WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La mise en oeuvre de l'approche syndromique des infections sexuellement transmissibles: les leçons d'une intervention

( Télécharger le fichier original )
par Dayitaba COMPAORE
Institut de Médecine Tropicale d'Anvers - Master of Sciences "Contrôle des maladies" 2003
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

    IMTA/MCM-MDC/C5 2003, n°

     
     

    Prins Leopold Instituut voor Tropische Geneeskunde
    Institut de Médecine Tropicale Prince Léopold

    La mise en oeuvre de l'approche syndromique des infections
    sexuellement transmissibles : les leçons d'une intervention

    Mémoire présenté pour l'obtention du grade de
    "Master of Science"
    en Contrôle des Maladies
    par

    COMPAORE Georges D

    Promoteur

    Dr Anne BUVE

    Antwerpen, 2003

    ii

    Je voudrais dédier ce présent travail à mon père (in memoriam) et à ma très chère maman. A mon épouse Evelyne et à ma chère fille Damaris (Poupina) pour vos énormes sacrifices et les soutiens de toutes formes qui m'ont permis de relever ce challenge. A toute la famille au Burkina et ailleurs, merci pour votre soutien moral.

    iii

    Remerciements

    Nos remerciements vont tout d'abord au royaume de Belgique en général et à la DGCD en particulier, pour nous avoir permis d'être parmi les participants du cours « Master en Contrôle des Maladies » de l'année 2002-2003.

    Ensuite nous sommes reconnaissant envers l'IMT, son administration et son corps enseignant pour avoir su nous accompagner tout au long de l'année académique dans cet apprentissage exaltant qu'a constitué ce cours. Une mention spéciale à Mariane HILGERT et à la tutrice Marjan PIRARD.

    A notre promotrice Dr Anne BUVE, merci pour sa disponibilité et l'encadrement scientifique dont elle a pu nous faire bénéficier.

    Pour finir, ces remerciements vont à l'endroit de tous ceux qui de loin ou de près ont contribué à notre sélection et à notre bon séjour ici à Anvers.

    Résumé

    Avec la mise en évidence du rôle de facilitation des Infections Sexuellement Transmissibles (IST) classiques dans l'acquisition de l'infection à Virus de l'Immunodéficience Humaine (VIH), leur prise en charge s'est posée avec acuité. Pour les pays en voie de développement marqués par la faiblesse de leurs laboratoires pour le diagnostic étiologique de ces infections, l'approche syndromique s'est avérée donc être une alternative.

    Le Burkina Faso après une phase de projets pilotes en 1996, a vu l'extension de cette approche à l'ensemble du pays à partir de 1997. C'est dans le cadre de ce processus que le projet de lutte contre les IST/SIDA de Médicus Mundi Andalucia a été mis en oeuvre pendant 3 ans dans la région sanitaire de Fada composée de 4 districts.

    Pour tirer les leçons (focus sur les problèmes) de cette intervention afin de contribuer à l'amélioration de la prise en charge des IST au Burkina Faso ; le présent travail a consisté à l'élaboration d'un modèle théorique d'approche syndromique des IST par rapport auquel nous avons analysé le projet, cela a permis l'identification des principaux problèmes et leurs pistes de solution suivants:

    l'insuffisance en personnel formé en prise en charge syndromique des IST.

    Pour résoudre ce problème nous avons proposé l'intégration de l'enseignement des ordinogrammes en général et l'approche syndromique des IST dans les curricula de formation du personnel de santé.

    le coût relativement élevé du traitement de certains syndromes IST.

    Nous avons recommandé la subvention partielle ou totale des médicaments anti-IST par l'état

    ou par les bailleurs de fonds, du fait de l'ampleur grandissante de l'infection à VIH. l'insuffisance du suivi/supervision des activités IST.

    Nous avons proposé que de courtes sessions de formation (3 jours) soient suivies par des supervisions très intenses sur le terrain avec au préalable, une forte sensibilisation des Equipes Cadres de District sur l'importance de ces activités.

    l'insuffisance du Système d'Information Sanitaire (SIS).

    La sensibilisation de tous les acteurs impliqués dans le SIS, la simplification des procédures de déclaration des cas et la mise en place d'un mécanisme d'information retour sont des actions qui ont été proposées pour l'amélioration du SIS.

    La faible fréquentation des formations sanitaires pour IST

    Nous avons proposé l'amélioration de la qualité des services de santé en général et des soins IST en particulier.

    Le problème de la notification aux partenaires

    Nous avons préconisé que cette notification ne soit faite que lorsque le diagnostic est étiologique ou lorsqu'il est syndromique mais très évocateur (ulcération génitale, écoulement urétral et conjonctivite purulente du nouveau-né).

    En somme, le projet de l'ONG Médicus Mundi Andalucia s'est déroulé dans un système de santé peu fonctionnel et durant un temps relativement court. Les leçons tirées de cette étude nous guideront pour mener à bien les interventions futures.

    vi

    Liste des abréviations et des sigles

    CAMEG: Centrale d'Achats des Médicaments Essentiels Génériques et des consommables médicaux

    CHN : Centre Hospitalier National

    CHR : Centre Hospitalier Régional

    CISSE : Centre d'Information Sanitaire et de la surveillance Epidémiologique

    CM : Centre Médical

    CNLS/IST : Comité National de Lutte contre le SIDA et les IST

    CSPS : Centre de Santé et de Promotion Sociale

    DRS : Direction Régionale de la Santé

    ECD : Equipe Cadre du District

    F CFA : Francs de la Communauté France Afrique

    IB : Initiative de Bamako

    IEC : Information Education et Communication

    IP : Indicateur de Prévention

    IST : Infection Sexuellement Transmissible

    MEG : Médicaments Essentiels et Génériques

    MMA : Médicus Mundi Andalucia

    OMS : Organisation Mondiale de la Santé

    ONG : Organisation Non Gouvernementale

    ONUSIDA : Programme commun des Nations Unies sur le VIH et le SIDA

    PPLS : Projet Population et Lutte contre le SIDA

    Projet CTP/IST/SIDA/Goulmou : Projet Contrôle, Traitement et Prévention des IST/SIDA dans le Goulmou

    SIDA : Syndrome Immunodéficitaire Acquis

    SIS : Système d'Information Sanitaire

    USD : Dollars des Etats-Unis d'Amérique

    VIH : Virus de l'Immunodéficience Humaine

    Table des matières

    RESUME iv

    1 OBJECTIFS ET METHODOLOGIE 2

    2 CADRE DE L'ETUDE 2

    2.1 SYSTEME SANITAIRE NATIONAL 3

    2.2 PRESENTATION DE LA ZONE DU PROJET ET SITUATION DE BASE 6

    3 MODELE THEORIQUE D'APPROCHE SYNDROMIQUE DES IST 9

    4 DESCRIPTION DE L'ENVIRONNEMENT ET DES ACTIVITES DU PROJET 11

    4.1 ENVIRONNEMENT NATIONAL 11

    4.2 DESCRIPTION DES ACTIVITES DU PROJET « CONTROLE, TRAITEMENT ET PREVENTION DES

    IST/SIDA/GOULMOU » 13

    5 PRINCIPAUX PROBLEMES IDENTIFIES ET PISTES DE SOLUTION 19

    5.1 INSUFFISANCE EN PERSONNEL FORME EN PRISE EN CHARGE SYNDROMIQUE DES IST 19

    5.2 COUT RELATIVEMENT ELEVE DU TRAITEMENT DE CERTAINS SYNDROMES IST 19

    5.3 INSUFFISANCE DANS LE SUIVI/SUPERVISION DES ACTIVITES 20

    5.4 INSUFFISANCE DU SYSTEME D'INFORMATION SANITAIRE 21

    5.5 LA FAIBLE FREQUENTATION DES FORMATIONS SANITAIRES POUR IST 21

    5.6 NOTIFICATION AUX PARTENAIRES 22

    5.7 PLACE DE L'ENQUETE IP6/IP7 DANS LE PROJET 22

    5.8 AUTRES INSUFFISANCES CONSTATEES 23

    6 CONCLUSION 23

    REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES I

    ANNEXES V

    Liste des figures

    FIGURE 1 : Modèle théorique d'approche syndromique des IST dans un pays.

    FIGURE 2 : Comparaison des données IST par district selon les sources des données des années 1999 et 2000 dans la région sanitaire de Fada.

    Introduction

    Les infections Sexuellement Transmissibles (IST) constituent dans les pays en voie de développement un problème majeur de santé publique. En effet l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime à 333 millions, le nombre de nouveaux cas d'IST curables survenant dans le monde chaque année dont la grande majorité dans les pays en développement.1-2

    Au Burkina Faso, malgré la sous notification, les rapports statistiques du ministère de la santé faisaient ressortir les données suivantes : 12 736 cas d'IST en 1995 et 11 908 en 1996. Une étude menée en 1994 dans les deux principales villes du pays, Ouagadougou et Bobo Dioulasso chez les femmes enceintes avait montré que 32,4% des femmes présentaient au moins une IST.3

    Des prévalences de syphilis de 2,5%, 9,3% et 15% ont été trouvées lors d'enquêtes transversales menées en 1994-1995 à travers le pays, respectivement chez les femmes enceintes, les camionneurs et les prostituées ; ces mêmes études avaient trouvé une prévalence de l'infection à Virus de l'Immunodéficience Humaine (VIH) à 8% chez les femmes enceintes.4

    Les IST peuvent être responsables de stérilité, de grossesses ectopiques, de cancers et de diverses conséquences sur le foetus et le nouveau né ; de plus leur importance est devenue encore plus manifeste depuis que de multiples travaux ont mis en évidence leur rôle dans la transmission du VIH.5-8

    L'étude randomisée menée à Mwanza a démontré que l'amélioration des services cliniques pour la prise en charge des IST, notamment avec l'approche syndromique recommandée par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a réduit l'incidence du VIH d'environ 40% sur deux ans.9

    L'approche syndromique est alors apparue comme une alternative pour la lutte efficace contre les IST dans les pays en développement. Au Burkina Faso après l'introduction de cette approche en 1996-1997 à travers des projets pilotes, en fin 1997 elle a été étendue progressivement à tout le pays ; c'est ainsi que l'Organisation Non Gouvernementale (ONG) espagnole, Médicus Mundi Andalucia (MMA) s'est insérée dans ce processus d'extension à travers son projet « Contrôle, Traitement et Prévention des IST/SIDA dans le Goulmou » (Projet C.T.P/IST/SIDA/Goulmou) de mars 1998 à février 2001. Quelles leçons pouvons nous tirer à partir de cette intervention qui s'est déroulée dans la région sanitaire de Fada, dans la partie est du pays?

    1 OBJECTIFS ET METHODOLOGIE

    Ce travail avait pour but de contribuer à l'amélioration de la prise en charge des IST dans le contexte du Burkina Faso. Plus spécifiquement, c'était d'identifier les principaux problèmes qui ont pu survenir pendant la mise en oeuvre de cette approche dans la région sanitaire de Fada et enfin de proposer éventuellement des pistes de solutions à ces problèmes identifiés.

    Pour mener cette étude, dans un premier temps nous avons décrit le cadre de l'étude puis nous avons élaboré un modèle théorique d'approche syndromique des IST grâce à la revue de la littérature ; par rapport à ce modèle nous avons fait une analyse du Projet « Contrôle, traitement et Prévention des IST/SIDA dans le Goulmou ». Cette analyse a été soutenue par les rapports d'activités et d'évaluations du projet ainsi que par les résultats de la première enquête sur les indicateurs de prévention (IP) n°6 et n°7 ; c'est une enquête recommandée par l'OMS et l'Organisation des Nations Unies contre le SIDA (ONUSIDA), l'indicateur IP6 (actuellement considéré comme indicateur des services IST 1) correspond à la proportion des patients IST ayant bénéficié d'une anamnèse correcte, d'un examen physique complet et d'un traitement efficace tandis que l'indicateur IP7 (actuellement considéré comme indicateur des services IST 2), est la proportion des patients IST encouragés à utiliser le condom et à faire venir leurs partenaires sexuels pour être également pris en charge).10 Cela, ajouté à notre expérience de coordonnateur du projet durant 3 ans nous ont permis d'identifier les principaux problèmes qui ont émaillé la mise en oeuvre de cette intervention ; nous avons tenté d'énoncer des pistes de solutions au regard de ces problèmes.

    2 CADRE DE L'ETUDE

    Le Burkina Faso avec comme capitale Ouagadougou, est un pays situé dans la boucle du Niger au coeur de l'Afrique occidentale. C'est un pays enclavé couvrant une superficie de 274 200 km2. Il partage ses frontières avec six (6) pays : le Mali au nord et à l'ouest, le Niger à l'est, la Cote d'ivoire, le Ghana, le Togo et le Bénin au sud.

    Il comptait en 1998, 10 979 434 habitants avec un taux de croissance annuel moyen de l'ordre de 2,4% ; c'est un pays classé parmi les Pays les Moins Avancés (PMA), le Produit National Brut (PNB) par habitant en 1997 était de 310 $, 44,5% de la population vivent en dessous du seuil absolu de pauvreté estimé à 41099 Francs de la Communauté France Afrique (FCFA) par adulte et par an (INSD 1996). Son taux de scolarisation est parmi les plus bas de la sous région ; en effet les statistiques scolaires donnaient un taux de scolarité national de 41% pour l'année scolaire 1997-1998. 11

    2.1 Système sanitaire national

    Les données sur les infrastructures sanitaires, les ressources matérielles, humaines et financières sont tirées du document de politique sanitaire nationale élaboré en septembre 2000 par le ministère de la santé. 12

    2.1.1 Infrastructures sanitaires

    Sur le plan administratif, le système de santé comprend le niveau central organisé autour du cabinet du ministre et du secrétariat général, le niveau intermédiaire comprenant les Directions Régionales de la Santé (DRS) et enfin le niveau périphérique représenté par les districts sanitaires qui sont administrés chacun par une Equipe Cadre de District (ECD) qui est chargée de la gestion, des prestations cliniques et de la recherche.

    Le pays comptait en décembre 1999, 2 Centres Hospitaliers Nationaux (CHN) (ils servent de cadre pour la formation des différentes catégories de personnel et pour la recherche), 9 Centres Hospitaliers Régionaux (CHR), 25 Centres Médicaux avec Antenne chirurgicale (CMA), 44 Centres Médicaux (CM), 759 Centres de Santé et de Promotion Sociale (CSPS), 130 dispensaires et 21 maternités isolés. Le pays a connu ces dernières années une expansion rapide des structures sanitaires privées à but lucratif qui sont passées de moins d'une dizaine dans les années 1970, à plus de 300 en 1999.

    D'une manière générale, la couverture en infrastructures sanitaires se caractérise par son insuffisance et une inégalité dans la répartition des formations sanitaires selon les régions. Le rayon moyen d'action des formations sanitaires de base (CSPS) était de 9,69 Km en 1997.

    2.1.2 Ressources matérielles


    · Equipements

    Les formations sanitaires périphériques sont sous équipées en général mais ceci est encore plus prononcé pour les CHR et les CHN. En plus de ce sous équipement, des problèmes de gestion se posent à tous les niveaux ; en effet les équipements médicaux et la logistique sont mal gérés, mal entretenus et parfois inadaptés. L'insuffisance de crédits, la diversité technologique des équipements liée aux dons et à l'exigence de certains partenaires rendent leur maintenance difficile.


    · Médicaments et consommables médicaux

    Pour faire face aux difficultés d'approvisionnement du secteur public et à la faveur de la politique des médicaments essentiels adoptée par le gouvernement, une Centrale d'Achat des Médicaments Essentiels Génériques et des consommables médicaux (CAMEG) a été mise en place pour appuyer l'Initiative de Bamako (IB). La dévaluation du FCFA en janvier 1994 a accéléré la création des dépôts de Médicaments Essentiels Génériques (MEG) dans les formations sanitaires.

    Le Burkina Faso a un système d'approvisionnement fortement dépendant des importations provenant essentiellement des pays européens. Le réseau de distribution du médicament s'est amélioré de manière significative depuis 1993. Ce réseau est organisé en distribution de gros et en vente au détail ; la distribution de gros est assurée par trois sociétés grossistes dont deux privées (Laborex et Sonapharm) et une parapublique (CAMEG). La vente en détail des MEG est assurée par les dépôts répartiteurs des districts, les dépôts de vente des formations sanitaires.

    Il existe une liste nationale de médicaments essentiels par niveau de soins, qui est arrêtée depuis plusieurs années (avant l'introduction des médicaments sous forme générique) et est mise à jour régulièrement par la Direction des Services Pharmaceutiques (DSPH) avec la collaboration du Centre de Documentation et d'Information sur le Médicament (CEDIM).

    2.1.3 Ressources humaines

    · Situation du personnel

    Les effectifs disponibles en personnel, du secteur sanitaire public ne couvrent pas les besoins du pays. En plus, il y a une disparité notable dans la répartition de ce personnel entre d'une part les villes de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso et d'autre part le reste du pays ; ces deux villes regroupent à elles seules 53,7 % des médecins, 57,3 des sages-femmes, 59 % pharmaciens et 33 % des infirmiers toutes catégories confondues, alors qu'elles n'abritent qu'environ 10 % de la population du pays.

    Soixante pour cent (60 %) des CSPS répondent aux normes établies en personnel (1 infirmier, 1 personnel à compétences obstétricales et 1 personnel auxiliaire), toutefois les CMA et les formations sanitaires en zone urbaine ont un excédent en personnel, sans satisfaire pour autant aux normes de manière qualitative.

    · Formation du personnel

    La formation de base du personnel paramédical se fait à L'Ecole Nationale de Santé Publique
    (ENSP) d'où sortent annuellement environ 800 paramédicaux et aussi à la Faculté des Sciences

    de la Santé (FSS) qui comporte les filières de médecine, de pharmacie et de techniciens supérieurs de laboratoire (filière nouvellement créée) et d'où sortent par an une moyenne de 30 médecins et de 15 pharmaciens. Les différentes formations sont insuffisantes au regard des besoins du ministère de la santé même si les contraintes budgétaires ne permettent pas toujours d'absorber le personnel formé par ces deux institutions.

    La formation continue du personnel en service se fait essentiellement par le biais de cours de perfectionnement ou de séminaires de recyclage ; officiellement, ce sont les participants déplacés qui ont droit aux perdiems, ainsi ils reçoivent par jour 15000 FCA et 10 000 FCA respectivement pour les séminaires organisés dans les deux principales villes (Ouagadougou et à Bobo Dioulasso) et pour les formations réalisées dans les autres villes. Mais des efforts sont entrepris néanmoins par les organisateurs de séminaires pour motiver même les participants non déplacés. Ces séminaires constituent des sources importantes de revenus supplémentaires dans une situation marquée par des salaires très bas (voir tableau I), pour mieux illustrer ceci, un infirmier

    d'état qui suit une formation de 5 jours peut recevoir au total l'équivalent de son salaire.

    Le manque de plan de formation et de suivi après formation fait que toutes ces formations sont souvent mal planifiées et ne correspondent pas toujours aux besoins prioritaires du département de santé.


    · Administration

    L'administration et la gestion des ressources humaines sont centralisées et non rationalisées ; le recrutement des agents se fait sur titre ou sur concours avec un système de rémunération caractérisé par sa rigidité. Un tel système qui n'offre aucune possibilité de rémunérer la performance ou la productivité, conduit le plus souvent à décourager les initiatives et entraîne à la longue une profonde démotivation dont les effets pervers sont toujours difficiles à juguler.

    TABLEAU I : Salaire moyen du personnel de santé au Burkina Faso selon la qualificationannée 1998.

    Qualification

    Salaire moyen (en F CFA)

    Garçon / fille de salle

    30

    000

    Agent Itinérant de Santé /Accoucheuse Auxiliaire

    35

    000

    Infirmier Breveté

    45

    000

    Infirmier Diplômé d'Etat/Sage Femme d'Etat

    70

    000

    Médecin

    130

    000

     

    Source : Direction des Affaires Financières du Ministère de la santé 2003.

    2.1.4 Ressources financières

    En 1999, le budget de la santé se répartissait comme suit : 19 000 000 268 FCFA pour le fonctionnement et 19 000 002 639 FCFA pour l'investissement, soit respectivement 49,70 % et 50,30 % du budget total. La part de l'investissement extérieur dans l'investissement total du secteur pour la même année était de 78,16 % (les dépenses « investissements extérieurs » ne tiennent pas compte des fonds venant de l'extérieur, il y a donc une sous estimation).

    En dehors du budget de l'état, les collectivités locales, les ONG, les associations, les communautés locales et les partenaires au développement interviennent dans le financement de la santé.

    2.2 Présentation de la zone du projet et situation de base

    2.2.1 Présentation de la zone du projet

    La zone du projet épouse l'aire de la région sanitaire de Fada qui est située à l'est du pays (voir annexe 1) et s'étend sur une superficie de 460000 km2, soit 16,7% du territoire national. Elle fait frontière avec trois (3) pays (Niger, Togo et Bénin) et sur le plan administratif, la région est composée de cinq (5) provinces (Gourma, Tapoa, Gnagna, Komandjari et Kompienga); chaque province étant composée de départements, de communes, de secteurs et de villages, est dirigée par un Haut Commissaire.

    La population de la région était estimée en 1998 à 855394 habitants avec une densité de 19 habitants au Km2.

    L'économie, essentiellement rurale et de type traditionnel repose sur l'agriculture et la pêche. La région est un carrefour d'échanges commerciaux avec des grands marchés (Namounou par exemple). Le tourisme est en plein essor grâce aux nombreux campements de chasse (Namoungou, Ougarou).On note l'exode croissant des jeunes pendant la saison des pluies dans les pays voisins à la recherche de travail.

    Sur le plan sanitaire, cette région se compose de 4 districts (Fada, Bogandé, Pama et Diapaga) coordonnés par le Directeur régional de la santé de Fada.

    Les formations sanitaires de la région se repartissent comme ci-dessous:

    TABLEAU II : Répartition des formations sanitaires selon le type, de la région sanitaire de Fada

    de l'année 1998

     

    Type de formation Sanitaire

    Nombre

    Dispensaire isolé

    4

    Centre de Santé et de Promotion Sociale (C.S.P.S)

    61

    Centre médical (CM)

    3

    Centre Médical avec Antenne Chirurgicale (CMA)

    3

    Centre Hospitalier Régional (C.H.R)

    1

    Source : Statistiques de la DRS 1998

     
     

    La couverture sanitaire de la région est insuffisante ; en effet si au plan national la norme est de 10 Km comme rayon moyen d'action pour une formation sanitaire, au plan régional ce rayon varie de 16 à 20 Km.

    Les ressources humaines (en dehors du personnel administratif et de soutien) sont reparties de la manière suivante :

    TABLEAU III : Répartition du personnel technique de la région sanitaire de Fada selon la

    qualification en 1998.

     
     
     

    Qualification

    Nombre

    Ratio pour 100

    Normes OMS pour

     
     

    000 habitants

    100 000 habitants

    Médecin

    16

    1,87

    10

    Pharmacien

    2

    0,23

    5

    Infirmier d'Etat

    69

    8,07

    20

    Infirmier Breveté

    132

    15,47

    50

    Sage Femme d'Etat/ME

    12

    1,40

    20

    Accoucheuse auxiliaire/AIS/Matrone

    116

    13,56

    ND

    Technicien et aide de laboratoire

    10

    1,17

    ND

     

    ND= Non Défini ; ME= Maeuticien d'Etat ; AIS = Agent Itinérant de Santé Source : Statistiques DRS 1998

    2.2.2 Situation avant projet du problème des IST/SIDA dans la région sanitaire de Fada.

    Dans la ville de Fada lors d'une enquête nationale menée en 1994 - 1995 et qui avait concerné
    les femmes enceintes, on avait trouvé des prévalences du VIH et de la syphilis respectivement à
    6,5% et à 2,5%.4 La région ne disposait pas de données récentes fiables sur la situation

    épidémiologique des IST/SIDA du fait de la sous notification des cas et des difficultés rencontrées dans la collecte des données. Cependant, le fait que cette région soit frontalière avec trois (3) pays et qu'elle soit traversée par une grande route commerciale, laissait supposer une prévalence élevée des IST. Effectivement dans la pratique on a constaté que les IST constituaient un motif important de consultation et occupaient le 3ème rang parmi les priorités perçues par la Direction Régionale de la Santé dans son plan d'action 1998.

    Dans la région sanitaire de Fada il n'existait pas de structure spéciale de lutte contre les IST/SIDA, les activités de prévention et de prise en charge des IST faisaient partie des activités de routine des centres de santé.

    Parmi les prestataires de soins, huit (8) dont deux (2) médecins et six (6) paramédicaux avaient été formés en prise en charge syndromique des IST lors d'une session de formation nationale qui avait été organisée à Ouagadougou en 1997.

    · Au niveau du premier échelon

    Il n'existait pas une approche standardisée de prise en charge des IST (absence d'algorithmes de diagnostic et de traitement). Des médicaments comme la spectinomycine et l'erytromycine étaient totalement inexistants dans les différents dépôts de la région et même ceux qui étaient disponibles n'étaient pas à l'abri des ruptures de stock.

    Les centres de santé de Piéla et de Madaaga qui sont confessionnels privés possédaient en leur sein des laboratoires.

    Les formations sanitaires étaient mal équipées pour la prise en charge adéquate des IST (spéculum, table gynécologique, source de lumière, eau de javel de bonne qualité...).

    · Au niveau du deuxième échelon

    Des épreuves de laboratoires comme le Frais, le Gram, le Giemsa et le Rapid Plasma Reagin (RPR) y étaient effectuées. Théoriquement les CMA et les CM grâce à leurs laboratoires, devraient constituer des centres de référence pour les CSPS en matière de prise en charge des IST; mais leurs laboratoires étaient confrontés à des ruptures fréquentes de réactifs et à un problème d'alimentation permanente en électricité.

    · Au niveau de l'hôpital régional de Fada

    Le laboratoire à ce niveau était marqué par des insuffisances en matériel technique et en personnel technique ainsi que par de ruptures fréquentes en réactifs ; il n'y avait pas aussi de conduites standardisées pour le diagnostic étiologique des IST courantes.


    · Au niveau du système d'information sanitaire

    Le système de surveillance des IST n'était pas adapté ; la notification des cas d'IST au niveau périphérique était sous forme étiologique alors qu'à ce niveau il existait rarement des possibilités de diagnostic étiologique.


    · Première enquête IP6/IP7

    Pour disposer d'indicateurs de départ du niveau de prévention de l'infection à VIII et de pouvoir mesurer à la fin l'évolution de la qualité de la prise en charge des IST dans la zone du projet, nous avons réalisé du 15 au 31 mars 1999 la première enquête IP6/IP7. Cette enquête a montré que le nombre moyen d'IST par mois et par centre de santé dans la région sanitaire était de 4 cas, que les femmes représentaient 71% des consultants IST et que leur age moyen était de 29 ans ; 88% des patients IST étaient mariés. Les principaux motifs de consultation des patients IST ont été les leucorrhées, les douleurs pelviennes, les douleurs mictionnelles, le prurit génital et l'écoulement urétral. Cette étude a donné des scores IP6 et IP7 respectivement de 9,8% et de 11,8%.

    3 MODELE THEORIQUE D'APPROCHE SYNDROMIQUE DES IST

    Nous avons élaboré un modèle (voir figure 1) à partir d'une revue de la littérature ; il fait

    ressortir les éléments importants à considérer dans le cadre de l'approche syndromique des IST.13-20

    NIVEAU NATIONAL

     

    NIVEAU OPERATIONNEL

    Laboratoire National de référence (étude de sensibilité des germes, contrôle de qualité...)

    1erEchélon Prise en charge syndromique des IST Traitement

    Education

    Notification partenaire

    Centres de référence (échecs thérapeutiques)

    Comité technique de lutte contre les IST

    Circuit d'approvisionnement
    régulier (Médicaments &
    consommables)

    · Cellule de formateurs

    · Modules de formation

    Médicaments contre les IST, Préservatifs&Consommables

    Equipement médical (tables d'examen, spéculums, lampes,...)

    Guides Nationaux de prise en charge syndromique des IST

    Système de notification des cas
    d'IST (notification à base
    syndromique)

    · Formation du personnel

    · Supervision des activités

    · Monitoring/Evaluation

    Activités de promotion de recherche de soins

    · Politique de

    lutte contre les

    IST
    (Engagement

    politique)

    · Programme de lutte contre les IST

    MOBLISATION DES RESSOURCES

    FIGURE 1 : Modèle théorique d'approche syndromique des IST dans un pays. PDF créé avec la version d'essai pdfFactory Pro www.gs2i.fr/fineprint/pdffactory.htm

    4 DESCRIPTION DE L'ENVIRONNEMENT ET DES ACTIVITES DU PROJET

    4.1 Environnement national

    La riposte nationale à l'émergence de l'épidémie du VIH/SIDA a été lancée à la fin de l'année 1986 dès la reconnaissance par le gouvernement de l'existence du SIDA. Un comité technique de lutte contre le SIDA a été mis en place au niveau du ministère de la santé. Ce comité appuyé par l'OMS, a élaboré un Programme National de Lutte contre le SIDA (PNLS) et programmé de 1987 à 2000 des plans (voir tableau IV). La progression et l'extension de l'épidémie à l'ensemble du pays ont poussé les pouvoirs publics à mettre en place un Comité de Lutte contre le SIDA et les IST (CNLS/IST) en 1990 présidé par le Ministre de la santé.

    Le Plan à Moyen Terme II (PMT II) a consacré l'intégration de la lutte contre les IST dans la stratégie nationale de lutte contre le SIDA.21 C'est à partir de 1996 que des projets basés essentiellement sur la prise en charge syndromique des IST seront mis en oeuvre à travers tout le pays (voir annexe 1) ; On peut citer les projets tels que l'Unité IST/SIDA du CNLS/IST financé par l'union européenne (zones d'intervention, les régions sanitaires de Ouagadougou et Bobo Dioulasso), SIDA 2 de la coopération canadienne (a ciblé les sites d'orpaillage dans les régions nord du pays et les migrants internationaux aux frontières du Togo, du Ghana avec Burkina Faso), le Projet Population et Lutte contre le SIDA (PPLS) sur financement Banque mondiale et couvrant tout le pays, la Coopération Belge (approvisionnement en médicaments anti-IST des zones où elle intervient).

    L'engagement politique, matériel et financier de l'état dans le PNLS s'est considérablement accru comme le montre le tableau IV avec la mise en oeuvre du PPLS; avec le dudit projet 18 millions de dollars des Etats-Unis d'Amérique (USD) ont été alloués en 5 ans à la lutte contre le SIDA.21

    C'est donc dans cet environnement qu'a vu jour, le Projet « Contrôle, Traitement et Prévention

    des IST/SIDA dans le Goulmou » (Projet CTP/IST/SIDA/Goulmou) financé par Médicus MundiAndalucia.

    TABLEAU IV : Evolution du budget alloué à la lutte contre le SIDA au Burkina Faso de 1987 à 2000

    Budget ($US) Total ($US)

    Plan

    Période

    Contribution
    nationale

    Contribution des
    partenaires au
    développement

     
     
     

    Court Terme

    1987-1979

    10 000

     

    240

    000

    250 000

    Moyen Terme I

    1990-1992

    19 500

    3

    450

    000

    3

    470

    000

    Moyen Terme II

    1993-1995

    236 500

    6

    887

    000

    7

    123

    000

    Extension Moyen

     
     
     
     
     
     
     
     

    Terme II +PPLS

    1996-2000

    2 440 000

    21

    550

    000

    23

    990

    000

    Total

     

    2 706 000

    31

    127

    500

    34

    833

    000

    Sources : Documents du Ministère de la santé, du Secrétariat permanent du CNLS, du PPLS et Rapport sur le développement 1989-1999.

    Le pays dispose d'une cellule nationale de formation en prise en charge syndromique des IST. Mais officiellement il n'y a pas de modules nationaux (consacrés comme tels) de formation en prise en charge syndromique des IST même s'il existe en circulation dans le pays, des modules conçus depuis 1998 grâce au concours des partenaires (principalement l'Unité IST/SIDA et SIDA 2) et du ministère de la santé.

    Il existe un Comite Technique de lutte contre les IST au sein du CNLS/IST ; grâce à ce comité technique, des algorithmes nationaux de prise en charge syndromique des IST ont été adoptés en 1996, ont été révisés puis rendus disponibles dès Octobre 1998.

    Le pays ne dispose pas de laboratoire national de référence or le rôle d'un tel laboratoire n'est plus à démontrer ; en effet son existence permet de déterminer l'épidémiologie des IST, d'apporter des données opérationnelles (validation des algorithmes par exemple) et d'offrir un contrôle de qualité des laboratoires de niveau inférieur.

    4.2 Description des activités du projet « Contrôle, Traitement et Prévention des IST/SIDA/Goulmou »

    Un accord d'exécution entre la Direction Régionale de la Santé de Fada et MMA a été signé en février 1998 avant le démarrage des activités du projet.

    4.2.1 Objectifs du projet

    Le projet avait pour objectif général d'améliorer la prévention du VIH/SIDA par la prise en charge syndromique des IST dans la région sanitaire de Fada.

    Les objectifs spécifiques étaient (1) de renforcer la DRS de Fada avec une unité pour le contrôle, le traitement et la prévention des IST; (2) de former 10 médecins de la région sanitaire de Fada à l'approche syndromique des IST; (3) de former 132 agents de santé de la région sanitaire de Fada en prise en charge syndromique des IST; (4) de former 4 techniciens de laboratoire du CHR de Fada aux techniques de diagnostic étiologique des IST ; (5) d'équiper le laboratoire du CHR de Fada en moyens de diagnostic des IST ; (6) d'approvisionner les dépôts des formations sanitaires de la région sanitaire de Fada en médicaments contre les IST courantes ; (7) d'équiper les formations sanitaires en matériel médical ; 8) d'appuyer le fonctionnement des districts sanitaires pour la prise en charge des IST; (9) de renforcer le Système d'Information Sanitaire (SIS) en matière d'IST dans la zone du projet ; (10) de sensibiliser les élèves des centres d'enseignement secondaire à la problématique des IST/SIDA; (11) de sensibiliser la population générale à la problématique des IST/SIDA; (12) de réaliser des évaluations à mi-parcours et finale du projet.

    4.2.2 Activités réalisées par le projet

    4.2.2.1 Formations et supervisions des agents de santé

    La formation en prise en charge syndromique des IST des prestataires de soins a été faite en cascade (formation des formateurs puis formation des agents de santé) de la manière suivante :


    · Dans un premier temps, le projet a procédé à la formation de tous les médecins (9) qui
    n'avaient pas encore bénéficié de la formation. Cette session de formation qui a eu l'appui technique de la cellule nationale de formation a durée 5 jours et a eu lieu à Fada, siège de la direction régionale de santé et aussi de l'ONG. Le contenu de cette formation était fait de sept modules (1) Situation épidémiologique des IST et du VIH dans le monde et le Burkina Faso ; (2) Principes et stratégies de lutte contre les IST; (3) L'approche syndromique des IST et utilisation des algorithmes ; (4) Diagnostic et traitement des IST ; (5) L'Information Education

    Communication (IEC) et counseling ; (6) Surveillance épidémiologique des IST ; (7) Gestion des médicaments de lutte contre les IST.

    Le pré-test avait montré que les sujets tels que les médicaments génériques indiqués dans le traitement des IST, la fréquence relative des étiologies des ulcérations dans le pays, la définition de la prévalence, le counseling étaient les moins connus dans l'ensemble.


    · Dans un deuxième temps, chaque district avec l'appui technique et financier du projet a

    formé ses agents de santé (en général 1 pour le dispensaire et 1 pour la maternité). A ce niveau, le contenu des modules a été adapté et la session de formation durait aussi 5 jours. Au total, les 4 districts ont formé 128 agents de santé.

    Le personnel du laboratoire du CHR (6) a été formé pendant 5 jours, en diagnostic étiologique des IST courantes (gonococcie, trichomonase, candidose vaginale etc.) avec l'appui technique d'une pharmacienne biologiste, personne- ressource du CNLS/IST.

    La supervision des activités IST, prévue pour être intégrée aux autres activités de supervision (trimestrielle) du district, a été diversement exécutée d'un district à un autre; elle devait être menée par les différentes ECD mais elle n'a pas été régulière car cette activité n'a pas pu bénéficier d'un appui financier de la part du projet.

    4.2.2.2 Monitoring et évaluation des activités

    Le monitoring des activités a connu des insuffisances notamment en ce qui concerne les sorties sur le terrain (problème de disponibilité de voiture, car le projet devait partager son utilisation avec la représentation de l'ONG au Burkina).

    Nous avons réalisé au cours de la première année d'exécution du projet la première enquête IP6/IP7
    (déjà citée plus haut), mais la seconde enquête n'a pas pu être réalisée pour manque de financement.

    Une évaluation à mi-parcours a été réalisée en avril 2000 par un évaluateur externe, elle avait trouvé que le projet avait atteint un degré d'exécution (en ce qui concerne les objectifs de processus) de l'ordre de 80% mais avait aussi relevé des insuffisances dans la coordination, la gestion et le suivi du projet ; des recommandations furent alors faites.

    L'évaluation finale a été réalisée en février 2001, sa conclusion était que le projet avait atteint plus de 90% des objectifs (processus) qu'il s'était fixés dès le départ mais avait aussi relevé des insuffisances imputables tant aux responsables du projet qu'aux responsables de la DRS et aux autres sites d'interventions (les districts sanitaires et le CHR).

    Tout au long de la durée du projet CTP/IST/SIDA, le CNLS/IST était mis au courant des activités du projet à travers des rapports trimestriels; la réalisation de notre enquête IP6/IP7 a d'ailleurs eu l'appui technique du CNLS/IST.

    4.2.2.3 Appui logistique

    Le projet a équipé les CSPS, les CM et les CMA de la région sanitaire en matériel technique suite à leur expression de besoins. Cet équipement était composé essentiellement de tables d'examen avec étriers, de spéculums et de lampes torche frontales.

    Nous leur avons fourni aussi des médicaments contre les IST en utilisant le circuit préconisé par la politique nationale d'approvisionnement en médicaments essentiels et génériques; c'est donc le même circuit que les autres médicaments d'usage courant (chloroquine, paracétamol, quinine) qui

    avait jusque là montré une relative efficacité; il peut être schématisé comme ci-dessous :

    CAMEG Dépôt régional CAMEG (Fada) Dépôt répartiteur (districts

    sanitaires) Dépôts des formations sanitaires.

    Pour rendre disponibles les médicaments des IST au niveau de l'ensemble des formations de la région sanitaire, après une évaluation des besoins, le projet a fait une dotation initiale de médicaments aux dépôts des formations sanitaires et concomitamment aux 4 dépôts répartiteurs des quatre districts.

    Le système de recouvrement des coûts des médicaments a été celui utilisé dans le cadre de l'Initiative de Bamako (IB); les médicaments ont été vendus selon la fixation des prix des médicaments en vigueur dans le cadre de l'IB, c'est-à-dire que le dépôt répartiteur du district après avoir commandé à la CAMEG, vend les médicaments aux dépôts des formations sanitaires avec une marge bénéficiaire de 10%, les dépôts des formations sanitaires à leur tour les vendent ensuite aux patients avec une marge de 5%. Dans le cadre du projet, les recettes issues de ces ventes devaient servir au réapprovisionnement des dépôts.

    Nous avons connu un retard dans l'approvisionnement initial auprès de la centrale d'achat (temps entre la commande et réception des médicaments), une péremption précoce de la ceftriaxone 250 mg (préconisée dans le traitement la conjonctivite purulent du nouveau-né) nous a été signalée par 4 formations sanitaires.

    Le projet n'a pas imposé l'utilisation des médicaments sous forme de kits, ceci dans le but de permettre des ajustements au niveau de chaque formation sanitaire, l'objectif final étant d'intégrer ces médicaments dans le circuit courant des médicaments. Nous avons connu par exemple des situations surtout dans le district de Bogandé où la ciprofloxacine dotée, a été largement utilisée pour faire face à des petites épidémies de shigellose; devant cela nous avons insisté auprès des

    responsables de ces formations sanitaires, la nécessité de se réapprovisionner en temps opportun. Dans le même district, un infirmier chef de poste d'un CSPS en quittant son poste pour raison d'affectation est parti avec la quasi totalité des médicaments fournis et même avec du matériel fourni (spéculums et lampe torche).

    Si grâce au projet, le problème de disponibilité des molécules contre les IST a été en grande partie résolu, le coût des médicaments restait relativement problématique ; En se referant aux algorithmes nationaux (voir annexes 2) si l'algorithme inclut le spéculum, le coût minimal et le coût maximal vont de 280 FCFA (candidose) à 2096 FCA (cervicite) pour l'écoulement vaginal tandis que sans inclusion du spéculum les coûts vont de 672 FCA (vaginite) à 2152 FCA (cervicite et trichomonase). Le traitement de l'écoulement urétral s'élevait à 192 F CFA.

    Toutes les structures de soins ont été dotées en algorithmes nationaux de prise en charge des IST, en raison de deux pour chaque formation sanitaire (généralement un pour la maternité et un pour le dispensaire).

    Nous avons constaté au niveau de 3 formations au moins, une subtilisation de ces algorithmes pour utilisation purement personnelle.

    Nous avons aussi doté le laboratoire du CHR de Fada en matériel technique et en réactifs (après une évaluation des besoins faite selon les normes minimales du pays), ceci pour qu'il puisse jouer le rôle de laboratoire de référence, surtout pour les échecs thérapeutiques venant des formations sanitaires de la région sanitaire et éventuellement pour les études de sensibilité des germes IST. Le laboratoire du CHR de Fada n'a pas pu jouer son rôle de référence malgré l'appui du projet ; son personnel était insuffisant et il n' y avait pas d'apport substantiel en matière de capacité technique de ce laboratoire comparativement aux laboratoires des CMA et des CM.

    4.2.2.4 La prise en charge syndromique proprement dite des IST

    Au cours des dernières sorties (du 13/11 au 24/12/2000) sur le terrain dans le district de Fada par exemple, qui avait concerné 20 des 23 formations sanitaires du district, nous avons constaté que 35% et 25% des formations sanitaires étaient jugées satisfaisantes sur le plan diagnostic syndromique et sur le plan thérapeutique ; les insuffisances qui ont été constatées lors de cette visite étaient la persistance de l'utilisation de l'approche étiologique, l'utilisation incomplète de l'approche syndromique ou simplement le traitement prescrit n'était pas inscrit dans le registre. Pour la notification aux partenaires, 50 % des formations sanitaires visitées ont affirmé rechercher et traiter souvent les partenaires sexuels des consultants ; mais la plupart de ces

    formations (60%) n'ont enregistré cette information nulle part (registre de consultation, cahier de notification).

    Sur plan de la disponibilité des médicaments courants contre les IST, en dehors des molécules comme violet de gentiane (qui n'a pas été fourni par le projet), l'érythromycine 125 mg suspension et ceftriaxone 250 mg injectable (deux molécules utilisées pour traiter la conjonctivite du nouveau-né, du moins très rare) au moins les 3/4 des formations visitées, étaient approvisionnés en médicaments nécessaires au traitement des IST courantes.

    4.2.2.5 Système d'information sanitaire

    Les districts sanitaires de la région sanitaire de Fada ne disposaient pas assez de compétences pour analyser et tirer les leçons de la masse impressionnante de renseignements qu'ils collectaient et transmettaient au niveau central. Pour palier à ces insuffisances, le projet a organisé à l'intention des agents des Centres d'Information Sanitaire et de la Surveillance Epidémiologique (CISSE) de la région (2 personnes par district plus 2 agents de la DRS) une formation en surveillance épidémiologique et en traitement des données. Chaque CISSE a ensuite été doté en fournitures et en consommables informatiques, de même qu'en fiches de notification à base syndromique (voir annexes 3). La notification à base syndromique a été prise en compte par la Direction des Etudes et Planification du ministère de la santé au niveau de ses fiches de rapports trimestriels au cours de l'année 2000.

    Nous avons constaté de grandes différences (voir figure 2) entre les données de la Direction des Etudes et de la Planification (DEP) du ministère de la santé (destinataire des données sanitaires nationales) et l'évaluation finale du projet par rapport aux données IST des années 1999 et 2000 des 4 districts. Pour l'année 1999 par exemple, Bogandé n'avait pas transmis de données à la DEP alors que l'évaluation y avait trouvé 359 cas de syndromes IST. Pour l'année 2000, nous avons noté aussi de très grandes différences entre les 2 sources de données, ainsi par rapport aux données recueillies lors de l'évaluation finale, les districts de Diapaga, de Fada, de Pama et Bogandé n'avaient déclaré respectivement que 4%, 5%, 55% et 72% des cas.

    En prenant encore en compte les statistiques de l'évaluation finale, nous avons observé que pour 100000 habitants de la région sanitaire de Fada, on a environ 87 et 207 cas de syndromes IST respectivement pour les années 1999 et 2000.

    FIGURE 2 : Comparaison des données IST par district selon les sources de données des années 1999 et 2000 dans la région sanitaire de Fada

    Nombre de syndromes 1ST

    800 700 600 500 400 300 200 100

    0

     
     

    Evaluation Finale Année1999 Données DEP Année 1999 Evaluation Finale Année 2000 Données DEP Année 2000

    Fada Bogandé Diapaga Pama

    District sanitaire

    Au cours de l'année 2000 les fréquences relatives des syndromes IST par rapport à l'ensemble des consultations ont été très faibles ; la moyenne régionale (sans prise en compte des statistiques du CHR) a été de 0,9% mais les extrêmes ont été trouvés à Diapaga (0,7%) et à Fada (1,4%).

    Le projet n'a pas pu organiser le système de retour d'information dans la région ; pourtant il avait dans ses objectifs la mise en place d'un bulletin de rétro information.

    4.2.2.6 Autres activités réalisées

    Dans l'objectif d'améliorer la fréquentation des structures sanitaires, nous avons fait la promotion des services de santé auprès des populations de l'aire du projet à travers différents canaux comme le théâtre forum et un journal mensuel « Tug yuli » qui dans la langue locale signifie « prenons nos responsabilités », il était édité en français mais avec une plage en langue locale, sa distribution était gratuite.

    Le projet a réalisé aussi une formation en IEC/IST/SIDA au profit des enseignants de sciences naturelles du secondaire avec pour objectif de mieux les outiller pour faire passer le message auprès de leurs élèves.

    5 PRINCIPAUX PROBLEMES IDENTIFIES ET PISTES DE

    SOLUTION

    5.1 Insuffisance en personnel formé en prise en charge syndromique des IST

    Le projet durant les trois ans, a formé en prise en charge syndromique des IST, 128 agents de santé sur un potentiel à former de 329, cela représente 39% de formés. L'insuffisance en ressources financières au niveau du projet n'a pas permis de répondre à une forte demande en formations dans la région.

    En outre on a observé une relative mobilité du personnel formé, par exemple en fin 2000 dans le district de Diapaga, sur 40 agents de santé formés 14 (35%) étaient hors de la DRS de Fada.

    Pour minimiser les besoins très importants des formations initiales, nous préconisons que les différentes institutions de formation de professionnels de santé (médecins et infirmiers) intègrent l'enseignement des ordinogrammes en général, la prise en charge syndromique des IST en particulier dans les curricula de formation ; toute fois, des sessions courtes de recyclage seront toujours nécessaires pour intégrer des connaissances nouvelles sur la problématique des IST. En attendant, il faut trouver un système de motivation pour mieux stabiliser le personnel soignant ; il faut dire que la région reçoit annuellement du nouveau personnel constitué essentiellement d'agents nouvellement sortis des institutions de formation, d'où un besoin perpétuel en formation pour le moment.

    Nous insistons aussi sur la nécessité de prendre en compte lors des formations en prise en charge syndromique des IST dans la région sanitaire de Fada, les agents de santé de l'hôpital régional et le personnel de santé extra public (militaire et du secteur privé).

    5.2 Coût relativement élevé du traitement de certains syndromes IST

    Les coûts de traitement des syndromes restent relativement élevés notamment la prise en charge de l'écoulement vaginal. Si nous comparons par exemple les coûts de traitement de la vaginite et la cervicite&trichomonase (selon les algorithmes nationaux et dans la situation où l'on ne dispose pas de spéculum) par rapport aux coûts moyens de traitement d'un paludisme simple et d'une pneumopathie simple qui sont estimés dans la région respectivement à 250 F CFA et 350 F CFA ; nous trouvons que la vaginite coûte 2,69 fois et 1,92 fois respectivement les coûts du paludisme simple et la pneumopathie simple. Le traitement de la cervicite&trichomonase coûte

    environ 8,6 fois le prix de traitement du paludisme simple et 6,15 fois celui de la pneumopathie aigue simple.

    On arrive à une situation plus compliquée lorsqu'on doit faire la notification aux partenaires (ce qui est d'ailleurs recommandé).

    Devant cette situation, quelles solutions à envisager ? Le système de << péréquation >> des prix des médicaments IST, le marketing social ou encore la subvention pure et simple de ces médicaments ; nous allons passer alors en revue tour à tour ces solutions.

    Le système de << péréquation >> des prix des médicaments IST est un mécanisme dont le but est d'avoir un coût forfaitaire unique pour n'importe molécule retenue dans la liste des médicaments contre les IST ; la difficulté majeure de ce mécanisme est la fixation de ce prix pour permettre le recouvrement des coûts ; sa faisabilité reste encore à être démontrée.

    Le marketing social est considéré comme un moyen efficace pour augmenter l'acceptabilité, l'accessibilité de la prévention et du traitement des IST ; il se focalise non seulement sur les médicaments mais d'une manière générale sur la lutte contre les IST. Le marketing social des médicaments anti-IST a été inauguré avec l'expérience du Cameroun, connue sous le nom << MSTOP >> qui avait enregistré peu de succès.22 Mais l'expérience Ougandaise << Clear Seven >> a connu un succès relatif.23 L'intervention dans ces 2 expériences a consisté à confectionner des paquets contenant chacun des doses de médicaments contre la gonococcie et la chlamydiose, un prospectus sur les IST, des cartes de référence pour les partenaires et enfin des condoms. La mise en oeuvre d'une telle approche est très difficile dans notre contexte, sa réussite passe nécessairement par un soutien très fort des décideurs et une forte sensibilisation des acteurs du système de santé. Il faut remarquer que les 2 expériences n'ont concerné que seulement l'urétrite, l'extension aux autres syndromes pourrait s'avérer difficile.

    La subvention (partielle ou totale) des médicaments IST par l'état ou par d'autres bailleurs de fonds reste la solution la plus souhaitable mais aussi difficilement réalisable ; en fait nous sommes devant un problème d'accès aux médicaments en général ; mais devant cette situation urgente causée par le VIII, des efforts doivent être faits de part et d'autre pour rendre ces médicaments contre les IST disponibles et accessibles à la population.

    5.3 Insuffisance dans le suivi/supervision des activités

    Pour résoudre ce problème, nous préconisons que les sessions de formation courtes (environ
    3jours) soient suivies par des supervisions (bimensuelles) intenses sur le terrain auprès des

    agents. Pour mener à bien cette activité, les Equipes Cadres de District (ECD) devront auparavant être suffisamment sensibilisées sur son importance dans le programme.

    Une étude menée au Rwanda a montré que la supervision qui a suivi la formation des infirmiers leur a permis d'appliquer correctement l'approche syndromique des IST dans plus de 90%.24

    La supervision constitue une pierre angulaire des activités IST et requiert de la part des décideurs un intérêt particulier qui doit se traduire par la mise à disposition de ressources conséquentes pour sa réalisation.

    5.4 Insuffisance du système d'information sanitaire

    Le renforcement du SIS a connu beaucoup d'insuffisances, telles que la non régularité des déclarations des cas, la sous déclaration des cas. Cette situation pourrait s'expliquer par un manque d'intérêt de tout le personnel impliqué dans le système d'information sanitaire, de leur manque de motivation, et peut être un système de notification encore complexe. Les mesures possibles à prendre seront de sensibiliser non seulement l'ensemble des prestataires de soins et les agents des CISSE sur l'importance capitale du système d'information dans les activités sanitaires, mettre en place un mécanisme de retour d'information, travailler à rendre plus simples les procédures de déclaration des cas et améliorer le système de communication entre les structures périphériques et la DRS d'une part et d'autre part entre cette DRS et le niveau central.

    5.5 La faible fréquentation des formations sanitaires pour IST

    Le nombre de cas d'IST vus par les structures de santé de la région sanitaire de Fada est passé de 87 cas/100000 habitants en 1999 à 216 cas/100000 habitants en 2000 soit une augmentation de plus du double ; on peut dire qu'il y a eu une amélioration entre les 2 périodes mais ces résultats ont été en dessous de nos attentes. Les raisons de cette faible fréquentation sont entre autres celles invoquées pour la faible utilisation des services de santé en général (0,15 cas/habitant en 1999 et 0,23 cas/habitant/an en 2000), à savoir le coût des soins, la qualité perçue des prestations de soins et l'accessibilité géographique, mais surtout par le caractère stigmatisant de ces infections. C'est aussi la stigmatisation qui pousse très souvent les patients souffrant d'IST à faire de l'automédication ou à chercher les soins en dehors des services publics.

    L'amélioration de cette fréquentation passe nécessairement par l'amélioration de la qualité des services IST (en insistant aussi sur l'attitude du personnel et sur l'accueil des patients IST) et par l'intensification des activités de promotion de recherche de soins IST dans toute l'aire du projet.

    5.6 Notification aux partenaires

    Cette composante de la prise en charge syndromique a été relevée par les prestataires comme un des principaux obstacles au cours de l'enquête IP6/IP7.

    Le projet n'avait pas élaboré une carte de notification au partenaire, mais les méthodes utilisées étaient soit l'invitation verbale et soit la remise d'ordonnance pour le ou la partenaire ; par contre nous avons suggéré aux centres de santé l'ouverture de cahiers de notification.

    L'analyse des algorithmes nationaux version 1998 (voir annexes 2), montre que pour les 8 syndromes (Végétations vénériennes, Bubon inguinal, Gonflement douloureux du scrotum, Ulcérations génitales, Conjonctivite purulente du nouveau né, Douleurs pelviennes chez la femme, Ecoulement urétral chez l'homme, Ecoulement vaginal) il est prévu de faire la notification aux partenaires sauf pour les syndromes tels que les végétations vénériennes, le bubon inguinal et les ulcérations génitales (herpès génital). Pour nous, face aux conséquences néfastes (violences au foyer, divorce etc.) que pourrait avoir une notification aux partenaires nous proposons de la faire seulement que quand un diagnostic étiologique est possible (syphilis, Gonococcie, infection à chlamydia, chancre mou et la trichomonase) ou au niveau des formations sanitaires de base lorsqu' on a fait le diagnostic d'un syndrome très évocateur (ulcération génitale, écoulement urétral et conjonctivite purulente du nouveau-né).

    5.7 Place de l'enquête IP6/IP7 dans le projet

    Le principal objectif de ces études d'évaluation est d'aider à déterminer le statut des services de santé et de produire un aperçu des zones à problèmes. Vue sous cet angle, l'enquête IP6/IP7 apparaît comme un outil très utile, surtout dans notre contexte où le système d'information sanitaire est loin d'être fonctionnel. L'idéal serait que le CNLS/IST puisse mener périodiquement (4 à 5 ans) cette enquête sur toute l'étendue du territoire mais si cela s'avérait difficile, il devrait alors encadrer les différentes enquêtes menées par les ONG sur le terrain; Il devra arrêter une méthodologie unique très rigoureuse pour l'ensemble du pays ceci pour permettre une meilleure comparaison entre non seulement les régions mais aussi d'une période à une autre.

    Les scores IP6/IP7 posent aussi des problèmes d'interprétation en ce sens que ce sont des indicateurs composites (pour recevoir un score positif IP6 ou IP7, le prestataire de soins doit satisfaire positivement à tous les éléments composant l'indicateur) donc ces indicateurs peuvent masquer de grandes améliorations dans une ou plusieurs formations dans une région. Les

    managers de programmes préféreraient avoir des scores séparés par structure dans le but d'apporter des solutions là où des failles seront constatées.

    L'inconvénient majeur de ces enquêtes est leur coût relativement élevé, d'où l'apparition d'alternatives (interview du prestataire seulement, interview du patient à la sortie de la consultation, patient mystérieux, revue de registre etc.) dont certaines ont prouvé leur efficacité dans une certaine mesure.25 Mais le danger de la non standardisation de la méthodologie est de rendre difficile la comparaison d'un contexte à un autre.

    5.8 Autres insuffisances constatées

    D'autres insuffisances ont été notées au niveau national à savoir l'absence formelle de laboratoire national de référence, l'absence aussi de modules nationaux de formation gages d'une formation de qualité au niveau de tout le pays, enfin un CNLS/IST qui n'a pas joué pleinement son rôle de leadership car il n'a pas pu coordonner avec rigueur les activités des multiples acteurs sur le terrain. Les autorités du pays doivent prendre des mesures pour résoudre efficacement ces insuffisances.

    Même si les autorités du pays sont relativement engagées dans la lutte contre le VIH/SIDA, il leur reste à traduire concrètement cet engagement au niveau de l'organisation de cette lutte ; le succès de la lutte passe nécessairement par là.

    6 Conclusion

    Au terme de notre étude, les leçons qu'on peut tirer sont que la situation de base de la région sanitaire en matière d'IST/SIDA était marquée par une prise en charge des IST très insuffisante, avec la mise en oeuvre du projet on a noté une certaine amélioration mais la qualité des soins IST est restée néanmoins faible.

    Le nombre d'IST vus par les structures sanitaires est resté faible. Il existe de problèmes énormes au niveau des centres de santé.

    Les problèmes qui ont entravé le bon fonctionnement de ce projet étaient principalement :

    - l'insuffisance en personnel formé en prise en charge syndromique des IST dans la région sanitaire de Fada.

    - le coût relativement élevé du traitement de certains syndromes IST.

    - l'insuffisance du suivi/supervision des activités IST.

    - la non fréquentation des formations sanitaires pour IST.

    - le problème posé par la notification aux partenaires.

    A tous ces problèmes identifiés nous avons tenté de proposer des solutions.

    En somme, le projet de l'ONG Médicus Mundi Andalucia s'est déroulé dans un système de santé peu fonctionnel et au cours d'une période relativement courte. Mais les leçons que nous avons pu tirer grâce à ce travail nous guideront pour mener à bien les interventions futures.

    I

    Références bibliographiques

    1. World Health Organisation press release, WHO /64. Sexually transmitted diseases: three hundred and thirty-three million new, curable cases in 1995. Geneva: WHO, 1995

    2. Gerbase AC, Rowley JT, Heymann DHL, Berkley SFB, Piot P. Global prevalence and incidence estimates of selected curables STDs. Sex Transm Inf 1998;74(suppl 1):S12-6.

    3. Méda N, Sangaré L, Lankoandé S, Sanou PT, Compaoré IP, Catrayé J, et al. Pattern of sexually transmitted diseases among pregnant women in Burkina Faso, West Africa: potential for clinical management based on simple approaches. Genitourin Med 1997 ;73 :188-93.

    4. Méda N, Sangaré L, Lankoandé S, Compaoré IP, Catrayé J, Sanou PT, et al. L'épidémie à VIH au Burkina Faso : situation actuelle et niveau des connaissances de la population sur le sida, 1994-1995. Rev Epidém et Santé Publ 1998;46: 14-23.

    5. Goeman J, Meheus A, Piot P. L'épidémiologie des maladies sexuellement transmissibles dans les pays en développement à l'ère du SIDA. Ann Soc belge Méd trop 1991;71 : 81- 113.

    6. Wasser JN. Epidemiological synergy: interrelationships between human immunodefiency virus infection and other sexually transmitted diseases. Sex Transm Dis 1992;19: 61-77

    7. Laga M. Epidemiology and control of sexually transmitted diseases in developing countries. Sex Transm Dis 1994; 21(Suppl):S45-50.

    8. Cohen SC. Sexually transmitted diseases enhance HIV transmission: no longer a hypothesis. Sex Transm Dis 1998;351(suppl 3):S5-7.

    II

    9. Grosskurth H, Mosha F, Todd J, Mwijarubi E, Klokke A, Senkoro K, et al. Impact of improved treatement of sexually transmitted diseases on HIV infection in rural Tanzania: randomised controlled trial. Lancet 1995; 346: 530-6.

    10. WHO/UNAIDS revised guidelines on evaluation. Protocol for assessment of STI case management through health facility survey. Draft june 2, 2000 from available. Accédé le 14/07/2003 Available from:

    http://www.emro.who.int/gfatm/guide/tools/stiassessment/stiassessment.pdf

    11. Enquête Démographique et de Santé. Burkina Faso 1998-1999. Ministère de l'Economie et des finances, Institut National de la Statistique et de la Démographie. Mai 2000.

    12. Document de Politique Sanitaire Nationale. Burkina Faso. Ministère de la Santé. Septembre 2000.

    13. Dam CJV, Brathwaite A, Crabbé F. Directives concernant la gestion des programmes de lutte contre les MST. Dans : Dallabetta G, Laga M, Lamptey P, eds. La lutte contre les Maladies sexuellement Transmissibles- un manuel pour l'élaboration des programmes. Arlington : AIDSCAP/Family Health International, 1996 :25-47.

    14. Wotton K, Field ML, Dubow J, Moses S. La formation à la prise en charge des cas de MST. Dans : Dallabetta G, Laga M, Lamptey P, eds. La lutte contre les Maladies sexuellement Transmissibles- un manuel pour l'élaboration des programmes. Arlington : AIDSCAP/Family Health International, 1996 :111-35.

    15. Brasseur O, Ronald A, Piot P. Les médicaments des MST. Dans : Dallabetta G, Laga M, Lamptey P, eds. La lutte contre les Maladies sexuellement Transmissibles- un manuel pour l'élaboration des programmes. Arlington : AIDSCAP/Family Health International, 1996 :137-53.

    III

    16. Vuylsteke B, Meheus A. La prise en charge syndromique des MST. Dans : Dallabetta G, Laga M, Lamptey P, eds. La lutte contre les Maladies sexuellement Transmissibles- un manuel pour l'élaboration des programmes. Arlington : AIDSCAP/Family Health International, 1996 :159-78.

    17. Toomey KE, Latif AS, Steen RC. La prise en charge des partenaires. Dans : Dallabetta G, Laga M, Lamptey P, eds. La lutte contre les Maladies sexuellement Transmissibles- un manuel pour l'élaboration des programmes. Arlington : AIDSCAP/Family Health International, 1996 :225-38.

    18. Dyc EV, Behets F, Crabbé F, Berkley S. Le laboratoire anti-MST. Dans: Dallabetta G, Laga M, Lamptey P, eds. La lutte contre les Maladies sexuellement Transmissibles- un manuel pour l'élaboration des programmes. Arlington : AIDSCAP/Family Health International, 1996 :239-68.

    19. Hassig S, Hoffman I, Hamilton H. Suivi et evaluation des programmes de lutte contre les MST. Dans : Dallabetta G, Laga M, Lamptey P, eds. La lutte contre les Maladies sexuellement Transmissibles- un manuel pour l'élaboration des programmes. Arlington : AIDSCAP/Family Health International, 1996 :293-08.

    20. Schwartlaender B, Hoek AVD, Heymann D, Gerbase A. La surveillance. Dans: Dallabetta G, Laga M, Lamptey P, eds. La lutte contre les Maladies sexuellement Transmissibles- un manuel pour l'élaboration des programmes. Arlington : AIDSCAP/Family Health International, 1996 :309-44.

    21. Meda N. Burkina Faso: Monitoring and evaluation of HIV/AIDS program. MEASURE Evaluation. Accédé le 16/06/2003 Available from : http://WWW.cpc.unc.edu/measure/publications/special/hiv_abstracts/burkina.html

    22. Crabbé F, Tchupo JP, Manchester T, Tapsoba-Gruber T, Mugrditchian D, Timyan J et al. Sex Transm Inf 1998;74:249-52.

    23. Jacobs B, Kambugu FS, Whitworth JA, Oncho M, Pool R, Lwanga A, et al. Social marketing of pre-packaged treatement for men with urethral discharge (clear seven) in Uganda. Int J STD AIDS. 2003; 14: 216- 21.

    24. Steen R, Soliman C, Mujyambwani A, Twagirakristu JB, Bucyana S, Grundmann C, et al. Notes from the field: pratical issues in upgrading STD services based on experience from primary healthcare facilities in two Rwanda towns. Sex Trans Infect. 1998; 74(suppl 1):S159-65.

    25. Saidel TB, Vuylsteke B, Steen R, Niang NS, Behets F, Khattabi H, et al. Indicators and the measurement of STD case management in developing countries AIDS.1998; 12(suppl2): S57-65.

    Annexes






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King