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La participation outil de citoyenneté ?

( Télécharger le fichier original )
par Gildas CADUDAL
Université de Nantes (France) - Maitrise en intervention et développement social 2005
  

Disponible en mode multipage

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Diplôme Supérieur de Travail Social Maîtrise de Sciences et Techniques en

Direction Régionale des Affaires Sanitaires Intervention et Développement Social

et Sociales de Loire Atlantique Service de formation continue de

l'Université de Nantes

La participation, outil de

citoyenneté ?

L'exemple du conseil des résidents

en Foyer de Jeunes Travailleurs

(c) UFJT

Gildas CADUDAL, Tuteur de mémoire :

promotion 2002-2005 M. Henry NOGUES

contact gildas.cadudal@laposte.net

SOMMAIRE

Introduction 2

Première partie 4

Chapitre 1 : Citoyenneté et participation, entre mouvement de fond et mot-tiroir.... 5

I/ De l'état de citoyen à l'idée de citoyenneté 6

II/ La participation 18

Chapitre 2 : Les jeunes entre itinérance et construction 26

I/ « On met très longtem ps à devenir jeune » 27

II/ Des jeunes sollicités pour participer 29

Deuxième partie 34

Chapitre 1 : Les Foyers de Jeunes Travailleurs 35

I/ Présentation des FJT 36

II/ Le cadre participatif dans les foyers 52

Chapitre 2 : L'enquête menée auprès des FJT 58

I/ Objectifs, formes et mise en oeuvre 59

II/ Résultats de l'enquête 62

III/ Enseigne m e nts retirés 80

Conclusion 87

Bibliographie 89

Annexes 92

Introduction

L'appel au sursaut « citoyen », la « mise au centre » de l'usager, la lutte contre les incivilités... L'actualité regorge d'informations ayant peu ou prou trait à l'implication citoyenne. Ceci témoigne à n'en pas douter d'une forte et réelle préoccupation de notre société. S'interroger sur la participation citoyenne, c'est embrasser un vaste champ, qui approche les thématiques de liaisons et déliaisons sociales, d'intégration ou de désintégration sociale, de rapport à autrui comme de rapports aux institutions. Créer ou recréer du lien, « rapprocher la politique du citoyen » c'est à dire permettre à tous de réinvestir l'espace public et le champ du politique, tout cela est au coeur des préoccupations de tous les acteurs, qu'ils soient élus, militants associatifs, ou professionnels que ce soit dans les champs du développement local ou de l'intervention sociale.

Les instances traditionnelles où se forgeaient les identités sociales et où s'exerçaient concrètement la citoyenneté se voient délaissées et ne semblent plus adaptées ; les formes d'engagement se sont considérablement modifiées, et pour répondre à ces changements sont créées et développées des instances de proximité. La participation à ces instances, plus proches des préoccupations immédiates, est devenue le moyen privilégié pour favoriser l'expression des habitants ou, selon le contexte, des usagers. Ce développement de la participation est tel qu'elle semble désormais constituer l'essentiel de la citoyenneté.

Or s'il s'agit là d'une participation effective et active, elle soulève tout de même plusieurs interrogations. Ne s'agit-il pas là d'une vision réduite et d'un exercice restreint de la citoyenneté ? Quelles sont les conditions dans lesquelles cette participation pourrait devenir vraiment constitutive de citoyenneté ?

Pour répondre à ces interrogations il convient de revenir sur les concepts fondateurs. La citoyenneté est une idée qui est née voici vingt-cinq siècles. La participation, qui semble désormais être son corollaire, n'a que quelques dizaines d'années d'existence, et a plutôt statut de notion que de concept. Il est donc nécessaire de revenir sur l'histoire et la définition de chacun des termes, et de les confronter afin de comprendre comment ils s'associent et fonctionnent. C'est l'objectif poursuivi dans le premier chapitre de la première partie de ce mémoire.

Dans l'incitation à la participation comme dans l'exhortation à faire oeuvre de citoyenneté, les « jeunes » sont souvent sollicités lorsqu'ils sont présents, ou interpellés lorsqu'ils ne le sont pas. Nombre d'instances leur sont proposées, du conseil municipal des jeunes aux « juniors associations » en passant par les représentations existant au lycée ou à l'université. Ce public « jeune » est celui qui sera spécifiquement étudié dans ce mémoire. Quelles définitions en sont données, quelle est l'histoire de ce public qui a été « fabriqué » en tant que corps social spécifique récemment, c'est à ces questions que le deuxième chapitre de la première partie de ce mémoire va s'attacher.

Comment organiser concrètement la participation d'un public de jeunes ? Quels sont les obstacles à cela ? Y-a-t-il des conditions particulières à réunir afin d'y parvenir ? Quels éléments permettent que la participation puisse-être considérée comme facteur de citoyenneté ? Pour apporter des éléments de réponse, la suite de cette étude se base

sur un travail d'enquête dans un contexte particulier, celui des Foyers de Jeunes Travailleurs, et sur une instance spécifique qui y existe, le conseil des résidents.

L'hypothèse retenue dans cette partie est que la participation à une instance « simple », proche des préoccupations immédiates du public, est un moyen privilégié de favoriser leur expression publique, de les reconnaître et de les valoriser, au final qu'il peut constituer effectivement un exercice concret de la citoyenneté. Si l'échelle de cet exercice est modeste, sa réussite peut constituer un levier pour un investissement ultérieur de certains jeunes dans la vie de la cité sur une plus grande échelle. En d'autres termes l'exercice pratique d'une « micro-citoyenneté » peut être une voie privilégiée pour un investissement citoyen plus large. Toutefois il y a, sans doute, des conditions spécifiques pour qu'une instance de concertation à destination de jeunesadultes fonctionne et suscite leur participation réelle et concrète. Il existe des obstacles mais aussi des atouts spécifiques liés à ce public, qui s'il est « instable » -souvent bien malgré lui, est aussi mobilisable car « en devenir ». Il existe aussi des résistances et des contraintes liées aux institutions qui les accueillent, et des inadaptations dans le cadre réglementaire de référence qu'il faut identifier.

La deuxième partie de ce mémoire commence par une présentation du contexte particulier de l'étude sous deux aspects. D'une part il s'agit d'éclairer ce que sont les Foyers de Jeunes Travailleurs, quelle est leur histoire, quel est leur public. D'autre part il est nécessaire d'expliquer quel est le cadre de la participation qui y est mis en place.

Une enquête a été menée au sein de plusieurs Foyers de Jeunes Travailleurs pour étudier et comparer ce qui y existe en matière de participation et comment cela fonctionne. Mener une enquête assez large visait à mettre en évidence les constantes mais aussi les divergences d'organisation, et ainsi essayer de mettre en lumière les réussites et les difficultés liées à cet exercice. Le dernier chapitre de la deuxième partie de ce mémoire est consacré à la description de cette enquête et à ses résultats. Ce mémoire s'achève par des préconisations élaborées en réalisant un lien entre les éléments pratiques observés lors de l'enquête et les éléments théoriques des parties précédentes.

Première partie

La citoyenneté et la

participation

Le concept de « jeunes »

C

mouvement de fond et mot-tiroir hapitre 1 : Citoyenneté et participation, entre I/ De l'état de citoyen à l'idée de citoyenneté 6

1/ La citoyenneté, vingt-cinq siècles d'histoire 6

a/ La polis grecque 6

b/ La République puis l'Empire romain 8

c/ De la cité à la nation 9

d/ La démocratie représentative 10

e/ La représentation en crise 10

2/ Citoyenneté plurielle ou citoyenneté en miettes ? 11

a/ Une construction par étapes 11

b/ Différentes sphères de citoyenneté 12

c/ Des pratiques nouvelles et élargies 14

d/ Vers une supra-nationalité ? 15

II/ La participation 18

1/ Une notion récente et évolutive 18

2/ Les différents niveaux de participation 19

a/ L'implication, un élément fonda me ntal 19

b/ L'échelle de la participation 20

c/ Qui et combien participent ? 21

3/ Recréer l'agora ? 22

a/ L'espace public 22

b/ L'association 23

« Un mot vaut une idée dans un pays où l'on est plus séduit par l'étiquette du sac que par le contenu »1. Il semble que l'utilisation de mot-tiroir n'est donc pas l'apanage de notre monde moderne, et l'usage immodéré fait actuellement des termes de citoyenneté et de participation semblent procéder de cela : « Le terme de citoyen (...) est revenu à la mode depuis quelques années d'une manière insistante, sinon obsédante, dans les pays démocratiques »2.

Pour autant qu'il soient dévoyés par un usage abusif, ces termes n'ont d'actualité que parce qu'ils répondent à une attente ou à un manque social, et si « ...la polysémie des mots peut être source de confusion (...) elle peut avoir aussi une signification par ellemême : rendre compte d'une complexité qui caractérise adéquatement son objet. »3. Les mots ne sont donc pas agités vainement, aussi devon-nous d'une part de revenir sur l'histoire et l'évolution des concepts ; d'autre part d'étudier quels sont les enjeux sociopolitiques actuels qui se manifestent par l'omniprésence de ces mots.

I/ De l'état de citoyen à l'idée de citoyenneté

La longue histoire de la citoyenneté a permis d'en donner une définition formelle et précise, qui est bousculée dans nos sociétés par la crise de la démocratie représentative, ce qui en rend les contours plus large mais aussi plus flous.

1/ La citoyenneté, vingt-cinq siècles d'histoire

L'idée de la société politique, la démocratie et la République sont le produit de l'histoire et trouvent naissance à deux sources, Athènes et Rome. Pour comprendre l'évolution du statut de citoyen et de l'idée de citoyenneté un retour sur la genèse de ces éléments fondamentaux est nécessaire.

a/ La polis grecque

C'est dans la Grèce antique, organisée alors en cité-État que va naître à Athènes la démocratie cinq siècles avant notre ère. L'innovation grecque est d'avoir imaginé la séparation entre la sphère du privé, et la sphère du public. Cette dernière est le domaine de la vie de la Cité qui devient ainsi « un domaine autonome de la vie sociale »4.

La sphère de la polis est celle de la communauté des citoyens, elle n'a de valeur et de réalité que par la pratique commune. La citoyenneté ne peut pas se pratiquer seul, et ne prend du sens que s'il y a concitoyenneté, c'est à dire création d'une vie publique commune. L'objectif de celle-ci est de gérer les affaires de la Cité, en prenant des décisions et en légiférant.

En procédant ainsi les Grecs ont inventé le concept d'état de Droit. Ce ne sont pas les

1 Honoré de BALZAC cité par Michel RICARD in Rapport à autrui et personne citoyenne, 2002, p.117

2 Dominique SCHNAPPER, La communauté des citoyens, 2003, p.9

3 Monique CASTILLO, La citoyenneté en question, 2002, p.7

4 D. SCHNAPPER, 2003, p.122

hommes qui gouvernent la communauté des citoyens mais les lois. Ainsi « la communauté des citoyens était la seule source de la légitimité et la seule instance de décision politique et judiciaire »5.

La démocratie directe athénienne est organisée en deux instances. L'Ecclésia, l'assemblée du peuple est requise pour les décisions les plus importantes, tandis que la Boulè est une assemblée de cinq-cent membres tirés au sort, dont le rôle est d'étudier les propositions de loi. Le système de tirage au sort fait qu'un citoyen sur deux siège au moins une fois dans sa vie à la Boulè. Il faut bien noter que s'il y a assemblée, il s'agit là d'un système de délégation temporaire et non de représentation.

Nous devons aux grecs deux valeurs fondamentales qui présidaient à la prise de décisions communes : la liberté et l'égalité. Ce sont deux éléments clé dans l'idéal démocratique athénien.

L'idée de liberté, ou eleutheria, comporte deux aspects. D'une part, la liberté concernant la sphère privée où chacun est libre de vivre comme il l'entend et qui est un domaine totalement étanche à la sphère publique. D'autre part, la liberté dans la sphère publique grâce au partage d'une constitution commune.

L'idée d'égalité a elle aussi une double déclinaison. L'isonomia est l'égalité devant la loi, tandis que l'iségoria est l'égalité dans la proposition et la prise de décisions collectives, et à ce titre « l'une des marques de la liberté c'est être successivement gouvernant et gouverné... »6. Ce dernier point est important car il marque la rupture entre l'individu et le citoyen. Dans le champ de la citoyenneté existe une égalité formelle, à la fois juridique et politique, qui transcende la condition sociale. Bien entendu ce sont ces notions qui seront reprises dans la formule « libres et égaux en droit » de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen puis dans la Déclaration universelle des droits de l'homme.

La démocratie directe pratiquée par les athéniens sur l'agora trouve ses limites dans la limitation stricte du statut de citoyen. Un dixième seulement des habitants étaient citoyens, ce statut étant fondé sur une conception ethnique étroite qui excluait, à de rares exceptions près, les étrangers, les métèques et les esclaves, mais aussi les femmes et les enfants : « Les citoyens libres formaient donc, en fait, une véritable aristocratie de naissance qui avait seule la conduite des affaires publiques »7 .

Nous retiendrons de l'expérience athénienne deux éléments fondamentaux. Tout d'abord la dimension publique de l'existence qui transcende la condition sociale, et qui engendre « ...l'auto-institution de la société par elle-même »8. Ensuite l'organisation de la société grâce aux lois décidées par la communauté sur la base de la liberté et de l'égalité des citoyens. Nous noterons bien toutefois que s'il y a là un exercice réel et fondateur de démocratie directe, le droit de l'exercer est réservé à une minorité, le statut de citoyen strictement encadré ne visant absolument pas à l'universalité. D'autre part si la légende a idéalisé l'agora, il ne faut pas ignorer que « Malgré l'immense ouverture de ses institutions (...), malgré l'omnipotence de l'assemblée du peuple, malgré une participation considérée comme un devoir primordial (...) la démocratie athénienne elle-

5 Idem p.123

6 Aristote, cité in D. SCHNAPPER, 2003, p.124

7 Michel MOURRE, Dictionnaire d'histoire universelle, 1981, p.104

8 Roger SUE, « L'affirmation politique de la société civile », Cité, n°17-2004, p.25-37.

même (...) ne parvenait à rassembler, ni chaque jour ni même chaque semaine, l'ensemble des citoyens »9

b/ La République puis l'Empire romain

Rome fut d'abord une cité-État limitée à la ville de Rome, fonctionnant à l'instar des cités grecques. Mais au fur et à mesure des conquêtes, débutées sous la République et poursuivies sous l'Empire, le droit à la citoyenneté va devoir être revu.

A ses débuts, la République romaine était attachée à la naissance, tout comme l'était Athènes : est citoyen tout homme libre né de père citoyen romain. Ce droit a d'abord été étendu à tout homme libre né dans la péninsule, puis avec l'Empire il y a eu nécessité d'unifier juridiquement le territoire. C'est ainsi que l'édit de Caracalla en l'an 212 étend le droit de citoyenneté à tous les hommes libres de l'Empire : « Aux peuples divers tu as donné une patrie commune : en associant les vaincus à ton droit, tu as fait du monde une ville »10. La loi impériale assujettit les individus sur l'ensemble du territoire de l'Empire.

Il s'agit là d'un glissement de la Cité vers la Nation ; la société d'Aristote était une « société de face à face », ce qui est impossible pour Rome avec l'extension de l'Empire. La citoyenneté devient un statut juridique et un moyen d'unification. La société politique romaine légifère non plus pour régler des problèmes immédiats et réels mais pour régler les relations entre des sujets de droit.

Les limites de l'exemple romain tiennent à deux aspects. Tout d'abord la citoyenneté romaine ne donne pas droit de participer à la vie politique, qui est réservée à des castes aristocratiques ou oligarchiques. Le cens permettait de discriminer parmi les citoyens ceux qui étaient éligibles aux magistratures. Si cela permettait à quelques uns grâce à leur réussite économique de pouvoir participer à la vie politique, il ne s'agissait que d'une ouverture minime de l'aristocratie. En fait, c'est parce que la citoyenneté et les fonctions sociales sont disjointes, parce que l'exercice du pouvoir effectif ne lui est pas associé que la citoyenneté a pu être accordée plus largement. Ce fonctionnement débouche sur la deuxième limite de l'exemple romain, à savoir la corruption du système politique, qui fait dire à Max Weber « Nulle part au monde un patronage politique de cette sorte n'a été tenu entre les mains d'un si petit nombre de familles»11.

L'héritage de Rome reste le principe d'une citoyenneté ouverte à vocation universelle, à tel point que nous pouvons dire « nous sommes tous des citoyens romains »12. Mais cette citoyenneté de droit ne se traduit pas par une participation politique, réservée elle à une élite aristocratique. La citoyenneté romaine a inventé le lien civique qui rattache le citoyen à un État réglé par le droit.

Cela va avoir une influence importante au niveau social, puisque d'une idée d'origine
héritée des Grecs qui postulaient que la place de chacun était liée à un immuable état
de nature, les Romains vont évoluer vers l'idée de statuts sociaux définis en droit, ce

9 Mathias LE GALIC, La démocratie participative, le cas Nantais, 2005, p.18

10 Invocation à Rome de Rutilus Namatianus, in M. MOURRE, 1981, p. 1339

11 Cité in D. SCHNAPPER, 2003 p. 128

12 Claude NICOLET cité in Dominique SCHNAPPER, Qu'est-ce-que la citoyenneté, 2000, p.15

que Senèque traduit de la façon suivante : « L'homme que tu appelles ton esclave est né de la même semence, a le même ciel au dessus de sa tête, respire comme toi, vit comme toi, meurt comme toi. Tu peux le voir libre un jour tout comme il peut te voir esclave »13. Si le citoyen bénéficie immédiatement de droits politiques et civils tandis que l'esclave n'a aucun droits, l'affranchissement va conférer l'accès à des droits civils immédiats, suivi d'un accès à une citoyenneté complète pour les descendants d'affranchis. C'est là une évolution considérable, quand bien même sur le fond demeure dans la société romaine l'existence d'individus avec statut d'homme et d'autres ayant statut de sous-homme, lesquels dépendent d'un maître qui a pouvoir de leur octroyer la liberté.

c/ De la cité à la nation

Le Moyen Age est marqué par l'oubli de la civitas, c'est à dire l'appartenance citoyenne, au profit de l'impérium, soit la domination de la figure du chef devant le groupe. C'est ainsi que « durablement, pour plusieurs siècles, le citoyen s'efface au profit du sujet ou du vassal, formes qui ont nourri le Moyen Age politique. Il faut laisser passer près d'un millénaire pour que la figure du citoyen retrouve son sens et une actualité (...) qui culmine avec la Révolution française »14.

Le siècle des lumières va entraîner le débat sur la personne, en interrogeant la place de l'individu dans la société. Quelle est la nature de cette relation, sur quoi se fonde-t-elle ? Cette approche est celle des théoriciens du contrat social et des droits subjectifs. Elle part de l'analyse du passage de l'homme de l'état de nature à la société ; « Dans cette conception, le contrat est idéalement la préservation et l'organisation collective de ces droits naturels dans la société, que ce soit sous forme d'expression de la volonté générale chez Rousseau, d'identification à un souverain tel le Léviathan chez Hobbes, ou d'un trust (contrat de confiance) entre le peuple et ses représentants chez Locke. Dans l'interprétation classique, le contrat social apparaît ainsi comme le fondement du lien social et le garant des droits naturels »15.

La citoyenneté va revenir en force dans l'histoire au XVIIème par la guerre civile anglaise, puis par la guerre d'indépendance et la fondation de la démocratie aux Etats-Unis, enfin bien sûr par la Révolution française ; la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 178916 consacrant cet avènement. Cette citoyenneté s'établit dans un contexte très différent de la cité grecque ou de l'empire romain. Les monarchies ont contribué à rassembler et unir de vastes ensembles sous forme d'Etats. La pratique démocratique va devoir s'adapter à cette échelle. L'Etat-monarchique devient Etat-nation et la souveraineté, « inaliénable et indivisible » pour reprendre les termes de Jean-Jacques Rousseau, est désormais détenue par la communauté nationale des citoyens. C'est ce qu'exprime fortement l'article III de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen : « Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément ».

13 Lettres à Lucillius, livre V lettre 47, citées in M. CASTILLO, 2002, p.19

14 Thierry LETERRE, « La naissance et les transformations de l'idée de citoyenneté », Cahier français n°281, 1997, p.3

15 Roger SUE, Renouer le lien social : liberté, égalité, association, 2001, p.68.

16 Jointe en annexe 1

d/ La démocratie représentative

La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen affirme par ailleurs dans son article VI que « Toute personne a le droit de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays, soit directement, soit par l'intermédiaire de représentants librement choisis ». La démocratie représentative constitue une synthèse et une modernisation de l'héritage gréco-romain ; des citoyens égaux en droits à grande échelle donnent mandat à quelques-uns par leurs votes pour exercer le pouvoir en leur nom et place. Avec cette définition de la démocratie seuls les représentants participent au processus de décision, et aucune responsabilité n'est exercée directement par les citoyens.

En pratique dans ce système, les représentants font les lois, en conséquence « La souveraineté du peuple est donc celle de la loi »17. Cet aspect est repris dans la Constitution de 1946 (IVème République) qui précise « La loi, expression de la volonté générale, est un acte de puissance initiale, un acte inconditionné ».

e/ La représentation en crise

L'écueil actuel lié à notre organisation politique est que « Plus de deux siècles de démocratie représentative ont ancré profondément le jugement selon lequel l'idéal de participation des citoyens au gouvernement de la cité appartient au passé »18.

Document n°1 : Déclaration de Lee Hamilton au Congrès américain sur la crise du droit de vote :

« Le droit de vote est l'élément central de notre système de gouvernement.

Il y un siècle, 80% de tous les électeurs exerçaient leur droit de vote lors des élections présidentielles. Aujourd'hui le taux est de 50%.

Les États-Unis, le phare et le rempart de la démocratie moderne, se classent maintenant derrière la plupart des autres pays libres pour ce qui est de l'exercice du droit de vote. [...]

La politique est devenue un sport de spectateurs... »
source : L'encyclopédie de l'Agora

Pour nombre d'auteurs, cela ne procède pas d'une quelconque fatalité, mais d'une démarche liée à une certaine défiance du peuple-citoyen, que résume cette formule lapidaire et provocatrice de Rivarol : « Il y deux vérités qu'il ne jamais séparer dans ce monde : premièrement que la souveraineté réside dans le peuple ; deuxièmement que le peuple ne doit jamais l'exercer »19. Nous rejoignons ici une double critique souvent entendue. D'une part il y a confiscation du pouvoir par des hommes devenus des professionnels de la politique. D'autre part ceux-ci constituent une élite, qui se produit et se reproduit entre pairs. Au final cette situation contribue à éloigner les citoyens de la polis et certains n'hésitent pas à parler d'un système de « monarchie élective éclairée »20.

Cette crise de la démocratie représentative est constatée dans l'ensemble des pays occidentaux, et touche au premier chef l'acte le plus symbolique de la démocratie, le vote, comme en atteste le constat désabusé ci-contre21.

17 M. CASTILLO, 2002, p.38

18 M. LE GALIC, 2005, p.18

19 Idem, p.23

20 Georges GONTCHAROFF, Forum « Démocratie ou démagogie participative ? », Bouguenais (44), 11 octobre 2003, notes personnelles

21 Déclaration au Congrès américain du représentant de l'Indiana M. Lee HAMILTON, en décembre 1998, citation tirée

Pour José Sarramago, cette situation résulte du fondement même de notre système : « Les instances du pouvoir politique tentent de dévier notre attention d'une évidence : à l'intérieur même du mécanisme électoral se trouvent en conflit un choix politique représenté par le vote et une abdication civique. N'est-il pas exact que, au moment précis où le bulletin est introduit dans l'urne, l'électeur transfère dans d'autres mains, sans autre contrepartie que des promesses entendues pendant la campagne électorale, la parcelle de pouvoir politique qu'il possédait jusqu'alors en tant que membre de la communauté de citoyens ? »22. Il s'agit là à n'en pas douter d'un élément fondamental dans le débat sur la citoyenneté ; toutefois il ne faut pas réduire la citoyenneté au vote, car elle recouvre un champ bien plus large.

2/ Citoyenneté plurielle ou citoyenneté en miettes ?

« Savoir si la citoyenneté est toujours pensable (...) constitue une tâche essentielle (...), il n'est peut-être pas inopportun de se demander si la citoyenneté peut être rapportée à la fois à des communautés segmentaires et à des échelles supranationales ou si elle n'est pas devenue inintelligible, parce qu'attribuée à tout et n'importe quoi23. Cette interrogation situe bien l'éclatement du champ de la citoyenneté et la nécessité de la redéfinir.

a/ Une construction par étapes

Dans un contexte d'expansion progressive des droits, la citoyenneté s'est modifiée au cours de l'histoire. Le sociologue anglais T.H. Marshall s'est attaché à l'étude de la naissance de la citoyenneté sociale, dans le contexte de construction de l'Etatprovidence en Grande-Bretagne dans la seconde moitié du XXème siècle. Il a ainsi déterminé trois stades dans la construction de la citoyenneté moderne. Au XVIIIème siècle s'est formée la citoyenneté civile, qui correspond aux libertés fondamentales : liberté d'expression, égalité devant la justice, droit de propriété. Au XIXème la citoyenneté politique est advenue, fondée sur la participation politique grâce à l'élargissement du droit de vote et de l'éligibilité. Le troisième stade est la construction de la citoyenneté sociale au XXème siècle, qui résulte de la création de droits-sociaux économiques : droit à la santé, protection contre le chômage, droits syndicaux.

Cette construction progressive est marquée par une évolution du droit. Les droits de l'homme et du citoyen définis initialement à la Révolution sont des « droits de », autrement nommés « droits libertés », « droits actifs » ou « droits forts ». La vision qui préside à ces droits vise à limiter le droit d'entrave de la part de l'Etat, et cherche à préserver la plus grande liberté possible à l'individu. Le fondement des « droits liberté » est l'égalité des citoyens dans la sphère de la cité ; cette garantie des libertés est formelle, hors des contingences matérielles, hors de « l'homme situé ».

Cela va se révéler insuffisant, c'est pourquoi progressivement les constitutions se sont
orientées vers de nouveaux droits, sous la forme de « droits à », autrement appelés
« droits créances » ou encore « droits-sociaux », « droits passifs » ou « droits faibles ».

du site L'encyclopédie de l'Agora, http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Civisme

22 José SARRAMAGO, « Que reste-t-il de la démocratie ? », Le Monde diplomatique, août 2004, p.20

23 Michel RICARD, 2002, p.117

Ces nouveaux droits correspondent aux formes modernes de l'Etat-social. Ils permettent à l'individu d'avoir un Etat qui non seulement garantisse les libertés mais encore qui fournisse « ...des prestations indispensables à l'exercice effectif de ces libertés »24. C'est là un basculement puisque ce n'est plus l'égalité qui est l'élément fondateur mais l'équité. « L'Etat Providence en dette face à des laissés-pour-compte, renforce "les droits à" tout au long du XXème siècle, instituant le statut "supérieur" de la liberté, mettant en évidence le principe d'équité au travers d'un statut passif de l'usager dans la société »25. Ces « droits créance » constituent la reconnaissance et la prise en compte de « l'homme fragmenté », l'homme situé dans la vie concrète par opposition à l'homme abstrait dans la sphère de la citoyenneté.

La notion d'équité poussée plus avant est à la base des théories de la discrimination positive ou « positive actions », dont le théoricien majeur est John Rawls. Il y a dans le principe d'égalité un aspect purement mathématique, donner la même chose, la même quantité à chacun, or cela ce ne fonctionne pas, ou plutôt ne fonctionne que dans la sphère du politique, de l'homme abstrait. C'est ainsi que « Le problème de la citoyenneté devient davantage une question d'exercice et de pratique que de définition formelle »26.

Le Conseil d'Etat dans un rapport sur le principe d'égalité en 1997 constatait « Trop d'égalité tue l'égalité », ce qui n'est pas sans rappeler la maxime de Cicéron « Summum jus, summa injuria »27, la contradictions n'est donc pas nouvelle. La théorie de la discrimination positive pose que la justice sociale passe alors par l'abandon du principe d'égalité au profit du principe d'équité, c'est à dire admettre que dans la sphère économique et sociale, celle de l'homme situé, il peut y avoir de « justes inégalités » au bénéfice des plus défavorisés. Plusieurs politiques en France ce sont rapprochées de ce principe28, l'écueil étant d'un côté le problème de stigmatisation que cela entraîne, et de l'autre une autre forme d'exclusion qui est l'exclusion du droit commun au profit de droits spécifiques.

b/ Différentes sphères de citoyenneté

L'exercice moderne de la citoyenneté s'exerce dans différentes sphères. Nous pouvons en distinguer trois : celle du politique, celle de l'économique, celle du social.

La citoyenneté politique « s'exprime par son contenu juridique et sa référence déterminante à la nationalité »29. Il s'agit de l'exercice des droits civiques et politiques. C'est ce volet qui apparaît, ou du moins est annoncé, comme le plus en crise. Il faut noter que la base de cette citoyenneté est la nationalité puisque c'est elle qui confère les droits civiques.

La citoyenneté économique intègre les aspects de la vie en société sur deux niveaux :

24 Roland JANVIER & Yves MATHO, Mettre en oeuvre le droit des usagers dans les organisations sociales et médicosociales, 2004, p.15

25 Marie-Agnès ROUX, « Promouvoir la place de l'usager », Les cahiers de l'actif n°318-319, p.140

26 M. LE GALIC, 2005, p.27

27 Comble de justice, comble d'injustice.

28 Loi d'orientation en faveur des personnes handicapées du 30 juin 1975, création des Zones d'Education Prioritaires en 1983, Loi de lutte contre les exclusions du 29 juillet 1998...

29 Anicet LE PORS, La citoyenneté, 2004, p.52

celui de l'échange marchand et celui des relations au travail. Cette dimension intègre un volet juridique important et en constante augmentation, dénoncé souvent comme une inflation menant à une « juridiciarisation » de la société ; ainsi l'exercice privilégié de la citoyenneté deviendrait le recours en justice. C'est l'émergence du « citoyenconsommateur » et cela témoigne d'une crise : « Le dépassement de l'Etat-providence traditionnel entraîne (...) une "victimisation générale de la société. La justice est uniquement appréhendée en termes de compensation et de réparation. L'explosion du nombre de procès en responsabilité civile et l'alternative individualiste à l'Etatprovidence ne font plus qu'un du même coup »30. Le chômage de masse et l'exclusion sociale que cela entraîne rend difficile pour un nombre croissant de personnes l'exercice de cette forme de citoyenneté, car pour reprendre les propos de Robert Castel sur les surnuméraires : « On ne fonde pas la citoyenneté sur l'inutilité sociale ».

La citoyenneté sociale, à laquelle certains auteurs associent également la citoyenneté culturelle, englobe les liens relationnels tissés. Cette sphère est celle qui est le plus concernée par les « initiatives citoyennes » de proximité, celle qui tend à se développer le plus.

Un exercice plein d'une citoyenneté globale devrait allier les trois dimensions. Deux d'entre-elles étant en crise, la citoyenneté globale apparaît un objectif inaccessible pour un nombre croissant de personnes. Il faut souligner que, malgré cela, les appels à la citoyenneté sont constants, constituant souvent autant d'injonctions paradoxales : « Dire à des gens : soyez citoyens, c'est affirmer sans le dire qu'ils n'en sont pas, qu'ils doivent faire leur preuve pour le devenir »31.

De telles injonctions confondent souvent citoyenneté, civisme et civilité, trois notions qui doivent être éclairées tout en soulignant qu'elles font l'objet d'interprétations diverses. « La notion de civisme occupe une position intermédiaire entre celles de civilité et de citoyenneté -trois termes qui ont la même origine. Le civisme implique plus que la sociabilité du premier, qui ne concerne que les règles élémentaires de vie en société, et moins que le second qui évoque l'appartenance et la participation à la communauté politique »32. Cette définition met en valeur le civisme et minimise la civilité. Or ce dernier terme est de plus en plus utilisé, et il mérite d'être critiqué. Il se définit surtout « en creux » : civilité est aujourd'hui systématiquement utilisé par opposition à incivilitésla civilité » au singulier s'oppose au pluriel « les incivilités »).

A l'inverse de la citoyenneté, qui repose sur l'égalité face à la loi, la civilité est un comportement individuel (basé sur la responsabilité individuelle) dicté par le milieu. Là où la citoyenneté garantit l'égalité de tous face à la loi, quels que soient la situation géographique ou le milieu social, loi issue de la souveraineté populaire et reposant sur la préservation des libertés individuelles et de l'intérêt public, la civilité est un comportement individuel, inégalitaire selon les situations puisque nécessitant la maîtrise d'habitus de différents groupes sociaux, qui ne repose que sur la préservation des intérêts personnels.

30 Pierre ROSANVALLON, La nouvelle question sociale, repenser l'Etat-providence, 1995, p.66

31 Annick MADEC & Numa MURARD, Citoyenneté et politiques sociales, 1955, p.45

32 René REMOND, « Civisme », Guide républicain, 2004, p.30

Document n°2 : propositions de définitions de la civilité et du

civisme

- La civilité : il s'agit d'une attitude de respect, à la fois à l'égard des autres citoyens (ex : politesse), mais aussi à l'égard des bâtiments et lieux de l'espace public (ex : transports publics). C'est une reconnaissance mutuelle et tolérante des individus entre eux, au nom du respect de la dignité de la personne humaine, qui permet une plus grande harmonie dans la société.

- Le civisme : il consiste, à titre individuel, à respecter et à faire respecter les lois et les règles en vigueur, mais aussi à avoir conscience de ses devoirs envers la société. De façon plus générale, le civisme est lié à un comportement actif du citoyen dans la vie quotidienne et publique. C'est agir pour que l'intérêt général l'emporte sur les intérêts particuliers.

Source : site de La documentation française

Nous avons retenu cette définition critique de la civilité car elle ouvre au débat, le document ci-contre33 en

ouvre une autre en contrepoint, à vocation sans doute plus consensuelle et pédagogique...

c/ Des pratiques nouvelles et élargies

La citoyenneté instituée est une conquête, le fruit nous l'avons vu d'une longue histoire. Mais l'opposition entre les droits actifs fondamentaux (droit de suffrage, droit d'éligibilité, accès à la fonction publique) et les droits créances considérés comme la forme passive de la citoyenneté a évolué et ce clivage n'est plus adapté.

La citoyenneté contemporaine est toujours basée sur un pôle actif et un pôle passif, mais cela ne recouvre plus les mêmes éléments. La passivité est liée à l'assujettissement du citoyen, qui appartient à une communauté dont il est tenu de respecter des règles de fonctionnement. Ces règles sont soit déjà existantes, ou plutôt même pré-existantes, soit éloignées puisque faites loin de lui par ses représentants (députés) ou même par les représentants de ses représentants (sénateurs). L'action publique lui est lointaine, qu'il s'agisse de l'approuver ou de la contester. Le citoyen contemporain revendique et recherche un rôle plus direct dans la prise de décision politique, une citoyenneté plus active, « Le besoin de participation naît de la constatation de la crise de la démocratie représentative (...) et la citoyenneté se déplace donc vers la sphère du social, du privé : agir là où l'on est »34. La sphère active est devenue celle de la citoyenneté assumée.

La citoyenneté pour être considérée comme active implique que les citoyens puissent sous une forme directe énoncer et négocier ce qui leur paraît souhaitable pour leur avenir. Le citoyen contemporain revendique une citoyenneté assumée, active et mieux maîtrisée. L'engagement de nombre de personnes au sein d'associations, de comités de défense, de mouvements protestataires procède de cette nouvelle citoyenneté. Ces nouvelles formes d'engagement civique revêtent trois caractéristiques.

Tout d'abord c'est un engagement « sur mesure » tant dans le thème que dans la durée
« ...des contrats de citoyenneté à objet précisément circonscrit et à durée

33 Extrait de l'article « Quelles sont les valeurs attachées à la citoyenneté ? », disponible sur le site de La documentation française, www.viepublique.fr

34 Jésus SANCHEZ, «Participation et politique publique», Vie sociale n°1/2004, p.11

déterminée... »35. Ceci s'oppose à l'engagement global dans un parti ou un syndicat tel qu'il pouvait se prendre jusqu'au début des années 1970.

Ensuite seconde caractéristique la dimension très pragmatique de l'engagement, qui vise un résultat précis conforme à « ...une idéologie plus opératoire qu'axiomatique... »36. Ce n'est plus un idéal du monde qui fonde l'action, mais un objectif concret, dont l'atteinte définit la nature et la durée de l'engagement.

Enfin troisième caractéristique c'est celui qui s'engage qui détient la maîtrise de son engagement, tant dans sa nature que dans sa durée. Là encore cela s'oppose aux logiques d'appareil qui organisent leurs militants comme des agents.

Ces nouvelles formes de citoyenneté permettent une grande réactivité, des mouvements ou associations peuvent émerger quasi-instantanément, et permettent aux citoyens de mettre en oeuvre leurs compétences et leur expertise directement au service du sujet qui les intéresse.

d/ Vers une supra-nationalité ?

Cette nouvelle approche de la citoyenneté active résulte également de la multiplicité des champs qui s'offre désormais au citoyen. L'Etat-nation ne semble plus ni le lieu exclusif ni même le lieu privilégié de la citoyenneté, et sa détention de la souveraineté est mise en question ; « Pour le citoyen du début du troisième millénaire, la souveraineté des Etats est donc bien une question (...) par laquelle il faut passer pour se représenter un avenir... »37..

D'un côté la décentralisation donne de plus en plus de place et d'importance aux échelons locaux, et l'un de ses objectifs initiaux annoncé en 1981 par Pierre Mauroy dans un de ses discours était de « ...créer des citoyens en appétit de participation et de rendre les décideurs accessibles et vulnérables »38

De l'autre la dimension européenne voire mondiale prend toujours plus d'importance ; « Au bout du compte (...) l'Etat-nation se banalise et tend à devenir un échelon décisionnel parmi d'autres (...). Dans la réalité, qui est en avance sur nos représentations qui peinent à la suivre, avec la banalisation de l'Etat-nation s'efface la société et le lien social qui en était issu »39. A cette échelle supra-nationale la citoyenneté est moins une attribution légale40 qu'un engagement de la part des personnes, d'autant que la disjonction entre nationalité et citoyenneté bien que revendiquée n'a jamais abouti. Il existe aujourd'hui une contradiction entre l'intégration objective des hommes dans un espace virtuellement mondial avec leur sentiment d'identité collective, ainsi qu'avec leur participation politique, qui continue de s'exprimer de manière privilégiée sur le plan de la nation

35 Jean-Pierre WORMS, « Vers une citoyenneté mondiale ? », Cahier Français, 2003, p.42

36 Idem

37 M. CASTILLO, 2002, p.48

38 Cité par Georges GONTCHAROFF, Forum « Démocratie ou démagogie participative ? », Bouguenais (44), 11 octobre 2003, notes personnelles

39 R. SUE, 2001, p.35

40 Bien que l'article 8 du traité de l'Union européenne précise que toute personne ayant la nationalité d'un Etat membre est citoyen de l'Union, ce qui est un pas vers une citoyenneté européenne

Au final nous en arrivons à une inversion : ce n'est plus la qualité de citoyen qui détermine le droit de participer à la chose publique, mais c'est désormais la participation volontaire qui est constitutive de la citoyenneté. Toutefois la question demeure pour savoir « Sera-t-il un citoyen sans Etat ? (...) Citoyen du monde, d'un monde désormais devenu une vaste société civile »41. Les réseaux créés grâce aux nouvelles technologies de l'information et des communications développent de nouvelles formes d'intervention citoyennes, inventant « ...une démocratie totale et permanente, tous les individus étant consultés sur tout à tout moment »42.

Si les tenants de la société de l'information et du réseau mondial veulent accréditer cette thèse, il est permis d'en douter car « La Terre, aujourd'hui, aussi interdépendante et intégrée soit-elle, ne constitue pas une cité (...) L'apprentissage de la citoyenneté requiert un espace proche, où les liens juridiques et politiques sont nourris par des réseaux affectifs (...) La citoyenneté mondiale est, pour longtemps encore, une idée très éloignée sur l'horizon, même si elle n'est plus un simple rêve »43.

41 M. CASTILLO, 2002, p.48

42 Philippe MOREAU DEFARGES, « Les nouveaux espaces de la citoyenneté », Cahier français n°316, 2003, p.45

43 Idem

En résumé

De la longue histoire de la citoyenneté, nous retiendrons d'un côté les notions fortes de communauté de citoyen et d'Etat de droit, de l'autre de crise de la représentativité et de l'Etat-nation.

La communauté des citoyen permet de créer une société politique hors de la sphère de l'homme situé. Dans cette société les hommes sont égaux tant dans l'élaboration que dans le respect de la loi. Cela permet l'émergence d'un Etat de droit, qui étend à tous les individus sur un vaste territoire le même statut et les mêmes droits.

La démocratie représentative qui est la mise en forme moderne de ces principes, a opéré à un transfert de la souveraineté des citoyens vers leurs représentants. Ce faisant, il se sont désaisis, d'un point de vue aussi bien pratique que symbolique, de la gestion de la polis. Ceci entraîne une crise du modèle de citoyenneté classique.

Le contexte de mondialisation des réseaux d'échanges d'une part permet d'autres formes d'engagements, d'autre part remet en cause l'échelon de l'Etat-nation.

Face à cette situation, la participation semble désormais constituer le nouvel élément majeur de la citoyenneté en réponse à cette crise. Qu'est ce que la participation ? C'est ce que nous allons envisager dans le chapitre qui suit.

II/ La participation

Le besoin de participation est né du constat de crise de la démocratie représentative dans tous les pays occidentaux. « Le défaut majeur de la démocratie est probablement qu'elle tend à fonctionner à l'évidence pour les sujets ayant toujours été confrontés à la démocratie. Il n'est pas loin d'ailleurs le temps où l'on pourra parler de "déshérence démocratique" pour bien marquer le déficit dont nous souffrons dans nos sociétés »44. Avec la complexification des circuits de décision politique, le sentiment d'impuissance à peser sur les décisions grandit dans la population. Les mécanismes de délégation sont contestés, ce qui se traduit soit par un renoncement, soit au contraire par la revendication de jouer un rôle de contre-pouvoir.

1/ Une notion récente et évolutive

L'origine du mot participation est latine, sa racine est particeps dont le sens premier est « avoir une part de », lui même dérivé du verbe capere qui veut dire prendre. Le verbe participer est utilisé à partir du XIIème siècle avec trois acceptions possibles : soit faire participer, soit partager ou répartir, soit enfin avoir sa part. A partir du XVIIème siècle le mot participation acquiert une connotation commerciale, avec le sens d'avoir des parts dans une affaire.

Au milieu du XIXème, est développé par le mouvement socialiste le concept de cogestion, préconisant l'association des travailleurs à la gestion de l'entreprise. Cette idée a pris le nom de participation dans le mouvement politique et social gaulliste après la deuxième guerre mondiale. Ce projet proposait aux salariés de participer autour de trois points : organisation, finance et gestion des entreprises. La création des comités d'entreprise en 1945 a rendu effectif le premier point, les contrats d'intéressement puis l'actionnariat salarié ont concrétisé le second point, tandis que la participation à la gestion a été proposée et rejetée lors du référendum de 1969. Une raison de ce rejet était l'opposition de gauche à la participation, qui a perduré jusqu'à la fin des années 1970, car elle était perçue « Comme une catégorie du discours des dominants et des dirigeants, une injonction à déserter le conflit social, et à s'abêtir dans l'aliénation généralisée de l'idéologie dominante et de la consommation de masse »45.

Dans les années 1980 deux changements se produisent ; d'une côté le « management participatif » se développe dans les entreprises, de l'autre l'exclusion sociale se développe et les inégalités sociales se creusent. Dans ce contexte « Ne faut-il pas plaider pour que l'exclusion se renverse en son contraire, la participation, qui au lieu de pouvoir être dénoncée, comme par le passé, au nom du conflit de classe, est ce dont on est privé lorsqu'on est chômeur ou pauvre, et non plus ouvrier et exploité ? »46.

Progressivement la participation est ainsi devenue un outil de lutte contre l'exclusion
sociale. Cela demeure ambigu, puisque « La pleine participation à la vie collective
risque toujours, ce qui peut paraître paradoxal -et, à long terme, dangereux- pour une

44 Reynald BRIZAIS, « Citoyens en institution, institution citoyenne », document de cours Cadre et direction, MST IDS - DSTS de Nantes, 2005

45 Michel WIEVIORKA, « Critique de la participation », Information sociale n°43, 1995, p. 17

46 Idem p. 19

société démocratique, d'être limitée aux plus actifs et aux plus entreprenants et de marginaliser les plus modestes, socialement et culturellement »47.

2/ Les différents niveaux de participation

La notion de participation, de création récente et aux contours plus ou moins définis, a par contre été déclinée de façon très technique et détaillée en fonction du degré d'implication des participants.

a/ L'implication, un élément fondamental

La participation d'un individu peut s'appuyer sur ses propres intérêts ou des valeurs d'intérêt général d'un groupe, l'un n'excluant pas l'autre. L'intérêt propre à chacun doit servir de motivation mais ne peut constituer une finalité. La participation lorsqu'elle est collective fait référence à des intérêts partagés par plusieurs personnes. Pour envisager une participation active et collective, il faut fédérer les acteurs autour d'actions communes où les deux registres d'intérêt sont présents. La notion de participation recouvre étroitement la notion d'intérêt mais n'implique pas forcément un partage d'objectifs : « Chacun conserve ses objectifs propres tout en acceptant de contribuer à un objectif commun »48.

Document n°3 : La notion de « Capital social »

Les réseaux d'engagement civique tels que les syndicats, les clubs et les partis politiques, toutes les sortes d'association, de réseaux informels de voisinage, les clubs sportifs et les coopératives, sont des manifestations typiques du capital social. Plus ces réseaux sont denses, et plus il est vraisemblable que les membres d'une communauté coopèrent en vue d'un bénéfice mutuel.

Le Capital social est important pour la vie économique parce que les réseaux, les normes et la confiance facilitent la coopération -notamment parce qu'ils réduisent les coûts de transaction-, mais sa valeur sociale déborde largement son utilité économique.

A l'instar du capital naturel, il implique un élargissement de la perspective à des aspects non économiques de la vie sociale : le capital de confiance et de convivialité, de capacité collective à vivre et à agir ensemble de manière efficace.

Source : Dominique Meda, site Place publique

La participation à un projet collectif n'est pas spontanée et naturelle, pas plus qu'elle ne se décrète. Il s'agit d'un apprentissage, d'une prise de conscience de soi et des autres qui peut permettre de créer ou recréer du contact, du lien social. Cela passe également par le conflit, la confrontation : « La créativité pratique et institutionnelle sera plus forte si elle s'enracine dans l'hétérogène, dans la tension créatrice. En effet, ce n'est pas de l'homogène que naissent les tensions, voir les conflits, qui permettent la création, mais bien de l'hétérogène »49. Ceci doit s'opérer bien sûr en intégrant les règles sociales qui régissent le débat. En ce sens il s'agit de l'expérience concrète des formes du débat démocratique, ce qui est constitutif de citoyenneté.

La participation est déclenchée par la conjonction entre un réseau social collectif et une motivation individuelle. Comme l' illustre l'extrait50 ci-contre elle dépend du Capital social. Le réseau social relie à une identité collective, fondant l'engagement sur des raisons

47 D. SCHNAPPER, 2000, p.207

48 Christian MARTY, « Le partenariat : concept ou objet d'analyse ? », Education permanente n°131, 1997, p.30

49 Idem

50 Dominique MEDA, « Quelques réflexions sur la notion de capital social », disponible sur le site Place-publique

structurelles et idéologiques, c'est la reconnaissance d'un groupe de pairs. La motivation individuelle peut être analysée comme une réalisation faite en fonction du rapport coût/bénéfice de l'engagement, suivant le concept des « choix rationnels » développé par le courant utilitariste.

Il existe un rapport complexe et ambigu dans l'injonction participative entre l'individuel et le collectif. En effet, pour nombre de publics en difficulté sollicités pour participer cela revient à dire « ...vous ne maîtrisez pas votre destin individuel, mais votre destin collectif vous appartient »51. C'est donc à la fois risquer de mettre en évidence une forme d'échec personnel mais aussi ouvrir la voie à une valorisation par l'investissement dans le collectif, ce qui est favorable au développement du Capital social.

b/ L'échelle de la participation

Que recouvrent les notions générales de « mobilisation », « sensibilisation », « participation » ? Qu'y-a-t-il de commun entre une simple information de l'habitant, une contribution en temps de bénévolat et une participation effective à un processus décisionnel ?

La participation est souvent un moyen, voire un outil pour asseoir une action pré-établie. Elle est dans ce cas instrumentalisée pour la mise en place d'un projet quelconque. Cette manière de procéder entraîne le constat suivant : « Il ne suffit pas qu'il existe des instances de discussion ou de concertation pour que soit mise en place la démocratie participative »52.

La participation peut au contraire être pensée comme véritable objectif politique et sociologique pour instaurer un débat démocratique sur un projet. Nombre d'études de cas montrent que la population n'est pas toujours présente et associée à l'élaboration des projets. Toutefois elle peut être amenée, à titre d'usager-expert à émettre des avis, au fur et à mesure de l'avancement du projet, c'est là une forme de participation sur un mode pragmatique.

Si l'on veut pouvoir évaluer les expériences au regard de la participation de l'habitant, il vaut mieux définir des degrés de participation, différencier les étapes de participation qui vont de l'information de l'habitant jusqu'à la co-gestion.

La participation est souvent graduée à partir de travaux réalisés en 1978 par le sociologue Stuart Langton dans le contexte nord-américain. Il a basé son classement en allant du plus bas au plus haut pouvoir accordé au citoyen. Au delà du degré zéro de la participation que constitue la non-participation, il distingue progressivement l'information, la consultation, la concertation, la négociation, la coopération, la co-décision, l'autogestion.

Cette échelle est très détaillée, et les différences d'un niveau à l'autre parfois ténues ; le modèle retenu le plus souvent en France en retient quatre :

:www.place-publique.fr/richesses/reaction16.html

51 Daniel ASSERAY, compte rendu de la journée « Participation des habitants du 31 janvier 2002 » organisée par RésO Villes (centre de ressources politiques de la ville Bretagne/Pays-de-Loire), disponible sur www.resoville.com

52 M. LE GALIC, 2005, p.12

Premier degré : l'information. Il s'agit d'évaluer des attentes dans un mouvement ascendant, et de faire connaître les décisions prises dans un mouvement descendant.

Second degré : la consultation. Les habitants ou les usagers sont considérés comme une ressource qui peut éclairer une décision. L'avis recueilli n'est que consultatif, le décideur peut ou non en tenir compte.

Troisième degré : la concertation. Un pouvoir d'expertise est reconnu aux habitants qui peuvent être associés ou se voir déléguer certaines tâches d'intérêt collectif. A la dimension de consultation en amont peut s'ajouter une participation à la mise en oeuvre en aval. La décision reste l'apanage de l'élu.

Quatrième degré : la participation. Une part active à l'élaboration du projet et la prise de responsabilité dans son management correspondent au degré le plus élevé de participation de l'habitant. Il y a véritablement délégation de la part des décideurs. Nous arrivons là au « stade suprême » de la participation qu'est la « gouvernance ».

Les trois premiers degrés n'entraînent pas de déplacement du pouvoir de décision. Celui-ci reste entre les mains des élus, ce qui correspond à l'organisation légitime de la démocratie représentative. La participation demeure ainsi dans de l'ordre du civique et non dans le domaine de la gestion.

Le dernier degré, souvent mis en avant en référence à l'expérience de Porto-Allegre, est peu existant. Il pose en outre des problèmes de fond en terme de responsabilité, de légitimité et d'arbitrage pour le citoyen amené à co-décider et co-gérer, car il heurte les principes fondamentaux de la démocratie représentative.

En conclusion, « ...la participation n'est pas participation au pouvoir mais à la construction, à l'instruction puis à la mise en oeuvre ; il peut y avoir en amont participation à l'instruction mais pas à la décision. C'est la mobilisation de l'intelligence citoyenne »53.

c/ Qui et combien participent ?

Il faut souligner un paradoxe de l'offre participative qui est la renonciation à « ...l'utopie de la participation de tous »54. Les expériences menées montrent que face à offre de participation aux habitants « ...seulement 2 à 3 % s'engagent et répondent à ces propositions »55, et ceci même dans les situations désignées comme exemplaires : « Aujourd'hui, la fréquentation des assemblées de la capitale de l'Etat du Rio Grande do Sul tourne autour de 3% l'an, ce qui n'est rien d'autre que le seuil autour duquel gravitent en France les expériences les plus favorables »56. Les seuls mouvements participatifs qui réunissent de 15 à 20% d'une population sont les « mouvements contre ». La participation n'est donc pas celle de l'ensemble des habitants, mais la participation des habitants. C'est là une vision plus réduite mais plus réaliste.

53 G. GONTCHAROFF, Forum « Démocratie ou démagogie participative ? », notes personnelles

54 M. LE GALIC, 2005, p.127

55 Georges GONTCHAROFF, « Pour que la démocratie locale ne soit pas une utopie », Lien social n°563, 2001, p.8

56 M. LE GALIC, 2005, p.129

Par ailleurs, « ...l'offre de participation, qui vise pourtant au "vivre ensemble", est à l'origine d'une nouvelle forme de sélection sociale »57. Le constat est identique quelles que soient les instances : « ...il y a sur-représentation des couches moyennes et des jeunes retraités, pour qui il s'agit d'un moyen de gagner de la surface sociale. Il y a sous- représentation des couches populaires et des couches très supérieures, ainsi que des jeunes »58. Au niveau scolaire « 60% des participants aux conseils de quartier ont un niveau bac+2 ou plus »59.

Cela soulève des interrogations quant à la portée de la participation puisque « ...les jeunes, les exclus et les plus modestes sont en dehors de cette participation et c'est un problème majeur car la cible officiellement visée n'est pas atteinte »60. Dans ce contexte, certains poussent la provocation jusqu'à demander si la participation ne concerne pas seulement « des anciens élus, des futurs élus, des élus potentiels ou des déçus de pas l'être »61; et de constater qu' « Il y a un modèle culturel de fonctionnement de la participation, une "petite boite" formatée »62.

Ces critiques montrent que les écueil sont nombreux. Il faut les avoir en tête pour inventer des modèles de participation qui puissent permettre de les dépasser.

3/ Recréer l'agora ?

La notion de participation a émergé sous deux influences contradictoires. D'une part de façon positive avec les transferts de compétences à des échelons de proximité. D'une façon négative à cause du désintérêt pour la chose publique et l'éloignement d'une partie croissante de la population des instances traditionnelles de l'exercice citoyen. Face à ces deux constats apparaît la nécessité de créer de nouveaux lieux adaptés aux évolutions des formes d'engagement.

a/ L'espace public

Pour lutter contre le désinvestissement des citoyens, la participation est devenue le fer de lance de la politique de proximité. Puisque de facto la politique s'est éloignée du citoyen au profit d'élus « professionnels » entourés de techniciens, le nouveau credo est de « rapprocher la politique du citoyen ». Pour cela il faut recréer des lieux à une échelle rendant possible cette réinvention de l'agora ; « L'espace public est le lieu privilégié de l'énonciation démocratique : c'est une instance symbolique caractérisée par l'égalité de tous devant la loi (isonomie) et l'accès égal de tous à la parole (iségorie). C'est une instance par laquelle se forme au jour le jour la volonté politique de citoyens se mobilisants autour de différentes questions »63. Des thèmes proches des préoccupations immédiates, une petite échelle afin de rendre la parole agissante, tels sont les jalons posés pour favoriser la participation et permettre « ...une réappropriation par la société

57 Idem p.136

58 G. GONTCHAROFF, Forum « Démocratie ou démagogie participative ? », notes personnelles

59 G. GONTCHAROFF, 2001, p.8

60 Idem

61 Françoise WAERCHER, Forum « Démocratie ou démagogie participative ? », notes personnelles

62 G. GONTCHAROFF, Forum « Démocratie ou démagogie participative ? », notes personnelles

63 Majo HANSOTE, Les intelligences citoyennes, 2005, p.65

civile des sujets qui sont les siens »64.

Par la création de nouveaux espaces publics, les citoyens se voient réinvestis dans la formation et l'énonciation d'une volonté politique, permettant ainsi de le replacer dans le schéma de la démocratie. L'Etat a la décision politique par ses représentants élus, et la gestion par ses agents. Par l'espace public les citoyens ont la formation et l'énonciation d'une volonté politique, « L 'espace public est donc un mode de participation à l'espace politique commun (...) et un mode d'arrachement aux déterminations de cet espace, ce processus faisant surgir une subjectivité politique»65; c'est une sphère autonome de l'expérience collective.

b/ L'association

Pour nombre d'acteurs de la société civile, le nouvel espace public privilégié est l'association, car elle réunit les notions d'espace public, de lieu collectif d'énonciation, de mise en oeuvre de projets en commun. L'association répondrait ainsi à de nouvelles formes de socialisation, de nouveaux modes de participation à la cité : « Au lien institué, prisonnier des usages, des conditions et des lieux, se substitue un lien plus centré sur l'individu et ses désirs, un lien plus construit que subit (...). Cet individualisme "relationnel ", qui ne s'apparente ni au lien communautaire ni au seul intérêt individuel, relève d'un registre bien particulier de la sociabilité : celui de l'association »66. Ce faisant elle devient le fer de lance de la participation citoyenne, car « S'il y a bien une "troisième voie possible; elle est à réinventer à partir de la diffusion du lien social d'association »67.

Cette vision privilégiant l'association est a nuancer. Jürgen Habermas, qui a théorisé cette notion d'espace public, le définit par opposition à l'espace privé, mais comme une sphère intermédiaire entre la société civile et l'Etat. Ce lieu accessible à tous les citoyens permet d'abord d'échanger sur les sujets intéressant la collectivité, permet également par le discours de résoudre les conflits, et enfin permet à l'opinion publique de se former. Une telle définition décale l'association comme l'un des pôles, celui de la société civile, mais n'en fait pas le centre. L'espace publique serait donc ici à rapprocher à un lieu réunissant les acteurs mais qui ne soit ni l'association ni un organe de l'Etat, du type conseil ou commission de concertation, c'est à dire un lieu « tiers ».

Si l'association est bien un lieu potentiellement porteur, « Il est pourtant simpliste de confondre participation à la vie associative et citoyenneté : la grande majorité des adhérents entretiennent avec l'association une relation qui les met en position d'usagers, voire de clients plus que de citoyens. Et même si on s'arrête sur le milieu plus étroit des responsables associatifs, le diagnostic enchanté de démocratie au quotidien ne résiste pas à l'analyse (...). Le profil des responsables associatifs montre clairement la pérennité des logiques de confiscation du capital social : les femmes, les jeunes, les milieux défavorisés sont sous représentés (...) »68. Une place de choix doit être réservée aux mouvements associatifs, mais sans ignorer que « La citoyenneté ne jaillit pas spontanément de la société civile »69 et que « L'offre de participation, qui vise pourtant

64 R. SUE, Cité n°17, 2004, p.32

65 M. HANSOTE, 2005, p.68

66 R. SUE, 2004, p.26

67 Idem, p.30

68 Christian LE BART, « La citoyenneté locale », Cahiers français n°316, 2003, p.59

69 Idem p.60

au « vivre ensemble », est à l'origine d'une nouvelle forme de sélection sociale »70.

Une dernière limite de l'association réside dans le risque de son instrumentalisation lorsqu'elle n'est qu'un faux-nez de l'Etat : « L'utilisation abusive du statut de 1901, la professionnalisation de la vie associative, la dépendance financière, l'absorption par l'Etat ou l'institutionnalisation des associations par mimétisme vis-à-vis des méthodes de la puissance publique sont assorties de risques majeurs pour l'autonomie et le fonctionnement démocratique des groupes volontaires »71.

Ces critiques montrent qu'il ne faut pas avoir une vision angélique de l'association. Toutefois c'est un lieu au potentiel fort pour l'éducation à la citoyenneté, et il faut s'appuyer dessus : « Pour des populations largement écartées des mandats électifs, s'accomplit au sein des structures associatives non seulement l'initiation aux mécanisme de la démocratie représentative, mais aussi l'insertion dans la communauté nationale et en ce sens l'association constitue effectivement les adhérents en citoyens »72.

70 M. LE GALIC, 2005, p.136

71 Martine BARTHELEMY, « La citoyenneté et ses conditions d'expression », Cahier français n°316, 2003, p.77.

72 Jacques ION, L'engagement au pluriel, 2001, p.211

En résumé

La participation, qui est posée comme une évidence, est une notion complexe. De création récente, elle ouvre à des interprétations différentes, a tel point qu'il est plus clair de la décliner sous forme d'une échelle dont chaque échelon possède sa propre définition.

Elle est mise en avant comme un outil permettant d'ouvrir de nouveaux espaces publics qui favorisent le ré-investissement citoyen. Si la participation permet effectivement de ramener des personnes vers la chose publique, ce n'est pas sans ambiguïtés.

Les participants sont plus proches de leurs centres d'intérêt, ce qui est favorable à leur investissement, mais ils sont dans une sphère pré-politique plutôt que politique. Cela signifie qu'ils ont la parole, peuvent participer à la délibération ou à l'expertise, mais qu'ils n'ont pas le pouvoir de décision, qui appartient aux élus. Il faut expliciter cela clairement aux participants, sinon cela risque de créer de nouvelles déceptions. D'autre part, le constat de la sélection sociale qui s'opère par la participation est sévère. La sphère pré-politique contribue à maintenir les participants au niveau de l'homme situé, ce qui fait jouer à plein les inégalités socio-culturelles.

Le champ de la participation est en construction, d'où les ajustements nécessaires. Même si cela est limité, même si les écueils sont nombreux, la participation permet de renouveler les formes de l'exercice citoyen. Dans ce contexte les associations peuvent, sous certaines conditions, permettre une éducation à la citoyenneté et à la démocratie, tant directe que représentative.

Dans le domaine de l'éducation à la citoyenneté les jeunes sont bien entendu fortement visés et sollicités. C'est à ce public précis, et aux offres de participation qui lui sont faites, que va s'attacher la suite de ce mémoire ; et pour commencer le prochain chapitre est consacré à l'étude de « la jeunesse ».

C

construction hapitre 2 : Les jeunes entre itinérance et I/ « On met très longtemps à devenir jeune » 27

1/ Approches par âge et par cycles 28

2/ De la jeunesse aux jeunes 29

II/ Des jeunes sollicités pour participer 29

1/ Expérimentation et participation sociale 29

2/ Socialisation politique des jeunes 30

3/ Participer dans un cadre spécifique ? 32

La jeunesse constituée en tant que corps social est une construction récente, elle a émergé et suscité des études à partir des années 1960. Il s'agit d 'une « catégorie qui, a priori, semble bien définie par le vocabulaire et le sens commun, mais dont finalement les contours sont aussi flous que sont précis les termes qui servent à le qualifier, à la dire à un moment donné de l'histoire sociale (...) parle-t-on d'un état, d'une période dans le cycle de vie, d'une condition, d'un statut, d'une situation historiquement immuable concernant l'ensemble du corps social ? »73. Comme nous allons le voir différents schémas existent pour tenter d'approcher « la jeunesse ».

I/ « On met très longtemps à devenir jeune »74

Cette métaphore poétique que nous devons à Picasso vient à propos illustrer les différentes théories qui tentent de définir et cadrer la jeunesse. En effet, l'évolution des approches tend à allonger et rendre plus floue cette période de la vie.

1/ Approches par âge et par cycles

L'approche la plus commune et la plus ancienne de la jeunesse se fonde sur des critères d'âge. S'il s'agit d'une méthode de classement commode, elle est forcément arbitraire et réductrice : s'agit-il des 15-20 ans, des 18-25 ans, des moins de 30 ans ? Les politiques publiques en direction de la jeunesse opèrent différemment d'un ministère ou d'un organisme à l'autre, la logique de chaque organisation conditionnant la tranche d'âge. Il ne s'agit assurément pas là d'une approche scientifique valide. Ces critères d'âge se heurtent en fait à l'incertitude quant à la délimitation de la jeunesse. Souvent définie par défaut en fonction des âges qui la précèdent ou qui la suivent elle « pose en effet un problème de bornage, et sa définition semble parasitée par la double question de définition de ses marges enfantines et adultes »75.

Finalement la définition romaine du juvenes, celui qui n'est plus adolescent mais pas encore adulte, celui qui n'est pas encore socialement et matériellement indépendant apparaît plus juste qu'une définition-couperet par l'âge. Elle nous conduit vers une autre approche plus dynamique est l'approche sociologique basée sur une théorie des cycles d'existence. Cette approche est celle développée et étudiée depuis une cinquantaine d'années dans les pays anglo-saxons et au Québec.

La jeunesse vue sous cet angle est un temps de transition, de passage marqué par des étapes repérables conduisant à « l'âge adulte ». Cet approche se base sur des événements : acquisition de droits de citoyen, indépendance de logement, établissement en couple, stabilisation professionnelle... Elle permet d'envisager dynamiquement la jeunesse, comme une période balisée d'étapes et non bornée par des âges limites. Cette approche est celle reprise et développée dans les années 1990 par Olivier Galland, qui fait référence en matière de sociologie de la jeunesse en France.

73 Bernard BASTIEN & Philippe BATAILLE in Conseilleriez-vous à un(e) ami(e) de venir ici ? Vivre en FJT, pour une interprétation de situations de jeunesse, 1998, p.43

74 Pablo PICASSO, cité par Francine LABADIE & Tariq RAGI, « Citoyenneté et participation des jeunes en France », Agora débat-jeunesse n°27, 2002, p.120

75 Introduction de Ce que nous savons des jeunes, 2004, p.10

Il distingue ainsi quatre phases successives : la fin des études, le départ du domicile familial, l'insertion dans le marché du travail, la formation d'un couple ; chaque individu mettant en jeu ces différentes phases en fonction de son libre arbitre. Les différents moments marquent la réalisation de différentes indépendances.

Toutefois ces modèles se basent sur une référence qui est « l'âge adulte », or « Qu'en est-il aujourd'hui alors que la période de l'âge adulte n'est plus linéaire mais instable, flexible, faite d'allers et retours ? »76. L'évolution de l'insertion des jeunes dans les sociétés occidentales amène une remise en cause : « l 'ordre de succession qui, aux yeux de Galland, jalonne l'entrée dans la vie adulte est devenu caduc. Le passage des études au marché du travail, propice au départ du domicile familial et à la formation du couple, est en voie de devenir une exception »77.

2/ De la jeunesse aux jeunes

Une troisième approche tenant compte à la fois de la désynchronisation des phases d'insertion et des nuances apportées à une notion figée de l'âge adulte est l'approche processuelle. Le temps de la jeunesse est alors mis en perspective par rapport au processus d'autonomisation d'une part du point de vue de l'insertion, d'autre part du point de vue de la chaîne des générations. Dans cette perspective les éléments constitutifs de la jeunesse sont faits de socialisations, de construction d'identités, d'autonomisation mais aussi d'inscriptions générationnelles.

Cette démarche en terme de processus gomme les bornes et les étapes au profit de notions de flux et de dynamique : « L'insertion sociale et professionnelle s'établit désormais dans la lignée d'une "définition progressive de soi qui n'a plus le travail pour vecteur, mais "l 'expérimentation ". (...) L'expérimentation se révèle le canal par lequel les jeunes s'intègrent à la société et deviennent des citoyens »78. Par parenthèse, cette approche remet singulièrement en cause les politiques tournées vers une jeunesse bornée arbitrairement par des âges, et plaide pour une refonte des actions basée sur l'analyse des processus et des rapports sociaux.

L'éclatement et la diversité des situations des jeunes amène une interrogation majeure. Peut-on parler encore parler de la jeunesse ? Une telle approche signifie qu'il existe une série de dénominateurs communs, d'éléments cristallisants permettant de distinguer clairement comme groupe social « la jeunesse ». Or nous sommes en face du constat de « ...l'individualisation des attitudes, des comportements juvéniles et de l'effacement des bornes-frontières délimitant "la jeunesse en tant que groupe spécifique »79.

En cherchant à opérer un tri en fonction des logiques d'identification et de distinction, l'aboutissement est d'éclater le groupe homogène la jeunesse pour aboutir sur les jeunesses, composée de sous-groupes hétérogènes : les jeunes des banlieues, les jeunes travailleurs, les étudiants...

76 Jean-Charles LAGREE, « Jeunes et citoyenneté », Problèmes politiques et sociaux, n°862, 2001, p.4

77 Bjenk ELLEFESEN & Jacques HAMEL, « Citoyenneté, jeunesse et exclusion. Lien social et politique à l'heure de la précarité », RIAC, 2000, p.136

78 Idem, p.138

79 Sébastien SCHEHR, « Processus de singularisation et formes de socialisation de la jeunesse », RIAC, p.49

Cette classification pose à son tour une difficulté car elle se heurte à « ...l'existence même de critères stables et univoques de différenciation entre les jeunesses, mais aussi interroge (...) les fondements de la variabilité : est-ce une question d'époque, de mode, d'appartenance sociale de singularisation? »80.

Nous aboutissons ainsi à la dissolution des catégories la et les jeunesse(s). L' individualisation est dynamique et instable, elle est liée à des « ...effets d'âge, de sexe ou de classe qui semblent déterminants quant aux attitudes et aux pratiques, alors qu'à d'autres ils semblent inopérants »81. Dans ce contexte fluctuant il devient difficile d'effectuer des regroupements et d'affecter aux individus des catégories. Force est de constater qu'avec cette individualisation des parcours émerge une nouvelle entité : les jeunes :« Prenant acte d'un certain polymorphisme identitaire, du jeu toujours possible des affiliations et des désaffiliations et de l'agir qui en découle, il nous faut peut-être désormais faire le deuil de "la jeunesse afin d'appréhender les identités sous lesquelles "les"jeunes apparaissent ainsi que les comportements qui les révèlent »82.

II/ Des jeunes sollicités pour participer

La jeunesse est fortement sollicitée pour participer. Il faut y voir deux aspects, d'une part cela découle du constat de son absence dans les instances participatives, d'autre part il ne faut pas nier une volonté de contrôle social. Celle-ci est liée tant à la peur de créer des exclus qu'au désir de canaliser les revendications éventuelles. Pourtant « N'est-il pas paradoxal d'attendre des jeunes un civisme parfait alors que l'accès aux responsabilités économiques et sociales leur est rendu plus difficile ? »83.

1/ Expérimentation et participation sociale

Pour Olivier Galland dans son analyse par cycle de vie, une étape majeure de l'entrée dans la vie adulte est l'insertion professionnelle. Le travail est le « plus puissant mécanisme d'insertion »84, or au niveau professionnel, la précarité est devenue la règle largement partagée par les jeunes. Cette situation née dans les années 1970 n'a cessé de se développer, et depuis le début des années 1990 elle est devenue le lot commun. Cela a contribué à faire changer les rapports entre insertion professionnelle, insertion sociale et citoyenneté ; « La citoyenneté (...) a également un rapport avec les formes de participation et d'identité qui marquent l'inclusion des individus dans la société, c'est à dire leur insertion »85.

Les jeunes se sont adaptés à cette situation, désormais la précarité des emplois n'est plus nécessairement synonyme d'exclusion ; ils composent avec et élaborent des stratégies d'insertion différentes. Cela entraîne que « le travail, de par sa précarité chez les jeunes, ne génère plus les droits qui donnaient à la citoyenneté sa forme

80 Idem p.50

81 Idem p.50

82 Idem p.58

83 Francine LABADIE & Tariq RAGI, « Les jeunes et le politique », Agora débat-jeunesse, n°30, 2002, p. 17

84 Madeleine GAUTHIER citée in B. ELLEFESEN & J. HAMEL, 2000, p.134

85 B. ELLEFESEN & J. HAMEL, 2000, p.134

d'élection »86. En conséquence « l'insertion sociale et professionnelle s'établit désormais dans la lignée d'une "définition progressive de soi"qui n'a plus le travail pour vecteur, mais "l'expérimentation"(...) canal par lequel [les jeunes] s'intègrent à la société et deviennent des citoyens »87.

Cette évolution majeure change le rapport au travail, qui n'est plus le fondement de l'insertion sociale. Pour nombre de jeunes il n'est plus perçu comme une fin, mais comme un moyen pour satisfaire les besoins vitaux. L'expérimentation remplace alors le travail pour se forger une identité sociale et les jeunes « ...s'ouvrent à l'action communautaire et au bénévolat pour donner à leur citoyenneté la dignité que le travail précaire n'a pas la capacité de fournir (...). Les loisirs et les activités d'entraide engendrent des valeurs qui dament le pion à l'éthique du travail »88.

Dans toutes les enquêtes réalisées, le travail demeure pour les jeunes une valeur cardinale. Cet apparent paradoxe montre que les stratégies d'insertion sociale en marge du travail sont autant d'adaptations. Elles procèdent d'une dialectique d'inclusionexclusion qui a été intégrée, ce que Pierre Bourdieu désigne comme une « gestion rationnelle de l'insécurité ».

2/ Socialisation politique des jeunes

L'engagement des jeunes existe, mais il n'emprunte pas nécessairement les lieux et les modalités classiques de l'engagement politique.

L'extrait ci-dessous du livre blanc de la commission européenne89 publié le 21 novembre 2001 illustre bien ce constat.

Document n° 4 : Extrait du livre blanc Un nouvel élan pour la jeunesse européenne L'implication des jeunes dans la vie publique :

En règle générale, les jeunes européens veulent promouvoir la démocratie et surtout en être les acteurs. Mais une méfiance s'est instaurée vis-à-vis des structures institutionnelles. Les jeunes s'investissent moins que par le passé dans les structures traditionnelles de l'action politique et sociale (partis, syndicats), leur participation aux consultations démocratiques est faible. Les organisations de jeunesse souffrent également de cette situation et ressentent le besoin de se rénover.

Ceci ne signifie nullement que les jeunes se désintéressent de la vie publique. La plupart démontre une volonté claire de participer et d'influencer les choix de société, mais selon des formes d'engagement plus individuel et plus ponctuel en dehors des structures et mécanismes participatifs anciens.

Il incombe aux autorités publiques de combler le fossé existant entre la volonté d'expression des jeunes et les modalités et structures offertes à cet effet par nos sociétés, sous peine d'alimenter le déficit citoyen, voire d'encourager la contestation.

Source : Forum européen de la jeunesse

86 Idem p.137

87 Idem p.138

88 Idem p.138

89 Disponible sur http://www.forumjeunesse.org/fr/our_work/white_paper/ypolicyeurope.html

Pour beaucoup d'observateurs les manifestations, les grèves lycéennes ou étudiantes « ...correspond à bien des égards aux rites d'initiation des sociétés étudiées par les anthropologues et que ceux-ci qualifient de parcours initiatiques »90, et sont ainsi constitutive d'une expérience concrète de l'agora. Nombre de jeunes ont des participations associatives, caritatives ou humanitaires, qui sont autant de voies témoignant d'un engagement fort : « Les jeunes font donc preuve d'un relatif activisme et d'une implication qui ne sont pas nécessairement relayées par une prise de décision électorale »91.

Les modalités de leur socialisation politique des jeunes empruntent des voies particulières, dont l'itinéraire n'est ni linéaire ni homogène. Cet apprentissage politique se construit à la fois sur l'héritage, la transmission familiale et sur l'expérimentation personnelle, sans que l'un prenne le pas sur l'autre : « Ni le modèle de l'expérience ni le modèle de la détermination sociale ne sont exclusifs l'un de l'autre, mais ils entretiennent une constante interaction »92.

Il s'agit là d'une rupture avec les modèles plus anciens basés sur la socialisationincultation qui accordaient à l'influence du milieu et du système le rôle quasi-exclusif. Nous devons à Annick Percheron dans les années 1980 l'émergence de ce nouveau modèle « ...qui conçoit la socialisation politique comme un processus de co-construction dans lequel l'individu joue un rôle actif »93. Ce modèle met en évidence que le processus de socialisation résulte d'un double mouvement, à la fois d'accommodation de l'individu au système et d'assimilation du système par l'individu.

Dans la continuité de ces théories, les travaux d'Anne Muxel distinguent trois temporalités distinctes à la confluence desquelles s'effectue la socialisation politique des jeunes.

La première est le « temps généalogique », qui met en évidence l'importance de la transmission familiale dans la construction de l'identité politique. Quatre conditions contribuent à son effectivité. Tout d'abord il faut un intérêt manifesté par les parents pour la politique. Ensuite que ceux-ci aient des préférences politiques explicites. Puis qu'il y ait une unité parentale dans les choix politiques. Enfin il faut une communication et des discussions de ces choix avec leurs enfants. Ce « temps généalogique » constitue le volet détermination sociale de la socialisation politique.

Le volet expérience personnelle des jeunes est la résultante de deux autres temporalités. Le « temps biographique » est celui de l'histoire particulière de l'individu, de son parcours personnel et individualisé. Le « temps générationnel » correspond à l'histoire partagée avec les pairs : « La création d'une génération politique nécessite la reconnaissance partagée de cette même appartenance, souvent à partir d'un événement fondateur et signifiant »94. Nous citerons ici pour exemple de cela les fortes mobilisations électorales des jeunes le 21 avril 2002 pour le deuxième tour des présidentielles : « Dans les manifestations anti-lepénistes de l'entre-deux tours de 2002, les jeunes étaient extrêmement nombreux, On estime que 25% des 16-25 ans ont

90 B. ELLEFESEN & J. HAMEL, 2000, p.134

91 Anne MUXEL, L'expérience politique des jeunes, 2001, p.179

92 Idem p.175

93 Sophie MAURER, « La socialisation politique des jeunes », Ce que nous savons des jeunes, 2004, p.56

94 Anne MUXEL citée in Agora débats-jeunesse n°27, p.17

manifesté pendant cette période »95. Ainsi « L'évènement politique produit des gains de socialisation quand il interagit avec l'histoire personnelle de l'individu »96.

3/ Participer dans un cadre spécifique ?

Pour attirer les jeunes, des instances spécifiques leur sont ouvertes car « Il faut tenir compte de la réalité d'une "culture jeune , qui n'accepte guère de rentrer dans des cadres préétablis, trop institutionnalisés, réglementés et qui préfère (...) des rassemblements totalement informels et souvent éphémères »97. Est-ce à dire qu'il y une citoyenneté particulière des jeunes ? Du point de vue politique « La citoyenneté est la même pour tous. La fragmenter en fonction des âges serait briser sa prétention à atteindre une certaine universalité où doit se maintenir le politique »98.

Concernant la participation sociale, les jeunes sont rarement inclus dans les instances de la société civile, qui en sont les lieux d'expression privilégié ; ils n'en maîtrisent ni les codes ni les rouages : « Faut-il rappeler la vigueur persistante des inégalités fondées sur la disponibilité en temps, la capacité à parler en public ou à maîtriser le langage organisationnel (budget, droit...) ? »99.

Adapter un espace pour que le public jeune puisse manifester ses différences, faire valoir ses intérêts faire reconnaître ses particularités est envisageable. C'est ce qui se fait entre autre, sous la forme des conseils municipaux de jeunes, ou de commissions jeunesse dans les quartiers. Mais ces formes adaptées doivent rester enchâssées dans l'espace public général, condition indispensable de l'universalisme : « Un espace de délibération et de négociation où ne se retrouveraient que des "jeunes"se transformerait, à proprement parler, en un ghetto qui viendrait accroître l'enfermement des générations dans leur propre monde »100. Nous retrouvons dans cette critique un processus identique à celui qui existe en accordant un droit de vote limité aux immigrés, dont on peut redouter « que la création d'une "citoyenneté de seconde zone"(...) ait des conséquences discriminatoires en stratifiant les individus selon des catégories supérieures et inférieures »101.

Le cadre spécifique est en conclusion à utiliser avec précaution, l'outil à vocation inclusive peut aussi se retourner en outil d'exclusion. Reste une interrogation fondamentale, même en réalisant des adaptations « ...se pose la question de l'intérêt à participer à des dispositifs faits par et pour des personnes dont les préoccupations essentielles relèvent de leur statut d'adultes intégrés. Le coupable désintérêt de la "jeunesse d'aujourd'hui"ne serait de la sorte imputable qu'au déficit de pertinence de l'offre de participation qui lui est faite »102.

95 Pierre BRECHON, « La citoyenneté et ses conditions d'expression », Cahier français n°316, 2003, p.68

96 Olivier IHL cité in Agora débats-jeunesse n°27, p.18

97 Citation d'une enquêtée in M. LE GALIC, 2005, p.131

98 J.C. LAGREE, 2001, p.6

99 Christian LE BART, 2003, p.59

100 Idem p.7

101 F. LABADIE & T. RAGI, 2002, p.111

102 M. LE GALIC, 2005, p.131

En résumé

Le contexte moderne d'atomisation des situations sociales entraîne une difficulté pour fixer des étapes précises à la jeunesse. Les parcours de socialisation sont désormais très individualisés. Comme de plus ils ne sont plus linéaires mais fluctuants, il devient difficile d'agréger les individus dans des groupes. Dans cette situation où l'hétérogène domine, il est plus adapté de considérer les jeunes plutôt que la ou les jeunesse(s).

Les jeunes sont particulièrement concernés par les nouvelles formes d'engagement, qui semblent s'opposer à l'exercice citoyen le plus classique, voire même parfois le rejeter. L'engagement est devenu conditionnel et réversible, et fonctionne plus sur le modèle du réseau que sur celui de l'affiliation.

Dans cette période de la vie où se forgent les identités politiques, l'apprentissage de la citoyenneté est particulièrement important. Un lieu potentiellement porteur pour cela est, nous l'avons vu précédemment, l'association.

C'est en reliant ce cadre associatif au public jeune que nous allons poursuivre dans la seconde partie de ce mémoire. En effet, nous allons nous consacrer à l'étude de la participation des jeunes aux instances qui leur sont proposées dans un cadre particulier, celui des Foyers de Jeunes Travailleurs.

Deuxième partie

La présentation des Foyers de

Jeunes Travailleurs

L'enquête sur la participation

dans ce cadre

Chapitre 1 : Les Foyers de Jeunes Travailleurs

I/ Présentation des FJT 36

1/ Histoire du mouvement 36

a/ La naissance des FJT et de leur Union 36

b/ L'âge de la pierre 37

c/ L'essor du socio-éducatif 38

d/ Le temps des incertitudes 39

2/ Cadre et missions 42

a/ Le projet pédagogique 42

b/ La fonction socio-éducative 43

c/ La fonction habitat 43

3/ Public accueilli 44

a/ La politique d'accueil 44

b/ Données statistiques sur les FJT et leur public 45

II/ Le cadre participatif dans les foyers 52

1/ Plusieurs instances légales 52

a/ Le conseil de concertation du Code de la construction 52

b/ La loi de rénovation sociale du 2 janvier 2002 53

c/ Le cadre associatif 55

2/ Une affirmation politique forte de l'UFJT 55

I/ Présentation des FJT

Les Foyers de Jeunes Travailleurs sont destinés à accueillir et accompagner le public jeune dans son insertion sociale et professionnelle, en mettant à sa disposition des logements et des services appropriés. Avant de détailler plus précisément quels sont le cadre réglementaire, les missions et le public des Foyers , il est nécessaire de revenir sur leur histoire.

1/ Histoire du mouvement

Les Foyers de Jeunes Travailleurs font partie des grands mouvements d'éducation populaire qui sont nés et se sont développés après 1945 dans les conditions difficiles de l'après guerre. S'ils constituent désormais des institutions reconnues il n'en a pas toujours été ainsi, et la construction du mouvement mérite l'attention, car il retrace et accompagne par delà son histoire spécifique l'évolution de la société française depuis soixante ans.

a/ La naissance des FJT et de leur Union

Les années cinquante sont marquées par deux phénomènes de fond très importants : la crise du logement et la migration massive vers les villes.

Les problèmes de migrations intérieures, de manque de logement et d'insalubrité ne sont pas nouveaux. Ils existent et persistent depuis le XIXème siècle, mais cela se passe différemment pour les jeunes dans les années 50, car le phénomène est beaucoup plus massif et il revêt un caractère nouveau qui est l'isolement. En effet, durant la révolution industrielle un encadrement des jeunes célibataires en déplacement existait sous différentes formes, en liaison avec le métier (apprentissage, compagnonnage) ou l'origine géographique (installation dans le quartier de son « pays »). Cela constituait une transition et permettait une préservation des liens sociaux. Pour les jeunes filles des « couvent-internats » ont été mis en place dès le XIXème siècle par des oeuvres chrétiennes pour des motivations morales et hygiénistes, afin d'éviter par dessus tout qu'elles ne soient isolées donc vulnérables. Il y avait donc là aussi inscription dans un réseau de socialisation. Les foyers de jeunes travailleurs sont les héritiers de cela « La notion de protection traverse à des degrés divers l'histoire et la préhistoire des foyers (...) L'action auprès de la jeunesse s'impose naturellement pour sauver cette jeunesse du « désastre », pour la prémunir des déviances de leurs aînés, pour la protéger contre elle-même »103.

Pour les « déplacés », ces jeunes qui migrent massivement vers les villes dans les années 50, il y a une rupture sociale et familiale, voulue ou subie, à laquelle s'ajoutent des difficultés à se loger et se nourrir dans des conditions salubres et décentes.

Pourtant les jeunes déplacés ont du travail, mais leurs revenus sont faibles. De plus, ils ne constituent pas pour la société de l'époque une priorité. La préoccupation politique concerne la famille, et dans ce contexte « pro-nataliste » de l'après-guerre l'intérêt public ne se porte aux jeunes lorsqu'ils sont en couple qu'à partir de leur premier enfant. La

103 B. BASTIEN & P. BATAILLE, 1998, p.101-102

pénurie de logements concerne toute la population, et il n'y a pas de reconnaissance particulière de besoins qui seraient spécifiques à « la jeunesse ».

Face à ce problème de nombreuses initiatives fleurissent un peu partout. Elles émanent de bénévoles souvent issus du militantisme social catholique. De nombreux foyers pour jeunes travailleurs sont créés un peu partout mais ils sont isolés. Du regroupement d'une vingtaine de foyers de l'ouest de la France naît le 6 février 1955 une association dénommée « Union nationale des Foyers de Jeunes Travailleurs » (UFJT), alors qu'à cette époque le nombre total de FJT est estimé à environ quatre cent.

b/ L'âge de la pierre

La période allant des année 50 aux années 70 est marquée par la nécessité impérieuse de bâtir. Les foyers qui existent sont petits et anciens, et pour répondre à la forte demande il faut construire plus grand et plus moderne. Les militants d'origine ont beaucoup « bricolé » pour créer des foyers, et les besoins tant financiers qu'humains nécessaires dépassent leurs possibilités. Bâtir n'est pas envisageable sans l'intervention de l'Etat. Guy Houist, premier président de l'UFJT, qui était aussi président de la commission logement de l'Union Nationale des Allocations Familiales, vice président de l'Union Nationale des Habitations à Loyers Modérés (HLM), et a appartenu à plusieurs cabinets ministériels du Mouvement Radical Populaire (MRP), va proposer et obtenir la possibilité pour les sociétés HLM de louer à une personne morale. En effet, un problème majeur pour les jeunes était le refus de louer à des célibataires tant de la part des propriétaires privés que des HLM. L'impossibilité pour les FJT de sous louer des logements HLM constituait un obstacle important. La possibilité obtenue par Guy Houist de louer à une personne morale laisse le champ libre aux foyers concernant les attributions de logement. De plus cette avancée va permettre des collaborations entre les offices et les FJT, les premiers constructeurs et propriétaires laissant aux seconds la gestion des bâtiments.

Des débats nombreux et passionnés ont lieu à cette époque à propos de la taille idéale des Foyers de Jeunes Travailleurs. Ils ont en fait été tranchés par les normes de financements imposées aux constructions HLM à l'époque. Il fallait construire vite, beaucoup et à bas prix. Ce sont donc des foyers moyens et grands qui sont construits : « Nombre de foyers édifiés dans les années 60 présentent (...) les mêmes caractéristiques que les immeubles de banlieues qui naissent au même moment, et ont connu un vieillissement semblable » 104.

La gestion de foyers de plus en plus grands va profondément transformer les équipes qui s'occupent des FJT ; c'est à cette période qu'apparaissent les premiers « permanents ». Ce sont d'abord des militants qui deviennent permanents, mais des professionnels entrent également dans les foyers. Progressivement, ils vont se substituer complètement aux bénévoles lesquels vont se retrouver cantonnés aux rôles d'administrateurs.

c/ L'essor du socio-éducatif

Progressivement, les FJT qui ont résolu les soucis de construction vont quitter la simple

104 Françoise GASPARD, UFJT d'une jeunesse ouvrière à une jeunesse incertaine, quarante ans d'histoire d'un mouvement associatif 1955-1995, 1995, p.56-57

logique hôtelière pour se concentrer sur leur mission socio-éducative : « La maison était construite. Il nous fallait nous occuper du contenu, et le contenu (...) c'était le socioéducatif »105. L'objectif prioritaire est alors de concourir à travers les Foyers de Jeunes Travailleurs à la socialisation des jeunes « ouvriers et ouvrières » en leur apportant « ...un environnement convivial, des points de repères ainsi qu'un idéal à atteindre : celui de la famille bourgeoise »106 .

Cette volonté d'accompagner vers l'autonomie arrive dans un contexte nouveau, où la préoccupation de donner un toit et un logement décent n'est plus la priorité. Les enfants du baby-boom ont grandi et les années 60 sont marquées par l'émergence de la « jeunesse » en tant que groupe spécifique. Il est tout à fait nouveau que l'effet de génération se substitue aux communautés d'appartenance, qu'elles soient d'origine ou professionnelle. C'est ainsi que dans les foyers également « ...le travailleur s'efface, insensiblement, derrière le jeune... »107 . Au niveau national, la jeunesse suscite le débat et l'inquiétude dans la société ; des phénomènes nouveaux comme l'allongement de la durée de la scolarité entraînent une entrée plus tardive dans l'âge adulte. Devant ces constats, des enquêtes nationales sont menées et cette nouvelle « classe » devient objet d'étude pour les sociologues.

La professionnalisation des personnels dans les FJT, liée à l'évolution de la mission du logement vers le socio-éducatif entraîne une hausse des charges de gestion pour les foyers. L'Union nationale des Foyers de Jeunes Travailleurs va servir de relais et de groupe de pression auprès des pouvoirs publics pour faire reconnaître cette nouvelle mission sociale et en obtenir le financement partiel.

Lors du congrès de l'UFJT de 1967 une motion rajoute l'aspect socio-éducatif aux missions des FJT. Afin de valoriser et unifier les pratiques au sein des foyers l'Union nationale réalise et diffuse des grilles d'analyse. Cela permet de rendre visible et de montrer l'efficacité de l'intervention socio-éducative aux pouvoirs publics. Ce travail conjugué d'analyse de terrain de la part des Foyers et de pression au niveau de l'Union nationale des FJT va déboucher en 1971 d'une part sur la création d'une ligne « Aides aux jeunes travailleurs » dans le budget du ministère des affaires sociales, d'autre part sur l'éligibilité des FJT aux postes subventionnés par le Fond de Coopération de la Jeunesse et de l'Éducation Populaire (FONJEP)108. L'institutionnalisation des foyers est concrétisée lorsque l'Etat publie une circulaire définissant le rôle des Foyers de Jeunes Travailleurs et fixant des conditions à leur agrément109.

La valorisation du travail socio-éducatif dans les FJT va amener à accorder aux jeunes résidents une place nouvelle dans l'organisation, la gestion et le fonctionnement des foyers. L'idée d'aider les jeunes à s'intégrer dans la vie de la cité passe par la participation et la prise de responsabilités au sein du foyer. Cela ne va pas se faire sans remous, puisqu'au début des années 70 les résidents vont se servir de cela pour créer des mouvements protestataires au sein des FJT, remettant en cause « les foyers caserne » dans leur fonctionnement et leur règlement intérieur, ceci en organisant des manifestations et des grèves de loyer. L'analyse sociologique de ce mouvement montre qu'il s'agit moins d'une porosité tardive aux idées libertaires que d'une évolution de la

105 Idem, citation de Paul GUERIN p.73

106 Idem

107 Idem

108 Créé en 1964, le FONJEP est une association loi 1901, qui réunit des financeurs publics et des associations. Son

but est de faciliter la rétribution de personnels permanents, remplissant des fonctions d'animation et de gestion employés par des associations .

109 Circulaire du ministère des Affaires sociales du 18 mai 1971

population des FJT, qui traduit un changement en profondeur de la société. En effet les
jeunes des foyers ont été très peu réceptifs aux évènements de mai 68, voir rétifs à ce
mouvement d'étudiants qui ne correspondait pas à leur culture de « jeunes travailleurs ».

En quelques années la composition du public des Foyers s'est pourtant profondément modifiée. L'allongement de la durée des études, l'accès en nombre des filles aux universités ont pour conséquence une baisse du nombre de jeunes travailleurs pour les FJT. D'un point de vue sociologique, ce ne sont plus massivement des jeunes ruraux déracinés qui poussent la porte des Foyers de Jeunes Travailleurs, mais de jeunes urbains, c'est également un changement important.

La fin des années 60 est marquée par un phénomène nouveau, il y parfois vacance de logement dans les FJT, qui en réaction ouvrent désormais à des publics de jeunes ayant d'autres statuts que jeunes travailleurs, notamment les étudiants. Cela contribue à un brassage et à une certaine mixité sociale, la population est moins homogène et plus revendicative.

Ce mouvement va se traduire au niveau des FJT par une transformation très progressive des foyers séparés de garçons et de filles en foyers mixtes, ainsi que par la création de conseils de résidents où les résidents peuvent s'exprimer110 et désigner des représentants qui siègent dans les instances des associations gestionnaires.

d/ Le temps des incertitudes

Cette période débute avec le choc pétrolier de 1974 et le développement massif du chômage. La seconde moitié des années 70 est pour les foyers la période du constat de la fragilisation des jeunes face à l'emploi. En 1974, l'abaissement de l'âge de la majorité a pour conséquence l'arrivée nouvelle et importante de jeunes majeurs en rupture familiale.

Face à cette évolution globale du public accueilli et aux problèmes nouveaux d'emploi, qui touchent principalement les jeunes peu qualifiés, les FJT vont expérimenter des actions de formation en direction des résidents. Petit à petit les cours du soir de remise à niveau donnés par des étudiants bénévoles se transforment en stages visant à des qualifications encadrés par des formateurs. Peu à peu, cela devient une nouvelle branche d'activité à part entière pour nombre de Foyers. A la mission socio-éducative s'ajoute donc de facto celle de l'insertion professionnelle. L'UFJT, désormais interlocutrice privilégiée des pouvoirs publics sur les questions relatives à la jeunesse, va faire reconnaître ce rôle nouveau lié à l'évolution du public. En 1976 puis en 1977 deux circulaires ministérielles viennent modifier et compléter sur ces points la circulaire de 1971.

La situation économique qui se dégrade de plus en plus dans la deuxième moitié des années 70 frappe de plein fouet les jeunes, et les termes de précarité et d'exclusion apparaissent pour désigner les nouveaux problèmes sociaux. Les Foyers une nouvelle fois élargissent les critères d'accueil pour répondre à cette nouvelle catégorie de jeunes précaires. Toujours en collaboration avec l'Etat, l'UFJT obtient que le ministère des affaires sociales puisse accorder une « Aide de dépannage » pour aider les jeunes chômeurs à accéder à un logement en FJT. L'accueil de jeunes chômeurs dans des lieux créés pour aider des « jeunes travailleurs » est une rupture symbolique importante.

110 Entre autre « Il doit être consulté sur l'élaboration et la révision du règlement intérieur » précise le code de la construction qui régit l'organisation des résidences sociales.

Au début des années 80, les Foyers de Jeunes Travailleurs n'hébergent plus majoritairement des « jeunes déplacés » venus des campagnes vers la ville pour travailler. Désormais, de nombreux jeunes citadins sont accueillis. Ils vivent hors de leur famille pour des raisons diverses : formations, ruptures, études... Cela s'accompagne d'une part par des séjours plus courts d'autre part par l'utilisation des foyers comme d'un mode de logement parmi d'autres pour les jeunes. Ce n'est plus le logement intermédiaire privilégié servant de lieu d'apprentissage entre le départ de la famille et le logement autonome.

A l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, trois grandes commissions ayant les jeunes comme enjeu central sont créées. L'une d'elle dirigée par Bertrand Schwartz s'attache à l'insertion sociale et professionnelle des jeunes. Cette commission a associé étroitement à ses travaux l'Union nationale des FJT, car les expériences d'insertion menées expérimentalement dans certains Foyers, notamment à Nantes, étaient très en pointe dans ce nouveau champ. Cette ouverture à la société civile suscite beaucoup d'espoirs et amènera à des réalisations concrètes : « ...la création des Missions locales d'insertion est, en partie, sortie de notre travail de terrain et de son évaluation... »111.

Avec l'explosion du chômage, il y a deux millions et demi de demandeurs d'emploi en 1986, soit cinq cent mille de plus qu'en 1981. L'exclusion s'étend, rendant les missions d'insertion de plus en plus difficiles. La précarisation se banalise, la « nouvelle pauvreté » apparaît, et le « traitement social » du chômage devient une priorité d'Etat. Désormais ce dernier ne s'appuie plus sur les expérience novatrices menées par les grandes associations, refermant la porte aux initiatives impulsées par la société civile.

La « rigueur économique » imposée par l'Etat touche dans leur gestion les FJT au même titre que nombre d'autres structures sociales ou socio-culturelles. Les aides publiques diminuent, et les foyers doivent gérer au mieux leur ressources pour survivre. Le passage de 600 foyers en 1964 à 470 en 1991 tient de cela en grande partie. Les FJT qui n'ont pas pris le virage de « l'économie sociale », nouveau concept qui émerge au tournant des années 80, ont pour un certain nombre disparu. Cela a bien sûr des conséquences : « Vouloir faire aussi bien qu'une entreprise privée peut cependant conduire à des tensions entre gestion équilibrée et finalité sociale »112.

A l'entrée dans les années 90, la situation dans les FJT est analysée comme un retour en arrière. En effet, les foyers construits dans les années 60 tout d'abord ont mal vieillis, et ensuite ont une palette d'habitat désormais inadaptée. L'offre majoritaire des Foyers de Jeunes Travailleurs reste de la chambre individuelle dans des grands collectifs, ce qui ne correspond plus à la demande. Le bâti s'est dégradé et réclame de lourdes réhabilitations. Paradoxalement les foyers sont remplis car les jeunes peinent à se loger, du fait de leur précarisation et de la pénurie de logements sociaux. « A Paris et dans la région parisienne on se retrouve dans la situation qui était celle au lendemain de la guerre (...). Compte tenu de la demande, les foyers pourraient réaliser leur équilibre de gestion en logeant simplement les étudiants et les jeunes travailleurs parfaitement solvables »113.

Face au constat de dégradation du bâti et à la faible capacité financière des Foyers devant de tels chantiers l'UFJT, comme lors de sa création, monte au créneau pour solliciter l'intervention de l'Etat. Cela abouti sur un accord cadre conclu avec la Caisse des Dépôts et Consignations pour la réhabilitation d'une centaine de FJT.

111 M. GOUREAUX, ancienne présidente de l'UFJT, citée in F. GASPARD, 1995, p.114

112 Idem, M. GOUREAUX, ancienne présidente de l'UFJT, citée p.114

113 Idem, C.A. Armand, ancien président de l'UFJT, cité p.121

Document n°5 : Extrait d'éditorial du

président de l'UFJT, avril 2004

Les maires de France, les centrales syndicales, les acteurs du logement expriment des inquiétudes vives et fondées sur le devenir du logement social... Mais qui les écoute ?

On construit aujourd'hui moins de logements sociaux que dans les périodes les plus noires. (...).

L'avenir est sombre pour les jeunes. Déjà souvent exclus du travail, ils auront de plus en plus de difficultés à accéder à un logement. Les besoins repérés aujourd'hui ne pourront être satisfaits que sur plusieurs années, et les programmes de constructions ont déjà cinq ans de retard !

Cette situation faite aux jeunes les disqualifie à leurs yeux mêmes ! Et il ne s'agit pas seulement des plus fragiles d'entre-eux, mais aussi de ceux qui seraient sur le point de trouver un emploi et de nombre de ceux qui en ont un.

Source : Brève n°77

Arrivé au milieu des années 90, l'histoire des FJT et de leur Union Nationale est marquée par « le temps des incertitudes ». Le public des foyers est extrêmement précarisé et morcelé ; depuis longtemps déjà les « travailleurs », au sens de ceux qui ont un emploi stable, sont en minorité. La fonction des FJT est désormais de faire en sorte d'éviter l'exclusion aux jeunes qui y sont hébergés, ceci en croisant les missions d'hébergement, d'accompagnement socio-culturel et d'insertion, le tout avec une dimension partenariale de plus en plus affirmée. Un symptôme de cette évolution est que désormais dans nombre d'équipes socioéducatives il y a au côté des « traditionnels » animateurs des éducateurs, des conseillers en économie sociale et familiale et parfois même des psychologues.

Les années 2000 sont marquées à nouveau par la situation de crise du logement, comme en témoigne l'éditorial114 ci-contre. Cette crise s'accroît dans un contexte de baisse des financements publics, de retards pris dans les programmes de logements sociaux et de hausse considérable des prix sur le marché de l'immobilier (voir document n°6115 ci-dessous). Une conséquence est « ...pour les jeunes, la part du revenu consacrée au logement est passée de 29% en 1988 à 40% aujourd'hui avant aide publique, lorsqu'elle existe »116.

Document n°6 : Un éclairage sur la hausse de l'immobilier

Il convient donc de distinguer entre causes réelles et causes fiduciaires de la hausse. On saisit mieux d'un côté ce qui relève de l'économie réelle (le manque de logements sociaux) et, de l'autre, ce qui relève des jeux de la finance et d'une incitation générale et institutionnelle à la hausse. On réunit ainsi tous les facteurs qui influencent la valeur des logements en suivant la distinction qu'Aristote faisait déjà entre l'Économie, la science des choses réelles concernant l'oikos (la maison), et la crématistique (crematisis : action de faire des affaires pour gagner de l'argent). Aristote disait déjà qu'il est plus facile de réguler et de stabiliser le fonctionnement de l'oikos que celui des choses relatives à l'argent.

Source : Pierre Auréjac, Brèves n°81

Nous retiendrons de ces cinquante ans d'histoire trois points. D'une part la capacité qu'ont eu les fondateurs de l'UFJT à s'unir, et à transformer cette Union en interlocutrice et partenaire incontournable de l'Etat et des collectivités locales sur la question du logement des jeunes. Ensuite face à la considérable évolution de la situation des jeunes en un demi siècle et l'adaptation, la réactivité, qu'ont su avoir les FJT en élargissant leurs champs d'action. Enfin les dimensions associative et professionnelle qu'ont su combiner et faire évoluer les FJT, articulant soucis d'éducation populaire et soucis de gestion, assurant par là une troisième voie que « ...ni l'Etat, ni l'entreprise privée ne pouvaient assurer... »117.

114 Jean ALLAIN, président de l'UFJT, « Le logement social grande cause nationale », Brèves n°77, avril 2004

115 Pierre AUREJAC, « Pour une nouvelle politique du logement des jeunes », Brèves n°81, juin 2005

116 Idem

117 Simone VEIL, dans la préface F. GASPARD, 1995, p.10

2/ Cadre et missions

Aujourd'hui, les FJT sont des institutions sociales régies par la loi du 2 janvier 2002 rénovant l'action sociale118 (qui a réformé la loi du 30 juin 1975 relative aux institutions sociales et médico-sociales).

Depuis janvier 1995, les FJT nouvellement créés rentrent dans la réglementation des logement-foyers instituant les résidences sociales lorsqu'ils ont été financés avec une aide de l'Etat. En tant que logement-foyers, ils sont également soumis à la réglementation du Code de la construction et de l'habitation relative à ces établissements.

Les FJT sont principalement gérés par des associations. Ils peuvent l'être également par des Centres Communaux d'Action Sociale (CCAS) ou désormais, dans le cas des résidences sociales, par des organismes d'HLM.

Les FJT sont « des institutions à but non lucratif qui mettent à la disposition des jeunes un ensemble d'installations matérielles pour leur hébergement et, le cas échéant, leur restauration, ainsi que des moyens qui permettent directement ou indirectement de favoriser leur insertion dans la vie sociale »119. Plus concrètement « Le FJT est un lieu de transition vers l'autonomie, de régulation sociale qui favorise le passage du jeune dans la vie active »120.

La mission des FJT se répartit autour de trois axes : un projet pédagogique, une fonction socio-éducative et une fonction d'habitat.

a/ Le projet pédagogique

Les FJT définissent leurs missions dans un projet pédagogique, qui est élaboré par l'organisme gestionnaire et qui fait l'objet d'un contrat avec le résident.

Les missions des FJT sont larges et concernent :

? la mise à disposition de logements adaptés aux besoins des jeunes pour des

phases de transition préparatoires à l'autonomie et à la citoyenneté.

? l'accueil de jeunes en cours d'insertion professionnelle et sociale ; leur socialisation par des actions de qualification sociale s'appuyant sur la valorisation de leurs potentialités.

118 Ces aspects réglementaires seront davantage développés dans le chapitre II consacré au cadre de la participation dans les FJT

119 Extrait de la fiche de présentation des FJT disponible sur le site internet de l'UFJT

120 Jean-Claude ACCARIER, « Quelle itinérance pour les jeunes ? », Forum n°89, 1999, p.8

b/ La fonction socio-éducative Cette fonction comprend quatre aspects différents :

· l'accueil personnalisé.

· l'organisation d'activités liées à l'emploi, la formation, le logement, la santé, les loisirs, la culture ; l'information et l'aide aux jeunes sur les problèmes de la vie quotidienne en vue de leur autonomie.

· la participation des jeunes à la vie collective, aux activités, à l'organisation et
à la gestion, aux instances de fonctionnement et au conseil d'établissement.

· l'insertion sociale et professionnelle ; cette insertion peut se réaliser au moyen d'actions menées par le FJT ou en partenariat avec les acteurs de l'insertion (Missions locales, Points d'accueil d'information et d'orientation). Les FJT peuvent également être un support pour des actions d'insertion (Réseau d'initiative locale pour l'emploi, services de proximité et entreprises d'insertion).

c/ La fonction habitat

Le projet habitat du FJT doit offrir, autour de services collectifs, des logements de différents types préservant l'intimité et des espaces de rencontre favorisant l'ouverture auprès des habitants du quartier et de la ville. Plusieurs formes d'habitat peuvent être proposées par les FJT121, ils sont présentés ici par ordre croissant d'autonomie :

·

Document n°7 : Les différents habitats des FJT

un foyer central constitué de logements diversifiés (chambres, studios, petits appartements).

· un « foyer soleil » comprenant un foyer central auquel sont rattachés des logements extérieurs

disséminés dans d'autres
immeubles.

· des logements diffus sous-loués à des bailleurs privés ou sociaux.

Ces différentes propositions de logement s'inscrivent dans une double logique de parcours résidentiel et d'accompagnement vers l'autonomie. Cet un aspect fondamental de la mission des équipes socio-éducative. Il faut évaluer lors de la demande à la fois le besoin de logement et le degré d'autonomie des jeunes demandeurs, pour leur faire la

121 Le document n°6 est extrait de la plaquette de présentation institutionnelle de l'UFJT intitulée « Construire ensemble une politique jeunesse ».

Document n°8 : Eclairage sur le verbe habiter

Autant qu'une dimension spatiale, habiter revêt une dimension temporelle. Habiter signifie, comme le souligne Th. Paquot, «exister sur cette terre comme un mortel qui n'ignore aucunement sa condition de mortel».(...)

Derrière habituari se profile aussi habitus, «manière d'être». Ce terme est d'abord relancé par E. Durkheim. P. Bourdieu, à son tour, en fait un concept clé de la sociologie le définissant comme un ensemble de cadres sociaux permettant à l'individu d'être dans la durée, comme un ensemble durable de manières d'être et de faire qui s'incarne dans les corps permettant de «construire et comprendre de manière unitaire les dimensions de la pratique» (...)

Habiter est donc un terme riche qui déborde la seule idée de loger et renvoi à l'être au point que l'on ne puisse nommer l'un sans convoquer l'autre, que l'on ne puisse penser l'un sans concevoir l'autre. Habiter est une forme singulière de l'être au monde.

Source : Denis La Mache, « Une ethnologie de l'art d'habiter
est-elle envisageable dans les grands ensembles HLM ? »

 

proposition la plus adaptée. Puis, au cours du séjour, il faut suivre l'évolution de chacun afin de permettre le passage vers du logement de plus en plus autonome. L'objectif final est bien entendu de préparer dans les meilleures conditions possibles le passage dans du logement totalement autonome, que ce soit dans le parc privé ou HLM.

Permettre aux jeunes d'habiter et non simplement de se loger est un élément fondateur pour les Foyers. Le document122 ci-contre apporte un éclairage sur la richesse du terme habiter..

3/ Public accueilli

Nous avons vu d'une part que la définition des bornes de la jeunesse est difficile et fluctuante ; d'autre part que les missions des FJT au cours de leur histoire ont évolué. Toutefois, le public des FJT répond à une définition administrative assez étroite.

a/ La politique d'accueil

Elle est définie par la circulaire n° 96-753 du 17 décembre 1996 (ministère des Affaires Sociales). Le public prioritaire des FJT est constitué des jeunes âgés de 16 à 25 ans en cours d'insertion sociale et professionnelle.

Ce strict bornage réglementaire est en retard par rapport à l'évolution du public : « Il y a une définition du temps de la jeunesse qui est bien connue, de nature juridicoadministrative - pour habiter en foyer on est jeune entre seize et vingt-cinq ans - un simple regard sur l'évolution récente de la demande des résidents montre les limites d'une définition aussi stricte. La part des moins de vingt-cinq ans est en régression constante et les demandes des plus de vingt-cinq ans augmentent dans des proportions significatives. Alors la définition est commode mais peu en phase avec des réalités vécues, dans un contexte d'allongement et de diffèrement de la séquence de vie jeunesse »123.

Une adaptation a été autorisée, puisqu'il est admis la possibilité d'accueillir des jeunes de 25 à 30 ans, à condition qu'ils ne représentent qu'une fraction des résidents. C'est le projet associatif du FJT négocié avec les partenaires et traduit dans le contrat avec la CAF et la convention APL qui précise la proportion de cette catégorie d'âge.

122 Denis LA MACHE, « Une ethnologie de l'art d'habiter est-elle envisageable dans les grands ensembles HLM ? », disponible sur http://perso.wanadoo.fr/homo.urbanus/urbanisme64.htm

123 B. BASTIEN & P. BATAILLE, 1998, p.43-44

Paradoxalement la circulaire, si stricte sur l'âge, prend en compte l'évolution et l'éclatement des situations, puisqu'elle précise que « ...l'allongement et la multiplication des périodes de transition entre la dépendance familiale et l'autonomie doivent être pris en compte et impliquent l'accueil d'une population plus diversifiée », qu'elle définit et liste comme suit :

? jeunes travailleurs en situation de précarité ou non

? jeunes demandeurs d'emploi

? jeunes en situation de décohabitation ou de mobilité.

? jeunes en formation sous divers statuts

? jeunes couples.

? adultes isolés ou familles monoparentales de moins de 30 ans.

? étudiants en rupture sociale et familiale.

La circulaire précise que la politique d'accueil doit être basée sur le brassage social et sur l'équilibre entre les différentes catégories de jeunes, avec une priorité pour les jeunes avec ou sans emploi de condition modeste124.

Il faut souligner que l'équilibre des populations accueillies au sein des FJT conditionne la réussite du brassage social. La gestion de cet équilibre très fragile est une part importante du travail des équipes socio-éducatives : « Dans un même lieu, se retrouvent des jeunes d'horizons et de conditions multiples dont les dispositions acquises déterminent les conditions de passage et les attributs de l'identification. C'est l'effet du "brassage ", ce mot magique (valise ?) du réseau FJT »125. Cette particularité dans la gestion de l'accueil du public, qui oscille entre le pôle de l'accompagnement individuel et celui de la gestion du collectif, constitue sans nul doute une spécificité forte des Foyers de Jeunes Travailleurs.

b/Données statistiques sur les FJT et leur public

La série de graphiques et leurs interprétations ci-après visent à brosser le portrait des foyers du point de vue de l'habitat proposé, de l'âge et du sexe du public accueilli, de sa situation professionnelle et de son niveau scolaire.

Tous les graphiques de ce chapitre sont issus de données provenant de l'UFJT126. Dans toute la suite de ce mémoire, les graphiques qui ont la particularité d'être encadrés ont été réalisé par l'Union nationale, et ont été simplement reproduits.

124 Toutes les personnes accueillies dans les FJT conventionnés doivent respecter les plafonds de ressources prévus par les conventions APL.

125 B. BASTIEN & P. BATAILLE, 1998 p.58

126 « L'UFJT en quelques chiffres, 2003 » et « Données économiques 2003 », documents disponibles sur le site internet de l'UFJT

Graphique n°1 : Répartition et évolution (entre 1999 et 2003) des types de logements
FJT au niveau national

Chambres Chambres à Chambres à T1 T1' T1 bis T2 T3 et plus

individuelles deux trois et plus

60%

55%

50%

45%

40%

35%

30%

25%

20%

15%

10%

5%

0%

2003

1999

En 2003 il y avait en France 383 FJT et services logements, ainsi que 25 Comités Locaux pour le Logement Autonome des Jeunes (CLLAJ), représentant un parc national de 39000 logements rassemblant une capacité globale de 40000 lits. Dans ce parc, 11% correspond à de l'habitat diffus.

Au niveau du type de logements, 58% sont des appartements du T1 au T3, le reste étant composé de chambres. C'est une évolution importante et rapide puisqu'en 1999 les appartements ne représentaient que 35% du total. Cela correspond aux nombreux efforts de réhabilitations et de transformations engagés sur tout le territoire depuis l'accord cadre national de 1990.

Graphique n°2 : Pyramide par âges et sexe des résidents rentrés en 2003 127

127 Ce graphique a été réalisé par l'UFJT. Il présente une erreur de représentation puisqu'une tranche regroupant cinq années est affectée de la même largeur que celles d'une année ; d'autre part il ne présente pas d'échelle (il n'a pas été possible de le reconstruire car seuls les graphiques étaient disponibles et non les données brutes).

La répartition globale est de 58 % d'hommes pour 42 % de femmes. La proportion de femmes augmente doucement depuis quelques années, et ceci est a mettre en relation avec l'évolution du parc locatif évoqué plus haut : le public féminin est beaucoup plus sensible -et réticent- aux chambres, surtout sans sanitaires individuels. La proposition croissante d'appartements leur convient davantage d'où cette croissance. Une analyse plus fine de l'occupation des types de logement par sexe, malheureusement indisponible, montrerait sans nul doute cette propension.

Ce graphique n°2 montre une tendance des femmes à se répartir surtout sur les tranches d'âge centrales, de 18 à 23 ans. S'il s'agit également des classes les plus fortes chez les hommes, il y a par contre un étalement plus grand dans la répartition, notamment pour les 24 ans et plus. Les femmes utilisent vraisemblablement davantage le FJT comme une étape vers le logement autonome, le quittant plus rapidement, et n'y revenant plus ensuite « Leurs stratégies matrimoniales sont plus précoces, et elles les poussent éventuellement à choisir plus rapidement un logement autonome »128. Chez les hommes les aller-retours sont plus courants, et la prise d'autonomie en matière de logement moins rapide.

Graphique n°3 : Répartiti on par type d'activité professionnelle :

45% 40% 35% 30% 25% 20% 15% 10% 5% 0%

 
 

Salariés Apprentis Stagiaires Dem andeurs Scolaires et Non ren-

d'em ploi étudiants seigné

Graphique n°4 : Détail de la répartiti on des jeunes de la catégorie « salariés »
par types de contrats de travail en 2003

CDD temps partiel 9%

Intérim 11%

CDD temps plein 24%

Contrat de qualification 9%

Stage d'insertion 4% CDI temps plein 34%

128 B. BASTIEN & P. BATAILLE, 1998, p.61

CDI temps partiel 9%

Le graphique n°3 montre une répartition du public des FJT sur les différentes activités, avec une forte représentation des apprentis et stagiaires qui représentent près d'un tiers du total. Les salariés sont la catégorie la plus nombreuse, mais il s'agit d'un trompe l'oeil comme le montre le graphique n°4, qui détaille toutes les catégories regroupées sous le vocable « salariés ». Il permet premièrement de voir qu'y sont englobées des situations très différentes, deuxièmement que les situations à forte incertitude sont nombreuses. Non seulement 58 % des contrats sont à court et moyen terme, mais encore 18 % des jeunes salariés logés en FJT travaillent à temps partiel. Bien entendu, cette proportion importante tant de stagiaires que de jeunes en contrats courts joue de façon importante dans la brièveté des séjours en FJT.

En complément de ces graphiques sur la situation professionnelle des jeunes accueillis en FJT, leur niveau de ressource129 est le suivant :

· 9 % des jeunes n'ont aucune ressource propre

· 27 % disposent de moins de 300 € par mois

· 36 % ont entre 300 € et un SMIC mensuel

· 28 % ont un revenu supérieur au SMIC

Graphique n°5 : Niveaux scolaires des jeunes résidents en FJT :

22% 20% 18% 16% 14% 12% 10% 8% 6% 4% 2% 0%

institutions spécialisées niveau primaire

niveau collège niveau 3ème CAP, BEP

Bac pro. ou technique Bac général BTS/DUT

DEUG

Bac + 3 et + Non renseigné

Toutes les filières et tous les niveaux sont représentés. La proportion de jeunes accueillis ayant le bac ou le niveau bac est de 55 %, ce qui est inférieur aux chiffres nationaux donnés par le ministère de l'éducation nationale. Celui-ci considère que la proportion de jeunes bacheliers est stabilisée à 69 % de chaque classe d'âge depuis

129 Les statistiques 2003 de l'UFJT sur les ressources tiennent compte des aides à la personne, mais ne permettent pas de mesurer les soutiens des tiers, la famille notamment.

plusieurs années. Cela est à mettre en parallèle avec les 19 % de jeunes qui à l'entrée au FJT ont un niveau équivalent ou inférieur au niveau 3ème. Les FJT accueillent donc un public ayant un niveau scolaire plus faible que la moyenne de leur classe d'âge.

Il faut noter également qu'il y a plus de jeunes issus de formations techniques (bac professionnel ou technique, DUT/BTS) que des filières générales (bac général, DEUG). Leur présence importante dans les FJT peut s'analyser de deux façons. D'une part leurs cursus sont caractérisés par la nécessité de réaliser des stages en entreprises, souvent hors de la ville d'étude et de la ville d'origine familiale, et nombre d'entre eux sollicitent une place en FJT durant ces stages. D'autre part « Depuis deux ans, les personnes les moins touchées par le chômage sont celles possédant des diplômes de niveau supérieur au bac à spécialités techniques ou professionnelles : DUT, BTS... »130, « Les DUT et les BTS sont des diplômes très appréciés sur le marché du travail : leur taux de chômage est resté stable autour de 6,7 %... »131. Une fois diplômés, ces nouveaux travailleurs sollicitent souvent les FJT, le temps de passer une période d'essai ou de trouver un autre logement.

Graphique n°6 : Origine résidentielle des résidents 132

Les jeunes ayant une origine résidentielle proche (commune ou agglomération) sont une minorité (moins de 20 %). L'origine géographique de proximité peut être en lien avec une décohabitation conflictuelle (rupture familiale ou institutionnelle, rupture de couple).

Il faut noter qu'accéder à l'autonomie résidentielle n'est pas un chemin linéaire : « Le passage de la décohabitation familiale au bail en nom propre se fait au long d'une trajectoire qui peut comporter beaucoup d'étapes avec parfois des aller-retours, le passage en FJT pouvant constituer l'une de ces étapes »133.

La plus grande partie des jeunes qui viennent résider en FJT (68 %) vient de l'extérieur

130 INSEE première n°958, avril 2004.

131 INSEE première n°1009, mars 2005.

132 Graphique réalisé par l'UFJT. Il s'agit là de la provenance des jeunes à leur entrée dans le FJT, ce qui est différent de leur origine géographique de naissance.

133 Jean-Pierre FAYARD dans l'introduction de l'article de J.C. ACCARIER, 1999, p.3.

du département. Cette mobilité résidentielle est fortement -mais pas uniquement- liée à des contraintes d'insertion socio-professionnelle, qu'il s'agisse d'emploi ou de formation : « Les résidants du FJT sont en situation de mobilité géographique pour répondre à des besoins liés à la formation et au travail, mais aussi en fonction de leur rapports à leurs attaches familiales et affectives... »134.

Jean-Claude ACCARIER a réalisé en 1998 un mémoire de DSTS intitulé « Quelle itinérance des jeunes ? Analyse de la mobilité géographique des résidents d'un Foyer de Jeunes Travailleurs ». Dans la première partie de sa recherche, il propose une interprétation de la mobilité en FJT. Il base son analyse sur trois modèles de conduite : la mobilité, la stabilité et l'instabilité. Ensuite il définit la mobilité par rapport à trois axes : d'abord « dans la tête »135, ensuite vis-à-vis des attaches affectives et relationnelles, enfin par rapport à l'emploi et la formation.

Après un travail d'enquête puis de classement, il met en évidence quatre formes des profils d'itinérance chez les jeunes accueillis en FJT :

? Un profil d'hyper-mobilité à risques : l'instabilité à la fois dans les attaches et du point de vue professionnel s'ajoute à la « mobilité dans la tête ». Cela entraîne des « passages à l'acte » du type partir pour partir ou casser un projet dès qu'il commence à se construire un peu. Les décisions prises par les jeunes ayant ce type de profil sont souvent non-maîtrisées.

? Un profil d'hyper-mobilité à risques calculés : il y a une stabilité dans les attaches socio-affectives et une mobilité tant du point de vue professionnel que « dans la tête ». Les choix professionnels ne sont pas figés, et cela entraîne une mobilité géographique importante dans un objectif de mobilité sociale ascendante. Les risques sont calculés et encouragés par la stabilité des attaches.

? Un profil de mobilité adaptée : il y a une stabilité dans les attaches et au niveau professionnel, et une mobilité « dans la tête ». La stabilité professionnelle se traduit par un choix de métier ou d'orientation clairement défini, compris et appuyé par l'environnement socio-affectif. La mobilité « dans la tête » permet de la souplesse, du réalisme et de l'ajustement par rapport à la réalisation de ce projet.

? Un profil d'immobilité dépendante : il y a instabilité dans tous les axes. Cela entraîne « un système d'attachement fait de relation fusionnelle et de dépendance à l'autre ». Les manques de lucidité, d'attaches et la précarité rendent ces jeunes « assujettis » : les décisions les engageant sont prises par d'autres. Ces jeunes sont ceux qui présentent le plus de risques de s'enfoncer dans une précarité permanente.

134 J.C. ACCARIER, 1999, p.8.

135 L'auteur précise : « La « mobilité dans la tête » c'est l'ouverture au changement, l'intelligence de situation, l'adaptation, la curiosité de la découverte, la propension à se mouvoir. « L'instabilité dans la tête » c'est le déséquilibre, la confusion de pensée, la rigidité à ne pas bouger dans sa représentation du monde, la fermeture au changement, la difficulté à se bouger »

Graphique n°7 : Comparaison des durée de séjours et des nuits correspondantes

Moins d'une Une semaine Un mois à Trois mois à Six mois à un Un an et plus

semaine à un mois trois mois six mois an

40%

20%

60%

50%

30%

10%

0%

Nuitées correspondantes

Durée de séjour

En terme de durée de séjour, il y a une répartition assez équitable entre les séjours courts (moins de trois mois) et les séjours longs (plus de trois mois) en nombre de personnes accueillies. Toutefois, il faut impérativement mettre ces données en rapport avec le nombre de nuitées pour comprendre l'orientation de l'action socio-éducative. En effet, les jeunes ayant séjourné moins de trois mois ne représentent que 9,4% des nuitées ; tandis qu'à eux seuls les résidents séjournant six mois et plus cumulent 77% des nuitées. Or c'est sur les personnes ayant une présence effective, constatée par le nombre de nuitées, que porte l'action socio-éducative. Donc cette dernière porte quasiexclusivement sur les résidents séjournant trois mois et plus au FJT.

Nous soulignerons que les études statistiques tendent à montrer que les jeunes qui réalisent des séjours courts sont ceux qui sont dans les situations de moins grande fragilité socio-économique (ressource, activité, diplôme).

Au niveau du taux d'occupation des FJT, Les chiffres globaux disponibles au niveau national sont les suivants :

Graphique n°8 : Taux d'occupation moyen des FJT au niveau national 136

136 Graphique réalisé par l'UFJT

La baisse du taux d'occupation dont fait état l'Union Nationale est contredite au niveau de la région Bretagne. En effet, lors de l'assemblée générale 2005 de l'Union Régionale des Foyers de Jeunes Travailleurs, il a été rapporté qu'« en Bretagne, les FJT sont occupés à 90 %, situation favorable par rapport à d'autres régions saturées »137.

Il faut bien évidement rapprocher ce constat de celui rapporté à la fin du chapitre sur l'histoire des FJT : la situation de crise du logement actuelle n'est pas sans rappeler la situation des années 1950. La hausse des loyers dans le secteur privé et la pénurie de logements sociaux entraîne une forte demande des jeunes dans l'un des seuls endroits accessibles pour eux, les Foyers de jeunes travailleurs. Cela n'explique pas malgré tout les divergences de chiffres avancés entre l'Union nationale et l'Union régionale de Bretagne.

II/ Le cadre participatif dans les foyers

Nous avons vu dans la partie consacrée à l'histoire des FJT que la participation des jeunes est à la fois voulue mais aussi source de conflit. Avec l'institutionnalisation des FJT, le cadre participatif est désormais fixé par différents codes ou lois comme nous allons le développer maintenant.

1/ Plusieurs instances légales

a/ Le conseil de concertation du Code de la construction138

La mise en place d'un conseil de concertation est obligatoire dans tous les logementfoyers (art. L. 633-4 du Code de la construction et de l'habitation).

Il est composé à parité de représentants du gestionnaire ou du propriétaire et de représentants des résidents désignés par le comité de résidents du foyer ou, à défaut, directement par les résidents eux-mêmes. Il faut noter que la notion de comité de résident évoquée ici n'est pas développée davantage quant à sa forme, sa composition et ses modalités de réunion.

Le conseil de concertation doit se réunir à la demande du gestionnaire ou des représentants des résidents au minimum une fois par an. Il doit être consulté sur l'élaboration et la révision du règlement intérieur. Il doit l'être également avant la réalisation de travaux, ainsi que sur tout projet et sur l'organisation, dont la gestion des espaces collectifs, ayant une incidence sur les conditions de logement et de vie des résidents.

Les membres du conseil de concertation peuvent être assistés de toute personne dont la compétence est jugée utile.

137 Citation tirée du Ouest-France, édition de Lorient, du 21 juin 2005

138 Textes de référence : Code de la construction et de l'habitation : articles L. 633-1 à L. 633-5, R. 353-154 à 164-1, R. 353-165 à R. 353-165-12 ; convention type APL « résidences sociales » ; convention type APL « logements-foyers autres que résidences sociales »

b/ La loi de rénovation sociale du 2 janvier 2002139

Cette loi instaure une série de dispositifs prônant la participation de l'usager, et notamment le Conseil de la vie sociale, qui est un dispositif de participation des usagers à la vie de l'établissement. Le concept de citoyenneté se retrouve dans le Conseil de la vie sociale sous deux formes : « La première "C'est parce que je fais la loi que j'y obéis"- autrement dit le règlement de fonctionnement doit être le fruit d'une concertation avec l'usager - et la deuxième acception, c'est organiser la vie dans la "cité"que constitue l'établissement »140. Nous retrouvons ici le fondement du concept d'autonomie : se donner (auto) sa propre loi (nomos), en nouant liberté individuelle et collective : « pour Hegel l'auto-nomos se confond avec la conformité à la raison, force qui ne s'impose pas de l'extérieur, alors que l'auto-législation est pour Castoriadis une procédure de décision, une participation, un acte »141.

(reproduit avec l'aimable autorisation de l'auteur)

Document n°9 : Dessin de Jiho , publication
originale dans lien social

Il est intéressant de noter que la genèse de cette instance remonte au conseil d'établissement instauré initialement par la loi du 30 juin 1975 relative aux institutions sociales et médico-sociales, qui fut suivie par de nombreux décrets, circulaires et lois ayant tous pour objectif la mise en place d'instances de participation des usagers dans les établissements. Or « Le conseil d'établissement n'a pas eu le succès qu'il aurait mérité. Tous secteurs confondus, moins d'un tiers des établissements se seraient acquittés de cette obligation »142. Le Conseil de la vie sociale imposé par la loi de rénovation sociale vise à rendre effective, après nombre d'essais infructueux, la participation des usagers dans les établissements.

Le conseil de la vie sociale est obligatoire lorsque l'établissement ou le service assure un hébergement. Les FJT qu'ils soient résidences-sociales ou logementsfoyers sont donc concernés. Une procédure très détaillée de la mise en place et du fonctionnement de ce conseil est établie par la loi143.

Le conseil de la vie sociale donne son avis et peut faire des propositions sur toute question intéressant le fonctionnement de l'établissement ou du service, notamment sur l'organisation intérieure et la vie quotidienne, les

139 Décret n° 2004-287 du 25 mars 2004 relatif au conseil de la vie sociale et aux autres formes de participation institués à l'article L. 311-6 du code de l'action sociale et des familles

140 J. SANCHEZ, 2004, p.17

141 Gérard DAVID, « Cornélius Castoriadis, le projet d'autonomie », 2001, disponible sur : http://perso.wanadoo.fr/marxiens/philo/castoria.htm

142 R. JANVIER & Y. MATHO, 2004, p.147

143 Le détail est joint dans l'annexe 2

activités, l'animation socioculturelle, les projets de travaux et d'équipements, la nature et le prix des services rendus, l'affectation des locaux collectifs, l'entretien des locaux, les relogements prévus en cas de travaux ou de fermeture, l'animation de la vie institutionnelle et les mesures prises pour favoriser les relations entre ces participants.

Bien évidemment il y a des enjeux de pouvoir qui apparaissent immédiatement sousjacents à la mise en place de ce genre d'instance, or il est clairement exprimé ici que le conseil de la vie sociale à une fonction d'avis, pas de décision. La fonction d'autorité, qui se traduit par le pouvoir de décision demeure de l'ordre de la direction des structures concernées. Ceci n'est pas sans susciter quelques interrogations : « Le fait que le conseil de la vie sociale n'ait aucun pouvoir de décision en entame quelque peu le caractère démocratique comme il porte ombrage à la crédibilité du législateur. Qu'est-ce en, effet, qu'un organe à caractère politique muet ou sans conséquence ? On peut se demander s'il ne s'agit pas, là encore, d'une mesure cosmétique permettant à l'Etat de se prétendre en phase avec la mouvance participative et citoyenne des usagers... »144.

En fonction de l'organisme ou de l'établissement il se peut que le conseil de la vie sociale ne puisse pas être mis en place. Un « groupe d'expression ou toute autre forme de participation » peut être institué dans ce cas ; « Qu'on l'appelle conseil de la vie sociale, groupe d'expression ou toute autre dénomination est de peu d'importance, pourvu qu'il remplisse ses multiples missions, dont la moindre n'est pas un apprentissage de la démocratie »145.

L'article L. 311-5 du code de l'action sociale et des familles précise ainsi que la participation peut également s'exercer :

? par l'institution de groupes d'expression au niveau de l'ensemble de l'établissement, du service ou du lieu de vie et d'accueil

? par l'organisation de consultations de l'ensemble des personnes accueillies sur toute question concernant l'organisation ou le fonctionnement de l'établissement, du service ou du lieu de vie ou d'accueil

? par la mise en oeuvre d'enquêtes de satisfaction.

Ces adaptations appellent plusieurs commentaires. Sur un versant positif, deux remarques. D'abord il faut y voir le désir du législateur de ne pas substituer systématiquement aux instances déjà existantes le conseil de la vie sociale. Si nous avons souligné que la loi du 30 juin 1975 n'avait eu qu'une application imparfaite, nombre d'établissements ont tout de même mis en place des instances de concertations ; puisqu'elles existent et fonctionnent autant les conserver. Ceci est également le cas des Foyers de Jeunes Travailleurs : les instances existantes, mises en place en suivant le Code de la construction, peuvent ainsi perdurer. Ensuite il s'agit d'une souplesse importante par rapport aux procédures visant à établir le conseil de la vie social. Nombre d'établissements, tels les Centres d'Hébergement et de Réadaptation Sociale (CHRS) ou les Foyers de Jeunes Travailleurs ont un public effectuant des séjours courts ou irréguliers. Cela est parfaitement incompatible avec certains aspect formels de la loi 02/2002 tel l'élection pour un à trois ans de délégués et de suppléants. Le législateur

144 Yves BOUTROUE, Les cahiers de l'actif, n°330/331 p.151

145 Idem

offre donc une assez large possibilité d'adaptation, l'essentiel étant qu'une forme adaptée de participation soit mise en oeuvre.

Sur un versant négatif, nous pouvons rappeler que cela exclut du cadre général et crée des « citoyens de seconde zone ». Par ailleurs, il s'agit d'un amoindrissement de la portée du conseil de la vie sociale. Or celle-ci est déjà limitée : « Cet organe, qui n'a aucun pouvoir de décision, doit pouvoir donner un avis écouté sur tout ce qui concerne la vie de l'institution (...). Ses avis doivent être en effet écoutés, car si son objet pédagogique/éducatif doit être atteint, certains de ses avis doivent être suivis d'effets, sous peine de déconsidérer l'ensemble du dispositif (et de ses attendus) aux yeux des usagers »146. Nous retrouvons ici les critiques déjà formulée dans le chapitre intitulé « Participer dans un cadre spécifique ? ».

c/ Le cadre associatif

Les chiffres nationaux donnés pour 2003 par l'UFJT indiquent que parmi les 353 FJT adhérents, 92% sont des associations loi 1901. Le statut associatif est donc la règle très largement dominante.

Il n'y a pas de statut-type propre aux associations FJT. Toutefois très classiquement, les associations gestionnaires ont une assemblée générale annuelle des adhérents, un conseil d'administration qui se réunit à quelques reprises durant l'année, et un bureau qui se réunit régulièrement et s'occupe de la gestion courante.

Parmi les administrateurs, il y a bien entendu des représentants des adhérents, il y a souvent des membres de droit représentants les administrations (Ville, CAF, DDASS...) et les organismes partenaires (bailleurs sociaux, Mission Locale...), souvent aussi des représentants du personnel.

Les représentants des adhérents au conseil d'administration, par exemple les jeunes résidents, ne sont pas nécessairement élus lors de l'assemblée générale de l'association mais plutôt lors de l'assemblée générale de la résidence dont ils font partie.

Ce cadre associatif est très important, les FJT se revendiquent ainsi dans la mouvance de « l'économie sociale », c'est à dire « ...un espace associatif autonome, à la fois spécifique et réellement intermédiaire entre l'Etat et le marché, à partir duquel pourrait se reconstruire le lien social... »147.

2/ Une affirmation politique forte de l'UFJT148

La charte de l'UFJT dans son « Engagement collectif 2000-2002 » affirme le point suivant : « Chaque action devra être conçue et réalisée de telle manière que ceux à qui elle s'adresse puissent trouver en y participant un apprentissage ou un approfondissement de la responsabilité individuelle et collective, de la délibération, de la prise de décision et plus généralement des pratiques et rituels démocratiques ».

146 Idem

147 M. BARTHELEMY, 2003, p.77.

148 Les différentes motions d'orientation citées dans ce chapitre sont disponibles sur le site internet de l'UFJT.

Cela est réaffirmé dans la motion d'orientation 2002-2004 sous une autre forme : « Nous permettrons aux jeunes de découvrir et d'utiliser le lien associatif comme un des lieux de développement de leur être politique par un travail sur la place qu'ils peuvent prendre dans nos associations, et par un soutien aux projets qui les mettent en situation de construire ensemble une volonté générale. ».

Dans la motion 2004-2006 quatre orientations sont définies dont l'une porte sur la démocratie et affirme la conviction de l'UFJT que « L'acte éducatif est un préalable à la citoyenneté et qu'il nécessite la recherche de formes prenant en charge les évolutions et les méthodes qui croisent volonté de démocratie participative et pratiques de l'éducation populaire ».

Cela est traduit dans le programme d'action national pour 2004-2006149 par le point suivant :

Document n°10 : Extrait du programme d'action national 2004-2006 de l'UFJT

S'il faut voir dans ces différentes motions une affirmation forte, c'est bien qu'il y a « ...déficit constaté dans ce domaine... »150. Il est permis de se demander l'efficacité de cette injonction car « ...elle indique également la dominante d'une conception classique de la participation -c'est à dire mobilisant des formes de l'implication exclusivement basées sur le modèle de la démocratie représentative aujourd'hui en crise- dont rien ne dit d'ailleurs qu'elle soit en phase avec les attentes juvéniles »151. La mention faite dans le tableau précédent concernant des « pratiques innovantes en matière de

149 Disponible sur le site internet de l'UFJT

150 B. BASTIEN & P. BATAILLE, 1998, p. 126

151 Idem p. 126-127

participation » semble montrer que cet obstacle est connu.

Toutefois nous soulignerons que l'UFJT ne reste pas au stade des recommandations, et pour montrer la voie, l'Union a mis en place début 2005 au niveau national une commission pédagogie pour les professionnels, et pour les résidents une nouvelle instance appelée « Collège des jeunes ».

La commission pédagogie est un « nouvel espace en charge de la réflexion, la capitalisation, et la diffusion de nos pratiques pédagogiques » dont l'un des axes est de « Soutenir un protocole de recherche sur la participation des jeunes ».

Le « Collège des jeunes » a pour but de concrétiser cette volonté politique. L'extrait d'interview d'un jeune membre de cette nouvelle instance illustre l'intérêt que les résidents peuvent y trouver152.

Document n°11 : Extrait de Brèves n°79

Qu'espérez-vous apporter à cette instance ?

V : D'abord de la jeunesse. Nous avons une attente différente des autres membres du CA car nous sommes aussi résidents. On voit la situation et les problèmes au jour le jour comme l'insécurité, l'insertion des jeunes, etc., de nombreux pôles sur lesquels on a envie de travailler. Nous sommes sans doute les mieux à même d'apporter une base concrète au CA...

B : ... et qui colle à la réalité, même s'il est vrai que les actions menées jusqu'à présent étaient déjà bien conformes aux réalités des foyers.

 

152 Extrait du n°79 de Brèves, le journal interne de l'UFJT, en avril 2005, interview complète jointe en annexe 4

Chapitre 2 : L'enquête menée auprès des FJT

I/ Objectifs, formes et mise en oeuvre 59

1/ Croiser connaissance formelle et opinions 59

a/ Étudier l'organisation des instances 59

b/ Interroger l'avis subjectif des acteurs 59

2/ Méthodologie et protocole 60

a/ Le choix du questionnaire 60

b/ Protocole suivi 60

3/ Présentation du questionnaire 61

II/ Résultats de l'enquête 62

1/ Les retours 62

2/ Les résultats 63

a/ Données sur les enquêtés 63

b/ Données sur les FJT 65

c/ Données sur les instances 66

d/ Données sur les opinions 71

III/ Enseignements retirés 80

1/Interprétations des résultats 80

a/ Des constantes dans l'organisation 80

b/ Des écarts à l'intérieur même des FJT 80

c/ Des écarts entre les catégories interrogées 81

d/ Un intérêt affirmé par tous 81

2/ Préconisations 82

a/ Clarifier et adapter les instances 82

b/ Les professionnels garants de la permanence 83

c/ Rapprocher jeunes et administrateurs 85

I/ Objectifs, formes et mise en oeuvre

Les FJT comptent trois types d'acteurs : les jeunes résidents, les professionnels et les administrateurs. Ces acteurs ont des rôles différents, ils n'ont pas les mêmes positions, pas les mêmes attentes, pas les mêmes intérêts.

Afin d'analyser comment fonctionne la participation dans les FJT il semblait pertinent d'étudier par catégorie d'acteur d'une part la connaissance formelle de l'organisation des différentes instances, d'autre part l'opinion subjective sur l'utilité et l'efficacité de cette participation.

Concernant l'organisation il peut exister des différences entre le cadre formel prévu par les textes et sa mise en oeuvre. L'analyse de ces différences est importante : sont-elles liées à une nécessaire accommodation pour faciliter la participation d'un public qui a besoin d'une certaine souplesse du cadre, auquel cas il s'agit de palier une forme d'inadaptation de ce cadre ? S'agit-il au contraire d'un glissement insidieux, et dans ce cas n'est-il pas préjudiciable à la participation, ne lui fait-il pas perdre du sens et une forme de « garantie démocratique »?

1/ Croiser connaissance formelle et opinions
a/ Étudier l'organisation des instances

Nous avons vu que les textes qui régissent la participation des jeunes au sein des FJT offrent une certaine souplesse, aussi paraissait-il important d'étudier et comparer ces instances au sein de différentes structures.

Un double objectif est visé par l'enquête. D'une part analyser globalement l'organisation pratique de la participation des jeunes qui résident en FJT (forme, rythme, désignation des délégués, manière de rendre compte...), et la place de cette instance par rapport aux autres instances de l'institution, ceci bien sûr en relation avec les obligations légales des FJT. D'autre part évaluer quel est le niveau de connaissance des différentes catégories d'acteurs, voir si cette connaissance est homogène que ce soit au sein de chaque catégorie ou au sein de chaque foyer. Le niveau d'information et de compréhension quant au fonctionnement est un élément essentiel car il témoigne de la connaissance et du partage de « la règle du jeu » démocratique.

b/ Interroger l'avis subjectif des acteurs

Les enjeux ne sont pas les mêmes pour les différentes catégories d'acteur, aussi est-il intéressant d'étudier leurs opinions tant sur la nécessité de cette participation que sur son efficacité ou encore sur son objet. Là encore l'objectif est de voir si les opinions sont homogènes ou hétérogènes, que ce soit en terme de catégorie d'acteurs ou au sein de chaque structure.

Nous avons vu dans les définitions données à la participation que ce terme en fonction

de la pratique pouvait en fait relever plutôt de la consultation, de la concertation, de la co-gestion ou de la co-décision. Interroger l'avis subjectif vise également à situer dans quel mode se situe la participation au sein des FJT.

2/ Méthodologie et protocole a/ Le choix du questionnaire

L'objectif étant d'interroger les trois catégories d'acteurs des FJT, il paraissait plus aisé et plus adapté de réaliser une enquête par questionnaires. En effet, si les professionnels semblaient aisément mobilisables, il n'en est pas de même ni pour les administrateurs ni pour les résidents, qui ne sont pas joignables directement et qui de ce fait sont plus difficilement mobilisables. De plus l'enquête par questionnaires présente l'avantage de pouvoir étendre assez aisément le nombre de structures interrogées et l'espace géographique de l'enquête. Enfin, une partie des informations recherchées portant sur un aspect très formel de l'organisation, les questionnaires semblaient parfaitement adaptés.

Le choix méthodologique retenu a donc été d'adresser des questionnaires à un panel de FJT, en mobilisant pour leur diffusion et leur retour les professionnels socio-éducatifs. Pour cela un questionnaire unique à destination des trois catégories d'acteurs a été élaboré, afin de pouvoir réaliser des comparaisons tant au sein de chaque structure que par catégorie.

L'enquêteur n'étant pas présent, le choix de poser majoritairement des questions fermées a été fait. Cette méthode paraissait la mieux adaptée afin de limiter les écarts d'interprétation de la part des enquêtés, et donc d'éviter de trop grandes divergences dans les réponses. Le questionnaire fermé permet également d'opérer aisément à un classement comparatif. Le choix de la logique dans l'ordre des questions et les items de réponse proposés a été fait préalablement - et arbitrairement - par l'enquêteur, c'est la limite de cette méthode qui n'offre pas la même liberté au répondant qu'un entretien. Toutefois certaines possibilités de choix multiples mais aussi des espaces de commentaires ont été aménagés afin de permettre une expression plus fine et plus ouverte des enquêtés.

b/ Protocole suivi

Le protocole défini a été d'enquêter auprès de quinze FJT, à raison de six questionnaires par FJT soit deux destinés aux résidents, deux pour les professionnels, deux pour les administrateurs. Cela représentait au total quatre-vingt-dix questionnaires envoyés, le but étant d'avoir un retour en nombre suffisant pour établir des statistiques de façon valable.

Les FJT sélectionnés sont du grand ouest (onze en Bretagne et quatre en Pays de Loire). Ce n'est pas un tirage aléatoire, ils ont été choisis soit parce qu'ils faisaient partie du réseau de relations professionnelles de l'enquêteur, soit parce qu'un travail particulier autour de la citoyenneté et de la participation y était en cours ou avait eu lieu.

L'information concernant ces derniers provenait d'un échange à ce sujet sollicité par l'enquêteur auprès de l'Union Régionale des FJT de Bretagne. Afin de balayer une palette diversifiée de FJT, la sélection a évité les foyers dépendants du même organisme gestionnaire, comme c'est le cas dans nombre de grandes villes où existent plusieurs FJT gérés par une même association. En fait, dans cette enquête une seule ville est représentée par deux FJT, mais ceux-ci sont totalement indépendants l'un de l'autre.

Un courrier postal préalable pour informer de la démarche et de sa forme a été envoyé à chaque FJT pré-sélectionné à la mi-janvier 2005, adressé nominativement à un membre de l'équipe éducative (animateur, adjoint ou directeur).

Les questionnaires avec le courrier d'accompagnement et l'enveloppe-réponse ont été acheminés par voie postale fin janvier, leur retour étant demandé pour la mi-février. Il n'y avait dans la lettre d'accompagnement qu'une seule consigne particulière : « ...je vous demande concernant les résidents de remettre l'enquête à des jeunes ayant déjà participé à une réunion de concertation du FJT, ce qui me semble nécessaire afin qu'ils puissent répondre » 153.

Une première relance soit par courriel soit par courrier a été réalisée fin février.

Une seconde relance accompagnée d'un court questionnaire afin d'éclairer les raisons de la non-participation, et une enveloppe réponse ont été envoyées par voie postale le 7 mars 2005.

3/ Présentation du questionnaire

Les questionnaires envoyés étaient strictement identiques sur le fond, mais distingués par un code couleur différent par catégorie d'acteur afin de faciliter leur diffusion. Chaque questionnaire portait un code identifiant unique afin de rendre aisées les opérations de traitement soit par catégorie soit par FJT.

Une attention particulière a été portée sur les questions et les réponses proposées afin d'éviter un vocabulaire trop conceptuel ou trop complexe ainsi que le jargon professionnel. Il importait de tendre vers une compréhension homogène des trois publics visés, et par dessus tout ne pas mettre en difficulté les jeunes résidents appelés à répondre.

De même afin de ne pas prendre trop de temps aux enquêtés ni risquer de perdre leur capacité d'attention, un soin particulier sur le format, la présentation et l'architecture du questionnaire a été apporté. L'objectif dès son élaboration était de limiter le questionnaire à un livret de quatre pages (A3 recto-verso), à la fois pratique à manipuler, sans risque de perte de feuillets, et surtout dont le format ne soit pas d'entrée rebutant. La progression thématique et l'ordonnancement des questions/réponses tout au long du document visaient également la facilitation, notamment en réutilisant la même trame pour plusieurs questions et les mêmes items pour plusieurs réponses, l'intention étant

153 Extrait de la lettre d'accompagnement jointe aux questionnaires

d'augmenter le confort des enquêtés154.

II/ Résultats de l'enquête

1/ Les retours

Le premier courrier de contact a entraîné le refus d'un FJT, un courrier d'accompagnement expliquant que la vaste restructuration en cours de leur foyer ne leur laissait pas le loisir de participer.

Suite à l'envoi des enquêtes, un autre FJT a pris contact pour dire son impossibilité de répondre du fait de l'inadaptation du questionnaire à son statut. En effet, il s'agissait d'un FJT en gestion municipale et non associative. C'est donc là une erreur d'échantillonnage de la part de l'enquêteur, d'autres FJT connus comme étant en gestion municipale avaient été écartés, celui-ci avait échappé à cette sélection.

Au final sur les quinze FJT sélectionnés deux ce sont donc désistés. L'échantillon conservait donc treize foyers, soit un potentiel de soixante-dix-huit questionnaires. Les retours sont détaillés dans le tableau ci-après :

Tableau n°1: Taux de retour de l'enquête

 

FJT ayant participé

Enquêtes
retournées

Refus

Non
réponse

Nombre de retours

9

43

3

1

Pourcentages
de retours

69,23%

55,13%

23,08%

7,69%

 

Neuf FJT sur les treize sollicités ont participé à l'enquête, quatre en renvoyant tous les questionnaires, cinq en retournant de trois à cinq questionnaires. Au final quarante-trois questionnaires remplis sont revenus à l'enquêteur, ce qui fait un taux de retour supérieur à la moitié.

Trois foyers ont finalement « profité » de la seconde relance pour notifier leur refus, par manque de disponibilité pour organiser l'enquête dans leur structure.

Il faut noter que le petit questionnaire visant à analyser les non-réponses n'a pas été rempli à cette occasion, les correspondants indiquant simplement leur manque de temps. Seul un FJT n'a donné aucune réponse.

154 Questionnaire complet joint en annexe 3

2/ Les résultats

a/ Données sur les enquêtés

Il y a une différence par catégorie d'agent dans le nombre de questionnaires renvoyés et dans leur répartition par sexe, comme le montre le graphique ci-après.

Graphique n°9 : Répartition par catégorie et par sexe des participants

25

nombre

22,5

17,5

12,5

7,5

2,5

20

15

10

5

0

Femmes
Hommes

Résidents Professionnels Administrateurs Total

catégorie

Les professionnels ont été les plus nombreux à répondre (39,5% du total des réponses), devant les résidents (32,5%) et les administrateurs (28%)155. Cela n'est pas surprenant, en effet les professionnels sont les plus aisément disponibles, et aussi les plus réceptifs, sans doute de par le mode de sélection opéré pour les envois.

Le contact très direct qui existe entre les résidents et les professionnels a permis un bon
retour, même si des questionnaires ont été « perdus en route » pour reprendre
l'expression utilisée par un directeur dans un courrier accompagnant des questionnaires.

Les administrateurs sont crédités du plus faible retour, c'était là quelque chose d'attendu. Ils sont plus loin des professionnels qui servaient de relais à l'enquête, dans une relation souvent indirecte, donc plus difficiles à informer au préalable et moins faciles à relancer par la suite.

Il y a une quasi parité homme-femme dans les retours au niveau global, avec 53% d'hommes pour 47% de femmes. Une majorité de résidentes et de professionnelles ont répondu, par contre il n'y a qu'un quart d'administratrices pour trois quart d'administrateurs ; en conséquence c'est cette catégorie à elle seule qui fait basculer la majorité du côté des hommes. Ce résultat particulièrement déséquilibré est conforme aux statistiques nationales portant sur les administrateurs, comme le montre le

155 Au niveau du traitement de l'enquête, cette disproportion a été prise en compte : les résultats concernant les résidents et les administrateurs ont été affectés d'un coefficient pour les ramener au niveau de l'échantillon le plus important, celui des professionnels.

graphique156 reproduit ci-après :

Graphique n°10 : Composition des conseils d'administration des associations
adhérentes à l'UFJT selon le sexe (en pourcentages)

Par contre, concernant les résidents et les professionnels, les femmes sont surreprésentées. En effet pour ce qui est des résidents, les données nationales de l'UFJT pour 2003 indiquaient 42% de résidentes pour 58% de résidents.

En ce qui concerne les professionnels, les données manquent concernant le personnel socio-éducatif. Par contre pour le personnel d'encadrement les données nationales sont les suivantes157 :

Graphique n°11 : Répartition par sexe des salariés occupant des postes
d'encadrement dans le réseau UFJT (en pourcentages)

Comment interpréter ces sur-représentations pour les professionnelles et les
résidentes ? Aucune donnée précise ne venant éclairer ce fait, nous avancerons
prudemment deux hypothèses uniquement pour les jeunes enquêtées. Peut-être les

156 Extrait de l'enquête comparative menée par Noria BOUKHOBZA et Christine CATARINO pour la FUAJ et l'UFJT avec le soutien du FNDVA, « La place des femmes et des hommes dans le secteur associatif de l'éducation populaire » publiée en avril 2003, disponible sur le site internet de l'UFJT.

157 Idem

résidentes sont-elles plus investies dans les instances participatives du FJT ? Peut-être ont-elles été davantage sollicitées par les professionnels car estimées plus fiables quant au retour ?

L'âge moyen des enquêtés est de 21 ans pour les résidents, 35 ans pour les professionnels, 48 ans pour les administrateurs.

L'amplitude d'âge pour les résidents va de 16 à 29 ans, ces données sont dans la norme des FJT.

Concernant les professionnels les âges vont de 22 à 52 ans (sept répondants ont moins de 35 ans et dix ont plus) ce qui permet de supposer une répartition assez équitable des réponses entre le personnel éducatif, les adjoints et les directeurs.

