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Initiatives diplomatiques et occupation de l'espace africain. le cas du golfe de guinée (2001-2008). une approche de usages géostratégiques de la diplomatie

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par Théophile Mirabeau Nchare Nom
Université de Yaoundé II - DEA sciences politiques 2009
  

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B- Construction d'infrastructures routières et fixation géostratégique des intérêts chinois en RDC

C'est en 1961 que la Chine a noué des relations diplomatiques avec la RDC en installant son ambassade à Stanley ville, actuel Kisangani. Toutefois, les turbulences politiques qui survinrent au lendemain de l'indépendance - culminées par l'assassinat du Premier ministre Patrice Emery Lumumba et l'accession au pouvoir de Joseph Désiré Mobutu - conduisirent à la fermeture de cette ambassade suivant les logiques de la guerre froide. Il fallut attendre 1972 pour qu'elle soit à nouveau ouverte247(*). Et si en 2006, l'ambassadeur Fan Zhenshui dressait un bilan prodigieux248(*) de la coopération entre les deux pays, la Chine devait oeuvrer davantage pour s'imposer aux partenaires traditionnels en l'occurrence les Etats-Unis, la Belgique, l'Angleterre et la France249(*). Ainsi, dans le but d'ancrer ses positions dans ce pays, la Chine s'est engagée à financer à hauteur de plus de 11 milliards de dollars américains la construction de plusieurs autoroutes, routes et voies ferrées ; toutes orientées vers les sites au potentiel minier important.

Satisfaisant le président Joseph Kabila qui y trouvait des arguments pour sa campagne électorale, les protocoles d'accord pour ce financement ont été signés

par le ministre d'Etat aux infrastructures, travaux publics et reconstruction, Pierre Lumbi Okongo et le directeur général du Groupement des entreprises chinoises le 18 septembre 2007. Evalués à cinq milliards de dollars, le premier accord porte sur les travaux de construction ou de modernisation des infrastructures routières et ferroviaires250(*). Le second, d'un montant de 6.500.000.000 de dollars vise la construction de 31 hôpitaux de 150 lits équipés, 145 centres de santé de 50 lits équipés, de deux universités et de 5000 logements sociaux. En exploitant l'opportunisme et la cécité stratégique des pouvoirs publics congolais, l'ambassadeur chinois en RDC Fan Zhenshui a su négocier des mains de maître ces accords dont l'enjeu géostratégique nécessite d'être décrypté. On peut l'analyser sous quatre angles au moins; sous l'angle de ce que la Chine tirait de ces accords, sous celui de l'opportunité de l'orientation des infrastructures à construire, des modalités de leur réalisation et enfin sous l'angle de la réaction des partenaires traditionnels de la RDC.

Pour ce qui est du premier, il a été dit que la géopolitique africaine de la Chine repose sur trois enjeux : le ravitaillement en hydrocarbures, la quête des débouchés et des marchés pour sa croissance économique, l'expansion technologique et la promotion de son rayonnement international. En conséquence, aux termes de ces accords, la Chine à tenu à cristalliser ses dividendes. Dans le premier accord, les deux parties conviennent qu'elle va exploiter les mines congolaises pendant 30 ans dans la province du Katanga comme contrepartie. Dans le deuxième, il est décidé que la Chine recouvrira son argent par le système de péage pendant un temps indéterminé selon le modèle « Construire, exploiter et rétrocéder »251(*). Il s'agit donc d'un investissement à long terme qui permet à la Chine de fixer ses intérêts dans le pays.

Deuxièmement, en ce qui concerne l'opportunité de l'orientation faite aux infrastructures à construire dans le premier accord, une lecture géopolitique et géostratégique amène à voir leur orientation vers les sites au fort potentiel minier (Kasaï, Lubumbashi, Likasi-Kolwezi, Kivu, etc.) que la Chine s'est arrogée le monopole de l'exploitation sur une trentaine d'année. Auquel cas comment comprendre l'opportunité de ces infrastructures lorsque dans les zones rurales l'absence du minimum vital, de médecins, de médicaments, d'enseignants, d'eau et d'électricité hypothèquent l'épanouissement des populations congolaises et les livrent aux groupes rebelles ?252(*)

Troisièmement, pour ce qui est la réalisation de ces infrastructures, il s'agit pour la Chine de trouver un nouveau terrain d'expérimentation de sa technologie, des marchés pour ses entreprises et la main d'oeuvre à sa pesante démographie.

Quatrièmement enfin, ces accords étaient pour Pékin un moyen d'ôter aux partenaires classiques de la RDC leurs acquis et de neutraliser leurs ambitions futures. On comprend ainsi pourquoi les pays de l'UE sous le couvert du Fond Monétaire International (FMI) exigeaient la révision des modalités de ce contrat alors que les Etats Unis et la Banque Mondiale exigeaient son annulation pure et simple253(*). Quitte à ce que ces accords soient un jour renégociés, il ressort in fine que la Chine est parvenue à neutraliser les rapports de forces qui l'opposaient aux partenaires classiques de ce pays. Elle a pu contourner les distances qui constituaient l'obstacle majeur à l'exploitation des ressources minières dont elle a désormais le monopole. L'ancrage de ses intérêts en RDC est de ce fait un acquis sur le long terme.

CONCLUSION

En somme, il était question dans ce chapitre de montrer comment les puissances en projection dans le golfe de Guinée se servent de leur intelligence géostratégique pour y ancrer et cristalliser leurs intérêts. Il a permis de voir que deux postures sont à l'oeuvre dans cette perspective. Suivant les conjonctures, les opportunités et les intérêts à conquérir ou à défendre, ces puissances s'exercent tant dans l'espace maritime que dans l'espace continental de la région. La détermination à maximiser leurs dividendes, à renverser ou à obstruer l'essor de celles des autres fait d'elle un glacis géostratégique.

* 247 Pierre EMANGONGO, « L'ambassadeur Fan Zhenshui fait le point de la coopération sino-congolaise », in Le potentiel, Edition 3838 du Jeudi 28 Septembre 2006, p.1, http://www.lepotentiel.com/afficher_article.php?_

edition=&id_article=34914 consulté le 11 août 2009.

* 248 Ibid., pp.1-3.

* 249 Lire Cédric KALONJI, « La RDC terrain de combat entre l'occident et la Chine » in Congo Blog, 9 juillet 2009, http://www.congoblog.net/la-rdc-terrain-de-combat-entre-l%E2%80%99occident-et-la-chine/, consulté le 11 août 2009. Voir aussi Annexe 5 : Caricature des rivalités occidentalo-chinoises en RDC.

* 250 Pour ce qui est des chemins de fer, il est question de la construction d'un chemin de fer entre Kinshasa et Ilebo au Kasaï Occidental, la modernisation de la ligne Matadi-Kinshasa et Ilebo Kananga-Mwene-Ditu et Lubumbashi-Sakaniat sur un total de 3213 Km. Dans le secteur des routes, l'accord prévoit la construction d'une autoroute qui reliera Lubumbashi à Kasumbalesa (98 Km) ainsi que le bitumage de plusieurs routes dont Likasi-Kolwezi (176 Km), Lubumbashi-Kasomweno-Kilwa-Pweto (526 Km), Pweto-Moba-Kalemie (433 KM), Kalemie-Fizi-Uvira (435 Km), Uvira-Bukavu (148 Km), Bukavu aéroport-Goma (175 Km), Goma-Beni et Beni-Kasindi (440 Km). Le secteur routier concerne également les tronçons Beni-Komanda-Bunia (202 Km), Beni-Mambasa-Komanda-Mambasa (202 Km), Mambasa-Niania (226 Km), Niana-Bafwasende -141 Km) et Bafwasende-Kisangani (200 Km) soit un total cumulé de 3.402 Km. Outre les routes nationales, le protocole d'accord concerne également la voirie des villes des provinces ainsi que la capitale soit 450 Km. Voir Digital Congo, « La Chine va construire une autoroute au Katanga » Kinshasa, 18 septembre 2007, p.2, http://www.digitalcongo.net/article/46767, consulté le 11 août 2009.

* 251 Digital Congo, « La Chine va construire une autoroute au Katanga » op.cit., p.2,

* 252 Lire freddy MULONGO, « rdc: pourquoi l'aide de la chine inquiete les congolais ? », in reveil fm, jeudi 27 septembre 2007, http://www.reveil-fm.com/index.php/2007/09/27/41-rdc-l-aide-de-la-chine-hypotheque-elle-l-avenir-des-congolais consulte le 11 aout 2009.

* 253 Cédric KALONJI, « La RDC terrain de combat entre l'occident et la Chine », op.cit. p.1.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams