WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Initiatives diplomatiques et occupation de l'espace africain. le cas du golfe de guinée (2001-2008). une approche de usages géostratégiques de la diplomatie

( Télécharger le fichier original )
par Théophile Mirabeau Nchare Nom
Université de Yaoundé II - DEA sciences politiques 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Paragraphe 3 : La stratégie militaire par les accords de défense et de soutien militaire

Deux puissances s'illustrent dans cette stratégie ; la France et les Etats-Unis.

A- Du triple enjeu stratégique de la présence militaire française en Afrique subsaharienne

C'est au lendemain des indépendances - qui en réalité constituaient pour la France la poursuite de la colonisation par d'autres moyens pour parodier Clausewitz - que la France signa avec les leaders de ses anciennes colonies d'AOF, d'AEF et des territoires sous tutelle des accords de défense et de coopération militaire. Gardés secrets pour la plupart, ces accords avaient un triple but stratégique : sécuriser les intérêts français en Afrique ; assurer la sécurité des chefs d'Etats africains acquis à sa cause en leur offrant tout le soutien nécessaire pour assoir leur autocratie et combattre leurs adversaires ; contrôler et s'assurer de la loyauté de ces chefs d'Etat et dans les cas contraires promouvoir leur remplacement par le soutien direct ou indirect à un coup d'Etat. La France a donc toujours su concilier diplomatie et outil militaire pour faire valoir sa géopolitique africaine130(*). En 1997, elle initie le RECAMP avec pour ambition volontariste d'aider les Etats d'Afrique subsaharienne à se doter des capacités de gestion et de règlement des crises et d'assurer progressivement la sécurité du continent en proie à l'internalisation et la privatisation des conflits de tout bord. Or si on ne peut nier l'apport de ce programme dans l'entrainement et l'équipement des armées africaines avec en perspective la promotion d'une force préventive et d'une coopération militaire régionale, on ne peut aussi nier son caractère directif131(*) puisqu'en plaçant les armées africaines sous la dépendance logistique et professionnelle française, il élargit l'extraversion sécuritaire et le déficit d'autonomie politique de ces Etats.

B- Des initiatives de renforcement des forces africaines à l'AFRICOM ou les enjeux du militarisme américain dans le golfe de Guinée

Le quadrillage de l'Afrique et plus particulièrement du golfe de Guinée par une panoplie de programmes dits de soutien militaire et de lutte contre le terrorisme est bien une projection géostratégique américaine pour mettre cet espace au service de sa politique de puissance. Avec pour objet apparent « le renforcement des capacités opérationnelles des forces de défense africaines » et la lutte contre le terrorisme, ces programmes132(*) ont conduit en février 2007 à la création de l'Africa Command (AFRICOM), effectif dès le 1er octobre 2008. Placées sous l'angle réaliste, ces initiatives peuvent se comprendre de trois manières. Premièrement, elles constituent pour les Etats-Unis une matérialisation de la fin de la sous-traitance stratégique qui l'avait jusque là liée aux puissances européennes133(*). Deuxièmement, il est question de pouvoir sécuriser soi-même ses intérêts face aux terroristes et de matérialiser sa capacité de projection dans le continent comme il ressort de cette affirmation de Jean-Claude Bessez :

(...) la création de ce nouveau commandement représente autant un défi pour les américains qu'une ligne de fracture pour les nations du continent. Facteur aggravant, de nouveaux acteurs ont précédé le renouveau du tête à tête avec les Européens désormais à la traine de leur allié américain : l'Aigle américain se trouve dorénavant en concurrence directe avec le très entreprenant Dragon chinois, suivi de loin par le précautionneux Tigre indien134(*).

Troisièmement enfin, ces initiatives s'inscrivent dans la même logique de mise en dépendance stratégique et sécuritaire des Etats du golfe de Guinée.

* 130 Lire à ce sujet :

- Jean DOISE et Maurice VAISSE, Diplomatie et outil militaire : Politique étrangère de la France, 1871-1991, Paris, Seuil, 1992, 425p.

- Andréì DUMOULIN, La France militaire et l'Afrique. Coopération et interventions : un état des lieux, Bruxelles - GRIP-Editions Complexe, 1997, 136p.

- Andréì DUMOULIN, "La France et la sécurité en Afrique subsaharienne", Revue Problèmes, Politiques et Sociaux, Paris, La Documentation Française, 2008, pp. 1-72.

* 131 Voir annexe 2 : Structure et organisation des acteurs institutionnels qui interviennent dans le fonctionnement du RECAMP.

* 132 On peut citer entre autre la International Military Education and Training Program (IMET), l'African Regional Peacekeeping Program (ARP) et l'African Contingency Operations Training Assistance (ACOTA). Voir en Annexe la carte des initiatives militaires américaines sur le continent africain.

* 133 Voir Joseph Vincent NTUDA EBODE, « Terrorisme mondial et contre terrorisme en Afrique : l'Africa Command ou la fin de l'exception stratégique africaine », op.cit.

* 134 Jean-Claude BESSEZ, « Africom : Mode d'emploi du nouveau cheval de Troie », op.cit., p.2.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle