance en monnaie locale ou nationale des résidents sur l'Etat. Cependant, il arrive souvent que les autorités régionales et les collectivités locales, les entreprises publiques, contractent des dettes, qui ajoutées à celle du gouvernement, constituent la dette publique intérieure du pays. L'analyse de l'évolution de la dette intérieure passe aussi par la prise en compte de son service et des ratios d'endettement. I.1.1. La dette intérieure dans le contexte socio-économique camerounais

La dette publique intérieure du Cameroun est composée de la dette structurée et de la dette non structurée40. La dette structurée est celle ayant fait l'objet des conventions entre les créanciers et l'Etat. La dette non structurée quant à elle est constituée principalement des arriérés constatés à une date donnée au niveau du Ministère des Finances.

Depuis 1970 jusqu'à 2004, la dette interne n'a cessé d'augmenter (figure 9), mais avant la récession de 1986, son montant était très faible et son évolution quasi constante.

Figure 9 : Dette publique au Cameroun

4000000

7000000

6000000

5000000

3000000

2000000

1000000

0

EVOLUTION DE LA DETTE PUBLIQUE AU CAMEROUN

ANNEES

Dette publique totale Dette externe

Dette interne

Source : Construit par l'auteur à partir de la WDI (2005) et des données de la CAA (2007)

Durant la période de mauvaise conjoncture économique, le gouvernement camerounais a accumulé d'importants arriérés envers le secteur privé, les salariés de l'Etat, les banques

40 Confère annexe 2 pour une description de ces différentes formes de dettes internes.

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commerciales, la BEAC. L'encours élevé de cette dette a eu des effets néfastes sur la situation financière des entreprises et a compromis les investissements. Ainsi, les actions de restructuration mises en oeuvre, ont permis la titrisation d'une grande partie de la dette envers les banques, les compagnies d'assurances, les BTP, ainsi que la dette envers les entreprises publiques.

Le stock de la dette et son encours suivent une évolution identique entre la période de 1981/82 à 1987/88 (figure10). Mais par la suite, l'encours de la dette interne devient nettement inférieur à son stock jusqu'avant la dévaluation du F.CFA. La dévaluation permet de faire évoluer l'encours et le stock de manière similaire jusqu'à l'exercice 2002/2003, après laquelle l'encours devient encore inférieur au stock jusqu'à 2005/2006. Cette différence de montant entre le stock de la dette interne et son encours, s'explique par l'accumulation des arriérés tant du principal que des intérêts.

Figure 10 : Stock et encours de la dette publique interne

1600000

1400000

1200000

1000000

600000

400000

200000

800000

0

EVOLUTION DU STOCK ET DE L'ENCOURS DE LA DETTE INTERNE

ANNEES

Stock de la dette interne Encours de la dette interne

Source : Construit par l'auteur à partir de la WDI (2005) et des données de la CAA (2007)

Sur la période de 198 1/82 à 1985/86, la dette interne (arriérées compris) a progressé de manière constante, atteignant en 1985/86, une valeur de 203.624 millions de F.CFA. Aussi, le poids de la dette interne (mesuré par le ratio encours de la dette interne/PIB), a connu une croissance régulière, passant de 1 à 9% du PIB (figure 11). Cette évolution a considérablement augmenté à partir de l'exercice budgétaire 1986 /1987, son stock est passé à 387.342 millions de F.CFA en 1990/91. Le ratio de la dette interne sur le PIB est lui passé à 12%. Durant cette période de crise économique profonde, la faiblesse des ressources propres de l'Etat l'a conduit à emprunter massivement auprès des sociétés d'Etat, des banques commerciales et des compagnies d'assurances et de réassurances pour assurer l'investissement public.

THIERRY KAME / PhD CANDIDATE / UNIVERSITY OF YAOUNDE II / 237 99 42 92 25 / thierrykamebilla@yahoo.fr

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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

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A partir de l'exercice budgétaire 1991/92, le montant de l'encours de la dette continue de prendre des grandes proportions, passant de 717.702 millions pour atteindre 1.179.100 millions de F.CFA pendant l'exercice budgétaire 1993/94. La part de la dette interne dans le PIB a cru de 39 à 69%. Les turbulences politiques avec le retour au multipartisme, ont en partie contribuées en partie à l'augmentation des dépenses de l'Etat aux dépens des recettes, ce qui a accentuée la dette interne, soutenue par la mauvaise conjoncture économique.

Figure 11 : la part de la dette interne et de l'investissement sur le PIB

40%

90%

80%

70%

60%

50%

30%

20%

10%

0%

RATIO INVESTISSEMENT PRIVE ET DETTE INTERNE SUR PIB

ANNEES

Investissement privé/PIB Encours dette interne/PIB

Source : Construit par l'auteur à partir de la WDI (2005) et des données de la CAA (2007)

Après la dévaluation, cette dette a connu une diminution, son encours est passé de 1.419.891 à 890.847 millions de F.CFA entre la période 1994/95 et 2001/02. A partir de 1996/97, le ratio subit une baisse en raison de l'amélioration des recettes de l'Etat l'ayant permis d'éponger en partie certaines catégories de la dette intérieure. C'est ainsi qu'à la fin de l'exercice budgétaire 2002/03, l'encours de la dette intérieure ne représentait plus que 3% du PIB. La dévaluation améliore les termes de l'échange entre le Cameroun et le reste du monde. Il s'en suit une augmentation des recettes d'exportations, générant des ressources à l'Etat pour ses dépenses publiques, réduisant aussi l'attrait à l'emprunt public.

Mais la diminution de la dette interne s'est surtout accentuée à partir de la période 2002/03, période intérimaire entre le point de décision et le point d'achèvement. Les autorités camerounaises ont, après l'admission du Cameroun à l'initiative PPTE, mis sur pied d'imposants dispositifs pour la rigueur dans la gestion des ressources publiques.

En dehors des structures administratives et techniques traditionnellement chargées de suivre la bonne exécution des projets et programmes de développement, des actes administratifs ont été pris par le gouvernement pour assurer la gestion et le suivi des

THIERRY KAME / PhD CANDIDATE / UNIVERSITY OF YAOUNDE II / 237 99 42 92 25 / thierrykamebilla@yahoo.fr

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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

72

 

ressources intérimaires PTTE. La contrainte extérieure étant partiellement allégé, l'Etat pouvait donc apurer progressivement sa dette interne. Ainsi, l'encours de la dette publique est passé de 786.400 millions pendant cette période pour atteindre 666.000 millions de F.CFA en 2005 /06. Cette dette interne ne représentait plus que 8% du PIB en 2005/06.

L'examen de l'évolution du ratio encours de la dette intérieure par rapport à la dette totale montre que, la dette intérieure a continué d'être un élément important de la charge d'endettement. En effet, le tableau en annexe 4, montre que la dette intérieure représente en moyenne 16% de la dette publique totale au cours de la période sous étude. En 198 1/82, la dette publique intérieure représentait 2 % de la dette publique totale; cette proportion s'élevait à 11 % en 1985/86 et se situait autour de 25 % entre 1993/94 et 1997/98; la fin de l'exercice 2005/06 se caractérisait par un ratio de 2 %.

Ce poids important de la dette intérieure par rapport à la dette publique s'explique par la prise en compte de nouvelles composantes de la dette intérieure par le Ministère des Finances lorsqu'elles sont identifiées de façon précise, dans le souci d'assurer un meilleur service de la dette interne.

I.1.2. Evolution du service de la dette intérieure

L'examen de l'évolution du service de la dette intérieure à travers le tableau 1, montre une évolution modérée du service effectif de la dette au début de la décade 1980. IL se fixera ensuite à12.976 millions de F.CFA pour l'exercice 1986 /87, puis chutera pour devenir très faible en 1989/90 et 1990/91 suite à la mauvaise conjoncture économique en présence au Cameroun pendant cette période.

En raison du paiement d'une partie de la dette commerciale et des échéances de la dette titrisée, le service effectif de la dette intérieure est passé en 1998/99, à 89.000 millions de F.CFA. Il importe de noter que depuis 1997, le Cameroun a entrepris la mise en oeuvre d'un programme économique appuyé par une FASR soutenue par le FMI, dans ce cadre, les efforts sont consentis en ce qui concerne le paiement des échéances de la dette. C'est l'une des raisons de l'accroissement importante du paiement du service de la dette à partie de l'exercice 1996/97. Cet accroissement a suivit son cours après l'atteinte du point de décision de l'Initiative PPTE pour se fixer à 350.000 millions de F.CFA en 2005/2006. L'atteinte du point de décision met à la disposition du Cameroun des ressources intérimaires qui lui permettrons d'apurer sa dette interne.

Cette évolution camoufle des disparités concernant l'évolution réelle du service de la dette interne par rapport à son stock. Le ratio service sur stock de la dette interne révèle la faible capacité du Cameroun à apurer sa dette interne. De 15% au cours de l'exercice 1981/82,

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

73

 

le Cameroun n'honore plus que 0,1% du service de sa dette interne par rapport à son stock en 1987/88. Elle se remettra de sa léthargie à partir de la période de 1996/97 avec un taux de 2%, augmentera graduellement pour atteindre 39% en 2005/06.

Tableau 1 : Evolution du service de la dette interne (en millions de F.CFA)

Années

Service effectif de la dette interne

Total arriérés

dette interne

Ratio service

effectif/stock

de la dette

interne

Ratio service

effectif dette

interne /PIB

Ratio service

effectif dette

interne /exportation

1981/82

3 109

0

15%

0,17%

1%

1982/83

8 933

0

17%

0,5%

2%

1983/84

9 069

0

8%

0,4%

1%

1984/85

8 449

0

8%

0,3%

1%

1985/86

12 925

0

7%

0,5%

3%

1986/87

12 976

0

6%

0,6%

3%

1987/88

174

0

0,1%

0 ,0082%

0,07%

1988/89

7

80 197

0%

0 ,00034%

0,0012%

1989/90

0

117 169

0%

0

0%

1990/91

0

252 162

0%

0

0%

1991/92

593

398 027

0%

0,032%

0,1%

1992/93

5549

438 167

0,4%

0 ,31%

0,35%

1993/94

9823

0

0,8%

0,6%

0,34%

1994/95

2911

0

0,2%

0,2%

2,3%

1995/96

2 581

0

0,1%

0,1%

1,4%

1996/97

22 865

0

2%

1,2%

1,1%

1997/98

15 494

0

1%

0,75%

0,7%

1998/99

89000

0

8%

4,13%

4 ,1%

1999/00

86000

0

8%

3,8%

3,8%

2000/01

95000

0

8%

4,04%

4,02%

2001/02

110758

239 130

10%

4,5%

4,5%

2002/03

110550

223 984

11%

4,3%

4,3%

2003/04

79000

251 000

5%

9,37%

1%

2004/05

223450

237 116

18%

2,7%

2,7%

2005/06

350000

-

39%

4,04%

4,02%

 

Source : CAA (2007)

En ce qui concerne les arriérés internes, il faut noter que les avances de la Banque centrale au Trésor étant limitées dans la Zone franc, et le marché monétaire n'existant que depuis 1994, l'Etat camerounais pour se financer ne pouvait que s'endetter auprès des banques secondaires ou auprès des agents économiques. En dépit des efforts consentis par le

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

74

 

gouvernement pour assurer le service de la dette, il subsiste toujours des arriérés tant sur la dette extérieure que sur la dette intérieure. Ces arriérés internes ont connu une forte progression, passant de 80.197 millions à 438.167 millions de F.CFA entre 1988/89 et 1992/93 avec des fortes augmentations pendant cette période. Pendant l'exercice 2001/02 à 2004/05, ces arriérés sont passés de 2.393.130 millions à 237.116 millions de F.CFA, témoignant d'une baisse graduelle de l'apurement de la dette interne.

L'observation du Tableau en annexe 5, montre que la part des arriérés internes n'est pas négligeable puisqu'elle se chiffrait à 29,8 % du total des arriérés de paiement de la dette publique en 1989/90. Les années 1993/94 et 1995/96 montrent une accumulation prononcée des arriérés de paiement de la dette intérieure se chiffrant respectivement à 64,3 % et 64,1 % du total des arriérés de paiement de la dette publique.

Le ratio du service de la dette sur le PIB évolue à des pourcentages très faibles, oscillant autour de 1%. Cette évolution traduit la part relativement faible du poids du service de la dette interne sur le PIB. Il en est de même du ratio dette interne sur exportations. Qui lui aussi évolue faiblement pour atteindre 14 % en 2005/06. Ainsi la part des recettes d'exportations consacrer à assurer l'apurement de la dette interne est très faible. On peut le justifier par son rôle moteur dans le service de la dette externe.

I.2. EXAMEN DE L'EVOLUTION GLOBALE DE LA DETTE EXTERIEURE AU
CAMEROUN.

La dette extérieure d'un pays peut être définie comme le montant à une date donnée des engagements contractuels en cours et ayant donné lieu à des versements d'un pays à un autre, comportant obligation de remboursement du principal avec ou sans paiement d'intérêts, ou alors remboursement d'intérêt avec ou sans remboursement du principal. Dans cette sous- section nous présenterons la situation de la dette extérieure, puis nous analyserons le service de la dette extérieure.

I.2.1. La situation générale de la dette extérieure du Cameroun.

Les années post-indépendance riment avec une progression constante du niveau d'endettement extérieur. Nous notons ainsi, entre 1971 et 1981, une accélération modérée de la dette extérieure camerounaise comparativement aux autres pays du même niveau de développement. Ceci s'explique par la prudence de la politique économique du Cameroun à faire de l'endettement extérieur, un élément déterminant du financement de son développement. Selon la Banque mondiale (1992), entre 1975 et 1986, le taux de croissance moyen du stock de la dette est d'environ 29% par an, mais l'impact du fardeau de la dette était

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

75

 

mitigé par des meilleurs taux de croissance du PIB (8% par an) et des exportations (15% par an).

Au vu des figures ci-dessous (12 et 13), le stock de la dette s'accroît de 805.990 à 1.434.210 millions de F.CFA entre 1981/82 à 1985/86. Toutefois, la part de la dette externe sur le PIB varie de 45% à 61% durant cette période, alors que sa part sur les exportations croit de 168% à 334%. Ainsi de 1981 à 1988, le stock de la dette équivaut à l'encours de la dette extérieure.

Dès le milieu des années 80, le Cameroun est confronté à une crise macroéconomique et financière persistante avec en point de mire le problème de la dette extérieure. Le tarissement des sources traditionnelles de financement obligeait le gouvernement à modifier le cadre de sa politique économique et à réviser les modalités de son financement public. Durant la période de 1986/87 à 1998/99, les indicateurs du fardeau de la dette se détériorent rapidement. Dans cette période, le stock de la dette croit, passant de 1.490.694 à 5.247.541 millions de F.CFA, alors que la croissance des exportations s'amenuisait. Par conséquent, les ratios la dette sur les exportations et de la dette sur le PIB croit de 318% et 56% en 1987, respectivement, à 459% et 227% en 1997. L'encours total de la dette extérieure s'est ainsi accru, passant de 5.275.765 à 5.321.685 millions de F.CFA entre 1995/96 et 1999/00. Cette croissance a été très significative à partir de 1994 suite à la dévaluation du franc CFA par rapport au franc français, la quasi-totalité des prêts étant libellés en devises. L'accroissement de l'encours de la dette extérieure à partir de 1993 s'explique également par les effets conjugués des nouveaux engagements de l'Etat et des retards de paiement envers certains créanciers, notamment les pays non participants au Club de Paris et ceux du Club de Londres. Figure 12 :L'évolution de la dette publique externe

4000000

6000000

5000000

3000000

2000000

1000000

0

STOCK ET ENCOURS DE LA DETTE EXTERIEURE

ANNEES

Stock de la dette extérieur Encours de la dette extérieure

Source : Construit par l'auteur à partir de la WDI (2005) et des données de la CAA (2007)

THIERRY KAME / PhD CANDIDATE / UNIVERSITY OF YAOUNDE II / 237 99 42 92 25 / thierrykamebilla@yahoo.fr

75

400%

800%

700%

600%

500%

300%

200%

100%

0%

MONTANTS (Millions de F CFA)

EVOLUTION DES RATIOS D'ENDETTEMENT EXTERIEUR

Ratio encours dette extérieure /PIB

Ratio encours dette extérieure/ exportations Ratio investissement privé sur PIB

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

76

 

Le point de changement de tendance apparaît en 2001 après l'atteinte par le Cameroun du point de décision, l'encours de la dette chutera pour se situer à 3 529 070 millions de F.CFA en 2004/05. L'atteinte du point d'achèvement de l'Initiative PPTE viendra confirmer cette baisse graduelle avec un montant de cet encours de 1.014.000 millions de F.CFA pour l'exercice 2005/06.

Figure 13: Evolution des ratios d'endettement extérieur

Source : Construit par l'auteur à partir de la WDI (2005) et des données de la CAA (2007)

Les données statistiques de la CAA (2007), permettent d'observer de façon générale que les indicateurs de la dette atteignent des seuils intolérables à partir de 1990. Les ratios d'endettement, bien que régulièrement en baisse depuis le début du PASR, montre que le poids de la dette reste encore élevé. Plus précisément, le ratio encours de la dette extérieure/exportations, qui traduit le montant de recettes d'exportations nécessaires pour rembourser le stock de la dette. Il varie de 168% à 505% entre 1981/82 et 1987/88, atteint son maximum de 576% en 1995/96, à la suite de la dévaluation, pour se retrouver en dessous de 80% en 2005/06.

Le ratio encours de la dette extérieure/PIB, qui mesure le niveau d'endettement extérieur à l'échelle de l'activité économique nationale, dépasse le seuil d'intolérance de 50 % à partir de 1984 et connaît des niveaux élevés dépassant 200 % pour les années 1994, 1995 et 1996 imputable à la dévaluation du franc CFA par rapport au franc français. L'ampleur de ce ratio démontre que la productivité moyenne des investissements financés sur fonds d'emprunt

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

77

 

extérieur est inférieure au taux d'intérêt des prêts contractés, ce qui est contraire à l'hypothèse de l'effet de levier, mais conforme à l'effet de masue.

Ce fardeau continuera d'être un handicap sérieux aux efforts déployés par le Gouvernement pour promouvoir le développement économique en général et pour l'amélioration du bien-être en particulier. Quels que soient les indicateurs considérés, leur analyse permet de conclure à une aggravation de la charge d'endettement du Cameroun jusqu'à la période intérimaire de l'Initiative PPTE, pendant laquelle les efforts seront déployés afin d'assurer convenablement le service de la dette externe.

I.2.2. Evolution du service de la dette extérieure

Pour les quatre premières périodes de l'étude, le service de la dette effective était égal au service de la dette prévisionnelle (Tableau en annexe 6). Au cours de l'exercice 1985/86, lorsque l'économie connaît des difficultés de croissance, et cause les sérieux problèmes fiscaux, les problèmes du service de la dette commencent, et s'accroissent en 1998/99. Le service effectif de la dette est passé de 78.058 à 48.946 millions de franc CFA entre 1985/86 et 1989/90. Ce service effectif connaîtra une faible hausse, 65.309, en 1990/9 1 puis chutera à 57.267 millions de franc CFA au cours de l'exercice 1991 /92. Entre 1991/92 et 1999/00, le paiement massif de la dette a constitué l'un des principaux facteurs des transferts négatifs du pays41. D'après le tableau en annexe 7, les transferts nets passeront de -63 875 à -84 347 millions de F.CFA entre 1994/95 et 1998/99, traduisant l'ambition des autorités à atteindre leur objectif de paiement du service de la dette.

Ainsi, le service effectif de la dette est passé de 66.208 en 1992/93 à 245.058 millions de franc CFA à 1999/00. Cette croissance vertigineuse du service de la dette est due, à l'exécution par le Cameroun, à partir de l'année 1997, de la FASR, soutenue par le FMI, la Banque mondiale, l'UE et la BAD.

Subséquemment, le service de la dette extérieure connaît une nette amélioration à partir de l'exercice 2000/01. Ceci peut s'expliquer tour à tour par l'éligibilité du Cameroun à l'initiative PPTE en juin 2000 sur la base du critère VAN dette/Exportation=201,5% = 150% qui est le seuil. L'atteinte du point de décision en octobre 2000, après la rédaction d'un DSRP intérimaire validé par le Conseil d'administration du FMI et de la Banque Mondiale. Enfin l'atteinte du point d'achèvement du 28 avril 2006.

41 On peut signaler, parmi les principaux facteurs de sortie de capitaux, les sorties des billets, les sorties au titre des investissements directs.

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

78

 

A la suite de la réalisation du point de décision, le Cameroun a formulé une requête pour obtenir des créanciers du club de paris l'assiette la plus large possible et des conditions les plus favorables. Le service de la dette avant rééchelonnement42 pour la période de consolidation allant de juillet 2000 à décembre 2003 se chiffrait à 1621 milliards de F.CFA dont 451 milliards pour l'exercice 2001/02 et 467 milliards pour l'exercice 2002/03. Le service du au titre de l'exercice 2003/04 s'élevait à 481 milliards de F.CFA. La décomposition de cette dette montre qu'elle est constituée de dettes dues aux organismes multilatéraux, au club de paris43, aux non participants au Club de Paris, au Club de Londres et aux autres créanciers.

Tableau 2. : Evolution du service de la dette avant rééchelonnement (milliard de F.CFA).

Catégories de

dettes

Juil/déc

2000

Jan/juin

2001

200 1/02

2002 /03

Juil/déc.2003

2003/04

2004/05

2005/06

Multilatéraux

63

58

100

91

44

89

88

90

Club de Paris

155

166

319

353

174

368

312

312

Non participants

4

5

9

8

4

10

16

11

Club de

Londres

-

5

5

-

-

-

10

-

Autres catégories

8

9

18

15

7

14

-

-

Total

230

243

451

467

230

481

426

413

 

Source : CAA (2007)

Figure 14 : Service de la dette avant le rééchelonnement

SERVICE DE LA DETTE AVANT LE REECHELONNEMENT

Juil/déc 2000 Jan/juin 2001

2001/02

2002 /03 Juil/déc.2003

2003/04

2004/05

2005/06

Source : construit par l'auteur à partir des données de la CAA (2007)

42 Il s'agit du sixième rééchelonnement.

43 La dette due au Club de Paris est composée de la dette pré date butoir, de la dette non précédemment rééchelonnée, de la dette post date butoir et des cinq précédents accords de rééchelonnement.

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

79

 

Figure 15: Répartition du service de la dette selon les catégories avant rééchelonnement.

REPARTITION DU SERVICE DE LA DETTE SELON LES CATEGORIES AVANT LE
REECHELONNEMENT

400

350

300

250

200

MONTANT (Milliard de FCA)

150

100

50

0

Juil/déc 2000 2001/02 Juil/déc.2003 2004/05

Multilatéraux

Club de Paris Non participants Club de Londres Autres catégories

ANNEES

Source : construit par l'auteur à partir des données de la CAA (2007)

Après le rééchelonnement de janvier 2001, le service de la dette du Cameroun due pendant la période de consolidation a été ramené à 702 milliards de F.CFA, soit une réduction de l'ordre de 43,3% en valeur relative, correspondant à près de 13% du PIB.

Tableau 3. : Evolution du service de la dette après le rééchelonnement (milliard de F.CFA)

Catégories Dettes

Juil/déc.

2000

Jan/juin

2001

2001 /02

2002/03

Juil/déc.

2003

2003/04

2004/05

2005/06

Multilatéraux

63

58

100

91

44

89

39

33

Club de Paris

20

35

66

80

48

257

112

95

Non participants

4

5

9

8

4

10

4

4

Club de

Londres

-

5

5

-

-

-

-

-

Autres catégories

8

9

18

15

7

14

7

4

Total

95

112

198

194

104

370

162

136

 

Source : CAA (2007)

THIERRY KAME / PhD CANDIDATE / UNIVERSITY OF YAOUNDE II / 237 99 42 92 25 / thierrykamebilla@yahoo.fr

79

REPARTITION DU SERVICE DE LA DETTE SELON LES CATEGORIES APRES LE
REECHELONNEMENT

300
250
200
MONTANT (Milliard de FCA) 150
100
50
0

 

Multilatéraux

Club de Paris Non participants Club de Londres Autres catégories

Juil/déc.
2000

2001

Jan/juin

2003

Juil/déc.

2001 /02

2002/03

2003/04

2004/05

2005/06

ANNEES

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

80

 

Figure 16: Service de la dette après le Rééchelonnement

SERVICE DE LA DETTE APRES LE REECHELONNEMENT

Juil/déc 2000 Jan/juin 2001

2001/02

2002 /03 Juil/déc.2003

2003/04

2004/05

2005/06

Source : construit par l'auteur à partir des données de la CAA 2007

Contrairement à la structure de la dette due au club de Paris avant rééchelonnement, l'analyse de la dette bilatérale due aux membres de ce club informel prouve que celle-ci est essentiellement constituée de la dette post date butoir, puisqu'elle représente en moyenne les trois quarts de cette dette pendant la période de consolidation. A contrario, cette catégorie de dette ne représente plus que 28% au cours de l'exercice 2003/04 contre 19% avant rééchelonnement.

Figure 17 : Répartition du service de la dette selon les catégories après rééchelonnement

Source : construit par l'auteur à partir des données de la CAA (2007)

400

600

500

300

200

100

0

1 2 3 4 5 6 7 8

ANNEES

GAIN ISSU DU REECHELONNEMENT DE JANVIER 2001

Sce.dette avant R. Sce.dette après R. Gain du réechelonnement

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

81

 

En définitive, le gain issu du sixième passage du Cameroun au Club de Paris se chiffre à 918 milliards de F.CFA, soit environ 18% du PIB, pendant la période de consolidation, reparti comme suit :

Tableau 4 : Gain (en milliard de F.CFA) de rééchelonnement issu du club de paris du 24 janvier 2001.

 

Juil/déc.

Jan/juin

2001 /02

2002/03

Juil/déc.

2003/04

2004/05

2005/06

 

2000

2001

 
 

2003

 
 
 

Gain

135

131

253

273

126

111

264

277

 

Source ; CAA (2007)

Si l'on ajoute le gain au titre de l'exercice 2003/04, 2004/05 et 2005/06 le gain total de rééchelonnement du Club de Paris 6 s'élèvera alors à 1570 milliards de F.CFA sur six ans. Il convient de rappeler que le gain de 918 milliards de F.CFA obtenu pour la période juillet 2000 à décembre 2003 se décompose en 607 milliards de F.CFA d'annulation nette et 311 milliards de F.CFA de rééchelonnement.

Figure 18: Gain issu du rééchelonnement de Janvier 2001.

Construit par l'auteur à partir des données de la CAA (2007)

Comme on le constate, le service de la dette après allègement dans le cadre de l'initiative PPTE renforcée baisse considérablement, passant de 451 milliards de F.CFA à 198

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

82

 

milliard de F.CA au titre de l'exercice 2001 /02. Ces ressources additionnelles amorcent une baisse après la période de consolidation puisque le service de la dette après le rééchelonnement triple après 2002 /03 d'une part alors que le même service avant rééchelonnement demeure presque inchangé qu'au cours des deux derniers exercices. Tout bien considéré, le service de la dette après aide au titre de l'initiative PPTE renforcée se situe en moyenne à :

· 10,6% des exportations de biens et services ;

· 2,3% du PIB, et

· 16,5% des recettes de l'Etat.

Tableau 5 : Evolution du service de la dette payée entre 1998 et 2005 (milliard de dollars US)

 

1998

1999

200044

2001

2002

2003

2004

2005

Service de la dette payée

401

401

312

-

-

-

-

-

Service de
la dette sur
exportation

18

15

11

8

8

9

9

9

Service de la dette sur recettes budgétaires

28

24

18

12

12

13

13

12

 

Source : CAA (2007)

Toutefois les échecs et le report du point d'achèvement peuvent expliquer les sorties des capitaux de 2003/2004 à 2005 /2006. Nous notons donc un allègement du service de la dette extérieure après l'atteinte du point de décision, avec des gains considérable après l'atteinte du point d'achèvement du 28 avril 2006. Quant aux arriérés au titre de la dette extérieure, ils ont également augmenté sur la période passant de 84.147 à 123.088 millions de F.CFA de 1988/89 à 2005/06 avec un pic de 672.510 millions de F.CFA en 1996/97. Ces arriérés de règlement extérieur sont dus essentiellement aux bailleurs de fonds bilatéraux, aux créanciers du Club de Londres et aux autres catégories de créanciers.

Pour apprécier la charge de la dette d'un pays, on utilise généralement un certain nombre de ratios, dont le ratio service de la dette/recettes d'exportations. Ce ratio permet de

44 Notons que le montant du service de la dette pour 2000 est pour l'essentiel le montant de ce service avant l'allègement PPTE dans la mesure ou le Cameroun n'a atteint le point de décision qu'en octobre 2000 ; par ailleurs ce n'est qu'en janvier 2001 qu'il est passé auprès du Club de Paris.

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

83

 

déterminer l'importance des recettes d'exportations nécessaires pour assurer le remboursement tant du principal que des intérêts. Le principal intérêt de cet indicateur est qu'il constitue un indice de rigidité de la balance des paiements d'un pays en courte période. Plus ce ratio est élevé, plus l'ajustement est nécessaire pour compenser l'évolution défavorable. Le seuil de 20 % est considéré comme fatidique et traduit une situation potentiellement dangereuse. Ainsi, la part des recettes d'exportations nécessaires pour assurer le service de la dette externe est relativement élevée entre 1981/82 à 1984/85, ainsi le ratio service de la dette sur exportation passe de 10% à 11%. Mais à partir de l'exercice 1985/86, il amorce une croissance partiellement élevée, excédant le seuil fatidique pour atteindre 26% en 1994/95, à cause de la baisse des recettes d'exportations. Après la dévaluation, il se situe à 35% en 1997/98, pour chuter ensuite à 11% en 2000/01.

Etant donné qu'il s'agit simplement d'un ratio de liquidité, sa valeur à elle seule ne permet pas d'apprécier le poids de la charge de la dette pour l'emprunteur. Il devient utile de lui adjoindre d'autres ratios :

- Le ratio service de la dette extérieure/recettes publiques, qui mesure la capacité du gouvernement à financer le service de la dette au moyen de ses ressources propres; De ce fait, Le ratio du service de la dette sur les recettes propres de l'Etat a connu une évolution similaire à celle du service effectif compte tenu de la relation existant entre les recettes de l'Etat et le paiement du service de la dette. Ce ratio, qui traduit le poids du paiement du service de la dette sur les recettes propres de l'Etat, passent de 15% en 1981/82 à 12% en 1992/93, comme l'illustre le tableau ci-dessus. IL a connu une forte augmentation entre 1990 et 1999, traduisant ainsi une charge de plus en plus lourde de la dette extérieure sur le budget de l'Etat. Par la suite, il baissera pour se situer à 14% en 2000/01.

Dans ces conditions, tout porte à croire que le processus d'endettement du Cameroun conduit paradoxalement à la réduction de l'investissement.

Section II. LES PERFORMANCES ECONOMIQUES DE L'INVESTISSEMENT AU
CAMEROUN.

La variation des faits économiques au Cameroun depuis 1960, nous conduit à subdiviser l'évolution de l'économie camerounaise, en cinq sous périodes. Ces différentes périodes corroborent avec des régimes de croissances, identifiés au Cameroun depuis l'indépendance. Nous présenterons ainsi l'évolution de l'investissement dans le cadre de ces mutations de croissance.

2500000

2000000

1500000

1000000

500000

0

INVESTISSEMENT AU CAMEROUN

ANNEES

Investissement privé brut Investissement public brut

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84

 

II.1. L'INVESTISSEMENT ET LE PREMIER REGIME DE CROISSANCE AU
CAMEROUN

Le premier régime de croissance correspond à la période pré-pétrolière (1970-1978), qui se caractérise par une croissance modérée mais équilibrée. Durant cette période, le secteur primaire, et particulièrement l'agriculture était le principal secteur d'activité de l'économie. Le PIB réel connaît une croissance régulière et graduelle par rapport aux périodes précédentes (figure 20). L'investissement suit ce trend graduel entre 1970 et 1975 (figure 19). Il atteint un pic en 1974 avec un montant de 2.033.715 millions de F.CFA pour l'investissement privé et 277.325 millions de F.CFA pour l'investissement public, soit un taux de croissance de 835% (figure 21). A partir de 1975, il chute et commence à décroître lentement, mais renoue avec la croissance en 1979 pour atteindre un montant de 456.200 millions et 55.000 millions de F.CFA pour l'investissement privé et public, correspondant au taux de croissance de 6% et 28 % respectivement. Le taux de croissance du secteur public prédomine à cause de la quasi- absence d'un secteur privé dynamique, L'Etat étant omniprésent.

Figure 19 : La performance de l'investissement au Cameroun

Source : Construit par l'auteur à partir de la WDI (2005) et des données de la CAA (2007)

Exprimés sous forme de ratios du PIB, ces investissements présentent certaines fluctuations qui sont représentées sur la figure 21 ci-dessous. Le ratio de l'investissement privé fluctue plus largement que celui de l'investissement public. En moyenne, le ratio

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d'investissement privé annuel se situe à 43%, alors que celui de l'investissement public se situe à 6%, avant l'apparition de la production pétrolière.

II.2. INVESTISSEMENT ET BOOM PÉTROLIER

L'économie camerounaise assiste à une variation structurelle importante, avec l'avènement du pétrole, comme source principale des échanges extérieurs. Les investissements publics, joueront à nouveau leur rôle d'impulsion économique. Le PIB réel croit rapidement pour atteindre un montant élevé de 2.352.500 millions de F.CFA en 1986.

L'investissement public croit aussi brusquement durant cette période, résultant des échanges extérieurs, notamment la vente du pétrole. Il atteint un maximum de 447.297 millions de F.CFA en 1987, puis, commence à chuter brutalement. En fin de période, les investissements d'infrastructure, représentent la majeure partie de la dépense publique d'investissement. Les infrastructures routières, bénéficient grandement du boom dans les investissements publics. L'investissement privé s'accroît aussi rapidement durant cette période. Cet accroissement, résulte d'un environnement favorable, créé par l'immense investissement du secteur public et la disponibilité du crédit. Il atteint son pic de 659.907 millions de F.CFA, ensuite, commence à décroître avant la décroissance de l'investissement public. Mais la baisse n'était pas aussi brusque que celle de l'investissement public. L'investissement privé et public croissent durant cette sous période au taux moyen annuel de1 5% et 33% respectivement.

Figure 20 : Evolution du PIB réel

10000000

6000000

4000000

2000000

9000000

8000000

7000000

5000000

3000000

1000000

0

EVOLUTION DU PIB REEL

ANNEES

PIB réel

Source : Construit par l'auteur à partir de la WDI (2005) et des données de la CAA (2007)

THIERRY KAME / PhD CANDIDATE / UNIVERSITY OF YAOUNDE II / 237 99 42 92 25 / thierrykamebilla@yahoo.fr

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86

 

En proportion du PIB, l'investissement public montre une croissance plus régulière, mais avec une légère décroissance entre 1980 et 1982. Par contre, l'évolution du ratio de l'investissement privé était plus irrégulière au cours de cette sous période. Il chute brusquement en 1979, mais renoue avec la croissance en 1981. Durant cette période, le ratio annuel moyen de l'investissement sur le PIB, était de 8% et 27%, pour le public et le privé respectivement. Mais cette phase est aussi transitoire à la période de récession économique.

II.3. INVESTISSEMENT ET RECESSION ECONOMIQUE AU CAMEROUN

La période de récession économique est caractérisée par une chute continuelle des prix de plusieurs matières premières exportées par le Cameroun, particulièrement le pétrole brut, café et le cacao etc. La conséquence immédiate a été la baisse des recettes d'exportation. Le PIB réel également continue sa tendance à la baisse jusqu'à la fin de cette sous période. Une vue superficielle de la figure 19 révèle la faible performance des deux composantes de l'investissement durant cette période.

L'investissement privé commence à s'effondrer dès 1986 alors que l'investissement public baisse à partir de 1988, d'un montant de 619.627 et 334.076 millions de FCFA respectivement. En fait, la performance des investissements respecte la notion de complémentarité souvent insinuée entre l'investissement public et privé. Raison pour laquelle, l'investissement privé et l'investissement public enregistrent respectivement un taux de croissance négatif de 20% et 36% pour l'année fiscale 1990/91, ensuite, 4% et 6% pour l'année fiscale1991/92.

Néanmoins, l'évolution presque stable du ratio investissement sur PIB en 1990 n'est pas trop surprenante, à cause du retrait du gouvernement de l'investissement productif pour les investissements en infrastructures. Son rôle devient donc la création d'un environnement favorable pour l'investissement privé. Les deux ratios d'investissement représentent de manière égale une tendance à la baisse, particulièrement le ratio investissement public sur PIB. La baisse significative de l'investissement, réalisée durant cette période, était une conséquence directe de la chute des recettes d'exportation. La situation des liquidités du gouvernement devient précaire. Des mesures d'austérité budgétaire, de stabilisation et de réformes structurelles ont été mises en oeuvre par le biais des PAS et de réformes économiques avec l'assistance technique et financière des partenaires au développement. Malgré l'engagement des politiques économiques nationales et l'assistance de la communauté financière internationale, le pays était plongé dans une crise profonde. Face à cette situation, en 1994, le Cameroun consentira à la dévaluation du F.CFA.

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II.4. INVESTISSEMENT PENDANT LA PERIODE POST-DEVALUATION

La chose la plus remarquable dans cette période est la dévaluation du F.CFA qui est arrimé au franc Français depuis 1948. Elle était le résultat de l'échec des stratégies d'ajustement interne pour relancer la croissance économique au Cameroun. En effet, la majorité des reformes d'ajustement structurel adoptées par le gouvernement durant la sous- période précédente a échoué dans l'amélioration de la plupart des indicateurs macroéconomiques. La formation du capital n'a pas répondu à la motivation de la structure fournie.

La dévaluation était considérée comme l'ultime tentative pour sortir le pays de la crise, le taux de change réel étant très surévalué. Après la perspective de croissance améliorée suite à la dévaluation de 1994, le prêt des banques internationales aux petites compagnies orientées vers l'exportation reprend. Particulièrement pour celles qui sont en relation avec les compagnies Européennes (souvent subsidiaires), principalement sous forme de crédit d'exportation. L'investissement privé et l'investissement public s'accroissent donc de 19% et 30% respectivement, pour l'année fiscale 1994/95. L'investissement total réagit timidement, mais les ratios demeurent stables. Le ratio moyen annuel était de 9% et 13% pour l'investissement public et privé respectivement, inférieur à 10% et 21% de la sous-période précédente.

Figure 21 : Evolution des ratios investissement sur PIB

EVOLUTION DES RATIOS INVESTISSEMENT SUR PIB

250%

200%

150%

100%

50%

0%

Ratio investissement privé sur PIB (%) Ratio investissement public sur PIB (%)

ANNEES

Source : Construit par l'auteur à partir de la WDI (2005) et des données de la CAA (2007)

L'investissement privé et public continuent à croître mais à un taux modéré. En 2000, ils chutent de -1% et -36% respectivement. La chute de l'investissement public est plus

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brutale que celle de l'investissement privé. En particulier, en réduisant ses investissements dans les infrastructures économiques et sociales, le gouvernement contraint l'investissement du secteur privé et la croissance (Amin, 1998). La faible efficacité des infrastructures physiques camerounaises, incluant l'électricité, les télécommunications, le transport aérien, maritime et routier, reste la cause des sérieux problèmes que rencontre les investissements du secteur privé camerounais. En plus, le Cameroun doit faire face à la gestion de sa dette externe, pour cela, il devient nécessaire d'atteindre le point de décision de l'initiative PPTE.

II.5. INVESTISSEMENT ET POINT DE DECISION DE L'INITIATIVE PPTE.

L'atteinte du point de décision de l'initiative PPTE rime avec la reprise de la croissance de l'investissement. L'investissement privé varie de 988.400 à 2.069.200 millions de F.CFA entre 2001 et 2006, avec une légère baisse de 1.120.400 en 2003. L'investissement du secteur public croit aussi de 133.400 à 306.700 millions de F.CFA entre 2000 et 2006, avec une chute modérée de 107.800 en 2002. Le Cameroun, avec l'atteinte du point de décision de l'initiative PPTE, bénéficie de ressources intérimaires qui lui permettent de s'engager dans des grands travaux en infrastructures. Ces investissements en infrastructures serviront de levier au secteur privé pour l'accomplissement de leurs projets d'investissement.

Au Cameroun, la bonne performance des secteurs non pétroliers a permis de compenser le ralentissement que l'activité pétrolière a enregistré depuis quelques années. Le secteur primaire a soutenu la croissance en 2004 grâce à une bonne orientation de la filière bois ainsi que l'agriculture vivrière et d'exportation.

Figure 22 : Taux de croissance de l'investissement au Cameroun

1000%

-200%

400%

800%

600%

200%

0%

1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29 31 33 35

Taux de croissance de l'investissement privé. (%) -

Taux de croissance de l'investissement public. (%) -

ANNEES (1970-2006)

TAUX DE CROISSANCE DE L'INVESTISSEMENT AU CAMEROUN

Source : Construit par l'auteur à partir de la WDI (2005) et des données de la CAA (2007)

THIERRY KAME / PhD CANDIDATE / UNIVERSITY OF YAOUNDE II / 237 99 42 92 25 / thierrykamebilla@yahoo.fr

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En effet, la production du coton atteint un niveau record, et celle du cacao, quatre mois avant la fin de la campagne, dépassait largement le niveau atteint au cours de la campagne précédente. Le taux de croissance réel du PIB n'a cessé de croître en 2004.

La hausse45 des prix à la consommation s'est limitée à 0,4% en 2004 par rapport à 0,6% en 2003. Mais nous observons une résurgence modérée de l'inflation, notamment du fait du relèvement d'un démi-point de la TVA, l'élargissement de l'assiette fiscale avec l'entrée en vigueur de la loi de finance 2005 et le renchérissement des produits pétroliers. Finalement, sur la base de ces évolutions, l'inflation est remontée en 2005 à 1,5%.

Durant toute cette période, l'investissement connaît une croissance irrégulière. Le taux de croissance moyen de l'investissement privé est d'environ 17% alors que celui de l'investissement public est de 29%, caractérisant la nécessité pour les autorités publiques à atteindre le point d'achèvement. Mais ce taux moyen dissimule des disparités, l'investissement privé croit de 13% à 62% entre 2001 et 2004, chute de 13% en 2005, puis s'établir à 0,3% en 2006. L'investissement public décroît de 65 à -19% entre 2001 et 2002, renoue avec la croissance en 2003 pour atteindre un pic de 67%, diminue ensuite et se situer à 4% en 2006. La part de l'investissement dans le PIB connaît une diminution au cours de la sous période. Cette diminution affecte l'investissement privé (42 à 24%) et dans une moindre mesure l'investissement public (contre 6 à 4%).

45 Les économies de l'Afrique centrale 2006, Maisonneuve et Larose.

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CONCLUSION

Le financement du développement est depuis le début des années 1960 une préoccupation majeure et récurrente pour tous les gouvernements africains et les institutions internationales. Il convient cependant de reconnaître que les sources et les modalités de financement ont fait l'objet d'un vif débat entre les économistes et les politiques.

Dans un premier temps, il est apparu sous l'inspiration de l'analyse keynésienne comme une sorte d'unanimité autour de deux idées : l'Afrique au lendemain des indépendances ne possédait, ni secteur privé capable de produire des biens et services, ni épargne suffisante pour financer son développement. Cette situation a légitimé l'intervention de l'Etat en matière de production nationale, et justifié par ailleurs le recours massif et à moindres coûts aux financements extérieurs dont regorgeait le système financier international. Nous pouvons donc comprendre l'évolution croissante du montant d'endettement public entre 1970-1985 au Cameroun, mais son niveau est relativement faible et reste par conséquent contrôlable. L'investissement s'accroît aussi, l'investissement public entre 1960-1987 et l'investissement privé entre 1970-1985. En effet, l'investissement public et l'investissement privé connaissent une croissance régulière et graduelle entre 1970 et 1977. Le ratio de l'investissement privé fluctue plus largement que celui de l'investissement public. Au début des années 1980, l'investissement continue son évolution mais à un rythme accéléré jusqu'au milieu de la décennie. Ainsi, durant plus de deux décennies, l'investissement privé et l'investissement public ont connu une évolution croissante mais à des taux différents, couplée par une croissance modérée de la dette publique. Cette dernière était au service de l'investissement en agissant comme catalyseur.

Dans un deuxième temps en revanche, à la suite du retournement brutal de la conjoncture internationale, émerge petit à petit l'idée selon laquelle il existe non seulement un secteur privé dynamique fait d'activités diverses, mais également une épargne locale susceptible de suppléer le tarissement progressif des financements extérieurs. Cependant, le constat semble régulièrement révéler les difficultés conjoncturelles liées en partie à l'accroissement rapide de la dette publique. Les indicateurs du fardeau de la dette s'accroissent rapidement. Les deux composantes de l'investissement connaissent une évolution décroissante. Dans l'ensemble, l'investissement privé avait une performance moins bonne que celle de l'investissement public durant la période de 1982/83-1997/98. Pendant cette période de crise économique profonde, la faiblesse des ressources propres de l'Etat l'a conduit à emprunter massivement auprès des sociétés d'Etat, des banques commerciales et des

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compagnies d'assurances et de réassurances pour assurer l'investissement public. Entre 1986- 1997, les composantes de l'investissement enregistrent des performances médiocres paradoxalement à l'accroissement rapide de la dette publique. L'augmentation de la dette publique entraîne donc une éviction de l'investissement durant cette période. Entre 1997- 2007, nous assistons à une reprise de l'ascension des investissements au Cameroun. Nonobstant ce fait, la dette publique poursuit son sentier de croissance, mais sera heurtée dans sa course, au préalable, par l'atteinte du point de décision, et actuellement le point d'achèvement de l'initiative PPTE. Depuis 2005/06, le niveau de la dette publique totale s'est donc considérablement réduit.

Comme de nombreux pays africains au sud du Sahara, le Cameroun a connu des difficultés économiques et financières engendrées par des facteurs tant externes qu'internes. Les effets des chocs exogènes ont été amplifiés par la structure de l'économie dont les rigidités n'ont pas favorisé une adaptation rapide et appropriée aux chocs exogènes. Mais nous ne pouvons pas affirmer que le lourd fardeau de la dette a été un facteur propice pour les investissements ou même néfaste, vu les irrégularités dans l'évolution de la dette et de l'investissement. Une évaluation empirique entre ces deux variables, sera de nature à nous éclairer sur le type d'hypothèse qui se vérifie pour l'économie Camerounaise.

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CHAPITRE IV

EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER :
EVALUATION EMPIRIQUE AU CAMEROUN

La relation entre dette publique et investissement privé est indéterminée, théoriquement. Une évaluation empirique pourra nous permettre pour le cas du Cameroun, de déceler la nature de cette relation. Elle est soutenue par plusieurs hypothèses. On peut penser à l'hypothèse de « debt overhang » ou de surendettement, qui a fait l'apanage de plusieurs travaux empiriques. L'existence d'un lourd fardeau virtuel de la dette réduit l'incitation de l`investissement privé car, la plupart des retombées de l'investissement sont utilisées pour payer et repayer la dette existante, ainsi il agit comme une taxe sur l'investissement domestique (Khan et Villanueva, 1991).

Une autre hypothèse inspire notre attention quant à cette relation, à savoir l'hypothèse de l'effet d'éviction. L'hypothèse de l'effet d'éviction de la dette ou «debt crowding-out » et ses effets néfastes sur la performance économique en Afrique, ont été démontrés par plusieurs études comme celle de Ajayi (2000) au Nigeria. Les principaux résultats de ces recherches ont montré que le paiement du service de la dette a été et restera un obstacle à la croissance économique à travers son impact négatif sur l'investissement.

La dernière hypothèse qui nous intéresse est celle de l'effet de levier. L'analyse du cycle d'Avramovic présume que les fonds empruntés sont utilisés pour accroître la capacité productive dans le court et long terme. Cette capacité productive croissante est présumée supérieure à l'investissement initial. C'est-à-dire le pays emprunteur doit accroître ses capacités physiques, qui directement ou indirectement, se transforment au-delà du temps en production domestique croissante et améliorent la balance de paiement. Ainsi, la dette et le paiement de son service constituent un levier pour les investissements privé et public.

Dans cette perspective, en première analyse, nous présenterons le modèle économétrique. Dans une deuxième étape, après avoir analyser et interpréter les résultats du modèle estimé, nous allons énoncer des implications pour la politique économique.

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

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Section I : LE MODELE ECONOMETRIQUE

Notre étude est constituée de deux hypothèses. Une bonne spécification de ces hypothèses, passe au préalable par une présentation du modèle et une justification du choix des différentes variables.

I.1. LIENS EMPIRIQUES ET MODELE « ACCELERATEUR-COÛT DU CAPITAL » Dans le cadre méthodologique de notre travail, nous examinons d'une part le lien empirique du modèle, ensuite le modèle proprement dit.

I.1.1. Liens empiriques du modèle du déterminant de l'investissement au Cameroun.

Les différentes théories traditionnelles de l'investissement ont guidé la construction de nombreux modèles de détermination de l'investissement. Malheureusement, la performance de tels modèles macro économétriques a été dans bien des cas assez limitée.

Par exemple, Keynes (1936) fut le premier à attirer l'attention sur l'existence d'une décision indépendante d'investissement dans l'économie. Il montra que l'investissement dépend de l'efficacité marginal du capital, relatif à un certain taux d'intérêt qui reflète le coût d'opportunité des fonds investis.

D'après la théorie keynésienne, la fonction d'investissement peut être spécifiée sous la forme46 :

a

p a a a

r y p

É = f ' ?

f r , , , ( 1) Avec 0

f ' r ? , 0

pry p

a

, 0

f ' ?

r

r

a

, 0

f ' ?

y

y

, où r, p,

 

et y désignent respectivement le taux de l'intérêt, p le niveau général des prix et y la demande ; ra, pa puis ya représentant les grandeurs anticipées relatives aux variables précédentes ; ces anticipations étant partiellement déterminées par les événements passés.

On note que cette formulation de la fonction d'investissement laisse déjà clairement apparaître le caractère dynamique de la description keynésienne de l'équilibre économique, puisque l'une des variables essentielles de cet équilibre, à savoir l'investissement, est fonction des valeurs des équilibres futurs, mais aussi du passé. L'ensemble de l'équilibre économique de la période courante se trouve ainsi relié aux équilibres des périodes futures et passées.

Toutefois, la littérature récente de l'investissement a eu à mettre l'accent sur le rôle important de l'irréversibilité de l'investissement en capital fixe et l'incertitude de l'environnement macroéconomique dans la décision d'investissement (Pindyck, 1993 ;

46 Cf Vesperini (1981), pp. 100 - 102.

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI, 94

Bertola et Caballero, 1990 ; Aryeetey ,1994 ; et plusieurs d'autres). Lorsqu'on considère les
développements théoriques récents, la fonction d'investissement peut être spécifiée sous la

forme47 : É = g(ÄÕ,r,q,ì) (2)

où AY désigne les anticipations sur les conditions futures du marché, r représente les contraintes financières de l'entreprise, q la valeur de l'entreprise, telle que l'on peut la reconstituer à partir de l'évaluation boursière de ses actions48 et jt désignant une mesure de l'incertitude49.

Les équations 1 et 2 ont inspiré un nombre considérable de travaux empiriques effectués pour les pays industrialisés. Cependant, en ce qui concerne les PED, les difficultés rencontrées pour réaliser des tests économétriques sur la base des modèles théoriques sont bien connues. En effet, l'une des hypothèses sous-tendues par ces modèles est, par exemple, l'existence d'un marché financier fonctionnant efficacement et où les entreprises, tout comme les investisseurs potentiels disposent d'une bonne information50. Par ailleurs, pour les travaux économétriques, l'on devrait pouvoir disposer de données, sur plusieurs périodes, relatives au stock de capital, à la force de travail, aux salaires, par exemple. De manière générale, dans les PED, il est courrant de se heurter au problème de l'indisponibilité de données pour certaines des variables apparaissant dans les équations ci-dessus. Toutes ces raisons, qui constituent autant de contraintes majeures, expliquent que nous commencions, dans notre travail, par présenter le modèle « accélérateur -coût du capital ».

I.1.2. Le modèle « accélérateur -coût du capital »

Le modèle « accélérateur -coût du capital » découle du programme intertemporel de la firme en quête de maximisation de la valeur.


· La valeur de la firme et le programme intertemporel :

La valeur de la firme est la somme actualisée des recettes nettes que son activité procure chaque période. En terme nominaux, elle s'écrit, si ih est le taux d'intérêt nominal

(variable d'une période à l'autre) de la période H et si l'horizon de la firme est infini :

8

V=

t =0

 

1

t

[ t t t t t t ]

p Y w L x I

- - .

? ( )

1 + i h

h 0

47 Cf Mlambo et Oshikoya (2001).

48 Cf Malinvaud (1981)

49 Sur les effets de l'incertitude,cf Romer (1997), pp.402-406.

50 La Douala Stock Exchange (Bourse de Valeur) n'existe au Cameroun que depuis 2003.

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

95

 

La firme maximise sa valeur V sous les contraintes de fonction de production : Y t = F(K t , L t ) et d'évolution du stock de capital : K t + 1 = I t+ (1 - ä)K t ; une condition initiale

( K0 donné) et une condition de solvabilité assurant qu'elle honorera toujours ses dettes. Il s'agit alors de résoudre le programme intertemporel suivant :

Max V

K L tt

 
 

8

 

1

[ ( ) ( ( ) )

p F K L w L x K K

- - - -

1 ä ]

t t t t t t t t

, 1

+

 
 
 
 

t

 

t

=

0

? ( )

1 + i h

 

h = 0

La condition de premier ordre sur la demande de travail est aisément obtenue, il s'agit de l'égalisation bien connue entre productivité marginale du travail et taux de salaire réel à

w t

= ?t ? 0

chaque période : ( )

? 0

V ? ·

F

=

? K t t p

? L t

La condition de premier ordre sur le capital est plus délicate à obtenir, car celui-ci apparaît dans les recettes nettes des deux périodes successives :

? V 1 ? ·

F ( ) ( )

ä ? t ? 0

1

= [ ] 0

t t

p + -

x 1 - 1 1

x =
t t t

- -

? K ? K

t t

? ( )

1 + i ? ( )

1 + i

h h

h=0 0

h =

Le premier terme de cette expression correspond au rendement net du capital en période t, et le deuxième terme à son coût d'achat en période t-1. Une unité supplémentaire de

capital permet d'accroître la production, en fonction de sa productivité marginale ( )

? ·

F , ce qui

? Kt

rapporte ( )

? ·

F

p t

en termes de ventes. De plus, il est possible de la revendre à l'issue de la

?K t

production, au prix xt, mais la valeur de la revente sera nette de la dépréciation, soit xt (1 - ä).
Cette unité de capital a été achetée en période précédente au prix xt-1 . Pour rendre comparable

ce coût d'acquisition en t-1 et le rendement marginal du capital en t, il faut calculer la valeur actualisée de ces deux sommes, ce qui explique les facteurs d'intérêts de l'expression précédente. En simplifiant ces facteurs d'intérêt, il vient :

? F

( ) [ ( ) ( ) ]

· 1 - 1 1 ä

+ - -

i x x

t t t

=

c t

=

?t ? 0

 
 
 
 

? K p p

t t

t

 

ct = (1 +i t )xt - 1 - (1 - ä)xt est le coût d'usage du capital. Cette définition du coût du capital

permet de transformer le problème intertemporelle de la firme en une séquence de
maximisations statiques de profits, celui-ci étant défini comme les recettes nettes du coût du

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

96

 

capital. Il est en effet équivalent de maximiser la valeur actualisée nette de la firme ou de maximiser le profit de chaque période :

8 [ ( ) ]

p F K L w L x I

t t t t t t t

- -

,

t

? ( )

1 + i h

{ t ( t t ) t t t t }

Max p F K L w L c K

- -

,

Max V =

K L

t t

?

t = 0

?t ? 0

t

K L

t ,

h = 0

Cette équivalence, valeur seulement en l'absence de contrainte financière et de coût d'installation du capital, donne le sens de la notion du capital : il s'agit d'imputer convenablement à chaque période le coût d'achat d'un bien d'investissement qui dure plusieurs périodes. L'équivalence justifie que l'entreprise adopte un comportement myope, c'est-à-dire qu'elle ne s'intéresse qu'à la maximisation de ses profits courants et non celle de sa valeur intertemporelle.


· Le comportement de l'investissement selon le modèle « accélérateur -coût du capital ».

Les conceptions de l'investissement concourent à la spécification de la contrainte de débouchés et la contrainte financière. Face à une demande insuffisante, les entreprises ne peuvent écouler toute leur production. En réaction à leur contrainte sur les débouchés, elles doivent déterminer leurs facteurs de production. En fait, les entreprises modulent généralement leur comportement en fonction du niveau anticipé des débouchés ; de sorte que l'investissement est directement proportionnel à l'amélioration des perspectives, augmentant, par conséquent, avec l'accélération de la demande anticipée. En présence d'une contrainte financière par contre, les entreprises modulent leur comportement en fonction des profits qu'elles dégagent. On peut dès lors concevoir les entreprises comme maximisant leur profit, c'est à dire leur chiffre d'affaires net des salaires et de la rémunération du capital.

Soit à Maximiser

( )[ t t w t L t q t I t ]

1

Ñ Õ - -

+ r

où 0

fÊ ' = , 0

fL ' = , 0

fÊ ' = , 0

fÊ " = , et 0

fL " =

1 Avec Ê t = ( 1 - ä ) Ê t -1 + É t et Õ t = f ( L t , K t )

Pt est le prix de vente de la production ; Õt est la production ; Lt l'emploi ; It l'investissement ; r le taux d'intérêt, supposé constant au cours du temps ; wt le coût du travail ; qt le prix des biens d'équipement et ä le taux de dépréciation annuel du capital.

( )

1 + q a

1 - r

1 -

Définissant le coût d'usage du capital par 1 ä

c q

t t

=

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

97

 

a

q est le prix anticipé des biens d'investissement. Le coût d'usage du capital est

fonction, entre autres, du taux de l'intérêt r, sachant qu'un accroissement de ce dernier rend plus onéreux le financement et augmente donc le coût d'usage du capital.

De la condition de premier ordre d'optimisation l'on tire l'expression suivante :

' ä

( ) ( )

1 - a

Ñ = -

, 1 - q

t k t t t

f L K q 1

1 - r

Ou encore. (),

ÄÊp ÄÕ q .

t t

t t

= puisque

ÄÕ

t = fK

t

'

ÄÊ

ÄÕ t

t q t

Soit É =ÄÊ
t

pt

En introduisant finalement le logarithme, l'on obtient :

Log É = á 0 + á 1 Log ÄÕ + á 2 Log t t

q t

 

pt

En présence de contrainte sur les débouchés, l'entreprise ne pouvant écouler qu'une quantité Y de produit, il en résulte un stock de capital désiré qui est fonction non seulement du coût relatif des facteurs de production, mais aussi des débouchés anticipés.

Bien qu'il y'ait plusieurs modèles qui plaident en faveur du comportement de l'investissement dans les PED, très peu ont été développés dans le but de statuer sur les hypothèses des effets d'éviction et de levier que peut exercer la dette publique sur l'investissement privé. Afin de vérifier empiriquement ces hypothèses, nous nous inspirons de la démarche entreprise par Raffinot et Gûrbûz (2001) en Turquie. En effet, les auteurs se servent de diverses spécifications de la fonction d'investissement macroéconomique, auxquelles ils substituent tour à tour différents déterminants de l'investissement évoqués par la théorie économique. Mais toutes ces variables ne sauraient être retenues pour le cas du Cameroun, pour cela nous nous limitons à employer celles ayant été utilisées par les auteurs tels que Touna mama et kamgnia Dia (2002), G. Mbanga Ndoh (2004), avec comme particularité la prise en compte de la dette publique interne et de l'instabilité macroéconomique.

Le modèle économétrique pour l'évaluation des effets d'éviction et de levier dans les décisions d'investissement au Cameroun est dès lors développé en termes des équations suivantes :

Log ( ) ( ) ( ) ( ) ( )

k ( )

IPR Log TPIBR Log DET Log IGR Log CREDR Log TEE

= Ï + + + + +

á á á á á á

1 2 3 4 5

+ + + +

á ( ) á ( ) á å

W

6 7 8

Log CAPABS Log TXINT D

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

98

 

Avec (DET)k = DETOT, DETEXTP , DETINTP et Dw = D1, D2, D3 ainsi on aura pour première spécification :

Log ( ) ( ) ( ) ( ) ( )

â â â â â â ( )

IPR Log TPIBR Log DETOT Log IGR Log CREDR Log TEE

= Ï + + + + +

1 2 3 4 5

â ( ) â ( ) â â â å

+ + + + + +

Log CAPABS Log TXINT D D D

6 7 8 1 9 2 10 3

(1)

La deuxième spécification sera :

Log ( ) ( ) ( ) ( ) ( ) ( )

â â â â â â

IPR Log TPIBR Log DETEXTP Log DETINTP Log IGR Log CREDR

= Ï + + + + +

1 2 3 4 5

+ + + + + + +

â ( ) â ( ) â ( ) â â â å

6 7 8 9 1 10 2 11 3

Log TEE Log CAPASB Log TXINT D D D

(2)

Ce modèle met en relation le logarithme de l'investissement privé et celui de ses déterminants. Il s'agit d'un modèle « accélérateur - coût du capital ». Il est certes critiquable, à cause de l'absence de lien fiable entre le coût du capital et l'investissement51 . Mais Blanchard (1986) propose que pour faire ressortir le coût du capital dans les équations d'investissement, « il faille déployer plus que l'ingéniosité économétrique habituelle » et « choisir une spécification qui force l'effet à être présent ». La variable endogène du modèle est le logarithme de l'investissement privé réel.

Notre modèle comporte trois variables muettes ; D1= dummy pour la stabilité macroéconomique ; D1=0 pour les années de croissance (1970-1985); D1=1 pour les années de récession (1986-1997) ; D2= dummy pour la dévaluation ; 0 avant 1994 et 1 après ; D3= dummy pour l'atteinte du point de décision de l'initiative PPTE, 0 avant 2000 et 1 après.

L'hypothèse de surendettement sera vérifiée si le coefficient de la dette totale est négatif. Les coefficients de la part de la dette interne et externe sur le PIB, doivent avoir un signe négatif afin de vérifier l'hypothèse de l'effet d'éviction ou alors positif en cas d'effet de levier. L'impact de l`investissement public sur l'investissement privé est indéterminé. Ceci s'explique par le fait que, lorsque l'Etat investit dans les infrastructures, l'investissement public est complémentaire à l'investissement privé. Par contre, lorsqu'il s'agit des investissements de fonctionnement, l'investissement public tend à être un frein pour l'investissement privé (Asante, 2000). Son coefficient peut être aussi bien négatif que positif. La relation entre le taux de croissance du PIB et l'investissement privé est supposé être positif, ainsi, le coefficient du taux de croissance du PIB doit être positif. La capacité d'absorption, le crédit au secteur réel, le taux d'intérêt et le taux de change du pays sont des facteurs qui affectent positivement le taux de croissance de l'investissement privé.

51 Pour amples explications lire « Accélérateur et coût du capital : quelques éléments empiriques », P. Villieu, La Découverte, 2000.

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

99

 

Alors nous avons : Log(TPIBR )= Logarithme du taux de croissance du PIB réel ; Log(DETEXTP)= la part de la dette externe sur le PIB en logarithme ; Log(DETINTP)= la part de la dette interne sur le PIB en logarithme ; Log(IGR)= logarithme de l'investissement public réel ; Log (DETOT)= logarithme de la dette publique totale ; Log(TEE) = logarithme du taux de change effectif réel ; Log (CAPABS) = logarithme de la capacité d'absorption ;Log (TXINT ) = logarithme du taux d'intérêt ; Log (IPR)= logarithme de l'investissement privé réel; Log(CREDR)= logarithme du crédit au secteur privé en terme réel å= Terme d'erreur stochastique ;â0 = terme constant ; âi= coefficients de régression (i= 1 11).

Tableau 6: Signes attendus des coefficients des variables du modèle

Signe des

coefficients

TPIBR

DETOT

DETEXTP

DETINTP

IGR

CREDR

CAPABS

TXINT

TEE

IPR

(+)

(-)

( ?)

( ?)

( ?)

(+)

(+)

( +)

( +)

 

Source : construit par l'auteur.

Le modèle ainsi spécifié sera évalué à l'aide de séries temporelles, lesquelles ont été collectées de l'INS (2000), du WDI (2005), et de la CAA (2007). La période d'observation est celle allant de1970 à 2006, bien que les estimations se limitent en 2003 pour cause de données manquantes de certaines variables déterminantes du modèle.

I. 2. VARIABLES DETERMINANTES DU COMPORTEMENT DE
L'INVESTISSEMENT
.

Serven et Solimano (1992) ont procédé à une revue des différentes théories de l'investissement, insistant sur les développements récents sur la crédibilité, l'irréversibilité et l'incertitude. Cependant, dans le cadre de notre travail, les préoccupations doivent être centrées sur :

I.2.1. L a structure des investissements publics

De nombreuses études empiriques font la lumière sur les liens entre l'investissement public et privé. A partir d'une étude transversale Blejer et Khan (1984) montrent que l'investissement public d'infrastructure est un complément de l'investissement privé. Plus récemment, Greene et Villanueva (1991) utilisant des données de panel relatives à 23 PED, établissent une complémentarité entre l'investissement d'infrastructure et l'investissement privé. Toutefois, Balassa (1988) conclut à partir d'une analyse transversale, que l'investissement public et privé sont négativement liés, et donc qu'une croissance de

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

100

 

l'investissement public entraîne une décroissance de l'investissement privé. Khan et Reinhart (1990) en réexaminant le problème de la différence de productivité entre l'investissement public et privé pour un échantillon de 24 PED, arrivent à la conclusion selon laquelle la productivité du capital du secteur public est négative, bien que non significative, alors que celle de l'investissement privé est significativement positive. Il apparaît en définitive que l'impact de l'investissement public sur l'investissement privé est incertain. D'un coté, l'investissement public peut compléter et soutenir l'investissement privé, de l'autre, il peut bloquer l'investissement privé en se substituant à des projets privés. Cet impact indéfini est aussi relevé à partir de la relation entre investissement et endettement.

I.2.2. Les hypothèses de la théorie d'endettement.

L'investissement privé dépend aussi du taux d'endettement du pays considéré. Le problème qui se pose cependant est celui de la mesure de la dette pour sa prise en compte dans une fonction d'investissement. Dessus, Lafay et Morrisson (1997) expriment les effets de l'endettement sur l'investissement privé en spécifiant le ratio d'endettement du pays (en monnaie étrangère) retardée d'une période dans une équation de formation du capital en Afrique. A suivre Faugère et Voisin (1994), l'endettement peut être considéré en termes bruts ou nets. Dans le cas de bon nombre des PED52 , l'activité de créancier étant réduite, la dette brute doit être égale à la dette nette. Toutefois, c'est le service de la dette, c'est à dire, les intérêts payés par l'emprunteur et les remboursements du capital, qui permet une évaluation correcte des conséquences de la dette. Au Cameroun par contre, les remboursements sont restés relativement faibles sur une bonne partie de la période considérée53. Ainsi, le service de la dette ne peut pas être la variable appropriée pour décrire les effets de l'endettement.

Par ailleurs, plusieurs études montrent qu'une lourde dette extérieure réduit l'incitation à investir à cause des taxes extérieurs anticipés sur le revenu futur et de leurs effets sur l'investissement (Krugman,1998 ;Cohen,1988). Les résultats empiriques de Serven et Solimano (1991) et de Greene et Villanueva (1991) ont confirmé qu'un ratio de la dette au PIB a un fort impact négatif sur le taux d'investissement privé dans les PED.

52 Exclusion faite des nouveaux pays industrialisés et des pays exportateurs de pétrole

53 Cf chapitre III

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

101

 

I.2.3. Le taux de croissance réel

Les travaux de Greene et Villanueva (1991), suggèrent qu'il existe une relation positive entre l'investissement privé et la croissance de l'output réel. Sur le plan théorique, cette relation peut être dérivée du modèle de l'accélérateur flexible, en faisant l'hypothèse qu'il existe par rapport à la fonction de production, une relation fixe entre le stock de capital désiré et le niveau de l'output réel (Blejer et Khan (1984)). En posant que le volume de la production, ou des ventes, est la variable exogène qui commande l'évolution du stock de capital, considéré comme variable endogène, le principe « d'accélérateur flexible » précise la nature et le sens de causalité qui unit la production au capital54.

Dans la mesure où l'investissement constitue, au même titre que la consommation, un élément de la demande, il importe que nous percevions dans quel sens agit la politique des crédits sur le comportement de l'investissement.

I.2.4.Variable relevant de la politique monétaire : la disponibilité du crédit et le taux d'intérêt.

Nous essayerons de mesurer l'effet de la politique de crédit accordé au secteur privé. L'analyse de l'action du crédit peut fournir des indications sur l'ampleur du phénomène de l'éviction du secteur privé des possibilités de financement.

Plusieurs études empiriques, Blejer et Khan (1984), Tun Wai et Wong (1982) et M. Fry (1980) mettent en évidence l'influence directe de la politique de crédit sur l'investissement, en particulier par l'intermédiaire du taux d'intérêt. Les politiques de contrôle de crédit conduisent ainsi à une hausse de taux d'intérêt, qui exerce un effet négatif sur l'investissement en affectant le coût de financement de l'investissement nouveau. Ce comportement de l'investissement est mis en évidence par Tybout (1983), De Melo et Tybout (1986), Greene et Villanueva (1991) et par Hubbard et Glenn (1998) dans le cas des PED.

En outre, Blejer et Khan (1984) font noter que tout effet du taux d'intérêt sur l'investissement privé dans les PED, loin de traduire l'effet d'un rationnement de crédit, exprime un effet transmis à l'investissement privé par le biais d'une réponse de l'épargne à une baisse du taux de l'intérêt.

54 Contrairement à l'accélérateur flexible.

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

102

 

I.2.5. L'instabilité macro-économique

L'analyse des structures économiques des PED en général et des pays Africains en particulier, montre qu'au regard du contexte social, politique et économique ambiant dans ces pays, l'environnement de l'investissement y est particulièrement instable et l'avenir incertain. En effet, en raison de la diversité sectorielle et structurelle de ces économies, les variables susceptibles d'influencer la décision d'investissement sont plus volatiles. La reconnaissance du rôle important joué par l'incertitude dans le processus de prise de décision est ancienne dans la théorie économique. Cependant, du fait de la complexité du concept et de la difficulté à formaliser, cette reconnaissance théorique contraste avec la rareté des études économétriques de l'investissement la prenant effectivement en compte. Néanmoins, certaines analyses macro-économiques ont eu à saisir l'effet de l'instabilité macro-économique. Pour le cas du Cameroun, une étude des déterminants de l'investissement prend en compte l'impact de l'instabilité économique en introduisant une variable dummy dans le modèle (G. Mbanga, 2004).

La significativité de toutes ces variables déterminantes de l'investissement privé sera vérifiée par des estimations à partir du logiciel Eviews 4.1.

Section II. VERIFICATION EMPIRIQUE DE L'EFFET DE LEVIER ET
D'EVICTION AU CAMEROUN

La vérification empirique des hypothèses de notre travail, passe par l'estimation du modèle, puis l'analyse et l'interprétation des résultats.

II.1. ESTIMATION DU MODELE DE DETERMINATION DE L'INVESTISSEMENT

Le comportement de l'investissement privé est évalué par rapport aux résultats de l'estimation du modèle de décision d'investissement privé. Au préalable, les propriétés des séries doivent être examinées.

II.1.1. Appréciation du comportement de l'investissement privé

Dans un besoin de garantir des estimations robustes, nous devons déterminer les propriétés de séries temporelles de l'investissement et de ses déterminants, en procédant à des tests de racine unitaire. Plus spécifiquement, les tests de Dickey- Fuller Augmenté, (ADF) et de Phillips-Peron.

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

103

 

a. Les Tests de stationnarité de Dickey- Fuller Augmenté, (ADF) et de Phillips-Peron

Pour vérifier la stationnarité des séries, il faut pratiquer des tests de stationnarité ou test de racine unitaire (Unit RootTest). Le test de Dickey-Fuller simple (1979), puis le test de Dickey-Fuller augmenté (1981) permettent de mettre en évidence le caractère stationnaire ou non stationnaire d'une série temporelle par la détermination d'une tendance55 déterministe56 ou stochastique57.

Ainsi les hypothèses du test de Dickey-Fuller simple sont :

· H0 : ö=1 le polynôme d'opérateur contient une racine unitaire, le processus est donc

non stationnaire

· H1 : ö <1 le processus est stationnaire

Dans les modèles utilisés pour ces tests de Dickey-Fuller simples, le processus å t est

par, hypothèse, un bruit blanc58. Or il n'y a aucune raison pour que, à priori, l'erreur soit non corrélée ; on appelle test de Dickey-Fuller augmenté (ADF, 1981) la prise en compte de cette hypothèse.

Les hypothèses du test de Dickey-Fuller augmenté sont pareilles à celles des tests simples.

La règle de decision est la suivante :

· Si la valeur de ADF est inférieure à la valeur critique (CV), alors on accepte l'hypothèse de stationnarité de la série ;

· Dans le cas contraire, on accepte l'hypothèse de non stationnarité de la série. Sur les nouvelles versions du logiciel Eviews, la règle de décision devient :

· Si la valeur de la probabilité est supérieure à 5%, alors on accepte l'hypothèse de la racine unitaire, la série est non stationnaire ;

· Dans le cas contraire, on accepte l'hypothèse de stationnarité de la série. Toutefois, les tests de Dickey-Fuller ne considèrent que des erreurs homocédastiques, le test de Phillips Perron vient combler cette lacune.

Le test de Phillips Perron est construit sur une correction non paramétrique des statistiques de Dickey-Fuller pour prendre en compte les erreurs hétéroscédastiques. L'exécution du test est identique à la procédure de Dickey-Fuller. Les résultats sont tels que présentés dans le Tableau7 ci-dessus :

55 Une tendance est un mouvement de long terme alors qu'un cycle est une fluctuation de court terme.

56 Une tendance déterministe constitue la composante temporaire d'une série stationnaire.

57 Une tendance stochastique constitue la composante transitoire d'une série stationnaire.

58 Le terme d'erreur est non corrélé.

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

104

 

Tableau 7 : Caractéristiques des Séries Temporelles des Données

Dickey-Fuller

Augmenté

VARIABLE (en niveau et sans tendance)

Philips- perron

(en différence première)

Ordre d'Intégration

Log (IPR)

-0,15

-20,15*

I(1)

Log (TPIBR)

-2,58

-7,12*

I(1)

Log (DETOT)

-2,96***

-3, 78*

I(1)

Log (DETEXTP)

-1,47

-4,11*

I(1)

Log (DETINTP)

-2,01

-3,9*

I(1)

Log (CREDR)

-1,7

-3,96*

I(1)

Log (IGR)

-2,18

-7,8*

I(1)

Log (TEE)

-5,83

-19,8*

I(1)

Log (TXINT)

-2,85** *

-21 ,66*

I(1)

Log (CAPABS)

-2,27

-14,23*

I(1)

 

Notes : * indique une significativité à 1%, ** indique une significativité à 5%, *** indique une significativité à 10%. Valeurs critiques : -3,75 (1%) ; -2,997 (5%) ; -2,638 (10%).

Source : Compilation de l'auteur.

Les séries définies, sont toutes non stationnaires à niveau, surtout suivant le test de Phillips-Perron. Lorsque définies en différence première, la stationnarité de ces séries a été vérifiée par le test de Phillips-Perron. Pour des séries toutes intégrées à l'ordre 1, l'on peut penser à l'existence d'une relation de cointégration entre elles. Ainsi, le test de cointégration de Engle et Granger doit-il être effectué.

b. Test de cointégration de Engle et Granger

L'idée qu'une relation d'équilibre de long terme puisse être définie entre variable pourtant individuellement non stationnaire est à la base de la théorie de cointégration.

La théorie de la cointégration permet d'étudier des séries non stationnaires mais dont la combinaison linéaire est stationnaire. Elle permet ainsi de spécifier des relations stables à long terme tout en analysant conjointement la dynamique de court terme des variables considérées.

La présence d'une relation d'équilibre entre des variables est testée formellement à l'aide des procédures statistiques, dont les plus utilisées sont celles d'Engle et Granger (1987). Une condition nécessaire d'utilisation de ce test est que toutes les variables doivent être intégrées du même ordre d'intégration. La méthode est la suivante :

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

105

 


· Estimation par les M.C.O. de la relation de long terme : Cette relation a été estimée et présentée dans le tableau suivant : Tableau 8 : Estimation de l'Equation (EQ) de l'Investissement

Variables

EQ1

EQ2

EQ3

EQ4

EQ5

Variable Endogène : Log (IPR) ; Echantillon : T= 33 (1970-2003)

 

Constante

9,7956*

8,7473*

10,9146*

7,3596*

10,1510*

 

(27, 3805)

(20,1695)

(18,1759 )

( 8,2948)

(17,9372 )

Log (TPIBR)

0,0243*

0,0197*

0,0388*

0,0359*

0,0384*

 

(3,5332)

(3,1378 )

(3,0039 )

(2,5962 )

(2,7823 )

Log (DETOT)

-0,2125*

 

0,0668**

 
 
 

(-5, 5417)

 

(2,4779 )

 
 

Log(DETEXTP)

 

0,2088*

 

0,3756*

 
 
 

(-4,6828 )

 

(-4,1032 )

 

Log(DETINTP)

 

-0,0294

 

-0,1783*

 
 
 

(-1,0555 )

 

(4,8258 )

 

Log(IGR)

0,4183*

0,4133*

0,5198*

0,4465*

0,5194*

 

(22,5272 )

(24,9960 )

( 19,9664)

( 12,3415)

(18,1704)

Log(CREDR)

-0,4517*

-0,4657*

-0,2819*

 

-0,1884*

 

(-11,8444 )

( -8,7226)

(-5,3819 )

 

(-4,7219)

Log (TXINT)

-0,0024

-0,0014

 
 
 
 

( -0,8484)

(-0,5374 )

 
 
 

Log (TEE)

-0,0015

-0,0011

 
 
 
 

(-0,9700 )

(-0,9700 )

 
 
 

Log (CAPABS)

0,6253*

0,5756*

 

0,1102

 
 

(7,8266 )

(8,2595 )

 

(1,1187)

 

DUM1

0,0364

0,0396

0,0248

-0,0305

0,1155***

 

(1,00000 )

(1,1104)

(0,3594)

(-0,3833 )

(1,7969 )

DUM2

-0,0774

-0,0311

0,0091

0,4184*

0,1716*

 

(-1,3309 )

(-0,4549 )

(0,1043 )

(5,5859 )

(2,7186 )

DUM3

0,0902**

0,0591

0,3064*

0,1349**

0,2721*

 

(2,2188 )

( 1,5545)

(5,7417 )

(1,6908 )

(4,8086 )

R2 ajusté

0,99

0,9964

0,9826

0,9812

0,9791

D.W.

1,6085

1,8048

1,6435

1,6778

1,5584

F

62,8420

74,0077

22,7974

18,7334

21,3804

 

Notes : * indique une significativité à 1%, ** indique une significativité à 5%, *** indique une significativité à 10%. Source : Compilation de l'auteur.

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

106

 


· Test de stationnarité du résidu du modèle de long terme :

Ce test de cointégration a pour objectif de tester l'existence d'une racine unitaire dans les résidus estimés de la relation de long terme et non pas sur les vraies valeurs. Il convient dès lors d'utiliser les valeurs critiques tabulées59 par Engle et Yoo (1987). Dans ce tableau, N désigne le nombre de variable et T le nombre d'observations.

Tableau 9 : Valeurs critiques de Engle et Yoo (1987) pour les tests de cointégration.

 

T

1%

5%

10%

N=2

50

-4,32

-3,67

-3,28

 

100

-4,07

-3,37

-3,03

 

200

-4,00

-3,37

-3,02

N=3

50

-4,84

-4,11

-3,73

 

100

-4,45

-3,93

-3,59

 

200

-4,35

-3,78

-3,47

N=4

50

-4,94

-4,35

-4,02

 

100

-4,75

-4,22

-3,89

 

200

-4,70

-4,18

-3,89

N=5

50

-5,41

-4,18

-4,42

 

100

-5,18

-4,58

-4,26

 

200

-5,02

-4,48

-4,18

 

Source : Valérie Mignon et Sandrine Lardic (2002): Econométrie des séries temporelles macroéconomiques et financières, page 223

Pour N=5 et T= 50, tous les résidus sont significatifs à 1% (Tableau 10). Les résidus étant stationnaires à niveau, nous tirons comme conclusion, l'existence d'une relation de cointégration entre les différentes variables du modèle.

Tableau 10 : Test de stationnarité sur les résidus

Dickey-Fuller

Augmenté Philips- Perron

VARIABLE (en niveau et sans tendance)

(en niveau et sans tendance)

Ordre d'Intégration

Resid01

-6,3022*

-10,3384*

I(0)

Resid02

-6,4170*

-10,7977*

I(0)

Resid03

-5,7462*

-6,8120*

I(0)

Resid04

-6,1415*

-10,2977*

I(0)

Resid05

-5,4828*

-5,8696*

I(0)

 

Source : compilation de l'auteur.

59 Voir Valérie Mignon et Sandrine Lardic (2002): Econométrie des séries temporelles macroéconomiques et financières.

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

107

 

En présence d'une relation de cointégration, de meilleurs résultats sont obtenus en estimant plutôt un modèle à correction d'erreur (MCE). En particulier, des corrections aussi bien par la méthode à deux étapes de Engle et Granger que par la méthode à une étape de Hendry doivent être faites. La relation de long terme a été tout de même estimée et présentée au Tableau 8 ci-dessus.

II.1.2. Estimation des déterminants de l'investissement privé.

Le modèle à correction d'erreur (MCE) présente une propriété remarquable qui a été démontré par Granger en 1983. Un ensemble de variable cointégrée peut être mis sous forme d'un modèle à correction d'erreur dont toutes les variables sont stationnaires et dont les coefficients peuvent être estimés par les méthodes de l'économétrie classique sans risque de corrélation fortuite.

La cible de long terme doit en fait être satisfaite par le mécanisme MCE, lequel se fonde sur le théorème de représentation de Granger. Un tel théorème associe la présence d'une relation de cointégration à l'existence d'une représentation MCE qui permet de corriger les écarts afin de converger vers la cible de long terme (Bresson et Pirotte ; 1995).

Nous proposons deux types de modèle à correction d'erreur. Le modèle à la Hendry et le modèle à la Engle-Granger.

L'intérêt de la théorie de la cointégration est qu'elle fournit une méthode d'analyse des séries temporelles non stationnaires en évitant le problème des régressions fallacieuses mis en évidence par Granger et Newbold (1974). De plus, grâce aux MCE, la théorie de la cointégration permet de modéliser simultanément les dynamiques de long terme et de court terme des séries temporelles.

Les résultats de l'estimation de notre modèle par la méthode de correction d'erreur de Engle et Granger, puis à la Hendry sont donnés par les tableau 11 et 12.

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

108

 

Tableau 11 : Modèle MCE suivant Engle et Granger

Variables

EQ1

EQ2

EQ3

Variable Endogène : Log (IPR) ; Echantillon : T= 33 (1970-2003)

 

Constante

4,9115*

(-6,0782 )

4,9164*

(5,1455 )

5,0314*

(-5,3566 )

D (LTPIBR)

0,0453**

0,0402***

0,0425***

 

(2,2771 )

(1,7465 )

(1,7333 )

D (LDETOT)

 

0,0929

 
 
 

(-0,6035)

 

D(LDETEXTP)

0,0616

 
 
 

(1,5183)

 
 

D(LDETINTP)

-0,0724

 
 
 

(-0,4953)

 
 

D(LIGR)

0,6942*

0,6946*

0,6883*

 

(10,0919)

(5,1819)

(6,9487)

D (LCREDR)

0,2188

0,2840

0,2603

 

(1,0030)

(0,5638)

(1,3345)

LIPR (-1)

-0,5879*

-0,4910*

-0,3980*

 

(-2,6946)

(2,5968)

(2,8121)

DUM1

0,2325

0,2471

0,2283***

 

(-0,0855)

(-0,2930)

(-0,8454)

DUM2

0,0576

0,0780

0,0829

 

( 2,0026)

(0,9718 )

(1,5041)

DUM3

0,2032

0,2070

0,1985

 

(1,3609)

(0,3514)

(1,1957)

R2 ajusté

0,8581

0,8574

0,8569

Critère de Schwarz

-1,7267

-2,8712

-1,6113

Critère de akaike

-2,1802

-3,4154

-1,9741

F

14,78

17,29

20,53

 

Notes : * indique une significativité à 1%, ** indique une significativité à 5%, *** indique une significativité à 10%. Source : Compilation de l'auteur.

LIPR (-1)

(0,3514) -0,5919** (-2,1764)

-0,2601***

(-1,8505)

LTPIBR (-1)

0,1397

0,0390

 

(1,3752)

(1,1594)

LDETOT (-1)

-0,8336**

 
 

(-2,1756)

 

LDETEXTP(-1)

 

0,2583

 
 

(1,1933 )

LDETINTP(-1)

 

-0,2528***

 
 

(-1,8354)

 

Tableau 12 : Modèle MCE suivant la méthode de hendry

Variables

EQ1 EQ2

Variable Endogène : Log (IPR) ; Echantillon : T= 33 (1970-2003)

Constante

D (LTPIBR)

D (LDETOT)

D(LDETEXTP)

4,6882***

(27,3806)

0,1327***

(1,7456)

-0,2766

(-0,6035)

1,6967***

(20,9516)

0,1210**

(2,2771)

0,5691***

 
 

(1,7183 )

D(LDETINTP)

 

- 0, 0954

 
 

(-0,4953 )

D(LIGR)

0,6915*

0,8679*

 

(5,1819 )

( 10,0919)

D (LCREDR)

0,2481

 
 

( 0,5638)

 

D (LTXINT)

0,0145

 
 

(0,4410)

 

D (LTEE)

-0,0037

 
 

(-0,3101)

 

D (LCAPABS)

1,9740

 
 

(1,3278)

 

DUM1

-0,1189

-0,0322

 

(-0,2930)

(-0,0903)

DUM2

0,5121

 
 

(0,9718)

 

DUM3

0,1397

 
 

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

110

 

LIGR(-1)

0,0257

0,0832

 

(0,1082)

(0,7645)

LCREDR (-1)

0,1049

 
 

(0,3111)

 

LTXINT (-1)

0,0425

 
 

(0,7452)

 

LTEE (-1)

-0,0214

 
 

(-0,8791)

 

LCAPABS (-1)

1,1149

 
 

(1,5720)

 

DUM1 (-1)

1,2140**

0,9524**

 

(2,4328)

(2,3864)

DUM2 (-1)

-0,0762

 
 

(-0,1209)

 

DUM3 (-1)

-0,4741

 
 

(-1,1857)

 

R2 ajusté

0,7873

0,7902

Critère de Schwarz

-1,7313

-1,5917

Critère de akaike

-2,1413

-2,0452

 

F 13,7565 11,2789

Notes : * indique une significativité à 1%, ** indique une significativité à 5%, *** indique une significativité à 10%. Source : Compilation de l'auteur.

II. 2. RESULTATS ET INTERPRETATIONS DES DIFFERENTES
SPECIFICATIONS.

Suites aux différentes spécifications de notre modèle, nous analyserons puis interpréterons les résultats, afin d'en arriver aux meilleures implications pour politique économique.

II.2.1. Analyse des résultats des différentes spécifications

Les résultats de l'estimation de l'équation d'investissement (Tableau 8) sont pour la plupart conformes aux hypothèses, et significatifs. L'investissement privé dépend positivement de la croissance du PIB réel et de l'investissement public.

Le coefficient de la variable de la dette totale (DETOT) est significativement négatif, témoignant l'hypothèse du surendettement. En effet, l'accumulation par le Cameroun d'une dette si élevée dans le passé a eu un effet dissuasif sur les créanciers et investisseurs potentiels. Si le niveau d'endettement d'un pays risque de dépasser sa capacité de

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

111

 

remboursement, il est probable que le service de la dette escompté soit une fonction croissante du niveau de production du pays. En conséquence, une partie du rendement des investissements dans l'économie nationale sera «taxée» par les créanciers étrangers, et les investissements des agents intérieur et étranger sont ainsi découragés.

Par ailleurs, le surendettement freine la croissance en augmentant l'incertitude des investisseurs quant aux moyens auxquels le gouvernement peut recourir pour acquitter les lourdes obligations du service de la dette. Lorsque le volume de la dette publique augmente, les investisseurs peuvent craindre que l'État ne finance les obligations du service de la dette par des mesures génératrices de distorsions, par exemple en accroissant rapidement la masse monétaire (cause directe d'inflation). Dans un tel climat d'incertitude, les investisseurs privés en puissance peuvent craindre de sauter le pas. Et même s'ils investissent, il y a de fortes chances pour qu'ils retiennent des projets offrant un rendement rapide, et non des projets de longue haleine qui pourraient rehausser durablement la croissance.

Le coefficient de la variable dette externe/PIB (DETEXTP) affecte positivement et significativement l'investissement privé. Par contre, celui de la variable dette interne/PIB (DETINTP) est significativement négatif. La dette externe exerce donc un effet de levier sur l'investissement privé. La dette interne, pour sa part, évince l'investissement privé (Tableau 8, EQ.4).

Le crédit au secteur privé (CREDR), variable centrale de la contrainte financière (Kamgnia et Touna ,2002), possède un coefficient significativement négatif. Ce signe négatif justifie l'hypothèse du resserrement de la contrainte financière. En effet, l'échantillon couvrant plus de trois décennie, il a été possible de cerner l'effet du resserrement de la contrainte financière à travers le crédit au secteur privé, pris isolément, contrairement à l'analyse de Kamgnia et Touna.

L'investissement public (IGR) contribue significativement et positivement à l'accroissement de l'investissement privé au Cameroun, dans toutes les formes estimées de l'équation d'investissement. Une telle relation est de nature à supporter l'hypothèse d'un levier de l'investissement privé par l'investissement public au Cameroun. Cet effet d'entraînement s'explique par les dépenses d'infrastructures, telles que l'électricité, le transport ou les communications, qui ont été relativement importantes au Cameroun.

Les coefficients des variables muettes sont tous significativement positifs (Tableau 8, EQ.5). Ceci étant, les fluctuations économiques (Dum1) ont une influence considérable sur l'investissement au Cameroun. Les périodes de surchauffe de l'économie camerounaise ont influencées positivement l'investissement. La dévaluation (Dum2) a engendré un

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

112

 

accroissement de l'investissement, puis un gain de compétitivité pour l'économie camerounaise. L'initiative PPTE peut être considérée comme un catalyseur de l'économie camerounaise, raison pour laquelle l'atteinte du point de décision (Dum3) affecte positivement l'investissement, moteur de la croissance économique.

Les coefficients des variables tels que le taux d'intérêt (TXINT) et la capacité d'absorption (CAPABS) ne sont pas significatifs. Le taux d'intérêt affecte tout de même négativement l'investissement. Tout accroissement d'un point du taux d'intérêt (100%) entraîne une diminution d'environ moins de 1% de l'investissement privé.

Le coefficient du taux de change effectif réel est significativement positif dans les deux formes estimées de l'équation d'investissement où il a été spécifié. Ce qui vient confirmer l'hypothèse de gain de compétitivité du à la dévaluation au cameroun.

La valeur de la statistique de Durbin et Watson (DW) a été faible dans la plupart des cas considérés. Ce qui peut être signe d'une « régression fallacieuse » au sens de Granger et Newbold (1974). A cet effet, un modèle à correction d'erreur a été évalué sur la base de l'équation estimée 3 et 4, suivant l'approche à deux étapes de Engle et Granger et celle de Hendry. Les résultats sont présentés aux Tableaux 11 et 12.

L'estimation de la spécification à correction d'erreur suivant Engle et Granger (Tableau 11) indiquent que l'investissement s'ajuste dynamiquement au produit, aux variables de la dette, l'investissement public, le crédit au secteur privé, et les différentes variables muettes: les coefficients de ces variables n'ont toujours pas le signe attendu et sont pour la plupart non significatifs. En particulier, l'on maintient l'hypothèse de levier de l'investissement privé par l'investissement public, ainsi que celle de la contribution des fluctuations économiques à l'essor du secteur privé au Cameroun.

Plus intéressant encore, le coefficient du terme de correction d'erreur, est significatif et négatif, défini à - 0,5879. Ce qui, tout en validant la représentation à correction d'erreur, indique la convergence des trajectoires des séries (vers la cible de long terme). Ainsi, les chocs sur l'investissement privé au Cameroun se corrigent-ils à 58% par l'effet de «feed- back». En d'autres termes, un choc constaté au cours d'une année donnée est entièrement résorbé au bout d'un an huit mois (1/0,58= 1,72).

Le Tableau 12 indique les résultats de l'estimation du modèle à correction d'erreur à la Hendry. Le modèle à correction d'erreur à la Hendry, quoique moins utilisée dans la pratique, nous permet dans le cas présent de vérifier certaines relations entre l'investissement privé et ses déterminants. En particulier, l'on constate que l'investissement privé répond avec retard aux variations du produit, résultat qui est conforme au principe de l'accélérateur flexible.

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

113

 

A long terme, la dette totale affecte significativement et négativement l'investissement privé, comme le témoigne le coefficient de LDETOT (-1). L'hypothèse de surendettement trouve donc tout son intérêt au Cameroun à long terme. Ainsi un accroissement de 10% de la dette totale entraîne une réduction de 8% de l'investissement privé à long terme.

A court terme, La dette externe exerce significativement un effet de levier sur l'investissement privé, selon le signe positif de D (LDETEXTP) dans la seconde équation. Par contre, le coefficient significativement négatif de LDETINTP (-1) exprime l'effet d'éviction qu'exerce la dette interne sur l'investissement privé à long terme dans notre pays.

L'investissement public exerce significativement un effet de levier sur l'investissement privé, comme l'indique le signe positif du coefficient de D (LIGR), principalement dans le court terme.

En outre, le coefficient de rappel à l'équilibre de long terme (celui de LIPR (-1)) reste négatif et significatif dans la spécification suivant la méthode de Hendry. Comme dans le cas précédent, un choc sur l'investissement constaté au cours d'une année donnée est entièrement résorbé au bout d'un an huit mois ( 1/0,60=1,666), étant donné que ceux-ci se corrigent à 60 % par l'effet de «feed-back». Mais, un choc sur l'investissement privé, c'est l'effet qu'exercerait un impact soit sur le produit, soit sur le crédit au secteur privé, soit sur l'investissement public, soit sur l'endettement extérieur ou intérieur, la dette totale, le crédit au secteur privé.

Les coefficients des variables retenues dans la spécification 3 sont valides sur le plan statistique. En dehors de l'effet d'accélérateur qui demeure, on observe une liaison positive entre endettement et investissement privé, ainsi qu'entre l'investissement public et l'investissement privé. Ceci peut s'expliquer par le fait que pendant cette période, les emprunts extérieurs ont largement financé des infrastructures publiques.

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

114

 

II.2.2. Interprétations des résultats des différentes spécifications

Il s'agit pour nous d'interpréter économiquement les paramètres, le coefficient de détermination et les résultats des différents tests.

a. Interprétation économique des paramètres

· Les élasticités de court terme :

D'après l'équation 2 du tableau 12, l'élasticité ou semi-élasticité de court terme de l'investissement privé par rapport au taux de croissance du PIB réel est de 0,1210 ; au

ratio de la dette externe /PIB est de 0,569 1 et à l'investissement publique est de 0,8679.

A court terme, si le taux de croissance du PIB, le ratio de la dette externe /PIB et l'investissement publique augmente respectivement de 10%, alors l'investissement augmente de 1,2% ; 6% et 9% respectivement. Aussi, si le taux d'intérêt augmente d'un point (100%), l'investissement s'accroît de 1%, selon l'équation 1.

· Coefficient de correction d'erreur :

Le coefficient associé à la force de rappel (ecm) est négatif et significativement différent de zéro au seuil statistique de 5%, pour les deux spécifications du tableau 15. Il existe donc un mécanisme a correction d'erreur. Pour la première équation du tableau 12, ecm = -0,59 19. On arrive donc à ajuster 60% du déséquilibre entre le niveau désiré et effectif de l'investissement privé. Les déséquilibres entre l'investissement privé réel et ses déterminants se compensent, de telle sorte que toutes les séries ont une évolution similaire, à Long terme.

· Les élasticités de long terme :

L'élasticité ou semi-élasticité de long terme de l'investissement privé par rapport au

0, 1397

taux de croissance du PIB réel est 0,24

5

- â

= =

â 0, 5919

4

A long terme, si le taux de croissance du PIB augmente de 10%, l'investissement privé s'accroît de 2%.

L'élasticité ou semi-élasticité de long terme de l'investissement privé par rapport à la dette

0, 8336

totale est : 1,408

6

- â

= - = -

â 0, 5919

4

A long terme, si la dette totale augmente de 10%, l'investissement privé diminue de 14%.

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER.
MEMOIRE /DEA-PTCI, 115

= -0,4271

L'élasticité ou semi-élasticité de long terme de l'investissement privé par rapport à la dette interne est : â

0, 2528

- 7 = -

â4 0,59 19

Si la dette publique interne augmente à long terme de 10%, l'investissement privé diminue de 4%.

b. Interprétation du coefficient de détermination

Le coefficient de détermination (R2) varie pour l'essentiel des équations, autour de

80%.

Ainsi, plus de 80% des fluctuations de l'investissement privé sont expliquées par ses déterminants dans le modèle.

c. Tests classiques.

> Test de significativité des variables

Une variable est significative si la valeur de la probabilité relative à son coefficient est inférieure à 5%. Ou si la statistique de student relative à son coefficient est supérieure à 1,96. La quasi-totalité des variables du modèle MCE sont réellement explicatives. Le taux de croissance du PIB, la part de la dette externe sur le PIB et l'investissement public ont des coefficients significatifs à court terme, respectivement au seuil de 5% ,10% et 1%. Les valeurs des probabilités critiques des coefficients sont inférieures à ces seuils respectifs.

A long terme, c'est par contre la dette publique totale et la part de la dette publique interne sur le PIB qui enregistrent des coefficients significatifs, respectivement au seuil de 5% et 10%. Les valeurs des probabilités critiques des coefficients de ces variables étant respectivement inférieur à 5% et 10%. De manière équivalente, les t de student sont supérieures à 1,96 dans tous ces cas.

> Test de significativité globale du modèle

Le modèle MCE est globalement significatif car Prob (F-statistic)=0,0001 est inférieur à 1%. Les variables PIB, dette totale, ratio dette interne et externe sur PIB, investissement public, crédit au secteur privé, taux d'intérêt, capacité d'absorption et taux de change ont globalement un impact significatif sur l'investissement privé. Les estimateurs obtenus sont donc consistants.

> Test d'homocédasticité de White

Le modèle est homocedastique si probability est supérieur à 5% et hétéroscedastique dans le cas contraire.

116

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

Test Hétéroscédastique de White : EQ1

F-statistic

1,069293

Probability

0,501870

Obs*R-squared

25,14209

Probability

0,398072

Test Hétéroscédastique de White : EQ2

F-statistic

0,847776

Probability

0,649102

Obs*R-squared

23,80886

Probability

0,472570

Les erreurs du modèle MCE sont homocédastique car les valeurs des probabilités sont supérieures à 5%. IL est important de confirmer cette hypothèse en effectuant un deuxième test d'homocédasticité, à savoir le test de ARCH.

> Test d'homocédasticité de ARCH

Les erreurs sont homocedastiques si probability est supérieur à 5%.

Les erreurs sont hétéroscedastiques si probability est inférieur ou égale à 5%.

Test de ARCH : EQ1

F-statistic

0,551060

Probability

0,652124

Obs*R-squared

1,798744

Probability

0,615208

Test de ARCH : EQ2

F-statistic

0,530376

Probability

0,665588

Obs*R-squared

1,735267

Probability

0,629122

Les valeurs des probabilités étant supérieure à 5%, le test de ARCH confirme l'Homocedasticité des erreurs du modèle MCE. Ceci étant, il nous importe de tester l'hypothèse de corrélation des erreurs du modèle MCE.

> Test de corrélation des erreurs de Breusch-Godfrey

On accepte l'hypothèse H0 de non corrélation d'erreur si la valeur de probality est supérieure à 5% et H1 dans le cas contraire.

Test de corrélation des erreurs de Breusch-Godfrey : EQ1

F-statistic

0,458137

Probability

0,641614

Obs*R-squared

1,965691

Probability

0,3 74245

Test de corrélation des erreurs de Breusch-Godfrey : EQ2

F-statistic

0,062546

Probability

0,375958

Obs*R-squared

1,814337

Probability

0,090070

Les valeurs des probabilités sont supérieures à 5%. On accepte l'hypothèse de non corrélation des erreurs. Les erreurs du modèle MCE étant non corrélées, les estimations obtenues par les MCO sont optimales (BLUE).

Le MCE comportant des variables décalées, nous ne pouvons pas utiliser le test de corrélation des erreurs de Durbin-Watson.

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

117

> Test de normalité des résidus du modèle

Les mesures de tendance centrale et celles de dispersion, les paramètres de forme (Coefficients d'asymétrie et d'aplatissement) et les tests de normalité (Jarque-Bera) sont tels que présentés ci-dessous.

L'hypothèse de normalité des termes d'erreur joue un rôle essentiel car elle va préciser la distribution statistique des estimateurs. C'est donc grâce à cette hypothèse que l'inférence statistique peut se réaliser. L'hypothèse de normalité peut être testée sur les variables du modèle ou sur les termes d'erreur.

Un coefficient d'aplatissement nul implique une distribution symétrique ; lorsque un coefficient négatif indique asymétrique du côté gauche et un coefficient positif qui indique une asymétrie du côté droit. Concernant le coefficient d'aplatissement, une valeur égale à 3 exprime une distribution normale ; alors qu'une valeur supérieure à 3 exprime une distribution moins aplatie que la normale, et la valeur inférieure à 3 indique une distribution plus aplatie que la normale.

La statistique de JB suit sous l'hypothèse de normalité une loi du khi-Deux à deux degrés de liberté.

On lit dans la table du khi-Deux à 2 dégrés de liberté, au seuil de 5% : A=5,99

· On accepte l'hypothèse de normalité si la statistique de Jarque et Bera est inférieure à 5,99.

· On rejette l'hypothèse de normalité si la statistique de Jarque et Bera est supérieure à 5,99.

Aussi sur le logiciel Eviews, la règle de décision est :

· Au seuil de 5%, on accepte l'hypothèse de normalité des que la valeur de la probabilité est supérieure à 0,05.

· Au seuil de 5%, on rejette l'hypothèse de normalité des que la valeur de la probabilité est inférieure à 0,05.

118

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

Spécification 1 Spécification 2

Source : Extrait des estimations du logiciel Eviews 4.

Le test de normalité de Jarque Bera sur les résidus confirme les différentes spécifications du tableau 4.7, les erreurs du MCE suivent une loi normale.

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

119

CONCLUSION

L'analyse économétrique lève l'indétermination théorique qui entourait la relation entre dette publique et investissement privé, pour ce qui est du Cameroun. Elle fait donc apparaître des impacts opposés de la dette intérieure et extérieure au cours du temps. A long terme, l'impact négatif de la dette contractée par l'État sur le territoire nationale montre que les enchaînements vertueux (réduction du déficit, réduction des distorsions liées à la répression financière) sur lesquels se fonde Fry (1997) pour préconiser ce type de financement ne sont en rien automatiques, au Cameroun. Ces enchaînements vertueux se veulent l'apanage de l'endettement externe à court terme, qui procure aux investisseurs les facilités financières nécessaires à la matérialisation des projets d'investissement rentables. L'hypothèse de « debt overhang » vient limiter ce levier de l'investissement privé à long terme. L'effet de la dette publique totale sur l'investissement privé, étant significativement négative.

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

120

CONCLUSION DEUXIÈME PARTIE

A la suite des indépendances, le Cameroun a mené une politique d'industrialisation basée sur l'accumulation puis l'accroissement du capital industriel. Cette politique qui reposait sur le soutien de l'État était financée par les recettes des produits de base, d'abord, principalement par les recettes du cacao et du café, ensuite par les recettes pétrolières, enfin par l'endettement auprès des institutions internationales et des banques commerciales. L'endettement externe a eu un effet positif sur les investissements privés pendant la période de l'industrialisation par substitution des importations, bénéficiant de l'élargissement du marché intérieur. Les vastes chantiers en infrastructures ont eu pour impact de promouvoir le développement des investissements nouveaux dans le secteur privé encore en essor. C'est ainsi qu'au cours des années 80, une nouvelle orientation de la politique industrielle au Cameroun a requis un déplacement du pôle de développement économique, de l'entreprise publique vers l'entreprise privée. Pour pallier à la crise économique de 1986 au Cameroun, les autorités publiques avec l'appui du FMI et de la Banque mondiale, vont successivement mener des politiques de stabilisation puis des politiques d'ajustement structurel. Le volume de la dette interne évolue considérablement au cours de cette période. Les créances des banques nationales sur l'Etat, les arriérés dans le paiement des salaires des agents de l'Etat, les arriérés des intérêts sur la dette publique sont les facteurs explicatifs de cette augmentation. L'augmentation de la dette interne affecte le système financier, qui, à son tour agit négativement sur l'investissement privé du fait de la non disponibilité des fonds nécessaires pour les investissements nouveaux. La dette interne exerce donc un effet d'éviction sur l'investissement privé à long terme. Cette situation a provoqué un endettement massif de l'État et un appauvrissement des populations. L'absence de vigilance du FMI et de la Banque mondiale sur les nouveaux prêts accordés et leur non utilisation dans les domaines productifs provoquaient alors une corrélation négative entre le fardeau virtuel de la dette publique totale et l'investissement privé. Le Cameroun se trouvant incapable d'honorer ses engagements financiers, a été déclaré pays pauvre très endetté, bénéficiant ainsi de l'allègement intérimaire entre le point de décision et le point d'achèvement. Les grands chantiers engagés suite à l'atteinte du point d'achèvement, doivent être accompagnés par des dépenses publiques de qualité, afin d'espérer à long terme une croissance soutenue et un développement durable.

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

121

CONCLUSION GENERALE

Dans le cadre de ce travail, nous devions lever l'indétermination théorique qui entourait la relation entre la dette publique et l'investissement privé, en prenant comme étude de cas le Cameroun. Pour le faire, nous avons prétendu d'une part que la dette publique influence significativement l'investissement privé, d'autre part qu'elle exerce soit un effet de levier soit un effet d'éviction sur l'investissement privé. Afin de tester ces différentes hypothèses, nous avons utilisé le modèle « accélérateur - coût du capital » dans le cadre d'une modélisation à correction d'erreur. Les différentes spécifications nous donnent divers résultats. La dette publique externe influence significativement et positivement l'investissement privé à court terme. Tandis qu'à long terme la dette publique interne affecte négativement et significativement l'investissement privé. Au Cameroun, l'effet de levier de la dette publique sur l'investissement privé prévaut à court terme et cède la place à long terme à l'effet d'éviction. Aussi, tenant compte de la vitesse rapide de retour à l'équilibre de long terme, qui est de un an huit mois, l'investissement privé se définit-il comme une variable de choix pour la relance économique, à condition de procéder à la modification appropriée de ses déterminants.

Nous terminons notre réflexion par l'examen des recommandations. Elles mettent l'accent sur les cadres d'actions et de stratégies, à savoir sur : l'utilisation des fonds issus de l'Initiative PPTE, le cadre adéquat pour stimuler la croissance économique, le partenariat public-privé, le cadre institutionnel et réglementaire, le problème de choix des créanciers et la gestion de la dette publique interne.

+ L'utilisation efficace et efficiente des gains de l'allègement de la dette externe camerounaise, permettrait de tendre vers les ODM en matière de croissance économique et de réduction de la pauvreté. Les autorités publiques doivent accentuer d'ardeur au niveau de la qualité des dépenses. La quantité étant partiellement assurée au vu des vastes projets d'investissement que connaît le Cameroun, aussi les secteurs cibles60 étant bien définis conformément aux exigences des bailleurs de fonds. Il reste à crédibiliser notre politique de développement pour le long terme, en améliorant la qualité des infrastructures publiques et des investissements privés, source de compétitivité mondiale.

60 Il s'agit de l'Education, la Santé et des Infrastructures.

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

122

+ Le deuxième niveau de recommandation s'appuie sur les actions et les stratégies à mettre en oeuvre pour stimuler la croissance économique. Il s'agit essentiellement de la bonne gestion macro-économique et du renforcement des investissements privés. La contrainte de surendettement étant en partie levée avec l'atteinte du point d'achèvement, il est inévitable que le biais antiréforme se trouve résolu. Les autorités publiques peuvent donc engager des reformes structurelles et budgétaires qui pourraient accélérer la croissance économique du pays et améliorer la situation de ses finances publiques. En effet, la mise en oeuvre des politiques macro-économique et structurelle intégrant les politiques commerciales, fiscales et sectorielles contribuent à un environnement stable pour l'activité économique. Ces réformes économiques influencent davantage les incitations à investir. Il est reconnu que les pays qui entreprennent de bonnes politiques macro-économiques et ayant des structures économiques favorables au fonctionnement du marché peuvent connaître une croissance économique relativement souple et stable.

+ L'option du développement participatif prise par le Cameroun repose sur la mise en place des partenariats spécifiques entre tous les acteurs du développement. Dans ce nouvel environnement où l'Etat joue le rôle de facilitateur et de régulateur de l'activité économique, le renforcement d'un partenariat entre l'Etat et le secteur privé implique, en amont la mise en place d'un environnement favorable aux investissements et en aval l'amélioration des recettes de l'Etat. De ce fait, les investissements dans le secteur public jouant comme levier du secteur privé, le renforcement du partenariat privé- public en matière d'investissement, pourrait permettre une meilleure lisibilité des projets d'investissements, des gains collectifs en matière de collecte d'impôts et de fourniture de facilités d'investissement, la réduction des distorsions économiques et des asymétries d'information entre secteur privé et public.

+ Le renforcement des capacités institutionnelles et la bonne gouvernance apparaissent aujourd'hui nécessaires pour que le Cameroun surmonte les contraintes liées au problème fondamental de développement. S'il est vrai qu'à court terme la dette externe est un levier pour l'investissement privé, le cadre institutionnel et réglementaire influe sur l'efficacité du secteur privé. En effet, l'Etat de droit (le pouvoir judiciaire et la police) et la réduction de la corruption sont autant de facteurs

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

123

qui accordent le droit à l'égalité des chances et pour lesquels la pleine participation de la société au développement reste très sensible.

+ Le financement extérieur des investissements au Cameroun doit être de source officielle. Les créanciers nationaux ne sont pas des intermédiaires efficaces pour le financement des investissements à long terme, lesquels sont pourtant indispensables pour les pays pauvres : Problème de choix des créanciers. Un fort endettement qui ne s'accompagne pas d'investissements productifs reste désastreux tant pour les créanciers que pour les emprunteurs. De ce fait, il est important pour le Cameroun de mettre à profit son endettement public. Les retombées des investissements, pour la plupart, se situent dans un horizon suffisamment long. Les investissements réalisés à court terme, grâce aux financements extérieurs, doivent générer des profits conséquents pour financer les investissements à long terme et permettre à l'Etat d'honorer à ses engagements financiers. Cet enchaînement vertueux sera accentué par la complémentarité entre investissement public et privé.

+ L'apurement par les pouvoirs publics de leur dette interne, à échéance, stimulera la croissance économique à long terme. En fait, les opérateurs économiques en bénéficieront pour réaliser leurs plans d'investissements et accroître la production nationale. Les agents économiques augmenterons leur pourvoir d'achat d'une part, et d'autre part mobiliserons une épargne privé, nécessaire pour le secteur privé. Il en découlera une amélioration du bien être économique.

Au total, comme tout travail scientifique, notre étude pourrait comporter des bémols parfois inhérents à l'exploitation des données socio-économiques, surtout de source secondaire. C'est pourquoi nos recommandations et interprétations doivent être analysées avec circonspection.

ANNEXES

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

125

ANNEXE 1 Contraintes instantanées et intertemporelles

La contrainte budgétaire des consommateurs est : La contrainte instantanée est : Da= w+ra-ô-na-c

Ou encore en divisant par xt

e : Da à = w à + ra à - ô à - ( n + x ) a à - c à

Et en arrangeant les termes : Da à +(n+x-r)aà = à w - ô à - c à

Multiplions chaque coté par le facteur d'actualisation ( n x r)t

e + - et intégrons de 0 à T :

T T

e ( ) [ Da ( n x r ) a ] dt e ( ) ( w c) dt

n x r t

+ - + + - =

. à à . . à à à .

n x r t

+ - - -

ô

0 0

Remarquons que : D [ e ( ) a cst ] ( n x r ) e ( ) a Da e ( ) e ( ) [ Da ( n x r ) a]

n x r t n x r t n x r t n x r t

+ - + - + - + -

à . à à. à à

+ = + - + = + + -

C'est-à-dire que le terme à l'intérieur de l'intégrale de gauche est la dérivée par rapport au

temps de e ( n x r ) t a + cst

+ - à . On a donc l'égalité :

T T

D [ e ( ) a cst ] dt e ( ) ( w c)dt

n x r t n x r t

+ - + =

à à à à

+ - - -

ô

0 0

T

[ e ( ) a cst ] e ( ) ( w c )dt

n x r t

+ - + 0 =

T

à à à à

n x r t

+ - - -

ô

0

a ( T ) e ( ) a ( ) e ( ) ( w c)dt

à à 0 à à à

n x r T n x r t

+ - - = + - - -

ô

Où quand T tend vers 8 : à ( ) ( ) à ( ) . ( ) ( ) . ( ) 0

a T e e a T e e a T e e A T

n x r T rT n x T rT nT rT

+ - - + - -

= = = =

D'après l'interdiction des jeux de Ponzi (qui interdit que la dette de la dynastie (-A) croisse à un taux supérieur à r) et la condition de transversalité (qui empêche les actifs (A) de croître à un taux supérieure à r).

8 8

En arrangeant les termes, quand T tend vers 8 : e c e ( ) dt a e ( w ) e ( ) dt

- . à. = à +

rt n x t rt n x t

+ - ô

+

. à - à .

0

0 0

C'est la contrainte intertemporelle des consommateurs (1.12) dans le texte. La valeur actuelle de la consommation est égale à la richesse initiale. Remarquons que aà(0) devient

aà(0)+ b à ( 0) dans le cas où il y a une dette publique (équation 1.14), et cela présuppose que
l'agent emprunte au même taux d'intérêt que le gouvernement. La contrainte budgétaire du gouvernement est :

La contrainte instantanée est : DB= G-T+rB

Soit Db+nb=g-ô+rb

Soit encore Db à + ( n + x - r ) b à = g à - ôà

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

126

En multipliant par le facteur d'actualisation ( n x r)t

e + - et en intégrant de 0 à T comme ci-dessus :

T

b ( T ) e ( ) b ( ) ( g ) e ( ) dt

n x r T à - à . + -

n x r t

à . + - - à 0 = ô

0

Où quand T tend vers 8 : à ( ) . ( ) ( ) . ( ) 0

e b T e e b T e e B T

- + = - = - =

rT n x T rT nT rT

D'après l'interdiction des jeux de Ponzi (qui interdit que la dette de l'état (B) croisse à un taux supérieur à r) et la condition de transversalité (qui empêche les actifs (-B) de croître à un taux supérieur à r).

8

Et donc quand T tend vers 8 : ( ) ( )

e rt . à - g à . e n + x t dt = b à

- ô 0

0

C'est la contrainte intertemporelle du gouvernement (1.13) dans le texte. La valeur actuelle des impôts est égale à la valeur présente des dépenses des dépenses plus la dette initiale. La dette a pour contrepartie les excédents primaires futurs.

Remarque. On trouve là, la définition de la Soutenabilité des déficits publics : la dette courante est égale à la valeur actualisée des excédents primaires futurs, ou de façon équivalente, la limite à l'infini de la valeur actualisée de la dette, est nulle. Cette contrainte budgétaire intertemporelle, qui assure, a long terme, la « soutenabilité » est obtenue grâce à la condition que le gouvernement ne joue pas à un jeu de Ponzi avec les agents privés, qu'il ne finance pas le remboursement du principal et des intérêts, par de nouveaux emprunts. Mais cette condition n'empêche pas, du moins à court terme, la dette de croître. Une définition plus restrictive de la soutenabilité est que le taux d'imposition nécessaires pour soutenir la dette n'excède pas une valeur acceptable, supportée par la société et les électeurs.

ANNEXE 2

Catégories de dette interne du Cameroun

La dette publique intérieure du Cameroun comprend deux grandes entités :

La dette structurée, qui est la catégorie de dette ayant fait l'objet des conventions entre les créanciers et l'Etat, et comprend :

- la dette liée à l'investissement : dette de l'Etat vis-à-vis des organismes parapublics.61

- La dette BTP, qui est la dette de l'Etat vis-à-vis des entreprises des bâtiments et des travaux publics ayant fait l'objet de consolidation à partir de l'exercice 1989/1989.

- La dette bancaire, constituée de la dette des entreprises privatisées, liquidées ou encours de privatisations vis-à-vis du système bancaire, reprises par l'Etat.

61 CNPS, CFC, SOCAR, CEP, CNR, SONARA

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

127

- La dette consolidée BEAC, qui est la dette reprise par l'Etat aux termes des dispositions des contrats de performance conclus entre l'Etat et certaines entreprises parapubliques.

- Les tirages BEAC, qui sont les avances statutaires au Trésor public par la Banque centrale.

- La dette titrisée (bancaire, des compagnies d'assurances, commerciales ou des BTP), qui est la dette transformée en obligations de trésor négociables sur le marché financier.

- La dette croisée : dette de l'Etat auprès de certaines entreprises, privatisées, encours de privatisation ou à restructurer.

La dette dite non structurée est constituée principalement des arriérés constatés à une date donnée au niveau du Ministère des Finances. Elle se compose de 12 catégories :

- la dette commerciale, créances des fournisseurs et prestataires de l'Etat au titre des travaux et entretien routier.

- La dette Intelcam : impayés de l'Etat suite aux prestations nationales de la Société Internationale des Télécommunications du Cameroun.

- La dette SNEC : arriérés de consommation d'eau à la Société Nationale des Eaux des administrations publiques arrêtés au 28 février 1998.

- Dettes relatifs au gel de salaires : arriérés de salaires du personnel de l'Etat liés aux rappels en mémoire (frozen salaries).

- Les arriérés de salaires du personnel de l'Etat des mois de septembre et d'octobre 1993.

- Indemnisation, expropriation, Dommage et Intérêts : ce sont des dettes civiles - Bon SNI : bons n'ayant pas fait l'objet de convention de rééchelonnement.

- Dépôts et Consignations : cautionnements divers versés par les opérateurs économiques au Trésor public.

- Dette hospitalière : dette de l'Etat vis-à-vis des établissements hospitaliers.

- Dégrèvements : surplus d'impôts payés par les contribuables.

- Loyers : dette issue des maisons conventionnées par l'Etat.

A côté des deux principales catégories de dette intérieure décrites précédemment, il existe d'autres formes d'endettement intérieur n'ayant pas encore fait l'objet d'un inventaire précis. Au nombre de ceux-ci, on peut citer la dette des Universités (créances des fournisseurs et prestataires de services aux universités d'Etat et reprises par celui-ci), les arriérés des dépenses des postes comptables du Trésor à l'Etranger et les dossiers non validés des différents audits de la dette intérieure.

128

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

ANNEXE 3 : Evolution des séries macroéconomiques

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

129

ANNEXE 4

Tableau : LA PART DE LA DETTE EXTERNE SUR LA DETTE TOTALE ET SUR LES EXPORTATIONS

Années

PIB

Dette publique

totale (encours)

Encours de la dette interne

Ratio

encours /dette

totale

Ratio encours dette
extérieure/ exportations

1981/82

1775200

826590

20600

2%

168%

1982/83

1897100

751095

53605

7%

118%

1983/84

2038900

1223388

108788

9%

168%

1984/85

2203300

1487080

102000

7%

240%

1985/86

2352500

1607097

172887

11%

334%

1986/87

2302000

1490694

203624

14%

318%

1987/88

2121900

1393775

160555

12%

505%

1988/89

2083300

1715556

158986

9%

260%

1989/90

1956100

2008113

149806

7%

327%

1990/91

1881600

1890633

232405

12%

276%

1991/92

1823270

2671094

717702

27%

320%

1992/93

1764930

2998332

1 010 988

34%

473%

1993/94

1720800

5263896

1 179 100

22%

677%

1994/95

1777590

5763757

1 419 891

25%

536%

1995/96

1866470

5801214

1 434 982

25%

576%

1996/97

1961660

5711728

1 255 353

22%

459%

1997/98

2060510

5660822

1 391 380

25%

394%

1998/99

2151050

5998154

1152 914

19%

358%

1999/00

2241390

5461395

1052 879

19%

309%

2000/01

2360180

5501725

890 964

16%

257%

2001/02

2459310

5462000

890847

16%

364%

2002/03

2569980

4898000

78640

2%

466%

2003/04

8427000

5196000

980 521

19%

207%

2004/05

8298500

4900000

847 608

17%

151%

2005/06

8699100

1989000

666000

33%

43%

Source : CAA et calcul de l'auteur.

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

130

ANNEXE5

Tableau : EVOLUTION DES ARRIERES INTERNES ET EXTERNES DE LA DETTE PUBLIQUE

 

Arriérés internes et externes (en millions de dollars), 1990-99

 
 

Année

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

Arriérés dette externe

441,0

928,3

568,9

1135,6

737,6

1207,9

688,1

1117,6

598,2

866,5

Principal

194,0

488,0

327,5

618,3

435,6

693

441,9

699,3

367,4

358,9

Intérêts

246,9

440,3

241,4

517,3

302,0

515

246,2

418,3

230,8

507,6

Arriérés dette interne.

187,5

403,5

716,8

701,1

1329,1

1227

1229,1

901,2

895

650,3

Principal

129,6

312,8

596,3

577,1

1222,1

1162

1152,4

852,1

861,7

629,1

Intérêts

57,9

90,6

121,5

124,0

106,9

65

76,7

49,1

33,3

21,2

Total arriérés

628,4

1331,8

1285,8

1836,7

2066,7

2434,9

1917,2

2018,8

1493,3

1516,8

Arriéré int/arriéré total (en %)

29,8

30,3

55,8

38,2

64,3

50,4

64,1

44,6

59,9

42,9

Source : CAA.

ANNEXE 6

Tableau : EVOLUTION DU SERVICE DE LA DETTE EXTERNE (en millions de F.CFA)

Années

Service prévisionnel de la dette
extérieure.

Amortissement

Intérêt

Service effectif de la dette

extérieure

Amortissement

Intérêt

1981/82

45 714

10 512

35 202

45 714

23 753

21 961

1982/83

31 559

13 251

18 308

31 559

13 814

17 745

1983/84

48 858

21 133

27 725

48 858

27 149

21 709

1984/85

61 515

27 574

33 941

61 515

32 319

29 196

1985/86

139 073

105 101

33 972

78 058

43 517

34 541

1986/87

84 422

55 766

28 656

80 789

44 749

36 040

1987/88

109 836

66 116

43 720

71 326

31 853

39 473

1988/89

170 000

121 882

48 118

74 926

34 534

40 392

1989/90

142 788

69 840

72 948

48 946

13 650

35 296

1990/91

172 788

136 840

35 948

65 309

30 408

34 901

1991/92

186 246

99 116

87 130

57 267

27 538

29 729

1992/93

98 355

53 167

45 188

66 208

29 344

36 864

1993/94

260 952

144 162

116 790

154 379

71 326

83 053

1994/95

347 776

172 424

175 352

153 747

72 260

81 487

1995/96

569 246

321 550

247 696

255 439

147 565

107 874

1996/97

565 148

341379

223 769

253 080

150 410

102 670

1997/98

384 662

242 518

142 144

373 879

252 540

121 339

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

131

1998/99

434820

265

404

169

416

254

084

149 910

104 174

1999/00

518

502

312

345

206

157

245

058

144106

100 952

2000/01

501

000

262

576

238
424

 

183

620

124 025

59 595

Source : CAA (2007)

ANNEXE 7

Tableau : FLUX COMMERCIAUX ET ENDETTEMENT EXTERIEUR

Année

Balance Commerciale

Flux Apparent

Endettement

Flux Net Réel Endettement

Transfert réel

d'endettement

TOTAL ARRIERES EXT

Déficit primaire (déficit hors

intérêt)

1981/82

79 128

-10 479

-45 681

-45 681

0

1,93

1982/83

159 800

-30 873

-30 873

-30 873

0

-1,96

1983/84

198 900

-39 186

-39 186

-39 186

0

-2,44

1984/85

95 300

36 566

36 566

36 566

0

0,33

1985/86

-159 400

-46 374

14 641

14 641

0

2,9

1986/87

-153 700

68 363

71 996

71 996

0

11,6

1987/88

-188 300

777

39 287

39 287

0

4,19

1988/89

222 592

-45 921

49 153

49 153

84 147

2,51

1989/90

207 054

101 005

194 847

194 847

123 688

4,5

1990/9 1

209 169

-9 544

97 935

97 935

284 992

3,36

1991/92

231 398

-35 375

93 604

93 604

145 760

1,12

1992/93

148 885

35 563

67 710

67 710

323 076

0,86

1993/94

300 008

-13 755

92 818

92 818

403 456

0,88

1994/95

346 377

-254 993

-60 964

-60 964

566 313

-2,97

1995/96

247 706

-458 319

-144 512

-144 512

553 604

-4,68

1996/97

261 951

-497 131

-185 063

-185 063

672 510

-5,11

1997/98

209 532

-105 886

-95 103

-95 103

332 492

-3,74

1998/99

439 200

-148 289

-62 553

-62 553

275 832

 

1999/00

689 100

-200 110

-149 666

-149 666

531 649

 

2000/01

672 100

-135 062

-88 682

-88 682

580 032

 

2001/02

 
 
 
 

584 186

 

2002/03

 
 
 
 

584 186

 

2003/04

 
 
 
 

123 088

 

2004/05

 
 
 
 

172 313

 

2005/06

 
 
 
 

123 088

 

Source : CAA (2007)

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

132

ANNEXE 8

Tableau : EVOLUTION DES RATIOS D'ENDETTEMENT EXTERIEUR

ANNEES

% Réalisations des recettes

% Réalisations des dépenses

% Déficit

budgétaire

réel

Service dette ext. /Budget (en %)

Service dette

ext. /Export.

(%)

Service dette ext. /P.I.B. (%)

1981/82

133,55%

132,90%

0,49%

0,00%

0,00%

0,00%

1982/83

125,95%

143,76%

-12,38%

14,75%

9,52%

2,10%

1983/84

163,85%

155,61%

5,29%

7,70%

5,36%

1,21%

1984/85

155,99%

145,59%

7,14%

9,58%

7,38%

1,53%

1985/86

130,15%

137,95%

-5,66%

9,92%

10,65%

1,60%

1986/87

118,53%

138,78%

-14,59%

10,55%

18,17%

1,90%

1987/88

90,13%

155,10%

-41,89%

10,10%

19,96%

1,95%

1988/89

92,15%

125,07%

-26,32%

10,97%

29,21%

1,76%

1989/90

93,81%

121,89%

-23,04%

12,49%

12,93%

1,87%

1990/91

79,67%

125,32%

-36,42%

8,16%

8,84%

1,26%

1991/92

92,05%

138,51%

-33,55%

11,87%

11,98%

1,74%

1992/93

92,12%

131,00%

-29,68%

10,51%

11,05%

1,64%

1993/94

82,08%

115,36%

-28,85%

12,13%

15,77%

1,91%

1994/95

66,88%

114,39%

-41,54%

26,80%

25,58%

4,11%

1995/96

92,38%

114,97%

-19,65%

26,46%

18,96%

3,44%

1996/97

96,21%

108,09%

-10,99%

37,45%

33,69%

5,33%

1997/98

100,72%

104,03%

-3,18%

33,21%

26,09%

4,71%

1998/99

103,50%

108,41%

-4,53%

45,65%

34,49%

6,51%

1999/00

71,52%

80,94%

-11,64%

19,89%

18,34%

4,08%

2000/01

84,34%

67,77%

24,46%

19,99%

16,24%

4,10%

2001/02

89,34%

74,54%

19,85%

13,80%

11,27%

2,95%

Source : CAA (2007)

ANNEXE 9

Tableau : RATIOS DES INVESTISSEMENTS AU CAMEROUN

Année

PIB

(millions de franc CFA)

Ratio investissement privé sur PIB

Ratio investissement public sur PIB

 
 

(%)

(%)

1970

750202

20%

2%

1971

776306

24%

3%

1972

797064

24%

3%

Ratio dette publique totale sur pib

5%
6%
7%

7% 8% 9% 14% 24% 26% 32% 37% 36% 45% 37% 55% 63% 61% 56% 58% 72% 93% 108% 150% 178% 315% 338% 323% 291% 275% 263% 259% 250% 226% 205% 55% 52% 39%

1973

839752

26%

4%

1974

929893

219%

30%

1975

1034460

22%

3%

1976

977615

22%

3%

1977

1111940

27%

3%

1978

1356600

32%

3%

1979

1438470

32%

4%

1980

1410200

16%

4%

1981

1651100

25%

5%

1982

1775200

25%

5%

1983

1897100

29%

7%

1984

2038900

30%

10%

1985

2203300

30%

13%

1986

2352500

26%

18%

1987

2302000

23%

19%

1988

2121900

20%

16%

1989

2083300

21%

10%

1990

1956100

23%

7%

1991

1881600

19%

5%

1992

1823270

19%

5%

1993

1764930

22%

6%

1994

1720800

25%

4%

1995

1777590

29%

5%

1996

1866470

26%

7%

1997

1961660

30%

5%

1998

2060510

39%

5%

1999

2151050

41%

6%

2000

2241390

39%

4%

2001

2360180

42%

6%

2002

2459310

47%

4%

2003

2569980

44%

4%

2004

8427000

22%

2%

2005

8298500

25%

4%

2006

8699100

24%

4%

Source : CAA (2007)

DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,

134

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TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE 2

AVERTISSEMENT 2

DEDICACE 5

REMERCIEMENTS 6

RESUME 8

LISTE DES ABREVIATIONS 9

LISTE DES FIGURES 11

LISTE DES TABLEAUX 12

INTRODUCTION GENERALE 13

PREMIERE PARTIE 27

CHAPITRE I : EFFET D'EVICTION DANS LA RELATION ENTRE DETTE PUBLIQUE

ET INVESTISSEMENT PRIVE 29

SECTION I : APPROCHE TRADITIONNELLE DE L'EFFET D'EVICTION. 30

I.1. EMPRUNT PUBLIC ET COMPORTEMENT DES AGENTS ECONOMIQUES 30

I.1.1. Emprunt public et responsabilité du citoyen 30

I.1.2. Emprunt public et investissement privé 32

I.2. LA DETTE PUBLIQUE ET LA POLITIQUE BUDGETAIRE 34

I.2.1. Les effets à long terme de la politique budgétaire sur l'investissement privé 34

I.2.2.Les effets à court terme de la politique budgétaire. 36

SECTION II. APPROCHE MODERNE DE L'EFFET D'EVICTION : DEPENSES PUBLIQUES DANS LE MODELE DE SOLOW-RAMSEY 39

II.1. BUDGET EQUILIBRE DANS LE MODELE NEOCLASSIQUE 39

II.1.1. Impôt forfaitaire et dépenses publiques 39

II.1.2. Taux d'imposition et dépenses publiques 40

II.2. DETTE PUBLIQUE ET EQUIVALENCE RICARDIENNE 41

II.3. SOUTENABILITE DE LA DETTE PUBLIQUE 43

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CONCLUSION 45

CHAPITRE II : EFFET DE LEVIER DANS LA RELATION ENTRE DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE 46

SECTION I : LA STRUCTURE DE L'EFFET DE LEVIER ET LE THEOREME DE MODIGLIANI-MILLER. 47

I.1. EFFET ACCELERATEUR ET EFFET MULTIPLICATEUR 47

I.1.1. Principe de l'accélérateur comme composante de l'effet de levier. 47

I.1.2. Effet multiplicateur mécanique de l'effet de levier 50

II.2. EFFET DE LEVIER ET THEOREME DE MODIGLIANI-MILLER. 52

II.2.1. Le principe de l'effet de levier 52

II.2.2. Le lien entre le théorème de Modigliani-Miller et l'effet de levier 53

SECTION II. APPROCHE KEYNESIENNE DE LA RELATION DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE 55

II.1. OPTIQUE KEYNESIENNE DE L'EMPRUNT D'UN POINT DE VUE MACROECONOMIQUE. 55

II.1.1. Réduction des dépenses et déficit public. 56

II.1.2. Augmentation des recettes publiques et déficit public 57

II.2. ALLOCATION, REDISTRIBUTION DE L'EMPRUNT PUBLIC ET LIMITE DE L'APROCHE

KEYNESIENNE 60

II.2.1. Optique keynésienne de l'emprunt d'un point de vue allocatif et rédistributif 60

II.2.2.Les bémols dans l'analyse de l'effet de levier : La politique de relance keynésienne 61

CONCLUSION 63

CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE 64

DEUXIEME PARTIE 65

INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE 66

CHAPITRE III : DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EVOLUTION ET CARACTERISTIQUES 67

SECTION I : EVOLUTION GLOBALE DE LA DETTE PUBLIQUE AU CAMEROUN 69

I.1. EVALUATION DES COMPOSANTES DE LA DETTE INTERIEURE CAMEROUNAISE 69

I.1.1. La dette intérieure dans le contexte socio-économique camerounais 69

I.1.2. Evolution du service de la dette intérieure 72

I.2. EXAMEN DE L'EVOLUTION GLOBALE DE LA DETTE EXTERIEURE AU CAMEROUN 74

I.2.1. La situation générale de la dette extérieure du Cameroun. 74

I.2.2. Evolution du service de la dette extérieure 77

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SECTION II. LES PERFORMANCES ECONOMIQUES DE L'INVESTISSEMENT AU CAMEROUN. 83

II.1. L'INVESTISSEMENT ET LE PREMIER REGIME DE CROISSANCE AU CAMEROUN 84

II.2. INVESTISSEMENT ET BOOM PÉTROLIER 85

II.3. INVESTISSEMENT ET RECESSION ECONOMIQUE AU CAMEROUN 86

II.4. INVESTISSEMENT PENDANT LA PERIODE POST-DEVALUATION 87

II.5. INVESTISSEMENT ET POINT DE DECISION DE L'INITIATIVE PPTE 88

CONCLUSION 90

CHAPITRE IV : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER : EVALUATION EMPIRIQUE AU CAMEROUN 92

SECTION I : LE MODELE ECONOMETRIQUE 93

I.1. LIENS EMPIRIQUES ET MODELE « ACCELERATEUR-COÛT DU CAPITAL » 93

I.1.1. Liens empiriques du modèle du déterminant de l'investissement au Cameroun 93

I.1.2. Le modèle « accélérateur -coût du capital » 94

I. 2. VARIABLES DETERMINANTES DU COMPORTEMENT DE L'INVESTISSEMENT. 99

I.2.1. L a structure des investissements publics 99

I.2.2. Les hypothèses de la théorie d'endettement. 100

I.2.3. Le taux de croissance réel 101

I.2.4.Variable relevant de la politique monétaire : la disponibilité du crédit et le taux d'intérêt 101

I.2.5. L'instabilité macro-économique 102

SECTION II. VERIFICATION EMPIRIQUE DE L'EFFET DE LEVIER ET D'EVICTION AU CAMEROUN 102

II.1. ESTIMATION DU MODELE DE DETERMINATION DE L'INVESTISSEMENT 102

II.1.1. Appréciation du comportement de l'investissement privé 102

II.1.2. Estimation des déterminants de l'investissement privé. 107

II. 2. RESULTATS ET INTERPRETATIONS DES DIFFERENTES SPECIFICATIONS. 110

II.2.1. Analyse des résultats des différentes spécifications 110

II.2.2. Interprétations des résultats des différentes spécifications 114

CONCLUSION 119

CONCLUSION DEUXIÈME PARTIE 120

CONCLUSION GENERALE 121

ANNEXES 124

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 134

TABLE DES MATIERES 144

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