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Initiatives diplomatiques et occupation de l'espace africain. le cas du golfe de guinée (2001-2008). une approche de usages géostratégiques de la diplomatie

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par Théophile Mirabeau Nchare Nom
Université de Yaoundé II - DEA sciences politiques 2009
  

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Paragraphe 2 : De la survivance des zones d'influence dans le golfe de Guinée

Malgré l'irruption des puissances américaines et asiatiques dans le golfe de Guinée, la France et l'Angleterre demeurent dans la plupart des pays de la région des partenaires dominants. Les cas qui illustrent notre analyse sont le Cameroun pour la France et la Sierra Léone pour la Grande Bretagne.

A- Le Cameroun comme exemple de pré-carré français

En dépit du redéploiement et du repositionnement géostratégique des puissances occidentales et émergentes dans le golfe de Guinée, le Cameroun représente l'un des bastions du pré-carré français dans la région. Déjà au cours de la dernière décennie, tandis que les relations économiques et commerciales franco africaines étaient en difficulté dans la plupart des pays - pris dans l'engrenage systémique des conflits et des revers des programmes d'ajustement structurels-, celles franco-camerounaises se renforçaient notamment avec la mise sur pied du programme des privatisations. De plus, l'appui financier français à travers l'initiative PPTE jouait le rôle de facilitateur des investissements français. Ainsi, malgré la forte baisse induite de l'irruption d'autres partenaires, la France est demeurée le premier client et le premier fournisseur du pays en 2004192(*). Reçu en visite officielle en France par Jacques Chirac le 27 et 28 juillet 2006 et par Nicolas Sarkozy le 28 et 29 octobre 2007, le Président Paul Biya n'a pas manqué de rappeler cette place de leader que jouissait le France au Cameroun193(*). Ainsi, le marché et le secteur privé camerounais sont quadrillés par

une centaine de filiales de groupes français (...), représentant environ 30% des IDE, et quelque 200 PME-PMI de la même origine, actives dans le BTP, les équipements électriques et électroniques, la restauration, le conseil juridique, fiscal, (...)194(*).

D'après Didier Planche, dans ce quadrillage font figure d'envergure

Total et Perenco dans le secteur pétrolier, Vinci, Bouygues, Razel (désormais filiale du groupe allemand Bilfinger Berger) et Lafarge (Ciment avec CIMENCAM) dans le BTP, la Compagnie fruitière et l'Union fruitière africaine dans l'agriculture d'exportation avec la production de bananes, ainsi que Bolloré directement ou en partenariat (groupe belge Fabri) dans les palmeraies et le caoutchouc, Vilgrain/SOMDIAA dans la filière sucrière et également propriétaire de la principale minoterie (SGMC), Castel dans le secteur des brasseries, des boissons gazeuses et des eaux minérales, à nouveau Bolloré dans les filières logistiques et transport (les transitaires SDV et SAGA, CAMRAIL pour le rail, SEPBC pour les parcs à bois à l'export), ainsi que Air France-KLM et Chronopost. De même, France Télécom (Orange) et CFAO Technologies sont actifs dans le secteur des télécommunications, de l'informatique et les TIC, Alucam dans l'aluminium (contrôlé désormais par le canadien Rio Tinto), CFAO dans la distribution automobile (Socada, Cami Toyota) et de médicaments (Laborex), Rougier et Pasquet dans l'industrie du bois, AXA (...) et Gras Savoye dans les assurances, Groupe Crédit Agricole dans le secteur bancaire, Advans dans la microfinance, Ibis dans l'hôtellerie, etc195(*).

Bénéficiant des marchés captifs dans leurs secteurs respectifs, ces entreprises contribuent à plus d'un titre au rayonnement économique de la France ; maintenant toujours excédentaire sa balance commerciale. Ce carroyage systématique du paysage économique du pays fait du Cameroun le deuxième partenaire commercial et deuxième fournisseur de la France en zone franc après la Cote d'Ivoire ; son troisième client après la Côte d'Ivoire et le Sénégal196(*).

Dans le but de faire face à la concurrence des puissances occidentales et des puissances émergentes, la France a accentué son programme d'aide en direction du Cameroun où le président appelle explicitement les grandes puissances à émettre « un Plan Marshall pour l'Afrique »197(*). Ainsi, après l'atteinte du fameux ``point d'achèvement'' de l'initiative PPTE en avril 2006, le Cameroun a bénéficié de l'annulation de sa dette d'un montant de 3,47milliard de dollars de la part des créanciers bilatéraux du Club de Paris dès le mois de juin et la mise sur pied d'un Contrat de désendettement et de développement (D) qui maintient la France comme le premier bailleur des fonds du pays198(*). Enfin, malgré le succès de cette géopolitique de l'aide, la France fait face dans le pays à l'offensive des firmes américaines, japonaises, chinoises, indiennes et Malaisiennes. Ainsi, la pérennisation du président Biya à la tête de l'Etat camerounais est d'une grande assurance pour les entrepreneurs français qui légitiment le régime sous le concept de stabilité.

* 192 Ambassade de France au Cameroun, « Les relations économiques France-Cameroun », http://www.ambafrance-cm.org/article.php3?id_article=356, p.1, consulté le 12 août 2006.

* 193 Ministère des Affaires étrangères, « Visite officielle de M. Paul Biya, président de la République camerounaise (27-28 juillet 2006), http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-géo_833/cameroun_361/france-cameroun_1.., consulté le 12 août 2006. Voir aussi Cameroon Tribune, « Coopération France-Cameroun, un nouveau départ », n° 8964/5163 du lundi 29 octobre 2007.

* 194 Georges SERRE, Ambassadeur français au Cameroun de 2005 à juin 2009, cité par Didier PLANCHE, « Un courant d'affaire à optimiser face à la concurrence », in Financéco, n°009, octobre-novembre 2009, p.4.

* 195 Didier PLANCHE, « Un courant d'affaire à optimiser face à la concurrence », in Financéco, n°009, octobre-novembre 2009, p.5.

* 196 Ibid.

* 197 Voir son discours devant le corps diplomatique lors de la réception des voeux de nouvel an le 7 janvier 2008, cité à l'intégralité dans Cameroon Tribune, n° 9009/5208 du 7 janvier 2008, p.3. En grande ligne, le Journal titre d'une manière cynique « Face à la grave question des migrations clandestines, l'appel de Paul Biya à un ``Plan Marshall'' pour l'Afrique ».

* 198 Didier PLANCHE, « Un courant d'affaire à optimiser face à la concurrence », op.cit., p.5.

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