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Variabilité et tendances pluviométriques dans le nord-ouest de la Centrafrique: enjeux environnementaux

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par Bertrand DOUKPOLO
Université d'Abomey-Calavi - DEA 2007
  

Disponible en mode multipage

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    UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI

    Faculté des Lettres,

    Arts et Sciences

    Humaines

    -=-=-=-=-=-

    Ecole Doctorale Pluridisciplinaire

    « Espace, Cultures et Développement »

     

    Faculté des Sciences

    et Techniques

    CHAIRE UNESCO

    -=-=-=-=-=-

    Sciences, Technologie

    et Environnement

    (CUSTE)

    DIPLOME D'ETUDES APPROFONDIES

    « GEOGRAPHIE ET GESTION DE L'ENVIRONNEMENT »

    -=-=-=-=-=-

    Option: Géosciences de l'Environnement et Aménagement de l'Espace

    Présenté par 

    Bertrand DOUKPOLO

    Directeur de mémoire :

    Michel BOKO, Professeur Titulaire

    Co-Directeur de mémoire :

    Constant HOUNDENOU, Maître-Assistant

    Soutenu le 18 Octobre 2007 devant le Jury composé de :

    § Président : Michel BOKO, Professeur Titulaire, FLASH - UAC

    § Examinateur : Christophe S. HOUSSOU, Maître-Assistant, FLASH - UAC

    § Rapporteur : Constant G. HOUNDENOU, Maître-Assistant, FLASH - UAC

    _________________________________Mention : TRES BIEN___________________________

    N° d'enregistrement : ......186/......2007/EDP - CUSTE/GEN

    Année Académique : 2006 - 2007

    SOMMAIRE

    SIGLES ET ABREVIATIONS 3

    AVANT PROPOS ET REMERCIEMENTS 4

    RESUMÉ 6

    ABSTRACT 6

    INTRODUCTION GENERALE 7

    1. CONTEXTE SCIENTIFIQUE DE L'ÉTUDE 7

    2. POSITION ET JUSTIFICATION DU SUJET 9

    3. PROBLÉMATIQUE DE L'ÉTUDE 10

    4. OBJECTIFS ET HYPOTHÈSES DE RECHERCHE 11

    5. CLARIFICATION DE CERTAINS CONCEPTS 13

    6. PLAN DE L'ÉTUDE 14

    CHAPITRE PREMIER : CADRE DE L'ETUDE, DONNÉES ET MÉTHODES 15

    I. PRÉSENTATION DE LA ZONE D'ÉTUDE 15

    II. DONNÉES ET MÉTHODES D'ANALYSE 22

    CHAPITRE DEUXIEME : REGIMES PLUVIOMETRIQUES MOYENS ET LEUR VARIABILITE 32

    I. ELEMENTS EXPLICATIFS DES REGIMES PLUVIOMETRIQUES 32

    II. VARIABILITE SPATIO-TEMPORELLE DE LA PLUVIOMETRIE 37

    III. COMPARAISON DES RYTHMES PLUVIOMETRIQUES DECENNAUX 44

    CHAPITRE TROISIEME : VARIABILITE ET TENDANCES PLUVIOMETRIQUES DANS LE NORD OUEST, ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX 48

    I. VARIABILITE ET TENDANCES PLUVIOMETRIQUES 48

    II. MODES DE VARIABILITE SPATIO-TEMPORELLE 52

    III. ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX DE LA TENDANCE PLUVIOMETRIQUE 55

    CONCLUSION GENERALE 59

    PROJET DE THESE 60

    1. FICHE SIGNALÉTIQUE DU PROJET 60

    2. CONTEXTE SCIENTIFIQUE DE L'ÉTUDE 60

    3. PROBLÉMATIQUE ET JUSTIFICATION 61

    4. OBJECTIFS DE L'ÉTUDE 62

    5. MÉTHODES ET OUTILS 62

    6. GRANDES LIGNES DU PLAN 63

    7. RÉSULTATS ATTENDUS 63

    8. BRÈVE BIBLIOGRAPHIE 64

    9. PLANNING GÉNÉRAL ET PROVISOIRE D'EXÉCUTION DES TRAVAUX DE LA THÈSE 65

    10. CALENDRIER PRÉVISIONNEL DU DÉROULEMENT DE LA THÈSE SUR 36 MOIS ACADÉMIQUES 66

    BIBLIOGRAPHIE 67

    ANNEXE I : LISTE DES FIGURES 71

    ANNEXE II : LISTE DES TABLEAUX 71

    TABLE DES MATIERES 72

    SIGLES ET ABREVIATIONS

    ACP : Analyse en Composantes Principales

    ACR : Anomalies Centrées et Réduites

    AHN : Annuaire d'Hydrologie Nationale

    ARDESAC : Appui au Pôle Régional de Recherche Appliquée au Développement des Savanes d'Afrique Centrale

    ASECNA   : Agence de Sécurité et de Navigation Aérienne en Afrique et Madagascar

    BCR : Bureau Central de Recensement

    CEC : Conférence Episcopale de Centrafrique

    CIFRED   : Centre Inter facultaire de Formation et de Recherche en Environnement pour le Développement Durable

    CNDF : Centre National des Données Forestières

    CCNUCC : Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements

    Climatiques

    DMN  : Direction de la Météorologie Nationale

    DSEES : Division des Statistiques, des Etudes Economiques et Sociales

    EDP : Ecole Doctorale Pluridisciplinaire

    ENSO : El Nino Southern Oscillation

    FAO : Fonds des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture

    FIT : Front Inter Tropical

    FLASH : Faculté des Lettres, des Arts et Sciences Humaines

    FRIEND-AOC : Flow Regimes from International Experimental and Network Data - Afrique Occidentale et Centrale

    GIEC : Groupe Intergouvernemental d'Experts sur l'Evolution du Climat
    ICCARE   : Identification et Conséquences d'une variabilité du Climat en Afrique de l'ouest non sahélienne

    IPCC   : Intergovernmental Panel on Climate Change

    IRD   : Institut Français pour la Recherche et le Développement

    LACCEG   : Laboratoire de Climatologie, de Cartographie et d'Etudes
    Géographiques

    LECREDE : Laboratoire d'Etude des Climats, des Ressources en Eau
    et de la Dynamique des Ecosystèmes

    MEFCPE   : Ministère des Eaux, Forêts, Chasse, Pêche et Environnement

    MPCI   : Ministère du Plan et de la Coopération Internationale

    MSF : Médecins Sans Frontières

    OCDE   : Organisation de Coopération et de Développement Economique

    OMM  : Organisation de la Météorologie Mondiale

    PEIR   : Pression, Etat, Impact, Réponse

    PNUE   : Programme des Nations Unies pour l'Environnement

    UAC   : Université d'Abomey Calavi

    ZCIT : Zone de Convergence Inter Tropicale

    AVANT PROPOS ET REMERCIEMENTS

    Ce travail qui s'inscrit dans le cadre de notre projet universitaire et professionnel, se propose d'approfondir la connaissance de la variabilité spatiale et temporelle des régimes pluviométriques à l'échelle de la Centrafrique. Il aborde l'étude de la variabilité et des tendances pluviométriques dans le nord-ouest du pays, région qui connaît depuis quelques décennies une modification importante de ses conditions bioclimatiques et environnementales.

    L'inspiration première a été de coupler à cette thématique la corrélation « précipitations-écoulements », ceci dans l'optique d'une étude diagnostique des ressources en eau. Mais les lacunes très significatives observées dans les séries hydrologiques ne permettent guère une analyse aussi globale qu'exhaustive. Aussi, avons-nous décidé méthodiquement de différer le traitement statistique et de l'intégrer dans une future recherche sur les changements climatiques et la dynamique des états de surface dans le sud et le nord ouest de la Centrafrique : axe d'une étude que nous espérons entreprendre dans le cadre d'une thèse de doctorat.

    Ce mémoire qui vise l'obtention du Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) en « Géographie et Gestion de l'Environnement », a été conduit à terme grâce à la précieuse contribution scientifique, matérielle et morale de plusieurs personnes. Qu'il me soit permis de les remercier !

    Je voudrais exprimer ma profonde gratitude à M. Michel Boko, Professeur Titulaire et M. Constant G. Houndénou, Maître Assistant à l'Université d'Abomey Calavi (UAC) qui, en dépit de leurs multiples obligations académiques et administratives, ont bien accepté diriger ce travail. Mes vifs remerciements s'adressent ensuite aux autorités académiques de l'Université de Bangui qui ont bien voulu donner leur aval en me recommandant auprès de leurs collègues de l'UAC pour cette formation, je pense, particulièrement à Messieurs Joachim Guelembi, Vice-Recteur ; Simplice Sarandji, Secrétaire Général ; Florent Ankogui-M'Poko, Chef de Département de Géographie et à Mme Georgette Deballé, Directrice des Affaires Académiques et de la Coopération.

    Remerciements et reconnaissances ne peuvent traduire exactement les sentiments que j'éprouve à l'égard de M. Sylvain Ndjendolé, Docteur en Climatologie, Enseignant à l'Université de Bangui. Il a manifesté tout au long de ce travail tant d'attention et de délicatesse. Au cours de nos échanges électroniques, par ses observations et ses critiques, mes données ont été rapidement capitalisées et mes manuscrits passés au peigne fin.

    La gratitude et l'admiration que je porte pour Messieurs Christophe Houssou, Fulgence Afouda, Expédit Vissin, Brice Tintin et Euloge Ogouwalé, tous Docteurs en Géographie, Enseignants à l'UAC sont très grandes. Chacun par sa rigueur et son abnégation m'a apporté son précieux soutien et son savoir faire dans l'accomplissement de cette oeuvre combien noble. Je rends un hommage mérité à tous les Enseignants de l'Ecole Doctorale Pluridisciplinaire qui m'ont formé aux disciplines de « Géosciences de l'Environnement et Aménagement de l'Espace».

    Aux Maîtres Assistants Jean Claude Bomba et Rufin Nguimalet, aux Assistants M. Kembé, M. Ouessebanga, B. Oukanga et A. Bangara, Enseignants au Département de Géographie à l'Université de Bangui, j'adresse mes remerciements. Aux uns pour leur apport dans la reformulation et la validation du thème d'étude, aux autres pour leur contribution dans la réalisation des différentes cartes figurant dans ce travail.

    Aux jeunes Doctorants Gervais Etené (Frère des nuits blanches et des jours noirs), Ernest Amoussou, Yabi Ibouraïma, Henri Totin, je témoigne toutes mes sincères gratitudes pour l'enthousiasme et la disponibilité dont ils ont fait preuve et le sérieux dans le travail au cours de mon stage au Laboratoire d'Etude des Climats, des Ressources en Eau et de la Dynamique des Ecosystèmes. Leurs orientations bibliographiques et leurs appuis dans le traitement de mes données sont des actes de collaboration scientifique de portée inoubliable. Qu'ils en soient remerciés !

    Je ne saurais oublier mes collègues de l'EDP et du CIFRED qui m'ont apporté leur soutien moral indéfectible, je cite parmi tant d'autres : G. Agblonon, L. Adissin, S. Amoussou, D. Baloubi, R. Bamisso, F. Dovonou, B. Fangnon, S. Houndonnougbo, A. Sadji, B. Allagbé, J. Assouni, Azanlin, Tiomoko, R. Ehinnou-Koutchika, C. Adjovi, E. Goutondji, D. Sagbo, R. d'Alméida et E. Kéké. Je les exhorte à retrousser leurs manches et à doubler d'efforts pour arriver au bout du tunnel. Que Freddy Ketté, Apollinaire Todan, Lydiane Mamadou, Marlène Pambou, Astrid Zitongo, Sègbè Djossou et Alvine Kouda trouvent ici l'expression de ma profonde gratitude pour leur assistance et encouragements. Je leur sais gré des contributions multiformes qu'ils m'ont apportées.

    Enfin, mes pensées et ma sincère reconnaissance vont à Yvette ma mère ; Serge et Martial mes frères ; Judith et Nina mes soeurs ; Leslie et La Roche mes filles, Evelyne mon épouse qui m'ont soutenu, encouragé et supportant mes longs moments d'absence.

    RESUMÉ

    Le Nord-Ouest de la Centrafrique, espace situé entre 3°45' et 8° 35' N, a connu autour des décennies 60-70, une variabilité du régime pluviométrique. Pour étudier cette variabilité et rechercher la tendance des précipitations, des séries chronologiques à divers pas de temps entre 1951 et 2000 sont soumises aux tests statistiques de détection de rupture de stationnarité. La variabilité spatio-temporelle du paramètre étudié a été caractérisée et la tendance pluviométrique significativement négative a été mise en évidence. Les résultats d'analyse révèlent une alternance d'épisodes humides et d'épisodes secs avec des déficits pluviométriques très marqués. Diminution progressive de la pluviométrie, accentuation de l'irrégularité pluvieuse et raccourcissement de la saison humide ont été confirmés. Ces fluctuations pluviométriques ont contribué à fragiliser l'environnement naturel fort déjà anthropisé. Les enjeux de cette variabilité sont préoccupants pour la gestion des ressources environnementales.

    Mots clés : Nord-Ouest centrafricain, variabilité pluviométrique, recherche des tendances, environnement.

    ABSTRACT

    The North-West of the Central Africa, located between 3°45' and 8° 35' N, has experiential of rainfall cycle around decades 60s-70s. To study this change and look for the trends rainfalls, chronologic series of some steps of time have been submitted to statistic tests of detection of stationary rupture between 1951 and 2000. The spatio-temporal change of the studied parameter has been characterized and the rainfall trend has been brought to the fore in a significantly negative way. The results of analysis reveal an alternation of wet episods and dry episods with increased rainfall deficiencies.

    Progressive reduction in rainfall, increase of rain irregularity and shortening of the rainy season have been confirmed. These pluviometric fluctuations have contributed to weaken the strong natural environment which was already exploited. The stakes of this rainfall change are worth-considering for the management of environmental resources.

    Key words: North-West of Central African, rainfall change, look for the trends, environment.

    INTRODUCTION GENERALE

    1. Contexte scientifique de l'étude

    Les questions de changement et de variabilité climatiques préoccupent depuis quelques temps les scientifiques et les décideurs politiques en raison de leurs conséquences immédiates et durables sur l'environnement. Les conclusions d'analyses faites sur l'évolution du climat par l'Intergovernmental Panel on Climate Change (IPPC, 2001 et 2007) ont prouvé une modification de l'équilibre énergétique du système « Terre-0céan-Atmosphère-Biosphère ». Aux basses latitudes, ce déséquilibre est caractérisé par une péjoration ou altération climatique.

    En effet, l'espace climatique tropical connaît depuis quelques décennies une variabilité pluviométrique. Celle-ci a attiré l'attention de la communauté universitaire (Paturel et al., 1998 ; Servat et al., 1999) ; elle se manifeste par des anomalies et des crises plus ou moins aléatoires. Cette variabilité se caractérise aussi par de phases successives ou alternatives d'excédents et de déficits hydriques. Ses conséquences peuvent être durables sur le cycle hydrologique surtout lorsqu'elle se traduit par de longues périodes de sécheresse ou d'excès d'eau (Afouda et al., 2001).

    En Centrafrique comme ailleurs en Afrique Tropicale, la pluviométrie est le paramètre climatique le plus fréquemment observé dans les réseaux de mesures météorologiques au sol. Elle est même qualifiée de « variable rebelle » compte tenu de sa grande variabilité spatio-temporelle. A ce propos, Fontaine (1990) évoquant la diversité et la variabilité des climats dans les basses latitudes note qu'ils sont marqués par l'absence d'un véritable hiver thermique et la primauté du critère pluviométrique. La plus grande abondance des précipitations, leur répartition dans l'espace et dans le temps, constitue les principales contraintes pour l'adaptation des organismes vivants du milieu. Cette affirmation laisse entrevoir que l'enjeu majeur pour initier les politiques d'aménagement de l'espace en terme du climat peut résider dans l'appréhension de ces contraintes. La bonne répartition spatio-temporelle des pluies a donc une importance particulière pour les activités socio-économiques, les écosystèmes naturels et anthropiques.

    Cependant, depuis la fin de la décennie 60, des sécheresses récurrentes ont frappé les régions sahéliennes de l'Atlantique aux contrées de la Corne de l'Afrique en passant par les régions de l'Afrique Centrale au point où, Paturel et al.(1996) ont démontré que la sécheresse gagne également l'Afrique Tropicale humide. Cette succession d'années déficitaires n'est pas annonciatrice d'une irréversible dégradation de la pluviosité (Suchel, 1988) ; toutefois, elle a provoqué des désastres écologiques et une baisse drastique des productions agricoles. Ainsi, caractérisées essentiellement par une baisse sensible de la pluviométrie et une diminution des apports en eau de surface, ces fluctuations semblent s'étendre plus au Sud vers les régions équatoriales.

    L'analyse de cette situation climatique a permis à Tsalefac (1986) de noter que la tendance à la baisse de la pluviosité observée en Afrique de l'Ouest depuis la décennie 70 a eu des répercussions jusque dans les massifs forestiers de la Sangha Mbaéré en Centrafrique et de la Mayombe au Congo. Elle est marquée par un déficit pluviométrique manifeste en 1982 et 1983. Pour Bakam (1999), ces années exceptionnellement sèches s'expliquent par une perturbation dans la migration latitudinale de l'anticyclone de Sainte-Hélène influencé périodiquement par la circulation océanique du Pacifique. Ainsi, les résultats des travaux réalisés par les Hydrologues du projet ICCARE (Servat et al., 1999) et FRIEND-AOC (Amani et al., 2002) indiquent qu'il est possible d'établir une relation à l'échelle annuelle entre le phénomène El Niòo Southern Oscillation (ENSO) et la succession des périodes sèches et humides observées en Afrique Occidentale et Centrale au cours des trente dernières années.

    La concomitance des déficits pluviométriques liés aux phénomènes ENSO observés en 1982-1983 et 1997-1998 constitue une excellente illustration. Une étude sur le diagnostic saisonnier des anomalies de précipitations en Afrique Atlantique Equatoriale, montre que le phénomène n'a pas beaucoup d'influence sur toute l'année. C'est seulement sur les pluies de décembre, janvier et février que la corrélation est justifiée.

    2. Position et justification du sujet

    En Afrique Tropicale, d'importantes études sur la variabilité et les fluctuations climatiques en relation avec le développement et l'environnement ont été menées par plusieurs auteurs dont : Motha et al. (1980), Fontaine (1981), Janicot (1985), Boko (1988), Samba-Kimbata (1991), Bakam (1996), Bigot et al. (1998), Houndénou (1999), Ndjendolé (2001), Philippon (2002), Sighomnou (2004) et Brou (2005). Ces auteurs, par la densité des travaux entrepris, ont montré l'existence d'une opposition de phase entre les anomalies pluviométriques du Golfe de Guinée et celles des régions de Grands Lacs à partir des séries de la Côte d'Ivoire, du Bénin, du Nigeria et des deux Congo. La tendance à la baisse des totaux annuels dans un champ pluviométrique relativement homogène a été observée. Les statistiques appliquées aux séries des hauteurs annuelles précipitées montrent l'existence d'une rupture survenue entre les années 1968 et 1973. Les déficits pluviométriques correspondants sont de l'ordre de 20%. Ils atteignent parfois des valeurs supérieures à 25%, notamment sur la côte atlantique (Houndénou, 1999) et dans les régions forestières (Maloba-Makanga, 1995), confirmant ainsi que l'Afrique Tropicale « humide » a, elle aussi, été touchée par la variabilité pluviométrique.

    Particulièrement en Centrafrique, peu d'auteurs, avec des axes et des objectifs de recherche diversifiés ont étudié la relation entre la variabilité climatique et les thématiques suivantes : affections pathologiques (Bomba, 1991 et 1999), production agricole (Ndjendolé, 1994 et 2001; Kembé, 1995), ressources en eau (Feizouré, 1994 ; Beangaï, 2003) et dynamique des écosystèmes (Doukpolo, 2001).

    La présente étude qui s'intitule : Variabilité et tendances pluviométriques dans le Nord-Ouest centrafricain : enjeux environnementaux s'appuie sur ce « substratum scientifique » tout en s'ouvrant sur d'autres aspects novateurs permettant de mettre en exergue les tendances pluviométriques et leurs enjeux pour l'environnement. C'est ce qui justifie notre motivation à vouloir apporter une contribution sur une étude complémentaire des faciès climatiques, certes explorée, mais encore dénuée d'ouvrages spécifiques.

    3. Problématique de l'étude

    Le Nord-Ouest centrafricain par sa situation géographique fait partie des écosystèmes les plus représentatifs et les plus variés de la sous-région de l'Afrique Centrale. A l'instar des pays tropicaux au climat soudano-guinéen, l'environnement naturel dans cette partie du pays est depuis plus de trois (3) décennies marqué par d'importantes mutations sociales et agro-écologiques (ARDESAC, 2001): dynamique des agrosystèmes, insécurité alimentaire, modifications locales induites par les flux migratoires, faible productivité et érosion des sols. Ces différentes transformations du milieu suscitent des interrogations sur la gestion des ressources naturelles, la durabilité des systèmes de production, les relations entre le climat et la dégradation de l'environnement.

    L'accentuation de la fragilité ou de la vulnérabilité du milieu nord et ouest centrafricain s'inscrit dans le contexte de la variabilité climatique et de la précarité des conditions socio-économiques des populations qui, face à la pauvreté, n'accordent pratiquement pas d'intérêt aux discours écologiques. L'action anthropique s'exerce notamment par l'exploitation industrielle des forêts et gisements miniers, les pratiques pastorales et la culture attelée. L'ensemble de ces pressions humaines, conjuguées à la péjoration pluviométrique sur une zone déjà écologiquement fragile, accélère le processus de dégradation de l'environnement.

    L'analyse de l'évolution des précipitations dans le Nord-Ouest de la Centrafrique et les tendances qu'on peut y détecter au cours de la deuxième moitié du XXème siècle sont du plus grand intérêt pour une région où les ressources écologiques et hydriques constituent les enjeux économiques majeurs des populations locales et par voie de conséquences, de la gestion durable de l'environnement. Les indicateurs environnementaux disponibles font état d'une diminution des précipitations, d'une accentuation de l'irrégularité pluvieuse, d'un raccourcissement de la saison humide et d'un amenuisement du potentiel écologique.

    4. Objectifs et hypothèses de recherche

    L'intérêt de la présente étude est fondé sur l'analyse des séries chronologiques des précipitations à l'échelle locale. L'objectif général est d'abord d'analyser, à l'aide des méthodes statistiques, la variabilité spatio-temporelle des précipitations au Nord-Ouest centrafricain, ensuite de rechercher les tendances pluviométriques à travers l'étude de périodicité, de stationnarité et de persistance. Il s'agit spécifiquement de :

    § étudier les régimes pluviométriques moyens, la répartition saisonnière des pluies, le nombre de jours de pluies et leurs rythmes interannuels ;

    § identifier les modes de distribution des séries pluviométriques, notamment les paramètres de forme, de dispersion, de détection de ruptures de stationnarité, les tendances ainsi que les indices de variabilité ;

    § analyser les tendances pluviométriques susceptibles d'avoir des impacts positifs ou négatifs sur les écosystèmes naturels et les activités humaines ;

    § mettre en évidence, les enjeux environnementaux résultant des tendances pluviométriques. Ce qui constitue un outil d'aide à la décision et fournit une information utile en terme d'indicateurs dans le cadre d'une politique de gestion environnementale et des plans d'aménagement.

    L'organisation d'un travail de recherche ne peut être scientifique que si elle se situe autour d'une ou de plusieurs hypothèses pour la raison qu'elles procurent à la recherche un fil conducteur particulièrement efficace. Ainsi, dans ce cas d'espèce, nous formulons ce qui suit :

    § L'indice centré réduit montre une grande variabilité interannuelle de la pluie qui s'organise en une alternance de phase humide et de phase sèche avec des déficits pluviométriques plus marqués.

    § Depuis la décennie 70, la tendance pluviométrique évolue de plus en plus vers l'aridité, on enregistre une diminution des précipitations, une accentuation de l'irrégularité pluvieuse et un raccourcissement de la saison humide. Ces fluctuations climatiques ont contribué à fragiliser l'environnement naturel fort déjà anthropisé.

    § Les enjeux de cette variabilité sont préoccupants pour la gestion des ressources environnementales.

    Pour ce travail, l'outil d'analyse utilisé est « Pression-Etat-Impact-Réponse » (PEIR). La figure 1 modélise le cadre conceptuel et théorique. En effet, le modèle PEIR est un outil d'analyse et de gestion environnementale. Il a été élaboré par les chercheurs de l'OCDE (1997) pour prévenir les effets directs et indirects du fonctionnement de l'environnement considéré par l'ensemble de ses composants comme un système. L'un des avantages du modèle PEIR est qu'il facilite la connaissance dans le domaine de l'évaluation intégrée des composantes socio-économique, politique et environnementale. Son but permet d'identifier les tendances et les solutions durables aux problèmes environnementaux, en fondant l'analyse de l'état de l'environnement sur des facteurs causaux de la composante étudiée. C'est dans ce sens que le calage du modèle PEIR est possible dans le contexte centrafricain.

    Fig. 1 : Cadre conceptuel et théorique de l'outil d'analyse « PEIR »

    Identification et Détermination des
    manifestations de facteurs de pression :

    § Péjoration climatique

    o Diminution des hauteurs précipitées

    o Fréquence des déficits pluviométriques

    o Raccourcissement de la saison pluvieuse

    o Tendance pluviométrique sèche

    § Actions anthropiques

    o Déforestation, déboisement, feux de végétation

    o Défrichements culturaux et brûlis inadaptés

    PRESSION

    Diagnostic et appréhension de la dynamique environnementale :

    § Indicateurs environnementaux, sociaux et économiques

    § Niveau actuel de dégradation de l'environnement

    ETAT

    Identification des enjeux environnementaux liés à la pression et analyse systémique de leurs composants

    IMPACT

    Vulnérabilité/Susceptibilité

    Déséquilibres

    Sensibilité/Fragilisation

    Dégradation irréversible

    Mesures correctives et stratégies d'adaptation

    REPONSE

    Stratégies d'adaptation

    Ajustement autonome

    Mitigation (proactive, active, publique, privée)

    5. Clarification de certains concepts

    Pour de nombreux termes, la définition donnée est celle généralement utilisée dans le contexte des changements climatiques et en particulier par le GIEC ou la CCNUCC. Ces termes seront utilisés dans ce mémoire afin de garder le caractère des normes conventionnelles du vocabulaire à des fins de comparaison et de similitude.

    Adaptation : C'est un processus d'ajustement des systèmes naturels et humains à un stimulus climatique constaté ou anticipé, à ses effets et ses impacts. Il désigne un changement de procédures, de pratiques et de structures visant à limiter ou supprimer les dommages potentiels ou à tirer bénéfice des opportunités créées par les changements climatiques. Il induit des ajustements afin de réduire la vulnérabilité au changement climatique de certaines communautés, régions ou activités/secteurs.

    Enjeux environnementaux : Valeurs prises par une fonction ou un usage, un territoire ou un milieu au regard de préoccupations écologiques, agronomiques, hydrologiques, sociologiques, de qualité de la vie et de santé (OCDE, 1997). Il s'agit, dans ce mémoire, de cerner la vulnérabilité des composantes de l'environnement ou du système étudié aux forces de pression qui peuvent être directes ou indirectes. Il est question aussi de déterminer le degré auquel le système est susceptible d'être détérioré (de subir des dommages) ou d'être amélioré (de renforcer les potentialités) suite au stress, aux perturbations ou aux changements intervenus.

    Changements climatiques: La Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques entend ce concept « des changements du climat qui sont attribués directement ou indirectement à une activité humaine, qui modifient la composition de l'atmosphère globale et qui viennent s'ajouter à la variabilité naturelle du climat observée au cours de périodes comparables ». Les changements climatiques désignent ainsi une variation statistiquement significative de l'état moyen du climat ou de sa variabilité, persistant pendant de longues périodes (généralement, pendant 10 à 20 décennies ou plus).

    Variabilité pluviométrique : Un des éléments intégrateurs de la variabilité climatique, l'expression « variabilité pluviométrique » a été définie par plusieurs auteurs dont Boko (1988), cité par Beltrando (1995) et Brou (2005). Elle fait pressentir la mobilité ou la variation du schéma pluviométrique moyen et l'accentuation des valeurs extrêmes à toutes les échelles temporelles et spatiales. Autant que possible, elle est analysée par rapport aux valeurs centrales ou médianes des séries plutôt que par rapport aux valeurs moyennes ou normales, qui sous-entendent l'idée de fixité du climat. La variabilité peut être due à des processus internes naturels au sein du système climatique ou à des variations du forçage externe anthropique. Dans ce travail, il s'agit de caractériser les tendances et les cycles.

    Tendances pluviométriques : Au sens général, une tendance se traduit par l'évolution probable d'un phénomène au cours d'une longue période. Dans le cas des précipitations, c'est une forme d'inconstance pluviométrique caractérisée par une baisse ou une hausse régulière et unidirectionnelle des valeurs moyennes des précipitations. Selon le Guide des pratiques climatiques de l'OMM (2005), cette variation tend à se maintenir dans un sens déterminé pendant de nombreuses périodes, allant de quelques années à plusieurs décennies.

    Vulnérabilité: Définie de manière générale, la vulnérabilité est le degré selon lequel un système est susceptible d'être atteint du fait d'une exposition à des perturbations ou à des stress. Dans le contexte des changements climatiques, la vulnérabilité peut être définie comme le degré selon lequel un système est sensible - ou incapable de faire face - aux effets adverses des changements climatiques, y compris la variabilité climatique et les phénomènes extrêmes. La vulnérabilité d'un système est donc fonction de la nature, de l'ampleur et du rythme de la variation et des changements du climat à laquelle il est exposé, de sa sensibilité et de sa capacité d'adaptation.

    6. Plan de l'étude

    Cette étude utilise la série pluviométrique de 1951 à 2000. Elle est organisée en trois (3) chapitres : le premier présente le cadre géographique, les données recueillies et les méthodes d'analyse. Le deuxième étudie la variabilité des régimes pluviométriques moyens. Le chapitre troisième analyse les tendances et les anomalies pluviométriques et leurs résultantes environnementales.

    Le traitement et l'analyse des données climatologiques constituent l'essentiel des difficultés rencontrées dans la réalisation de ce travail. Après avoir posé les piliers méthodologiques de la présente étude, nous allons présenter le cadre géographique, les données et les méthodes de traitements statistiques.

    CHAPITRE PREMIER : CADRE DE L'ETUDE, DONNÉES ET MÉTHODES

    I. PRÉSENTATION DE LA ZONE D'ÉTUDE

    1. Aspects physiques

    Avec une superficie de 167.800 Km², le Nord-Ouest centrafricain occupe l'espace de la Nana Mambéré, de la Mambéré Kadéi, de l'Ouham-Pendé, de l'Ouham et de l'Ombella-M'Poko. Il s'étend entre 14° 25' et 19° 00' de longitude Est, et 3°45' et 8° 35' de latitude Nord (Fig.2). Une telle position géographique le place dans une zone écologiquement soudano-guinéenne, à cheval sur les écosystèmes forestiers et soudaniens. Cet espace jouit d'un climat subéquatorial au sud, couvert par la forêt équatoriale. Le climat devient plus sec et le nombre de jours des pluies s'amenuise au fur et à mesure que l'on progresse vers le Nord (Fig. 3). Avec l'allongement de la durée de la saison sèche, la végétation se dégrade progressivement, passant d'une forêt caducifoliée en zone soudanienne à une savane sèche dans la région de Kabo (Fig. 4).

    Fig. 2 : Localisation du Nord-Ouest centrafricain

    Fig. 3 : Hauteurs pluviométriques annuels en Centrafrique

    Fig. 4 : Domaines phytogéographiques, parcs et réserves en Centrafrique

    Trois grandes unités topographiques constituent le paysage géomorphologique : d'abord, les massifs de Bakoré (Nord de la Pendé) et du Yadé (prolongement de l'Adamaoua camerounais), culminent dans le Mont Ngaoui à 1410 m, ensuite, le plateau de Carnot enfin les plaines alluvionnaires.

    Les sols du Nord-Ouest de la Centrafrique sous climat subéquatorial et tropical sont anciens puisque les formes du relief (mont, collines, butes témoins) sont émergées depuis plusieurs millions d'années (Lang et Malibangar, 1998). Par conséquent, ils sont évolués, ayant subi une altération biogéochimique sous climats chauds et pluvieux. On retrouve différents types de sols qui évoluent selon leur degré d'induration (Fig. 6), ce sont : les sols ferrallitiques et psammitiques moyennement à fortement désaturés, rouge ocre et bien drainés sur les grès diamantifères de Carnot.

    Les sols bruns eutrophiques et les lithosols de formations jeunes d'érosion diverses se retrouvent sur le massif du Yadé, dans les localités de Bouar et de la Pendé, ils sont de plus en plus soumis à un fort lessivage dû au relief et aux activités agropastorales. Les sols alluvionnaires s'étendent de la plaine lagunaire de l'Ouham jusqu'à la Grande et Moyenne Sido au nord.

    Des formes topographiques (surfaces quasi planes) introduisent des variantes et de fortes différences en modifiant l'écoulement de l'eau. L'exemple le plus remarquable est celui des fonds inondables de Bocaranga et de Koui, où le sol est périodiquement augmenté d'alluvions fraîches qui restent fort humides en période de basses eaux.

    Le réseau hydrographique (Fig. 5) est dominé par deux principaux bassins, celui du Tchad au nord et celui du Congo au sud. Les principaux cours d'eau sont : la Nana, la Pendé, l'Ouham, la Gribingui, la grande et moyenne Sido, tous affluents du Chari ; la Mbaéré, puissant affluent de la Lobaye sur la rive droite, se jette dans la grande rivière Oubangui sur les seuils rocheux de Zinga; enfin la Sangha formée par la réunion de Kadéi et la Mambéré à Nola, a une importante fonction commerciale puisque navigable 10 mois sur 12 à la hauteur de Salo, elle dessert la région en produits pétroliers et favorise les échanges commerciaux avec les deux Congo au sud.

    La dorsale oubanguienne partage nettement les deux grands bassins versants : Chari au nord avec plusieurs cours d'eau réguliers et intermittents, et celui de l'Oubangui au sud qui ne reçoit que deux importantes rivières, la Lobaye en amont et la Sangha en aval, navigables pendant la période de hautes eaux de juin à octobre.

    Fig. 5 : Relief et hydrographie au Nord-Ouest de la Centrafrique

    Fig. 6 : Types de sols au Nord-Ouest de la Centrafrique

    Dans le Nord-Ouest de la Centrafrique, les pluies de types amas convectifs sont généralement orageuses (AHN, 2000) et par conséquent, source de forte érosion. Elles varient dans l'espace et dans le temps et diminuent suivant un gradient méridien. Les moyennes mensuelles de l'évapotranspiration potentielle (107 mm) et de la température (25°C) sont assez élevées, notamment pendant la saison chaude (de Février à Juin). L'hygrométrie moyenne est de 79 %.

    2. Aspects socio-économiques

    La région du Nord-Ouest est la plus peuplée de la Centrafrique, avec 1.474.179 habitants pour une densité de 8,8 habitants au km² soit 41% de la population totale (MPCI-BCR, 2003). Elle est considérée comme le poumon de l'économie nationale. Les exploitations minières et forestières sont les principales activités exercées dans la Mambéré Kadéi et la Nana Mambéré. Les régions de Bossembélé, de l'Ouham et de l'Ouham Pendé ceinturées par les isohyètes 1500 mm et 1200 mm, sont réputées à fortes activités agropastorales (cultures du coton, de céréales et élevage itinérant des bovins). Toutefois, ces conditions économiques favorables n'influencent pas positivement les indicateurs du développement humain, car les populations vivent en deçà d'un (1) dollar par jour (PNUD, 2007) et subissent les effets directs et/ou indirects des affrontements armés et de l'insécurité grandissante.

    De ce constat, peut-on établir un lien entre la pauvreté et la dégradation de l'environnement ? Les populations en majorité pauvres n'ayant pas d'autres alternatives de survie, continuent de surexploiter les ressources de la nature. Ainsi, le saccage des ressources forestières par les sociétés multinationales, avec en moyenne 265.850 m3 de grumes par an (MEFCPE, 2002), les défrichements et les brûlis liés à l'agriculture causent des dommages aux écosystèmes, accélérant par conséquent le processus de dégradation du couvert végétal et la détérioration des sols.

    L'agriculture centrafricaine comme celle de la sous-région, vitale pour la population locale, est dépendante des caractéristiques de la saison des pluies (dates de démarrage et de fin, de la durée, du volume enregistré de la répartition spatiale). L'agriculture est diversifiée et tire partie des ressources climatiques et édaphiques avec une efficacité moyenne d'autosuffisance alimentaire dans les conditions normales de pluviométrie. Les pluies qui constituent la seule source d'apport d'eau pour les cultures connaissent des fluctuations importantes, aux conséquences souvent catastrophiques sur les récoltes (Olivry, Mahé et Bricquet, 1995). La perspective de pouvoir comprendre ces fluctuations, de prévoir à moyen et à court termes les événements qui modulent le cycle saisonnier présente un intérêt capital pour la gestion des ressources en eau et de la production agricole, ceci dans le cadre du développement durable des régions septentrionales et occidentales de la Centrafrique, fragilisées par la péjoration de leur climat. Ainsi, le développement rural repose sur un capital-ressource de plus en plus restreint. Le Rapport du PNUE (2006) sur la Centrafrique précise à cet égard que la base des ressources naturelles du pays est non seulement limitée, mais qu'elle se dégrade de plus en plus, au fur et à mesure que la pluviométrie subit de variabilité et que les besoins des populations en majorité pauvres s'accroissent.

    Le paragraphe suivant fait l'analyse critique des données et présente les méthodes de traitements statistiques.

    II. DONNÉES ET MÉTHODES D'ANALYSE

    1. Acquisition et critique des données

    Il s'agit dans cette section de préciser la source des données collectées et de montrer leur utilité. Ce sont : les données météorologiques, hydrologiques, forestières, agro économiques et sociales. Les stations pluviométriques retenues obéissent à des critères de longueur de séries et de qualité des données, comme prévu par l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM).

    1.1. Données météorologiques et hydrologiques

    En Centrafrique, les données météorologiques sont gérées conjointement par la Direction de la Météorologie Nationale (DMN) et la Représentation Nationale de l'Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne (ASECNA). Ces institutions ont compétence à collecter et centraliser les relevés météorologiques de terrain et en vérifier la fiabilité. Les données de notre étude exclusivement pluviométriques aux pas de temps journalier, mensuel et annuel, ont été obtenues auprès du Service climatologique de l'ASECNA à Bangui sur la période de 1955 à 1990 ; elles ont ensuite été reprises et complétées sur la longue période de 1951 à 2000, grâce à la banque de données du Laboratoire de Climatologie, de Cartographie et d'Etudes Géographiques (LACCEG) de l'Université de Bangui. Quant aux données hydrologiques, elles ont été essentiellement fournies en ligne par l'Institut Français pour la Recherche et le Développement (IRD). Elles concernent les débits des cours d'eau et l'évapotranspiration potentielle. Mais les séries courtes (1955 à 1967) sont pour la plupart lacunaires et inutilisables.

    Le réseau des stations et postes pluviométriques en Centrafrique est l'un des moins denses de la sous région. Certains relevés pluviométriques sont de bonne qualité sans interruption significative depuis la date de leur installation, c'est le cas de Bangui et Berbérati ne comportant pas trop de lacunes. Les données des stations sus-mentionnées ont été géoréférencées par Callede (1991) et Bakam (1996) parmi « les rares stations de référence en terme de suivi et de fiabilité en Afrique Centrale ». D'autres relevés pluviométriques comportent des lacunes au seuil tolérable d'au plus 5%, ils ont été contrôlés et considérés de qualité satisfaisante, c'est le cas pour les stations synoptiques de Bossembélé, Bouar et Bossangoa ayant donc la capacité de fournir des données climatologiques complètes. Après le test d'homogénéité, quatre stations ont été retenues (Tab. I). Avec une superficie de 167.800 km², cela représente une densité moyenne de 1 station pour 41.950 km², ce qui est extrêmement faible. Cette situation pose un problème pour l'analyse des données climatologiques à des échelles spatiales fines (Brou, 2005) quand on sait que l'une des caractéristiques principales du climat tropical est sa très forte variabilité spatiale, surtout en ce qui concerne le paramètre pluviométrique.

    Les relevés des stations climatologiques et postes pluviométriques de la zone d'étude ont été abandonnés au motif qu'ils présentent de nombreuses irrégularités et d'importantes lacunes. Ainsi, la plupart de ces stations non seulement n'ont pas de données normales et régulières, mais ne sont plus en état de fonctionnement entre la fin des années 70 et le début de la décennie suivante, alors qu'elles appartiennent à la génération 50. En 2000, même si on constate la remise en marche de quelques stations et postes pluviométriques à Bozoum, Carnot et Bouca (CEC, Rapport annuel 2006), ces postes sont souvent tenus par des bénévoles ou auxiliaires sans compétence recrutés pour la cause par la Diocèse ou la Municipalité de la localité. Le tableau ci-dessous présente l'étendue et les caractéristiques des séries pluviométriques dans le Nord-Ouest de la Centrafrique : positions géographiques, lacunes, type et état de fonctionnement.

    Tableau I : Etendue et caractéristiques des séries pluviométriques

    Stations

    Latitude

    Longitude

    Altitude

    Lacunes *

    Type

    Etat **

    Berbérati

    04° 13' N

    15° 47' E

    583 m

    0, 01 %

    Synoptique

    Marche

    Bocaranga

    06° 59' N

    15° 56' E

    730 m

    61, 56 %

    Pluviométrique

    Arrêt-1971

    Boguila

    07° 15' N

    16° 49' E

    556 m

    37, 22 %

    Pluviométrique

    Arrêt-1986

    Bossangoa

    06° 29' N

    17° 26' E

    465 m

    0, 03 %

    Synoptique

    Marche

    Bossembélé

    05° 16' N

    17° 38' E

    675 m

    0, 01 %

    Synoptique

    Marche

    Bouar

    05° 56' N

    15° 35' E

    936 m

    0, 00 %

    Synoptique

    Marche

    Bouca

    06° 30' N

    18° 16' E

    458 m

    31, 51 %

    Climatologique

    Arrêt-1985

    Bozoum

    06° 33' N

    16° 27' E

    647 m

    40, 06 %

    Climatologique

    Arrêt-1985

    Carnot

    04° 50' N

    16° 15' E

    498 m

    47, 59 %

    Pluviométrique

    Arrêt-1983

    Kabo

    07° 55' N

    18° 45' E

    463 m

    51, 54 %

    Pluviométrique

    Arrêt-1977

    Paoua

    07° 10' N

    16° 17' E

    612 m

    39, 33 %

    Pluviométrique

    Arrêt-1980

    * Lacunes calculées à partir de 1951.

    ** Etat actuel de fonctionnalité des stations (marche ou arrêt)

     

    Stations retenues pour cette étude (voir aussi la Figure. 3)

    Les soubresauts militaro-politiques (villes assiégées pendant plusieurs jours, populations en fuite, stations détruites...) et la conjoncture économique que connaît le pays depuis 1990, ont aggravé les difficultés matérielles déjà récurrentes sur le terrain : vétusté des appareils de mesure, manque de personnel qualifié, maintenance et entretien non performants des équipements, retard chronique dans le versement de salaire, source de démotivation, d'où l'irrégularité et la fréquence élevée des données lacunaires. Une critique rigoureuse de l'ensemble des observations nous permet cependant d'affirmer que celles retenues pour notre étude (Tab. I) sont de bonne qualité. Ainsi, compte tenu de l'objet principal de l'étude qui vise l'analyse de la variabilité et des tendances pluviométriques, la collecte des données s'est limitée aux stations de longues séries d'observation.

    1.2. Données écologiques, agro-économiques et sociales

    Les données écologiques sont recueillies au Centre National des Données Forestières (CNDF) et à la Représentation de la FAO à Bangui. Les données agro-économiques et sociales ont été collectées auprès de la Direction des Statistiques, des Etudes Economiques et Sociales (DSEES) à Bangui. Il s'agit d'indicateurs permettant de comprendre les relations entre les hommes et les écosystèmes naturels. Sur le terrain, les informations recherchées sont qualitatives et quantitatives portant par exemple sur la perception locale de la variabilité pluviométrique et ses enjeux, les techniques d'adaptation, l'évolution spatio-temporelle des différentes activités agropastorales, minières et forestières, les stratégies des acteurs locaux (migrations, gestion de l'espace), et enfin les politiques environnementales. Malheureusement, depuis quelques années, il est difficile d'exploiter les bases de données nationales car les informations récentes sont éparses et de moins en moins centralisées pour les mêmes motifs relatifs aux relevés pluviométriques et hydrologiques. Pour ce faire, le test d'homogénéité a été systématiquement appliqué aux séries.

    2. Homogénéisation des séries pluviométriques

    L'étude de l'évolution des précipitations ne peut utiliser les données hétérogènes. Plusieurs méthodes statistiques permettent de tester l'homogénéité des séries pluviométriques avant utilisation. Parmi elles, nous avons retenu pour sa pertinence et sa simplicité, le test graphique des doubles cumuls ou de cumul simple des totaux pluviométriques annuels (Escourou, 1978). Il s'agit de savoir si les données d'observation sont fiables, donc utilisables telles quelles. En effet, les changements d'observateurs, de déplacements et de fermetures de postes, avaries sur le matériel ou panne d'un pluviomètre qu'on attend plusieurs semaines avant de remplacer, occasionnent de ruptures de continuité dans les séries. Ces aléas peuvent expliquer la présence d'hétérogénéité dans les données. L'intérêt des conclusions des tests apparaît au cours de la classification des régimes pluviométriques et lors de la constitution de la matrice des données en vue d'une étude globale de l'organisation du champ pluviométrique.

    L'analyse des représentations graphiques révèle que les données sont continues et homogènes (Fig. 7). Aucune rupture significative n'apparaît sur la droite des totaux annuels cumulés sur chacune des stations au cours des 50 années d'observations. Tout au plus, à la station de Bossangoa (Fig. 7d), on note un léger changement de pente de droite en 1995, conséquence d'un déficit pluviométrique. D'autres ruptures de pente apparaissent à la station de Berbérati (Fig. 7a) mais le déficit pluviométrique dû à la sécheresse de 1983 est aussi moins perceptible.

    Fig. 7 : Vérification de l'homogénéité des données pluviométriques, 1951-2000

     
     

    a : Station de Berbérati

    b : Station de Bossembélé

     
     
     
     

    c : Station de Bouar

    d : Station de Bossangoa

    Les données sont remarquablement bien homogènes et continues à la station de Bossembélé (Fig. 7b) où la pente de droite n'a subi aucun changement. Quelques ruptures de pente ont été observées à la station de Bouar, elles sont dues au changement d'emplacement. Autrefois, la station est située dans les escarpements rocheux de la ville. C'est à la construction de l'aéroport de Bouar que cette station a été déplacée pour occupée sa position actuelle.

    Dans l'ensemble, les ruptures de pente observées sont toutes négligeables et leur ampleur limitée ne pourrait autoriser une remise en cause fondamentale de la qualité des données. Les méthodes statistiques classiques et multi-variées ont permis le traitement des données. OpenOffice.org Calc 2.0, XL STAT 2007 et Matlab 6.5 sont les principaux logiciels d'exploitation utilisés.

    3. Choix des méthodes et des tests statistiques

    Il n'existe pas de procédés générateurs d'information en dehors des procédés de mesure (Laborde, 2005). Cet adage, vieux comme le monde, s'applique à toute démarche scientifique et à la climatologie en particulier. Depuis des siècles, l'étude du climat suscite l'intérêt de l'homme aussi bien d'un point de vue fondamental de compréhension des phénomènes, que d'un point de vue plus appliqué de prédétermination des risques et contraintes pour les activités humaines. L'étude de la pluviométrie et de sa variabilité nécessite de disposer de longues et de plusieurs séries d'observations, soumises préalablement au test d'homogénéité et à l'assurance de leur fiabilité. Puisque la recherche d'hétérogénéité des séries pluviométriques a déjà été effectuée, la première étape dans cette analyse de données est donc de vérifier la fiabilité des données et la seconde est de combler les lacunes observées.

    Pour ce faire, l'informatique est un excellent outil d'aide aux traitements statistiques des données dans une étude diagnostique du climat, surtout lorsqu'il s'agit d'une approche exploratoire à plusieurs variables. Les méthodes statistiques ont pour intérêt d'analyser l'organisation de l'espace géographique sur le plan pluviométrique ou hydrologique. C'est dans cette optique que Bouroche et Saporta (1980), cités par Houndénou (1999) et Vissin (2001), ont montré l'importance des techniques statistiques qui donnent un aperçu général des paramètres météorologiques et mettent en relief les liaisons, les ressemblances et les dissemblances qui existent entre les données de différentes stations.

    Les données statistiques utilisées dans ce travail sont essentiellement quantitatives. Nous les avons traitées au Laboratoire d'Etude des Climats, des Ressources en Eau et de la Dynamique des Ecosystèmes (LECREDE). La synthèse et l'essai d'explication des résultats ne se sont pas avérés fastidieux car rendus aisés par l'ensemble constitué des tableaux et graphiques. Outre les analyses statistiques classiques, nous avons utilisé pour l'analyse des séries continues une procédure de segmentation qui vise à tester leur stationnarité. Cette procédure permet de découper en autant de sous séries stationnaires que possible la série primitive.

    3.1. Comblement des données manquantes

    La méthode des moindres carrés a été utilisée pour combler les données manquantes dans les séries. Elle s'effectue par le calcul de régression multiple de type linéaire entre les séries lacunaires et les séries des stations complètes environnantes aux latitudes semblables et quasi immédiates. Des quatre stations retenues (Tab. 1), trois présentent des lacunes. Mais leur représentativité reste insignifiante, Berbérati (0,01%), Bossangoa (0,03%) et Bossembélé (0,01%). Rappelons que cette méthode de comblement des lacunes ne permet jamais de retrouver exactement ce qu'aurait pu être une mesure « vraie » (Laborde, 1999). A contrario, elle a permis « de remplacer les valeurs manquantes par des estimations présentant des qualités (vraisemblance) et des indices de confiance (variance d'estimation), mais toujours sous réserve de validité du modèle statistique retenu ». L'équation de régression peut s'écrire :

    Qi = a1K1i + a2K2i + a3K3i + c avec:

    § Q = variable dépendante pour laquelle une des valeurs q de l'année i donc (qi) représente les totaux mensuels ou annuels ;

    § K1, K2 et K3 = variables explicatives des séries pluviométriques non lacunaires dites régresseurs ;

    § K1i, K2i et K3i = totaux mensuels ou annuels des stations 1, 2 et 3 de l'année i ;

    § c = Constante.

    3.2. Totaux pluviométriques et moyenne arithmétique

    § Les totaux ont permis d'étudier les quantités de pluies et leurs rythmes. Ils sont calculés par la méthode du simple cumul : avec ni = valeurs mensuelles.

    § Paramètre de tendance centrale, la moyenne arithmétique a été utilisée pour étudier les régimes pluviométriques sur une période de 50 ans. Elle est obtenue par l'équation : = avec n le nombre d'observations et leur somme.

    3.3. Paramètres de dispersion et indices pluviométriques

    Les paramètres de dispersion concernent l'écart-type et le coefficient de variation. Ils ont été utilisés pour déterminer la position des variables étudiées autour de la moyenne.

    § L'écart-type est la racine carrée de la variance. Il est l'indicateur de la variabilité par excellence et, de ce fait, détermine la dispersion des différentes valeurs autour de la moyenne : avec v pour variance.

    § Le calcul de l'écart-type permet de standardiser les données pour les transformer en anomalies centrées et réduites ou ACR, donnant ainsi à chaque valeur le même poids. Les ACR sont des indices pluviométriques, elles permettent de distinguer sur un graphique les années humides (excédentaires) et les années sèches (déficitaires). Ces indices sont obtenus par la formule suivante : , avec x représentant la total pluviométrique de l'année i, pour la moyenne de série et représentant l'écart-type.

    § Le coefficient de variation qui est le rapport de l'écart-type à la moyenne s'exprime en %. Il permet d'apprécier le degré de variabilité des pluies dans chaque station, il est calculé par la formule :

    § L'indice de sécheresse (IS): c'est l'indice de l'écart à la moyenne. Il permet d'estimer le déficit pluviométrique annuel. Cet écart à la moyenne est la différence entre la hauteur de précipitations d'une année Pi et la hauteur moyenne annuelle de précipitations P de la série. La formule est : IS = Pi - P ; l'indice est positif pour les années humides et négatif pour les années sèches.

    § L'indice de pluviosité (IP) : c'est le rapport de la hauteur de précipitations d'une année Pi à la moyenne annuelle des pluies P de la série. La formule est : IP  ; une année est dite humide si ce rapport est supérieur à 1 et sèche s'il est inférieur à 1.

    3.4. Mise en évidence de tendance et de rupture

    Pour rechercher les tendances et d'éventuelles ruptures de stationnarité dans les séries pluviométriques, nous avons utilisé les moyennes mobiles, les tests non paramétriques de Mann-Kendall et de Pettitt.

    § Les moyennes mobiles sont centrées à base 5 et permettent d'avoir des séries pluviométriques lissées à l'échelle stationnelle et temporelle. Le but est de réduire l'amplitude des variations interannuelles et de ne faire apparaître que les grandes tendances. Cette technique de moyenne mobile facilite la pondération des évènements extrêmes comme la sécheresse et introduit une organisation artificielle sur la moyenne oscillatoire. Elle a été appliquée par Houndénou et Hernandez (1998) pour détecter les tendances et les points de ruptures des séries pluviométriques dans l'Atakora au Nord-Ouest du Bénin, une région en phase de transition climatique.

    § Les tendances ont été mises en évidence par une droite de régression de type affine : y = ax + b ; elle est obtenue par le calcul de la pente a qui est un coefficient directeur :

    o Si a > 0, on a une tendance à la hausse ;

    o Si a < 0, on a une tendance à la baisse

     

    § Le test de Mann (1945) et de Kendall (1975) permet de déceler l'existence d'une unique tendance globale au sein d'une série. Molinier et Cadier (1985) en ont fait usage pour valoriser quelques indicateurs de changement du climat dans le Nordeste Brésilien. Le test de Mann-Kendall qui est basé sur la statistique de corrélation de rang t de Kendall est utilisé pour montrer le degré de signification de la tendance et déterminer les ruptures de stationnarité dans les séries chronologiques. Les valeurs des précipitations annuelles sont rangées par ordre croissant et les années en rang Yi d'une station. On calcule pour chaque élément Yi le nombre ni d'éléments Yi tels que (i = j) et Yi > Yj. Le test t est formulé par la relation suivante : . Cette valeur est ensuite normalisée à partir des moyennes [E (t)] et des variances [Var (t)] suivantes :

    et ou

    § Le test de Pettitt (1979) a été appliqué à la série dans l'optique de préciser la position du point d'inflexion marquant une rupture éventuelle. Lorsque l'hypothèse nulle (Ho) est acceptée, on déduit qu'il n'y a pas de rupture dans la série (Xi) de taille N. A contrario, Dumolard et al. (2005) pensent que si l'hypothèse est rejetée, on conclut par une estimation de la date de rupture en considérant le maximum de valeur absolue observée dans la série. Pour chaque série, le calcul statistique est le suivant  avec est le rang de l'élémentdans la série rangée elle aussi en ordre croissant. Feizouré (1994) et Beangaï (2003) ont appliqué ce test pour détecter les points de rupture de stationnarité dans les séries hydro-pluviométriques du bassin centrafricain de l'Oubangui.

    3.5. Analyse en composantes principales

    L'Analyse en Composantes Principales (ACP) est une méthode factorielle et descriptive qui schématise graphiquement le maximum d'information dans l'espace et dans le temps. Le but est de transformer données quantitatives initiales, toutes plus ou moins corrélées, en données quantitatives non corrélées appelées variables synthétiques ou composantes principales (Lefebvre, 1983). Les données au pas de temps annuel sont centrées-réduites afin d'éliminer la prépondérance des stations à forte ou faible pluviométrie qui peuvent entraîner des scores trop importants sur les axes factoriels. L'ACP est utilisée dans ce travail pour identifier les modes de variabilité spatio-temporelle.

    La première composante (premier axe factoriel) est celle qui permet de voir au mieux des individus-caractères (années-stations) sur le plan de projection où une proportion importante de la variance totale est expliquée. Cette première combinaison linéaire exprime plus de variance que la seconde, elle-même plus que la troisième, etc. Il s'agit de repérer les principaux modes de variabilité pluviométrique dans leur configuration spatio-temporelle. Toutes ces techniques statistiques retenues ont permis d'étudier les rythmes et les tendances des précipitations dans le Nord-Ouest de la Centrafrique, tel qu'il sera exposé dans le chapitre suivant.

    CHAPITRE DEUXIEME :
    REGIMES PLUVIOMETRIQUES MOYENS
    ET LEUR VARIABILITE

    Dans ce chapitre, trois principaux aspects seront développés. Nous allons d'abord rappeler brièvement les paramètres qui régissent les mécanismes climatiques en Centrafrique, en déduire et expliquer ensuite la typologie des régimes pluviométriques dans le Nord-Ouest du pays. Enfin, nous nous efforçons d'étudier la variabilité pluviométrique à différents pas de temps, les anomalies et les tendances des séries d'observations.

    I. ELEMENTS EXPLICATIFS DES REGIMES PLUVIOMETRIQUES

    La compréhension de la répartition des régimes pluviométriques dans le NW centrafricain passe par le rappel de quelques mécanismes généraux de la circulation atmosphérique impliquant directement l'Afrique Centrale. Parmi eux, l'importance des ascendances thermiques dans ces milieux de basses pressions équatoriales ou calmes équatoriaux.

    1. Rappel des dispositions moyennes du climat centrafricain

    Les mécanismes généraux du climat moyen aux latitudes centrafricaines dépendent du système climatique de l'Afrique Tropicale. Ils sont déjà bien connus, puisqu'ils ont été largement décrits et expliqués par nombre d'auteurs, notamment Goulée (1964), Dhonneur (1978), Leroux (1980), Pagney (1986) et Suchel (1988). Seuls seront rappelés, les centres d'action, les flux zonaux et les phénomènes pluviogènes, éléments nécessaires à la compréhension de la variabilité pluviométrique.

    La circulation atmosphérique générale en Afrique Centrale est sous la dépendance étroite de deux centres d'action anticycloniques hémisphériques (Sainte-Hélène au Sud, Egypto-Libyen et Açores au Nord) qui, au cours de l'année, agissent les saisons pluviométriques. Deux masses d'air d'origine et de caractère différent sont en action, la circulation d'alizé austral (mousson maritime) et la circulation d'alizé boréal que Demangeot (2005) qualifie de « mousson continentale ».

    Fig. 8 : Centres d'action et flux (situation en janvier et juillet. Suchel, 1988)

    La Fig. 8 présente la situation en janvier et en juillet des centres anticycloniques subtropicaux et de l'advection zonale ou jet stream tropical d'est sur l'Afrique. On peut identifier selon leur position hivernale ou estivale, le Front Intertropical (FIT), la confluence interocéanique et les flux méridiens « comparables au principe de vases communicants : les courants d'alizé » (Suchel, 1988). Par rapport aux courants d'alizé, il s'agit des flux d'air maritime humide (mousson) et d'air continental sec (harmattan) régulant les saisons.

    La prédominance ou la défaillance de l'un ou l'autre de ces mouvements ascensionnels modifie la typologie des régimes pluviométriques. Il apparaît que les conditions pluviogéniques sont en majeure partie sous le contrôle de l'océan Atlantique sud qui se trouve être la source principale de la vapeur d'eau. Celle-ci, advectée par le flux expulsé des hautes pressions de Sainte-Hélène, va donner après condensation, l'essentiel des précipitations aux latitudes centre et ouest africaines. De façon générale, trois systèmes pluvieux majeurs se rencontrent en Centrafrique (Franquin, 1988). Dans l'ordre de leur importance, ce sont les pluies de mousson, les perturbations de lignes de grain et les cellules thermo-convectives locales :

    § Les pluies de mousson constituent la plus importante forme des perturbations enregistrées. Conditionnées par les FIT, elles sont dues à la migration de la Zone Convergence Intertropicale (ZCIT). Le balancement annuel du FIT suivant le déplacement des anticyclones détermine le rythme des saisons pluviométriques. 60% des pluies y sont concernées (AHN, 1990 et 2000).

    § Les pluies de lignes de grains provoquées par des ondes dépressionnaires dans les vents d'est équatoriaux, sont formées d'orages soudés dont le noyau de perturbation est constitué de cumulo-nimbus à grand développement vertical. Selon la Direction de Météorologie Nationale (1987), ces lignes de grains se déplacent d'est en ouest à une vitesse relative de 80 km/h et leur progression en Centrafrique vers le nord-ouest est moins sélective à l'égard des inégalités orographiques.

    § Les pluies thermo-convectives dépendent des facteurs locaux tels que le manteau forestier de Mambéré-Kadéi et de la Sangha, le massif de Yadé aux environs de Bouar et le dôme de Bossembélé. Ce type de pluies est engendré par les mouvements ascendants de l'air, générant des amas nuageux de type cumulo-nimbus dont le noyau actif peut atteindre 7km de diamètre (Riou, 1990).

    L'analyse des précipitations en Centrafrique aboutit à une étroite dépendance de la pluviosité vis-à-vis des centres d'action anticycloniques et des facteurs géographiques locaux.

    2. Typologie des régimes pluviométriques

    Deux rythmes pluviométriques saisonniers caractérisent le Nord-Ouest du pays (Fig. 8) : le régime bimodal et le régime unimodal. Mais il existe pour une même station, une irrégularité inter annuelle des modes pluviométriques qui peuvent varier d'une année à l'autre en passant d'un régime unimodal à celui bimodal, par exemple Bossembélé en 1953, 1957, 1986 et Bouar en 1957, 1963, 1997.

    Tableau II : Fréquence modale des régimes pluviométriques exprimée en %

     

    Berbérati

    Bossangoa

    Bouar

    Bossembélé

    Régime

    P1

    P2

    P1

    P2

    P1

    P2

    P1

    P2

    Bimodal

    92

    63

    39

    07

    56

    43

    66

    35

    Unimodal

    08

    37

    61

    93

    44

    57

    34

    65

    P1 : % exprimé de 1951 à 1970 P2 : % exprimé de 1971 à 2000

    L'analyse du tableau 2 montre une prédominance du régime bimodal sur toutes les stations au cours de la période 1951 à 1970. L'évolution vers le renforcement d'un régime monomodal est significative de 1971 à 2000 et tend à se stabiliser.

    2. 1. Le régime pluviométrique bimodal

    Le régime bimodal au domaine guinéen forestier est celui qu'on retrouve à Berbérati (Fig. 9 a). C'est un régime pluviométrique de type subéquatorial continental à forte tendance soudanienne. On assiste à l'amorce du régime tropical à deux saisons : une saison des pluies pouvant durer jusqu'à 8 mois et centrée sur l'été boréal, et une saison sèche allant de novembre à février. L'observation de la courbe des moyennes mobiles mensuelles à base 5 présente deux maxima saisonniers en juin et en octobre avec une récession pluviométrique ou fléchissement intrapluvial en juillet. La tendance à la disparition de la petite saison sèche autour du mois de juillet est observée, cette saison est soit inexistante soit très atténuée. De mars à Novembre, la pluviosité est partout supérieure à 100 mm. En Décembre et janvier les précipitations sont quasi nulles ou inférieures à 30mm, la région est soumise à l'invasion de l'alizé continental du Sahara méridional.

    Tableau III : Généralités sur les statistiques pluviométriques (valeurs en mm) : 1951-2000

     

    Minimum

    Maximum

    Moyenne

    Ecart-type

    Berbérati

    970,10

    2016,80

    1508,158

    206,828

    Bossembélé

    937,10

    2164,70

    1571,506

    244,946

    Bouar

    1138,70

    2130,10

    1492,364

    217,585

    Bossangoa

    1089,10

    1947,60

    1457,974

    213,220

     
     
     

    a : Station de Berbérati

    b : Station de Bouar

     
     

    c : Station de Bossembélé

    d : Station de Bossangoa

     
     

    Fig. 9 : Régimes pluviométriques dans le Nord Ouest centrafricain, 1951-2000

    Le rythme pluviométrique évolue en marches d'escaliers régulières, de janvier à juin. L'échancrure du mois de juillet est la trace de la phase terminale de la petite saison sèche, Sultan et al., (2000) parlent de « saut abrupt de la mousson ». A cette latitude, les précipitations sont des averses brutales et passagères en fin de journée : ce sont des pluies de convection (Demangeot, 2005) provoquées par l'intense réchauffement du substratum et l'ascendance thermique. Très souvent, ces pluies se manifestent sous forme de tornades.

    En plus des mécanismes thermo-convectifs, il y a les lignes de grains. Ce type de pluies résulte de l'ondulation d'origine orientale qui crée au sein de l'air de mousson une perturbation pluvieuse (Godard et al, 1995). Enfin, le massif forestier aux environs immédiats de Berbérati joue un rôle non dérisoire dans les abats pluviométriques. Les précipitations sont essentiellement dues à deux facteurs : la position de la Zone active de la Convergence Intertropicale (ZCIT) et l'ascendance thermo-convective locale.

    2.2. Le régime pluviométrique unimodal

    Le régime monomodal à longue saison pluvieuse du domaine soudano-guinéen  caractérise les stations de Bossangoa (Fig. 9 b), Bouar (Fig. 9 c) et Bossembélé (Fig. 9 d). La répartition de la pluviométrie mensuelle donne un aspect particulier, hybride entre le type soudanien unimodal et le type guinéen bimodal. Un seul maximum pluviométrique est observé en août ou septembre. Les diagrammes pluviométriques ont l'aspect d'un dôme aplati et font la particularité des stations de la dorsale oubanguienne. La baisse des précipitations en juin et juillet est peu significative pour qu'on puisse évoquer l'idée d'une saison sèche. L'intensité de la pluviosité dépend étroitement de la remontée du FIT vers le Nord où la saison humide s'installe lentement entre mars et avril. Le total annuel des pluies est compris entre 1000 et 1500 mm.

    Le rythme pluviométrique unimodal présente une pluviosité graduelle dès l'équinoxe de mars jusqu'au coeur de la saison des pluies ici représenté par les mois de juillet, août et septembre, puis elles diminuent de façon brutale à partir de septembre pour atteindre des valeurs minimales en novembre décembre. Plusieurs auteurs dont Viers (1984) et Suchel (1986), expliquent ce phénomène par la descente rapide de la ZICT dans sa migration vers les latitudes méridionales, laissant le champ libre à la masse d'air continentale saharienne, l'harmattan ou l'alizé boréal. Les faibles précipitations des mois de novembre et de décembre inférieures à 40 mm ne sont que des pluies éparses, tributaires des nuages résiduels et de l'évapotranspiration sur la savane boisée et les galeries forestières. C'est l'amorce de la saison sèche avec une pluviosité nulle en janvier et février. La saison des pluies recommencera dès mars avec la remontée du FIT et sa migration progressive vers les latitudes septentrionales. La pluviométrie est caractérisée par une inégale répartition spatio-temporelle.

    II. VARIABILITE SPATIO-TEMPORELLE DE LA PLUVIOMETRIE

    Nous allons développer dans cette section la variabilité pluviométrique au pas de temps mensuel, saisonnier, annuel et décennal. Nous nous intéresserons aussi à la variabilité du nombre des jours de pluie et aux anomalies pluviométriques.

    1. Variabilité des pluies moyennes mensuelles et saisonnières

    Le diagnostic de la variabilité pluviométrique à l'échelle mensuelle permet de distinguer trois types de comportement pluvieux  qui sont :

    § Les mois à pluviométrie relativement faible :< 50 mm

    § Les mois à pluviométrie intermédiaire ou modérée : de 50 à 150 mm

    § Les mois à pluviométrie relativement forte : > 150 mm

    Les différents seuils pluviométriques choisis font référence aux seules valeurs de l'évapotranspiration potentielle (ETP), telles que détaillées ci-dessous.

    1.1. Mois à pluviométrie faible (< 50 mm : P< ½ ETP)

    Sont concernés les mois de décembre, janvier et février. Ces mois marquent la grande saison sèche dans le Nord-Ouest centrafricain comme sur l'ensemble du territoire national. Au cours de cette période de l'année, les précipitations recueillies représentent entre 1 et 3 % du total annuel. Par conséquent, elles sont insignifiantes en terme de pluviosité enregistrée. Proportionnellement aux hauteurs d'eau précipitées, le nombre de jours de pluie reste faible et n'excède pas 13. Au cours de ces mois, les événements pluviométriques journaliers enregistrés sont également insignifiants. La hauteur journalière maximale pour chacun des mois n'atteint pas 15 mm. Toutefois, quelques singularités peuvent être relevées au cours de certaines années où le mois de février fait exception en recevant 40 à 50 mm. Cette situation revient fréquemment sur les stations à la limite nord de l'isohyète 1500 mm comme Berbérati, Bouar, Bossembélé.

    1.2. Mois à pluviométrie intermédiaire (de 50 à 150 mm : ETP>P= ½ ETP)

    Les mois de mars, avril et mai sont considérés comme des mois intermédiaires à pluviométrie modérée. Ils annoncent en général l'arrivée de la grande saison pluvieuse. On remarque une hausse sensible des précipitations sur l'ensemble du Nord-Ouest. Au cours de ces mois, le nombre de jours de pluie connaît également une hausse, comparativement au mois précédent. C'est surtout à partir du mois d'avril que l'augmentation du nombre de jours de pluie devient véritablement sensible sur la quasi-totalité de la région. Les événements pluviométriques journaliers commencent également à devenir importants. Les hauteurs pluviométriques journalières au cours de ces mois peuvent dépasser 25 mm. En mars ces évènements restent principalement localisées au Sud-Ouest.

    Le mois de juillet connaît un fléchissement. C'est une phase dite « intrapluviale» caractéristique du régime bimodal à l'exemple de Berbérati (Fig. 9 a). Le mois peut être compté parmi les mois à pluviométrie intermédiaire. Cette période de l'année correspond à l'installation de la grande saison des pluies dans la région forestière de Mambéré-Kadéi et de la Sangha plus au Sud de Berbérati et de la Mbaéré. La majeure partie de cette zone reçoit des précipitations comprises entre 150 et 200 mm par mois. Le nombre mensuel de jours de pluie confirme l'installation de cette saison des pluies.

    1.3. Mois à pluviométrie relativement forte (= 150 mm : P = ETP)

    Les mois de juin, juillet, août, septembre et octobre sont les plus pluvieux dans le Nord-Ouest. Ce sont des mois de moyenne et forte pluviométrie. Comme nous avons évoqué dans le paragraphe précédent, le mois de juillet connaît une récession pluviométrique, son total est moins important comparativement au total du mois d'août, septembre ou octobre. Ces trois derniers mois représentent à eux seuls l'essentiel des abats pluviométriques avec 65 % pour l'ensemble des observations. Mais cette valeur ne se vérifie pas sur toutes les stations pour lesquelles existent des singularités notables : 77 % à Bossangoa, 56 % à Bossembélé, 59 % à Berbérati et 63 % à Bouar.

    Au cours de ces mois, toutes les stations ont des valeurs maximales. Les valeurs observées au mois d'août ou septembre avoisinent 400 mm. Ces mois sont aussi caractérisés par un nombre de jours de pluie important, surtout à Bouar où les valeurs mensuelles dépassent facilement 14 jours de pluie. Sur le reste de la zone de région, le nombre de jours de pluie va en décroissant du Sud-Ouest au Nord-Est où on ne compte plus que 10 jours de pluie au maximum. Ces événements pluvieux sont de grande importance, car les hauteurs d'eau enregistrées au cours d'une journée peuvent dépasser 50 mm par endroits. Cette situation est surtout observée dans le Nord-Ouest en août et septembre. L'étude de la variabilité annuelle est d'une importance capitale.

    2. Variabilité des totaux et moyennes pluviométriques annuels

    L'analyse du cumul annuel des précipitations est pertinente pour effectuer une étude de variabilité. La figure 10 couvrant toute la période d'observation met en évidence l'alternance d'excédents et de déficits pluviométriques annuels. Le calcul des coefficients de variation (Tab. 3) présente un écart non considérable entre les stations pour les mois pluvieux. Ces coefficients sont de 12,17 % à Berbérati, 15,58 % à Bossembélé, 14,57 % à Bouar et 14,72 % à Bossangoa.

    En comparant ces valeurs avec celles d'autres régions centrafricaines ou de la sous-région, nous remarquons que l'appartenance des stations à leur zone climatique respective ne traduit pas systématiquement l'importance de la variation car, Bossangoa et Bria (14,56 %) en domaine tropical ont quasiment le même coefficient de variation que Berbérati et Yokadouma (12,14 %) au Sud Est du Cameroun en domaine subéquatorial avec une pluviosité soutenue. Il en de même pour les écarts-type dont les valeurs varient entre 200 et 250 mm (Tab.3) soit : 217,58 mm à Bouar, 206,82 mm à Berbérati, 244,94 mm à Bossembélé et 213,22 mm à Bossangoa.

    Pour l'ensemble des quatre stations, les années sèches sont plus importantes et se succèdent plus fréquemment que celles humides. Ces années sèches représentent 67 % sur 50 ans d'observations. Les années 1973, 1977, 1979, 1983, 1989 et 2000 apparaissent comme significativement sèches pour toutes les séries chronologiques. Les totaux pluviométriques annuels varient entre un maximum de 2016,8 mm (Berbérati) en 1999 et un minimum de 1004,7 mm (Bossangoa) en 1979.

     
     
     

    a : Station de Berbérati

    b : Station de Bouar

     
     
     
     

    c : Station de Bossembélé

    d : Station de Bossangoa

     
     

    Fig. 10 : Moyennes pluviométriques interannuelles dans le Nord Ouest centrafricain, 1951-2000

    3. Distribution spatiale et variabilité du nombre des jours de pluies

    Cette section analyse successivement la distribution spatiale des moyennes annuelles des pluies, le nombre annuel de jours de pluie et les coefficients de variation. L'analyse des moyennes annuelles sur la période 1951 à 2000 fait apparaître une inégalité dans la distribution spatiale de la pluviométrie au Nord-Ouest de la Centrafrique (Fig. 11).

    Les hauteurs annuelles des pluies et le nombre des jours de pluies sont observés suivant un gradient pluviométrique SSW-NNE, des régions de plateau (forêt) et aux plaines fluviales (savane).

    Fig. 11 : Isohyètes et nombre de jours de pluie au Nord Ouest centrafricain

    Cette distribution spatiale est tributaire de la continentalité, du balancement de la ZCIT et des effets orographiques. De la circulation de la mousson, on note que l'alizé maritime avec son air chaud et humide porteur des précipitations, s'appauvrit en eau au fur et à mesure de son avancée à l'intérieur des terres. De la prépondérance des reliefs, on remarque que le massif du Yadé joue un rôle non négligeable dans l'inégale répartition spatiale des précipitations et de leur variabilité.

    Un fait marquant est le redressement des isohyètes au piedmont septentrional de Yadé avec une importante pluviosité (1400 à 1600 mm), ce redressement est dû au massif montagneux de l'ouest. L'écart entre ces isohyètes s'élargit et les hauteurs de pluie diminuent régulièrement quand on va vers le Nord-Est. L'isohyète 1400 mm qui marque généralement la limite nord des climats tropicaux pluvieux (Brou, 2005), partage le Nord-Ouest centrafricain en deux pôles pluviométriques. Les régions les plus arrosées sont : Mambéré, Nana, Kadéi, Pendé occidentale, Lobaye et la zone péri forestière de Bossembélé. En revanche, des hauteurs moindres (1200 à 1300 mm), sont enregistrées dans la région de l'Ouham suivant un plan quadrilatère Bouca, Bossangoa, Paoua et Kabo, relativement moins arrosées.

    Au cours de la période d'observations, les coefficients de variation saisonnière (Tab. IV) sont évidemment élevés en saison sèche et sont faibles en saison pluvieuse. Cependant, il existe un contraste spatial au milieu de chaque rythme pluviométrique saisonnier, c'est ainsi que Berbérati a un coefficient faible (12,17 %) et Bossembélé avec un coefficient assez élevé (15,58 %).

    Tableau IV : Coefficients moyens de variation saisonnière

     

    Coefficients de variation exprimés en %

     

    Mois humides

    Mois secs

    Berbérati

    12,17

    57,68

    Bossangoa

    14,72

    61,09

    Bouar

    14,57

    72,34

    Bossembélé

    15,58

    59,16

    Par rapport au nombre de jours de pluie, il est intéressant de remarquer leur proportionnalité aux hauteurs d'eau précipitées annuellement (Fig. 9). Suivant le gradient pluviométrique croissant, les valeurs varient entre un maximum de plus de 140 jours de pluie à Mambéré et Kadéi, à un minimum relatif de 90 jours de pluie à Markounda aux grande et moyenne Sido, localités voisines du Tchad méridional. Des poches de discontinuité spatiale ne sont pas relevées, elles peuvent exister, cependant leur importance demeure statistiquement nulle et non cartographiable en raison de la faible densité du réseau des stations de mesures.

    D'une manière globale, l'examen de l'homogénéité des séries journalières présente un caractère non aléatoire. Cette nature est confirmée par l'application du test de Pettitt qui révèle l'existence des ruptures pour les stations retenues (Tab. IV). Les dates de ruptures débutent dès 1968. Elles sont suivies d'une baisse du nombre annuel de jours de pluie constatée depuis près de 40 ans. La moyenne des déficits est de
    13,89 %.

    Tableau V : Résultat du test de Pettitt et variation moyenne de jours de pluie, 1951-2000

    Stations

    Nombre moyen annuel de jours de pluie en mm

    Date de la 1ère rupture

    Variation en %

    Berbérati

    129

    1968

    - 11,13

    Bossangoa

    118

    1969

    - 17,23

    Bouar

    137

    1968

    - 10,46

    Bossembélé

    127

    1970

    - 16,76

    4. Variabilité des évènements pluvieux exceptionnels

    4. 1. Variabilité du nombre de jours de fortes pluies

    Est considérée dans cette analyse comme forte pluie, une « pluie journalière de hauteur supérieure ou égale à la moitié de la hauteur de précipitation journalière atteinte une fois par an » (Sighomnou, 2004), ceci afin de conserver aux résultats une homogénéité statistique. Pour les évènements pluvieux journaliers, leur distribution spatiale s'effectue selon le même gradient décroissant SSW-NNE. La pluviométrie journalière la plus importante de la série des stations est atteinte le 21 septembre 1961 avec 110,6mm à Berbérati, valeur qui reste un record encore non dépassé plus de quatre décennies déjà. Même en 1999, au cours des épisodes de pluies exceptionnelles, Bossangoa (01 août) et Berbérati (07 août) n'ont recueilli chacune que 98mm, Bouar a enregistré 94 mm le 04 Août et Bossembélé a reçu 96, 2 mm le 02 septembre.

    4. 2. Variabilité des années anormalement humides

    Les années anormalement humides sont des périodes au cours desquelles les abats pluviométriques sont importants. Au cours de ces années, les valeurs pluviométriques dépassent largement la valeur normale. Selon leur régularité, leur abondance et leur intensité, les précipitations sont qualifiées d'événements extrêmes et excessifs qui, dans leurs manifestations peuvent s'accompagner soit d'inondations soit de sécheresse.

    L'examen des séries pluviométriques montre que la variabilité des déficits annuels exceptionnels est très prononcée avec 69,15 %. Chaleur excessive et sécheresse récurrente sont remarquables. Les résultats d'analyse permettent de distinguer une baisse des pluies à tous les pas de temps sur une période assez longue et une diminution de la pluviosité (Fig. 11). C'est souvent le cas d'une sécheresse physiologique intra saisonnière qui peut affecter certaines cultures (phénophases) et des calendriers agricoles.

    Les excédents annuels exceptionnels les plus représentatifs sont enregistrés de façon concomitante dans toutes les stations en 1964, 1996 et 1999. Les précipitations recueillies sont importantes tant par leur abondance que par leur intensité, avec une bonne répartition spatio-temporelle et un allongement de la saison humide (6 à 10 mois). Ces pluies exceptionnelles sont des causes évidentes d'inondation et de désastres environnementaux.

    III. COMPARAISON DES RYTHMES PLUVIOMETRIQUES DECENNAUX

    1. Evolution pluviométrique décennale

    Les pluviométries annuelles décennales (Fig. 12) ont évolué en decrescendo de 1951 à 1990 dans toutes les stations du Nord-Ouest centrafricain. L'allure des courbes à la baisse s'est prononcée à partir de la décennie 70 et s'est renforcée jusqu'à la fin de la décennie 80. Les pluies abondantes et exceptionnelles enregistrées au cours de la décennie 90 ont contribué notamment à modifier la tendance vers l'humidité sur toutes les stations.

    Fig. 12 : Courbes décennales des précipitations de 1951 à 2000

    § La décennie 1951-1960 est humide. Les stations au Nord Ouest du pays ont enregistré des précipitations supérieures à 1400 mm. Berbérati et Bossembélé sur la franche de la dorsale oubanguienne ont reçu des précipitations comprises entre 1500 et 1700 mm.

    § La décennie 1961-1970 reste humide. Toutefois, une légère diminution des quantités de pluies annuelles est observée à partir de 1967. Cette baisse correspond aux premières ruptures de stationnarité et à la grande sècheresse sur le Sahel. Les précipitations annuelles ont des valeurs qui se concentrent autour de l'isohyète 1500 mm sur une bande allant de Bossembélé à Bossangoa.

    § La décennie 1971-1980 est marquée par une baisse sensible de la pluviométrie observée sur la quasi-totalité des stations. La pluviométrie est inférieure à
    1400 mm. Cette diminution de la pluviométrie s'accentue au cours de la décennie suivante.

    § La décennie 1981-1990 a connu des hauteurs annuelles les plus faibles dans les séries pluviométriques. On assiste à une migration de l'isohyète 1300 mm vers le Sud-Ouest. Cette translation de l'isohyète 1300 mm s'accompagne de l'apparition dans le Nord-Est d'une zone de pluviométrie inférieure à 1000 mm. Cette valeur seuil indiquerait le passage du climat tropical humide au tropical sec. La zone de pluviométrie inférieure à 1 300 mm s'élargit encore plus et atteint la latitude 2° N, limite des formations forestières sempervirentes.

    § La décennie 1991-2000 est humide et assez pluvieuse. Elle a quasiment le même schéma pluviométrique que la décennie 1951-1960. Toutefois, la baisse de pluviosité reste un élément critique.

    2. Etude pluviométrique comparée des sous périodes « normales »

    Pour affiner les analyses, nous avons subdivisé les séries pluviométriques en 2 sous périodes de 25 ans chacune (Fig.13): la première sous période va de 1951 à 1975 et la seconde sous période de 1976-2000. On observe que la première sous période a été humide et la seconde sèche. Contrairement à ce qui est couramment admis, le total pluviométrique annuel n'a pas connu de forte variation entre les deux sous périodes. On remarque qu'en dépit de la péjoration du climat, juillet et août sont caractérisés par un accroissement des précipitations pendant la période déficitaire de 1976 à 2000.

    Cependant l'amorce d'un régime unimodal se dessine pour les régions à climat subéquatorial. Par exemple à Berbérati (Fig. 13 a), on a observé un renforcement du régime pluviométrique à tendance unimodale, même après les premières années de ruptures (1968-1969).

     
     
     

    a : Station de Berbérati

    b : Station de Bouar

     
     

    c : Station de Bossembélé

    d : Station de Bossangoa

     
     

    Fig. 13 : Comparaison des rythmes pluviométriques interannuels dans Nord Ouest centrafricain

    Cette tendance bimodale semble s'effacer au cours de la seconde sous période car, la phase intra pluviale (juin ou juillet) a enregistré autant de pluviosité que les mois d'août et septembre pluvieux. Ainsi, l'irrégularité interannuelle des précipitations se répercute normalement sur l'ensemble des mois pluvieux.

    Conclusion partielle

    L'étude de la variabilité des précipitations mensuelles montre qu'à l'exception des mois de juillet, août et septembre, les précipitations ont globalement diminué au cours des relevés normaux de 1970 à 2000 dans le NW de la Centrafrique. Cette baisse n'est pas uniforme, ni sur toute l'année, ni sur l'ensemble de la région. Toutefois, on peut remarquer que les mois de la saison pluvieuse sont proportionnellement moins affectés par la diminution que ceux de la saison sèche. Les mois de juillet à septembre ont reçu des pluies excédentaires au cours de cette même période. Ces résultats sont comparables à ceux enregistrés dans la plupart des travaux sur le régime des précipitations en Afrique tropicale (Boko, 1995 ; Houndénou et al., 1998 ; Ndjendolé, 2001).

    L'étude des séries chronologiques de hauteurs précipitées annuelles fait apparaître une nette et brutale fluctuation du régime pluviométrique dans toute la région considérée, à la fin des années 60 et au début des années 70. Les résultats de l'analyse des séries chronologiques montrent une tendance générale au glissement des isohyètes vers le S-SW. L'analyse de la variabilité pluviométrique repose également sur des méthodes statistiques de recherche de tendances et de détection de ruptures au sein des séries chronologiques. Ces méthodes statistiques permettent, pour chaque station étudiée, de mettre en évidence une occurrence éventuelle d'un accident climatique.

    CHAPITRE TROISIEME : VARIABILITE ET TENDANCES PLUVIOMETRIQUES DANS LE NORD OUEST, enjeux environnementaux

    Dans ce chapitre, nous allons traiter deux aspects : d'une part la variabilité et la tendance pluviométrique dans le nord ouest et d'autre part, les enjeux environnementaux.

    I. VARIABILITE ET TENDANCES PLUVIOMETRIQUES

    Parmi les outils d'analyse couramment utilisés pour rechercher les tendances pluviométriques, mesurer leur degré de significativité et détecter les périodes de ruptures de stationnarité, on a l'ellipse de contrôle de Pettitt et le test de Mann-Kendall.

    1. Anomalies pluviométriques dans le Nord Ouest

    Il s'agit d'analyser les indices standardisés en mettant en relief les années excédentaires, les années déficitaires et les droites d'ajustement (Fig.13). L'application des droites de tendances permet de savoir dans quel sens évolue la pluviométrie (vers l'aridité ou vers l'humidité). Cette information de grand intérêt environnemental et agronomique nécessite d'être confirmée par des tests non paramétriques.

    L'étude des anomalies centrées et réduites des précipitations annuelles a permis de dégager globalement trois périodes sur l'ensemble des quatre stations (Fig. 14).

    § La première période s'étend de 1951 à 1967 : elle est marquée par la prédominance des années humides. Les indices sont compris entre +2,9 à Bouar et -2,1 à Bossembélé. Les excédents pluviométriques sont fréquents mais modestes.

    § La deuxième période va de 1968 à 1990 : elle a débuté par le signal d'un accident climatique en 1968. Une période de sècheresse longue et sévère est observée. On remarque une intensification du déficit pluviométrique et le début d'une phase plus sèche en Afrique centrale. On peut considérer deux phases récurrences : la première va de 1970 à 1974. C'est une période de déficit général mais d'envergure limitée quant à l'ampleur des conséquences désastreuses. La seconde a débuté à la fin de 1979 et atteint son paroxysme en 1983 avec une sècheresse dont la sévérité demeure historique. L'analyse des séries chronologiques, du Nord-Ouest centrafricain, par l'étude des ACR, confirme les résultats obtenus par le programme ICCARE (Servat et al., 2001).

     
     
     

    a : Station de Berbérati

    b : Station de Bouar

     
     

    c : Station de Bossembélé

    d : Station de Bossangoa

     
     

    Fig. 14 : Anomalies et tendances pluviométriques dans le NW centrafricain, 1951-2000

    § La troisième période, de 1991 à 2000, est caractérisée par une certaine reprise pluviométrique et les successions d'années sèches et humides. Toutefois, on peut relever une persistance de faibles pluviométries annuelles au début et de fortes pluviométries à la fin. Les écarts d'indices sont assez importants mais n'excédent pas +3.

    Les droites d'ajustement appliquées aux ACR révèlent des conclusions pertinentes. 3 stations sur 4 présentent une droite de tendance décroissante. Le coefficient de persistance, calculé pour toutes les séries pluviométriques, donne la valeur de 87,8 %. Ce résultat met en évidence la péjoration du climat dans le NW centrafricain, avec une évolution de la pluviométrie vers l'aridité.

    2. Détection des ruptures de stationnarité avec le test de Mann-Kendall

    Le test statistique de Mann-Kendall appliqué aux séries de hauteurs annuelles précipitées (Fig. 15) révèle l'existence d'une rupture survenue à la fin des années 1960 et au début des années 1970.

    Fig. 15 : Mise en évidence des ruptures de stationnarité par le test de Mann-Kendall

    L'application du test de Mann-Kendall a donc permis de situer le début de l'accident climatique et de valider la pertinence de la tendance pluviométrique. Celle-ci est décroissante et significative au seuil de 95 %. Plusieurs changements ont pu être détectés et mis en évidence. Les premières ruptures sont observées en 1959 aux stations de Bouar et de Bossembélé. La stationnarité des séries qui est rompue s'est renforcée en 1968 et généralisée sur l'ensemble des observations. Elle s'est maintenue sur plusieurs  années. Bouar et Berbérati ont connu de 1968 à 1980 une longue période d'irrégularités sans inversion de tendance. Cependant, à Bossembélé et à Bossangoa, les ruptures sont détectées en 1968 et en 1971.

    Ces périodes de rupture de stationnarité correspondent à celles déjà observées et étudiées au Sahel par le Programme FRIEND-AOC (Amani et al., 2004). Ces résultats corroborent aussi bien ceux présentés par Janicot et Fontaine (1993) sur « l'évolution des idées sur la variabilité interannuelle récente des précipitations en Afrique de l'Ouest ». Ainsi, les déficits pluviométriques correspondants pour l'ensemble de la Centrafrique sont de l'ordre de 17 % (Ndjendolé, 2001). Particulièrement dans le Nord-Ouest du pays, une décennie plus tard, ces déficits oscillent entre 15 et 23 %.


    Mais la variabilité du régime des précipitations n'est pas nécessairement caractérisée par la seule variation des ses totaux annuels même si, le plus souvent, celle-ci en reste la manifestation la plus sensible. Cette variabilité peut aussi concerner un changement dans la fréquence des pluies. Une telle analyse serait mieux appréhendée dans un champ pluviométrique ayant un réseau de mesure dense afin de regrouper les stations aux comportements similaires.

    Une chronique globale permet de définir le bilan d'ensemble de l'espace étudié. Leur signification est fonction de l'interprétation qui en sera faite à partir de la matrice des saturations (corrélations facteurs-variables) d'où l'intérêt d'une analyse des séries pluviométriques par la méthode des Composantes Principales (CP).

    II. MODES DE VARIABILITE SPATIO-TEMPORELLE

    L'idéal consiste à disposer de plusieurs stations (n >10) pour procéder à une analyse en composantes principales. Certes vu la faible densité du réseau de mesures, il n'en est pas évident, toutefois, nous avons procédé à l'ACP dans le but de détecter les régions homogènes du point de vue de la variabilité. Les 4 stations sont toutes corrélées sur les deux premiers axes factoriels. Elles représentent une contribution de 54,86 % de variables/stations initiales à la détermination de la première valeur propre et de 19,96 % de contribution sur le deuxième axe factoriel, soit un total de 74, 82 %.

    Fig. 16 : Plans factoriels et de saturation F1 x F2, des 4 stations de 1951 à 2000

    Fig. 17 : Histogramme des valeurs propres
    et leur variabilité cumulée.

    Fig. 18 : Cercle des corrélations des stations
    sur les axes 1 et 2

    Tableau VI : Matrice de corrélation (Pearson (n))

     
     
     
     
     
     
     
     

    Berbérati

    Bossembélé

    Bouar

    Bossangoa

    Berbérati

    1

    0,434

    0,405

    0,429

    Bossembélé

     

    1

    0,394

    0,526

    Bouar

     
     

    1

    0,367

    Bossangoa

     
     
     

    1

    Toutes les valeurs en gras sont significativement différentes de 0 à un niveau de signification alpha=0,05

     
     
     
     
     

    Tableau VII : Valeurs propres

     
     
     

     

    F1

    F2

    F3

    F4

    Valeur propre

    2,194

    0,798

    0,535

    0,472

    Variabilité (%)

    54,858

    19,960

    13,381

    11,802

    % cumulé

    54,858

    74,817

    88,198

    100,000

     
     
     
     

    Tableau VIII : Vecteurs propres

     
     
     

     

    F1

    F2

    F3

    F4

    Berbérati

    0,468

    -0,620

    0,624

    -0,082

    Bossembélé

    0,550

    -0,013

    -0,324

    0,769

    Bouar

    0,429

    0,781

    0,441

    -0,108

    Bossangoa

    0,542

    -0,069

    -0,558

    -0,624

     
     
     
     
     

    Tableau IX : Coordonnées des variables

     
     

     

    F1

    F2

    F3

    F4

    Berbérati

    0,694

    -0,554

    0,456

    -0,057

    Bossembélé

    0,815

    -0,011

    -0,237

    0,529

    Bouar

    0,635

    0,698

    0,322

    -0,074

    Bossangoa

    0,803

    -0,062

    -0,408

    -0,429

     
     
     
     
     

    Tableau X : Corrélations entre les variables et les facteurs

     

     

    F1

    F2

    F3

    F4

    Berbérati

    0,694

    -0,554

    0,456

    -0,057

    Bossembélé

    0,815

    -0,011

    -0,237

    0,529

    Bouar

    0,635

    0,698

    0,322

    -0,074

    Bossangoa

    0,803

    -0,062

    -0,408

    -0,429

     
     
     
     
     

    Tableau XI : Contributions des variables (%)

     
     
     
     
     
     
     

     

    F1

    F2

    F3

    F4

    Berbérati

    21,936

    38,480

    38,905

    0,678

    Bossembélé

    30,265

    0,016

    10,508

    59,211

    Bouar

    18,378

    61,030

    19,430

    1,163

    Bossangoa

    29,421

    0,474

    31,157

    38,948

    Tableau XII : Cosinus carrés des variables en %

     
     

     

    F1

    F2

    Somme des Cos²

     

    Berbérati

    0,481

    0,307

    0,79

     

    Bossembélé

    0,664

    0,000

    0,66

     

    Bouar

    0,403

    0,487

    0,89

     

    Bossangoa

    0,646

    0,004

    0,65

     

    Les tableaux VI à XII présentent les résultats des calculs sous XL-STAT pour l'analyse en composantes principales. Les valeurs propres indiquent la part de variation expliquée par chaque axe factoriel. Par rapport au positionnement des caractères/stations, une station est bien représentée que si la somme des cos² sur deux axes choisis soit supérieure à 0,50. Ainsi le tableau 11 montre que toutes les 4 stations sont bien représentées sur les axes F1 et F2. Ce raisonnement est validé par la figure 18 car tous les points de la flèche sont proches du cercle, cela témoigne que les caractères sont intéressants.

    La représentation des stations sur le premier plan factoriel met en exergue les années caractérisées par des minima pluviométriques. Le premier axe traduit l'effet de taille et est relativement influencé par le climat de la frange septentrionale au régime soudano-sahélien. Les scores du premier axe de saturations sont négatifs, excepté celui de Bouar avec +5,91 %. Ce score du reste n'est pas très significatif vu la faible densité de réseau de mesure et le nombre de stations prises en compte dans l'analyse.

    L'étude des ACR et des ACP a abouti à des résultats confirmant une baisse significative de la pluviométrie ces 5 dernières décennies avec plus de déficits annuels que d'excédents et une tendance pluviométrique négative et relativement significative. De ce qui précède, que peut-on craindre et envisager pour les activités humaines et les écosystèmes naturels?

    III. ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX DE LA TENDANCE PLUVIOMETRIQUE

    La pluviométrie, comme l'ensemble des paramètres du climat, suppose dans leur évolution une stabilité temporelle exprimée par un schéma moyen, la normalité dans la succession des saisons et la reconnaissance d'une enveloppe des écarts significatifs. Ainsi, la fréquence des fluctuations pluviométriques et leur degré de variabilité par rapport à ce schéma moyen constituent des enjeux majeurs à diverse probabilité d'occurrence pour l'aménagement de l'espace et le développement durable.

    En Afrique Centrale, certes le phénomène de sécheresse n'a pas connu une ampleur proportionnellement comparable à ce qu'elle est en Afrique de l'Ouest non sahélienne. Mais des études récentes (Bigot, 1997 et Maloba-Makanga, 1998) révèlent a contrario un renforcement de la sècheresse qui s'observe au Cameroun, au Gabon, en Centrafrique et aux deux Congo.

    La baisse récurrente de la pluviométrie est un phénomène qui prévaut dans la ceinture intertropicale de l'Afrique depuis plusieurs années déjà. Saisons sèches plus longues et plus rudes, pluies irrégulières et diluviennes, les effets du changement climatique, causés par la pollution mondiale et la déforestation locale, commencent à être perceptibles. En juin 2001 par exemple, on a dénombré au cours d'une pluie diluvienne, des centaines de sans-abri, des champs dévastés, de nombreux boeufs noyés dans les cours d'eau sortis de leurs lits. En 2000, à Bocaranga et Bossembélé, contrées à grande réputation pastorale, c'est de la sécheresse qu'ont souffert les éleveurs trois mois plus tôt. La saison sèche, plus rude et bien plus longue qu'à l'accoutumée avait tari les rivières et desséché les pâturages. Les régions les plus touchées apparaissent comme celles où, habituellement, il pleut le moins, comme la bordure soudano-sahélienne.

    Considérant l'ampleur et la gravité de l'impact des conflits armés dans le Nord Ouest de la Centrafrique, les conditions socio-économiques (pauvreté accrue, insécurité alimentaire, épidémies...) qui y prévalent induisent des conséquences désastreuses sur les populations et la santé des écosystèmes en cas de sécheresse sévère et imprévisible. Un rapport conjoint de MSF/PNUD (2007) a révélé que l'installation de plusieurs camps de fortune pour les populations déplacées environ 200 000 dans le Nord Ouest centrafricain a triplé en moins de 3 ans le rythme de prélèvements des ressources naturelles.

    Les secteurs d'activités reposant sur la disponibilité des ressources en eau sont aujourd'hui fortement pénalisés par cette diminution des précipitations comme, l'alimentation des retenues d'eau, la production hydro-électrique et l'agriculture.

    1. Secteur de la production hydro-électrique

    A l'exemple du barrage hydro-électrique de la M'Bali, le seul que compte le pays et qui fournit 95% de l'énergie électrique à la capitale Bangui, la production souffre des aléas du climat et de la récession inquiétante du niveau des cours d'eau même aux périodes « normalement pluvieuses ». L'énergie électrique devient une denrée rare. Des coupures et délestages électriques (8 à 12 h/j) sont fréquents, paralysant les ménages et les secteurs d'activités.

    La situation est plus alarmante avec le raccourcissement de la saison des pluies et l'allongement de la saison sèche dus à la rareté de l'humidité et au flux de la mousson. Il s'avère donc indispensable, dans une approche prospective, de tenir compte des contraintes pluviométriques susceptibles d'avoir des impacts négatifs sur les projets de développement et les types d'aménagement liés à la gestion de la biodiversité, des ressources en eau et à l'agriculture.

    2. Secteur de l'agriculture

    Les contraintes géoclimatiques qui commandent les activités rurales au Nord Ouest du pays s'aggravent du fait de la continentalité, de l'irrégularité pluviométrique, des moyens de culture rudimentaires, des sols pauvres, des possibilités financières réduites, de la poussée démographique importante qui appauvrissent la terre par réduction ou suppression des jachères.

    Certaines plantes comme le cotonnier, le manioc, le maïs et le mil, indispensables dans l'économie, connaissent des dysfonctionnements dans leur cycle physiologique (Ndjendolé, 2001). On note que les exigences hydriques de ces plantes sont en inadéquation avec le budget pluviométrique. Cette indigence pluviométrique peut engendrer des réfugiés écologiques ; des groupes de populations migrent vers les zones agro-pastorales du Sud Ouest dans l'espoir de trouver des conditions favorables aux pratiques agricoles. Ainsi, des changements dans le choix des espèces culturales sont perceptibles. Les paysans tentent de s'adapter aux impacts de la sécheresse physiologique en cultivant des plantes à cycle végétatif court.

    3. Secteur forestier

    L'écosystème forestier est, en effet, source de nombreuses richesses : bois de feu et bois d'oeuvre, fibres, aliments et médicaments sans oublier les activités touristiques. Le recul des forêts, est étroitement lié à la croissance démographique qui a entraîné des besoins énormes en terres cultivées et en bois de chauffage. Le feu, souvent utilisé comme méthode de débroussaillage et de fertilisation des sols par les populations pauvres est l'une des causes majeures de la destruction des forêts au Nord Ouest centrafricain. Un hectare brûlé, c'est 100 à 200 tonnes de carbone qui partent dans l'atmosphère (IPCC, 2001). Les méthodes d'abattage industriel sont souvent destructrices et contribuent à la déforestation, car les machines ne font pas la distinction entre l'essence recherchée et celle qui l'entoure ! La forêt recule à grands pas. Son exploitation est de plus en poussée et l'État recommande sans succès notable aux industries du bois et aux villageois bénéficiaires des forêts dites communautaires de reboiser

    La Convention sur la Diversité Biologique signée en avril 2002 à La Haye devait poser les bases d'un partage plus équitable des ressources naturelles, mais le financement destiné à la conservation des forêts est resté très en deçà des espérances. Enfin, avec le changement climatique la pression sur la forêt devrait s'accentuer en raison du déplacement des zones climatiques favorables aux essences locales et de la multiplication des incendies naturels.

    4. Déséquilibres environnementaux

    En 2000 par exemple, attendues pour mars, les premières pluies ne sont tombées qu'en mai dans le Sud Ouest du pays. Entre temps, les puits s'étaient asséchés et le débit du fleuve Oubangui avait baissé des deux tiers (Direction de l'Hydraulique). Selon Pierre Mouchili Njipouta (2005), ancien expert des Nations unies sur les questions d'environnement, ces perturbations résultent des changements climatiques perceptibles sur toute la planète. Il faudra « désormais s'y habituer, car les pays tropicaux d'Afrique ne sont pas épargnés. Les effets de la dégradation de l'environnement au Japon ou aux États-Unis peuvent se répercuter facilement dans n'importe quel pays dans le monde», prévient-il.

    Selon les scientifiques, la déforestation contribue chaque année à près du quart des émissions mondiales des gaz à effet de serre. Des conséquences qu'ignorent les habitants pauvres de ces régions qui, en détruisant la forêt et la savane, cherchent avant tout à se nourrir. La désertification risque de toucher d'ici peu la moitié de la superficie de la République centrafricaine, prévient Antoine Kémba (2005), consultant en environnement. On note déjà une progression des terres arides, consécutive, selon les chercheurs, aux feux de brousse et aux trop nombreuses coupes d'arbres. Cette situation réduit la capacité de l'environnement à absorber le gaz carbonique et à produire de la vapeur d'eau, nécessaire aux précipitations, explique Jean-Claude Bomba (2006). La contrainte climatique principale n'est pas simplement la baisse et la rareté des précipitations, mais également la variabilité dans la distribution, et l'imprévisibilité des précipitations, qui augmente du sud au nord, et constitue des facteurs de contrôle déterminant de l'écosystème soudano-guinéen et de la modification de la végétation.

    Les aléas climatiques sont considérés comme des contraintes pour l'environnement. Il semble difficile de différencier les impacts liés au climat et de ceux occasionnés par l'homme à l'origine des modifications environnementales. Brou (2001), recherchant la relation entre climat et dynamique des écosystèmes dans le V Baoulé (Côte d'Ivoire), conclut que l'importance des déficits pluviométriques est susceptible de fragiliser les écosystèmes de forêt et de savane, surtout à l'occasion des années «anormalement sèches», comme ce fut le cas lors de la période 1982-1983.

    Les effets de cette variabilité pluviométrique peuvent se révéler très dommageables sur le plan de l'environnement, en ce sens qu'ils modifient les données d'un équilibre déjà mis à mal par la pression anthropique : déforestation, feux de végétation, activités agro-pastorales et minières. En effet l'ampleur des dommages causés par les défrichements et brûlis souvent sans souci de préservation d'un héritage biologique pour l'équilibre du milieu est considérable. Les opérations de reboisement menées dans «tout le pays» restent cependant isolées et manquent de suivi. Les résultats attendus à moyen et long termes sont sujets à caution.

    CONCLUSION GENERALE

    Au terme de cette étude consacrée à la variabilité et à la recherche des tendances pluviométriques dans le Nord-Ouest centrafricain, les résultats obtenus confirment la baisse générale des précipitations observée en Afrique tropicale près d'un demi siècle maintenant. Cette baisse se caractérise par la diminution du cumul des pluies annuelles, particulièrement accentuée au cours de la décennie 80. Ces résultats montrent qu'en dépit de quelques années humides enregistrées au cours de la décennie 90, la sécheresse continue de sévir dans cette partie du pays jusqu'au début de 2000. Une étude de L'Hôte et al. (2005) aboutit à des conclusions similaires pour certaines régions du Tchad et du Cameroun.

    La pertinence du choix qui a été effectuée dans le cadre de cette étude, quant aux variables hauteurs annuelles précipitées, nombre annuel de jours de pluie, durée des saisons humide et sèche, est sûrement discutable mais elle repose pour beaucoup sur la nature, la quantité et la qualité des données pluviométriques disponibles. Les chroniques établies à partir de ces données ont été soumises à des tests statistiques d'homogénéité des séries et de détection de rupture.

    La mise en place d'une stratégie pour les différents types d'aménagement dans le Nord-Ouest de la Centrafrique suppose un diagnostic rigoureux et précis mettant en exergue les atouts et les contraintes liés à la variabilité et aux fluctuations pluviométriques. Ce diagnostic doit partir de l'état initial du milieu et des impacts des politiques sectorielles en tenant compte des tendances passées et actuelles, des aspects spatiaux, réglementaires, institutionnels et économiques.

    La tendance à une évolution régressive de la pluviométrie, amorcée vers la fin des années 60, présage des lendemains incertains pour les solutions aux défis posés par les différents types d'aménagement et le développement durable. Il est question de réduire les menaces qui pèsent sur l'agriculture, la disponibilité des ressources en eau, les écosystèmes et les espèces qu'ils abritent du fait de l'amoindrissement des habitats, de la modification des modes d'utilisation des terres et de l'adaptation aux conséquences des changements climatiques. C'est ce qui va constituer la substance de la thèse de doctorat dont le projet est présenté ci-dessous.

    PROJET DE THESE

    « Vulnérabilité des écosystèmes et adaptation de l'agriculture aux changements climatiques dans
    le nord et le sud ouest de la Centrafrique
     »

    1. Fiche signalétique du projet

    § Directeur de Thèse : Prof. Michel BOKO, Université d'Abomey Calavi

    § Co-Directeur : Dr. Sylvain NDJENDOLE, post-doctoral, Université de Bangui

    § Laboratoires : LECREDE (UAC - Bénin) & LACCEG (UBG - Centrafrique)

    § Première inscription : 2007 - 2008

    § Durée de la formation : Trente six (36) mois académiques

    § Spécialité de la thèse : Géosciences de l'Environnement et Aménagement de l'Espace

    § Candidat : Bertrand DOUKPOLO, Doctorant en Gestion de l'Environnement

    2. Contexte scientifique de l'étude

    Ce projet de thèse s'inscrit dans le cadre de suivi du Plan d'Action National d'Adaptation (PANA) aux changements climatiques en République Centrafricaine. Le pays est caractérisé par une situation contrastée en matière d'écosystèmes naturels, avec notamment la présence de la forêt dense humide au Sud et de formations végétales dominées par la savane au Nord. Le déterminisme de ce partage entre types de végétation est essentiellement climatique. Le contexte environnemental allie une hétérogénéité et des fragilités spécifiques du milieu naturel (Doukpolo, 2001).

    Selon l'UICN (1999), en raison du caractère intertropical du milieu, la lumière et la température ne peuvent être des facteurs limitants pour les écosystèmes. Ainsi, l'eau est considérée comme le facteur bioclimatique clé pour déterminer la répartition des types de végétation naturelle, aussi bien par les quantités disponibles (précipitations et réserves en eau du sol) que par les variations mensuelles et interannuelles de celles-ci. Or, en Centrafrique, depuis la fin des années 60, le déficit pluviométrique s'est traduit notamment par l'aggravation de l'aridité, la réduction significative des principales zones humides, la fréquence d'épisodes secs, les pluies diluviennes. Ces quelques phénomènes climatiques accentuent aujourd'hui la vulnérabilité des écosystèmes naturels.

    Une note technique de la FAO (2004) sur l'état de la sécurité alimentaire en Centrafrique et des évaluations du GIEC (2007) fondées sur la modélisation des cultures indiquent que, dans les basses latitudes africaines, les rendements de certaines cultures devraient diminuer même dans le cas d'une élévation minime de la température, du fait que ces cultures sont proches du seuil de tolérance thermique et que les cultures pluviales prédominent. Ainsi, une importante diminution de la pluviométrie accentuerait encore la baisse des rendements agricoles en zone tropicale. En cas d'adaptation agronomique autonome, ces rendements sous les tropiques devraient être moins affectés par l'évolution du climat, mais resteraient néanmoins inférieurs aux niveaux estimés propres aux conditions climatiques actuelles. De ce fait, l'adaptation de l'agriculture centrafricaine au changement climatique implique de nouvelles formes de pratiques et d'innovations dans le système de production. Il s'agit de se donner les moyens de prendre en charge au mieux les incertitudes liées aux changements et à la variabilité climatique.

    Mots clés : Centrafrique, vulnérabilité, écosystèmes, désertification, climat, agriculture, adaptation.

    3. Problématique et Justification

    La communauté des Nations doit faire face aux défis posés par les changements climatiques au cours des prochaines décennies. Les recherches scientifiques récentes prévoient une élévation continue de la température avec des conséquences importantes sur les écosystèmes et les sociétés (GIEC, 2007). Dans une étude sur la dynamique des paysages tropicaux, Watson et Zinyowera (1999) ont expliqué que la réponse des écosystèmes naturels à un climat donné est étudiée soit en terme d'aire de répartition favorable à la présence des espèces (les zones bioclimatiques), soit en terme de fonctionnements à différentes échelles, de la feuille (photosynthèse, échanges CO2/eau) jusqu à l'écosystème (croissance des individus, flux C/eau, densité/couvert). Dans ce contexte, on s'intéresse à la sensibilité du fonctionnement de la végétation à la variabilité climatique, en particulier lors d'évènements stressants ou de perturbations: la vulnérabilité de l'écosystème intègre la fréquence de ces événements ainsi que la résistance et la résilience de l'écosystème à ce stress (Luers, 2003).

    Cette question de la vulnérabilité d'un écosystème naturel est dépendante du niveau d'organisation auquel on va l'étudier et pourrait être spatialement hétérogène à l'échelle régionale ou d'un géosystème, notamment du fait de phénomènes locaux (sol, topographie) ou propagateurs (incendies, infections, parasites).

    La problématique liée aux changements climatiques concerne la Centrafrique à plusieurs titres. Les écosystèmes naturels et les activités agro-économiques ont connu de fortes perturbations dues à la variabilité climatique, en particulier la déforestation, la désertification, la sécheresse, dans un contexte d'importantes mutations socio-politiques et économiques. La disponibilité et les conditions d'exploitation des ressources, les modes d'occupation et de gestion des terres, les mobilités, ont subi d'importantes modifications.

    Pour faire face à la vulnérabilité des écosystèmes, la Centrafrique doit intégrer les contraintes induites, au niveau national et local dans ses politiques publiques et ses pratiques sociales, mais aussi au niveau international dans le cadre des négociations sur l'environnement et le développement durable. Ces réponses politiques, ces pratiques sociales ne peuvent être efficaces que si elles sont étayées par des connaissances précises sur les mécanismes climatiques, environnementaux et sociaux impliqués dans les évolutions à maîtriser, connaissances qui seront produites par la communauté scientifique locale.

    Cette recherche est motivée par l'intérêt qui est porté à l'évaluation des stratégies d'adaptation de l'agriculture face aux changements climatiques. Puisque les répercussions possibles des changements du climat en Centrafrique sont encore mal connues, il convient d'ores et déjà de s'efforcer de les préciser et de les anticiper en mettant en place les recherches adéquates basées sur les modélisations de scénarios de changement climatique et des impacts consécutifs, le couplage entre approches rétrospectives et prospectives car, la sensibilité aux changements du climat est élevée dans les régions intrinsèquement fragilisées et dégradées.

    4. Objectifs de l'étude

    L'objectif général de l'étude permet d'une part d'analyser la vulnérabilité des écosystèmes naturels et d'autre part de proposer des mesures et des activités prioritaires visant à réduire les effets néfastes des changements climatiques sur les écosystèmes naturels, l'agriculture et le secteur agroalimentaire en appliquant des politiques de prévision. Les facteurs de la vulnérabilité ont besoin d'être élucidés afin de concevoir des stratégies d'adaptation pour les humains et leurs activités agropastorales au N/SW de la Centrafrique. De façon spécifique, les objectifs sont :

    § Extrapoler le climat centrafricain à l'horizon 2025 et 2050 dans le cadre des scénarios d'un accroissement continu des gaz à effet de serre dans l'atmosphère ;

    § Analyser les conséquences des changements climatiques sur les écosystèmes naturels et les activités agricoles ;

    § Analyser le rôle des activités agro-économiques dans la vulnérabilité et la dynamique des écosystèmes naturels ;

    § Evaluer l'efficacité des stratégies d'adaptation existantes, en préconiser si possible des nouvelles options.

    5. Méthodes et Outils

    § Travaux de terrain, collecte et constitution d'une base de données statistiques, de sources climatologique, agro-écologique et socio-économique. Etat des lieux et démarche d'évaluation environnementale ;

    § Mise en place des données régionales spatialisées de climatologie, de végétation et autres connexes au sein d'un SIG afin de fournir les principaux paramètres nécessaires au fonctionnement du modèle de végétation qui sera choisi ;

    § Scénarios climatiques : SAS, SAH et HadCM2. Les données météorologiques réelles (stations météorologiques) et simulées (présent et futur) par le modèle MAGGIC-SCENGEN seront analysées et spatialement interpolées;

    § Couplage du modèle de prévision utilisé par l'ONASA et du système DIAgnostic PERmanent (DIAPER) du CILSS, pour les calculs du bilan agroalimentaire ;

    § Analyse des cartes au niveau régional et local de risques climatiques (sécheresse,...) permettront d'identifier les zones phytogéographiques les plus vulnérables.

    6. Grandes lignes du plan

    La thèse est structurée en trois parties. La première partie présente le cadre méthodologique. Elle analyse les grands traits bioclimatiques et les indicateurs environnementaux et socio-économiques dans le N/SW de la Centrafrique. La deuxième partie décrit et quantifie les interactions entre le climat et la végétation, ceci permettra d'établir la vulnérabilité des milieux à la variabilité et au changement climatique actuels (échelles saisonnière et interannuelle). Une section est consacrée à l'estimation des risques agricoles consécutifs à un climat modifié dans les deux régions d'étude ainsi que ses impacts socio-alimentaires au regard des tendances futures. La troisième partie de la thèse présente les principaux résultats d'analyse issus des scénarios climatiques, de la simulation des climats futurs et du bilan de la susceptibilité des écosystèmes naturels. Dans cette dernière partie, il sera envisagé l'évaluation de l'efficacité des mesures d'adaptation existantes afin d'étudier la possibilité de préconiser des nouvelles options d'adaptation des agrosystèmes.

    7. Résultats attendus

    § La simulation du climat à l'horizon 2025 et 2050 est effectuée dans le Nord et le Sud Ouest de la Centrafrique dans le contexte de la concentration des gaz à effet de serre ;

    § La corrélation entre les changements climatiques et le rôle des activités agro-économiques dans la vulnérabilité des écosystèmes naturels est établie ;

    § La vulnérabilité de l'agriculture aux changements climatiques est mise en évidence.

    § L'efficacité des stratégies actuelles d'adaptation de l'agriculture est évaluée et des nouvelles options pour renforcer les mesures sont préconisées;

    § La progression de la désertification ainsi que le degré de vulnérabilité des différentes formations végétales sont identifiées, délimitées et géoréférencées afin de répondre aux besoins de gestion et de suivi des écosystèmes naturels et de divers aménagements.

    8. Brève bibliographie

    L'essentiel des points de connaissances sur les conséquences des changements climatiques résulte des travaux entrepris par l'OMN, le PNUE à travers le GIEC. Depuis 1990, le GIEC a présenté une série de rapports d'évaluation, rapports spéciaux, notes techniques, méthodologies et autres documents devenus des ouvrages de référence largement utilisés par les gouvernants, les scientifiques et d'autres experts.

    GIEC, 1997 : Introduction aux modèles simples employés dans le deuxième rapport d'évaluation du GIEC. Robert T. Watson, James J. McCarthy et Osvaldo F. Canziani,

    GIEC, 1998 : Incidences de l'évolution du climat dans les régions : évaluation de la vulnérabilité. Rapport spécial du GIEC. Watson, R.T., M.C. Zinyowera et R.H. Moss

    GIEC, 2000: Utilisation des terres, changements d'affectation des terres et foresterie. Rapport spécial du GIEC. R.T. Watson, I.R. Noble, B. Bolin, N.H. Ravindranath, D.J. Verardo et D.J.

    GIEC, 2001 : Bilan 2001 des changements climatiques : Conséquences, adaptation et vulnérabilité. Rapport du Groupe de travail II du GIEC. Robert T. Watson, James, J.

    NAKICENOVIC, N., et al, 2000: Scénarios d'émissions. Rapport spécial du Groupe de travail III du GIEC. Cambridge University Press, 599 pages.

    PNUD/PNUE, 2004 : Programme d'Action National d'Adaptation aux changements climatiques en République Centrafricaine.

    PNUE, 1998: Manuel des méthodes d'évaluation des impacts des changements climatiques et des stratégies d'adaptation, Octobre 1998.

    9. Planning général et provisoire d'exécution des travaux de la thèse

     

    2007 - 2008

    2008 - 2009

    2009 - 2010

    Alternance

    Périodes

    UBG

    UAC

    UAC

    UBG

    UAC

    UAC

    UBG

    UAC

    UAC

    Nov - Mars

    Avril -Juin

    Juillet

    Oct - Mars

    Avril -Juin

    Juillet

    Oct - Déc

    Janv -Juin

    Juillet -Août

    Travaux de Terrain

     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Travaux en Laboratoire

     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Points de
    la Thèse

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Soutenance de la Thèse

     
     
     
     
     
     
     
     
     

    § UBG : Université de Bangui Intersection : Activités/Périodes

    § UAC : Université d'Abomey-Calavi

    § Durée d'alternative : 3 à 7 mois /année académique

    10. Calendrier prévisionnel du déroulement de la thèse sur 36 mois académiques

    2007 - 2008 | 2008 - 2009 | 2009 - 2010

    PREMIER AU SIXIEME MOIS

    § Documentation et Revue de la littérature

    § Finalisation du projet de recherche ;

    § Correction du projet de recherche.

    SEPTIEME MOIS

    § Séjourner dans le laboratoire de l'université d'accueil

    § Validation du projet de thèse avec

    § Compléter la bibliographie ;

    § Se former à la maîtrise d'un ou des logiciels pour la modélisation ou le traitement des données.

    HUITIEME AU DOUZIEME MOIS

    § Elaboration de questionnaires ou fiches d'enquête ;

    § Collecte des données ;

    § Test des données et premiers résultats ;

    § Rapport d'étapes d'exécution ;

    § Séminaires doctoraux

    § Premier point de Thèse (EDP/UAC)

    TREIZIEME AU VINGT-TROISIEME MOIS

    § Recherche de données complémentaires ;

    § Rédaction de la partie théorique ;

    § Présentation des premiers résultats dans le laboratoire d'accueil ;

    § Séminaires doctoraux ;

    § Deuxième point de thèse (EDP/UAC)

    VINGT-QUATRIEME MOIS

    § Séjour dans le laboratoire d'accueil ;

    § Première soumission des travaux à des rapporteurs ;

    § Rapport d'étapes d'exécution

    § Troisième point de thèse (EDP/UAC)

    VINGT CINQUIEME AU TRENTIEME MOIS

    § Traitement exhaustif des données

    § Analyse des résultats

    § Rédaction de la partie analytique

    § Deuxième soumission des travaux à des rapporteurs

    TRENTE-ET-UNIEME AU TRENTE-SIXIEME MOIS

    § Rédaction finale de la thèse et mise en cohérence

    § Remise de la thèse au Directeur

    § Envoi de la thèse aux Rapporteurs

    § Avis favorable des Rapporteurs

    § Convocation du jury pour la soutenance (EDP/UAC)

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    ANNEXE I : LISTE DES FIGURES

    Fig. 1 : Cadre conceptuel et théorique de l'outil d'analyse « PEIR » 12

    Fig. 2 : Localisation du Nord-Ouest centrafricain 15

    Fig. 4 : Domaines phytogéographiques, parcs et réserves en Centrafrique 17

    Fig. 5 : Relief et hydrographie au Nord-Ouest de la Centrafrique 19

    Fig. 6 : Types de sols au Nord-Ouest de la Centrafrique 20

    Fig. 7 : Vérification de l'homogénéité des données pluviométriques, 1951-2000 26

    Fig. 8 : Centres d'action et flux (situation en janvier et juillet. Suchel, 1988) 33

    Fig. 9 : Régimes pluviométriques dans le Nord Ouest centrafricain, 1951-2000 36

    Fig. 10 : Moyennes pluviométriques interannuelles dans le Nord Ouest centrafricain, 1951-2000 40

    Fig. 11 : Isohyètes et nombre de jours de pluie au Nord Ouest centrafricain 41

    Fig. 12 : Courbes décennales des précipitations de 1951 à 2000 44

    Fig. 13 : Comparaison des rythmes pluviométriques interannuels dans Nord Ouest centrafricain 46

    Fig. 14 : Anomalies et tendances pluviométriques dans le NW centrafricain, 1951-2000 49

    Fig. 15 : Mise en évidence des ruptures de stationnarité par le test de Mann-Kendall 50

    Fig. 16 : Plans factoriels et de saturation F1 x F2, des 4 stations de 1951 à 2000 52

    Fig. 17 : Histogramme des valeurs propres et leur variabilité cumulée. 52

    Fig. 18 : Cercle des corrélations des stations sur les axes 1 et 2 52

    ANNEXE II : LISTE DES TABLEAUX

    Tableau I : Etendue et caractéristiques des séries pluviométriques 24

    Tableau II : Fréquence modale des régimes pluviométriques exprimée en % 34

    Tableau III : Généralités sur les statistiques pluviométriques (valeurs en mm) : 1951-2000 35

    Tableau IV : Coefficients moyens de variation saisonnière 42

    Tableau V : Résultat du test de Pettitt et variation moyenne de jours de pluie, 1951-2000 43

    Tableau VI : Matrice de corrélation (Pearson (n)) 53

    Tableau VII : Valeurs propres 53

    Tableau VIII : Vecteurs propres 53

    Tableau IX : Coordonnées des variables 53

    Tableau X : Corrélations entre les variables et les facteurs 53

    Tableau XI : Contributions des variables (%) 53

    Tableau XII : Cosinus carrés des variables en % 54

    TABLE DES MATIERES

    SIGLES ET ABREVIATIONS 3

    AVANT PROPOS ET REMERCIEMENTS 4

    RESUMÉ 6

    ABSTRACT 6

    INTRODUCTION GENERALE 7

    1. CONTEXTE SCIENTIFIQUE DE L'ÉTUDE 7

    2. POSITION ET JUSTIFICATION DU SUJET 9

    3. PROBLÉMATIQUE DE L'ÉTUDE 10

    4. OBJECTIFS ET HYPOTHÈSES DE RECHERCHE 11

    5. CLARIFICATION DE CERTAINS CONCEPTS 13

    6. PLAN DE L'ÉTUDE 14

    CHAPITRE PREMIER : CADRE DE L'ETUDE, DONNÉES ET MÉTHODES 15

    I. PRÉSENTATION DE LA ZONE D'ÉTUDE 15

    1. ASPECTS PHYSIQUES 15

    2. ASPECTS SOCIO-ÉCONOMIQUES 21

    II. DONNÉES ET MÉTHODES D'ANALYSE 22

    1. ACQUISITION ET CRITIQUE DES DONNÉES 22

    1.1. Données météorologiques et hydrologiques 22

    1.2. Données écologiques, agro-économiques et sociales 24

    2. HOMOGÉNÉISATION DES SÉRIES PLUVIOMÉTRIQUES 25

    3. CHOIX DES MÉTHODES ET DES TESTS STATISTIQUES 27

    3.1. Comblement des données manquantes 28

    3.2. Totaux pluviométriques et moyenne arithmétique 28

    3.3. Paramètres de dispersion et indices pluviométriques 29

    3.5. Analyse en composantes principales 31

    CHAPITRE DEUXIEME : REGIMES PLUVIOMETRIQUES MOYENS ET LEUR VARIABILITE 32

    I. ELEMENTS EXPLICATIFS DES REGIMES PLUVIOMETRIQUES 32

    1. RAPPEL DES DISPOSITIONS MOYENNES DU CLIMAT CENTRAFRICAIN 32

    2. TYPOLOGIE DES RÉGIMES PLUVIOMÉTRIQUES 34

    2. 1. Le régime pluviométrique bimodal 35

    2.2. Le régime pluviométrique unimodal 36

    II. VARIABILITE SPATIO-TEMPORELLE DE LA PLUVIOMETRIE 37

    1. VARIABILITÉ DES PLUIES MOYENNES MENSUELLES ET SAISONNIÈRES 37

    1.1. Mois à pluviométrie faible (< 50 mm : P< ½ ETP) 38

    1.2. Mois à pluviométrie intermédiaire (de 50 à 150 mm : ETP>P= ½ ETP) 38

    1.3. Mois à pluviométrie relativement forte (= 150 mm : P = ETP) 39

    2. VARIABILITÉ DES TOTAUX ET MOYENNES PLUVIOMÉTRIQUES ANNUELS 39

    3. DISTRIBUTION SPATIALE ET VARIABILITÉ DU NOMBRE DES JOURS DE PLUIES 41

    4. VARIABILITÉ DES ÉVÈNEMENTS PLUVIEUX EXCEPTIONNELS 43

    4. 1. Variabilité du nombre de jours de fortes pluies 43

    4. 2. Variabilité des années anormalement humides 43

    III. COMPARAISON DES RYTHMES PLUVIOMETRIQUES DECENNAUX 44

    1. EVOLUTION PLUVIOMÉTRIQUE DÉCENNALE 44

    2. ETUDE PLUVIOMÉTRIQUE COMPARÉE DES SOUS PÉRIODES « NORMALES » 45

    CONCLUSION PARTIELLE 46

    CHAPITRE TROISIEME : VARIABILITE ET TENDANCES PLUVIOMETRIQUES DANS LE NORD OUEST, ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX 48

    I. VARIABILITE ET TENDANCES PLUVIOMETRIQUES 48

    1. ANOMALIES PLUVIOMÉTRIQUES DANS LE NORD OUEST 48

    2. DÉTECTION DES RUPTURES DE STATIONNARITÉ AVEC LE TEST DE MANN-KENDALL 50

    II. MODES DE VARIABILITE SPATIO-TEMPORELLE 52

    III. ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX DE LA TENDANCE PLUVIOMETRIQUE 55

    1. SECTEUR DE LA PRODUCTION HYDRO-ÉLECTRIQUE 56

    2. SECTEUR DE L'AGRICULTURE 56

    3. SECTEUR FORESTIER 57

    4. DÉSÉQUILIBRES ENVIRONNEMENTAUX 57

    CONCLUSION GENERALE 59

    PROJET DE THESE 60

    1. FICHE SIGNALÉTIQUE DU PROJET 60

    2. CONTEXTE SCIENTIFIQUE DE L'ÉTUDE 60

    3. PROBLÉMATIQUE ET JUSTIFICATION 61

    4. OBJECTIFS DE L'ÉTUDE 62

    5. MÉTHODES ET OUTILS 62

    6. GRANDES LIGNES DU PLAN 63

    7. RÉSULTATS ATTENDUS 63

    8. BRÈVE BIBLIOGRAPHIE 64

    9. PLANNING GÉNÉRAL ET PROVISOIRE D'EXÉCUTION DES TRAVAUX DE LA THÈSE 65

    10. CALENDRIER PRÉVISIONNEL DU DÉROULEMENT DE LA THÈSE SUR 36 MOIS ACADÉMIQUES 66

    BIBLIOGRAPHIE 67

    ANNEXE I : LISTE DES FIGURES 71

    ANNEXE II : LISTE DES TABLEAUX 71

    TABLE DES MATIERES 72






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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand