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Initiatives diplomatiques et occupation de l'espace africain. le cas du golfe de guinée (2001-2008). une approche de usages géostratégiques de la diplomatie

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par Théophile Mirabeau Nchare Nom
Université de Yaoundé II - DEA sciences politiques 2009
  

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SECTION II : DIPLOMATIE DEFENSIVE ET PERENISATION DES PRE-CARRES DANS LE GOLFE DE GUINEE

La déstructuration, la recomposition et la reconfiguration des leaderships géopolitiques induites de l'opérationnalisation des projections géostratégiques des Etats-Unis, du Japon et des puissances émergentes dans le golfe de Guinée a conduit la France et l'Angleterre à mettre sur pied une diplomatie de pérennisation de leurs zones d'influence dans la région.

Paragraphe 1 : Les mécanismes de pérennisation des pré-carrés

La France et l'Angleterre ont eu recours à deux mécanismes pour préserver et reconquérir leurs zones d'influence dans le golfe de Guinée : Une diplomatie de reformation théorique des accords de coopération qui les lient aux Etats de la région et une diplomatie subversive contre les dissidents.

A- Une diplomatie de reformation théorique et de continuité pratique

Face à l'impopularité des réseaux de la françafrique et à l'irruption de nouveaux acteurs déterminés à sonner le glas des zones d'influence, la France et l'Angleterre ont été amenées à modifier leur discours et à se prononcer pour l'exorcisation de leurs rapports avec les pays africains. Ce qui s'avère être un mirage car représentant un suicide géopolitique. A lire Emmanuel Dupuy, c'est le président François Mitterrand qui inaugura à la Baule la politique française de l'affichage des reformes de la Françafrique sans toutefois l'accompagner de faits réels171(*). Son premier ministre Lionel Jospin lui emboita le pas en énonçant les principes « ni ingérence, ni indifférence » et « d'accompagnement sans dictée »172(*) pour qualifier ce que devaient être les ``nouvelles'' relations entre la France et les Etats africains. Mais, rien n'y fit. Durant l'administration Chirac, les réseaux mafieux et les lobbies pétroliers, forestiers et industriels français en Afrique retrouvèrent les ferments qui avaient alimentés et soutenus leurs âge d'or dans le passé173(*).

L'enthousiasme de Nicolas Sarcozy après son élection l'a amené lui aussi

A se prononcer pour la fin de la Françafrique et cela dans tous les domaines174(*). Tout comme ses prédécesseurs, ce volontarisme s'avère difficile à réaliser175(*). Les évènements de Côte d'Ivoire, du Tchad et de la République Centrafricaine176(*) ont montré que la France n'était pas encore prête à ``lâcher'' son pré-carré africain. Se fondant sur la géopolitique africaine de la France177(*), Chirac rappelait très souvent  que « l'Afrique est au coeur des priorités de la France »178(*). Cette résistance aux reformes est due aux réseaux commerciaux, industriels et pétroliers sur lesquels repose la puissance française car d'une manière sincère, certains n'hésitent pas à dire que « sans l'Afrique, la France deviendrait une puissance de troisième rang »179(*).

L'analyse amène donc à dire que ce volontarisme réformateur n'est que l'opérationnalisation de la diplomatie défensive française dans ses zones d'influences d'Afrique ou du golfe de Guinée. L'enjeu est de ne pas rester indifférent aux revendications et critiques de la communauté internationale et scientifique sur les dérives démocraticides et néopatrimonialistes de la françafrique. Il s'agit d'un désengagement de façade, d'une manoeuvre pour contenter l'opinion publique internationale et la détourner des socles occultes sur lesquels reposent les intérêts français. Par ailleurs, la France cherche à contenir les leaders africains dans son giron afin de contrecarrer les propositions adulatrices des puissances émergentes comme la Chine, l'Inde et le Brésil. Dans le golfe de Guinée, que ce soit dans les deux Guinée, en Côte d'Ivoire, au Bénin, au Cameroun, en RDC, au Congo et au Gabon, Paris entend y préserver ses intérêts stratégiques tout en embellissant son image sur la scène internationale.

Pour ce qui de l'Angleterre, d'après Simon Maxwell et Karin Christiansen180(*), la question qui structure sa politique de repositionnement tactique sur le continent et dans le golfe de Guinée plus particulièrement est la suivante : comment sans faux semblants médiatiques se comporter autant en ancienne puissance coloniale qu'en se montrant déterminée à oeuvrer dans un cadre de solidarité internationale pour un réel partenariat susceptible de contribuer au développement et à la construction d'une stabilité durable au sud du Sahara. En réponse, la politique adoptée depuis l'arrivée du Labor Party conduit par Tony Blair au pouvoir en 1997 est de réviser la politique africaine de l'Angleterre en l'imprégnant d'un humanisme idéaliste et d'une volonté de Londres à sortir les pays d'Afrique subsaharienne de la pauvreté et de la spirale des conflits. C'est ce que le ministre britannique des affaires étrangères Robin Cook appelait «The humanist internationalism», devant être mis en oeuvre à travers la «ethical foreign policy»181(*).

Les corolaires de ce volontarisme stratégique ont été le renouvellement des relations anglo-africaines, faisant du continent l'axe majeur du désendettement et des APD britanniques, repensées et revigorées suivant une vision libérale des relations internationales182(*). Au cours d'une tournée sur le continent en 2003, Tony Blair avait déclaré à Johannesburg :

L'Afrique est pour moi une passion. Fier de notre leadership pour la remise de dette, fier des ressources supplémentaires que nous allons dégager pour l'aide au développement, nous voulons donner plus encore à l'avenir [...]. Ceci implique d'approfondir notre partenariat avec l'Afrique. Je puis vous annoncer qu'à compter de 2006 la Grande-Bretagne accordera 1 milliard de livres sterling par an [...]. Ce n'est pas de la charité, mais un investissement dans notre avenir collectif183(*).

Cette dernière phrase exprimait bien la fonctionnalité stratégique de la nouvelle politique africaine de Londres : jouer aussi au meilleur partenaire sans toutefois se départir de ses intérêts. Cette main tendue était donc plus la reconduction du réalisme diplomatique qui a toujours structuré la politique étrangère de la Grande Bretagne. Elle allait en droite ligne avec la déclaration du leader conservatiste Douglas Hurd, qui en sa qualité de ministre des affaires étrangères avait affirmé en 1993: « La politique étrangère britannique a pour objet de protéger et de promouvoir les intérêts britanniques»184(*). Cette realpolitik a été reconduite par Gordon Brown185(*). Elle amène à constater que la volonté de reforme, de soutien au désendettement, au développement et à la stabilité en Afrique subsaharienne manifestée par les autorités de Paris et de Londres ne visent que la perpétuation de leurs zones d'influences respectives. Ainsi pour renforcer cette politique, une diplomatie du ``bâton et de la carotte'' a été initiée.

* 171 Emmanuel DUPUY, « La politique africaine de la France : Changement dans la continuité ? », op.cit., p.2.

* 172 Ibid.

* 173 Lire Agir Ici et Survie, Jacques Chirac et la Françafrique : retour à la case Foccart ?, Paris, l'Harmattan, 1996, 111p.

* 174 Voir plus particulièrement son discours prononcé au Cap, devant les parlementaires sud-africains le 28 février 2008 et celui prononcé à l'université Cheikh ANTA DIOP de Dakar, le 26 juillet 2008.

* 175 Lire Samuël FOUTOYET, Nicolas Sarkozy ou la Françafrique décomplexée, Tribord, Bruxelles, 2009, 153p.

* 176 Ces trois pays ont connu tout au long des années 2006 et 2007une série d'interventions des forces françaises. Au Tchad plus particulièrement, l'étouffement de l'affaire de l'Arche de Zoé et l'appui des forces françaises à Idris DEBY lors de l'incursion rebelle des 2 et 3 février à N'Djamena ont réaffirmé le déficit d'autonomie politique de ce pays ; traduisant de ce fait le cercle vicieux et vissé de la Françafrique.

* 177 Supra, p.40.

* 178 Emmanuel DUPUY, « La politique africaine de la France : Changement dans la continuité ? », op.cit., p.1.

* 179 Ibid., p.2.

* 180 Simon MAXWELL et Karin CHRISTIANSEN, «Negociation as Simultaneous Equation»: Building a new partnership with Africa", in International Affairs, n° 78/7, 2002, p. 477-491; cités par François GAULME, « Le sursaut africain du New Labour : principes, promesses et résultats », in Afrique contemporaine,  n° 207, automne 2003, p.97.

* 181 Cité par Richard DOWDEN, «Gordon Brown and Africa», in Africa Forum Categories, Tuesday, 18 January 2005, p.1, http://forums.csis.org/africa/?p=6, consulté le 15 juillet 2009.

* 182 Voir François GAULME, « Le sursaut africain du New Labour », op.cit., p.77.

* 183 Ibid., p.79.

* 184 Cité par François GAULME, « Le sursaut africain du New Labour », p.80.

* 185 Voir Richard DOWDEN, «Gordon Brown and Africa», op.cit.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams