WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Initiatives diplomatiques et occupation de l'espace africain. le cas du golfe de guinée (2001-2008). une approche de usages géostratégiques de la diplomatie

( Télécharger le fichier original )
par Théophile Mirabeau Nchare Nom
Université de Yaoundé II - DEA sciences politiques 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE II 

INITIATIVES DIPLOMATIQUES DANS LE GOLFE DE GUINEE ET OPERATIONNALISATION DES PROJECTIONS EN CHEVAL DE TROIE

Opérationnaliser, c'est conférer à un dispositif stratégique des procédés pragmatiques susceptibles de lui permettre d'atteindre de la meilleure manière certains buts politiques. Ainsi, ce chapitre vise à montrer que les puissances en projection dans le golfe de Guinée y ont construit chacune des dispositifs stratégiques d'objectivation, d'activation et d'opérationnalisation de leurs stratégies de puissance. Son objet est d'ouvrir le cheval de Troie de chacune de ces puissances et de mettre en lumière ces dispositifs. Il amène à voir comment ils déstructurent, recomposent et reconfigurent les domaines de leadership dans la région par des initiatives offensives pour la cassure des verrous coopératifs préétablis (Section I) et d'initiatives défensives des partenaires traditionnels en vue de la pérennisation des pré-carrés en sursis (Section II).

SECTION I : DIPLOMATIE OFFENSIVE ET CASSURE DES VERROUS COOPERATIFS PREETABLIS : UN PROJET GEOSTRATEGIQUE A VARIABLES MULTIPLES

Les initiatives diplomatiques offensives dans le golfe de Guinée sont l'oeuvre des Etats-Unis, du Japon, de la Chine, de l'Inde et du Brésil. Après s'être projetés dans la région, l'enjeu est d'y rendre fonctionnel leurs stratégies de puissance. Une lecture géostratégique amène à voir deux groupes d'initiatives: l'instrumentalisation du protectorat sécuritaire sur le golfe de Guinée par les Etats Unis et l'activation de la fonctionnalité stratégique du bon samaritariat par le Japon et les puissances émergentes.

Paragraphe 1 : Les Etats-Unis et l'instrumentalisation du protectorat sécuritaire sur le golfe de Guinée

C'est avec les attentats simultanés de Dar es Salam et de Nairobi en 1998 que les Etats africains réalisèrent qu'ils n'étaient plus à l'abri du terrorisme. Des programmes de contre-terrorisme conjoints furent adoptés à cet effet135(*). D'abord à l'écart de cette lutte africaine contre le terrorisme, les attentats du 11 septembre ont servi de mobile aux Etats-Unis pour proclamer et légitimer la Global War Againts Terror (GWAT) et se faire unilatéralement l'acteur international de cette lutte. C'est donc sans équivoque qu'ils convoquent la lutte contre le terrorisme pour justifier leur stratégie d'hégémonisation du golfe de Guinée.

A- L'appropriation unilatéraliste de la lutte contre le terrorisme et légitimation d'un projet pétrostratégique

Après avoir été pour la première fois frappé au coeur de leur ``superpuissance'' par des acteurs non pas étatiques mais individuels, les Etats-Unis ont vu leur magistère international se relativiser et conduire à la suspicion les tenants de l'unipolarité mondiale au sommet duquel ils trônaient136(*). C'est donc pour réaffirmer leur puissance et rassurer ses citoyens que les Etats-Unis se sont approprié autocratiquement le devoir d'endiguer ce fléau. Au-delà de l'appropriation des six axes de lutte conçus par la communauté internationale137(*), les Etats-Unis élaborèrent aussi leur propre programme de lutte, reposant sur une ``politique du gros bâton''138(*), incluant l'élimination des germes et des sanctuaires terroristes à travers le monde. Cependant, sans toutefois nier l'effectivité de la lutte contre le terrorisme à l'américaine, une analyse réaliste amène à dire que les Etats-Unis ont fait de ce protectorat sécuritaire le cheval de Troie de leur expansionnisme dans les zones stratégiques tels que le golfe Persique, d'Aden et de Guinée. Rien de surprenant donc que les autorités de Washington érigent le golfe de Guinée en ``zone grise'' et en ``arc d'instabilité'', prototype des

(...) bases arrière des terroristes et (...) viviers des prêcheurs islamistes extrémistes et des nouveaux groupes terroristes (GSPC, AQPM, Black Taliban in Nigeria, Tabligi Jamaat en Afrique occidentale) implantés dans les pays producteurs de pétrole139(*).

La création de l'AFRICOM avec pour mission officielle de « réduire les conflits, d'améliorer la sécurité, de vaincre les terroristes et appuyer la réponse aux crises »140(*) n'était donc qu'une stratégie par laquelle les Etats-Unis entendaient s'imposer en puissance globale avec un quadrillage mondial par les forces américaines : la Us Northen Command en Amérique du Nord ; la Us Southern Command en Amérique du Sud, la Us Central Command pour le Proche et Moyen Orient, la Us Pacific Command en l'Asie et l'Océan Indien et enfin l'Africa Command pour l'Afrique. L'enjeu pétrostratégique de cette dernière unité peut se lire à travers sa focalisation dans les pays à fort potentiel pétrolier du golfe de Guinée ; pourtant ce commandement se veut africain. Déjà en 2002, la Maison Blanche avait énoncé la ``Doctrine West point'' selon laquelle les Etats-Unis ne pouvaient tolérer un rival potentiel dans les régions qui leurs étaient stratégiques141(*). Ceci sous-tendait une convergence des stratégies vers le contrôle et la sécurisation des hydrocarbures à travers le monde.

* 135 On peut citer l'adoption entre autre à Alger en juillet 1999 de la Convention de l'Organisation de l'Unité Africaine sur la prévention de la lutte contre le terrorisme, transformé en Plan d'Alger pour la prévention et la lutte contre le terrorisme ; la création d'un Centre africain d'Etudes et de Recherche sur le Terrorisme (CAERT), etc. Voir Joseph Vincent NTUDA EBODE, «Terrorisme et contre terrorisme en Afrique : perspectives américaines et préoccupations africaines », op.cit.

* 136 Lire Francis Fukuyama, La fin de l'histoire et le dernier homme, Paris, Flammarion, 1992, 418p.

* 137 Ces six axes visent à empêcher l'approvisionnement des terroristes en financements et en équipements ; le refus d'asile, l'arrestation et la traduction en justice des terrorismes et leurs complices devant les juridictions internationales ; la coopération entre les services de renseignement afin de dénicher et désorganiser les réseaux terroristes ; la création des centres d'étude en vue de la compréhension des logiques d'engagement des jeunes dans les réseaux terroristes ; le renforcement de la capacité des Etats dans la lutte contre ce fléau et la sensibilisation des populations au travers de la société civile. Voir Joseph V. NTUDA EBODE, «Terrorisme et contre terrorisme en Afrique : perspectives américaines et préoccupations africaines », op.cit., p.1.

* 138 L'Ouverture de la prison d'exception de Guantanamo est l'une des illustrations.

* 139 Voir Jane's Intelligence Review, Us woos North Africa as al-qaeda infiltrates 1er mars 2006, p.23, cité par J.C BESSEZ, « Africom : Mode d'emploi du nouveau cheval de Troie », op.cit., p.1.

* 140 United States Africa Command/ Bureau des Relations Publiques, « AFRICOM : Le Département de la Défense des Etats-Unis annonce l'activation d'un commandement géographique unifié », in Africom.mil, 1 octobre 2008, http://www.africom.mil /indexFrancais.asp, consulté le 8 août 2009.

* 141 United States Africa Command, op.cit, p.13.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire