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La vente illicite des médicaments au marché parallèle de "Keur Serigne bi"

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par El Hadji Malick Sy Camara
Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) - Maitrise 2006
  

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3. Les limites des politiques de santé

Depuis une trentaine d'années, les réformes se sont succédé, les propositions se sont multiplié et, pourtant, une grande insatisfaction persiste, tant du point de vue des populations que des intervenants. Le sentiment est désormais largement partagé qu'une

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grande partie vient de l'offre de santé publique . En 1978, la Conférence d'Alma Ata sur les soins de santé primaires a été organisée sur la base des principes de l'accès universel, de l'équité, de la participation communautaire et de l'action intersectorielle. En 1987, les ministres africains de la santé ont adopté l'Initiative de Bamako qui était aussi, une stratégie destinée à renforcer les soins de santé primaires.

52 JAFFRE Y., DE SARDAN J. P. (dir.), 2000, Une Médecine inhospitalière, les difficiles relations entre soignants et soignés dans cinq capitales d'Afrique de l'Ouest, Paris, Karthala, p.10.

En 2001, les chefs d'Etat et de gouvernement ont proclamé 2001-2010, Décennie de la médecine traditionnelle africaine. Cependant, nous constatons, de la Conférence d'Alma Ata à l'Initiative de Bamako, que les politiques de promotion des soins de santé primaires restent toujours d'actualité quoique les actions entreprises soient non négligeables. Ces politiques ne se sont pas traduites en un meilleur accès aux services de santé pour les plus démunis, elles n'ont fait que marginaliser davantage certains sous-groupes déjà très vulnérables au profit d'une plus grande viabilité financière des structures et l'exemption du

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paiement pour les indigents est une solution viable mais socialement non envisagée .

Même si son option première consiste à rendre accessibles les soins de santé pour les populations les plus démunis, l'Initiative de Bamako se heurte à certains problèmes. La non gratuité des consultations aux niveaux des structures sanitaires et l'exigence d'un honoraire pourraient constituer une entrave pour les patients d'accéder aux soins médicamenteux. Dès lors, la promotion des soins de santé primaires ne doit pas se limiter uniquement à la facilitation de l'accès aux médicaments essentiels. Parallèlement, elle doit passer de prime abord par la gratuité ou du moins par la réduction du prix de la consultation si l'on sait que cette dernière est la clé de voute.

Par ailleurs, les politiques sanitaires et plus particulièrement l'IB qui veut intégrer les agents de santé communautaire se trouvent confronter à d'autres problèmes liés au manque de formation et de légitimité, à la corruption des certains agents et comités de santé ou de gestion. Les comités de santé, censés être les garants d'une participation communautaire,

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sont souvent loin de répondre toujours à cette vocation qu'on leur a assignée . Les pratiques telles que les corruptions et détournements ont été soulignés par l'Inspecteur des affaires administratives et financières au Ministère de la santé et de la prévention Médicale qui s'intrigue du fait que les comités de santé se soient détournés largement de leurs objectifs.

Il ajoute qu'Ils s'adonnent pratiquement à la collecte des recettes générées par les activités des
structures, sans aucune contribution, par des activités génératrices de revenus, au détriment des
activités promotionnelles. Les recettes sont thésaurisées si elles ne sont pas détournées, au

53 Santé Publique, 2004, Volume 15, N°1, p. 37.

54 JAFFRE Y., DE SARDAN J. P. (dir.), 2000, op. cit. p.74.

moment ou les structures manquent de ressourcesÉLes instances de décision de ces comités de santé ne sont pas toujours renouvelées et ne sont pas représentatives des populations. Les dépenses n'obéissent à aucune clé de répartition objective et sans aucune planification55.

Lors des assises de la santé de l'an 2000 au Sénégal, les autorités avaient introduit la notion de « capital santé È. La santé doit être un bien que chacun doit posséder et entretenir56.

En outre, les politiques de promotion des soins de santé et les programmes de lutte contre certaines maladies n'arrivent pas à gommer totalement les problemes d'inégalités devant l'accès aux médicaments essentiels. En dépit des efforts consentis par tous les partenaires de lutte, certains malades ont du mal à accéder aux soins.

Dans le Programme National de Lutte contre la Tuberculose (PNT), seuls 73% des malades sont encore pris en charge alors que le taux n'atteint pas toujours l'objectif fixé par l'OMS qui est de 85%. En effet, 12% des tuberculeux sont marginalisés et constituent un réel probleme de santé publique. La représentante du Programme National de lutte contre la Tuberculose (PNT) affirme que le taux de dépistage est de 56% tandis que celui du traitement est de 73%57. La promotion de santé doit viser l'égalité en matière de santé. Ses interventions ont pour but de réduire les écarts actuels caractérisant l'état de santé et d'offrir à tous les individus les mêmes ressources et possibilités pour réaliser pleinement leur potentiel de santé58 . Cependant, il semble que le dispositif de prise en charge a du mal à couvrir ou du moins à satisfaire la demande médicamenteuse de certaines populations. On assiste souvent à la rupture de stocks sporadiques en médicaments dans les structures sanitaires du secteur public et dans le circuit officiel d'approvisionnement en médicaments.

55 Le Quotidien, 30 mars 2006, Journée du Forum national sur la gouvernance et le systeme de santé au Sénégal.

55 Enquête, Mémoire, 2007.

56 SIDIBE M. F., Ethique et recherche en santé, 2004, Dakar, Les Editions du Livre Universel(E.L.U), p.6.

57 Sud Quotidien, 22 mars 2007, Réunion préparatoire de la journée mondiale de lutte contre la tuberculose du 24 mars 2007.

58 OMS-Europe, 1986, Charte d'Ottawa pour la promotion de la santé.

La Pharmacie Nationale d'Approvisionnement (PNA) souffre de plusieurs types de dysfonctionnements qui font qu'elle n'arrive pas à assurer sa mission principale qui est l'accessibilité financière et géographique des médicaments essentiels:

· Il n'existe pas de pharmacie régionale d'approvisionnement (PRA) dans toutes les régions du Sénégal en dépit des améliorations de couverture.

· Les ruptures de stocks sont fréquentes

· Les prix d'achat sont majorés de 20% et la marge de 50% conseillée aux clients para»t excessive.

De même, plusieurs dysfonctionnements peuvent être soulignés entre le Laboratoire National de Contrôle des médicaments (LNCM) et les autres principales institutions publiques en charge de la régulation du système.

· La collaboration semble difficile avec la PNA qui ne prend pas en compte les préoccupations du Laboratoire National de Contrôle des médicaments (LNCM) lors de l'élaboration du cahier de charge pour les appels d'offre;

· Il n'existe presque pas de collaboration avec la DPL, ni avec les industriels, les grossistes et les pharmaciens hospitaliers59.

L'approvisionnement de certaines catégories sociales au niveau du marché parallèle du médicament appara»t alors comme un paradoxe pour les autorités qui affirment avoir beaucoup fait pour faciliter l'accès aux soins. Le Directeur de cabinet du ministre de la santé

et de la prévention médicale nous confie au cours d'un entretien qu'aujourd'hui, le gouvernement est en train de mettre en place beaucoup de moyens. On vend beaucoup de produits génériques. Il fut un moment, pour acheter un paquet d'aspirine, tu étais obligé de décaisser 1000f. Aujourd'hui, pour avoir l'aspirine, tu n'achètes que ce dont que tu as besoin. Ë 100f, tu peux acheter le médicament dont tu as besoin dans une pharmacie et te soigner avec toute la sécurité requise à ce niveau60. Il semble que les raisons qui sous-tendent l'approvisionnent de certains populations à partir du marché parallèle du médicament échapperaient aux pouvoirs publics et soulève un paradoxe pour eux.

59 Rapport du Forum Civil sur la corruption dans le système santé, 2005, p.107.

60 Enquête, Mémoire, 2007.

En outre, les programmes de prise en charge tels que: le plan Sésame qui assure la gratuité des soins aux personnes dites du Ç troisième âge>> se heurte à un problème lié à la non-conformité entre l'âge réel du patient et celui mentionné au niveau de la carte d'identité nationale. La plupart sont moins âgés sur le Ç papier >>. Parallèlement, certaines structures sanitaires sont confrontées à des difficultés de remboursement de la part de l'Etat qui en garantit la prise en charge. A cela, s'ajoute ce que JAFFRE et SARDAN appellent l'existence d'une Ç médecine inhospitalière >>et les dysfonctionnements internes au système public de santé. Ces facteurs constituent une des causes de la fréquentation insuffisante des formations sanitaires et de recours à d'autres systèmes de soins (en particulier l'automédication), usagers 61

et d' insatisfaction des . L'approvisionnement de certaines

populations au niveau du Çmarché noir >> soulève une contradiction quand on parle de promotion des soins de santé primaires. Selon B. BONNICI, la promotion de la santé constitue le processus qui vise à donner à l'individu et à la collectivité la capacité d'exercer un meilleur contrôle sur les facteurs déterminants de la santé et à améliorer ainsi leur niveau de santé62. La politique de santé par nature transversale se heurte donc à un certain nombre de limites, d'ordre économique, budgétaire, financier, car elle traverse un système de santé, soumis à la contrainte générale d'un système d'économie marchande déséquilibré63.

Le commerce illicite du médicament polarise aujourd'hui, autant l'attention des pharmaciens d'officines privées que celle des autorités publiques dont les premiers ne cessent de fustiger leur attitude. Ainsi, il serait important pour nous de comprendre les causes qui sous-tendent cette pratique et de saisir les raisons de la persistance de ÇKeur Serigne bi>> dans la vente illicite des médicaments en portant notre attention sur les motivations des différents acteurs.

61 JAFFRE et SARDAN, 2000, Op., Cit, p.15.

62 BONNICI B. Op., Cit, p. 20.

63 BONNICI B., Ibid.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984