REPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUB LIC OF CAMEROON
Paix-Travail-Patrie Peace-Work-Fatherland
UNIVERSITE DE YAOUNDE II UNIVERSITY OF YAOUNDE II
FACULTE DES SCIENCES FACULTY OF ECONOMICS
ECONOMIQUES ET DE AND MANAGEMENT
GESTION
P.O.BOX 1365 YAOUNDE II
B.P. 1365 YAOUNDE II Tel. (237) 22213441
Tél. (237) 22213441 Fax (237) 22237912
Fax (237)222379 12
PROGRAMME DE TROISIEME CYCLE INTERUNIVERSITAIRE EN
ECONOMIE
(P.T.C.I.)
DOUXIEME PROMOTION
DEVICTION VERSUS EFFET DE LEVER AU CAMEROUN UNE ANA
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT
E DU LIEN NTRE DETT PUBIQUE ET NVESTISSE
PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER
Mémoire présenté et soutenu publiquement
en vue de l'obtention du Diplôme d'Etude Approfondie (D.E.A.) en
Sciences Economiques
Spécialité : Macroéconomie
Appliquée Par : KAME BA BILLA THIERRY URGUE Titulaire d'une
MAÎTRISE en Sciences Economiques Sous la direction du : Pr. TOUNA
MAMA Agrégé des Facultés des Sciences Economiques et de
Gestion. Année 2006-2007
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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SOMMAIRE
SOMMAIRE 2
AVERTISSEMENT 2
DEDICACE 5
REMERCIEMENTS 6
RESUME 8
LISTE DES ABREVIATIONS 9
LISTE DES FIGURES 11
LISTE DES TABLEAUX 12
INTRODUCTION GENERALE 13
PREMIERE PARTIE 27
CHAPITRE I : EFFET D'EVICTION DANS LA RELATION
ENTRE DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE 29
SECTION I : APPROCHE TRADITIONNELLE DE L'EFFET
D'EVICTION. 30
SECTION II. APPROCHE MODERNE DE L'EFFET
D'EVICTION : DEPENSES PUBLIQUES DANS LE MODELE DE SOLOW-RAMSEY 39
CONCLUSION 45
CHAPITRE II : EFFET DE LEVIER DANS LA RELATION
ENTRE DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE 46
SECTION I : LA STRUCTURE DE L'EFFET DE LEVIER ET
LE THEOREME DE MODIGLIANI-MILLER. 47
SECTION II. APPROCHE KEYNESIENNE DE LA RELATION
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE 55
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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CONCLUSION 63
CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE 64
DEUXIEME PARTIE 65
INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE 66
CHAPITRE III : DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT
PRIVE AU CAMEROUN : EVOLUTION ET CARACTERISTIQUES 67
SECTION I : EVOLUTION GLOBALE DE LA DETTE PUBLIQUE AU
CAMEROUN. 69
SECTION II. LES PERFORMANCES ECONOMIQUES DE
L'INVESTISSEMENT AU CAMEROUN. 83
CONCLUSION 90
CHAPITRE IV : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE
LEVIER : EVALUATION EMPIRIQUE AU CAMEROUN 92
SECTION I : LE MODELE ECONOMETRIQUE 93
SECTION II. VERIFICATION EMPIRIQUE DE L'EFFET DE
LEVIER ET D'EVICTION AU CAMEROUN 102
CONCLUSION 119
CONCLUSION DEUXIÈME PARTIE 120
CONCLUSION GENERALE 121
ANNEXES 124
REFERENCE S BIBLIOGRAPHIQUES 134
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D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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AVERTISSEMENT
L'université de Yaoundé II n'entend donner
aucune approbation ou improbation aux opinions émises dans ce
mémoire. Ces opinions doivent être considérées comme
propres à l'auteur.
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DEDICACE
A l'éternel miséricordieux qui conduit tous les
jours nos pas vers le chemin de la prospérité.
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REMERCIEMENTS
Aux trois êtres qui nous sont le plus cher
Notre chère mère, NYAKE KOUMBE Christine, notre
défunte tante, MOUTO KOUMBE Ruth et notre soeur LOMBI
Michèle.
A notre famille
> BONA NDOUMBE LOTTHIN, BON'EPEE de BONA TENE du CANTON
DEIDO-DOUALA
Notre père, Mr MBEDI NDOUMBE HENRI
> BONA KOUMBE, BONA MBOLLOH, BONA KAME du CANTON
BAFOUN-LOUM
Notre grand-mère, Mme veuve KOUMBE née LOMBI
CHARLOTTE. > BONA NJOOH, BON'ETEKI, de BONA MAKRITA du CANTON
EWODI Notre beau-père, Mr NJOOH ETEKI BERNARD.
« Par le biais de ce travail scientifique, recevez toute
notre gratitude en réplique à tous les sacrifices consentis en
notre égard. »
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D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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Professeur TOUNA MAMA, nous vous manifestons toute notre
considération pour avoir conduit nos pas préliminaires vers les
destinés ingénieux du savoir. Votre caractère d'homme
méticuleux et perfectionniste, aimant l'effort au travail, ont
été pour nous d'un apport incommensurable.
Notre qualité de doctorant PTCI, du campus de
Yaoundé II tout comme du Campus Commun des Cours à Option (CCCO)
de Niamey au Niger, a favorablement contribué à
l'édification de ce mémoire. Nous tenons à remercier le Pr
Geoges Kobou, Pr Desiré Avom et Pr Kamgnia Dia, respectivement Doyen de
la FSEG de l'université de Yaoundé II, Directeur National du PTCI
et Directeur du Centre d'Etude et de Recherche en Sciences Economiques et de
Gestion (CEREG) pour le cadre d'étude attrayant mis à notre
disposition. Autant les Professeurs du CCCO, à l'instar du, Pr Chicot
EBOUE (Nancy), Pr Mamy Ravalomanana (Madagascar), Pr Amoussouga (Benin), Pr
Bathélemy Biao (Benin), Pr Mbamba N'galadjo ( Côte d'ivoire), Dr
Pam Zahonogo ( Burkina Faso), pour toute notre formation lors du CCCO.
Merci à toute la Direction du PTCI à Ouagadougou
au Burkina Faso, pour nous avoir sélectionné parmi tous les
étudiants camerounais afin d'appartenir à ce programme
élogieux et unique en son genre en Afrique.
Notre gratitude va également à l'endroit de la
Grande Famille du Canton DEIDO résidante à Yaoundé,
spécifiquement à son Excellence Monsieur Laurent ES SO, Mr
Camille EKINDI, Mr René MBAPOU à papa EPEE EPEE et Mr Daniel
EKWALLA BOUMA.
Toute notre reconnaissance au Pr Garry Schinassi du FMI, au Pr
Marc Raffinot pour le soutien qu'ils nous apportent de temps à
autres.
Merci au Pr Séraphin FOUDA pour ses enseignements en
Politique Economique, aussi au Dr J.P. Komon pour sa disponibilité. A Mr
Ntsimi et Mr Messina pour la bonne tenue de la salle informatique et de la
bibliothèque du CEREG.
A tous nos camarades de la douxième promotion du PTCI
(les 14 nationalités), particulièrement ceux de
l'Université Cheik Anta Diop de Dakar au Sénégal (à
notre bien Aimée). Également à toute la famille des
Doctorants de l'Université de Yaoundé II.
A tous nos confrères du Réseau International
Jeunesse Développement et Paix dans le Monde de la Banque Mondiale, du
club « Bank Campus » de la mission résidante de la Banque
Mondiale au Cameroun, du KBS et de l'AJES.
Comme le disait Shakespeare « Toujours l'amitié,
quand elle commence à s'affaiblir et à décliner a recours
à un dédoublement de politesses cérémonieuses
», à notre pléthore d'amis du Cameroun et d'outre mer.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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RESUME
La théorie de l'endettement repose sur plusieurs
hypothèses. Notre objectif est de vérifier empiriquement
l'hypothèse de l'effet d'éviction ou de l'effet de levier entre
la dette publique et l'investissement privé au Cameroun. En effet, selon
la théorie, le lien entre la dette et l'investissement privé peut
aussi bien être négatif (effet d'éviction) que positif
(effet de levier). Notre travail consiste à déterminer
l'hypothèse prédominante dans le cas du Cameroun sur la
période 1970-2006. L'évaluation d'un modèle «
accélérateur - coût du capital » dans le cadre d'une
modélisation à correction d'erreur a donné deux effets
distincts : à court terme la dette externe affecte significativement et
positivement l'investissement privé (effet de levier) mais à long
terme la dette interne exerce un effet d'éviction sur l'investissement
privé.
Mots clés : effet d'éviction, effet de
levier, dette interne, dette externe investissement privé.
ABSTRACT
Debt theory lies on many hypothesis. Our target is to
check empirically the crowding-out or crowding-in effects hypothesis between
public debt and private investment in Cameroon. According to the theory, the
relationship between debt and private investment can either be negative (debt
crowding-out effect) or positive (debt crowding-in effect). This study consists
of identifying the predominant hypothesis in the case of Cameroon over the
1970-2006 period. An «accelerator-capital cost» model, used within
the frame work of an error correction model, reveals two distinct effects: in
the short run, external debt has a positive effect on private investment
whereas internal debt has a negative outcome in the long run.
Keys words: Debt crowding-out effect, debt crowding-in
effect, internal debt external debt, private investment.
LISTE DES ABREVIATIONS
ADF : Dickey Fuller Augmenté
APD : Aide Publique au Développement BAD: Banque Africaine
de Développement
BEAC : Banque des Etats de l'Afrique Centrale
BLUE : Best Linear Unbiaised Estimator BTP : Bâtiments et
Travaux Publics
CAA : Caisse Autonome d'Amortissement du Cameroun
CEP : Caisse d'Epargne Postale CFC : Crédit Foncier du
Cameroun
CNPS : Caisse Nationale de Prévoyance Sociale
CNR : Caisse Nationale de Réassurance
D : Contrat de Désendettement et de
Développement
DSA : projet Dimensions Sociales de l'Ajustement.
DSRP : Document Stratégique de la Réduction de la
Pauvreté.
FASR : Facilité d'Ajustement Structurel
Renforcée
F. CFA : Franc de la Coopération Financière en
Afrique Centrale
FMI : Fond Monétaire International
FRPC : Facilité pour la Réduction de la
Pauvreté et la Croissance.
INS : Institut National de la Statistique MCE : Modèle
à Correction d'Erreur MCO : Moindres Carrées Ordinaires
OCDE:Organisation pour la Coopération et le
Développement Economique ODM : Objectif du Millénaire pour le
Développement
PAS: Programme d'Ajustement Structurel
PASR : Programme d'Ajustement Structurel Renforcé
PED : Pays En voie de Développement PIB : Produit
Intérieur Brut
PME : Petite et Moyenne Entreprise
PNUD: Programme des Nations Unies pour le
Développement.
PPTE : initiative en faveur des Pays Pauvres Très
Endettés
PSA : Programme Spécial pour l'Afrique
SNEC : Société Nationale des Eaux du Cameroun SNI :
Société Nationale d'Investissement
SOCAR : Société Camerounaise d'Assurance et de
Réassurance SONARA : Société Nationale de Raffinage
TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée
UDEAC : Union Douanière des Etats de l'Afrique Centrale
UE : Union Européenne
VAN: Valeur Actualisée Nette
WDI: World Bank Data Indicator
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D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Effet d'éviction
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33
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Figure 2 : Une réduction de l'épargne
|
.36
|
Figure 3 : Une hausse des dépenses publiques à
l'équilibre keynésien
|
...37
|
Figure 4 : Une hausse du revenu ou production et du taux
d'intérêt
|
...38
|
Figure 5 : Dépenses publiques dans le modèle de
Ramsey
|
.40
|
Figure 6 : Impôts sur le revenu du capital dans le
modèle de Ramsey
|
41
|
Figure 7 : Marché du travail
|
58
|
Figure 8 : La courbe de Laffer
|
.59
|
Figure 9 : Dette publique au Cameroun
|
..69
|
Figure 10 : Stock et encours de la dette publique interne
|
.70
|
Figure 11 : La part de la dette interne et de l'investissement
sur le PIB
|
71
|
Figure 12 :L'évolution de la dette publique externe
|
75
|
Figure 13: Evolution des ratios d'endettement extérieur
|
76
|
Figure 14 : Service de la dette avant le
rééchelonnement
|
78
|
Figure 15: Répartition du service de la dette selon les
catégories avant rééchelonnement.....
|
79
|
Figure 16: Service de la dette après le
Rééchelonnement
|
80
|
Figure 17 : Répartition du service de la dette selon les
catégories après rééchelonnement.....
|
80
|
Figure 18: Gain issu du rééchelonnement de Janvier
2001
|
..81
|
Figure 19 : La performance de l'investissement au Cameroun
|
84
|
Figure 20 : Evolution du PIB réel
|
.85
|
Figure 21 : Evolution des ratios investissement sur PIB
|
.87
|
Figure 22 : Taux de croissance de l'investissement au Cameroun
|
..88
|
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Evolution du service de la dette interne ..73
Tableau 2 : Evolution du service de la dette avant
rééchelonnement 78
Tableau 3 : Evolution du service de la dette après le
rééchelonnement ....79
Tableau 4 : Gain de rééchelonnement issu du club de
paris du 24 janvier 2001 .81
Tableau 5 : Evolution du service de la dette payée entre
1998 et 2005 82
Tableau 6: Signes attendus des coefficients des variables du
modèle .99
Tableau 7 : Caractéristiques des Séries Temporelles
des Données 104
Tableau 8 : Estimation de l'Equation (EQ) de l'Investissement .
.105
Tableau 9 : Valeurs critiques de Engle et Yoo (1987) pour les
tests de cointégration ..106
Tableau 10 : Test de stationnarité sur les résidus
..106
Tableau 11 : Modèle MCE suivant Engle et Granger 108
Tableau 12 : Modèle MCE suivant la méthode de
Hendry .109
INTRODUCTION GENERALE
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D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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I.CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE
Les théories de la croissance économique, en
particulier, les différents modèles d'inspiration
keynésienne postulent un lien possible entre l'endettement,
l'investissement et la croissance économique. Il s'agit des
modèles de mesure de l'effet de levier développés par des
auteurs tels que Schumpeter (1912)1, Irving Fisher
(1933)2, Modigliani-Miller (1958)3. Ils stipulent que,
l'endettement entraînant la relance de la demande provoque par effet
accélérateur une hausse plus proportionnelle de l'investissement,
qui à son tour entraîne une hausse de la production.
En s'intéressant particulièrement à la
relation entre endettement et investissement, il apparaît que celle-ci
est sujette à une controverse théorique majeure dans la
littérature économique. Au centre du débat, la question de
l'effet de l'endettement sur l'investissement. Dans l'analyse
économique, il y a principalement deux courants qui s'affrontent sur les
théories économiques, à savoir les keynésiens et
les néoclassiques.
Concernant la théorie de l'endettement, les
keynésiens pensent que l'endettement n'occasionne des charges ni pour
les générations futures ni pour des générations
présentes du fait des investissements qu'il génère. Ainsi,
le fait de recourir à l'emprunt pour relancer la demande effective
signifie de facto l'abandon de la discipline budgétaire (Wagner,
1978).
En fait, Le budget public est un stabilisateur conjoncturel
dans l'économie nationale, il permet d'intervenir sur la demande. Si la
demande effective est insuffisante pour assurer le plein emploi et que l'on se
trouve dans une récession, l'État devra relancer cette demande en
augmentant ses dépenses et/ou en prélevant moins d'impôt.
Inversement, si l'économie est dans une phase de surchauffe,
l'État devra diminuer ses dépenses et/ou augmenter les
impôts afin de freiner la demande effective. On parle de politique
contracyclique, c'est- à- dire une politique qui se meut dans le sens
inverse de la production, du revenu et de l'emploi dans le cycle conjoncturel.
Seul compte pour les keynésiens l'équilibre
macroéconomique, l'équilibre
1 J., Schumpeter, (1912),
Théorie de l'évolution économique, Economica,
Paris.
2 I., Fisher, (l933), « The Debt Deflation
Theory of Great depression », Econometrica. Article traduit dans
le n°3 de la Revue Française d'Économie 1988, avec
un commentaire de Robert Boyer. Jean Arrous reprend par ailleurs la
présentation que Fisher fait de la crise financière de 1929 pour
montrer les différences avec celle de 1987.
3 M. H., Miller et F., Modigliani, (1958), «The
cost of capital, corporation finance and the theory of investment",
American Economic Review, Vol. XLVIII, pp.261-297.
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D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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budgétaire n'est plus un but en soi. L'endettement
devient un instrument qui permet d'atteindre le but principal,
l'équilibre macroéconomique (Dafflon, 1998).
Les théoriciens classiques, hostiles à
l'idée d'un endettement public favorisant l'accumulation du capital et
la consommation des générations futures ou présentes,
assimilent l'endettement à un impôt futur et imputent à
l'Etat une connotation négative4. Selon Ricardo (1817), les
citoyens voient dans l'emprunt un impôt différé dans le
temps et se comportent comme s'ils étaient contraints de payer
ultérieurement un impôt pour rembourser cet emprunt quel que soit
le décalage intergénérationnel. En d'autres termes, le
comportement des agents économiques est guidé par une
anticipation à la hausse des impôts. Toutefois, une réserve
peut être introduite selon la nature ou la qualité des
dépenses (dépenses de transfert ou d'investissement)
financées par l'emprunt.
Barro (1974) montre qu'une politique de déficit
budgétaire financée par l'emprunt reste sans effet sur
l'activité économique, dans la mesure où les agents ne
sont pas victimes de l'illusion fiscale. Ces agents anticipent alors une hausse
des impôts destinés à rembourser l'emprunt en constituant
une épargne d'un montant équivalent à l'endettement public
(Théorème d'équivalence ou de Barro-Ricardo). Dittus
(1989) met l'accent sur la relation théorique entre pression fiscale et
remboursement de la dette. Il existe au moins des coûts associés
aussi bien à l'endettement qu'à sa résorption. V. Hayek
(1979) dénonce quant à lui l'endettement comme étant
équivalent à une croissance artificielle fondée sur un
investissement supérieur à l'effort d'épargne national et
provoquant un ajustement par l'inflation. Ainsi, tous les efforts
expansionnistes à court terme de l'endettement semblent devoir
s'inverser et entraîner à terme un renversement du cycle augurant
une phase de lourde récession.
Au vu de ces divergences entre keynésiens et
néoclassiques, nous allons analyser les mobiles de la performance de
l'investissement privé pour un pays, ceci en faisant une
rétrospection de l'état des lieux depuis les indépendances
jusqu'à tout récemment.
Quatre régimes5 de croissance sont
identifiés au Cameroun depuis les indépendances. Le premier
régime, caractérisé par une croissance
modérée mais équilibrée, se manifeste pendant la
période pré-pétrolière allant de 1960 à
1978. Le secteur primaire, et particulièrement l'agriculture
était le principal secteur d'activité de l'économie. Le
taux moyen annuel de croissance du PIB réel par tête est ainsi
passé de 1,2% entre 1960 et 1966 à
4 Yapo, L., (2002), « Déterminants de
l'endettement extérieur des PPTE : Cas de la Côte d'Ivoire »,
WIDER, Discussion Paper No. 2002/14.
5 Y.F., Odia Ndongo, (2007), « Les sources des
fluctuations macroéconomiques au Cameroun »,
MPRA Paper, No. 1308.
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D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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près de 3,4% entre 1967 et 1976 (Odia Ndongo, 2007).
Durant cette période, la croissance des secteurs clés de
l'économie6 est harmonieuse. La structure par secteur reste
relativement stable. En volume, l'agriculture compte pour 30% du PIB,
l'ensemble de l'industrie7 20%, et le tertiaire 50%. Les
équilibres extérieurs étaient assurés par le
maintien d'une balance commerciale excédentaire (Fambon, 2002). Durant
la période 197 1-76 qui a coïncidé avec l'exécution
du IIIe Plan Quinquennal, la croissance économique a connu un
ralentissement avec environ 2,5 % d'accroissement moyen annuel du PIB sur la
période8.
Aux lendemains de l'indépendance, l'Etat s'est
érigé en actionnaire principal dans le capital social des
entreprises9. Ainsi, l'investissement public et l'investissement
privé (en terme absolu) connaissent une croissance
régulière et graduelle entre 1970 et 1977. Le ratio de
l'investissement privé fluctue plus largement que celui de
l'investissement public. En moyenne, le ratio d'investissement privé
annuel se situe à 16,69%, alors que celui de l'investissement public se
situe à 3,47% avant l'apparition de la production
pétrolière (Khan, 2004)10.
La situation de la dette durant cette période est peu
préoccupante à cause de son niveau relativement faible. L'encours
de la dette publique totale est passé de 440 à 2.588 millions de
dollars entre 1975 et 1980 (World Bank, 2005).
Par la suite, la découverte puis l'exploitation du
pétrole inaugure un nouveau régime caractérisé par
une forte croissance qui court jusqu'en 1985. L'économie camerounaise
assiste à une variation structurelle importante avec l'avènement
du pétrole comme source principale des échanges
extérieurs. Ainsi de 1978 à 1986, le Cameroun
bénéficie d'une croissance économique soutenue et
équilibrée d'environ 7 % l'an, grâce à la mise en
exploitation des ressources pétrolières à partir de 1978
(Fambon, 2002)11.
L'investissement public croit brusquement durant cette
période, à cause des échanges extérieurs notamment
la vente du pétrole. Il jouera donc à nouveau son rôle
d'impulsion avec une progression nominale de 28% l'an en moyenne. Cette
évolution est fortement justifiée par celle du budget de l'Etat.
Les investissements d'infrastructure représentent en fin
6 A cet époque, les secteurs clés de
l'économie étaient sans doute : Agriculture, industrie
extractive, manufacturière, et le secteur tertiaire.
7 L'ensemble de l'industrie est réparti
à égalité entre l'industrie manufacturière et le
secteur minier.
8 Estimation de la Banque Mondiale.
9 Touna Mama et Kamgnia D. B., (2002), «Le
comportement d'investissement au Cameroun : un resserrement de la contrainte
financière», Les cahiers du SISERA, n°1.
10 S., Khan, (2004), « Macroeconomic factors
and private Investment in Cameroon » dans Mondialisation, Exclusion et
Développement Africain : stratégies des acteurs publics et
privés, Tome 2, sous la direction de B., Bekolo-Ebe, Touna Mama et
S. M., Fouda, Maisonneuve & Larose.
11 S., Fambon, (2002), « Endettement du Cameroun
: Problèmes et solutions », WIDER, Discussion Paper No. 2002/49.
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D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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de période 70% de la dépense publique
d'investissement, contre 47% en 1974/75 (Odia Ndongo, 2007). L'investissement
public atteint un maximum de 447 millions de F.CFA en 1987 et commence à
chuter brutalement en 1988. Les infrastructures routières
bénéficient grandement du boom dans les investissements publics.
L'investissement privé s'accroît aussi rapidement pendant cette
période, avec un taux moyen annuel d'environ 42,23%, il atteint son pic
et commence à décroître en 1986, mais sa
décroissance sera moins brusque que celle de l'investissement public en
1988 (Khan, 2004).
La situation de la dette publique reste contrôlable
jusqu'à 1985. De ce fait, de 1981/82 à 1984/85 l'encours total de
la dette publique passe de 826.590 à 1.487.080 millions de F. CFA. La
part de la dette externe dans la dette globale est importante avec une
évolution de son encours de 805.990 à 1.385.080 millions de F.CFA
pendant la période. La dette interne quant à elle croit de 20.600
à 102.000 millions de F.CFA (WDI, 2005). Le service de la dette publique
(externe et interne) prévisionnelle est identique à celui de la
dette effective pendant les quatre premières années de la
décennie quatre vingt.
Une telle tendance a été inversée au
début de la moitié des années 80. Ainsi en 1984, le code
des investissements12 est-il modifié de manière
à inclure un régime spécial pour le secteur de l'artisanat
et des PME13. Le troisième régime s'ouvre en 1985/86
avec la chute des prix des principaux produits de rente, la baisse du cours du
dollar et l'épuisement progressif des ressources
pétrolières. Ce régime de croissance correspond à
la période de récession économique au Cameroun
(1985-1993). Aussi, une nouvelle orientation de la politique industrielle au
Cameroun a requis un déplacement du pôle de développement
économique, de l'entreprise publique vers l'entreprise privée.
L'objectif visé était de définir un dimensionnement des
unités de production qui s'adapte aux capacités du marché
local, privilégiant dès lors l'entreprise privée. De ce
fait, le Cameroun doit compter principalement sur le secteur privé pour
relancer sa croissance. Malheureusement au cours des années 80, le
dynamisme du secteur privé ne tenait qu'au secteur urbain informel
(Banque Mondiale, 1995). En effet, en réponse à la
récession économique au Cameroun depuis 1985/86, la
réglementation dans le secteur formel s'étant accrue, de
nombreuses entreprises ont dû être fermées. Les compressions
et les cas de chômage se sont accrus, le secteur urbain informel,
12 Au Cameroun, comme dans la plupart des pays
Africains au Sud du Sahara, un code des investissements régit et module
les décisions d'investissement ; avec pour principal objectif de
favoriser les entreprises industrielles qui participent à la
réalisation du plan. Les stratégies d'industrialisation ont
évolué au Cameroun et avec elles le contenu du code des
investissements.
13 La PME agréée
bénéficie non seulement des avantages accordés sous son
régime, mais aussi de ceux du régime dit des entreprises
promotionnelles, pour un e durée de quinze ans si elle venait à
s'installer en dehors des zones de forte concentration industrielle.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
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absorbant la main d'oeuvre ainsi libérée, s'est
développé au détriment du secteur formel. Le pays
était donc dans une crise profonde et des reformes structurelles
majeures étaient nécessaires. Face à cette situation, le
Cameroun adopte le PAS. Cette période fut la plus mauvaise de l'histoire
de l'économie Camerounaise. La quasi-totalité des indicateurs
macroéconomiques évoluaient négativement.
Le niveau de l'investissement total continue avec cette baisse
amorcée pendant la période précédente. Comme le
note la Banque Mondiale (1995), devant l'ampleur de l'endettement au Cameroun
et la nécessité d'accroître l'épargne publique pour
y faire face, les possibilités d'accroître l'investissement public
se trouvent plutôt limitées. Les deux composantes de
l'investissement connaissent une évolution décroissante,
imposée par la crise économique de 1985/86. Cette performance des
composantes de l'investissement révère la notion de
complémentarité souvent insinuée entre l'investissement
public et privé. Dans l'ensemble, l'investissement privé avait
une performance moins bonne que celle de l'investissement public durant la
période de 1982/83-1997/98. L'investissement privé enregistrait
uniquement une croissance moyenne de 3,3% par an pour les quinze années,
alors que l'investissement public en enregistrait le double (6,5%) (Mbanga
Ndoh, 2004). L'instabilité du climat politique au début des
années 1990 pourrait expliquer en partie la baisse de l'investissement
privé.
L'apparition de la crise économique à partir de
1986 au Cameroun, sonne le glas du contrôle de la dette
extérieure. Durant la période de 1987 à 1999, les
indicateurs du fardeau de la dette s'accroissent rapidement, à en croire
les données de la CAA. L'encours total de la dette extérieure
s'est ainsi accru, passant de 1.434.210 millions en 1985/86 à 1.686.542
millions de F.CFA en 1992/93. Sur la période de 1989/90 à
1992/93, le stock de la dette interne a progressé de manière
constante, atteignant en 1992/93, une valeur de 1.010.988 millions de F.CFA.
Durant cette période, l'Etat a contracté massivement
auprès des agents économiques nationaux pour soutenir
l'investissement public. En dépit des efforts consentis par le
gouvernement pour assurer le service de la dette, il subsiste toujours des
arriérés tant sur la dette extérieure que sur la dette
intérieure. L'accumulation des arriérés entraîne une
cessation complète de prêts par les banques internationales au
gouvernement en 1991 et une réduction brusque à l'accès du
secteur privé au marché international des capitaux (FMI,
1999).
Le quatrième régime de croissance s'opère
à partir de 1995, après la dévaluation du F. CFA et
l'apurement progressif de la dette interne de l'Etat. La restructuration du
secteur productif entamé en 1989 et le changement de la parité
monétaire de janvier 1994, sont des
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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facteurs importants dans le regain de croissance noté
en 1995, avec un taux d'évolution annuelle du PIB par tête de 1,8%
en moyenne. Tous les signaux montrent un redressement sensible de la situation
après cette date et une amélioration des indicateurs
macroéconomiques (Odia Ndongo, 2007)
L'investissement privé et l'investissement public
passent respectivement de 513.487 et 86.176 millions à 1.120.400 et
112.500 millions de F.CFA entre 1995 et 2003 (WDI, 2005). Cette
amélioration de l'investissement au Cameroun fait suite à la
dévaluation du F.CFA, qui a amélioré la
compétitivité des entreprises locales et stimulé
l'accroissement des investissements.
Contrairement à toute attente, l'encours de la dette
publique globale ne cesse de croître, ainsi que le paiement de son
service. Conformément aux statistiques de la CAA, entre 1995 et 1999
l'encours de la dette publique totale est passé 5.763.757 à
5.998.154 millions de F.CFA. La part de la dette externe variant de 3.806.845
à 4.094.627 millions de F.CFA pendant cette période.
L'accroissement de l'encours de la dette extérieure à partir de
1993 s'explique par les effets conjugués des nouveaux engagements de
l'Etat et des retards de paiement envers certains créanciers, notamment
les pays non participants au Club de Paris14 et ceux du Club de
Londres15. En juin 2000, le Cameroun est déclaré
éligible à l'initiative PPTE sur la base du
critère16 VAN Dette/Exportation=201,5%= 150% qui est le
seuil. Il atteint le point de décision en octobre 2000. Ainsi le pays
devait connaître entre autre, une rigueur dans la gestion de ses finances
publiques, en vue de l'atteinte du point d'achèvement prévue
initialement en mai 2003 (Tamba, 2002)17. Ces
événements nous expliquent en partie pourquoi la dette publique
globale connaît une nette diminution depuis 2000. Son encours est
passé de 5.461.395 à 1.989.000 millions de F.CFA entre 2000
à 2006. La part de la dette externe variant entre 4.268.806 à
1.014.000 millions de F. CFA pendant cette période (CAA, 2007).
La question dès lors est de savoir si la chute de
l'investissement privé au Cameroun pendant la période de
récession économique, peut être attribuée au
lourd
14 Club de Paris : groupe informel
de pays créanciers (généralement des pays de l'OCDE), qui
se réunissent à Paris pour négocier des accords de
restructuration de la dette avec des pays débiteurs connaissant des
problèmes de service de la dette.
15 Club de Londres : groupe informel des
principales banques commerciales créancières d'un pays, qui se
réunissent dans un centre financier, pas nécessairement Londres,
pour négocier et convenir d'une restructuration des dettes commerciales,
parfois accompagnée de nouveaux fonds, qu'on appelle prêts
volontaires
16 Ce critère est celui adopté
après la révision de l'Initiative PPTE en 1999, lors du sommet du
G8 à Cologne, améliorant ceux fixés par le sommet du G7
à Lyon en 1996 et jugé plus rudes pour les Etats Africains.
17 Pour plus de détails lire I., Tamba, (2002),
Stratégie de désendettement et politiques de
développement au Cameroun : Rupture, permanence ou continuité
?, FRIEDRICH EBERT STIFTUNG, CREDDA.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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fardeau de la dette. Si oui, comment expliquer la
reprise de l'accroissement de l'investissement après la
dévaluation alors même que le taux d'endettement augmentait sans
cesse.
Répondre à ces interrogations revient à
cerner les déterminants de l'investissement, puis examiner la relation
entre l'emprunt public et l'investissement privé au Cameroun.
L'investissement est l'opération qui consiste pour une
entreprise ou un pays à augmenter le stock de moyens de production avec
pour perspective une production future. Lorsque les acteurs en présence
appartiennent au secteur privé, on parle de l'investissement
privé. La CAA définit la dette publique comme un ensemble
d'emprunts de l'administration centrale, des entreprises publiques, des
collectivités locales et du secteur privé qui ont
été garantis par le gouvernement. La dette publique est
constituée d'une composante conjoncturelle appelée déficit
primaire et une composante structurelle appelée « effet boule de
neige ».Le déficit primaire est la différence entre les
recettes et les dépenses hors intérêt. on parle d'effet
« boule de neige » lorsque les charges d'intérêt de la
dette publique exercent une pression constante sur le déficit, il faut
donc emprunter à nouveau pour payer les intérêts de la
dette publique, de telle sorte que celle-ci ne cesse d'augmenter.
Krugman (1988) et Sachs (1989), ont démontré
empiriquement que l'accumulation de la dette et son service constituaient une
taxe sur la production future et décourageaient l'investissement par
l'effet d'éviction. Borensztein (1990) a identifié, dans une
étude économétrique, le service de la dette comme un
déterminant qui influençait négativement l'endettement
extérieur. L'hypothèse de l'effet d'éviction de la dette
publique et ses effets néfastes sur la performance économique en
Afrique ont été démontré par des études
comme celles de : Ajayi (2000) au Nigeria ; Mjema (1996) en Tanzanie ; Fosu
(1996et1999) en Afrique subsaharien ;Osei(2000) au Ghana ; Geiger (1990) en
Amérique latine. Les principaux résultats de ces recherches ont
montré que le paiement du service de la dette a été et
restera un obstacle à la croissance économique à travers
son impact négatif sur l'investissement.
Fosu (1996), utilise le modèle de Solow augmenté
du capital humain, pour montrer le caractère prohibitif de l'endettement
sur la croissance économique en Afrique Subsaharien. Iyoha (2000),
à l'aide des équations simultanées, confirme qu'un stock
excessivement élevé déprécie l'investissement et
baisse le taux de croissance économique. Pour lui, l'accumulation de la
dette dans les pays de l'Afrique subsaharien a agit comme une taxe sur le
revenu futur et a ainsi découragé l'investissement privé.
Osei (2000) affirme que le service de la dette élevé signifie
qu'une proportion significative des devises convertibles est consommée
par la
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D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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dette, limitant ainsi l'habilité des pays à
importer des biens et services. Le service de la dette constitue
également une part du budget dans plusieurs pays et ainsi impose les
contraintes significatives sur l'investissement domestique. La raison est
qu'une grande portion des devises tirées des exportations est requise
pour le service de la dette et nous notons une décroissance des capitaux
extérieurs, tout ceci rend difficile l'expansion des infrastructures, le
lancement des nouveaux projets, la continuation des vieux projets et
l'approvisionnement de l'économie en biens d'équipements et en
matières premières nécessaires provenant des autres pays
(Geiger, 1990). Etant donné la complémentarité existante
entre l'investissement public et l'investissement privé, la dette et le
fardeau de son service affectent aussi bien l'investissement privé que
l'investissement public, soit directement soit indirectement.
Blejer et khan (1984) ; Moshi et Kilindo (1999), Asante
(2000), Amin (1989) ont démontré dans leurs études
variées comment l'investissement du secteur public est un support
significatif sur l'investissement du secteur privé. La raison en est que
le secteur public offre certaines facilités à l'instar des moyens
de communication, des routes et d'autres services sociaux, qui permettent
d'encourager les activités des entreprises privées.
Ainsi, le fait général acceptable maintenant est
qu'il n'y a aucun moyen pour les pays très endettés et pauvres
comme le Cameroun, de servir et rembourser la dette et accroître encore
assez de ressources pour l'investissement public. Les créditeurs, les
débiteurs et la société civile ont choisit le fait que
l'annulation de la dette est le seul moyen par lequel l'investissement peut
être rajeuni dans les pays endettés afin d'assurer la croissance
(Touna Mama et collaborateurs, 1996), et ceci brisera la chaîne de la
dette qui maintient plusieurs pays dans la pauvreté perpétuelle
(Collins, 1999). Toutefois, la réduction du fardeau de la dette, peut
entraîner la croissance économique seulement si les fonds issus de
la réduction de la dette sont épargnés et assidûment
concentrés dans le secteur social18.
Nonobstant ces travaux, B. Gürbüz et M. Raffinot en
Turquie (2001) ont été les pionniers en ce qui concerne
l'étude de la nature de la relation entre la dette publique et
l'investissement privé. Leurs résultats donnent deux effets
distincts : la dette externe a un effet positif sur les investissements
privés, tandis que la dette interne exerce un effet d'éviction.
Au Cameroun, selon les travaux de Touna Mama et Kamgnia Dia (2002), la dette
extérieure est déterminée comme un réducteur
d'effets du crédit au secteur privé ; les dépenses
publiques pour investissement, plutôt que le déficit
budgétaire, affectent significativement et négativement
l'investissement privé et tout choc sur l'investissement observé
au cours d'une
18 Le secteur social à l'instar de la
santé, l'éducation, l'approvisionnement en eau potable, etc.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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année donnée est entièrement
résorbé en une année. G. Mbanga Ndoh (2004) montre que le
service de la dette extérieure exerce un effet d'éviction sur
l'investissement privé. Néanmoins, ces études pour le cas
du Cameroun, souffrent d'une insuffisance majeure qui est la non prise en
compte de la dette interne dans l'analyse. Pour une évaluation
complète des deux composantes de la dette publique, il nous importe de
combler cette carence.
Dans cette étude, nous nous intéressons à
la nature du lien entre la dette publique et l'investissement privé au
Cameroun. L'effet de la dette sur l'investissement privé est
théoriquement indéterminé. En effet, selon la
théorie, le lien entre la dette et l'investissement privé peut
aussi bien être négatif (effet d'éviction) que positif
(effet de levier). Partant de là, la présente étude met en
évidence l'impact de la dette publique sur le comportement de
l'investissement privé au Cameroun. Nous nous posons ainsi la question
centrale suivante : Quelle est la nature du lien entre l'endettement
public et l'investissement privé au Cameroun? Plus
spécifiquement, il s'agit de savoir : Est-ce que la dette publique
exerce un effet d'éviction ou un effet de levier sur l'investissement
privé au Cameroun ?
II. INTERET DE L'ETUDE
Face à cette problématique,
l'intérêt de notre travail de recherche est triple. A savoir, un
intérêt théorique, méthodologique et «
opérationnel ».
Sur le plan théorique, il s'agit de mettre en
évidence deux sujets à questionnement apparemment distantes mais
intimement reliées, à savoir l'endettement public et
l'investissement privé. A cet effet, ni la théorie
économique, ni les études de la Banque mondiale, ni même la
Comptabilité Nationale ne sont parvenues à lever
l'indétermination qui entoure cette relation au niveau de la question
précédente entre la dette et l'investissement. En se servant
à cet égard des données d'un pays venant d'atteindre le
point d'achèvement de l'initiative PPTE, l'intérêt
théorique de notre travail est de lever cette indétermination.
L'intérêt méthodologique de ce travail
peut être perçu à travers plusieurs apports.
Premièrement, à la différence de nombreux travaux, il sera
question de prendre en compte des variables relatives à la dette interne
lors de l'évaluation empirique des déterminants de
l'investissement privé. Puis il sera question d'évaluer les
propriétés des séries temporelles, afin de justifier le
choix du modèle à correction d'erreurs (MCE). Ce modèle
nous permet de cerner la dynamique de court terme d'une part et celle de long
terme d'autre part. Il est en effet possible que l'indétermination
provienne de la recherche par des auteurs antérieurs d'un
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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effet net. Nous nous attellerons à prendre en compte les
nouvelles critiques de l'économétrie des séries
temporelles.
S'agissant de l'intérêt «
opérationnel », il faut rappeler que, la plupart des politiques
économiques sont élaborées selon l'idée basique que
la dette publique exerce un effet d'entraînement vertueux sur
l'investissement privé. C'est notamment le cas des recommandations de
Fry (1997) en faveur de ce type de financement. Dans le cadre de cette
étude, il s'agira véritablement de savoir si oui ou non la dette
publique est vertueuse, c'est-àdire, comment est-elle susceptible de se
transformer en investissements productifs, source de croissance
économique. La détermination empirique de l'impact de la dette
publique sur l'investissement privé serait de nature à orienter
les choix en matière de politique économique au Cameroun.
III. OBJECTIF DE L'ETUDE
Cette étude vise globalement à analyser la nature
du lien entre la dette publique et l'investissement privé au
Cameroun.
Plus spécifiquement, il s'agit de :
· Evaluer les facteurs qui déterminent
l'investissement privé au Cameroun.
· Analyser l'effet d'éviction ou de levier de la
dette publique sur l'investissement privé.
IV. HYPOTHESE DE RECHERCHE
En réponse aux questions spécifiques de notre
travail, les hypothèses suivantes peuvent être formulées
:
H1 : La dette publique influence significativement
l'investissement privé.
H2 : la dette publique exerce un effet mitigé sur
l'investissement privé, il peut être vertueux ou pervers.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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V. METHODOLOGIE
Il s'agit pour nous d'évaluer le comportement de
l'investissement privé au Cameroun afin de déceler la nature du
lien qu'il entretient avec la dette publique. Les approches
méthodologiques relevant des études des déterminants de
l'investissement sont diverses. Tout d'abord, ces études ont
procédé directement à l'estimation, sans au
préalable analyser les propriétés chronologiques des
séries. Pourtant, comme l'ont montré Nelson et Plosser (1982), la
plupart des séries macroéconomiques sont non stationnaires
à niveau. Ensuite, lors de l'application du test de cointégration
de Engle et Granger, d'autres études ont effectué le test de
stationnarité des résidus du modèle MCE, en ne prenant pas
en compte la nouvelle critique de l'économétrie des séries
temporelles. Elle préconise d'utiliser les valeurs critiques
tabulées19 par Engle et Yoo (1987), lors de l'analyse des
résultats. Car le test de cointégration a pour objectif de tester
l'existence d'une racine unitaire dans les résidus estimés de la
relation de long terme et non pas sur les vraies valeurs. Aussi, un bon nombre
d'études empiriques a par ailleurs eu recours à des
modèles VAR, sans justifier empiriquement ce choix. Certains ont
été amenés à partitionner l'étude en
plusieurs périodes afin de prendre en compte les variations
macroéconomiques, ce qui est intéressant mais pas assez pertinent
(B. Gürbüz et M. Raffinot 2001). Pire encore, certains auteurs
effectuent le test de corrélation des erreurs du modèle MCE, en
procédant au test de Durbin-Watson. Exemple, très peu de ces
études ont concerné directement l'Afrique.
La présente étude ira au-delà de ces
insuffisances méthodologiques. Dans un besoin de garantir des
estimations robustes, les propriétés de séries temporelles
de l'investissement et de ses déterminants doivent être
déterminées, en procédant à des tests de racine
unitaire. Plus spécifiquement, les tests de Dickey- Fuller
Augmenté (ADF) et de Phillips-Peron. Si les séries
définies sont toutes stationnaires, lorsque définies en
différence première suivant les tests de ADF et de
Phillips-Perron, l'on pourrait penser à l'existence d'une relation de
cointégration entre elles. Aussi, le test de cointégration de
Engle et Granger (1987) peut-il être effectué. L'idée
qu'une relation d'équilibre de long terme puisse être
définie entre variable pourtant individuellement non stationnaire est
à la base de la théorie de cointégration. Si les
résidus sont stationnaires à niveau, nous tirons comme
conclusion, l'existence d'une relation de cointégration entre les
différentes variables du modèle. En présence d'une
relation de cointégration, de meilleurs résultats sont obtenus en
estimant plutôt un modèle à correction
19 Voir Valérie Mignon et Sandrine Lardic
(2002): Econométrie des séries temporelles
macroéconomiques et financières.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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d'erreur (ECM). En particulier, des corrections aussi bien par
la méthode à deux étapes de Engle et Granger que par la
méthode à une étape de Hendry. La cible de long terme doit
en fait être satisfaite par le mécanisme MCE, lequel se fonde sur
le théorème de représentation de Granger. Un tel
théorème associe la présence d'une relation de
cointégration à l'existence d'une représentation MCE qui
permet de corriger les écarts afin de converger vers la cible de long
terme (Bresson et Pirotte ; 1995).
Les mesures de tendance centrale et celles de dispersion, des
paramètres de forme et les tests de normalité (Jarque-Bera)
seront analysées. Aussi, l'hypothèse de l'homocedasticité
des erreurs du modèle MCE sera vérifier en effectuant le test de
White et le test de ARCH. Ensuite, nous testerons l'hypothèse de
corrélation des erreurs du modèle MCE, en effectuant le test de
Breusch-Godfrey et non le test de corrélation des erreurs de
Durbin-Watson, car le modèle MCE comporte des variables
décalées.
Le modèle économétrique pour
l'évaluation des effets d'éviction et de levier dans les
décisions d'investissement met en relation le logarithme de
l'investissement privé réel et celui de ses déterminants.
Il s'agit d'un modèle « accélérateur - coût du
capital ». Ce modèle est certes critiquable, à cause de
l'absence de lien fiable entre le coût du capital et
l'investissement20 . Mais Blanchard (1986) propose que pour faire
ressortir le coût du capital dans les équations d'investissement,
« il faille déployer plus que l'ingéniosité
économétrique habituelle » et « choisir une
spécification qui force l'effet à être présent
». La variable endogène de ce modèle est le logarithme de
l'investissement privé réel. Ainsi, la croissance de
l'investissement du secteur privé s'expliquerait essentiellement par
celle du PIB réel, celle de l'investissement du secteur public
réel. Conformément à l'hypothèse de debt
overhang, le poids de la dette totale pèserait sur l'investissement
privé. L'investissement privé réel dépend
positivement (effet de levier) ou négativement (effet d'éviction)
de la dette interne et externe. Le crédit au secteur privé, le
taux d'intérêt et le taux de change influencent aussi
l'investissement privé dans notre modèle.
Nous introduirons dans notre modèle trois variables
muettes ; D1= dummy pour la stabilité macroéconomique ; D1=0 pour
les années de croissances (1970-1985); D1=1 pour les années de
récession (1986-1995) ; D2= dummy pour la dévaluation ; 0 avant
1994 et 1 après ; D3= dummy pour l'atteinte du point de décision
de l'initiative PPTE, 0 avant 2000 et 1 après. Les données de
l'INS (2000), de la WDI (2005) et de la CAA (2007) nous servirons à
effectuer nos estimations à l'aide du logiciel Eviews 4. La
période d'observation est celle
20 Pour amples explications lire «
Accélérateur et coût du capital : quelques
éléments empiriques », P. Villieu, La Découverte,
2000.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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allant de1970 à 2006, bien que les estimations se
limitent en 2003 pour cause de données manquantes. Par la suite, nous
procéderons à l'évaluation des résultats, dans
l'optique d'apprécier l'effet de la dette publique sur l'investissement
privé. Il s'agit pour nous de savoir en fin de compte si l'on peut
observer l'éviction de l'investissement privé par la dette
publique ou alors une relation vertueuse.
VI. ANNONCE DU PLAN
Cette approche méthodologique structure notre travail
en deux grandes parties comprenant chacune deux chapitres. Dans la
première partie, nous nous servirons de l'approche traditionnelle de
l'effet d'éviction et du modèle de Solow-Ramsey pour comprendre
au chapitre premier la théorie de l'effet d'éviction. La
reconnaissance théorique du débat autour de la relation entre
dette publique et investissement privé nous conduit au deuxième
chapitre à prendre en compte l'aspect théorique de l'effet de
levier, à travers la structure de l'effet de levier et le
théorème de Modigliani-Miller d'une part, et d'autre part,
l'approche keynésienne de la relation entre dette publique et
investissement privé.
La deuxième partie est centrée autour de la
vérification empirique de nos hypothèses de recherche. Au
troisième chapitre, nous présenterons
l'évolution socio-économique de notre pays, en s'appuyant d'un
côté sur celle de la dette publique et de l'autre sur celle de
l'investissement, tout en faisant un bilan comparatif entre les deux. Le
dernier chapitre nous éclaire sur la nature de la relation entre dette
publique et investissement privé au Cameroun, par une évaluation
empirique.
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
PREMIERE PARTIE
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE : UNE ANALYSE
THEORIQUE DES EFFETS D'EVICTION ET DE LEVIER
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE
La question de la dette publique est fondamentale dans le
domaine de l'analyse macroéconomique. En réalité, on peut
considérer qu'il existe trois écoles de pensée concernant
l'effet économique des déficits publics ou de la dette publique.
Chacune d'elles développe des argumentations très divergentes
visant à démontrer que les déficits publics sont
terriblement néfastes, incroyablement bénéfiques ou sans
importance.
En effet, selon la conception classique et même
monétariste, l'effet d'éviction est inhérent à
toute relation entre l'emprunt public et l'investissement. De ce fait, seules
les dépenses en capital21 devraient être
financées par emprunt car il s'agit de dépenses qui peuvent
bénéficier aux générations futures et il est donc
légitime que ces dernières supportent en partie leur financement.
Pour Friedman en 1983, la dette réduit le niveau d'investissement
nécessaire pour la croissance économique.
Selon la conception keynésienne, les gouvernements
doivent dans certains cas, stimuler l'économie par des augmentations des
dépenses publiques ou par des diminutions de taxes. Les déficits
publics sont donc une solution permettant d'accélérer la reprise
économique en cas de crise. Ainsi, par le biais de son effet de levier
sur l'investissement privé, l'emprunt public est important car il
stimule et entraîne la croissance économique. L'endettement
devient donc un instrument qui permet d'atteindre le but principal,
l'équilibre macroéconomique (Dafflon, 1998).
Enfin, selon la conception ricardienne, les agents
privés peuvent décider de ne pas accroître leur
consommation lorsqu'un gouvernement, dont la situation budgétaire est
précaire, diminue ses taxes car ils peuvent penser que cette diminution
des impôts ne sera que temporaire et qu'ils devront incontestablement
faire face à des taxes plus élevées dans un futur peu
éloigné afin de permettre le remboursement des emprunts
effectués suite à la diminution actuelle des recettes fiscales;
le déficit causé par la diminution des taxes ne modifie donc pas
la croissance économique Ricardo (1817).
Le premier chapitre de cette partie, met en évidence
l'éviction de l'investissement privé. Le second chapitre limite
le précédent, en mettant en exergue l'effet de levier de la
dette.
21 Les dépenses qui contribuent à
l'amélioration des possibilités de production future.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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CHAPITRE I
EFFET D'EVICTION DANS LA RELATION ENTRE DETTE PUBLIQUE
ET INVESTISSEMENT PRIVE
L'effet d'éviction est une baisse de l'investissement
et de la consommation privée provoquée par une hausse des
dépenses publiques. Il est mis en avant par tous ceux qui pensent que
l'économie laissée à elle-même assure le plein
emploi des ressources (à quelques nuances près). Par
conséquent, toute activité de l'Etat qui fait appel à une
partie de ces ressources en détourne forcement l'usage, du secteur
privé au secteur public. Ce détournement se ferait notamment
à travers la hausse du taux d'intérêt qui résulte de
l'endettement de l'Etat ou des prélèvements qu'il fait sur la
masse monétaire. Cette hausse freine autant l'investissement
privé (le crédit devenant plus cher) qu'accessoirement la
consommation. L'importance de l'effet d'éviction dépend, du moins
en partie, du taux d'utilisation des capacités de production (en machine
et en Hommes) de l'économie. Si ce taux est relativement
faible22, les dépenses publiques n'évincent pas
forcement la consommation et l'investissement privé ; elle peuvent au
contraire les stimuler comme le montre l'exemple du multiplicateur
Keynésien.
Dans les années 1960 et 1970, le débat à
propos de l'existence et de l'importance de l'effet d'éviction a
été surtout conduit dans le cadre du modèle IS-LM. Il
portait alors sur le caractère plus ou moins « vertical » de
la courbe LM. Dans les années 1980 et 1990, la question de l'effet
d'éviction a quelque peu disparu de la scène. Mais elle est en
fait implicitement présente dans les analyses sur l'inflation
anticipée qui sera provoquée par la hausse des déficits
publics et l'endettement de l'Etat, et qui aurait pour conséquence de
faire monter les taux d'intérêt à long terme, dont les
investisseurs tiennent particulièrement compte au moment où ils
se décident à se lancer dans des projets de longue haleine. Les
effets bénéfiques du multiplicateur keynésien seraient
donc neutralisés, et au-delà, par la hausse des taux
d'intérêt anticipés par les agents économiques, qui
freinent leurs dépenses.
Ce chapitre aborde les diverses approches de la théorie
de l'effet d'éviction. Sa première section rend compte de
l'approche traditionnelle de l'effet d'éviction, selon laquelle
l'emprunt public réduit l'épargne nationale et évince
l'investissement privé. Cette conclusion est complétée
dans sa conception moderne, par le modèle de Solow-Ramsey, mais nuancer
par l'équivalence ricardienne.
22 On dira qu'il y a sous emploi important.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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30
|
Section I : APPROCHE TRADITIONNELLE DE L'EFFET
D'EVICTION.
L'approche traditionnelle de l'effet d'éviction est
mise en exergue par les arguments en faveur de la discipline budgétaire.
Ces arguments émanent essentiellement de l'école classique et de
son «héritière« l'école du Public Choice. La
discipline budgétaire favorise l'allocation optimale des ressources et
des choix rationnels. Concernant le financement des tâches publiques et
la taille que l'on souhaite donner à l'État, l'impôt est
préférable à l'emprunt principalement pour deux raisons :
l'illusion fiscale et la responsabilité budgétaire.
I.1. EMPRUNT PUBLIC ET COMPORTEMENT DES AGENTS
ECONOMIQUES L'emprunt public déresponsabilise le
citoyen et conduit surtout à une réduction de l'investissement
privé.
I.1.1. Emprunt public et responsabilité du
citoyen.
Selon l'école du Public Choice, les comportements des
individus ne seront pas identiques face à un emprunt privé ou
face à un emprunt public. Dans le cas d'un emprunt privé,
l'individu contracte une responsabilité individuelle face à sa
dette. S'il déménage, ses créanciers le poursuivront et
s'il décède, ses héritiers pourraient devoir payer ses
dettes.
Dans le cas d'un emprunt public, c'est l'Etat qui est
censé être responsable face à cette dette. Cette
responsabilité n'est cependant pas réellement partagée par
tous les citoyens en ce sens que ces derniers ne possèdent pas «une
part individuelle« de responsabilité de la dette. Si un
résidant d'un Etat ayant contracté une dette
déménage, la dette collective ne suit pas. De même s'il
décède, ses héritiers non résidants ne doivent
rien, car il n'y a pas de responsabilité individuelle face à la
dette publique, mais une responsabilité collective, dans la limite
politique de l'Etat s'étant endetté. On peut donc supposer que
les individus seront moins prudents et précautionneux face à un
emprunt public que face à un emprunt privé. Cela pourrait donc
conduire les politiciens à emprunter même quand les conditions
pour un emprunt rationnel ne sont pas réunies. La
déresponsabilisation des contribuables face à l'endettement
public provoque l'illusion que la dette est moins coûteuse que
l'impôt, les gouvernements auront donc plus tendance à y recourir
(Buchanan et Wagner, 1977).
Buchanan et al. (1987 : 366 et 367) développent
l'argument suivant. Un citoyen pourrait reconnaître une sorte de
responsabilité morale individuelle vis-à-vis de son pays s'il est
associé de plein droit dans le processus de décision. Dans le cas
d'un emprunt, il est nécessaire de distinguer deux groupes de citoyens :
les citoyens ayant participé à la décision de s'endetter
pour une dépense et ceux qui n'ont pas participé à cette
décision, et qui n'ont peut-être même pas profité des
retombées de la dépense en question, soit la
génération
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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suivante. Les premiers ont sans doute une
responsabilité morale individuelle face aux dettes contractées
par leur Etat, car ils ont participé au processus de décision qui
a engendré la dépense. Les deuxièmes, n'ayant pas
participé à la décision, n'auront certainement pas cette
responsabilité.
Le raisonnement ci-dessus s'effectue sous l'hypothèse
d'absence de mobilité. Si on lève cette hypothèse,
l'immigration devient possible. Selon Buchanan, un citoyen qui arriverait dans
un Etat dans la période qui suit la décision relative à la
dépense aurait plus de responsabilité face à la dette de
cet Etat qu'un citoyen qui appartiendrait au deuxième groupe, la
génération suivante. En effet, le nouvel arrivant, bien que
n'ayant pas participé à la décision de contracter une
dette, a choisi volontairement de s'installer dans cet Etat, contrairement au
citoyen du deuxième groupe qui y est né. On peut dire que cette
dette envers l'Etat fait partie intégrante du contrat qui lie le nouvel
arrivant à l'Etat. Ce raisonnement n'est cependant cohérent
qu'avec l'hypothèse d'une information parfaite. Il faut en effet que le
nouvel arrivant connaisse la dette réelle de son nouvel Etat afin de
faire un choix rationnel.
Par contre, toujours en cas de mobilité, la
déresponsabilisation du citoyen face à la dette publique peut
engendrer des comportements stratégiques. Un citoyen peut être
favorable à un financement par emprunt pour des dépenses
publiques d'investissement, en profiter quelques temps, puis, lorsqu'un certain
bénéfice en a été retiré,
déménager vers un autre Etat pour ne plus avoir à
supporter le fardeau de la dette. Ces comportements ne sont cependant possibles
que si la période de remboursement de l'emprunt excède la
durée de vie du capital de production financé par le dit
emprunt.
De ce fait, la distinction entre dépenses courantes (ou
de fonctionnement) et dépenses d'investissement est essentielle. Dans le
cas des dépenses courantes, le raisonnement de Buchanan se renforce :
une telle dépense ne devrait pas être financée par emprunt,
car elle n'aura pas de retombées aussi longues que la période de
remboursement de l'emprunt. Par contre une dépense d'investissement peut
être financée par emprunt. Idéalement, la période de
remboursement correspond à la durée de vie de l'investissement,
compte tenu de sa dépréciation ou de l'obsolescence.
Au vu de ces deux situations, la responsabilité morale
individuelle face à un emprunt public n'est guère praticable si
on lève des hypothèses restrictives comme l'information parfaite.
On doit alors envisager une responsabilité morale de groupe soutenue par
des règles constitutionnelles.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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32
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Plusieurs sortes de financements s'offrent à un
gouvernement pour ses services collectifs, autrement dit pour transférer
des ressources privées vers le secteur public : les impôts et les
taxes, l'emprunt, la création monétaire.
Si un gouvernement finance ses prestations avec des
impôts ou des taxes, il y a transfert réel et immédiat de
ressources entre les citoyens et le gouvernement, sans contrainte d'un budget
public équilibré. Les citoyens considèrent explicitement
les coûts (hausse de leurs impôts) qu'une augmentation de services
publics occasionne. Cette méthode de financement permet de rationaliser
la décision et de retenir les appétits dépensiers de
l'État.
L'emprunt implique quant à lui un transfert du secteur
privé vers le secteur public qui est implicite, parceque
décalé dans le temps et non précisé. Les citoyens
peuvent oublier le coût réel des dépenses publiques, car la
charge financière de l'emprunt sera supportée par les futurs
citoyens-contribuables, le financement de la dépense est ainsi
reporté (Tollison et Wagner, 1987).
L'emprunt cause donc une rupture temporelle dans la relation
entre le cercle des bénéficiaires, les contribuables
d'aujourd'hui, et le cercle des payeurs, les contribuables de demain ; c'est
dire qu'il y a rupture du lien entre une dépense et son financement,
lien qui doit exister pour que la décision soit rationnelle. Cette
situation induit ainsi un phénomène d'illusion fiscale, car les
contribuables actuels ne ressentent pas le poids du financement. Au contraire,
le financement par impôt permet aux impôts de jouer leur rôle
traditionnel de prix des politiques publiques offertes, car la dépense
et son financement sont simultanés, la contrainte budgétaire
étant fixée (Dafflon, 1998).
I.1.2. Emprunt public et investissement privé.
Selon les auteurs classiques23, l'emprunt public
exerce un effet d'éviction, c'est-à-dire qu'il réduit, ou
évince, les investissements privés. L'emprunt public provoque une
diminution des fonds disponibles pour les agents privés et une hausse
des taux d'intérêt due à l'augmentation de la demande de
crédit. Cela engendre une diminution de l'investissement privé,
et probablement du PIB. Toutefois, deux conditions sont nécessaires:
(i) l'investissement est une fonction du taux
d'intérêt ;
(ii) on ne se situe pas dans une situation de trappe à
liquidité, la demande de monnaie n'est donc pas parfaitement
élastique. Cet argument est cependant plutôt théorique, les
travaux empiriques sur le sujet ne parviennent pas à une conclusion
unilatérale et définitive qui prouverait l'effet
d'éviction (Novaresi, 2001).
23 Plusieurs auteurs ont vérifié
empiriquement l'effet d'éviction qu'exerce la dette publique sur
l'investissement privé, à l'instar de D., Ricardo, (1817), Barro,
(1989), Krugman (1988), Sachs (1989),
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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33
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Taux d'intérêt O0 Taux
d'intérêt
D1
D0
DI
r1
r0
Prêts I1 I0 Investissements privés
Figure 1 : L'effet d'éviction
La figure 1 montre que la demande de fonds de la part du
secteur public fait augmenter le taux d'intérêt parce que les
emprunts du gouvernement haussent la demande de prêts sans qu'il y ait
augmentation de l'offre de prêts. Le premier graphique illustre la
situation sur le marché des capitaux où la demande de prêts
est représentée par la courbe DO et l'offre
de prêts
par la courbe Ïï . La rencontre entre les
deux courbes détermine le taux d'intérêt sur
le marché qui se fixe en rÏ . Pour ce taux,
les investissements atteignent ÉÏ . Lorsque le
gouvernement se trouve face à un déficit, il va
rentrer lui aussi sur le marché des capitaux. La demande de
prêts augmente et passe de DÏ
àD1 . L'offre ne change pas, de sorte que le taux
d'intérêt passe à r1.
Le taux d'intérêt plus élevé entraîne une
diminution des investissements et
une baisse du stock de capital privé. L'effet
d'éviction porte donc atteinte aux générations futures.
Cette atteinte est d'autant plus forte que le recours à l'emprunt sert
à financer des dépenses de consommation.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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I.2. LA DETTE PUBLIQUE ET LA POLITIQUE BUDGETAIRE
L'approche traditionnelle de la dette publique peut être
expliquée par différents modèles relatifs aux effets de
long terme et de court terme de la politique budgétaire.
I.2.1. Les effets à long terme de la politique
budgétaire sur l'investissement privé.
Dans une économie fermée, il y a trois utilisations
possibles des biens et services qu'elle produit. L'identité du revenu
national exprime ces trois composantes du PIB :
Y=C+I+G (1.1)
Les équations qui suivent synthétisent cette
demande des biens et services :
C=c(Õ?T) (1.2)
I=(r) (1.3)
G=G (1.4)
T=T (1.5)
Y est le revenu national ou la production nationale ; C est la
consommation nationale ; I est la fonction d'investissement qui est fonction du
taux d'intérêt. ; T représente les transferts ; G les
dépenses publiques.
En substituant les fonctions de consommation et d'investissement
dans l'identité comptable du revenu national, nous obtenons
Y=c(Y-T)+I(r)+G
(1.6)
Comme les variables G et T sont établies par la
politique budgétaire et que le niveau de la production Y est
déterminé par les facteurs de production et la fonction de
production, nous pouvons écrire
Y=c(Y-T)+I(r)+G
(1.7)
L'offre de la production est égale à la demande
de celle ci qui n'est rien d'autre que la somme de la consommation, de
l'investissement et des dépenses publiques. Les variables Y, T, G
étant exogène à notre modèle.
Le taux d'intérêt est le coût de l'emprunt
et le rendement sur les marchés financiers. Pour visualiser son
rôle, nous devons réécrire l'identité comptable du
revenu national comme suit :
Y - c(Y - T) -
G=I(r) (1.8)
S=I(r) (1.9)
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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35
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L'épargne nationale S dépend du revenu
Y et des variables G et T de la politique budgétaire, elle est
également donnée.
Partant de cette identité, une hausse des
dépenses publiques à concurrence de AG entraîne
comme premier effet, une hausse de la demande de biens et services
équivalente à AG. Mais comme la production totale est
déterminée par les facteurs de production, cet accroissement des
dépenses publiques doit être compensé par une baisse dans
un autre secteur de la demande. Le revenu disponible Y - T ne
variant pas, la consommation C reste inchangé. La hausse des
dépenses publiques doit donc être compensée par une baisse
équivalente de l'investissement. Pour induire cette baisse le taux
d'intérêt doit augmenter.
Ainsi, la hausse des dépenses publiques entraîne
un relèvement du taux d'intérêt et une diminution de
l'investissement. Dans un tel cas, on dit qu'il y a éviction de
l'investissement par les dépenses publiques.
Examinons maintenant son impact sur le marché des fonds
prêtables. Comme la hausse des dépenses publiques ne s'accompagne
pas d'un relèvement des impôts, l'Etat finance ses dépenses
supplémentaires par l'emprunt, ce qui a pour effet de réduire
l'épargne publique. Comme l'épargne privée reste
inchangée, l'emprunt de l'Etat pèse négativement sur
l'épargne nationale. Dans ce cas comme le montre la figure2, une
réduction de l'épargne se représente par un glissement
vers la gauche de l'offre des fonds prêtables disponibles pour
l'investissement. Au taux d'intérêt initial, la demande de fonds
excède leur offre. Le taux d'intérêt d'équilibre
augmente jusqu'au point où la fonction d'investissement intercepte la
nouvelle fonction d'épargne.
L'accroissement des dépenses publiques induit donc une
hausse du taux d'intérêt et évince
l'investissement.
Aussi, une réduction des impôts à
concurrence de AT entraîne comme premier effet l'accroissement
du revenu disponible et donc la consommation. Le revenu disponible augmente de
AT et la consommation croit d'un montant équivalent à
AT fois la propension marginale à consommer PMC. Plus la PMC
est élevée, plus l'impact de la réduction d'impôts
sur la consommation est important. Comme la production de l'économie est
déterminée par les facteurs de production et que les
dépenses publiques sont établies par la politique
budgétaire, l'accroissement de la consommation doit être
compensé par une réduction de l'investissement. Pour induire
cette baisse de l'investissement, le taux d'intérêt doit
croître.
En conséquence, une réduction des impôts,
tout comme une hausse des dépenses publiques, évince
l'investissement et induit une hausse du taux d'intérêt.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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36
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Il est également possible d'analyser l'effet d'une
réduction fiscale à partir de l'épargne et de
l'investissement. Comme la réduction fiscale accroît le revenu
disponible à concurrence de ÄT, la consommation augmente
de PMC x ÄT . L'épargne nationale S, qui est
égale à Y - C - G diminue du
même montant que la consommation augmente. Comme l'indique la figure 2,
la réduction de l'épargne déplace l'offre des fonds
prêtables vers la gauche, ce qui accroît le taux
d'intérêt d'équilibre et produit une éviction de
l'investissement.
r
S2 S1
Figure 2 : Une réduction de l'épargne. I, S
Ainsi à long terme, d'après l'identité
comptable du revenu national, une hausse des dépenses publiques ou une
réduction fiscale stimule les dépenses de consommation et
réduit l'épargne nationale. Cette baisse de l'épargne
accroît le taux d'intérêt, ce qui tend à
évincer l'investissement. Pour une analyse complète, Il nous est
nécessaire de vérifier les effets à court terme.
I.2.2.Les effets à court terme de la politique
budgétaire.
Pour analyser ces effets, nous partons d'une théorie
simple de la demande des biens et services, l'équilibre
keynésien. Il est l'interprétation la plus simple de la
théorie keynésienne du revenu national, interprétation qui
est à la base du modèle IS/LM, plus complexe et plus
réaliste.
Pour établir l'équilibre keynésien, nous
partons des déterminants de la dépense prévue E :
E=C+I+G (1.10)
En remplaçant les déterminants de la
dépense prévue par leur valeur comme dans 1.7 on aura :
E=Y=c(Y-T)+I(r)+G
(1.11)
E
E2 = Y2
E1 = Y1
Y=E
B
AY
A
AY
AG
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
Cette équation montre que la dépense prévue
est fonction du revenu Y, du niveau
exogène de l'investissement programmé I,
et des variables exogènes G et T de la
politique budgétaire. La figure 3 montre qu'une hausse des
dépenses publiques induit un accroissement
AY
plus que proportionnel du revenu : AY est plus
élevé que AG. Le rapport s'appelle
AG
multiplicateur des dépenses publiques : il nous indique de
combien augmente le revenu en réaction à la hausse des
dépenses publiques.
Figure 3 : une hausse des dépenses publiques à
l'équilibre keynésien.
L'équilibre keynésien implique que le
multiplicateur des dépenses publiques est supérieur à 1.
La raison en est que, selon la fonction de consommation, toute hausse du revenu
induit une consommation accrue. L'accroissement des dépenses publiques
augmente le revenu, et donc la consommation et ceci, à son tour,
accroît le revenu, et donc la consommation, et ainsi de suite. Dans ce
modèle donc, la hausse du revenu induite par un accroissement des
dépenses publiques est supérieure à celui-ci.
Ainsi au départ, une hausse AG des
dépenses publiques induit une hausse équivalente du revenu. Cet
accroissement du revenu se traduit à son tour par une hausse de la
consommation égale à PMC x AG, ou PMC est la
propension marginale à consommer. Cette hausse de la consommation
augmente à son tour la dépense et le revenu. Cette
deuxième hausse du revenu, égale àPMCx
AG, entraîne un nouvel accroissement de la consommation,
à concurrence dePMCx (PMCx AG), ce qui
accroît une nouvelle fois la dépense et le revenu,
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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38
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et ainsi de suite. Cette boucle «
consommation-revenu-consommation » se poursuit indéfiniment.
Examinons aussi l'impact des modifications de la politique
budgétaire sur l'économie, en nous servant du modèle
IS-LM. Il nous montre comment les déplacements de la courbe IS affectent
le revenu et le taux d'intérêt.
Commençons par une hausse des dépenses publiques
ÄG .Selon le multiplicateur des dépenses publiques de
l'équilibre keynésien, pour tout taux d'intérêt
donné, cette modification
Ä G
de la politique budgétaire accroît le niveau de
revenu de ( PMC) . C'est pourquoi, comme le
1 -
montre la figure 4, la courbe IS se déplace
proportionnellement vers la droite. L'équilibre de l'économie
passe du point A au point B. La hausse des dépenses publiques
accroît tant le revenu que le taux d'intérêt.
r
LM
B
Taux d'intérêt
IS2
A
IS1
Y1 Y2
Revenu, production
Figure 4 : une hausse du revenu ou production et du taux
d'intérêt.
Y
r2
r1
Y
De même, le multiplicateur fiscal de l'équilibre
keynésien nous montre que, pour tout taux d'intérêt
donné, une baisse des impôts ÄT accroît le
niveau de revenu de ÄT× PMC(1 - PMC) . En
conséquence, comme l'illustre la figure 4, la courbe IS se
déplace proportionnellement vers la droite.
L'équilibre de l'économie passe du point A au point B : la
réduction fiscale accroît à la fois le revenu et le taux
d'intérêt.
Vous aurez remarqué que la hausse du revenu faisant
suite à une réduction des impôts est moins importante dans
le modèle IS-LM que dans l'équilibre keynésien, le
déplacement horizontal de la courbe IS est égal à la
hausse du revenu d'équilibre.
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
L'ampleur de celle-ci est supérieure à la hausse
du revenu d'équilibre donnée par le modèle IS-LM. La
raison est que l'équilibre keynésien suppose donné le
niveau d'investissement, tandis que le modèle IS-LM tient compte du fait
que l'investissement baisse lorsque le taux d'intérêt augmente.
Dans le modèle IS-LM, une expansion budgétaire
accroît le taux d'intérêt et évince
l'investissement.
De ce fait, l'approche traditionnelle de la dette publique
nous montre que, une hausse des dépenses publiques ou un
réduction fiscale financée par l'emprunt public exerce des effets
sur l'économie, tant à court terme qu'à long terme. A
court terme, on enregistre une augmentation du revenu et du taux
d'intérêt. A long terme, une réduction de l'épargne,
hausse du taux d'intérêt et éviction de l'investissement.
Un examen du modèle de Solow-Ramsey sera de nature à faire
progresser l'analyse théorique de l'effet d'éviction.
Section II. APPROCHE MODERNE DE L'EFFET D'EVICTION :
DEPENSES PUBLIQUES DANS LE MODELE DE SOLOW-RAMSEY
Nous examinons dans le cadre du modèle
néoclassique, trois questions relative à l'intervention de l'Etat
: celle de l'influence d'un budget public équilibré sur
l'état régulier, celle de l'influence d'un budget transitoirement
déséquilibré et de la dette publique, celle de la
Soutenabilité de la dette publique. Les deux premiers points sont repris
de Blanchard-Fisher.
II.1. BUDGET EQUILIBRE DANS LE MODELE NEOCLASSIQUE
Le gouvernement achète g « dépense publique
par unité de travail efficace ». Par hypothèse dans le
modèle néoclassique, les dépenses publiques n'affectent ni
l'utilité ni la production. Par exemple elles financent
l'éducation publique qui se substitue à l'éducation
privée. Le budget est équilibré à chaque date.
Examinons deux cas, celui où l'impôt est forfaitaire g =
ô , puis celui où l'impôt est une taxe sur le
rendement du capital g=ô rk
II.1.1. Impôt forfaitaire et dépenses publiques
Les dépenses publiques sont financées par un
impôt forfaitaire qui ne provoque aucune distorsion (il ne modifie pas la
productivité marginale du capital ni le taux d'intérêt).
L'évolution de la consommation reste inchangée :
Dc à ( 1 )( r ñ ó x)c
à
= ó - - .
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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Seule la contrainte budgétaire du consommateur, contrainte
instantanée et intertemporelle24, est affectée par les
impôts :
Contrainte instantanée :
Da=w+ra-ô-na-c.
Contrainte intertemporelle :
8 8
e
|
-rt . à .
c t
|
e ( ) dt a e ( w ) e ( )
dt
n x t rt n x t
+ - +
= à + . à - à .
ô
0
|
où ô à = gà
(1.12)
|
0 0
Donc la contrainte d'accumulation devient : Dk f ( k
) c g [ x n ]k
à à à à à
= - - - + + ä .
à
Sur la figure 5, Dcà = 0 n'est pas affecté
et Dk = 0 est déplacé vers le bas de gà
.
Pour atteindre le nouvel état régulier, il faut
que la consommation baisse du montant des dépenses publiques. Ni le
stock de capital, ni le taux d'intérêt ne sont affectés. Le
seul effet est que les dépenses publiques évincent les
dépenses privées de consommation.
0
à
Dk
*
K
Kà
à
c
Dc
=
0
à
cà
à
g
cà
**
à
Figure 5 : Dépenses publiques dans le modèle de
Ramsey25 (1928)
II.1.2. Taux d'imposition et dépenses publiques
L'impôt taxe le rendement du capital au
tauxô. Alors r est le taux d'intérêt net
d'impôt, et (1-ô).r est la
rémunération du capital après impôt. D'une part, la
contrainte
24 Voir annexe 1.
25 Le modèle de Ramsey traite de la croissance
optimale alors que le modèle de Solow traite de la croissance
équilibrée.
à
c
Dk =
0
à
Dkà(ô)=0
Dcà(ô)=0 Dcà =0
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
budgétaire instantanée du consommateur devient
Da= w+(1 -ô).ra-
na-c, donc la contrainte
d'accumulation devient : Dk = f ( k )
- c - [ x + n + ä ] k -
ô
à à à à rk à
à
ô rk
|
à g
|
Pour que le budget soit équilibré. D'autre part le
sentier de consommation devient :
|
Dc à ( 1 [ )( 1 ô )
r ñ ó x]c à
= ó - - - .
Où(1-ô).r = (1-ô)
. [ f'(k à )-ä]. La taxation du capital
affecte l'économie et l'allocation des
ressources. Le niveau du capital est diminué ainsi que
la consommation. Il y a un effet d'éviction non seulement sur la
consommation mais aussi sur le capital. Inversement, si l'Etat substitue une
taxe forfaitaire à l'impôt sur le revenu du capital, il peut
augmenter le niveau de l'état stationnaire tant que l'on est à
gauche de la règle d'or modifiée.
Kà * ( ô) Kà *
Kà
Figure 6: Impôt sur le revenu du capital dans le
modèle de Ramsey
II.2. DETTE PUBLIQUE ET EQUIVALENCE RICARDIENNE
Le consommateur rationnel comprend que l'Etat qui emprunte
aujourd'hui devra lever des impôts demain pour rembourser. Une
réduction fiscale financée par la dette publique ne réduit
pas le prélèvement fiscal ; elle ne fait que le
réaménager dans le temps. Ceci n'affecte en rien le
revenu permanent du consommateur et ne contribue donc nullement à
accroître la consommation. Le principe général est que la
dette publique équivaut à des impôts futurs et que, si les
consommateurs sont rationnels, les impôts futurs équivalent
à des impôts actuels.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
42
|
Si en t0 les dépenses publiques ne sont plus
financées par les impôts courants mais par emprunt public
DB= G-T+rB , (B est la dette publique), la
contrainte budgétaire intertemporelle du gouvernement devient (voir
annexe 1) :
8
e rt
-
|
. à - g à . e n + x tdt=
bà
( ) ( )
ô 0
|
(1.13)
|
0
Le gouvernement n'a plus besoin, à chaque
période, d'équilibrer son budget et peut financer son
déficit courant en s'endettant, mais la dette initiale doit être
égale à la somme actualisée des excédents
budgétaires primaires futurs. La contrainte budgétaire
intertemporelle du consommateur devient (voir annexe 1) :
8 8
e c e ( ) dt a b e ( w ) e (
) dt
- rt n x t rt n x t
+
. à. = à + à +
+ - . à - à .
ô
0 0
0 0
|
(1.14)
|
Puisque la dette interne est interne (l'économie est
fermée), elle est due par la nation à ses propres citoyens :
« nous la devons à nous même ». Comme le consommateur
est
rationnel, il prend en compte la contrainte budgétaire du
gouvernement, il remplace bà0 par la
valeur présente des excédents budgétaires primaires futurs
(équation 1.13).
8 8
e c e ( ) dt a e ( w g ) e (
) dt
- . à. = à +
rt n x t rt n x t
+ - +
. à - à .
0
|
(1.15)
|
0 0
L'équation 1.15 que nous venons d'obtenir, est
exactement la même que dans le cas où le budget est
équilibré à chaque date (équation1 .12). Si l'agent
est altruiste et rationnel, sa contrainte ne dépend ni de la dette
publique ni des impôts. Tout ce qui compte pour les décisions de
consommation, c'est le profil temporel de g, comme on l'a vu ci-dessus.
Cette affirmation a une conséquence importante : la
méthode de financement des dépenses publiques (impôts ou
dette) est neutre sur les décisions de consommation. Ce
théorème de neutralité de la dette publique est
appelé principe d'équivalence Ricardienne (Barro 1974). Ce
principe dit que seul le sentier d'évolution de g et non celui des
impôts destinés à les financer, a un impact sur
l'économie. Les consommateurs altruistes et rationnels savent que le
recours courant à l'emprunt est synonyme d'une augmentation
différée des impôts qui sera prise en charge par les
générations futures. Le « père fondateur » ne
considère pas la baisse transitoire des impôts ou l'augmentation
des dépenses de l'Etat financées à crédit comme un
enrichissement pour sa dynastie, il réagit à la
détérioration du bien-être des générations
futures par un effort d'épargne supplémentaire. La contrainte
budgétaire de la dynastie n'est pas affectée, donc le sentier de
consommation reste inchangé.
43
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
Les modèles keynésiens supposent qu'en
remplaçant l'impôt par un emprunt, on augmente la consommation,
que la consommation dépend du revenu
disponible(w-ô). L'analyse
ricardienne implique qu'elle dépend
de(w-g), pas du mode de financement de g, que les
déficits n'ont d'effets ni sur l'accumulation du capital
ni sur la consommation.
Cette conclusion aux implications politiques pour les moins
importantes, dépend des hypothèses : rationalité,
altruisme, perfection des marchés financiers (taux
d'intérêt identique pour l'Etat et les agents), absence de
distorsion fiscale (impôt forfaitaire), respect de l'interdiction du jeu
de Ponzi26, non productivité des dépenses publiques.
Elle n'est pas corroborée économétriquement. Dans la
réalité, les agents sont victimes de l'illusion fiscale, ou ne
sont pas altruistes, ou ne peuvent pas emprunter au même taux que
l'Etat.
De plus en plus, la littérature s'intéresse non
pas à des effets pervers ou positif de la dette publique, mais recherche
plutôt le niveau du déficit, on parlera donc de la
soutenabilité de la dette publique.
II.3. SOUTENABILITE DE LA DETTE
PUBLIQUE
Le déficit public en t est : Déficitt=
Gt -T t -rB t
Il a deux composantes :
Les intérêts sur la dette publique (
trB) où B est la dette publique et le
déficit primaire
(G-T).
Le déficit primaire est un instrument de politique
conjoncturelle qui est donc soumis à la contrainte d'endettement de
l'Etat. Certes l'Etat peut financer son endettement (principal et
intérêt) par les impôts, mais il existe des
résistances à la montée de la pression fiscale.
L'Etat est soumit à une contrainte budgétaire
intertemporelle. Celle-ci se traduit par le
critère de soutenabilité de la dette publique qui
impose que le ratio d'endettement b = BY
ne soit pas croissant(Db= 0).
Si l'Etat finance son déficit par l'endettement, la
variation de la dette (DB) est :
DB= G-T+rB,
DBGTrB
En divisant par Y : = - +
Y YYY
26 Le jeu de Ponzi : est une opération par
laquelle les intérêts de la dette des anciens investisseurs sont
financés par les liquidités des investisseurs récents.
Elle provient du nom de l'escro itilien au Etats unis en 1920.
44
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
B DBY D YB
. .
-
D =
=
Y Y 2
Comme
DB DYB Y Y Y ,
On a : b D ( b)
DB DY B B
= + ã.
D = +
Y Y Y Y
Donc :
ã.b+D(b)=(g-t)+r.b
où Y
b = B , Y
g=G, Y
t = T
Et en définitive : D ( b ) = ( g
- t ) + ( r -ã . )b (1.16)
Si r =ã, la dynamique de la dette est
stable, la croissance de Y est supérieure à celle de B.
Si r ?ã, la dynamique de la dette est
explosive, le ratio d'endettement croit constamment,
c'est l'effet boule de neige, la dette
publique est insoutenable. Dans ce cas, pour stabiliser la dette, c'est
-à- dire pour queD(b)=0, il faut un excédent
primaire stabilisant qui dépend du
niveau où l'on veut stabiliser le taux d'endettement :
(t -g) = (r -ã . )b
La dette publique doit avoir pour contrepartie les
excédents primaires futurs. Cela traduit la contrainte intertemporelle
de l'Etat (voir annexe 1). Le corollaire est que le recours à l'emprunt
pour financer les dépenses publiques ne constitue pas un moyen de
réduire les impôts courants, mais seulement un moyen d'en
différer le paiement dans le temps. C'est le principe de
l'équivalence ricardienne que nous venons d'étudier.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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45
|
CONCLUSION
Il était question dans ce chapitre de faire une analyse
théorique de l'effet d'éviction. Plusieurs écoles de
pensées ont soutenu cette assertion. La plus ancienne est celle de
l'école classique, avec ses partisans de l'école des choix
publics. Elles pensent que l'emprunt public est néfaste pour
l'investissement en particulier, et l'activité économique par
ricochet. Ces écoles de pensées considèrent qu'il est
primordial de garantir la discipline budgétaire dans la gestion des
finances publiques, car entre autre, l'emprunt public réduit
l'investissement privé. Aussi, en ce qui concerne la dette publique, il
en ressort dans son approche traditionnelle qu'une hausse des dépenses
publiques ou une réduction fiscale financée par l'emprunt public
exerce un effet à court et à long terme sur l'économie. A
court terme, les dépenses accrues de consommation accroissent la demande
des biens et services, et donc, de la production et l'emploi. Les taux
d'intérêt tendent également à augmenter, à
mesure que les investisseurs sont confrontés à un flux
réduit d'épargne. A long terme, la baisse de l'épargne
nationale provoquée par les réductions fiscales pèse
négativement sur le stock du capital et positivement sur l'emprunt
à l'étranger. Il en résulte une production nationale moins
élevée et une emprise de l'étranger sur une plus large
part de cette production.
Le modèle de Solow-Ramsey fait progresser l'analyse de
l'effet d'éviction à travers trois questions relatives à
l'intervention de l'Etat. Il pose ainsi le problème de la
soutenabilité de la dette publique. Mais D. Ricardo s'insurge contre les
conclusions de la théorie néoclassique. Il stipule que la dette
publique équivaut à des impôts futurs et que, si les
consommateurs sont rationnels, les impôts futurs équivalent
à des impôts actuels. La politique budgétaire est inutile.
La réduction fiscale n'a donc aucun des effets préconisés
par les interprétations traditionnelles. Ainsi la dette publique
n'évince pas nécessairement l'investissement. Malgré les
limites de l'équivalence ricardienne, le débat autour de la dette
publique n'est pas tranché. Il importe donc d'analyser la théorie
de l'effet de levier afin de faire évoluer le débat
théorique entre dette publique et investissement privé.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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CHAPITRE II
EFFET DE LEVIER DANS LA RELATION ENTRE DETTE PUBLIQUE
ET INVESTISSEMENT PRIVE
L'effet de levier explique le mécanisme d'accroissement
des capitaux propres par l'utilisation intensive des capitaux empruntés,
lorsque le coût de l'endettement est inférieur à la
rentabilité économique. Il est positif lorsque la
rentabilité de l'ensemble des capitaux investis27, ou
rentabilité économique est supérieure au coût de
l'endettement. Dans cette hypothèse, l'endettement accroît la
rentabilité financière et cet accroissement est d'autant plus
élevé que, d'une part, le levier d'endettement28 est
lui-même élevé, et d'autre part, l'écart entre la
rentabilité économique et le coût de l'endettement est
important. Il est négatif dans le cas contraire et signifie que
l'endettement dégrade la rentabilité financière. On parle
alors d'effet de masue. Notons que si l'endettement permet d'accroître la
rentabilité des capitaux propres, il accroît également la
variabilité de cette rentabilité, appelée risque
financier.
L'effet de levier est identifié depuis très
longtemps, pratiqué par les responsables financiers, affiché dans
les rapports annuels américains avant-guerre, mais c'est l'article de
Modigliani et Miller (1958) qui a initié un important débat
théorique quant à la portée réelle du levier de la
dette dans les politiques financières, débat encore
d'actualité. Ainsi le principe de l'effet de levier se voit structurer
en trois parties à savoir, l'effet accélérateur (en
amont), la relation positive entre investissement public et privé,
l'effet multiplicateur (en aval). Le multiplicateur est un outil essentiel dans
l'analyse de la croissance pour les keynésiens. Le multiplicateur de
l'investissement relie l'effet d'une variation des investissements à la
variation du revenu national.
Le présent chapitre donne un aperçu de la
théorie de l'effet de levier de la dette publique. Dans une
première section, nous procéderons à une analyse de la
structure de l'effet de levier, en relation avec le théorème de
Modigliani-Miller. Dans une seconde section, nous présenterons l'effet
de levier sous l'optique keynésienne de la relation entre la dette
publique et investissement privé.
27 Il s'agit des capitaux propres +dettes
financières
28 C'est le rapport Dettes financières
/Capitaux propres
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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47
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Section I : LA STRUCTURE DE L'EFFET DE LEVIER ET LE
THEOREME DE
MODIGLIANI-MILLER.
Suivant la logique de l'effet de levier, nous
présenterons tour à tour l'effet accélérateur et
l'effet multiplicateur comme composante de l'effet de levier, puis nous y
associerons le théorème de Modigliani-Miller afin
d'apprécier la porté du principe de l'effet de
levier.
I.1. EFFET ACCELERATEUR ET EFFET
MULTIPLICATEUR
Une revue du principe de l'accélérateur et du
multiplicateur Keynésien illustrera la mécanique de l'effet de
levier.
I.1.1. Principe de l'accélérateur comme
composante de l'effet de levier.
Il met en exergue la relation entre la variation de la demande
d'un bien et celle des capacités de production qui permettent de le
satisfaire. Il y a « accélération » dans la mesure
où, la mise en oeuvre de capacités de production nouvelles
entraîne généralement des dépenses29 bien
plus importantes que celles qui accompagnent la production
supplémentaire nécessaire pour satisfaire une demande accrue.
La présence des capacités de production plus ou
moins excédentaires dépend des investissements faits « dans
le passé », et donc des anticipations de ceux qui ont
effectuées ces investissements. C'est pourquoi il existe deux
façons de traiter de l'accélérateur : la version « de
base », ou les anticipations ne sont pas prise en compte, et la version
« élaborée »-dite « de
l'accélérateur flexible »-, ou elles le sont.
Dans le modèle de base de l'accélérateur
qui adopte d'emblée un point de vue macroéconomique, la
variation de capacité de production à l'instant t est
mesurée par l'investissementIt = Ê t + 1 -
Ê t , ou Ê t désigne le stock de Capital
à l'instant t. Si l'on appelle
Õt le revenu (national) à
l'instant t, alors la variation de la demande en T est donnée par
Õ t - Õ t - 1 , de telle sorte que
l'accélérateur est caractérisé par la relation :
I t = Ê ( Y t - Y t - 1)
(2.1)
Où k est le coefficient du capital, qui est
supposé constant. Ce coefficient du capital est le rapport entre le
capital disponible et la production qu'il permet de mettre en oeuvre. Si
l'on
29 Dépense en machine et en équipements
de tout ordre
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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48
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suppose que l'investissement se décompose en
investissement de remplacement r
É t et en
investissement net n
It , alors l'effet accélérateur
ne concerne que ce dernier, de sorte que l'équation (2.1) s'écrit
:
I t Y Y ( 2 .2)
n = Ê ( t - t - 1 )
Le capital en t+1 est donc égal au capital en t auquel
s'ajoute l'investissement de remplacement et l'investissement net ; soit :
Ê + = Ê + É + Ê Õ t -
Õ t -
t t t
1 ( 1 )
r
Si l'on suppose, en outre, que l'investissement de remplacement
est proportionnel au capital existant -soit É t =
aÊ -, il vient :
r
t
Ê t +1 =Ê(Õ t
-Õ t -1)+(1+a)Ê t
(2.3)
Elle peut se mettre sous la forme :
Ê t + - Ê t =
1
|
Ê(Õ t - Õ t - ) + a
Ê
1
|
Ou encore en divisant ses deux membres par Õt:
Ê? -
Ê Õ
t t 1
= Ê Õ - + Ê
a
t+1t
Õ Õ
t t
Ê
Ainsi le taux d'investissement t 1 est égal
à la somme de k fois le taux de croissance
t
Ê + -
Õ t
, et d'un terme constant aÊ, qui est donc
indépendante de cette
du produit,
Õ
Õ - -
t
t
1
Õt
croissance.
Toutefois la prise en compte des anticipations des agents,
ainsi que les délais de mise en oeuvre de nouvelles capacités de
production, ont conduit les macro économistes à proposer une
variante de l'accélérateur où l'évolution du
capital installé dépend de ces facteurs ; c'est le modèle
de l'accélérateur flexible.
Le cas le plus flexible est celui où l'on suppose que
l'investissement30 dépend des variations du revenu
anticipé, de sorte que le principe de l'accélérateur
s'écrit :
É t = Ê Õ +1 - Õ ( 2 .4)
n a
( a )
t t
Où a
Õ t + 1 est le revenu anticipé en t pour
la période t+1
30 L'investissement ici est confondu avec
l'investissement net, pour simplifier la présentation.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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49
|
Le revenu anticipé est supposé suivre les
règles des anticipations adaptatives, de sorte qu'on a :
Õ t + 1 = ë Õ + 1 -
ë Õ , avec Ï? ë ? 1 ( 2 . 5)
a ( ) a
t t
Il s'ensuit, par récurrence, que :
a i
Õ= ë( ) t i
1 - ë Õ -
t
Par conséquent:
Õ - Õ = Õ - Õ + - Õ - Õ
+ - Õ - Õ +
a a ë ë ë
( ( ) ( )( ) ( ) ( )
1 1 . . .)
2
t + + - - -
1 1 1
t t t t t t t
1 2
Et donc en remplaçant dans (1.22)
É = Ê Õ - Õ + Ê - Õ -
Õ + Ê - Õ - Õ +
( ) ( 1 )( ) ( 1 ) ( ) ...
2 ( 2 . 6)
t t t t t t t
ë ë ë ë ë
+ - - -
1 1 1 2
Ainsi l'investissement à l'instant t dépend des
variations passées du revenu, pondérées par les
coefficients d'une progression géométrique de raison
1-ë(donc strictement comprise entre 0 et 1). Par
conséquent, on peut appliquer à la formule (2.6)la transformation
de
Koyck,
aveca=0,b=ëÊ,Õ
t =É t , ×
t =Õ t +1 -Õ t
et 1-ëau lieu de ë ; il vient :
É t =ëÊÕ
t +(1-ë)É t - 1 (2.7)
La formule (2.7) est celle de l'accélérateur
flexible : elle comporte un effet
accélérateur puisque l'investissement en t
dépend du revenu (avec le coefficient « amorti »
ëÊ, strictement inférieur au coefficient de capital
k) mais aussi un « effet inertie », du à la présence
de l'investissement passé É t- 1 . Ce qui est une
conséquence directe du fait que
les anticipations envisagées sont de type «
adaptatifs ».
Cependant, on arrive à un résultat similaire si
l'on suppose que l'investissement demande un délai de réalisation
non négligeable, ou s'il peut être plus ou moins adapté aux
variations observées de la demande, mais à certains coûts.
En effet, dans l'un ou dans l'autre cas, on se trouve dans une situation
formellement équivalente à celle décrite par la
règle des anticipations adaptatives, avec des « ajustements »
plus ou moins coûteux de l'investissement en cours de processus. Le
principe de l'accélérateur est capital dans la mesure où
il accorde à l'effet de levier un enchaînement mécanique
sur l'activité économique, de même que l'effet
multiplicateur.
50
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
I.1.2. Effet multiplicateur mécanique de l'effet de
levier
Le multiplicateur keynésien est un concept
utilisé par Keynes pour montrer comment, dans une économie
où il n y a pas le plein emploi des ressources31, une
variation « autonome », exogène, de la demande peut provoquer
une variation plus importante du revenu national ; le multiplicateur
keynésien donne le rapport entre ces deux variations. La variation de la
demande est considérée comme « autonome » si elle
correspond à un changement dans le comportement des agents
économiques32 ou de la façon d'intervenir de l'Etat,
à travers ses dépenses.
La relation économique sur laquelle se fonde le
multiplicateur keynésien est la fonction de consommation, qui
établit un lien entre les dépenses de consommation courantes des
ménages (dans leur ensemble) et leur revenu courant. Selon Keynes, ces
dépenses sont bien moins soumises aux divers aléas de la vie
économique que celle qui accompagnent les investissements ; les
variations de ceux-ci sont donc en bonne partie à l'origine des
fluctuations économiques. Pour lui, les décisions de consommer et
d'investir sont prises indépendamment les unes des autres, les
premières étant le fait des ménages qui agissent selon des
habitudes bien établies, alors que les secondes sont le fait des
entreprises, dont les choix sont gouvernés par leur prévision sur
la demande future. Le multiplicateur peut donc être
considéré comme la résultante de ces deux types de
décisions, auxquelles on peut ajouter celles de l'Etat. Même si
elle est relativement rudimentaire, la logique du multiplicateur relève
plutôt de l'équilibre général, puisqu'elle fait
jouer un rôle essentiel à la coordination de décisions
prises par des entreprises différentes (ménages et
entreprises).
Les analyses qui font appel au multiplicateur keynésien
adoptent un point de vue de statique comparative, puisqu'elles consistent
à mesurer le lien qui existe entre les variations autonomes de
l'investissement (ou de tout autre dépense) et celles du revenu
d'équilibre de l'économie.
Le multiplicateur keynésien est obtenu en combinant une
fonction de comportement33 et une identité comptable, qui
traduit l'interdépendance des divers secteurs de l'économie.
Autrement dit, il se déduit d'un modèle du type suivant :
C = f(Y) Qui représente la
fonction de consommation. (2.8)
Y = C + A Représente
l'identité comptable.
31 Le plein emploi des ressources en hommes et en
équipements.
32 Par exemple, une modification de l'état
d'esprit des entrepreneurs.
33 Ici la fonction de consommation
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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51
|
L'identité comptable Y = C +
A signifie qu'on distingue dans le revenu national Y, les
dépenses de consommation C, des dépenses « autres » A.
On considère généralement que ces dernières se
décomposent en dépenses d'investissement I, et en dépenses
du gouvernement G, de sorte qu'on a : A=I+G
Dans le modèle (2.8), on suppose que la dépense
A est exogène34 alors que Y et C sont
endogènes35. Le système (1) est la forme structurelle
du modèle, celle qui découle de la théorie, dont on
déduit la forme réduite, où les variables Y et C sont
exprimées en fonction de la seule variable exogène A. pour y
parvenir, on élimine C dans (1) ; il vient :
Y-A=f(Y) (2.9)
L'équation (2.9) définit Y en tant que fonction
implicite de A ; si l'on note Y (A) cette fonction, alors (2.9) s'écrit
:
Y(A)- A =
f(Y(A)) (2.10)
Les deux membres de (2.10) n'ont que A pour variable. Si on les
dérive donc tous deux par rapport à A, il vient :
Õ ' (A)- 1 = f '
(Y(A))× Y ' (A) , et donc si ( ( ) )
1
f ' Õ A ? :
1
Õ = '
' ( )
A- Õ
1 f ( ( A ) )
|
(2.11)
|
Le nombre 1 est par définition, le multiplicateur
keynésien déduit du modèle
1-f ' (Õ(A))
(2.8) puisque à la variation ÄÁ de la
dépense autonome correspond (approximativement) la
1 ÄÁ = ( A)
variation Õ ÄÁ du revenu. Si l'on omet de
préciser l'argument
'
1-f ' (Õ(A))
1
de Y (.), le multiplicateur s'écrit :
1-f ' (Õ)
On constate donc que le multiplicateur keynésien est
d'autant plus grand que la propension marginale à consommer, (
Õ)
f , est proche de 1.
'
Le multiplicateur met en rapport des équivalences de
l'économie, « avant » et « après » variation
de la dépense autonome ; il relève donc clairement de la statique
comparative. Dans le souci de mettre l'effet de levier au centre d'un
débat théorique, nous devons l'analyser en rapport avec le
théorème de Modigliani-Miller.
34 C'est pourquoi on la qualifie souvent d' «
autonome » puisqu'elle est déterminée en dehors du
modèle.
35 Ils sont déterminés par le
modèle notamment par A.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
52
|
II.2. EFFET DE LEVIER ET THEOREME DE
MODIGLIANI-MILLER.
Il nous revient de présenter le principe de levier puis de
faire un rapprochement avec le théorème de Modigliani-Miller.
II.2.1. Le principe de l'effet de levier
L'effet de levier représente le mécanisme par
lequel un recours à de la dette permet d'améliorer la
rentabilité sur fonds propres, lorsque le rendement attendu de
l'activité économique est supérieur au taux
d'intérêt exigé par les prêteurs. Il s'agit d'un
effet mécanique. L'effet de levier ne fait que retracer une
vérité d'expérience évidente.
Au bilan d'une entreprise, le capital (K) a pour contrepartie
les fonds propres apportés par les actionnaires (A) et la dette (D) :
K=A+D. en termes de flux, le rendement des actions (ðA,
oùð est le rendement unitaire d'une action), est
égal au rendement du capital (ñK, où
ñ
est le taux de rendement du capital) moins la
rémunération des prêteurs (rD, où r est le
taux d'intérêt) : ñK = rD
+ðA. Si le taux d'intérêt est fixé
contractuellement, donc connu avec
certitude, il n'en est pas de même du taux de rendement
du capital et, en conséquence, du taux de rendement des actions, qui
sont incertains. ñ et ð sont donc des variables
aléatoires, dont il
faut calculer l'espérance et la variance.
L'espérance du taux de rendement des actions peut
s'écrire : [ ] [ ] ( [ ] ) D A
E ð = E ñ + E ñ -
r .
C'est la formule de l'effet de levier, qui montre que la
déformation du bilan de l'endettement (augmentation de A
D ) permet d'accroître la rentabilité
moyenne des fonds propres (E[ð]), même si le
rendement moyen des capitaux investis (E[ñ]) ne change
pas (tant qu'il reste supérieure au taux d'intérêt r).
L'endettement permet donc d'améliorer le rendement
moyen servi aux actionnaires, tant que la rentabilité économique
des projets d'investissement dépasse le taux d'intérêt du
marché. En contrepartie, l'endettement accroît également la
variance du rendement servi aux actionnaires : le risque de l'entreprise est
supporté par un nombre d'actions relativement plus faible. La variance
de la rentabilité des fonds propres s'écrit en
effet : [ ð ] Var [ ñ]
D
Var = 1 +
A
2
. Pour un risque donné des projets d'investissement, la
variance du taux de rendement des actions s'accroît plus
que proportionnellement à
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
53
|
l'endettement. On est alors tenté d'en conclure qu'il
existe une structure financière
*
optimale
|
D A
|
, qui résume l'arbitrage entre le rendement et risque,
en fonction des
|
préférences des actionnaires. Si cet arbitrage
est valable au plan microéconomique, le théorème de
Modigliani-Miller montre que ce n'est toujours pas le cas sur le plan
macroéconomique.
II.2.2. Le lien entre le théorème de
Modigliani-Miller et l'effet de levier
Le théorème de Modigliani-Miller (1958) est l'un
des jalons importants de la théorie des marchés financiers. Il
stipule que: « sous condition que les marchés fonctionnent
parfaitement,36 la valeur d'une entreprise est indépendante
de la façon dont elle est financée (en dette ou en actions)
». Ce premier théorème de Modigliani-Miller est à
mettre directement en relation avec l'hypothèse de l'effet de levier.
Le raisonnement précédent sur la structure
financière optimale repose sur une hypothèse cruciale : il
suppose que les actionnaires puissent modifier leur détention de dettes
ou d'actions, sans effet sur les prix. Une telle hypothèse est valable
pour un actionnaire particulier, mais pas au niveau de l'ensemble des
actionnaires. Imaginons un monde composé d'une seule firme et d'un seul
actionnaire-prêteur, dans lequel le taux d'intérêt
d'équilibre est r et la rentabilité de l'entreprise
estE[ñ]? r. Partant d'un endettement D et
d'une quantité
d'actions A, la firme adopte une structure financière
différente, avec plus de dettes
(D = D + ÄD)
' et moins d'actions(A = A -
ÄA)
' , sans changer son capital ÄD =
ÄA.
Conformément à l'effet de levier, le rendement
moyen de l'action s'accroît :
( [ ð ] ) [ ñ ] ( [ ñ
] )
E E E r
' = + -
|
D D
+ Ä
A A
- Ä
|
? E[ð], ainsi que le risque associé
à ce rendement :
|
2
[ ð ] [ ñ ] [ ð]
D D
Var + Ä
' 1
= + Var Var
?
A A
+ Ä
|
.
|
Du point de vue du portefeuille de l'actionnaire, cependant,
rien n'aura changé à l'équilibre. En effet,
l'actionnaire-prêteur (unique, dans ce monde imaginaire) doit absorber le
nouvel endettement, et dont détenir plus d'obligations et moins
d'actions. Le rendement de son portefeuille R sera donc inchangé, en
moyenne comme en variance. Pour le montrer,
36 Marchés complets, efficients, absence ou
neutralité des impôts, absence de coûts de transaction en
cas de faillite, etc...
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
54
|
remarquons d'abord que, puisque le capital n'a pas changé,
son rendement doit permettre de rémunérer les actions et les
emprunts dans les deux structures
financières : E [ ] K E [ ] a rD E
[ ' ] A ' rD '
ñ = ð + = ð + . Une
conséquence immédiate de cette
égalité comptable est que le rendement moyen du
portefeuille de l'actionnaire-prêteur n'est pas affecté par le
changement de structure financière :
[ ] [ ] [ ] E [ R]
' = ð ' ' ' ð
E A rD
+ E A rD
+
E R = = . La variance du rendement du portefeuille
est
K K
également inchangée :
Var R A A Var K Var A Var Var R
( ) ( ) [ ] ( ) [ ] [ ] ( ).
' = - Ä ' = = =
2 2 2
ð ñ ðLe risque dépend seulement
des choix d'investissement de la firme et non des choix de
portefeuille de l'actionnaire.
Ce qui est vrai dans ce monde imaginaire à une seule
firme et un seul actionnaire - prêteur l'est également à
l'équilibre général d'un monde à n firmes et m
actionnaires, mais passe par la flexibilité des actifs financiers. Une
entreprise qui veut faire jouer l'effet de levier en s'endettant davantage
provoque des tensions à la hausse sur le taux d'intérêt, ce
qui améliore le rendement des obligations et détériore
celui des actions, jusqu'à ce que le marché soit prêt
à absorber le montant additionnel d'obligations émises. Au nouvel
équilibre, rien n'aura changé en termes de portefeuille : ce que
les actionnaires de l'entreprise gagnent par l'effet de levier interne, ils le
perdent par la montée des taux d'intérêt de marché
:
La flexibilité des prix des actifs financiers neutralise
à l'équilibre l'impact des changements de structures
financières des entreprises.
Plus précisément Franco Modigliani et Merton
Miller montrent qu'il existe un système des prix qui soutient un
équilibre général dans lequel le rendement et le risque de
tous les portefeuilles individuels sont invariants à la structure
financière des firmes. Celle-ci n'a donc aucune influence sur les
variables réelles de l'économie, et en particulier sur
l'investissement. La finance est un sophisme de composition (effet
microéconomique qui n'est plus valable au niveau
macroéconomique).
L'intuition à la base du théorème de
Modigliani-Miller est que chaque actionnaire peut compenser les
décisions financières des entreprises en faisant jouer son propre
levier personnel : s'il trouve qu'une firme s'endette trop, il peut toujours
vendre des actions de cette firme et acheter des actions d'une firme moins
endettée. S'il trouve qu'elle ne lui verse pas suffisamment de
dividendes, il peut toujours se procurer des liquidités en vendant ses
actions. Ce raisonnement contient deux hypothèses cruciales : la
structure financière des firmes est supposée transparente pour
les actionnaires et les marchés financiers sont supposés
parfaits.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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En entreprenant pour leur propre compte les mêmes
opérations financières aux mêmes conditions de prix que les
entreprises, les actionnaires peuvent ainsi renverser la politique
financière des firmes.
La conséquence directe est que lorsque l'on augmente la
dette d'une entreprise sans en changer les perspectives, la valeur de ses
actions doit diminuer d'autant. Ce résultat est important, car il
contrarie l'intuition. On pourrait en effet être tenté de croire
que la valeur unitaire des actions d'une entreprise augmente avec la dette, du
fait de l'effet de levier. En effet, il ne paraîtrait pas anormal en
première approximation de penser que, comme la rentabilité sur
fonds propres peut s'améliorer grâce à l'effet de levier,
les actions valent d'autant plus cher que l'on augmente la dette.
Le théorème de Modigliani-Miller est un
théorème sur la façon dont se fait l'équilibre
global sur les marchés financiers. La théorie financière
nous présente le principe de levier en terme micro-économique,
c'est-à-dire à l'échelle des entreprises. Une vision
élaborée de l'effet de levier est abordée sous l'angle de
la relation entre dette publique et investissement privé selon l'optique
keynésien.
SECTION II. APPROCHE KEYNESIENNE DE LA RELATION DETTE
PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE.
L'approche keynésienne de l'emprunt public est
présentée suivant le point de vue macroéconomique,
allocatif et rédistributif. Les arguments en faveur de l'emprunt sont
clairement d'inspiration keynésienne. Mais ces arguments sont en partie
limités par la politique de relance keynésienne.
II.1. OPTIQUE KEYNESIENNE DE L'EMPRUNT D'UN POINT DE
VUE MACROECONOMIQUE.
Le principal argument de relâchement de la discipline
budgétaire consiste en la stabilisation de l'économie, fonction
attribuée au secteur public par les keynésiens. L'État
doit réduire les fluctuations économiques en agissant de
manière anticyclique et discrétionnaire sur la demande effective.
Pour éliminer un déficit, on peut soit réduire les
dépenses soit augmenter les recettes fiscales ou introduire un frein au
déficit ou à l'endettement37 .
37 Qui revient à mettre en place une mesure
légale ou constitutionnelle reportant le problème sur les deux
points précédents, puisque pour réduire le déficit
il faudra bien ou diminuer les dépenses, ou augmenter les recettes, ou
combiner ces deux mesures).
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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II.1.1. Réduction des dépenses et déficit
public.
La réduction des dépenses publiques peut donner
lieu à deux démarches éventuelles.
a) La réduction des coûts de production des
prestations publiques.
Dans ce premier cas de figure, trois situations sont
envisagées. D'abord, on admet qu'au fil des années, la production
publique développe des « rentes de situation » qui peuvent
être réduites, voire évacuées. Ensuite, on peut
imaginer que par coopération entre Etat, des économies
d'échelle de production seraient possibles (par exemple pour les
productions en réseau : réseau de distribution d'eau potable,
évacuation et épuration des eaux usées). Enfin, on peut
aussi mettre en oeuvre un partenariat « public-privé » ou
déléguer la production à un agent économique
privé afin d'économiser (si le ramassage des ordures
ménagères n'occupe des employés communaux que durant 3
jours et que le véhicule ne sert à rien le reste du temps, il
vaudrait mieux faire un appel d'offre et confier cette tâche en
concurrence à un entrepreneur privé). Peut être dans ce
cas, le secteur public pourrait parfaire son efficacité.
b) L'efficacité dans les fonctions du secteur
public.
Si les coûts les plus bas sont atteints dans le premier
cas, l'économie sur les postes « dépenses » ne peut
alors se faire plus qu'en réexaminant le bien-fondé de chaque
fonction du secteur public pour déterminer si une fonction est encore
nécessaire, peut être biffée, ou quelles sont les
priorités sous contrainte budgétaire.
Un problème particulier doit retenir l'attention de
l'économiste : pour être crédible, les réductions de
dépenses doivent porter sur des dépenses de fonctionnement.
Évacuer des dépenses d'investissement pose problème :
d'abord, c'est une économie ponctuelle (« one shot solution »)
qui ne vaut que pour l'investissement abandonné ; ensuite, c'est une
solution à courte vue dans la mesure où un Etat se doit de
maintenir son capital de production - sauf évidemment à conclure
que la prestation issue d'un investissement n'est plus du ressort public parce
qu'elle passe du domaine collectif au domaine marchand.
Si la réduction des dépenses ne pose pas
beaucoup de problèmes conceptuels (tout en étant très
problématique à entreprendre), la même chose ne vaut pas
pour l'augmentation des recettes.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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II.1.2. Augmentation des recettes publiques et déficit
public.
Du côté des impôts, la question est plus
délicate. En effet, le réflexe « hausse des impôts
» doit s'accompagner d'une étude de faisabilité et des
conséquences de la hausse fiscale. Toute hausse n'est pas neutre dans
l'allocation des ressources : il faut en apprécier les effets sur les
décisions des agents économiques. On a coutume de distinguer deux
effets :
l'effet taux et l'effet base : T = t ×
[B - (D i ...)]× K.
L'effet taux agit sur « t » dans la formule : en
l'augmentant, on cherche à obtenir un accroissement du produit de
l'impôt T. Mais il faut compter avec l'effet base : comment va
réagir l'agent économique ? Va-t-il ajuster son comportement,
avec un effet qui réduit l'assiette fiscale : B diminue ? Ainsi la
question suivante est cruciale: la hausse des taux d'imposition
entraîne-t-elle une augmentation ou une diminution des recettes fiscales?
Ce problème est conceptuellement analysé en examinant la courbe
de Laffer.
La courbe de Laffer permet d'établir la relation qui
existe entre le taux d'imposition et les recettes fiscales. La situation
initiale sur le marché du travail (figure 7), sans impôt, est
une offre LÏ pour un salaire horaire w. Si le taux
d'imposition est nul, le gouvernement ne tire
évidemment aucun revenu fiscal. Après
l'introduction d'un taux d'impôt ta = ab, le
salaire horaire réel baisse à(1 - ta)W .
L'État encaisse un impôt égal au taux d'impôt ×
le temps de
travail, soit ab × bd = abdc.
Ce rendement fiscal est donné au point a dans la figure 8 sur
la courbe de Laffer. Lorsque le taux d'imposition augmente, les recettes
fiscales s'accroissent également, mais seulement jusqu'à
m. Ainsi, avec un taux tm = ae pour un salaire
horaire net de (1- tm)W, le rendement fiscal est tm
× le temps de travail Lm , soit ae
× ef = aefg. Dans
l'exemple, le taux d'imposition est alors de 40%. Si le taux
d'imposition dépasse 40%, les recettes fiscales se mettent à
diminuer, pour être zéro si le taux est de 100%. Ainsi, avec
un tauxtb = ah, le taux de salaire net devient(1-
tb)W, et le rendement fiscal est
de ah × hi = ahij .
Taux de salaire
SL
horaire
a j g c
w
b
(1- ta)w
(1- tm) w
d
e
f
h
(1- tb)w
i
Heures de travail
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
Lb Lm La Lo
Figure 7: Marché du travail
C'est le même rendement fiscal qu'avec un taux
ta : en fait, le taux a considérablement augmenté,
mais l'assiette s'est tellement réduite que le rendement fiscal n'est
pas élevé. Il est le même, dans l'exemple, qu'avec un taux
ta: ahij dans le figure 7 correspond au point b sur la
courbe de Laffer dans le figure 8. Pour un gouvernement, le
taux ta est donc préférable à tb, puisque pour
un même rendement fiscal, la charge qui pèse sur les salaires est
moindre. Le comportement des agents économiques sur le marché du
travail fait qu'il y a inversion à partir du point m avec la baisse du
niveau de l'activité en réponse à l'impôt. En effet,
la base d'imposition diminue à la suite de l'ajustement du comportement
des agents économiques (le taux est trop élevé ? je
travaille moins ? donc il y a moins de revenu ? donc moins d'impôt). Si
un gouvernement veut rétablir l'équilibre du budget par une
hausse du taux, il est avisé de savoir s'il se trouve au point a ou b
dans la figure 8. S'il part du point a, l'augmentation du taux accroîtra
la recette, bien qu'à un rythme de moins en moins soutenu. Par contre,
s'il se trouve au point b, la hausse du taux aura l'effet contraire : elle
incitera les agents économique à quitter le marché (du
travail) imposé.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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Recette fiscale
m
a b
40 100 Taux d'imposition
Figure 8 : la courbe de Laffer
La dernière mesure possible est, comme nous l'avons
dit, l'introduction d'une règle constitutionnelle destinée
à freiner les dépenses, les déficits et l'endettement. A
vrai dire, ce n'est pas une mesure d'économie en soit : elle doit
inévitablement se traduire par des dépenses en moins ou des
recettes en plus. L'idée est simplement qu'en mettant un barrage
institutionnel et en compliquant la procédure de décision, on
oblige le parlement à respecter une certaine discipline
budgétaire.
L'optique keynésienne de l'emprunt public d'un point de
vue macroéconomique se base sur la réduction des fluctuations
économiques. Nous pouvons aussi l'évoquer selon un point de vue
allocatif et rédistributif.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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II.2. ALLOCATION, REDISTRIBUTION DE L'EMPRUNT PUBLIC
ET LIMITE DE L'APROCHE KEYNESIENNE.
Pour une présentation complète de l'approche
keynésienne de la dette publique, nous analyserons l'optique
keynésienne d'un point de vue allocatif et rédistributif. Par la
suite, nous lèverons quelques limites de cette approche.
II.2.1. Optique keynésienne de l'emprunt d'un point de
vue allocatif et rédistributif
L'emprunt équivaut à l'impôt, donc le
problème de l'endettement ne se pose pas et le principe
d'équilibre budgétaire perd sa justification théorique.
Ricardo fut le principal inspirateur de l'hypothèse de
l'équivalence entre l'impôt et l'emprunt, bien qu'il finisse par
la rejeter, la jugeant invraisemblable non seulement en raison de l'illusion
fiscale, mais aussi parce que l'équivalence repose sur huit
hypothèses très restrictives, rarement sinon jamais
réalisées en pratique.
L'hypothèse de l'équivalence fut reprise par
Barro en 1974. Selon cet auteur, l'impôt est seulement
différé en cas d'emprunt ; ce dernier devra en effet être
payé par des impôts futurs. Comme le contribuable est
considéré être rationnel, il anticipe correctement les
engagements futurs auxquels il devra faire face. Ainsi, l'emprunt est neutre du
point de vue des comportements, il est donc équivalent à
l'impôt. Cependant, beaucoup d'auteurs ont rejeté ce
théorème d'équivalence, le considérant comme
irréaliste car dépendant d'hypothèses
héroïques, comme la parfaite rationalité des individus et
l'absence de mobilité (Novaresi, 2001 : 31 et 32).
D'après l'optique rédistributif, le recours
à l'emprunt n'influence pas le bien-être des
générations futures. Un des grands apports de la théorie
keynésienne est le raisonnement en termes de variables
macroéconomiques, qui s'oppose au raisonnement classique individualiste
en termes microéconomiques. Si l'on raisonne avec des variables
macroéconomiques, on n'évalue plus les effets d'un emprunt sur
l'utilité des individus mais par rapport aux impacts globaux sur
l'économie. Dans ce cas, on mesure le fardeau de l'emprunt en terme de
ressources réelles qui ont dû lui être consacrées. Le
coût de l'emprunt ne représente pas un coût monétaire
si l'on considère la génération future prise dans son
ensemble, il ne s'agirait en fait que d'un transfert entre ceux qui ont
prêté afin que la dépense publique ait pu s'effectuer par
emprunt, et les contribuables qui doivent le leur rembourser, moyennant les
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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intérêts. Selon cet argument, il n'y aurait donc pas
de report du fardeau de l'emprunt sur la génération future
(Novaresi, 2001 : 36 à 38).
Le raisonnement individualiste (microéconomique) en
termes de sacrifice est employé par Buchanan dans l'argument selon
lequel l'emprunt est un fardeau pour les générations futures, en
faveur de la discipline budgétaire. Ainsi, l'argument «pour»
ou «contre»la discipline budgétaire varie selon que l'on
raisonne sur le plan microéconomique ou macroéconomique.
Toutefois l'approche keynésienne de la relation entre
dette et investissement se heurte à quelques difficultés.
II.2.2.Les bémols dans l'analyse de l'effet de
levier : La politique de relance keynésienne
La dette comme instrument de rééquilibrage
économique se heurte à plusieurs problèmes de mise en
oeuvre.
Il n'y a pas à proprement parler d'arguments de type
macroéconomique qui sont en faveur de la discipline budgétaire.
Ce sont plutôt les faiblesses des arguments keynésiens
prônant le relâchement budgétaire à des fins de
relance qui plaident pour la discipline budgétaire. L'idée
keynésienne d'utiliser la politique budgétaire et en particulier
la dette comme instrument de rééquilibrage économique se
heurte en effet à plusieurs problèmes de mise en oeuvre qui en
réduisent l'efficacité (Novaresi, 2001 : 26 à 30) :
· Des problèmes techniques de mise en oeuvre des
politiques budgétaires : non seulement la prévision des cycles
est très difficile (décalage entre l'horizon temporel des
prévisions conjoncturelles, mensuel, et celui du processus
budgétaire, annuel), mais en plus les délais d'engagement de la
politique budgétaire sont longs, l'intervention risque donc de
déclencher ses effets à contretemps.
· Des problèmes d'asymétrie dans la mise
en oeuvre des politiques budgétaires : en période de faible
conjoncture, tout le monde est d'accord pour créer des déficits
budgétaires ou diminuer les impôts, mais en période de
bonne conjoncture, les politiciens ne seront guère enclin à
créer des surplus en augmentant les impôts ou en diminuant les
dépenses.
· Des problèmes d'application des politiques de
stabilisation à des échelons décentralisés : ces
derniers étant en situation de petite économie ouverte, une
politique de relance pourrait conduire à des effets de
débordements considérables.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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Outre ces problèmes de mise en oeuvre, la politique de
stabilisation keynésienne est vivement contestée par Buchanan et
Wagner (1978 : 79 à 97) en raison de son manque total de
réalisme. En effet, selon ces auteurs, la politique budgétaire
dérivée des préceptes keynésiens n'est pas
applicable dans un système démocratique. Keynes suppose que les
politiques publiques et économiques sont menées par un petit
groupe d'hommes sages et éclairés, qui agiraient selon
l'intérêt public sans subir de pressions quelconques. Or, ceci est
impensable dans une démocratie représentative, où les
politiciens sont des élus qui répondent aux désirs des
votants.
Dans la réalité, il est très difficile
de créer des surplus budgétaires à des fins
conjoncturelles, car ces derniers sont très mal acceptés par la
population et une partie de la classe politique. En effet, lors de surplus, le
citoyen est perdant : il paie plus d'impôts qu'auparavant, sans pour
autant recevoir davantage de biens publics (ou il supporte des coupes dans les
dépenses publiques sans bénéficier de réduction
d'impôt). Donc pour qu'un citoyen accepte un surplus, il faudrait qu'il
comprenne et qu'il évalue les bénéfices indirects
(c'est-à-dire les avantages de ne pas avoir de déficits) qu'il en
retirerait, ce qui est difficilement envisageable. Le système
institutionnel crée ainsi un biais en défaveur de la
création de surplus, qui n'ont dès lors que peu de chances de se
réaliser. C'est pourquoi on qualifie la politique keynésienne
anticyclique de «politiquement« asymétrique.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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CONCLUSION
Notre objectif dans ce chapitre était de
présenter de manière théorique le principe de l'effet de
levier. A cet effet, deux approches ont été
élaborées à savoir une approche microéconomique et
une approche macroéconomique. La première approche était
centrée sur la théorie financière avec pour toile de fond
le théorème de Modigliani-Miller. La seconde quant à elle
a fait l'apanage de la théorie keynésienne de la dette publique.
Ainsi, Keynes et ses disciples pensent que la dette publique exerce un effet
vertueux sur l'activité économique de part son effet de levier
sur l'investissement privé. Les arguments en faveur de l'emprunt sont
clairement d'inspiration keynésienne. L'emprunt est un instrument au
service de l'Etat ; il permet la réduction des impôts ; il
équivaut à l'impôt, donc le problème de
l'endettement ne se pose pas ; Le principe d'équilibre budgétaire
perd donc sa justification théorique.
S'agissant de l'optique financière, il vient que la
rentabilité économique est au centre des analyses du principe de
l'effet de levier. L'effet de levier se manifeste d'une part par effet
multiplicateur et effet accélérateur, d'autre part par la liaison
entre investissement privé et investissement public. De ce fait, l'effet
de levier de l'endettement est la différence entre la rentabilité
des capitaux propres et la rentabilité économique. Il
résulte de la différence entre la rentabilité
économique et le coût de la dette et dépend de la
proportion de la dette par rapport aux capitaux propres. L'effet de levier peut
donc jouer dans les deux sens : s'il peut accroître la rentabilité
des capitaux propres par rapport à la rentabilité
économique, il peut aussi la minorer quand la rentabilité
économique devient inférieure au coût de l'endettement. Il
permet de connaître l'origine d'une bonne rentabilité des capitaux
propres. Dans la durée, seule une bonne rentabilité
économique est le gage d'un niveau de rentabilité des capitaux
propres satisfaisant. L'effet de levier ne crée pas de valeur. S'il peut
augmenter la rentabilité des capitaux propres, il augmente leur risque
en proportion de l'excédent de profit obtenu.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE
La théorie économique met en exergue
l'existence d'un débat sur le lien entre dette publique et
investissement privé. Effet d'éviction versus Effet de levier
occupant une place centrale autour de ce débat. L'investissement
étant considéré comme la courroie de transmission entre la
dette publique et la croissance économique. L'école classique et
des choix publics, soutiennent l'éviction de l'investissement
privé par la dette publique, elles prônent donc la discipline
budgétaire. Mais elles relativisent cette vision en faisant la
distinction entre dépenses de consommation ou de fonctionnement et
dépenses d'investissement. Ainsi, si l'emprunt sert à financer
les dépenses publiques d'investissement, il peut être
bénéfique pour l'économie. De ce fait, l'analyse
traditionnelle de la dette publique nous montre qu'à court terme, toute
modification de la politique budgétaire entraîne une augmentation
des revenus et du taux d'intérêt. A long terme, elle provoque une
réduction de l'épargne, une hausse des taux
d'intérêt et tend à évincer l'investissement
privé. Mais l'approche ricadienne réfute ces conclusions, en
montrant que la réduction fiscale n'a aucun des effets que les analyses
inspirées par les interprétations traditionnelles
prévoient.
Toutefois, l'enchaînement vertueux de l'emprunt public
est pleinement soutenu par l'approche keynésienne et la théorie
financière. Cette théorie financière donne une
présentation microéconomique de l'effet de levier. Le
théorème de Modigliani-Miller, l'un des jalons importants de la
théorie des marchés financiers, soutien l'effet de levier.
L'effet de levier matérialise donc la portée de l'emprunt public
soutenue par l'approche keynésienne. Keynes est partisan du
relâchement de la discipline budgétaire. Pour lui, la dette
publique est vertueuse en ce sens qu'elle est au service de l'Etat pour la
stabilisation de l'économie du fait de son effet de levier sur
l'investissement privé. Mais les arguments en faveur de la discipline
budgétaire sont plus importants que ceux contre. Il sera donc
intéressant pour nous d'évaluer empiriquement la nature de ce
lien, enfin d'éclairer le débat dans le cas de l'économie
camerounaise.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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DEUXIEME PARTIE
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE : UNE ANALYSE
EMPIRIQUE DES EFFETS D'EVICTION ET DE LEVIER APPLIQUEE AU CAMEROUN.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE
Le comportement de l'investissement constitue le principal
facteur de croissance économique par son effet
accélérateur et multiplicateur. Mais les études empiriques
montrent que l'investissement dans les pays en développement ne peut se
développer en présence d'une large dette et d'un fardeau de son
service (Elbadawi et al, 1996 ; Cohen, 1993 ; Iyoha, 2000 ; Fosu, 1996 ;
Geiger, 1990 ;Mbanga, 1996 ; etc.). Les travaux empiriques sur ce thème
se sont multipliés, pour Rockerbie (1994) dans le cas de l'Amerique
latine , l'impact de l'endettement sur l'investissement privé est
généralement positif avant 1981 (sauf au Mexique), mais qu'il se
réduit fortement après la crise de 1982, sans devenir
systématiquement négatif. Aussi les travaux de Marc Raffinot et
de Burak Gürbüz (2001) en Turquie donnent deux effets distincts : la
dette externe a un effet positif sur les investissements privés, tandis
que la dette interne exerce un effet d'éviction.
En ce qui concerne le Cameroun, les travaux de Touna Mama et
kamgnia Dia en 2002 montrent que la dette extérieure est
déterminée comme un réducteur d'effets du crédit au
secteur privé ; les dépenses publiques pour investissement,
plutôt que le déficit budgétaire, affectent
significativement et négativement l'investissement privé et tout
choc sur l'investissement observé au cours d'une année
donnée est entièrement résorbé en une année.
G. Mbanga Ndoh (2004) montre que le service de la dette extérieure
exerce un effet d'éviction sur l'investissement privé. Mais
l'hypothèse de debt-overhang n'est pas vérifiée.
Toutefois, ces travaux souffrent d'une insuffisance qui est la non prise en
compte de la dette interne. Pourtant, sous l'égide de l'atteinte du
point d'achèvement, la part de la dette interne sur la dette globale
peut considérablement s'améliorer au point de devenir
inquiétant. Il importe de prendre en compte la dette interne dans
l'analyse de l'effet de la dette publique sur l'investissement privé.
Notre réflexion dans cette partie portera sur la
nature empirique du lien entre dette publique et investissement privé au
Cameroun. Le diagnostic de l'endettement sera la première étape
de notre démarche. Nous présenterons ensuite l'évolution
de l'investissement camerounaise et les différents régimes de
croissance prévalant depuis les indépendances. Au regard de la
revue théorique et des caractéristiques de la dette publique,
nous entreprendrons une analyse empirique par l'application
économétrique au cas du Cameroun. L'étude sera
bouclée par l'interprétation des résultats et des
recommandations en termes d'actions et de stratégies concourant à
renforcer les politiques de développement de notre pays.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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CHAPITRE III
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN
: EVOLUTION ET CARACTERISTIQUES
Le Cameroun a connu un développement économique
assez fort, comparativement aux autres pays d'Afrique en paix, jusqu'au
début de la deuxième décennie des années quatre-
vingt. En effet, après la flambée des prix des produits de base
du milieu des années 70, le Cameroun connaît des remous et des
déséquilibres économiques causés par la
dégradation constante des termes de l'échange, les hausses des
taux d'intérêt, qui ont aggravé ses problèmes
d'endettement. En plus, l'adoption des politiques intérieures
inappropriées affaiblissait considérablement sa capacité
de résistance aux chocs de nature exogène. Des lors, il est
apparu nécessaire de mener des actions parallèles à
l'application des PAS et susceptibles de répondre aux besoins sociaux
des populations des PED, sans pour autant que la contrainte de l'ajustement
soit relâchée.
La première concrétisation de l'approche de
réduction de la pauvreté dans l'élaboration des politiques
économiques s'est faite à travers le projet DSA lancé en
1987, à l'initiative conjointe du PNUD, de la Banque Mondiale et de la
BAD. L'objectif principal de ce projet était d'aider les gouvernements
des PED en général et des pays africains en particulier, à
intégrer les dimensions sociales dans leurs PAS et leurs plans de
développement. Malheureusement, le projet DSA n'a pas atteint les
objectifs escomptés, en dépit de l'importance des fonds qui
avaient été mobilisés au niveau de la communauté
internationale pour son financement38.
Dans la foulée du projet DSA et parallèlement
à l'APD, d'autres instruments de coopération internationale
visant à contenir la recrudescence de la pauvreté ont
été expérimentés. Parmi ceux-ci, on peut citer le
PSA inauguré en 1987, l'Initiative 20% /20% en 1995, celle du
Secrétaire Général des Nations Unies pour l'Afrique de
1996 et l'Initiative PPTE dont la version renforcée a été
adoptée en 1999. L'Initiative PPTE inaugure une nouvelle conception de
l'aide qui lie l'allègement de la dette et les prêts
concessionnels à la réduction de la pauvreté.
38 Au Ghana par exemple, le projet DSA avait un
coût estimé à 5,7 millions de $ ; au Tchad, le Programme
d'Action pour le Développement Social était évalué
à 27 millions de $ alors que le projet DSA pour le Cameroun devait
bénéficier des financements représentant environ 80
millions de $.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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En octobre 2000, le Cameroun a atteint le point de
décision de l'initiative PPTE, ce qui lui a permis de
bénéficier de ressources intérimaires
évaluées à 213 milliards de F.CFA avec la promesse d'un
traitement plus prononcé sur le stock de sa dette dès l'atteinte
du point d'achèvement. Mais, l'assiette globale de
rééchelonnement attendue portait sur 975 milliards de F.CFA
à laquelle il faudra ajouter le rachat de sa dette commerciale avec une
décote de l'ordre de 85%. En d'autres termes, dans la foulée de
l'initiative PPTE, la dette commerciale du Cameroun devait passer de 600
milliards à 30 milliards de F.CFA. Cependant, le Cameroun n'a pas
atteint le point d'achèvement dans les délais prévus, du
fait du non respect des engagements pris au point de
décision39, compromettant de ce fait la réalisation
des promesses d'allègements manifestées par les différents
types de créanciers. Pour cette raison, le point d'achèvement
initialement prévu en mai 2003, sera reporté à plusieurs
reprises : décembre 2003, juin 2004, décembre 2004...
Le Cameroun sera par la suite placé sous un programme
spécial ou intérimaire de six mois (1er janvier au 30
juin 2005). Le bilan quelque peu satisfaisant de ce programme va lui permettre
après maintes négociations avec les hautes instances du FMI, de
signer en octobre 2005 un programme de référence dans le cadre
d'une FRPC. Ce programme triennal allant du 1er juillet 2005 au 30 juin 2008,
lui a ouvert les portes du point d'achèvement le 28 avril 2006,
après la tenue des Conseils d'Administration du FMI et de la Banque
Mondiale. Il bénéficie alors d'un allègement du Stock de
sa dette extérieure à la hauteur de 1400 milliards de F.CFA
environ.
L'après point d'achèvement rime avec des
initiatives bilatérales et multilatérales de
désendettement envers le Cameroun. A titre d'illustration, fin mai 2006,
la France signe avec le Cameroun un D prévoyant une aide de 340
milliards de francs CFA (523 millions d'euros) sur cinq ans au Cameroun.
Notre chapitre examine l'évolution globale de la dette
publique et de l'investissement au Cameroun. Sa première section est
partitionnée par l'examen de la dette intérieure, compte tenu de
son poids dans la dette globale du pays, ainsi que de la dette externe. La
deuxième section traite de l'investissement au Cameroun.
39 Dérapage budgétaire, sous
utilisation des ressources PPTE, non réalisation des reformes
structurelles.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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69
|
|
Section I : EVOLUTION GLOBALE DE LA DETTE PUBLIQUE AU
CAMEROUN
La dette publique est composée de la dette interne et
de la dette externe. Ainsi, Il sied de présenter d'une part
l'évolution de la dette intérieure, puis en second lieu celle de
la dette extérieure.
I.1. EVALUATION DES COMPOSANTES DE LA DETTE
INTERIEURE CAMEROUNAISE
La dette intérieure d'un pays représente la
créance en monnaie locale ou nationale des résidents sur l'Etat.
Cependant, il arrive souvent que les autorités régionales et les
collectivités locales, les entreprises publiques, contractent des
dettes, qui ajoutées à celle du gouvernement, constituent la
dette publique intérieure du pays. L'analyse de l'évolution de la
dette intérieure passe aussi par la prise en compte de son service et
des ratios d'endettement. I.1.1. La dette intérieure dans le
contexte socio-économique camerounais
La dette publique intérieure du Cameroun est
composée de la dette structurée et de la dette non
structurée40. La dette structurée est celle ayant fait
l'objet des conventions entre les créanciers et l'Etat. La dette non
structurée quant à elle est constituée principalement des
arriérés constatés à une date donnée au
niveau du Ministère des Finances.
Depuis 1970 jusqu'à 2004, la dette interne n'a
cessé d'augmenter (figure 9), mais avant la récession de 1986,
son montant était très faible et son évolution quasi
constante.
Figure 9 : Dette publique au Cameroun
4000000
7000000
6000000
5000000
3000000
2000000
1000000
0
EVOLUTION DE LA DETTE PUBLIQUE AU CAMEROUN
ANNEES
Dette publique totale Dette externe
Dette interne
Source : Construit par l'auteur à partir de la WDI (2005)
et des données de la CAA (2007)
Durant la période de mauvaise conjoncture
économique, le gouvernement camerounais a accumulé d'importants
arriérés envers le secteur privé, les salariés de
l'Etat, les banques
40 Confère annexe 2 pour une description de
ces différentes formes de dettes internes.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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70
|
|
commerciales, la BEAC. L'encours élevé de cette
dette a eu des effets néfastes sur la situation financière des
entreprises et a compromis les investissements. Ainsi, les actions de
restructuration mises en oeuvre, ont permis la titrisation d'une grande partie
de la dette envers les banques, les compagnies d'assurances, les BTP, ainsi que
la dette envers les entreprises publiques.
Le stock de la dette et son encours suivent une
évolution identique entre la période de 1981/82 à 1987/88
(figure10). Mais par la suite, l'encours de la dette interne devient nettement
inférieur à son stock jusqu'avant la dévaluation du F.CFA.
La dévaluation permet de faire évoluer l'encours et le stock de
manière similaire jusqu'à l'exercice 2002/2003, après
laquelle l'encours devient encore inférieur au stock jusqu'à
2005/2006. Cette différence de montant entre le stock de la dette
interne et son encours, s'explique par l'accumulation des
arriérés tant du principal que des intérêts.
Figure 10 : Stock et encours de la dette publique interne
1600000
1400000
1200000
1000000
600000
400000
200000
800000
0
EVOLUTION DU STOCK ET DE L'ENCOURS DE LA DETTE
INTERNE
ANNEES
Stock de la dette interne Encours de la dette interne
Source : Construit par l'auteur à partir de la WDI (2005)
et des données de la CAA (2007)
Sur la période de 198 1/82 à 1985/86, la dette
interne (arriérées compris) a progressé de manière
constante, atteignant en 1985/86, une valeur de 203.624 millions de F.CFA.
Aussi, le poids de la dette interne (mesuré par le ratio encours de la
dette interne/PIB), a connu une croissance régulière, passant de
1 à 9% du PIB (figure 11). Cette évolution a
considérablement augmenté à partir de l'exercice
budgétaire 1986 /1987, son stock est passé à 387.342
millions de F.CFA en 1990/91. Le ratio de la dette interne sur le PIB est lui
passé à 12%. Durant cette période de crise
économique profonde, la faiblesse des ressources propres de l'Etat l'a
conduit à emprunter massivement auprès des sociétés
d'Etat, des banques commerciales et des compagnies d'assurances et de
réassurances pour assurer l'investissement public.
THIERRY KAME / PhD CANDIDATE / UNIVERSITY OF YAOUNDE
II / 237 99 42 92 25 /
thierrykamebilla@yahoo.fr
70
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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|
|
A partir de l'exercice budgétaire 1991/92, le montant
de l'encours de la dette continue de prendre des grandes proportions, passant
de 717.702 millions pour atteindre 1.179.100 millions de F.CFA pendant
l'exercice budgétaire 1993/94. La part de la dette interne dans le PIB a
cru de 39 à 69%. Les turbulences politiques avec le retour au
multipartisme, ont en partie contribuées en partie à
l'augmentation des dépenses de l'Etat aux dépens des recettes, ce
qui a accentuée la dette interne, soutenue par la mauvaise conjoncture
économique.
Figure 11 : la part de la dette interne et de l'investissement
sur le PIB
40%
90%
80%
70%
60%
50%
30%
20%
10%
0%
RATIO INVESTISSEMENT PRIVE ET DETTE INTERNE SUR
PIB
ANNEES
Investissement privé/PIB Encours dette interne/PIB
Source : Construit par l'auteur à partir de la WDI (2005)
et des données de la CAA (2007)
Après la dévaluation, cette dette a connu une
diminution, son encours est passé de 1.419.891 à 890.847 millions
de F.CFA entre la période 1994/95 et 2001/02. A partir de 1996/97, le
ratio subit une baisse en raison de l'amélioration des recettes de
l'Etat l'ayant permis d'éponger en partie certaines catégories de
la dette intérieure. C'est ainsi qu'à la fin de l'exercice
budgétaire 2002/03, l'encours de la dette intérieure ne
représentait plus que 3% du PIB. La dévaluation améliore
les termes de l'échange entre le Cameroun et le reste du monde. Il s'en
suit une augmentation des recettes d'exportations, générant des
ressources à l'Etat pour ses dépenses publiques, réduisant
aussi l'attrait à l'emprunt public.
Mais la diminution de la dette interne s'est surtout
accentuée à partir de la période 2002/03, période
intérimaire entre le point de décision et le point
d'achèvement. Les autorités camerounaises ont, après
l'admission du Cameroun à l'initiative PPTE, mis sur pied d'imposants
dispositifs pour la rigueur dans la gestion des ressources publiques.
En dehors des structures administratives et techniques
traditionnellement chargées de suivre la bonne exécution des
projets et programmes de développement, des actes administratifs ont
été pris par le gouvernement pour assurer la gestion et le suivi
des
THIERRY KAME / PhD CANDIDATE / UNIVERSITY OF YAOUNDE
II / 237 99 42 92 25 /
thierrykamebilla@yahoo.fr
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DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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ressources intérimaires PTTE. La contrainte
extérieure étant partiellement allégé, l'Etat
pouvait donc apurer progressivement sa dette interne. Ainsi, l'encours de la
dette publique est passé de 786.400 millions pendant cette
période pour atteindre 666.000 millions de F.CFA en 2005 /06. Cette
dette interne ne représentait plus que 8% du PIB en 2005/06.
L'examen de l'évolution du ratio encours de la dette
intérieure par rapport à la dette totale montre que, la dette
intérieure a continué d'être un élément
important de la charge d'endettement. En effet, le tableau en annexe 4, montre
que la dette intérieure représente en moyenne 16% de la dette
publique totale au cours de la période sous étude. En 198 1/82,
la dette publique intérieure représentait 2 % de la dette
publique totale; cette proportion s'élevait à 11 % en 1985/86 et
se situait autour de 25 % entre 1993/94 et 1997/98; la fin de l'exercice
2005/06 se caractérisait par un ratio de 2 %.
Ce poids important de la dette intérieure par rapport
à la dette publique s'explique par la prise en compte de nouvelles
composantes de la dette intérieure par le Ministère des Finances
lorsqu'elles sont identifiées de façon précise, dans le
souci d'assurer un meilleur service de la dette interne.
I.1.2. Evolution du service de la dette
intérieure
L'examen de l'évolution du service de la dette
intérieure à travers le tableau 1, montre une évolution
modérée du service effectif de la dette au début de la
décade 1980. IL se fixera ensuite à12.976 millions de F.CFA pour
l'exercice 1986 /87, puis chutera pour devenir très faible en 1989/90 et
1990/91 suite à la mauvaise conjoncture économique en
présence au Cameroun pendant cette période.
En raison du paiement d'une partie de la dette commerciale et
des échéances de la dette titrisée, le service effectif de
la dette intérieure est passé en 1998/99, à 89.000
millions de F.CFA. Il importe de noter que depuis 1997, le Cameroun a entrepris
la mise en oeuvre d'un programme économique appuyé par une FASR
soutenue par le FMI, dans ce cadre, les efforts sont consentis en ce qui
concerne le paiement des échéances de la dette. C'est l'une des
raisons de l'accroissement importante du paiement du service de la dette
à partie de l'exercice 1996/97. Cet accroissement a suivit son cours
après l'atteinte du point de décision de l'Initiative PPTE pour
se fixer à 350.000 millions de F.CFA en 2005/2006. L'atteinte du point
de décision met à la disposition du Cameroun des ressources
intérimaires qui lui permettrons d'apurer sa dette interne.
Cette évolution camoufle des disparités
concernant l'évolution réelle du service de la dette interne par
rapport à son stock. Le ratio service sur stock de la dette interne
révèle la faible capacité du Cameroun à apurer sa
dette interne. De 15% au cours de l'exercice 1981/82,
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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|
le Cameroun n'honore plus que 0,1% du service de sa dette
interne par rapport à son stock en 1987/88. Elle se remettra de sa
léthargie à partir de la période de 1996/97 avec un taux
de 2%, augmentera graduellement pour atteindre 39% en 2005/06.
Tableau 1 : Evolution du service de la dette
interne (en millions de F.CFA)
Années
|
Service effectif de la dette interne
|
Total arriérés
dette interne
|
Ratio service
effectif/stock
de la dette
interne
|
Ratio service
effectif dette
interne /PIB
|
Ratio service
effectif dette
interne /exportation
|
1981/82
|
3 109
|
0
|
15%
|
0,17%
|
1%
|
1982/83
|
8 933
|
0
|
17%
|
0,5%
|
2%
|
1983/84
|
9 069
|
0
|
8%
|
0,4%
|
1%
|
1984/85
|
8 449
|
0
|
8%
|
0,3%
|
1%
|
1985/86
|
12 925
|
0
|
7%
|
0,5%
|
3%
|
1986/87
|
12 976
|
0
|
6%
|
0,6%
|
3%
|
1987/88
|
174
|
0
|
0,1%
|
0 ,0082%
|
0,07%
|
1988/89
|
7
|
80 197
|
0%
|
0 ,00034%
|
0,0012%
|
1989/90
|
0
|
117 169
|
0%
|
0
|
0%
|
1990/91
|
0
|
252 162
|
0%
|
0
|
0%
|
1991/92
|
593
|
398 027
|
0%
|
0,032%
|
0,1%
|
1992/93
|
5549
|
438 167
|
0,4%
|
0 ,31%
|
0,35%
|
1993/94
|
9823
|
0
|
0,8%
|
0,6%
|
0,34%
|
1994/95
|
2911
|
0
|
0,2%
|
0,2%
|
2,3%
|
1995/96
|
2 581
|
0
|
0,1%
|
0,1%
|
1,4%
|
1996/97
|
22 865
|
0
|
2%
|
1,2%
|
1,1%
|
1997/98
|
15 494
|
0
|
1%
|
0,75%
|
0,7%
|
1998/99
|
89000
|
0
|
8%
|
4,13%
|
4 ,1%
|
1999/00
|
86000
|
0
|
8%
|
3,8%
|
3,8%
|
2000/01
|
95000
|
0
|
8%
|
4,04%
|
4,02%
|
2001/02
|
110758
|
239 130
|
10%
|
4,5%
|
4,5%
|
2002/03
|
110550
|
223 984
|
11%
|
4,3%
|
4,3%
|
2003/04
|
79000
|
251 000
|
5%
|
9,37%
|
1%
|
2004/05
|
223450
|
237 116
|
18%
|
2,7%
|
2,7%
|
2005/06
|
350000
|
-
|
39%
|
4,04%
|
4,02%
|
|
Source : CAA (2007)
En ce qui concerne les arriérés internes, il
faut noter que les avances de la Banque centrale au Trésor étant
limitées dans la Zone franc, et le marché monétaire
n'existant que depuis 1994, l'Etat camerounais pour se financer ne pouvait que
s'endetter auprès des banques secondaires ou auprès des agents
économiques. En dépit des efforts consentis par le
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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74
|
|
gouvernement pour assurer le service de la dette, il subsiste
toujours des arriérés tant sur la dette extérieure que sur
la dette intérieure. Ces arriérés internes ont connu une
forte progression, passant de 80.197 millions à 438.167 millions de
F.CFA entre 1988/89 et 1992/93 avec des fortes augmentations pendant cette
période. Pendant l'exercice 2001/02 à 2004/05, ces
arriérés sont passés de 2.393.130 millions à
237.116 millions de F.CFA, témoignant d'une baisse graduelle de
l'apurement de la dette interne.
L'observation du Tableau en annexe 5, montre
que la part des arriérés internes n'est pas négligeable
puisqu'elle se chiffrait à 29,8 % du total des arriérés de
paiement de la dette publique en 1989/90. Les années 1993/94 et 1995/96
montrent une accumulation prononcée des arriérés de
paiement de la dette intérieure se chiffrant respectivement à
64,3 % et 64,1 % du total des arriérés de paiement de la dette
publique.
Le ratio du service de la dette sur le PIB évolue
à des pourcentages très faibles, oscillant autour de 1%. Cette
évolution traduit la part relativement faible du poids du service de la
dette interne sur le PIB. Il en est de même du ratio dette interne sur
exportations. Qui lui aussi évolue faiblement pour atteindre 14 % en
2005/06. Ainsi la part des recettes d'exportations consacrer à assurer
l'apurement de la dette interne est très faible. On peut le justifier
par son rôle moteur dans le service de la dette externe.
I.2. EXAMEN DE L'EVOLUTION GLOBALE DE LA DETTE
EXTERIEURE AU CAMEROUN.
La dette extérieure d'un pays peut être
définie comme le montant à une date donnée des engagements
contractuels en cours et ayant donné lieu à des versements d'un
pays à un autre, comportant obligation de remboursement du principal
avec ou sans paiement d'intérêts, ou alors remboursement
d'intérêt avec ou sans remboursement du principal. Dans cette
sous- section nous présenterons la situation de la dette
extérieure, puis nous analyserons le service de la dette
extérieure.
I.2.1. La situation générale de la
dette extérieure du Cameroun.
Les années post-indépendance riment avec une
progression constante du niveau d'endettement extérieur. Nous notons
ainsi, entre 1971 et 1981, une accélération modérée
de la dette extérieure camerounaise comparativement aux autres pays du
même niveau de développement. Ceci s'explique par la prudence de
la politique économique du Cameroun à faire de l'endettement
extérieur, un élément déterminant du financement de
son développement. Selon la Banque mondiale (1992), entre 1975 et 1986,
le taux de croissance moyen du stock de la dette est d'environ 29% par an, mais
l'impact du fardeau de la dette était
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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75
|
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mitigé par des meilleurs taux de croissance du PIB (8%
par an) et des exportations (15% par an).
Au vu des figures ci-dessous (12 et 13), le stock de la dette
s'accroît de 805.990 à 1.434.210 millions de F.CFA entre 1981/82
à 1985/86. Toutefois, la part de la dette externe sur le PIB varie de
45% à 61% durant cette période, alors que sa part sur les
exportations croit de 168% à 334%. Ainsi de 1981 à 1988, le stock
de la dette équivaut à l'encours de la dette
extérieure.
Dès le milieu des années 80, le Cameroun est
confronté à une crise macroéconomique et financière
persistante avec en point de mire le problème de la dette
extérieure. Le tarissement des sources traditionnelles de financement
obligeait le gouvernement à modifier le cadre de sa politique
économique et à réviser les modalités de son
financement public. Durant la période de 1986/87 à 1998/99, les
indicateurs du fardeau de la dette se détériorent rapidement.
Dans cette période, le stock de la dette croit, passant de 1.490.694
à 5.247.541 millions de F.CFA, alors que la croissance des exportations
s'amenuisait. Par conséquent, les ratios la dette sur les exportations
et de la dette sur le PIB croit de 318% et 56% en 1987, respectivement,
à 459% et 227% en 1997. L'encours total de la dette extérieure
s'est ainsi accru, passant de 5.275.765 à 5.321.685 millions de F.CFA
entre 1995/96 et 1999/00. Cette croissance a été très
significative à partir de 1994 suite à la dévaluation du
franc CFA par rapport au franc français, la quasi-totalité des
prêts étant libellés en devises. L'accroissement de
l'encours de la dette extérieure à partir de 1993 s'explique
également par les effets conjugués des nouveaux engagements de
l'Etat et des retards de paiement envers certains créanciers, notamment
les pays non participants au Club de Paris et ceux du Club de Londres. Figure
12 :L'évolution de la dette publique externe
4000000
6000000
5000000
3000000
2000000
1000000
0
STOCK ET ENCOURS DE LA DETTE EXTERIEURE
ANNEES
Stock de la dette extérieur Encours de la dette
extérieure
Source : Construit par l'auteur à partir de la WDI (2005)
et des données de la CAA (2007)
THIERRY KAME / PhD CANDIDATE / UNIVERSITY OF YAOUNDE
II / 237 99 42 92 25 /
thierrykamebilla@yahoo.fr
75
400%
800%
700%
600%
500%
300%
200%
100%
0%
MONTANTS (Millions de F CFA)
EVOLUTION DES RATIOS D'ENDETTEMENT EXTERIEUR
Ratio encours dette extérieure /PIB
Ratio encours dette extérieure/ exportations Ratio
investissement privé sur PIB
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
Le point de changement de tendance apparaît en 2001
après l'atteinte par le Cameroun du point de décision, l'encours
de la dette chutera pour se situer à 3 529 070 millions de F.CFA en
2004/05. L'atteinte du point d'achèvement de l'Initiative PPTE viendra
confirmer cette baisse graduelle avec un montant de cet encours de 1.014.000
millions de F.CFA pour l'exercice 2005/06.
Figure 13: Evolution des ratios d'endettement
extérieur
Source : Construit par l'auteur à partir de la WDI (2005)
et des données de la CAA (2007)
Les données statistiques de la CAA (2007), permettent
d'observer de façon générale que les indicateurs de la
dette atteignent des seuils intolérables à partir de 1990. Les
ratios d'endettement, bien que régulièrement en baisse depuis le
début du PASR, montre que le poids de la dette reste encore
élevé. Plus précisément, le ratio encours de la
dette extérieure/exportations, qui traduit le montant de recettes
d'exportations nécessaires pour rembourser le stock de la dette. Il
varie de 168% à 505% entre 1981/82 et 1987/88, atteint son maximum de
576% en 1995/96, à la suite de la dévaluation, pour se retrouver
en dessous de 80% en 2005/06.
Le ratio encours de la dette extérieure/PIB, qui
mesure le niveau d'endettement extérieur à l'échelle de
l'activité économique nationale, dépasse le seuil
d'intolérance de 50 % à partir de 1984 et connaît des
niveaux élevés dépassant 200 % pour les années
1994, 1995 et 1996 imputable à la dévaluation du franc CFA par
rapport au franc français. L'ampleur de ce ratio démontre que la
productivité moyenne des investissements financés sur fonds
d'emprunt
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
77
|
|
extérieur est inférieure au taux
d'intérêt des prêts contractés, ce qui est contraire
à l'hypothèse de l'effet de levier, mais conforme à
l'effet de masue.
Ce fardeau continuera d'être un handicap sérieux
aux efforts déployés par le Gouvernement pour promouvoir le
développement économique en général et pour
l'amélioration du bien-être en particulier. Quels que soient les
indicateurs considérés, leur analyse permet de conclure à
une aggravation de la charge d'endettement du Cameroun jusqu'à la
période intérimaire de l'Initiative PPTE, pendant laquelle les
efforts seront déployés afin d'assurer convenablement le service
de la dette externe.
I.2.2. Evolution du service de la dette
extérieure
Pour les quatre premières périodes de
l'étude, le service de la dette effective était égal au
service de la dette prévisionnelle (Tableau en annexe 6). Au cours de
l'exercice 1985/86, lorsque l'économie connaît des
difficultés de croissance, et cause les sérieux problèmes
fiscaux, les problèmes du service de la dette commencent, et
s'accroissent en 1998/99. Le service effectif de la dette est passé de
78.058 à 48.946 millions de franc CFA entre 1985/86 et 1989/90. Ce
service effectif connaîtra une faible hausse, 65.309, en 1990/9 1 puis
chutera à 57.267 millions de franc CFA au cours de l'exercice 1991 /92.
Entre 1991/92 et 1999/00, le paiement massif de la dette a constitué
l'un des principaux facteurs des transferts négatifs du
pays41. D'après le tableau en annexe 7, les transferts nets
passeront de -63 875 à -84 347 millions de F.CFA entre 1994/95 et
1998/99, traduisant l'ambition des autorités à atteindre leur
objectif de paiement du service de la dette.
Ainsi, le service effectif de la dette est passé de
66.208 en 1992/93 à 245.058 millions de franc CFA à 1999/00.
Cette croissance vertigineuse du service de la dette est due, à
l'exécution par le Cameroun, à partir de l'année 1997, de
la FASR, soutenue par le FMI, la Banque mondiale, l'UE et la BAD.
Subséquemment, le service de la dette
extérieure connaît une nette amélioration à partir
de l'exercice 2000/01. Ceci peut s'expliquer tour à tour par
l'éligibilité du Cameroun à l'initiative PPTE en juin 2000
sur la base du critère VAN dette/Exportation=201,5% = 150% qui est le
seuil. L'atteinte du point de décision en octobre 2000, après la
rédaction d'un DSRP intérimaire validé par le Conseil
d'administration du FMI et de la Banque Mondiale. Enfin l'atteinte du point
d'achèvement du 28 avril 2006.
41 On peut signaler, parmi les principaux facteurs de
sortie de capitaux, les sorties des billets, les sorties au titre des
investissements directs.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
78
|
|
A la suite de la réalisation du point de
décision, le Cameroun a formulé une requête pour obtenir
des créanciers du club de paris l'assiette la plus large possible et des
conditions les plus favorables. Le service de la dette avant
rééchelonnement42 pour la période de
consolidation allant de juillet 2000 à décembre 2003 se chiffrait
à 1621 milliards de F.CFA dont 451 milliards pour l'exercice 2001/02 et
467 milliards pour l'exercice 2002/03. Le service du au titre de l'exercice
2003/04 s'élevait à 481 milliards de F.CFA. La
décomposition de cette dette montre qu'elle est constituée de
dettes dues aux organismes multilatéraux, au club de paris43,
aux non participants au Club de Paris, au Club de Londres et aux autres
créanciers.
Tableau 2. : Evolution du service de la dette avant
rééchelonnement (milliard de F.CFA).
Catégories de
dettes
|
Juil/déc
2000
|
Jan/juin
2001
|
200 1/02
|
2002 /03
|
Juil/déc.2003
|
2003/04
|
2004/05
|
2005/06
|
Multilatéraux
|
63
|
58
|
100
|
91
|
44
|
89
|
88
|
90
|
Club de Paris
|
155
|
166
|
319
|
353
|
174
|
368
|
312
|
312
|
Non participants
|
4
|
5
|
9
|
8
|
4
|
10
|
16
|
11
|
Club de
Londres
|
-
|
5
|
5
|
-
|
-
|
-
|
10
|
-
|
Autres catégories
|
8
|
9
|
18
|
15
|
7
|
14
|
-
|
-
|
Total
|
230
|
243
|
451
|
467
|
230
|
481
|
426
|
413
|
|
Source : CAA (2007)
Figure 14 : Service de la dette avant le
rééchelonnement
SERVICE DE LA DETTE AVANT LE
REECHELONNEMENT
Juil/déc 2000 Jan/juin 2001
2001/02
2002 /03 Juil/déc.2003
2003/04
2004/05
2005/06
Source : construit par l'auteur à partir des
données de la CAA (2007)
42 Il s'agit du sixième
rééchelonnement.
43 La dette due au Club de Paris est composée
de la dette pré date butoir, de la dette non précédemment
rééchelonnée, de la dette post date butoir et des cinq
précédents accords de rééchelonnement.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
79
|
|
Figure 15: Répartition du service de la dette selon les
catégories avant rééchelonnement.
REPARTITION DU SERVICE DE LA DETTE SELON LES
CATEGORIES AVANT LE REECHELONNEMENT
400
350
300
250
200
MONTANT (Milliard de FCA)
150
100
50
0
Juil/déc 2000 2001/02 Juil/déc.2003 2004/05
Multilatéraux
Club de Paris Non participants Club de Londres Autres
catégories
ANNEES
Source : construit par l'auteur à partir des
données de la CAA (2007)
Après le rééchelonnement de janvier
2001, le service de la dette du Cameroun due pendant la période de
consolidation a été ramené à 702 milliards de
F.CFA, soit une réduction de l'ordre de 43,3% en valeur relative,
correspondant à près de 13% du PIB.
Tableau 3. : Evolution du service de la dette
après le rééchelonnement (milliard de F.CFA)
Catégories Dettes
|
Juil/déc.
2000
|
Jan/juin
2001
|
2001 /02
|
2002/03
|
Juil/déc.
2003
|
2003/04
|
2004/05
|
2005/06
|
Multilatéraux
|
63
|
58
|
100
|
91
|
44
|
89
|
39
|
33
|
Club de Paris
|
20
|
35
|
66
|
80
|
48
|
257
|
112
|
95
|
Non participants
|
4
|
5
|
9
|
8
|
4
|
10
|
4
|
4
|
Club de
Londres
|
-
|
5
|
5
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Autres catégories
|
8
|
9
|
18
|
15
|
7
|
14
|
7
|
4
|
Total
|
95
|
112
|
198
|
194
|
104
|
370
|
162
|
136
|
|
Source : CAA (2007)
THIERRY KAME / PhD CANDIDATE / UNIVERSITY OF YAOUNDE
II / 237 99 42 92 25 /
thierrykamebilla@yahoo.fr
79
REPARTITION DU SERVICE DE LA DETTE SELON LES
CATEGORIES APRES LE REECHELONNEMENT
300 250 200 MONTANT (Milliard de FCA)
150 100 50 0
|
|
Multilatéraux
Club de Paris Non participants Club de Londres Autres
catégories
Juil/déc. 2000
2001
Jan/juin
2003
Juil/déc.
2001 /02
2002/03
2003/04
2004/05
2005/06
ANNEES
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
Figure 16: Service de la dette après le
Rééchelonnement
SERVICE DE LA DETTE APRES LE REECHELONNEMENT
Juil/déc 2000 Jan/juin 2001
2001/02
2002 /03 Juil/déc.2003
2003/04
2004/05
2005/06
Source : construit par l'auteur à partir des
données de la CAA 2007
Contrairement à la structure de la dette due au club
de Paris avant rééchelonnement, l'analyse de la dette
bilatérale due aux membres de ce club informel prouve que celle-ci est
essentiellement constituée de la dette post date butoir, puisqu'elle
représente en moyenne les trois quarts de cette dette pendant la
période de consolidation. A contrario, cette catégorie de dette
ne représente plus que 28% au cours de l'exercice 2003/04 contre 19%
avant rééchelonnement.
Figure 17 : Répartition du service de la dette selon les
catégories après rééchelonnement
Source : construit par l'auteur à partir des
données de la CAA (2007)
400
600
500
300
200
100
0
1 2 3 4 5 6 7 8
ANNEES
GAIN ISSU DU REECHELONNEMENT DE JANVIER 2001
Sce.dette avant R. Sce.dette après R. Gain du
réechelonnement
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
En définitive, le gain issu du sixième passage
du Cameroun au Club de Paris se chiffre à 918 milliards de F.CFA, soit
environ 18% du PIB, pendant la période de consolidation, reparti comme
suit :
Tableau 4 : Gain (en milliard de F.CFA) de
rééchelonnement issu du club de paris du 24 janvier 2001.
|
Juil/déc.
|
Jan/juin
|
2001 /02
|
2002/03
|
Juil/déc.
|
2003/04
|
2004/05
|
2005/06
|
|
2000
|
2001
|
|
|
2003
|
|
|
|
Gain
|
135
|
131
|
253
|
273
|
126
|
111
|
264
|
277
|
|
Source ; CAA (2007)
Si l'on ajoute le gain au titre de l'exercice 2003/04,
2004/05 et 2005/06 le gain total de rééchelonnement du Club de
Paris 6 s'élèvera alors à 1570 milliards de F.CFA sur six
ans. Il convient de rappeler que le gain de 918 milliards de F.CFA obtenu pour
la période juillet 2000 à décembre 2003 se
décompose en 607 milliards de F.CFA d'annulation nette et 311 milliards
de F.CFA de rééchelonnement.
Figure 18: Gain issu du rééchelonnement de Janvier
2001.
Construit par l'auteur à partir des données de la
CAA (2007)
Comme on le constate, le service de la dette après
allègement dans le cadre de l'initiative PPTE renforcée baisse
considérablement, passant de 451 milliards de F.CFA à 198
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
82
|
|
milliard de F.CA au titre de l'exercice 2001 /02. Ces
ressources additionnelles amorcent une baisse après la période de
consolidation puisque le service de la dette après le
rééchelonnement triple après 2002 /03 d'une part alors que
le même service avant rééchelonnement demeure presque
inchangé qu'au cours des deux derniers exercices. Tout bien
considéré, le service de la dette après aide au titre de
l'initiative PPTE renforcée se situe en moyenne à :
· 10,6% des exportations de biens et services ;
· 2,3% du PIB, et
· 16,5% des recettes de l'Etat.
Tableau 5 : Evolution du service de la dette
payée entre 1998 et 2005 (milliard de dollars US)
|
1998
|
1999
|
200044
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Service de la dette payée
|
401
|
401
|
312
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Service de la dette sur exportation
|
18
|
15
|
11
|
8
|
8
|
9
|
9
|
9
|
Service de la dette sur recettes budgétaires
|
28
|
24
|
18
|
12
|
12
|
13
|
13
|
12
|
|
Source : CAA (2007)
Toutefois les échecs et le report du point
d'achèvement peuvent expliquer les sorties des capitaux de 2003/2004
à 2005 /2006. Nous notons donc un allègement du service de la
dette extérieure après l'atteinte du point de décision,
avec des gains considérable après l'atteinte du point
d'achèvement du 28 avril 2006. Quant aux arriérés au titre
de la dette extérieure, ils ont également augmenté sur la
période passant de 84.147 à 123.088 millions de F.CFA de 1988/89
à 2005/06 avec un pic de 672.510 millions de F.CFA en 1996/97. Ces
arriérés de règlement extérieur sont dus
essentiellement aux bailleurs de fonds bilatéraux, aux créanciers
du Club de Londres et aux autres catégories de créanciers.
Pour apprécier la charge de la dette d'un pays, on
utilise généralement un certain nombre de ratios, dont le ratio
service de la dette/recettes d'exportations. Ce ratio permet de
44 Notons que le montant du service de la dette
pour 2000 est pour l'essentiel le montant de ce service avant
l'allègement PPTE dans la mesure ou le Cameroun n'a atteint le point de
décision qu'en octobre 2000 ; par ailleurs ce n'est qu'en janvier 2001
qu'il est passé auprès du Club de Paris.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
83
|
|
déterminer l'importance des recettes d'exportations
nécessaires pour assurer le remboursement tant du principal que des
intérêts. Le principal intérêt de cet indicateur est
qu'il constitue un indice de rigidité de la balance des paiements d'un
pays en courte période. Plus ce ratio est élevé, plus
l'ajustement est nécessaire pour compenser l'évolution
défavorable. Le seuil de 20 % est considéré comme
fatidique et traduit une situation potentiellement dangereuse. Ainsi, la part
des recettes d'exportations nécessaires pour assurer le service de la
dette externe est relativement élevée entre 1981/82 à
1984/85, ainsi le ratio service de la dette sur exportation passe de 10%
à 11%. Mais à partir de l'exercice 1985/86, il amorce une
croissance partiellement élevée, excédant le seuil
fatidique pour atteindre 26% en 1994/95, à cause de la baisse des
recettes d'exportations. Après la dévaluation, il se situe
à 35% en 1997/98, pour chuter ensuite à 11% en 2000/01.
Etant donné qu'il s'agit simplement d'un ratio de
liquidité, sa valeur à elle seule ne permet pas
d'apprécier le poids de la charge de la dette pour l'emprunteur. Il
devient utile de lui adjoindre d'autres ratios :
- Le ratio service de la dette extérieure/recettes
publiques, qui mesure la capacité du gouvernement à financer le
service de la dette au moyen de ses ressources propres; De ce fait, Le ratio du
service de la dette sur les recettes propres de l'Etat a connu une
évolution similaire à celle du service effectif compte tenu de la
relation existant entre les recettes de l'Etat et le paiement du service de la
dette. Ce ratio, qui traduit le poids du paiement du service de la dette sur
les recettes propres de l'Etat, passent de 15% en 1981/82 à 12% en
1992/93, comme l'illustre le tableau ci-dessus. IL a connu une forte
augmentation entre 1990 et 1999, traduisant ainsi une charge de plus en plus
lourde de la dette extérieure sur le budget de l'Etat. Par la suite, il
baissera pour se situer à 14% en 2000/01.
Dans ces conditions, tout porte à croire que le processus
d'endettement du Cameroun conduit paradoxalement à la réduction
de l'investissement.
Section II. LES PERFORMANCES ECONOMIQUES DE
L'INVESTISSEMENT AU CAMEROUN.
La variation des faits économiques au Cameroun depuis
1960, nous conduit à subdiviser l'évolution de l'économie
camerounaise, en cinq sous périodes. Ces différentes
périodes corroborent avec des régimes de croissances,
identifiés au Cameroun depuis l'indépendance. Nous
présenterons ainsi l'évolution de l'investissement dans le cadre
de ces mutations de croissance.
2500000
2000000
1500000
1000000
500000
0
INVESTISSEMENT AU CAMEROUN
ANNEES
Investissement privé brut Investissement public brut
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
II.1. L'INVESTISSEMENT ET LE PREMIER REGIME DE CROISSANCE
AU CAMEROUN
Le premier régime de croissance correspond à la
période pré-pétrolière (1970-1978), qui se
caractérise par une croissance modérée mais
équilibrée. Durant cette période, le secteur primaire, et
particulièrement l'agriculture était le principal secteur
d'activité de l'économie. Le PIB réel connaît une
croissance régulière et graduelle par rapport aux périodes
précédentes (figure 20). L'investissement suit ce trend graduel
entre 1970 et 1975 (figure 19). Il atteint un pic en 1974 avec un montant de
2.033.715 millions de F.CFA pour l'investissement privé et 277.325
millions de F.CFA pour l'investissement public, soit un taux de croissance de
835% (figure 21). A partir de 1975, il chute et commence à
décroître lentement, mais renoue avec la croissance en 1979 pour
atteindre un montant de 456.200 millions et 55.000 millions de F.CFA pour
l'investissement privé et public, correspondant au taux de croissance de
6% et 28 % respectivement. Le taux de croissance du secteur public
prédomine à cause de la quasi- absence d'un secteur privé
dynamique, L'Etat étant omniprésent.
Figure 19 : La performance de l'investissement au Cameroun
Source : Construit par l'auteur à partir de la WDI (2005)
et des données de la CAA (2007)
Exprimés sous forme de ratios du PIB, ces
investissements présentent certaines fluctuations qui sont
représentées sur la figure 21 ci-dessous. Le ratio de
l'investissement privé fluctue plus largement que celui de
l'investissement public. En moyenne, le ratio
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
85
|
|
d'investissement privé annuel se situe à 43%,
alors que celui de l'investissement public se situe à 6%, avant
l'apparition de la production pétrolière.
II.2. INVESTISSEMENT ET BOOM PÉTROLIER
L'économie camerounaise assiste à une variation
structurelle importante, avec l'avènement du pétrole, comme
source principale des échanges extérieurs. Les investissements
publics, joueront à nouveau leur rôle d'impulsion
économique. Le PIB réel croit rapidement pour atteindre un
montant élevé de 2.352.500 millions de F.CFA en 1986.
L'investissement public croit aussi brusquement durant cette
période, résultant des échanges extérieurs,
notamment la vente du pétrole. Il atteint un maximum de 447.297 millions
de F.CFA en 1987, puis, commence à chuter brutalement. En fin de
période, les investissements d'infrastructure, représentent la
majeure partie de la dépense publique d'investissement. Les
infrastructures routières, bénéficient grandement du boom
dans les investissements publics. L'investissement privé s'accroît
aussi rapidement durant cette période. Cet accroissement, résulte
d'un environnement favorable, créé par l'immense investissement
du secteur public et la disponibilité du crédit. Il atteint son
pic de 659.907 millions de F.CFA, ensuite, commence à
décroître avant la décroissance de l'investissement public.
Mais la baisse n'était pas aussi brusque que celle de l'investissement
public. L'investissement privé et public croissent durant cette sous
période au taux moyen annuel de1 5% et 33% respectivement.
Figure 20 : Evolution du PIB réel
10000000
6000000
4000000
2000000
9000000
8000000
7000000
5000000
3000000
1000000
0
EVOLUTION DU PIB REEL
ANNEES
PIB réel
Source : Construit par l'auteur à partir de la WDI (2005)
et des données de la CAA (2007)
THIERRY KAME / PhD CANDIDATE / UNIVERSITY OF YAOUNDE
II / 237 99 42 92 25 /
thierrykamebilla@yahoo.fr
85
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
86
|
|
En proportion du PIB, l'investissement public montre une
croissance plus régulière, mais avec une légère
décroissance entre 1980 et 1982. Par contre, l'évolution du ratio
de l'investissement privé était plus irrégulière au
cours de cette sous période. Il chute brusquement en 1979, mais renoue
avec la croissance en 1981. Durant cette période, le ratio annuel moyen
de l'investissement sur le PIB, était de 8% et 27%, pour le public et le
privé respectivement. Mais cette phase est aussi transitoire à la
période de récession économique.
II.3. INVESTISSEMENT ET RECESSION
ECONOMIQUE AU CAMEROUN
La période de récession économique est
caractérisée par une chute continuelle des prix de plusieurs
matières premières exportées par le Cameroun,
particulièrement le pétrole brut, café et le cacao etc. La
conséquence immédiate a été la baisse des recettes
d'exportation. Le PIB réel également continue sa tendance
à la baisse jusqu'à la fin de cette sous période. Une vue
superficielle de la figure 19 révèle la faible performance des
deux composantes de l'investissement durant cette période.
L'investissement privé commence à s'effondrer
dès 1986 alors que l'investissement public baisse à partir de
1988, d'un montant de 619.627 et 334.076 millions de FCFA respectivement. En
fait, la performance des investissements respecte la notion de
complémentarité souvent insinuée entre l'investissement
public et privé. Raison pour laquelle, l'investissement privé et
l'investissement public enregistrent respectivement un taux de croissance
négatif de 20% et 36% pour l'année fiscale 1990/91, ensuite, 4%
et 6% pour l'année fiscale1991/92.
Néanmoins, l'évolution presque stable du ratio
investissement sur PIB en 1990 n'est pas trop surprenante, à cause du
retrait du gouvernement de l'investissement productif pour les investissements
en infrastructures. Son rôle devient donc la création d'un
environnement favorable pour l'investissement privé. Les deux ratios
d'investissement représentent de manière égale une
tendance à la baisse, particulièrement le ratio investissement
public sur PIB. La baisse significative de l'investissement,
réalisée durant cette période, était une
conséquence directe de la chute des recettes d'exportation. La situation
des liquidités du gouvernement devient précaire. Des mesures
d'austérité budgétaire, de stabilisation et de
réformes structurelles ont été mises en oeuvre par le
biais des PAS et de réformes économiques avec l'assistance
technique et financière des partenaires au développement.
Malgré l'engagement des politiques économiques nationales et
l'assistance de la communauté financière internationale, le pays
était plongé dans une crise profonde. Face à cette
situation, en 1994, le Cameroun consentira à la dévaluation du
F.CFA.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
87
|
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II.4. INVESTISSEMENT PENDANT LA PERIODE POST-DEVALUATION
La chose la plus remarquable dans cette période est la
dévaluation du F.CFA qui est arrimé au franc Français
depuis 1948. Elle était le résultat de l'échec des
stratégies d'ajustement interne pour relancer la croissance
économique au Cameroun. En effet, la majorité des reformes
d'ajustement structurel adoptées par le gouvernement durant la sous-
période précédente a échoué dans
l'amélioration de la plupart des indicateurs macroéconomiques. La
formation du capital n'a pas répondu à la motivation de la
structure fournie.
La dévaluation était considérée
comme l'ultime tentative pour sortir le pays de la crise, le taux de change
réel étant très surévalué. Après la
perspective de croissance améliorée suite à la
dévaluation de 1994, le prêt des banques internationales aux
petites compagnies orientées vers l'exportation reprend.
Particulièrement pour celles qui sont en relation avec les compagnies
Européennes (souvent subsidiaires), principalement sous forme de
crédit d'exportation. L'investissement privé et l'investissement
public s'accroissent donc de 19% et 30% respectivement, pour l'année
fiscale 1994/95. L'investissement total réagit timidement, mais les
ratios demeurent stables. Le ratio moyen annuel était de 9% et 13% pour
l'investissement public et privé respectivement, inférieur
à 10% et 21% de la sous-période précédente.
Figure 21 : Evolution des ratios investissement sur PIB
EVOLUTION DES RATIOS INVESTISSEMENT SUR PIB
250%
200%
150%
100%
50%
0%
Ratio investissement privé sur PIB (%) Ratio
investissement public sur PIB (%)
ANNEES
Source : Construit par l'auteur à partir de la WDI (2005)
et des données de la CAA (2007)
L'investissement privé et public continuent à
croître mais à un taux modéré. En 2000, ils chutent
de -1% et -36% respectivement. La chute de l'investissement public est plus
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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88
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brutale que celle de l'investissement privé. En
particulier, en réduisant ses investissements dans les infrastructures
économiques et sociales, le gouvernement contraint l'investissement du
secteur privé et la croissance (Amin, 1998). La faible efficacité
des infrastructures physiques camerounaises, incluant
l'électricité, les télécommunications, le transport
aérien, maritime et routier, reste la cause des sérieux
problèmes que rencontre les investissements du secteur privé
camerounais. En plus, le Cameroun doit faire face à la gestion de sa
dette externe, pour cela, il devient nécessaire d'atteindre le point de
décision de l'initiative PPTE.
II.5. INVESTISSEMENT ET POINT DE DECISION DE L'INITIATIVE
PPTE.
L'atteinte du point de décision de l'initiative PPTE
rime avec la reprise de la croissance de l'investissement. L'investissement
privé varie de 988.400 à 2.069.200 millions de F.CFA entre 2001
et 2006, avec une légère baisse de 1.120.400 en 2003.
L'investissement du secteur public croit aussi de 133.400 à 306.700
millions de F.CFA entre 2000 et 2006, avec une chute modérée de
107.800 en 2002. Le Cameroun, avec l'atteinte du point de décision de
l'initiative PPTE, bénéficie de ressources intérimaires
qui lui permettent de s'engager dans des grands travaux en infrastructures. Ces
investissements en infrastructures serviront de levier au secteur privé
pour l'accomplissement de leurs projets d'investissement.
Au Cameroun, la bonne performance des secteurs non
pétroliers a permis de compenser le ralentissement que l'activité
pétrolière a enregistré depuis quelques années. Le
secteur primaire a soutenu la croissance en 2004 grâce à une bonne
orientation de la filière bois ainsi que l'agriculture vivrière
et d'exportation.
Figure 22 : Taux de croissance de l'investissement au
Cameroun
1000%
-200%
400%
800%
600%
200%
0%
1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29 31 33 35
Taux de croissance de l'investissement privé. (%) -
Taux de croissance de l'investissement public. (%) -
ANNEES (1970-2006)
TAUX DE CROISSANCE DE L'INVESTISSEMENT AU
CAMEROUN
Source : Construit par l'auteur à partir de la WDI (2005)
et des données de la CAA (2007)
THIERRY KAME / PhD CANDIDATE / UNIVERSITY OF YAOUNDE
II / 237 99 42 92 25 /
thierrykamebilla@yahoo.fr
88
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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89
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|
En effet, la production du coton atteint un niveau record, et
celle du cacao, quatre mois avant la fin de la campagne, dépassait
largement le niveau atteint au cours de la campagne précédente.
Le taux de croissance réel du PIB n'a cessé de croître en
2004.
La hausse45 des prix à la consommation
s'est limitée à 0,4% en 2004 par rapport à 0,6% en 2003.
Mais nous observons une résurgence modérée de l'inflation,
notamment du fait du relèvement d'un démi-point de la TVA,
l'élargissement de l'assiette fiscale avec l'entrée en vigueur de
la loi de finance 2005 et le renchérissement des produits
pétroliers. Finalement, sur la base de ces évolutions,
l'inflation est remontée en 2005 à 1,5%.
Durant toute cette période, l'investissement
connaît une croissance irrégulière. Le taux de croissance
moyen de l'investissement privé est d'environ 17% alors que celui de
l'investissement public est de 29%, caractérisant la
nécessité pour les autorités publiques à atteindre
le point d'achèvement. Mais ce taux moyen dissimule des
disparités, l'investissement privé croit de 13% à 62%
entre 2001 et 2004, chute de 13% en 2005, puis s'établir à 0,3%
en 2006. L'investissement public décroît de 65 à -19% entre
2001 et 2002, renoue avec la croissance en 2003 pour atteindre un pic de 67%,
diminue ensuite et se situer à 4% en 2006. La part de l'investissement
dans le PIB connaît une diminution au cours de la sous période.
Cette diminution affecte l'investissement privé (42 à 24%) et
dans une moindre mesure l'investissement public (contre 6 à 4%).
45 Les économies de l'Afrique centrale 2006,
Maisonneuve et Larose.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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90
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|
CONCLUSION
Le financement du développement est depuis le
début des années 1960 une préoccupation majeure et
récurrente pour tous les gouvernements africains et les institutions
internationales. Il convient cependant de reconnaître que les sources et
les modalités de financement ont fait l'objet d'un vif débat
entre les économistes et les politiques.
Dans un premier temps, il est apparu sous l'inspiration de
l'analyse keynésienne comme une sorte d'unanimité autour de deux
idées : l'Afrique au lendemain des indépendances ne
possédait, ni secteur privé capable de produire des biens et
services, ni épargne suffisante pour financer son développement.
Cette situation a légitimé l'intervention de l'Etat en
matière de production nationale, et justifié par ailleurs le
recours massif et à moindres coûts aux financements
extérieurs dont regorgeait le système financier international.
Nous pouvons donc comprendre l'évolution croissante du montant
d'endettement public entre 1970-1985 au Cameroun, mais son niveau est
relativement faible et reste par conséquent contrôlable.
L'investissement s'accroît aussi, l'investissement public entre 1960-1987
et l'investissement privé entre 1970-1985. En effet, l'investissement
public et l'investissement privé connaissent une croissance
régulière et graduelle entre 1970 et 1977. Le ratio de
l'investissement privé fluctue plus largement que celui de
l'investissement public. Au début des années 1980,
l'investissement continue son évolution mais à un rythme
accéléré jusqu'au milieu de la décennie. Ainsi,
durant plus de deux décennies, l'investissement privé et
l'investissement public ont connu une évolution croissante mais à
des taux différents, couplée par une croissance
modérée de la dette publique. Cette dernière était
au service de l'investissement en agissant comme catalyseur.
Dans un deuxième temps en revanche, à la suite
du retournement brutal de la conjoncture internationale, émerge petit
à petit l'idée selon laquelle il existe non seulement un secteur
privé dynamique fait d'activités diverses, mais également
une épargne locale susceptible de suppléer le tarissement
progressif des financements extérieurs. Cependant, le constat semble
régulièrement révéler les difficultés
conjoncturelles liées en partie à l'accroissement rapide de la
dette publique. Les indicateurs du fardeau de la dette s'accroissent
rapidement. Les deux composantes de l'investissement connaissent une
évolution décroissante. Dans l'ensemble, l'investissement
privé avait une performance moins bonne que celle de l'investissement
public durant la période de 1982/83-1997/98. Pendant cette
période de crise économique profonde, la faiblesse des ressources
propres de l'Etat l'a conduit à emprunter massivement auprès des
sociétés d'Etat, des banques commerciales et des
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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91
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compagnies d'assurances et de réassurances pour
assurer l'investissement public. Entre 1986- 1997, les composantes de
l'investissement enregistrent des performances médiocres paradoxalement
à l'accroissement rapide de la dette publique. L'augmentation de la
dette publique entraîne donc une éviction de l'investissement
durant cette période. Entre 1997- 2007, nous assistons à une
reprise de l'ascension des investissements au Cameroun. Nonobstant ce fait, la
dette publique poursuit son sentier de croissance, mais sera heurtée
dans sa course, au préalable, par l'atteinte du point de
décision, et actuellement le point d'achèvement de l'initiative
PPTE. Depuis 2005/06, le niveau de la dette publique totale s'est donc
considérablement réduit.
Comme de nombreux pays africains au sud du Sahara, le
Cameroun a connu des difficultés économiques et
financières engendrées par des facteurs tant externes
qu'internes. Les effets des chocs exogènes ont été
amplifiés par la structure de l'économie dont les
rigidités n'ont pas favorisé une adaptation rapide et
appropriée aux chocs exogènes. Mais nous ne pouvons pas affirmer
que le lourd fardeau de la dette a été un facteur propice pour
les investissements ou même néfaste, vu les
irrégularités dans l'évolution de la dette et de
l'investissement. Une évaluation empirique entre ces deux variables,
sera de nature à nous éclairer sur le type d'hypothèse qui
se vérifie pour l'économie Camerounaise.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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CHAPITRE IV
EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER : EVALUATION
EMPIRIQUE AU CAMEROUN
La relation entre dette publique et investissement
privé est indéterminée, théoriquement. Une
évaluation empirique pourra nous permettre pour le cas du Cameroun, de
déceler la nature de cette relation. Elle est soutenue par plusieurs
hypothèses. On peut penser à l'hypothèse de « debt
overhang » ou de surendettement, qui a fait l'apanage de plusieurs travaux
empiriques. L'existence d'un lourd fardeau virtuel de la dette réduit
l'incitation de l`investissement privé car, la plupart des
retombées de l'investissement sont utilisées pour payer et
repayer la dette existante, ainsi il agit comme une taxe sur l'investissement
domestique (Khan et Villanueva, 1991).
Une autre hypothèse inspire notre attention quant
à cette relation, à savoir l'hypothèse de l'effet
d'éviction. L'hypothèse de l'effet d'éviction de la dette
ou «debt crowding-out » et ses effets néfastes sur la
performance économique en Afrique, ont été
démontrés par plusieurs études comme celle de Ajayi (2000)
au Nigeria. Les principaux résultats de ces recherches ont montré
que le paiement du service de la dette a été et restera un
obstacle à la croissance économique à travers son impact
négatif sur l'investissement.
La dernière hypothèse qui nous intéresse
est celle de l'effet de levier. L'analyse du cycle d'Avramovic présume
que les fonds empruntés sont utilisés pour accroître la
capacité productive dans le court et long terme. Cette capacité
productive croissante est présumée supérieure à
l'investissement initial. C'est-à-dire le pays emprunteur doit
accroître ses capacités physiques, qui directement ou
indirectement, se transforment au-delà du temps en production domestique
croissante et améliorent la balance de paiement. Ainsi, la dette et le
paiement de son service constituent un levier pour les investissements
privé et public.
Dans cette perspective, en première analyse, nous
présenterons le modèle économétrique. Dans une
deuxième étape, après avoir analyser et interpréter
les résultats du modèle estimé, nous allons énoncer
des implications pour la politique économique.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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93
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Section I : LE MODELE ECONOMETRIQUE
Notre étude est constituée de deux
hypothèses. Une bonne spécification de ces hypothèses,
passe au préalable par une présentation du modèle et une
justification du choix des différentes variables.
I.1. LIENS EMPIRIQUES ET MODELE «
ACCELERATEUR-COÛT DU CAPITAL » Dans le cadre
méthodologique de notre travail, nous examinons d'une part le lien
empirique du modèle, ensuite le modèle proprement dit.
I.1.1. Liens empiriques du modèle du
déterminant de l'investissement au Cameroun.
Les différentes théories traditionnelles de
l'investissement ont guidé la construction de nombreux modèles de
détermination de l'investissement. Malheureusement, la performance de
tels modèles macro économétriques a été dans
bien des cas assez limitée.
Par exemple, Keynes (1936) fut le premier à attirer
l'attention sur l'existence d'une décision indépendante
d'investissement dans l'économie. Il montra que l'investissement
dépend de l'efficacité marginal du capital, relatif à un
certain taux d'intérêt qui reflète le coût
d'opportunité des fonds investis.
D'après la théorie keynésienne, la fonction
d'investissement peut être spécifiée sous la
forme46 :
a
p a a a
r y p
É = f ' ?
f r , , , ( 1) Avec 0
f ' r ? , 0
pry p
|
a
, 0
f ' ?
r
r
|
a
, 0
f ' ?
y
y
|
, où r, p,
|
|
et y désignent respectivement le taux de
l'intérêt, p le niveau général des prix et y la
demande ; ra, pa puis ya représentant les
grandeurs anticipées relatives aux variables précédentes ;
ces anticipations étant partiellement déterminées par les
événements passés.
On note que cette formulation de la fonction d'investissement
laisse déjà clairement apparaître le caractère
dynamique de la description keynésienne de l'équilibre
économique, puisque l'une des variables essentielles de cet
équilibre, à savoir l'investissement, est fonction des valeurs
des équilibres futurs, mais aussi du passé. L'ensemble de
l'équilibre économique de la période courante se trouve
ainsi relié aux équilibres des périodes futures et
passées.
Toutefois, la littérature récente de
l'investissement a eu à mettre l'accent sur le rôle important de
l'irréversibilité de l'investissement en capital fixe et
l'incertitude de l'environnement macroéconomique dans la décision
d'investissement (Pindyck, 1993 ;
46 Cf Vesperini (1981), pp. 100 - 102.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI, 94
Bertola et Caballero, 1990 ; Aryeetey ,1994 ; et plusieurs
d'autres). Lorsqu'on considère les développements
théoriques récents, la fonction d'investissement peut être
spécifiée sous la
forme47 : É =
g(ÄÕ,r,q,ì) (2)
où AY désigne les anticipations sur les
conditions futures du marché, r représente les contraintes
financières de l'entreprise, q la valeur de l'entreprise, telle que l'on
peut la reconstituer à partir de l'évaluation boursière de
ses actions48 et jt désignant une mesure de
l'incertitude49.
Les équations 1 et 2 ont inspiré un nombre
considérable de travaux empiriques effectués pour les pays
industrialisés. Cependant, en ce qui concerne les PED, les
difficultés rencontrées pour réaliser des tests
économétriques sur la base des modèles théoriques
sont bien connues. En effet, l'une des hypothèses sous-tendues par ces
modèles est, par exemple, l'existence d'un marché financier
fonctionnant efficacement et où les entreprises, tout comme les
investisseurs potentiels disposent d'une bonne information50. Par
ailleurs, pour les travaux économétriques, l'on devrait pouvoir
disposer de données, sur plusieurs périodes, relatives au stock
de capital, à la force de travail, aux salaires, par exemple. De
manière générale, dans les PED, il est courrant de se
heurter au problème de l'indisponibilité de données pour
certaines des variables apparaissant dans les équations ci-dessus.
Toutes ces raisons, qui constituent autant de contraintes majeures, expliquent
que nous commencions, dans notre travail, par présenter le modèle
« accélérateur -coût du capital ».
I.1.2. Le modèle « accélérateur
-coût du capital »
Le modèle « accélérateur -coût
du capital » découle du programme intertemporel de la firme en
quête de maximisation de la valeur.
· La valeur de la firme et le programme
intertemporel :
La valeur de la firme est la somme actualisée des
recettes nettes que son activité procure chaque période. En terme
nominaux, elle s'écrit, si ih est le taux
d'intérêt nominal
(variable d'une période à l'autre) de la
période H et si l'horizon de la firme est infini :
1
t
[ t t t t t t ]
p Y w L x I
- - .
? ( )
1 + i h
h 0
47 Cf Mlambo et Oshikoya (2001).
48 Cf Malinvaud (1981)
49 Sur les effets de l'incertitude,cf Romer (1997),
pp.402-406.
50 La Douala Stock Exchange (Bourse de Valeur)
n'existe au Cameroun que depuis 2003.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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95
|
|
La firme maximise sa valeur V sous les contraintes de fonction
de production : Y t = F(K t , L
t ) et d'évolution du stock de capital : K t +
1 = I t+ (1 - ä)K t ; une condition
initiale
( K0 donné) et une condition de
solvabilité assurant qu'elle honorera toujours ses dettes. Il s'agit
alors de résoudre le programme intertemporel suivant :
Max V
K L tt
|
|
|
8
|
|
1
|
[ ( ) ( ( ) )
p F K L w L x K K
- - - -
1 ä ]
t t t t t t t t
, 1
+
|
|
|
|
|
t
|
|
t
|
=
|
0
|
? ( )
1 + i h
|
|
h = 0
La condition de premier ordre sur la demande de travail est
aisément obtenue, il s'agit de l'égalisation bien connue entre
productivité marginale du travail et taux de salaire réel
à
w t
= ?t ? 0
chaque période : ( )
? 0
V ? ·
F
=
? K t t p
? L t
La condition de premier ordre sur le capital est plus
délicate à obtenir, car celui-ci apparaît dans les recettes
nettes des deux périodes successives :
? V 1 ? ·
F ( ) ( )
ä ? t ? 0
1
= [ ] 0
t t
p + -
x 1 - 1 1
x = t t t
- -
? K ? K
t t
? ( )
1 + i ? ( )
1 + i
h h
h=0 0
h =
Le premier terme de cette expression correspond au rendement net
du capital en période t, et le deuxième terme à son
coût d'achat en période t-1. Une unité
supplémentaire de
capital permet d'accroître la production, en fonction de
sa productivité marginale ( )
? ·
F , ce qui
? Kt
rapporte ( )
? ·
F
p t
en termes de ventes. De plus, il est possible de la revendre
à l'issue de la
?K t
production, au prix xt, mais la valeur de
la revente sera nette de la dépréciation, soit
xt (1 - ä). Cette unité de capital
a été achetée en période précédente
au prix xt-1 . Pour rendre comparable
ce coût d'acquisition en t-1 et le rendement marginal
du capital en t, il faut calculer la valeur actualisée de ces deux
sommes, ce qui explique les facteurs d'intérêts de l'expression
précédente. En simplifiant ces facteurs d'intérêt,
il vient :
? F
|
( ) [ ( ) ( ) ]
· 1 - 1 1 ä
+ - -
i x x
t t t
=
|
c t
=
|
?t ? 0
|
|
|
|
|
Où ct = (1 +i t
)xt - 1 - (1 - ä)xt est le
coût d'usage du capital. Cette définition du coût du
capital
permet de transformer le problème intertemporelle de la
firme en une séquence de maximisations statiques de profits, celui-ci
étant défini comme les recettes nettes du coût du
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
96
|
|
capital. Il est en effet équivalent de maximiser la
valeur actualisée nette de la firme ou de maximiser le profit de chaque
période :
8 [ ( ) ]
p F K L w L x I
t t t t t t t
- -
,
t
? ( )
1 + i h
{ t ( t t ) t t t t }
Max p F K L w L c K
- -
,
Max V =
K L
t t
?
t = 0
?t ? 0
t
K L
t ,
h = 0
Cette équivalence, valeur seulement en l'absence de
contrainte financière et de coût d'installation du capital, donne
le sens de la notion du capital : il s'agit d'imputer convenablement à
chaque période le coût d'achat d'un bien d'investissement qui dure
plusieurs périodes. L'équivalence justifie que l'entreprise
adopte un comportement myope, c'est-à-dire qu'elle ne s'intéresse
qu'à la maximisation de ses profits courants et non celle de sa valeur
intertemporelle.
· Le comportement de l'investissement selon le
modèle « accélérateur -coût du capital ».
Les conceptions de l'investissement concourent à la
spécification de la contrainte de débouchés et la
contrainte financière. Face à une demande insuffisante, les
entreprises ne peuvent écouler toute leur production. En réaction
à leur contrainte sur les débouchés, elles doivent
déterminer leurs facteurs de production. En fait, les entreprises
modulent généralement leur comportement en fonction du niveau
anticipé des débouchés ; de sorte que l'investissement est
directement proportionnel à l'amélioration des perspectives,
augmentant, par conséquent, avec l'accélération de la
demande anticipée. En présence d'une contrainte financière
par contre, les entreprises modulent leur comportement en fonction des profits
qu'elles dégagent. On peut dès lors concevoir les entreprises
comme maximisant leur profit, c'est à dire leur chiffre d'affaires net
des salaires et de la rémunération du capital.
Soit à Maximiser
( )[ t t w t L t q t I
t ]
1
Ñ Õ - -
+ r
où 0
fÊ ' = , 0
fL ' = , 0
fÊ ' = , 0
fÊ " = , et 0
fL " =
1 Avec Ê t = ( 1 - ä ) Ê t
-1 + É t et Õ t = f ( L
t , K t )
OùPt est le prix de vente de la
production ; Õt est la production ;
Lt l'emploi ; It l'investissement ;
r le taux d'intérêt, supposé constant au cours du
temps ; wt le coût du travail ;
qt le prix des biens d'équipement et ä
le taux de dépréciation annuel du capital.
( )
1 + q a
1 - r
1 -
Définissant le coût d'usage du capital par 1
ä
c q
t t
=
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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97
|
|
Où a
q est le prix anticipé des biens
d'investissement. Le coût d'usage du capital est
fonction, entre autres, du taux de l'intérêt r,
sachant qu'un accroissement de ce dernier rend plus onéreux le
financement et augmente donc le coût d'usage du capital.
De la condition de premier ordre d'optimisation l'on tire
l'expression suivante :
' ä
( ) ( )
1 - a
Ñ = -
, 1 - q
t k t t t
f L K q 1
1 - r
Ou encore. (),
ÄÊp ÄÕ q .
t t
t t
= puisque
ÄÕ
t = fK
t
'
ÄÊ
ÄÕ t
t q t
Soit É =ÄÊ t
pt
En introduisant finalement le logarithme, l'on obtient :
|
Log É = á 0 +
á 1 Log ÄÕ + á
2 Log t t
|
q t
|
|
pt
En présence de contrainte sur les
débouchés, l'entreprise ne pouvant écouler qu'une
quantité Y de produit, il en résulte un stock de capital
désiré qui est fonction non seulement du coût relatif des
facteurs de production, mais aussi des débouchés
anticipés.
Bien qu'il y'ait plusieurs modèles qui plaident en
faveur du comportement de l'investissement dans les PED, très peu ont
été développés dans le but de statuer sur les
hypothèses des effets d'éviction et de levier que peut exercer la
dette publique sur l'investissement privé. Afin de vérifier
empiriquement ces hypothèses, nous nous inspirons de la démarche
entreprise par Raffinot et Gûrbûz (2001) en Turquie. En effet, les
auteurs se servent de diverses spécifications de la fonction
d'investissement macroéconomique, auxquelles ils substituent tour
à tour différents déterminants de l'investissement
évoqués par la théorie économique. Mais toutes ces
variables ne sauraient être retenues pour le cas du Cameroun, pour cela
nous nous limitons à employer celles ayant été
utilisées par les auteurs tels que Touna mama et kamgnia Dia (2002), G.
Mbanga Ndoh (2004), avec comme particularité la prise en compte de la
dette publique interne et de l'instabilité macroéconomique.
Le modèle économétrique pour
l'évaluation des effets d'éviction et de levier dans les
décisions d'investissement au Cameroun est dès lors
développé en termes des équations suivantes :
Log ( ) ( ) ( ) ( ) ( )
k ( )
IPR Log TPIBR Log DET Log IGR Log CREDR Log TEE
= Ï + + + + +
á á á á á
á
1 2 3 4 5
+ + + +
á ( ) á ( ) á
å
W
6 7 8
Log CAPABS Log TXINT D
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
98
|
|
Avec (DET)k = DETOT,
DETEXTP , DETINTP et Dw =
D1, D2, D3 ainsi on
aura pour première spécification :
Log ( ) ( ) ( ) ( ) ( )
â â â â â â ( )
IPR Log TPIBR Log DETOT Log IGR Log CREDR Log TEE
= Ï + + + + +
1 2 3 4 5
â ( ) â ( ) â â
â å
+ + + + + +
Log CAPABS Log TXINT D D D
6 7 8 1 9 2 10 3
(1)
La deuxième spécification sera :
Log ( ) ( ) ( ) ( ) ( ) ( )
â â â â â â
IPR Log TPIBR Log DETEXTP Log DETINTP Log IGR Log
CREDR
= Ï + + + + +
1 2 3 4 5
+ + + + + + +
â ( ) â ( ) â ( )
â â â å
6 7 8 9 1 10 2 11 3
Log TEE Log CAPASB Log TXINT D D D
(2)
Ce modèle met en relation le logarithme de
l'investissement privé et celui de ses déterminants. Il s'agit
d'un modèle « accélérateur - coût du capital
». Il est certes critiquable, à cause de l'absence de lien fiable
entre le coût du capital et l'investissement51 . Mais
Blanchard (1986) propose que pour faire ressortir le coût du capital dans
les équations d'investissement, « il faille déployer plus
que l'ingéniosité économétrique habituelle »
et « choisir une spécification qui force l'effet à
être présent ». La variable endogène du modèle
est le logarithme de l'investissement privé réel.
Notre modèle comporte trois variables muettes ; D1=
dummy pour la stabilité macroéconomique ; D1=0 pour les
années de croissance (1970-1985); D1=1 pour les années de
récession (1986-1997) ; D2= dummy pour la dévaluation ; 0 avant
1994 et 1 après ; D3= dummy pour l'atteinte du point de décision
de l'initiative PPTE, 0 avant 2000 et 1 après.
L'hypothèse de surendettement sera
vérifiée si le coefficient de la dette totale est négatif.
Les coefficients de la part de la dette interne et externe sur le PIB, doivent
avoir un signe négatif afin de vérifier l'hypothèse de
l'effet d'éviction ou alors positif en cas d'effet de levier. L'impact
de l`investissement public sur l'investissement privé est
indéterminé. Ceci s'explique par le fait que, lorsque l'Etat
investit dans les infrastructures, l'investissement public est
complémentaire à l'investissement privé. Par contre,
lorsqu'il s'agit des investissements de fonctionnement, l'investissement public
tend à être un frein pour l'investissement privé (Asante,
2000). Son coefficient peut être aussi bien négatif que positif.
La relation entre le taux de croissance du PIB et l'investissement privé
est supposé être positif, ainsi, le coefficient du taux de
croissance du PIB doit être positif. La capacité d'absorption, le
crédit au secteur réel, le taux d'intérêt et le taux
de change du pays sont des facteurs qui affectent positivement le taux de
croissance de l'investissement privé.
51 Pour amples explications lire «
Accélérateur et coût du capital : quelques
éléments empiriques », P. Villieu, La Découverte,
2000.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
99
|
|
Alors nous avons : Log(TPIBR )= Logarithme du taux de
croissance du PIB réel ; Log(DETEXTP)= la part de la dette externe sur
le PIB en logarithme ; Log(DETINTP)= la part de la dette interne sur le PIB en
logarithme ; Log(IGR)= logarithme de l'investissement public réel ; Log
(DETOT)= logarithme de la dette publique totale ; Log(TEE) = logarithme du taux
de change effectif réel ; Log (CAPABS) = logarithme de la
capacité d'absorption ;Log (TXINT ) = logarithme du taux
d'intérêt ; Log (IPR)= logarithme de l'investissement privé
réel; Log(CREDR)= logarithme du crédit au secteur privé en
terme réel å= Terme d'erreur stochastique ;â0 = terme
constant ; âi= coefficients de régression (i= 1 11).
Tableau 6: Signes attendus des coefficients des variables
du modèle
Signe des
coefficients
|
TPIBR
|
DETOT
|
DETEXTP
|
DETINTP
|
IGR
|
CREDR
|
CAPABS
|
TXINT
|
TEE
|
IPR
|
(+)
|
(-)
|
( ?)
|
( ?)
|
( ?)
|
(+)
|
(+)
|
( +)
|
( +)
|
|
Source : construit par l'auteur.
Le modèle ainsi spécifié sera
évalué à l'aide de séries temporelles, lesquelles
ont été collectées de l'INS (2000), du WDI (2005), et de
la CAA (2007). La période d'observation est celle allant de1970 à
2006, bien que les estimations se limitent en 2003 pour cause de données
manquantes de certaines variables déterminantes du modèle.
I. 2. VARIABLES DETERMINANTES DU COMPORTEMENT DE
L'INVESTISSEMENT.
Serven et Solimano (1992) ont procédé à
une revue des différentes théories de l'investissement, insistant
sur les développements récents sur la crédibilité,
l'irréversibilité et l'incertitude. Cependant, dans le cadre de
notre travail, les préoccupations doivent être centrées sur
:
I.2.1. L a structure des investissements publics
De nombreuses études empiriques font la lumière
sur les liens entre l'investissement public et privé. A partir d'une
étude transversale Blejer et Khan (1984) montrent que l'investissement
public d'infrastructure est un complément de l'investissement
privé. Plus récemment, Greene et Villanueva (1991) utilisant des
données de panel relatives à 23 PED, établissent une
complémentarité entre l'investissement d'infrastructure et
l'investissement privé. Toutefois, Balassa (1988) conclut à
partir d'une analyse transversale, que l'investissement public et privé
sont négativement liés, et donc qu'une croissance de
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
100
|
|
l'investissement public entraîne une
décroissance de l'investissement privé. Khan et Reinhart (1990)
en réexaminant le problème de la différence de
productivité entre l'investissement public et privé pour un
échantillon de 24 PED, arrivent à la conclusion selon laquelle la
productivité du capital du secteur public est négative, bien que
non significative, alors que celle de l'investissement privé est
significativement positive. Il apparaît en définitive que l'impact
de l'investissement public sur l'investissement privé est incertain.
D'un coté, l'investissement public peut compléter et soutenir
l'investissement privé, de l'autre, il peut bloquer l'investissement
privé en se substituant à des projets privés. Cet impact
indéfini est aussi relevé à partir de la relation entre
investissement et endettement.
I.2.2. Les hypothèses de la théorie
d'endettement.
L'investissement privé dépend aussi du taux
d'endettement du pays considéré. Le problème qui se pose
cependant est celui de la mesure de la dette pour sa prise en compte dans une
fonction d'investissement. Dessus, Lafay et Morrisson (1997) expriment les
effets de l'endettement sur l'investissement privé en spécifiant
le ratio d'endettement du pays (en monnaie étrangère)
retardée d'une période dans une équation de formation du
capital en Afrique. A suivre Faugère et Voisin (1994), l'endettement
peut être considéré en termes bruts ou nets. Dans le cas de
bon nombre des PED52 , l'activité de créancier
étant réduite, la dette brute doit être égale
à la dette nette. Toutefois, c'est le service de la dette, c'est
à dire, les intérêts payés par l'emprunteur et les
remboursements du capital, qui permet une évaluation correcte des
conséquences de la dette. Au Cameroun par contre, les remboursements
sont restés relativement faibles sur une bonne partie de la
période considérée53. Ainsi, le service de la
dette ne peut pas être la variable appropriée pour décrire
les effets de l'endettement.
Par ailleurs, plusieurs études montrent qu'une lourde
dette extérieure réduit l'incitation à investir à
cause des taxes extérieurs anticipés sur le revenu futur et de
leurs effets sur l'investissement (Krugman,1998 ;Cohen,1988). Les
résultats empiriques de Serven et Solimano (1991) et de Greene et
Villanueva (1991) ont confirmé qu'un ratio de la dette au PIB a un fort
impact négatif sur le taux d'investissement privé dans les
PED.
52 Exclusion faite des nouveaux pays
industrialisés et des pays exportateurs de pétrole
53 Cf chapitre III
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
101
|
|
I.2.3. Le taux de croissance réel
Les travaux de Greene et Villanueva (1991), suggèrent
qu'il existe une relation positive entre l'investissement privé et la
croissance de l'output réel. Sur le plan théorique, cette
relation peut être dérivée du modèle de
l'accélérateur flexible, en faisant l'hypothèse qu'il
existe par rapport à la fonction de production, une relation fixe entre
le stock de capital désiré et le niveau de l'output réel
(Blejer et Khan (1984)). En posant que le volume de la production, ou des
ventes, est la variable exogène qui commande l'évolution du stock
de capital, considéré comme variable endogène, le principe
« d'accélérateur flexible » précise la nature et
le sens de causalité qui unit la production au capital54.
Dans la mesure où l'investissement constitue, au
même titre que la consommation, un élément de la demande,
il importe que nous percevions dans quel sens agit la politique des
crédits sur le comportement de l'investissement.
I.2.4.Variable relevant de la politique monétaire :
la disponibilité du crédit et le taux d'intérêt.
Nous essayerons de mesurer l'effet de la politique de
crédit accordé au secteur privé. L'analyse de l'action du
crédit peut fournir des indications sur l'ampleur du
phénomène de l'éviction du secteur privé des
possibilités de financement.
Plusieurs études empiriques, Blejer et Khan (1984),
Tun Wai et Wong (1982) et M. Fry (1980) mettent en évidence l'influence
directe de la politique de crédit sur l'investissement, en particulier
par l'intermédiaire du taux d'intérêt. Les politiques de
contrôle de crédit conduisent ainsi à une hausse de taux
d'intérêt, qui exerce un effet négatif sur l'investissement
en affectant le coût de financement de l'investissement nouveau. Ce
comportement de l'investissement est mis en évidence par Tybout (1983),
De Melo et Tybout (1986), Greene et Villanueva (1991) et par Hubbard et Glenn
(1998) dans le cas des PED.
En outre, Blejer et Khan (1984) font noter que tout effet du
taux d'intérêt sur l'investissement privé dans les PED,
loin de traduire l'effet d'un rationnement de crédit, exprime un effet
transmis à l'investissement privé par le biais d'une
réponse de l'épargne à une baisse du taux de
l'intérêt.
54 Contrairement à
l'accélérateur flexible.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
102
|
|
I.2.5. L'instabilité macro-économique
L'analyse des structures économiques des PED en
général et des pays Africains en particulier, montre qu'au regard
du contexte social, politique et économique ambiant dans ces pays,
l'environnement de l'investissement y est particulièrement instable et
l'avenir incertain. En effet, en raison de la diversité sectorielle et
structurelle de ces économies, les variables susceptibles d'influencer
la décision d'investissement sont plus volatiles. La reconnaissance du
rôle important joué par l'incertitude dans le processus de prise
de décision est ancienne dans la théorie économique.
Cependant, du fait de la complexité du concept et de la
difficulté à formaliser, cette reconnaissance théorique
contraste avec la rareté des études économétriques
de l'investissement la prenant effectivement en compte. Néanmoins,
certaines analyses macro-économiques ont eu à saisir l'effet de
l'instabilité macro-économique. Pour le cas du Cameroun, une
étude des déterminants de l'investissement prend en compte
l'impact de l'instabilité économique en introduisant une variable
dummy dans le modèle (G. Mbanga, 2004).
La significativité de toutes ces variables
déterminantes de l'investissement privé sera
vérifiée par des estimations à partir du logiciel Eviews
4.1.
Section II. VERIFICATION EMPIRIQUE DE L'EFFET DE
LEVIER ET D'EVICTION AU CAMEROUN
La vérification empirique des hypothèses de notre
travail, passe par l'estimation du modèle, puis l'analyse et
l'interprétation des résultats.
II.1. ESTIMATION DU MODELE DE DETERMINATION DE
L'INVESTISSEMENT
Le comportement de l'investissement privé est
évalué par rapport aux résultats de l'estimation du
modèle de décision d'investissement privé. Au
préalable, les propriétés des séries doivent
être examinées.
II.1.1. Appréciation du comportement de
l'investissement privé
Dans un besoin de garantir des estimations robustes, nous
devons déterminer les propriétés de séries
temporelles de l'investissement et de ses déterminants, en
procédant à des tests de racine unitaire. Plus
spécifiquement, les tests de Dickey- Fuller Augmenté, (ADF) et de
Phillips-Peron.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
103
|
|
a. Les Tests de stationnarité de Dickey- Fuller
Augmenté, (ADF) et de Phillips-Peron
Pour vérifier la stationnarité des
séries, il faut pratiquer des tests de stationnarité ou test de
racine unitaire (Unit RootTest). Le test de Dickey-Fuller simple (1979), puis
le test de Dickey-Fuller augmenté (1981) permettent de mettre en
évidence le caractère stationnaire ou non stationnaire d'une
série temporelle par la détermination d'une tendance55
déterministe56 ou stochastique57.
Ainsi les hypothèses du test de Dickey-Fuller simple sont
:
· H0 : ö=1 le polynôme
d'opérateur contient une racine unitaire, le processus est donc
non stationnaire
· H1 : ö <1 le processus est
stationnaire
Dans les modèles utilisés pour ces tests de
Dickey-Fuller simples, le processus å t est
par, hypothèse, un bruit blanc58. Or il n'y
a aucune raison pour que, à priori, l'erreur soit non
corrélée ; on appelle test de Dickey-Fuller augmenté (ADF,
1981) la prise en compte de cette hypothèse.
Les hypothèses du test de Dickey-Fuller augmenté
sont pareilles à celles des tests simples.
La règle de decision est la suivante :
· Si la valeur de ADF est inférieure à la
valeur critique (CV), alors on accepte l'hypothèse de
stationnarité de la série ;
· Dans le cas contraire, on accepte l'hypothèse de
non stationnarité de la série. Sur les nouvelles versions du
logiciel Eviews, la règle de décision devient :
· Si la valeur de la probabilité est
supérieure à 5%, alors on accepte l'hypothèse de la racine
unitaire, la série est non stationnaire ;
· Dans le cas contraire, on accepte l'hypothèse de
stationnarité de la série. Toutefois, les tests de Dickey-Fuller
ne considèrent que des erreurs homocédastiques, le test de
Phillips Perron vient combler cette lacune.
Le test de Phillips Perron est construit sur une correction
non paramétrique des statistiques de Dickey-Fuller pour prendre en
compte les erreurs hétéroscédastiques. L'exécution
du test est identique à la procédure de Dickey-Fuller. Les
résultats sont tels que présentés dans le Tableau7
ci-dessus :
55 Une tendance est un mouvement de long terme alors
qu'un cycle est une fluctuation de court terme.
56 Une tendance déterministe constitue la
composante temporaire d'une série stationnaire.
57 Une tendance stochastique constitue la composante
transitoire d'une série stationnaire.
58 Le terme d'erreur est non
corrélé.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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104
|
|
Tableau 7 : Caractéristiques des Séries
Temporelles des Données
Dickey-Fuller
Augmenté
VARIABLE (en niveau et sans tendance)
|
Philips- perron
(en différence première)
|
Ordre d'Intégration
|
Log (IPR)
|
-0,15
|
-20,15*
|
I(1)
|
Log (TPIBR)
|
-2,58
|
-7,12*
|
I(1)
|
Log (DETOT)
|
-2,96***
|
-3, 78*
|
I(1)
|
Log (DETEXTP)
|
-1,47
|
-4,11*
|
I(1)
|
Log (DETINTP)
|
-2,01
|
-3,9*
|
I(1)
|
Log (CREDR)
|
-1,7
|
-3,96*
|
I(1)
|
Log (IGR)
|
-2,18
|
-7,8*
|
I(1)
|
Log (TEE)
|
-5,83
|
-19,8*
|
I(1)
|
Log (TXINT)
|
-2,85** *
|
-21 ,66*
|
I(1)
|
Log (CAPABS)
|
-2,27
|
-14,23*
|
I(1)
|
|
Notes : * indique une significativité à 1%, **
indique une significativité à 5%, *** indique une
significativité à 10%. Valeurs critiques : -3,75 (1%) ; -2,997
(5%) ; -2,638 (10%).
Source : Compilation de l'auteur.
Les séries définies, sont toutes non
stationnaires à niveau, surtout suivant le test de Phillips-Perron.
Lorsque définies en différence première, la
stationnarité de ces séries a été
vérifiée par le test de Phillips-Perron. Pour des séries
toutes intégrées à l'ordre 1, l'on peut penser à
l'existence d'une relation de cointégration entre elles. Ainsi, le test
de cointégration de Engle et Granger doit-il être
effectué.
b. Test de cointégration de Engle et Granger
L'idée qu'une relation d'équilibre de long terme
puisse être définie entre variable pourtant individuellement non
stationnaire est à la base de la théorie de
cointégration.
La théorie de la cointégration permet
d'étudier des séries non stationnaires mais dont la combinaison
linéaire est stationnaire. Elle permet ainsi de spécifier des
relations stables à long terme tout en analysant conjointement la
dynamique de court terme des variables considérées.
La présence d'une relation d'équilibre entre
des variables est testée formellement à l'aide des
procédures statistiques, dont les plus utilisées sont celles
d'Engle et Granger (1987). Une condition nécessaire d'utilisation de ce
test est que toutes les variables doivent être intégrées du
même ordre d'intégration. La méthode est la suivante :
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
105
|
|
· Estimation par les M.C.O. de la relation de long
terme : Cette relation a été estimée et
présentée dans le tableau suivant : Tableau 8 : Estimation
de l'Equation (EQ) de l'Investissement
Variables
|
EQ1
|
EQ2
|
EQ3
|
EQ4
|
EQ5
|
Variable Endogène : Log (IPR) ; Echantillon : T=
33 (1970-2003)
|
|
Constante
|
9,7956*
|
8,7473*
|
10,9146*
|
7,3596*
|
10,1510*
|
|
(27, 3805)
|
(20,1695)
|
(18,1759 )
|
( 8,2948)
|
(17,9372 )
|
Log (TPIBR)
|
0,0243*
|
0,0197*
|
0,0388*
|
0,0359*
|
0,0384*
|
|
(3,5332)
|
(3,1378 )
|
(3,0039 )
|
(2,5962 )
|
(2,7823 )
|
Log (DETOT)
|
-0,2125*
|
|
0,0668**
|
|
|
|
(-5, 5417)
|
|
(2,4779 )
|
|
|
Log(DETEXTP)
|
|
0,2088*
|
|
0,3756*
|
|
|
|
(-4,6828 )
|
|
(-4,1032 )
|
|
Log(DETINTP)
|
|
-0,0294
|
|
-0,1783*
|
|
|
|
(-1,0555 )
|
|
(4,8258 )
|
|
Log(IGR)
|
0,4183*
|
0,4133*
|
0,5198*
|
0,4465*
|
0,5194*
|
|
(22,5272 )
|
(24,9960 )
|
( 19,9664)
|
( 12,3415)
|
(18,1704)
|
Log(CREDR)
|
-0,4517*
|
-0,4657*
|
-0,2819*
|
|
-0,1884*
|
|
(-11,8444 )
|
( -8,7226)
|
(-5,3819 )
|
|
(-4,7219)
|
Log (TXINT)
|
-0,0024
|
-0,0014
|
|
|
|
|
( -0,8484)
|
(-0,5374 )
|
|
|
|
Log (TEE)
|
-0,0015
|
-0,0011
|
|
|
|
|
(-0,9700 )
|
(-0,9700 )
|
|
|
|
Log (CAPABS)
|
0,6253*
|
0,5756*
|
|
0,1102
|
|
|
(7,8266 )
|
(8,2595 )
|
|
(1,1187)
|
|
DUM1
|
0,0364
|
0,0396
|
0,0248
|
-0,0305
|
0,1155***
|
|
(1,00000 )
|
(1,1104)
|
(0,3594)
|
(-0,3833 )
|
(1,7969 )
|
DUM2
|
-0,0774
|
-0,0311
|
0,0091
|
0,4184*
|
0,1716*
|
|
(-1,3309 )
|
(-0,4549 )
|
(0,1043 )
|
(5,5859 )
|
(2,7186 )
|
DUM3
|
0,0902**
|
0,0591
|
0,3064*
|
0,1349**
|
0,2721*
|
|
(2,2188 )
|
( 1,5545)
|
(5,7417 )
|
(1,6908 )
|
(4,8086 )
|
R2 ajusté
|
0,99
|
0,9964
|
0,9826
|
0,9812
|
0,9791
|
D.W.
|
1,6085
|
1,8048
|
1,6435
|
1,6778
|
1,5584
|
F
|
62,8420
|
74,0077
|
22,7974
|
18,7334
|
21,3804
|
|
Notes : * indique une significativité à 1%, **
indique une significativité à 5%, *** indique une
significativité à 10%. Source : Compilation de l'auteur.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
106
|
|
· Test de stationnarité du résidu du
modèle de long terme :
Ce test de cointégration a pour objectif de tester
l'existence d'une racine unitaire dans les résidus estimés de la
relation de long terme et non pas sur les vraies valeurs. Il convient
dès lors d'utiliser les valeurs critiques tabulées59
par Engle et Yoo (1987). Dans ce tableau, N désigne le nombre de
variable et T le nombre d'observations.
Tableau 9 : Valeurs critiques de Engle et Yoo (1987)
pour les tests de cointégration.
|
T
|
1%
|
5%
|
10%
|
N=2
|
50
|
-4,32
|
-3,67
|
-3,28
|
|
100
|
-4,07
|
-3,37
|
-3,03
|
|
200
|
-4,00
|
-3,37
|
-3,02
|
N=3
|
50
|
-4,84
|
-4,11
|
-3,73
|
|
100
|
-4,45
|
-3,93
|
-3,59
|
|
200
|
-4,35
|
-3,78
|
-3,47
|
N=4
|
50
|
-4,94
|
-4,35
|
-4,02
|
|
100
|
-4,75
|
-4,22
|
-3,89
|
|
200
|
-4,70
|
-4,18
|
-3,89
|
N=5
|
50
|
-5,41
|
-4,18
|
-4,42
|
|
100
|
-5,18
|
-4,58
|
-4,26
|
|
200
|
-5,02
|
-4,48
|
-4,18
|
|
Source : Valérie Mignon et Sandrine Lardic (2002):
Econométrie des séries temporelles macroéconomiques et
financières, page 223
Pour N=5 et T= 50, tous les résidus sont significatifs
à 1% (Tableau 10). Les résidus étant stationnaires
à niveau, nous tirons comme conclusion, l'existence d'une relation de
cointégration entre les différentes variables du
modèle.
Tableau 10 : Test de stationnarité sur les
résidus
Dickey-Fuller
Augmenté Philips- Perron
VARIABLE (en niveau et sans tendance)
|
(en niveau et sans tendance)
|
Ordre d'Intégration
|
Resid01
|
-6,3022*
|
-10,3384*
|
I(0)
|
Resid02
|
-6,4170*
|
-10,7977*
|
I(0)
|
Resid03
|
-5,7462*
|
-6,8120*
|
I(0)
|
Resid04
|
-6,1415*
|
-10,2977*
|
I(0)
|
Resid05
|
-5,4828*
|
-5,8696*
|
I(0)
|
|
Source : compilation de l'auteur.
59 Voir Valérie Mignon et Sandrine Lardic
(2002): Econométrie des séries temporelles
macroéconomiques et financières.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
107
|
|
En présence d'une relation de cointégration, de
meilleurs résultats sont obtenus en estimant plutôt un
modèle à correction d'erreur (MCE). En particulier, des
corrections aussi bien par la méthode à deux étapes de
Engle et Granger que par la méthode à une étape de Hendry
doivent être faites. La relation de long terme a été tout
de même estimée et présentée au Tableau 8
ci-dessus.
II.1.2. Estimation des déterminants de
l'investissement privé.
Le modèle à correction d'erreur (MCE)
présente une propriété remarquable qui a été
démontré par Granger en 1983. Un ensemble de variable
cointégrée peut être mis sous forme d'un modèle
à correction d'erreur dont toutes les variables sont stationnaires et
dont les coefficients peuvent être estimés par les méthodes
de l'économétrie classique sans risque de corrélation
fortuite.
La cible de long terme doit en fait être satisfaite par
le mécanisme MCE, lequel se fonde sur le théorème de
représentation de Granger. Un tel théorème associe la
présence d'une relation de cointégration à l'existence
d'une représentation MCE qui permet de corriger les écarts afin
de converger vers la cible de long terme (Bresson et Pirotte ; 1995).
Nous proposons deux types de modèle à correction
d'erreur. Le modèle à la Hendry et le modèle à la
Engle-Granger.
L'intérêt de la théorie de la
cointégration est qu'elle fournit une méthode d'analyse des
séries temporelles non stationnaires en évitant le
problème des régressions fallacieuses mis en évidence par
Granger et Newbold (1974). De plus, grâce aux MCE, la théorie de
la cointégration permet de modéliser simultanément les
dynamiques de long terme et de court terme des séries temporelles.
Les résultats de l'estimation de notre modèle par
la méthode de correction d'erreur de Engle et Granger, puis à la
Hendry sont donnés par les tableau 11 et 12.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
108
|
|
Tableau 11 : Modèle MCE suivant Engle et
Granger
Variables
|
EQ1
|
EQ2
|
EQ3
|
Variable Endogène : Log (IPR) ; Echantillon : T=
33 (1970-2003)
|
|
Constante
|
4,9115*
(-6,0782 )
|
4,9164*
(5,1455 )
|
5,0314*
(-5,3566 )
|
D (LTPIBR)
|
0,0453**
|
0,0402***
|
0,0425***
|
|
(2,2771 )
|
(1,7465 )
|
(1,7333 )
|
D (LDETOT)
|
|
0,0929
|
|
|
|
(-0,6035)
|
|
D(LDETEXTP)
|
0,0616
|
|
|
|
(1,5183)
|
|
|
D(LDETINTP)
|
-0,0724
|
|
|
|
(-0,4953)
|
|
|
D(LIGR)
|
0,6942*
|
0,6946*
|
0,6883*
|
|
(10,0919)
|
(5,1819)
|
(6,9487)
|
D (LCREDR)
|
0,2188
|
0,2840
|
0,2603
|
|
(1,0030)
|
(0,5638)
|
(1,3345)
|
LIPR (-1)
|
-0,5879*
|
-0,4910*
|
-0,3980*
|
|
(-2,6946)
|
(2,5968)
|
(2,8121)
|
DUM1
|
0,2325
|
0,2471
|
0,2283***
|
|
(-0,0855)
|
(-0,2930)
|
(-0,8454)
|
DUM2
|
0,0576
|
0,0780
|
0,0829
|
|
( 2,0026)
|
(0,9718 )
|
(1,5041)
|
DUM3
|
0,2032
|
0,2070
|
0,1985
|
|
(1,3609)
|
(0,3514)
|
(1,1957)
|
R2 ajusté
|
0,8581
|
0,8574
|
0,8569
|
Critère de Schwarz
|
-1,7267
|
-2,8712
|
-1,6113
|
Critère de akaike
|
-2,1802
|
-3,4154
|
-1,9741
|
F
|
14,78
|
17,29
|
20,53
|
|
Notes : * indique une significativité à 1%, **
indique une significativité à 5%, *** indique une
significativité à 10%. Source : Compilation de l'auteur.
LIPR (-1)
|
(0,3514) -0,5919** (-2,1764)
|
-0,2601***
(-1,8505)
|
LTPIBR (-1)
|
0,1397
|
0,0390
|
|
(1,3752)
|
(1,1594)
|
LDETOT (-1)
|
-0,8336**
|
|
|
(-2,1756)
|
|
LDETEXTP(-1)
|
|
0,2583
|
|
|
(1,1933 )
|
LDETINTP(-1)
|
|
-0,2528***
|
|
|
(-1,8354)
|
|
Tableau 12 : Modèle MCE suivant la méthode
de hendry
Variables
EQ1 EQ2
|
Variable Endogène : Log (IPR) ; Echantillon : T=
33 (1970-2003)
|
Constante
D (LTPIBR)
D (LDETOT)
D(LDETEXTP)
|
4,6882***
(27,3806)
0,1327***
(1,7456)
-0,2766
(-0,6035)
|
1,6967***
(20,9516)
0,1210**
(2,2771)
0,5691***
|
|
|
(1,7183 )
|
D(LDETINTP)
|
|
- 0, 0954
|
|
|
(-0,4953 )
|
D(LIGR)
|
0,6915*
|
0,8679*
|
|
(5,1819 )
|
( 10,0919)
|
D (LCREDR)
|
0,2481
|
|
|
( 0,5638)
|
|
D (LTXINT)
|
0,0145
|
|
|
(0,4410)
|
|
D (LTEE)
|
-0,0037
|
|
|
(-0,3101)
|
|
D (LCAPABS)
|
1,9740
|
|
|
(1,3278)
|
|
DUM1
|
-0,1189
|
-0,0322
|
|
(-0,2930)
|
(-0,0903)
|
DUM2
|
0,5121
|
|
|
(0,9718)
|
|
DUM3
|
0,1397
|
|
|
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
110
|
|
LIGR(-1)
|
0,0257
|
0,0832
|
|
(0,1082)
|
(0,7645)
|
LCREDR (-1)
|
0,1049
|
|
|
(0,3111)
|
|
LTXINT (-1)
|
0,0425
|
|
|
(0,7452)
|
|
LTEE (-1)
|
-0,0214
|
|
|
(-0,8791)
|
|
LCAPABS (-1)
|
1,1149
|
|
|
(1,5720)
|
|
DUM1 (-1)
|
1,2140**
|
0,9524**
|
|
(2,4328)
|
(2,3864)
|
DUM2 (-1)
|
-0,0762
|
|
|
(-0,1209)
|
|
DUM3 (-1)
|
-0,4741
|
|
|
(-1,1857)
|
|
R2 ajusté
|
0,7873
|
0,7902
|
Critère de Schwarz
|
-1,7313
|
-1,5917
|
Critère de akaike
|
-2,1413
|
-2,0452
|
|
F 13,7565 11,2789
Notes : * indique une significativité à 1%, **
indique une significativité à 5%, *** indique une
significativité à 10%. Source : Compilation de l'auteur.
II. 2. RESULTATS ET INTERPRETATIONS DES DIFFERENTES
SPECIFICATIONS.
Suites aux différentes spécifications de notre
modèle, nous analyserons puis interpréterons les
résultats, afin d'en arriver aux meilleures implications pour politique
économique.
II.2.1. Analyse des résultats
des différentes spécifications
Les résultats de l'estimation de l'équation
d'investissement (Tableau 8) sont pour la plupart conformes aux
hypothèses, et significatifs. L'investissement privé
dépend positivement de la croissance du PIB réel et de
l'investissement public.
Le coefficient de la variable de la dette totale (DETOT) est
significativement négatif, témoignant l'hypothèse du
surendettement. En effet, l'accumulation par le Cameroun d'une dette si
élevée dans le passé a eu un effet dissuasif sur les
créanciers et investisseurs potentiels. Si le niveau d'endettement d'un
pays risque de dépasser sa capacité de
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
111
|
|
remboursement, il est probable que le service de la dette
escompté soit une fonction croissante du niveau de production du pays.
En conséquence, une partie du rendement des investissements dans
l'économie nationale sera «taxée» par les
créanciers étrangers, et les investissements des agents
intérieur et étranger sont ainsi découragés.
Par ailleurs, le surendettement freine la croissance en
augmentant l'incertitude des investisseurs quant aux moyens auxquels le
gouvernement peut recourir pour acquitter les lourdes obligations du service de
la dette. Lorsque le volume de la dette publique augmente, les investisseurs
peuvent craindre que l'État ne finance les obligations du service de la
dette par des mesures génératrices de distorsions, par exemple en
accroissant rapidement la masse monétaire (cause directe d'inflation).
Dans un tel climat d'incertitude, les investisseurs privés en puissance
peuvent craindre de sauter le pas. Et même s'ils investissent, il y a de
fortes chances pour qu'ils retiennent des projets offrant un rendement rapide,
et non des projets de longue haleine qui pourraient rehausser durablement la
croissance.
Le coefficient de la variable dette externe/PIB (DETEXTP)
affecte positivement et significativement l'investissement privé. Par
contre, celui de la variable dette interne/PIB (DETINTP) est significativement
négatif. La dette externe exerce donc un effet de levier sur
l'investissement privé. La dette interne, pour sa part, évince
l'investissement privé (Tableau 8, EQ.4).
Le crédit au secteur privé (CREDR), variable
centrale de la contrainte financière (Kamgnia et Touna ,2002),
possède un coefficient significativement négatif. Ce signe
négatif justifie l'hypothèse du resserrement de la contrainte
financière. En effet, l'échantillon couvrant plus de trois
décennie, il a été possible de cerner l'effet du
resserrement de la contrainte financière à travers le
crédit au secteur privé, pris isolément, contrairement
à l'analyse de Kamgnia et Touna.
L'investissement public (IGR) contribue significativement et
positivement à l'accroissement de l'investissement privé au
Cameroun, dans toutes les formes estimées de l'équation
d'investissement. Une telle relation est de nature à supporter
l'hypothèse d'un levier de l'investissement privé par
l'investissement public au Cameroun. Cet effet d'entraînement s'explique
par les dépenses d'infrastructures, telles que
l'électricité, le transport ou les communications, qui ont
été relativement importantes au Cameroun.
Les coefficients des variables muettes sont tous
significativement positifs (Tableau 8, EQ.5). Ceci étant, les
fluctuations économiques (Dum1) ont une influence considérable
sur l'investissement au Cameroun. Les périodes de surchauffe de
l'économie camerounaise ont influencées positivement
l'investissement. La dévaluation (Dum2) a engendré un
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
112
|
|
accroissement de l'investissement, puis un gain de
compétitivité pour l'économie camerounaise. L'initiative
PPTE peut être considérée comme un catalyseur de
l'économie camerounaise, raison pour laquelle l'atteinte du point de
décision (Dum3) affecte positivement l'investissement, moteur de la
croissance économique.
Les coefficients des variables tels que le taux
d'intérêt (TXINT) et la capacité d'absorption (CAPABS) ne
sont pas significatifs. Le taux d'intérêt affecte tout de
même négativement l'investissement. Tout accroissement d'un point
du taux d'intérêt (100%) entraîne une diminution d'environ
moins de 1% de l'investissement privé.
Le coefficient du taux de change effectif réel est
significativement positif dans les deux formes estimées de
l'équation d'investissement où il a été
spécifié. Ce qui vient confirmer l'hypothèse de gain de
compétitivité du à la dévaluation au cameroun.
La valeur de la statistique de Durbin et Watson (DW) a
été faible dans la plupart des cas considérés. Ce
qui peut être signe d'une « régression fallacieuse » au
sens de Granger et Newbold (1974). A cet effet, un modèle à
correction d'erreur a été évalué sur la base de
l'équation estimée 3 et 4, suivant l'approche à deux
étapes de Engle et Granger et celle de Hendry. Les résultats sont
présentés aux Tableaux 11 et 12.
L'estimation de la spécification à correction
d'erreur suivant Engle et Granger (Tableau 11) indiquent que l'investissement
s'ajuste dynamiquement au produit, aux variables de la dette, l'investissement
public, le crédit au secteur privé, et les différentes
variables muettes: les coefficients de ces variables n'ont toujours pas le
signe attendu et sont pour la plupart non significatifs. En particulier, l'on
maintient l'hypothèse de levier de l'investissement privé par
l'investissement public, ainsi que celle de la contribution des fluctuations
économiques à l'essor du secteur privé au Cameroun.
Plus intéressant encore, le coefficient du terme de
correction d'erreur, est significatif et négatif, défini à
- 0,5879. Ce qui, tout en validant la représentation à correction
d'erreur, indique la convergence des trajectoires des séries (vers la
cible de long terme). Ainsi, les chocs sur l'investissement privé au
Cameroun se corrigent-ils à 58% par l'effet de «feed- back».
En d'autres termes, un choc constaté au cours d'une année
donnée est entièrement résorbé au bout d'un an huit
mois (1/0,58= 1,72).
Le Tableau 12 indique les résultats de l'estimation du
modèle à correction d'erreur à la Hendry. Le modèle
à correction d'erreur à la Hendry, quoique moins utilisée
dans la pratique, nous permet dans le cas présent de vérifier
certaines relations entre l'investissement privé et ses
déterminants. En particulier, l'on constate que l'investissement
privé répond avec retard aux variations du produit,
résultat qui est conforme au principe de l'accélérateur
flexible.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
113
|
|
A long terme, la dette totale affecte significativement et
négativement l'investissement privé, comme le témoigne le
coefficient de LDETOT (-1). L'hypothèse de surendettement
trouve donc tout son intérêt au Cameroun à long terme.
Ainsi un accroissement de 10% de la dette totale entraîne une
réduction de 8% de l'investissement privé à long terme.
A court terme, La dette externe exerce significativement un
effet de levier sur l'investissement privé, selon le signe positif de
D (LDETEXTP) dans la seconde équation. Par contre, le
coefficient significativement négatif de LDETINTP (-1) exprime
l'effet d'éviction qu'exerce la dette interne sur l'investissement
privé à long terme dans notre pays.
L'investissement public exerce significativement un effet de
levier sur l'investissement privé, comme l'indique le signe positif du
coefficient de D (LIGR), principalement dans le court terme.
En outre, le coefficient de rappel à
l'équilibre de long terme (celui de LIPR (-1)) reste
négatif et significatif dans la spécification suivant la
méthode de Hendry. Comme dans le cas précédent, un choc
sur l'investissement constaté au cours d'une année donnée
est entièrement résorbé au bout d'un an huit mois (
1/0,60=1,666), étant donné que ceux-ci se corrigent à 60 %
par l'effet de «feed-back». Mais, un choc sur l'investissement
privé, c'est l'effet qu'exercerait un impact soit sur le produit, soit
sur le crédit au secteur privé, soit sur l'investissement public,
soit sur l'endettement extérieur ou intérieur, la dette totale,
le crédit au secteur privé.
Les coefficients des variables retenues dans la
spécification 3 sont valides sur le plan statistique. En dehors de
l'effet d'accélérateur qui demeure, on observe une liaison
positive entre endettement et investissement privé, ainsi qu'entre
l'investissement public et l'investissement privé. Ceci peut s'expliquer
par le fait que pendant cette période, les emprunts extérieurs
ont largement financé des infrastructures publiques.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
114
|
|
II.2.2. Interprétations des résultats
des différentes spécifications
Il s'agit pour nous d'interpréter économiquement
les paramètres, le coefficient de détermination et les
résultats des différents tests.
a. Interprétation économique des
paramètres
· Les élasticités de court terme :
D'après l'équation 2 du tableau 12,
l'élasticité ou semi-élasticité de court terme de
l'investissement privé par rapport au taux de croissance du PIB
réel est de 0,1210 ; au
ratio de la dette externe /PIB est de 0,569 1 et à
l'investissement publique est de 0,8679.
A court terme, si le taux de croissance du PIB, le ratio de
la dette externe /PIB et l'investissement publique augmente respectivement de
10%, alors l'investissement augmente de 1,2% ; 6% et 9% respectivement. Aussi,
si le taux d'intérêt augmente d'un point (100%), l'investissement
s'accroît de 1%, selon l'équation 1.
· Coefficient de correction d'erreur :
Le coefficient associé à la force de rappel
(ecm) est négatif et significativement différent de zéro
au seuil statistique de 5%, pour les deux spécifications du tableau 15.
Il existe donc un mécanisme a correction d'erreur. Pour la
première équation du tableau 12, ecm = -0,59 19. On arrive donc
à ajuster 60% du déséquilibre entre le niveau
désiré et effectif de l'investissement privé. Les
déséquilibres entre l'investissement privé réel et
ses déterminants se compensent, de telle sorte que toutes les
séries ont une évolution similaire, à Long terme.
· Les élasticités de long terme :
L'élasticité ou semi-élasticité de
long terme de l'investissement privé par rapport au
0, 1397
taux de croissance du PIB réel est 0,24
5
- â
= =
â 0, 5919
4
A long terme, si le taux de croissance du PIB augmente de 10%,
l'investissement privé s'accroît de 2%.
L'élasticité ou semi-élasticité de
long terme de l'investissement privé par rapport à la dette
0, 8336
totale est : 1,408
6
- â
= - = -
â 0, 5919
4
A long terme, si la dette totale augmente de 10%,
l'investissement privé diminue de 14%.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI, 115
= -0,4271
L'élasticité ou semi-élasticité de
long terme de l'investissement privé par rapport à la dette
interne est : â
0, 2528
- 7 = -
â4 0,59 19
Si la dette publique interne augmente à long terme de 10%,
l'investissement privé diminue de 4%.
b. Interprétation du coefficient de
détermination
Le coefficient de détermination (R2) varie
pour l'essentiel des équations, autour de
80%.
Ainsi, plus de 80% des fluctuations de l'investissement
privé sont expliquées par ses déterminants dans le
modèle.
c. Tests classiques.
> Test de significativité des variables
Une variable est significative si la valeur de la
probabilité relative à son coefficient est inférieure
à 5%. Ou si la statistique de student relative à son coefficient
est supérieure à 1,96. La quasi-totalité des variables du
modèle MCE sont réellement explicatives. Le taux de croissance du
PIB, la part de la dette externe sur le PIB et l'investissement public ont des
coefficients significatifs à court terme, respectivement au seuil de 5%
,10% et 1%. Les valeurs des probabilités critiques des coefficients sont
inférieures à ces seuils respectifs.
A long terme, c'est par contre la dette publique totale et la
part de la dette publique interne sur le PIB qui enregistrent des coefficients
significatifs, respectivement au seuil de 5% et 10%. Les valeurs des
probabilités critiques des coefficients de ces variables étant
respectivement inférieur à 5% et 10%. De manière
équivalente, les t de student sont supérieures à 1,96 dans
tous ces cas.
> Test de significativité globale du modèle
Le modèle MCE est globalement significatif car Prob
(F-statistic)=0,0001 est inférieur à 1%. Les variables PIB, dette
totale, ratio dette interne et externe sur PIB, investissement public,
crédit au secteur privé, taux d'intérêt,
capacité d'absorption et taux de change ont globalement un impact
significatif sur l'investissement privé. Les estimateurs obtenus sont
donc consistants.
> Test d'homocédasticité de White
Le modèle est homocedastique si probability est
supérieur à 5% et hétéroscedastique dans le cas
contraire.
116
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
Test Hétéroscédastique de White : EQ1
|
F-statistic
|
1,069293
|
Probability
|
0,501870
|
Obs*R-squared
|
25,14209
|
Probability
|
0,398072
|
Test Hétéroscédastique de White : EQ2
|
F-statistic
|
0,847776
|
Probability
|
0,649102
|
Obs*R-squared
|
23,80886
|
Probability
|
0,472570
|
Les erreurs du modèle MCE sont homocédastique
car les valeurs des probabilités sont supérieures à 5%. IL
est important de confirmer cette hypothèse en effectuant un
deuxième test d'homocédasticité, à savoir le test
de ARCH.
> Test d'homocédasticité de ARCH
Les erreurs sont homocedastiques si probability est
supérieur à 5%.
Les erreurs sont hétéroscedastiques si probability
est inférieur ou égale à 5%.
Test de ARCH : EQ1
|
F-statistic
|
0,551060
|
Probability
|
0,652124
|
Obs*R-squared
|
1,798744
|
Probability
|
0,615208
|
Test de ARCH : EQ2
|
F-statistic
|
0,530376
|
Probability
|
0,665588
|
Obs*R-squared
|
1,735267
|
Probability
|
0,629122
|
Les valeurs des probabilités étant
supérieure à 5%, le test de ARCH confirme
l'Homocedasticité des erreurs du modèle MCE. Ceci étant,
il nous importe de tester l'hypothèse de corrélation des erreurs
du modèle MCE.
> Test de corrélation des erreurs de
Breusch-Godfrey
On accepte l'hypothèse H0 de non corrélation
d'erreur si la valeur de probality est supérieure à 5% et H1 dans
le cas contraire.
Test de corrélation des erreurs de Breusch-Godfrey :
EQ1
|
F-statistic
|
0,458137
|
Probability
|
0,641614
|
Obs*R-squared
|
1,965691
|
Probability
|
0,3 74245
|
Test de corrélation des erreurs de Breusch-Godfrey :
EQ2
|
F-statistic
|
0,062546
|
Probability
|
0,375958
|
Obs*R-squared
|
1,814337
|
Probability
|
0,090070
|
Les valeurs des probabilités sont supérieures
à 5%. On accepte l'hypothèse de non corrélation des
erreurs. Les erreurs du modèle MCE étant non
corrélées, les estimations obtenues par les MCO sont optimales
(BLUE).
Le MCE comportant des variables décalées, nous ne
pouvons pas utiliser le test de corrélation des erreurs de
Durbin-Watson.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
117
|
> Test de normalité des résidus du
modèle
Les mesures de tendance centrale et celles de dispersion, les
paramètres de forme (Coefficients d'asymétrie et d'aplatissement)
et les tests de normalité (Jarque-Bera) sont tels que
présentés ci-dessous.
L'hypothèse de normalité des termes d'erreur
joue un rôle essentiel car elle va préciser la distribution
statistique des estimateurs. C'est donc grâce à cette
hypothèse que l'inférence statistique peut se réaliser.
L'hypothèse de normalité peut être testée sur les
variables du modèle ou sur les termes d'erreur.
Un coefficient d'aplatissement nul implique une distribution
symétrique ; lorsque un coefficient négatif indique
asymétrique du côté gauche et un coefficient positif qui
indique une asymétrie du côté droit. Concernant le
coefficient d'aplatissement, une valeur égale à 3 exprime une
distribution normale ; alors qu'une valeur supérieure à 3 exprime
une distribution moins aplatie que la normale, et la valeur inférieure
à 3 indique une distribution plus aplatie que la normale.
La statistique de JB suit sous l'hypothèse de
normalité une loi du khi-Deux à deux degrés de
liberté.
On lit dans la table du khi-Deux à 2 dégrés
de liberté, au seuil de 5% : A=5,99
· On accepte l'hypothèse de normalité si la
statistique de Jarque et Bera est inférieure à 5,99.
· On rejette l'hypothèse de normalité si la
statistique de Jarque et Bera est supérieure à 5,99.
Aussi sur le logiciel Eviews, la règle de décision
est :
· Au seuil de 5%, on accepte l'hypothèse de
normalité des que la valeur de la probabilité est
supérieure à 0,05.
· Au seuil de 5%, on rejette l'hypothèse de
normalité des que la valeur de la probabilité est
inférieure à 0,05.
118
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
Spécification 1 Spécification 2
Source : Extrait des estimations du logiciel Eviews 4.
Le test de normalité de Jarque Bera sur les résidus
confirme les différentes spécifications du tableau 4.7, les
erreurs du MCE suivent une loi normale.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
119
|
CONCLUSION
L'analyse économétrique lève
l'indétermination théorique qui entourait la relation entre dette
publique et investissement privé, pour ce qui est du Cameroun. Elle fait
donc apparaître des impacts opposés de la dette intérieure
et extérieure au cours du temps. A long terme, l'impact négatif
de la dette contractée par l'État sur le territoire nationale
montre que les enchaînements vertueux (réduction du
déficit, réduction des distorsions liées à la
répression financière) sur lesquels se fonde Fry (1997) pour
préconiser ce type de financement ne sont en rien automatiques, au
Cameroun. Ces enchaînements vertueux se veulent l'apanage de
l'endettement externe à court terme, qui procure aux investisseurs les
facilités financières nécessaires à la
matérialisation des projets d'investissement rentables.
L'hypothèse de « debt overhang » vient limiter ce levier de
l'investissement privé à long terme. L'effet de la dette publique
totale sur l'investissement privé, étant significativement
négative.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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120
|
CONCLUSION DEUXIÈME PARTIE
A la suite des indépendances, le Cameroun a mené
une politique d'industrialisation basée sur l'accumulation puis
l'accroissement du capital industriel. Cette politique qui reposait sur le
soutien de l'État était financée par les recettes des
produits de base, d'abord, principalement par les recettes du cacao et du
café, ensuite par les recettes pétrolières, enfin par
l'endettement auprès des institutions internationales et des banques
commerciales. L'endettement externe a eu un effet positif sur les
investissements privés pendant la période de l'industrialisation
par substitution des importations, bénéficiant de
l'élargissement du marché intérieur. Les vastes chantiers
en infrastructures ont eu pour impact de promouvoir le développement des
investissements nouveaux dans le secteur privé encore en essor. C'est
ainsi qu'au cours des années 80, une nouvelle orientation de la
politique industrielle au Cameroun a requis un déplacement du pôle
de développement économique, de l'entreprise publique vers
l'entreprise privée. Pour pallier à la crise économique de
1986 au Cameroun, les autorités publiques avec l'appui du FMI et de la
Banque mondiale, vont successivement mener des politiques de stabilisation puis
des politiques d'ajustement structurel. Le volume de la dette interne
évolue considérablement au cours de cette période. Les
créances des banques nationales sur l'Etat, les arriérés
dans le paiement des salaires des agents de l'Etat, les arriérés
des intérêts sur la dette publique sont les facteurs explicatifs
de cette augmentation. L'augmentation de la dette interne affecte le
système financier, qui, à son tour agit négativement sur
l'investissement privé du fait de la non disponibilité des fonds
nécessaires pour les investissements nouveaux. La dette interne exerce
donc un effet d'éviction sur l'investissement privé à long
terme. Cette situation a provoqué un endettement massif de l'État
et un appauvrissement des populations. L'absence de vigilance du FMI et de la
Banque mondiale sur les nouveaux prêts accordés et leur non
utilisation dans les domaines productifs provoquaient alors une
corrélation négative entre le fardeau virtuel de la dette
publique totale et l'investissement privé. Le Cameroun se trouvant
incapable d'honorer ses engagements financiers, a été
déclaré pays pauvre très endetté,
bénéficiant ainsi de l'allègement intérimaire entre
le point de décision et le point d'achèvement. Les grands
chantiers engagés suite à l'atteinte du point
d'achèvement, doivent être accompagnés par des
dépenses publiques de qualité, afin d'espérer à
long terme une croissance soutenue et un développement durable.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
121
|
CONCLUSION GENERALE
Dans le cadre de ce travail, nous devions lever
l'indétermination théorique qui entourait la relation entre la
dette publique et l'investissement privé, en prenant comme étude
de cas le Cameroun. Pour le faire, nous avons prétendu d'une part que la
dette publique influence significativement l'investissement privé,
d'autre part qu'elle exerce soit un effet de levier soit un effet
d'éviction sur l'investissement privé. Afin de tester ces
différentes hypothèses, nous avons utilisé le
modèle « accélérateur - coût du capital »
dans le cadre d'une modélisation à correction d'erreur. Les
différentes spécifications nous donnent divers résultats.
La dette publique externe influence significativement et positivement
l'investissement privé à court terme. Tandis qu'à long
terme la dette publique interne affecte négativement et
significativement l'investissement privé. Au Cameroun, l'effet de levier
de la dette publique sur l'investissement privé prévaut à
court terme et cède la place à long terme à l'effet
d'éviction. Aussi, tenant compte de la vitesse rapide de retour à
l'équilibre de long terme, qui est de un an huit mois, l'investissement
privé se définit-il comme une variable de choix pour la relance
économique, à condition de procéder à la
modification appropriée de ses déterminants.
Nous terminons notre réflexion par l'examen des
recommandations. Elles mettent l'accent sur les cadres d'actions et de
stratégies, à savoir sur : l'utilisation des fonds issus de
l'Initiative PPTE, le cadre adéquat pour stimuler la croissance
économique, le partenariat public-privé, le cadre institutionnel
et réglementaire, le problème de choix des créanciers et
la gestion de la dette publique interne.
+ L'utilisation efficace et efficiente des gains de
l'allègement de la dette externe camerounaise, permettrait de tendre
vers les ODM en matière de croissance économique et de
réduction de la pauvreté. Les autorités publiques doivent
accentuer d'ardeur au niveau de la qualité des dépenses. La
quantité étant partiellement assurée au vu des vastes
projets d'investissement que connaît le Cameroun, aussi les secteurs
cibles60 étant bien définis conformément aux
exigences des bailleurs de fonds. Il reste à crédibiliser notre
politique de développement pour le long terme, en améliorant la
qualité des infrastructures publiques et des investissements
privés, source de compétitivité mondiale.
60 Il s'agit de l'Education, la Santé et des
Infrastructures.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
122
|
+ Le deuxième niveau de recommandation s'appuie sur les
actions et les stratégies à mettre en oeuvre pour stimuler la
croissance économique. Il s'agit essentiellement de la bonne gestion
macro-économique et du renforcement des investissements privés.
La contrainte de surendettement étant en partie levée avec
l'atteinte du point d'achèvement, il est inévitable que le biais
antiréforme se trouve résolu. Les autorités publiques
peuvent donc engager des reformes structurelles et budgétaires qui
pourraient accélérer la croissance économique du pays et
améliorer la situation de ses finances publiques. En effet, la mise en
oeuvre des politiques macro-économique et structurelle intégrant
les politiques commerciales, fiscales et sectorielles contribuent à un
environnement stable pour l'activité économique. Ces
réformes économiques influencent davantage les incitations
à investir. Il est reconnu que les pays qui entreprennent de bonnes
politiques macro-économiques et ayant des structures économiques
favorables au fonctionnement du marché peuvent connaître une
croissance économique relativement souple et stable.
+ L'option du développement participatif prise par le
Cameroun repose sur la mise en place des partenariats spécifiques entre
tous les acteurs du développement. Dans ce nouvel environnement
où l'Etat joue le rôle de facilitateur et de régulateur de
l'activité économique, le renforcement d'un partenariat entre
l'Etat et le secteur privé implique, en amont la mise en place d'un
environnement favorable aux investissements et en aval l'amélioration
des recettes de l'Etat. De ce fait, les investissements dans le secteur public
jouant comme levier du secteur privé, le renforcement du partenariat
privé- public en matière d'investissement, pourrait permettre une
meilleure lisibilité des projets d'investissements, des gains collectifs
en matière de collecte d'impôts et de fourniture de
facilités d'investissement, la réduction des distorsions
économiques et des asymétries d'information entre secteur
privé et public.
+ Le renforcement des capacités institutionnelles et la
bonne gouvernance apparaissent aujourd'hui nécessaires pour que le
Cameroun surmonte les contraintes liées au problème fondamental
de développement. S'il est vrai qu'à court terme la dette externe
est un levier pour l'investissement privé, le cadre institutionnel et
réglementaire influe sur l'efficacité du secteur privé. En
effet, l'Etat de droit (le pouvoir judiciaire et la police) et la
réduction de la corruption sont autant de facteurs
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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123
|
qui accordent le droit à l'égalité des
chances et pour lesquels la pleine participation de la société au
développement reste très sensible.
+ Le financement extérieur des investissements au
Cameroun doit être de source officielle. Les créanciers nationaux
ne sont pas des intermédiaires efficaces pour le financement des
investissements à long terme, lesquels sont pourtant indispensables pour
les pays pauvres : Problème de choix des créanciers. Un
fort endettement qui ne s'accompagne pas d'investissements productifs reste
désastreux tant pour les créanciers que pour les emprunteurs. De
ce fait, il est important pour le Cameroun de mettre à profit son
endettement public. Les retombées des investissements, pour la plupart,
se situent dans un horizon suffisamment long. Les investissements
réalisés à court terme, grâce aux financements
extérieurs, doivent générer des profits conséquents
pour financer les investissements à long terme et permettre à
l'Etat d'honorer à ses engagements financiers. Cet enchaînement
vertueux sera accentué par la complémentarité entre
investissement public et privé.
+ L'apurement par les pouvoirs publics de leur dette interne,
à échéance, stimulera la croissance économique
à long terme. En fait, les opérateurs économiques en
bénéficieront pour réaliser leurs plans d'investissements
et accroître la production nationale. Les agents économiques
augmenterons leur pourvoir d'achat d'une part, et d'autre part mobiliserons une
épargne privé, nécessaire pour le secteur privé. Il
en découlera une amélioration du bien être
économique.
Au total, comme tout travail scientifique, notre étude
pourrait comporter des bémols parfois inhérents à
l'exploitation des données socio-économiques, surtout de source
secondaire. C'est pourquoi nos recommandations et interprétations
doivent être analysées avec circonspection.
ANNEXES
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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125
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ANNEXE 1 Contraintes
instantanées et intertemporelles
La contrainte budgétaire des consommateurs
est : La contrainte instantanée est : Da=
w+ra-ô-na-c
Ou encore en divisant par xt
e : Da à = w à + ra
à - ô à - ( n + x ) a
à - c à
Et en arrangeant les termes : Da à
+(n+x-r)aà = à w -
ô à - c à
Multiplions chaque coté par le facteur d'actualisation (
n x r)t
e + - et intégrons de 0 à T :
T T
e ( ) [ Da ( n x r ) a ]
dt e ( ) ( w c) dt
n x r t
+ - + + - =
. à à . . à à à .
n x r t
+ - - -
ô
0 0
Remarquons que : D [ e ( ) a cst ] (
n x r ) e ( ) a Da e ( ) e ( ) [ Da
( n x r ) a]
n x r t n x r t n x r t n x r t
+ - + - + - + -
à . à à. à à
+ = + - + = + + -
C'est-à-dire que le terme à l'intérieur de
l'intégrale de gauche est la dérivée par rapport au
temps de e ( n x r ) t a +
cst
+ - à . On a donc l'égalité :
T T
D [ e ( ) a cst ] dt e ( ) (
w c)dt
n x r t n x r t
+ - + =
à à à à
+ - - -
ô
0 0
T
[ e ( ) a cst ] e ( ) ( w c
)dt
n x r t
+ - + 0 =
T
à à à à
n x r t
+ - - -
ô
0
a ( T ) e ( ) a ( ) e
( ) ( w c)dt
à à 0 à à à
n x r T n x r t
+ - - = + - - -
ô
Où quand T tend vers 8 : à ( ) ( ) à ( ) . (
) ( ) . ( ) 0
a T e e a T e e a T e e A T
n x r T rT n x T rT nT rT
+ - - + - -
= = = =
D'après l'interdiction des jeux de Ponzi (qui interdit
que la dette de la dynastie (-A) croisse à un taux supérieur
à r) et la condition de transversalité (qui empêche les
actifs (A) de croître à un taux supérieure à r).
8 8
En arrangeant les termes, quand T tend vers 8 : e c e (
) dt a e ( w ) e ( ) dt
- . à. = à +
rt n x t rt n x t
+ - ô
+
. à - à .
0
0 0
C'est la contrainte intertemporelle des consommateurs (1.12) dans
le texte. La valeur actuelle de la consommation est égale à la
richesse initiale. Remarquons que aà(0) devient
aà(0)+ b à ( 0) dans le cas
où il y a une dette publique (équation 1.14), et cela
présuppose que l'agent emprunte au même taux
d'intérêt que le gouvernement. La contrainte
budgétaire du gouvernement est :
La contrainte instantanée est : DB=
G-T+rB
Soit
Db+nb=g-ô+rb
Soit encore Db à + ( n + x -
r ) b à = g à -
ôà
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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126
|
En multipliant par le facteur d'actualisation ( n x
r)t
e + - et en intégrant de 0 à T comme
ci-dessus :
T
b ( T ) e ( ) b ( ) ( g
) e ( ) dt
n x r T à - à . + -
n x r t
à . + - - à 0 = ô
0
Où quand T tend vers 8 : à ( ) . ( ) ( ) . ( ) 0
e b T e e b T e e B T
- + = - = - =
rT n x T rT nT rT
D'après l'interdiction des jeux de Ponzi (qui interdit
que la dette de l'état (B) croisse à un taux supérieur
à r) et la condition de transversalité (qui empêche les
actifs (-B) de croître à un taux supérieur à r).
8
Et donc quand T tend vers 8 : ( ) ( )
e rt . à - g à . e
n + x t dt = b à
- ô 0
0
C'est la contrainte intertemporelle du gouvernement (1.13)
dans le texte. La valeur actuelle des impôts est égale à la
valeur présente des dépenses des dépenses plus la dette
initiale. La dette a pour contrepartie les excédents primaires
futurs.
Remarque. On trouve là, la définition de la
Soutenabilité des déficits publics : la dette courante est
égale à la valeur actualisée des excédents
primaires futurs, ou de façon équivalente, la limite à
l'infini de la valeur actualisée de la dette, est nulle. Cette
contrainte budgétaire intertemporelle, qui assure, a long terme, la
« soutenabilité » est obtenue grâce à la
condition que le gouvernement ne joue pas à un jeu de Ponzi avec les
agents privés, qu'il ne finance pas le remboursement du principal et des
intérêts, par de nouveaux emprunts. Mais cette condition
n'empêche pas, du moins à court terme, la dette de croître.
Une définition plus restrictive de la soutenabilité est que le
taux d'imposition nécessaires pour soutenir la dette n'excède pas
une valeur acceptable, supportée par la société et les
électeurs.
ANNEXE 2
Catégories de dette interne du
Cameroun
La dette publique intérieure du Cameroun comprend deux
grandes entités :
La dette structurée, qui est la catégorie de dette
ayant fait l'objet des conventions entre les créanciers et l'Etat, et
comprend :
- la dette liée à l'investissement : dette de
l'Etat vis-à-vis des organismes parapublics.61
- La dette BTP, qui est la dette de l'Etat vis-à-vis des
entreprises des bâtiments et des travaux publics ayant fait l'objet de
consolidation à partir de l'exercice 1989/1989.
- La dette bancaire, constituée de la dette des
entreprises privatisées, liquidées ou encours de privatisations
vis-à-vis du système bancaire, reprises par l'Etat.
61 CNPS, CFC, SOCAR, CEP, CNR, SONARA
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
127
|
- La dette consolidée BEAC, qui est la dette reprise par
l'Etat aux termes des dispositions des contrats de performance conclus entre
l'Etat et certaines entreprises parapubliques.
- Les tirages BEAC, qui sont les avances statutaires au
Trésor public par la Banque centrale.
- La dette titrisée (bancaire, des compagnies
d'assurances, commerciales ou des BTP), qui est la dette transformée en
obligations de trésor négociables sur le marché
financier.
- La dette croisée : dette de l'Etat auprès de
certaines entreprises, privatisées, encours de privatisation ou à
restructurer.
La dette dite non structurée est constituée
principalement des arriérés constatés à une date
donnée au niveau du Ministère des Finances. Elle se compose de 12
catégories :
- la dette commerciale, créances des fournisseurs et
prestataires de l'Etat au titre des travaux et entretien routier.
- La dette Intelcam : impayés de l'Etat suite aux
prestations nationales de la Société Internationale des
Télécommunications du Cameroun.
- La dette SNEC : arriérés de consommation d'eau
à la Société Nationale des Eaux des administrations
publiques arrêtés au 28 février 1998.
- Dettes relatifs au gel de salaires : arriérés de
salaires du personnel de l'Etat liés aux rappels en mémoire
(frozen salaries).
- Les arriérés de salaires du personnel de l'Etat
des mois de septembre et d'octobre 1993.
- Indemnisation, expropriation, Dommage et Intérêts
: ce sont des dettes civiles - Bon SNI : bons n'ayant pas fait l'objet de
convention de rééchelonnement.
- Dépôts et Consignations : cautionnements divers
versés par les opérateurs économiques au Trésor
public.
- Dette hospitalière : dette de l'Etat vis-à-vis
des établissements hospitaliers.
- Dégrèvements : surplus d'impôts
payés par les contribuables.
- Loyers : dette issue des maisons conventionnées par
l'Etat.
A côté des deux principales catégories de
dette intérieure décrites précédemment, il existe
d'autres formes d'endettement intérieur n'ayant pas encore fait l'objet
d'un inventaire précis. Au nombre de ceux-ci, on peut citer la dette des
Universités (créances des fournisseurs et prestataires de
services aux universités d'Etat et reprises par celui-ci), les
arriérés des dépenses des postes comptables du
Trésor à l'Etranger et les dossiers non validés des
différents audits de la dette intérieure.
128
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
ANNEXE 3 : Evolution des séries
macroéconomiques
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
129
|
ANNEXE 4
Tableau : LA PART DE LA DETTE EXTERNE SUR LA DETTE TOTALE ET
SUR LES EXPORTATIONS
Années
|
PIB
|
Dette publique
totale (encours)
|
Encours de la dette interne
|
Ratio
encours /dette
totale
|
Ratio encours dette extérieure/
exportations
|
1981/82
|
1775200
|
826590
|
20600
|
2%
|
168%
|
1982/83
|
1897100
|
751095
|
53605
|
7%
|
118%
|
1983/84
|
2038900
|
1223388
|
108788
|
9%
|
168%
|
1984/85
|
2203300
|
1487080
|
102000
|
7%
|
240%
|
1985/86
|
2352500
|
1607097
|
172887
|
11%
|
334%
|
1986/87
|
2302000
|
1490694
|
203624
|
14%
|
318%
|
1987/88
|
2121900
|
1393775
|
160555
|
12%
|
505%
|
1988/89
|
2083300
|
1715556
|
158986
|
9%
|
260%
|
1989/90
|
1956100
|
2008113
|
149806
|
7%
|
327%
|
1990/91
|
1881600
|
1890633
|
232405
|
12%
|
276%
|
1991/92
|
1823270
|
2671094
|
717702
|
27%
|
320%
|
1992/93
|
1764930
|
2998332
|
1 010 988
|
34%
|
473%
|
1993/94
|
1720800
|
5263896
|
1 179 100
|
22%
|
677%
|
1994/95
|
1777590
|
5763757
|
1 419 891
|
25%
|
536%
|
1995/96
|
1866470
|
5801214
|
1 434 982
|
25%
|
576%
|
1996/97
|
1961660
|
5711728
|
1 255 353
|
22%
|
459%
|
1997/98
|
2060510
|
5660822
|
1 391 380
|
25%
|
394%
|
1998/99
|
2151050
|
5998154
|
1152 914
|
19%
|
358%
|
1999/00
|
2241390
|
5461395
|
1052 879
|
19%
|
309%
|
2000/01
|
2360180
|
5501725
|
890 964
|
16%
|
257%
|
2001/02
|
2459310
|
5462000
|
890847
|
16%
|
364%
|
2002/03
|
2569980
|
4898000
|
78640
|
2%
|
466%
|
2003/04
|
8427000
|
5196000
|
980 521
|
19%
|
207%
|
2004/05
|
8298500
|
4900000
|
847 608
|
17%
|
151%
|
2005/06
|
8699100
|
1989000
|
666000
|
33%
|
43%
|
Source : CAA et calcul de l'auteur.
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
130
|
ANNEXE5
Tableau : EVOLUTION DES ARRIERES INTERNES ET EXTERNES DE LA
DETTE PUBLIQUE
|
Arriérés internes et externes (en millions
de dollars), 1990-99
|
|
|
Année
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
Arriérés dette externe
|
441,0
|
928,3
|
568,9
|
1135,6
|
737,6
|
1207,9
|
688,1
|
1117,6
|
598,2
|
866,5
|
Principal
|
194,0
|
488,0
|
327,5
|
618,3
|
435,6
|
693
|
441,9
|
699,3
|
367,4
|
358,9
|
Intérêts
|
246,9
|
440,3
|
241,4
|
517,3
|
302,0
|
515
|
246,2
|
418,3
|
230,8
|
507,6
|
Arriérés dette interne.
|
187,5
|
403,5
|
716,8
|
701,1
|
1329,1
|
1227
|
1229,1
|
901,2
|
895
|
650,3
|
Principal
|
129,6
|
312,8
|
596,3
|
577,1
|
1222,1
|
1162
|
1152,4
|
852,1
|
861,7
|
629,1
|
Intérêts
|
57,9
|
90,6
|
121,5
|
124,0
|
106,9
|
65
|
76,7
|
49,1
|
33,3
|
21,2
|
Total arriérés
|
628,4
|
1331,8
|
1285,8
|
1836,7
|
2066,7
|
2434,9
|
1917,2
|
2018,8
|
1493,3
|
1516,8
|
Arriéré int/arriéré total (en
%)
|
29,8
|
30,3
|
55,8
|
38,2
|
64,3
|
50,4
|
64,1
|
44,6
|
59,9
|
42,9
|
Source : CAA.
ANNEXE 6
Tableau : EVOLUTION DU SERVICE DE LA DETTE EXTERNE (en
millions de F.CFA)
Années
|
Service prévisionnel de la
dette extérieure.
|
Amortissement
|
Intérêt
|
Service effectif de la dette
extérieure
|
Amortissement
|
Intérêt
|
1981/82
|
45 714
|
10 512
|
35 202
|
45 714
|
23 753
|
21 961
|
1982/83
|
31 559
|
13 251
|
18 308
|
31 559
|
13 814
|
17 745
|
1983/84
|
48 858
|
21 133
|
27 725
|
48 858
|
27 149
|
21 709
|
1984/85
|
61 515
|
27 574
|
33 941
|
61 515
|
32 319
|
29 196
|
1985/86
|
139 073
|
105 101
|
33 972
|
78 058
|
43 517
|
34 541
|
1986/87
|
84 422
|
55 766
|
28 656
|
80 789
|
44 749
|
36 040
|
1987/88
|
109 836
|
66 116
|
43 720
|
71 326
|
31 853
|
39 473
|
1988/89
|
170 000
|
121 882
|
48 118
|
74 926
|
34 534
|
40 392
|
1989/90
|
142 788
|
69 840
|
72 948
|
48 946
|
13 650
|
35 296
|
1990/91
|
172 788
|
136 840
|
35 948
|
65 309
|
30 408
|
34 901
|
1991/92
|
186 246
|
99 116
|
87 130
|
57 267
|
27 538
|
29 729
|
1992/93
|
98 355
|
53 167
|
45 188
|
66 208
|
29 344
|
36 864
|
1993/94
|
260 952
|
144 162
|
116 790
|
154 379
|
71 326
|
83 053
|
1994/95
|
347 776
|
172 424
|
175 352
|
153 747
|
72 260
|
81 487
|
1995/96
|
569 246
|
321 550
|
247 696
|
255 439
|
147 565
|
107 874
|
1996/97
|
565 148
|
341379
|
223 769
|
253 080
|
150 410
|
102 670
|
1997/98
|
384 662
|
242 518
|
142 144
|
373 879
|
252 540
|
121 339
|
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
131
|
1998/99
|
434820
|
265
|
404
|
169
|
416
|
254
|
084
|
149 910
|
104 174
|
1999/00
|
518
|
502
|
312
|
345
|
206
|
157
|
245
|
058
|
144106
|
100 952
|
2000/01
|
501
|
000
|
262
|
576
|
238 424
|
|
183
|
620
|
124 025
|
59 595
|
Source : CAA (2007)
ANNEXE 7
Tableau : FLUX COMMERCIAUX ET ENDETTEMENT
EXTERIEUR
Année
|
Balance Commerciale
|
Flux Apparent
Endettement
|
Flux Net Réel Endettement
|
Transfert réel
d'endettement
|
TOTAL ARRIERES EXT
|
Déficit primaire (déficit hors
intérêt)
|
1981/82
|
79 128
|
-10 479
|
-45 681
|
-45 681
|
0
|
1,93
|
1982/83
|
159 800
|
-30 873
|
-30 873
|
-30 873
|
0
|
-1,96
|
1983/84
|
198 900
|
-39 186
|
-39 186
|
-39 186
|
0
|
-2,44
|
1984/85
|
95 300
|
36 566
|
36 566
|
36 566
|
0
|
0,33
|
1985/86
|
-159 400
|
-46 374
|
14 641
|
14 641
|
0
|
2,9
|
1986/87
|
-153 700
|
68 363
|
71 996
|
71 996
|
0
|
11,6
|
1987/88
|
-188 300
|
777
|
39 287
|
39 287
|
0
|
4,19
|
1988/89
|
222 592
|
-45 921
|
49 153
|
49 153
|
84 147
|
2,51
|
1989/90
|
207 054
|
101 005
|
194 847
|
194 847
|
123 688
|
4,5
|
1990/9 1
|
209 169
|
-9 544
|
97 935
|
97 935
|
284 992
|
3,36
|
1991/92
|
231 398
|
-35 375
|
93 604
|
93 604
|
145 760
|
1,12
|
1992/93
|
148 885
|
35 563
|
67 710
|
67 710
|
323 076
|
0,86
|
1993/94
|
300 008
|
-13 755
|
92 818
|
92 818
|
403 456
|
0,88
|
1994/95
|
346 377
|
-254 993
|
-60 964
|
-60 964
|
566 313
|
-2,97
|
1995/96
|
247 706
|
-458 319
|
-144 512
|
-144 512
|
553 604
|
-4,68
|
1996/97
|
261 951
|
-497 131
|
-185 063
|
-185 063
|
672 510
|
-5,11
|
1997/98
|
209 532
|
-105 886
|
-95 103
|
-95 103
|
332 492
|
-3,74
|
1998/99
|
439 200
|
-148 289
|
-62 553
|
-62 553
|
275 832
|
|
1999/00
|
689 100
|
-200 110
|
-149 666
|
-149 666
|
531 649
|
|
2000/01
|
672 100
|
-135 062
|
-88 682
|
-88 682
|
580 032
|
|
2001/02
|
|
|
|
|
584 186
|
|
2002/03
|
|
|
|
|
584 186
|
|
2003/04
|
|
|
|
|
123 088
|
|
2004/05
|
|
|
|
|
172 313
|
|
2005/06
|
|
|
|
|
123 088
|
|
Source : CAA (2007)
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
|
132
|
ANNEXE 8
Tableau : EVOLUTION DES RATIOS D'ENDETTEMENT EXTERIEUR
ANNEES
|
% Réalisations des recettes
|
% Réalisations des dépenses
|
% Déficit
budgétaire
réel
|
Service dette ext. /Budget (en %)
|
Service dette
ext. /Export.
(%)
|
Service dette ext. /P.I.B. (%)
|
1981/82
|
133,55%
|
132,90%
|
0,49%
|
0,00%
|
0,00%
|
0,00%
|
1982/83
|
125,95%
|
143,76%
|
-12,38%
|
14,75%
|
9,52%
|
2,10%
|
1983/84
|
163,85%
|
155,61%
|
5,29%
|
7,70%
|
5,36%
|
1,21%
|
1984/85
|
155,99%
|
145,59%
|
7,14%
|
9,58%
|
7,38%
|
1,53%
|
1985/86
|
130,15%
|
137,95%
|
-5,66%
|
9,92%
|
10,65%
|
1,60%
|
1986/87
|
118,53%
|
138,78%
|
-14,59%
|
10,55%
|
18,17%
|
1,90%
|
1987/88
|
90,13%
|
155,10%
|
-41,89%
|
10,10%
|
19,96%
|
1,95%
|
1988/89
|
92,15%
|
125,07%
|
-26,32%
|
10,97%
|
29,21%
|
1,76%
|
1989/90
|
93,81%
|
121,89%
|
-23,04%
|
12,49%
|
12,93%
|
1,87%
|
1990/91
|
79,67%
|
125,32%
|
-36,42%
|
8,16%
|
8,84%
|
1,26%
|
1991/92
|
92,05%
|
138,51%
|
-33,55%
|
11,87%
|
11,98%
|
1,74%
|
1992/93
|
92,12%
|
131,00%
|
-29,68%
|
10,51%
|
11,05%
|
1,64%
|
1993/94
|
82,08%
|
115,36%
|
-28,85%
|
12,13%
|
15,77%
|
1,91%
|
1994/95
|
66,88%
|
114,39%
|
-41,54%
|
26,80%
|
25,58%
|
4,11%
|
1995/96
|
92,38%
|
114,97%
|
-19,65%
|
26,46%
|
18,96%
|
3,44%
|
1996/97
|
96,21%
|
108,09%
|
-10,99%
|
37,45%
|
33,69%
|
5,33%
|
1997/98
|
100,72%
|
104,03%
|
-3,18%
|
33,21%
|
26,09%
|
4,71%
|
1998/99
|
103,50%
|
108,41%
|
-4,53%
|
45,65%
|
34,49%
|
6,51%
|
1999/00
|
71,52%
|
80,94%
|
-11,64%
|
19,89%
|
18,34%
|
4,08%
|
2000/01
|
84,34%
|
67,77%
|
24,46%
|
19,99%
|
16,24%
|
4,10%
|
2001/02
|
89,34%
|
74,54%
|
19,85%
|
13,80%
|
11,27%
|
2,95%
|
Source : CAA (2007)
ANNEXE 9
Tableau : RATIOS DES INVESTISSEMENTS AU CAMEROUN
Année
|
PIB
(millions de franc CFA)
|
Ratio investissement privé sur PIB
|
Ratio investissement public sur PIB
|
|
|
(%)
|
(%)
|
1970
|
750202
|
20%
|
2%
|
1971
|
776306
|
24%
|
3%
|
1972
|
797064
|
24%
|
3%
|
Ratio dette publique totale sur pib
5% 6% 7%
7% 8% 9% 14% 24% 26% 32% 37% 36% 45% 37% 55% 63% 61% 56% 58%
72% 93% 108% 150% 178% 315% 338% 323% 291% 275% 263% 259% 250% 226% 205% 55%
52% 39%
1973
|
839752
|
26%
|
4%
|
1974
|
929893
|
219%
|
30%
|
1975
|
1034460
|
22%
|
3%
|
1976
|
977615
|
22%
|
3%
|
1977
|
1111940
|
27%
|
3%
|
1978
|
1356600
|
32%
|
3%
|
1979
|
1438470
|
32%
|
4%
|
1980
|
1410200
|
16%
|
4%
|
1981
|
1651100
|
25%
|
5%
|
1982
|
1775200
|
25%
|
5%
|
1983
|
1897100
|
29%
|
7%
|
1984
|
2038900
|
30%
|
10%
|
1985
|
2203300
|
30%
|
13%
|
1986
|
2352500
|
26%
|
18%
|
1987
|
2302000
|
23%
|
19%
|
1988
|
2121900
|
20%
|
16%
|
1989
|
2083300
|
21%
|
10%
|
1990
|
1956100
|
23%
|
7%
|
1991
|
1881600
|
19%
|
5%
|
1992
|
1823270
|
19%
|
5%
|
1993
|
1764930
|
22%
|
6%
|
1994
|
1720800
|
25%
|
4%
|
1995
|
1777590
|
29%
|
5%
|
1996
|
1866470
|
26%
|
7%
|
1997
|
1961660
|
30%
|
5%
|
1998
|
2060510
|
39%
|
5%
|
1999
|
2151050
|
41%
|
6%
|
2000
|
2241390
|
39%
|
4%
|
2001
|
2360180
|
42%
|
6%
|
2002
|
2459310
|
47%
|
4%
|
2003
|
2569980
|
44%
|
4%
|
2004
|
8427000
|
22%
|
2%
|
2005
|
8298500
|
25%
|
4%
|
2006
|
8699100
|
24%
|
4%
|
Source : CAA (2007)
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE 2
AVERTISSEMENT 2
DEDICACE 5
REMERCIEMENTS 6
RESUME 8
LISTE DES ABREVIATIONS 9
LISTE DES FIGURES 11
LISTE DES TABLEAUX 12
INTRODUCTION GENERALE 13
PREMIERE PARTIE 27
CHAPITRE I : EFFET D'EVICTION DANS LA RELATION ENTRE DETTE
PUBLIQUE
ET INVESTISSEMENT PRIVE 29
SECTION I : APPROCHE TRADITIONNELLE DE L'EFFET
D'EVICTION. 30
I.1. EMPRUNT PUBLIC ET COMPORTEMENT DES AGENTS
ECONOMIQUES 30
I.1.1. Emprunt public et responsabilité du
citoyen 30
I.1.2. Emprunt public et investissement privé
32
I.2. LA DETTE PUBLIQUE ET LA POLITIQUE BUDGETAIRE
34
I.2.1. Les effets à long terme de la politique
budgétaire sur l'investissement privé 34
I.2.2.Les effets à court terme de la politique
budgétaire. 36
SECTION II. APPROCHE MODERNE DE L'EFFET D'EVICTION :
DEPENSES PUBLIQUES DANS LE MODELE DE SOLOW-RAMSEY 39
II.1. BUDGET EQUILIBRE DANS LE MODELE NEOCLASSIQUE
39
II.1.1. Impôt forfaitaire et dépenses publiques
39
II.1.2. Taux d'imposition et dépenses publiques 40
II.2. DETTE PUBLIQUE ET EQUIVALENCE RICARDIENNE
41
II.3. SOUTENABILITE DE LA DETTE PUBLIQUE 43
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D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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CONCLUSION 45
CHAPITRE II : EFFET DE LEVIER DANS LA RELATION ENTRE DETTE
PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE 46
SECTION I : LA STRUCTURE DE L'EFFET DE LEVIER ET LE
THEOREME DE MODIGLIANI-MILLER. 47
I.1. EFFET ACCELERATEUR ET EFFET MULTIPLICATEUR
47
I.1.1. Principe de l'accélérateur comme composante
de l'effet de levier. 47
I.1.2. Effet multiplicateur mécanique de l'effet de levier
50
II.2. EFFET DE LEVIER ET THEOREME DE MODIGLIANI-MILLER.
52
II.2.1. Le principe de l'effet de levier 52
II.2.2. Le lien entre le théorème de
Modigliani-Miller et l'effet de levier 53
SECTION II. APPROCHE KEYNESIENNE DE LA RELATION DETTE
PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE 55
II.1. OPTIQUE KEYNESIENNE DE L'EMPRUNT D'UN POINT DE VUE
MACROECONOMIQUE. 55
II.1.1. Réduction des dépenses et déficit
public. 56
II.1.2. Augmentation des recettes publiques et déficit
public 57
II.2. ALLOCATION, REDISTRIBUTION DE L'EMPRUNT PUBLIC ET
LIMITE DE L'APROCHE
KEYNESIENNE 60
II.2.1. Optique keynésienne de l'emprunt d'un point de vue
allocatif et rédistributif 60
II.2.2.Les bémols dans l'analyse de l'effet de levier : La
politique de relance keynésienne 61
CONCLUSION 63
CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE 64
DEUXIEME PARTIE 65
INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE 66
CHAPITRE III : DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN
: EVOLUTION ET CARACTERISTIQUES 67
SECTION I : EVOLUTION GLOBALE DE LA DETTE PUBLIQUE AU
CAMEROUN 69
I.1. EVALUATION DES COMPOSANTES DE LA DETTE INTERIEURE
CAMEROUNAISE 69
I.1.1. La dette intérieure dans le contexte
socio-économique camerounais 69
I.1.2. Evolution du service de la dette
intérieure 72
I.2. EXAMEN DE L'EVOLUTION GLOBALE DE LA DETTE
EXTERIEURE AU CAMEROUN 74
I.2.1. La situation générale de la dette
extérieure du Cameroun. 74
I.2.2. Evolution du service de la dette extérieure
77
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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146
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SECTION II. LES PERFORMANCES ECONOMIQUES DE
L'INVESTISSEMENT AU CAMEROUN. 83
II.1. L'INVESTISSEMENT ET LE PREMIER REGIME DE
CROISSANCE AU CAMEROUN 84
II.2. INVESTISSEMENT ET BOOM PÉTROLIER
85
II.3. INVESTISSEMENT ET RECESSION ECONOMIQUE AU CAMEROUN
86
II.4. INVESTISSEMENT PENDANT LA PERIODE POST-DEVALUATION
87
II.5. INVESTISSEMENT ET POINT DE DECISION DE
L'INITIATIVE PPTE 88
CONCLUSION 90
CHAPITRE IV : EFFET D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER
: EVALUATION EMPIRIQUE AU CAMEROUN 92
SECTION I : LE MODELE ECONOMETRIQUE 93
I.1. LIENS EMPIRIQUES ET MODELE «
ACCELERATEUR-COÛT DU CAPITAL » 93
I.1.1. Liens empiriques du modèle du déterminant de
l'investissement au Cameroun 93
I.1.2. Le modèle « accélérateur
-coût du capital » 94
I. 2. VARIABLES DETERMINANTES DU COMPORTEMENT DE
L'INVESTISSEMENT. 99
I.2.1. L a structure des investissements publics 99
I.2.2. Les hypothèses de la théorie d'endettement.
100
I.2.3. Le taux de croissance réel 101
I.2.4.Variable relevant de la politique monétaire : la
disponibilité du crédit et le taux d'intérêt 101
I.2.5. L'instabilité macro-économique 102
SECTION II. VERIFICATION EMPIRIQUE DE L'EFFET DE LEVIER
ET D'EVICTION AU CAMEROUN 102
II.1. ESTIMATION DU MODELE DE DETERMINATION DE
L'INVESTISSEMENT 102
II.1.1. Appréciation du comportement de l'investissement
privé 102
II.1.2. Estimation des déterminants de l'investissement
privé. 107
II. 2. RESULTATS ET INTERPRETATIONS DES DIFFERENTES
SPECIFICATIONS. 110
II.2.1. Analyse des résultats des
différentes spécifications 110
II.2.2. Interprétations des résultats des
différentes spécifications 114
CONCLUSION 119
CONCLUSION DEUXIÈME PARTIE 120
CONCLUSION GENERALE 121
ANNEXES 124
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 134
TABLE DES MATIERES 144
147
DETTE PUBLIQUE ET INVESTISSEMENT PRIVE AU CAMEROUN : EFFET
D'EVICTION VERSUS EFFET DE LEVIER. MEMOIRE /DEA-PTCI,
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