Pour les administrateurs le résultat diverge beaucoup par rapport aux statistiques nationales où l'âge moyen des administrateurs avoisine les soixante ans. Cet écart s'explique par la participation de trois administrateurs de 25 ans et moins, qui donc représentent le quart des réponses et font chuter l'âge moyen. Si ces trois jeunes administrateurs sont ôtés de l'échantillon, l'âge moyen passe à 59 ans, ce qui correspond bien à la moyenne nationale. Bien entendu cette présence de très jeunes administrateurs a surpris l'enquêteur à la réception des questionnaires, et fait craindre une erreur dans leur distribution. Vérification faite auprès des FJT il n'y a pas d'erreur, ce sont bien des administrateurs qui ont répondu. Il s'agit de résidents ou d'anciens résidents qui interviennent au conseil d'administration, et qui ont répondu en tant qu'administrateurs.

b/Données sur les FJT

Graphique n°12 : Taille des FJT enquêtés

0-39 lits 15,91%

40-79 lits 11,36%

+120 lits 47,73%

80-119 lits 25,00%

Les FJT enquêtés sont en majorité de grandes structures, près de la moitié ont plus de

120 lits, ou moyennes, un quart ont entre 80 et 119 lits. En fait, l'étude de détail des enquêtes montre qu'il existe un biais dans les réponses, certaines réponses étant faites par rapport à la capacité globale de l'association, c'est le cas de plusieurs administrateurs, tandis que d'autres étaient données par rapport à la seule résidence d'hébergement, c'est le cas des résidents. Il n'en demeure pas moins que la tendance est bien à des structures d'hébergement moyennes à grandes.

Graphique n°13 : Taille des FJT au niveau national

Les données recueillies au niveau de l'enquête sont assez conformes aux statistiques nationales, comme en témoigne le graphique ci-dessus.

c/ Données sur les instances

Les instances recensées préalablement à l'enquête sont au nombre de trois. Deux d'entre elles concernent la vie de la résidence, il s'agit tout d'abord de l'assemblée générale annuelle des résidents, et ensuite de la réunion régulière des résidents. La dernière instance concerne l'association gestionnaire, il s'agit de son conseil d'administration. L'objectif des questions concernant ces trois instances était d'une part de vérifier si ce schéma d'organisation se retrouvait d'un foyer à l'autre, d'autre part de mettre en évidence le niveau de connaissance qu'en avait chaque groupe d'acteur à l'intérieur des foyers.

L'assemblée générale des résidents du FJT

A la question « Y-a-t-il une assemblée générale annuelle des résidents ? », le résultat cumulé global avoisine les 54% de réponses positives, 41% négatives et 5 % « je ne sais pas ». Dans le détail il faut noter que le groupe des professionnels répond majoritairement (62,5 %) qu'il n'y a pas d'assemblée générale annuelle des résidents, ce qui constitue un véritable paradoxe. Les résidents et les administrateurs comprennent-ils la notion d'assemblée générale différemment des professionnels ? Dans ce cas peutêtre considèrent-ils comme une assemblée générale un type de réunion qui pour les professionnels n'en est pas une formellement ?

Les questions suivantes portaient sur les aspects pratiques et très formels de cette assemblée générale.

A la question « Y-a-t-il un ordre du jour préparé et diffusé avant cette assemblée générale ? » 64 % des réponses globales ont été positives, 18 % négatives et 18 % « je ne sais pas » , et ceci sans écart significatif en fonction du groupe de répondants. Nous pouvons donc considérer qu'une majorité significative des FJT organisant une assemblée générale des résidents prépare et diffuse au préalable un ordre du jour. L'interrogation suivante était « Par qui est préparé et diffusé cet ordre du jour ? ». Les enquêtés répondent à 59 % que ce sont les professionnels, à 33 % les administrateurs et à 15 % les résidents. Les professionnels sont donc prépondérants dans l'élaboration et la diffusion de l'ordre du jour.

Concernant le compte rendu de l'assemblée générale , il y a eu 52 % de réponses globales positives, 18 % négatives et 15 % « je ne sais pas ». Il y a des écarts entre les groupes puisque les 15 % de « je ne sais pas » ne sont constitués que par des résidents et des administrateurs, tandis que le groupe des professionnels à répondu à 83 % positivement. Cela est à mettre en parallèle avec la question complémentaire concernant la préparation de ce compte rendu, qui d'après les enquêtés est à 94 % réalisé par les professionnels. Si ce sont les professionnels qui quasi-exclusivement rédigent le compte-rendu d'assemblée générale, ils sont forcément les mieux renseignés quant à son existence... Une nouvelle fois cette question met en avant le rôle prépondérant des professionnels.

Les deux dernières questions à propos de l'assemblée générale concernaient la représentation des résidents. A l'interrogation « Y-a-t-il une élection des représentants des résidents pour l'année ? » les réponses sont partagées : 50 % de oui, 41 % de non, et 9 % de « je ne sais pas », et ceci sans divergences d'une catégorie à l'autre. De même à la question suivante portant sur la manière dont sont remplacés les délégués élus, les réponses sont réparties entre les trois choix proposés sans écart de catégories158. Les réponses sont ici variées car liées au fonctionnement différent en la matière d'un foyer à l'autre, et non à un appréhension liée à la catégorie d'acteur.

La réunion régulière des résidents

La question portant sur le nom de cette réunion a recueilli des réponses convergentes de la part de l'ensemble des enquêtés puisque deux items sur les sept proposés retiennent à eux seuls 72 % des citations. Il s'agit dans l'ordre de « conseil des résidents » (37 %) et de « comité de résidents » (35 %). Une seule autre proposition recueille un nombre significatif de suffrages, il s'agit de « autre » (14 %). Cela correspond à des appellations liées à une organisation spécifique dans le FJT comme par exemple des « conseils d'étage » ou des « comités d'animation », ou alors à des variations légères dans le nom comme « conseil d'établissement ».

Nous retiendrons de cette question sur le nom que l'appellation utilisée correspond à l'instance qui est préconisée dans le code de la construction ; par contre aucun FJT n'utilise le terme « conseil de la vie sociale » lié à l'application de la loi de rénovation sociale.

La question portant sur la fréquence de la réunion a donné lieu à des réponses très
hétérogènes de la part de toutes les catégories de répondant. Pour 27 % elle est
mensuelle, pour 29 % trimestrielle, pour 43 % à autre rythme (bimensuelle souvent).

158 36 % répondent « par l'organisation de nouvelles élections », 36 % « sur la base du volontariat », 28 % « autre »

Cela témoigne de la souplesse et de l'adaptation de cette instance au sein de chaque foyer.

La réunion régulière des résidents réunit un nombre variable de 12 à 25 résidents, accompagnés par 2 à 3 professionnels. Ces chiffres correspondent à une moyenne faite à partir des réponses, mais il faut souligner qu'elles sont à la base très homogènes : d'une part la proportion variable de résidents et de professionnels est vraiment la règle ; d'autre part le nombre de participants d'un FJT à l'autre est sensiblement identique.

Fort logiquement, à la question « Quels résidents peuvent participer ? » la réponse est à 86 % « tous les résidents » contre 12 % qui répondent « seulement les résidents élus ». Là encore nous constatons que le cadre est souple afin de favoriser la participation

Graphique n°14 : Quels professionnels participent à la réunion des résidents ?

1,87%

13,59%

74,01%

10,53%

Personnel éducatif

Directeur adjoint Directeur

Autre

Le personnel socio-éducatif est l'interlocuteur privilégié des résidents au sein de cette instance. En fait cette catégorie est citée dans tous les questionnaires recueillis, et parfois s'y ajoute un adjoint de direction ou un directeur. L'encadrement de la réunion des résidents est donc clairement une tâche dévolue au personnel éducatif.

Deux questions étaient posées concernant la participation des administrateurs à la réunion des résidents : peuvent-ils y participer, et si oui le font-ils ? La réponse a la première question a été positive pour 77 % des sondés, sans écart d'une catégorie à l'autre. Par contre pour la seconde question il y a des divergences importantes comme le montre le tableau suivant :

Tableau n°2: Fréquence de la participation des administrateurs à la réunion des
résidents

 

« Régulièrement »

« Exceptionnellement »

« Jamais »

Résidents

8%

33%

59%

Professionnels

9%

27%

64%

Administrateurs

56%

44%

0%

 

Les administrateurs indiquent participer à la réunion des résidents soit régulièrement soit exceptionnellement. Aucun n'indique ne jamais participer. Au contraire, les résidents comme les professionnels répondent très majoritairement que les administrateurs ne participent jamais ou exceptionnellement.

Le conseil d'administration

La première question était « Les résidents ont-ils des représentants au conseil d'administration du FJT ? ». Les résultats sont particulièrement contrastés en fonction des catégories comme en témoigne le tableau suivant :

Tableau n°3: Connaissance de la participation des résidents au conseil
d'administration

 

« Je ne sais
pas »

« Non »

« Oui »

Résidents

28,00%

36,00%

36,00%

Professionnels

 

53,00%

47,00%

Administrateurs

 

33,00%

67,00%

 

Pour les deux tiers des administrateurs interrogés les résidents sont présents au CA. Moins de la moitié des professionnels et un peu plus d'un tiers des résidents répondent la même chose. Une proportion importante des résidents ne sais pas.

Une hypothèse peut être avancée sur ces divergences de réponses. La question portait sur la représentation et non sur la participation effective. Peut-être les administrateurs ont-ils plus répondu sur une représentation statutairement prévue, tandis que professionnels et surtout résidents se sont attachés davantage à la participation réelle ?

A posteriori, il est dommage de n'avoir pas reproduit pour cette question le même schéma que celui utilisé pour celle concernant les administrateurs et la réunion régulière des résidents, où il était demandé d'abord « Peuvent-il participer ...» puis « Participentils... ». En tout cas il y une divergence importante d'interprétation qui tend à montrer une mauvaise connaissance de la participation des jeunes résidents à cette instance.

Document n°13 : témoignages de résidents

Quand et comment êtes-vous entré au conseil d'administration de l'UFJT ?

Vincent : Vu notre participation très active dans la vie de notre foyer, notre animateur nous a proposé à Bertrand et moi (NDLR : Vincent et Bertrand sont tous deux résidents du même foyer) de participer à l'AG de l'UFJT. C'est lors de cette réunion que l'on nous a proposé de faire partie du CA.

Laurent : Nous sommes tous membres du conseil de vie sociale de nos foyers et en tant que tels nous devions participer à l'AG. Jusqu'au jour même on ne savait pas qu'il y aurait une élection pour nous.

Omar : Lorsqu'on m'en a parlé, ça m'a donné envie de faire partie de cette expérience.

Bertrand : Un membre de l'équipe est venu nous voir car il souhaitait trouver des personnes concernées par les questions liées à la jeunesse pour compléter ce collège jeune. C'était une décision du hasard. On a été enthousiaste dès le départ car ça peut enrichir notre façon de voir les choses.

Source : Brèves n°79

Au final nous pouvons constater une connaissance peu homogène des différentes instances, et des divergences dans les réponses en fonction de la catégorie d'acteur. Sans doute faut-il voir un défaut d'information, un manque d'échange qui nuit à la connaissance mutuelle.

Le document159 dans le cadre ci-contre croise assez bien ces constats de l'enquête, et est assez symptomatique puisque l'un des jeunes dit bien qu'il ne savait pas qu'il y aurait une élection, tandis qu'un autre évoque au sujet de sa délégation une décision du hasard.

L'organisation pratique des instances

Des questions étaient posées à propos de l'assemblée générale et de la réunion des résidents sur des aspects très formels. Il s'agissait ainsi de savoir d'une part si un ordre du jour puis un compte-rendu étaient diffusés ; d'autre part d'identifier qui les réalisait.

Tableau n°4: Connaissance de l'ordre du jour et du compte-rendu des instances

 

Y-a-t-il un ordre du jour ?

Y-a-t-il un compte-rendu ?

 

Conseil de
résidents

Assemblée
générale

Conseil de
résidents

Conseil
d'admi-
nistration

 

Non

Oui

 

N SP*Non

Oui

NSP

Non

Oui

 

N SP*Non

Oui

Non

Oui

Résidents

29%

14%

57%

29%

21%

50%

14%

29%

57%

17%

33%

50%

60%

40%

Profes- sionnels

0%

50%

50%

6%

29%

65%

0%

17%

83%

0%

19%

81%

50%

50%

Administrateurs

22%

0%

78%

0%

33%

67%

33%

11%

56%

25%

33%

42%

57%

43%

Total

18%

18%

64%

12%

28%

60%

18%

18%

64%

13%

28%

60%

56%

44%

 

*Note : NSP signifie ne sais pas

En ce qui concerne l'assemblée générale et le conseil des résidents, les réponses sont majoritairement affirmatives toutes catégories confondues. Il y a bien pour 60 à 64 % des enquêtés diffusion d'un ordre du jour et d'un compte-rendu. Ce n'est pas une majorité « écrasante », et 30 à 36 % répondent négativement ou ne savent pas.

159 Extrait du journal interne de l'UFJT Brèves n°79, en avril 2005, interview complète jointe en annexe 4

La seule instance pour laquelle une majorité de non a été exprimée est le conseil d'administration. Il n'y aurait donc pas de compte rendu de cette réunion. Il faut prendre cela avec réserve, dans la mesure ou peu de réponses ont été exprimées puisqu'une majorité d'enquêtés n'y a pas répondu160.

Il y des écarts dans les réponses entre les catégories. Concernant l'ordre du jour les résidents sont ceux qui répondent le plus « ne sais pas » (29 %). Concernant les comptes-rendus, les professionnels sont de loin les plus affirmatifs (83 % et 81 %).

Tableau n°5 : Rédacteurs de l'ordre du jour et du compte-rendu des instances

 

Qui rédige l'ordre du jour ?

Qui rédige le compte rendu ?

 

Conseil de résidents

Assemblée
générale

Conseil de
résidents

 

Pro.

Adm.

Rés.

Pro.

Adm.

Rés.

Pro.

Adm.

Rés.

Pro.

Adm.

Total

15%

59%

26%

0%

94%

6%

32%

68%

0%

4%

91%

4%

 

Légende : Rés. = résidents ; Pro. = professionnels ; Adm.= administrateurs

Ce tableau ne présente que les résultats globaux car les écarts entre catégories étaient insignifiants. Quel que soit le document et l'instance, il y a une prépondérance des professionnels dans la rédaction des documents. Nous rapprocherons cela bien entendu du fait qu'ils sont les plus affirmatifs concernant l'existence de comptes-rendus ; s'ils les rédige, il est normal que les professionnels soient le plus au courant de leur existence.

En croisant les résultats des tableaux 4 et 5, nous constatons que cette connaissance est inégalement partagé. Nous pouvons supposer qu'il y a déficit dans la communication. A ce sujet, il était demandé aux enquêtés de préciser les modes de diffusion des différents documents. L'affichage est le plus souvent cité, c'est le moyen le plus utilisé. Les convocations distribuées ou les documents individuels en libre accès sont souvent cités, mais plus particulièrement pour la diffusion d'ordre du jour. Une minorité citent l'utilisation d'un journal interne au foyer pour relayer toutes ces informations.

d/ Données sur les opinions

Dans ce chapitre sont regroupées à la fois ce qui constituait la quatrième et dernière partie du questionnaire intitulé « Votre opinion sur la participation des résidents », et les deux dernières questions de la deuxième partie. Ces deux questions en effet sont relatives d'une part aux thèmes abordés lors de la réunion des résidents et d'autre part aux raisons de la participation. Elles dépendent moins d'une connaissance formelle que d'un ressenti, il paraissait logique de les classer ici.

160 Nous avons vu dans le tableau n°3 qu'une minorité des enquêtés à répondu positivement à propos de la participation des jeunes au conseil d'administration, et par conséquent il y a eu peu de réponses sur l'ensemble de ce chapitre.

Extrait du questionnaire n°1 : Sujets abordés lors de la réunion des résidents

Parmi les thèmes suivants cochez ceux qui font régulièrement partie de la réunion des résidents et barrez ceux qui n'en font jamais partie :

l'animation/les loisirs la vie quotidienne

les travaux dans le FJT

les tarifs du FJT

le règlement intérieur

le restaurant du FJT

la situation individuelle de certains résidents

la prévention (santé, sécurité routière)

comment gérer son budget

autre(s) (veuillez préciser) :

 

L'ambition de la double consigne était d'obtenir un contraste dans les réponses. Les résultats ont été saisis en accordant un point positif chaque fois qu'un item a été coché ou un point négatif chaque fois qu'il était barré. Voici les résultats par catégorie concernant cette question.

Graphique n°15/16/17 : Thèmes abordés lors de la réunion des résidents selon
chaque catégorie d'acteur

Résidents

L'animation/les loisirs
La vie quotidienne
Les travaux
Les tarifs
Le règlement intérieur
Le restaurant

La situation individuelle de certains résidents

La prévention (santé, sécurité routière)

Comment gérer son budget

Autre(s)

 
 

-9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10111213 141516

Professionnels

L'animation/les loisirs
La vie quotidienne
Les travaux
Les tarifs
Le règlement intérieur
Le restaurant

La situation individuelle de certains résidents

La prévention (santé, sécurité routière)

Comment gérer son budget

Autre(s)

 
 

-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 10 12 14 16

Administrateurs

L'animation/les loisirs
La vie quotidienne
Les travaux
Les tarifs
Le règlement intérieur
Le restaurant du FJT

La situation individuelle de certains résidents

La prévention (santé, sécurité routière)

Comment gérer son budget

Autre(s)

 
 

-4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

Avant de commenter les détails des résultats, il faut noter qu'il y a un déséquilibre entre
les citations positives qui montent à un maximum cumulé de 42 citations, et les

négatives dont le plus haut cumulé est de 15 citations. La comparaison est donc significative non pas en opposant item par item le nombre de citations, mais en opérant à un classement de chaque thème d'un côté dans le positif et de l'autre dans le négatif.

Les trois thèmes les plus cités comme faisant partie de la réunion des résidents toutes catégories confondues sont en premier l'animation, en second la vie quotidienne, en troisième la prévention. L'animation n'a par ailleurs été citée par personne dans les thèmes jamais abordés. C'est donc clairement le thème principal, le coeur de la réunion des résidents. La vie quotidienne comme la prévention sont citées à quelques reprises dans les thèmes jamais abordés, mais avec un faible taux de citation négative, cela ne constitue donc pas un paradoxe réel. La vie quotidienne reste donc d'évidence le second thème majeur, et la prévention le troisième.

Le thème qui vient en quatrième en cumulant les catégories est le règlement intérieur, mais avec un paradoxe évident. Ce thème vient en troisième position des thèmes les plus cités par les professionnels et en quatrième pour les administrateurs, et il n'est aucune fois cité négativement par ces catégories. Par contre en ce qui concerne les résidents c'est le second thème cité comme ne faisant jamais partie de la réunion, et il reçoit deux fois plus de citations négatives (6) que de citations positives (3). Il n'y a donc pas à l'évidence la même appréhension de cette thématique entre les résidents d'un côté, les professionnels et les administrateurs de l'autre. Le règlement intérieur est pourtant l'un des thèmes majeur devant faire l'objet de débat dans les instances participatives, que ce soit lorsque l'on se réfère au code de la construction ou à la loi de rénovation sociale.

Les travaux dans le FJT viennent en cinquième position dans les thèmes les plus souvent cités, avec là aussi une appréhension différentes en fonction des catégories. Pour les résidents c'est le troisième thème le plus cité, pour les professionnels le cinquième et pour les administrateurs le sixième. L'expérience personnelle de l'enquêteur permet d'avancer que les conditions matérielles d'hébergement occupent toujours une place importante lors des réunions avec les résidents. Cette préoccupation est confirmée ici lorsque les jeunes enquêtés placent en troisième position les travaux dans le FJT. Nous rappellerons ici le constat fait au chapitre consacré à la participation : ce sont les sujets proches des préoccupations immédiates qui favorisent l'investissement. Les réponses apportées au public sur de tels sujets sont un préalable pour obtenir leur engagement ultérieur sur d'autres thèmes.

La restauration recueille autant de citations négatives que positives, mais cela est lié à un biais déjà signalé. En effet certains FJT n'ont pas de restaurant, par conséquent cet item ne peut être valablement analysé.

Le thème des tarifs recueille plus de citations négatives que positives. C'est le thème qui arrive en tête des citations négatives chez les résidents, en second chez les administrateurs, en quatrième chez les professionnels, alors que dans le même temps il n'est que le huitième thème dans les citations positives. Les tarifs semblent donc un thème n'intéressant pas, ou très marginalement, la réunion des résidents.

Extrait du questionnaire n°2 : Objet de la participation des résidents

Pour vous, les résidents participent à la réunion pour : (classez de 1 à 6 les propositions, 1 étant le plus important et 6 le moins important)

faire des propositions rencontrer d'autres résidents

prendre des décisions présenter des revendications

recevoir des informations débattre avec les responsables du FJT

 

Pour le traitement les items ont été rentrés dans un tableau avec une note inversement proportionnelle au classement : l'item ayant été classé premier a reçu 6 points contre 1 points pour celui classé sixième. Ainsi une faible note correspond à un « mauvais » classement et une forte note à un classement élevé.

Graphique n°18 : Raisons de la participation des résidents :

Rencontrer d'autres résidents

Faire des propositions

Recevoir des informations

40

80

60

20

0

100

Prendre des décisions

Débattre avec les responsables du FJT

Présenter des revendications

Résidents Professionnels Administrateurs

Ces trois courbes sont intéressantes car elles présentent globalement la même forme quelle que soit la catégorie d'acteur, les avis sont donc assez bien partagés. « Recevoir des informations » et « Faire des propositions » arrivent en tête. « Rencontrer d'autres résidents » et « Présenter des revendications » viennent ensuite. Par contre , « Débattre avec les responsables » et surtout « Prendre des décisions » sont des propositions nettement mises en retrait.

Nous pouvons replacer ces réponses sur l'échelle de la participation décrite dans la
première partie de ce mémoire. Rappelons que le premier degré est l'information « Il
s'agit d'évaluer des attentes dans un mouvement ascendant, et de faire connaître les

décisions prises dans un mouvement descendant ». Toutes catégories confondues, les deux items qui recueillent les plus fortes notes sont « Recevoir des informations » et « Faire des propositions », tandis que dans le même temps la note la plus faible est attribuée à « Prendre des décisions ». Cela correspond bien à la définition du premier degré, l'information. La consultation, qui est le second degré, n'est peut-être pas très éloignée. Par contre nous sommes loin de la concertation ou de la participation qui sont les deux derniers degrés.

La participation des résidents dans les FJT ne s'inscrit pas dans un processus de codécision ou de co-gestion.

Extrait du questionnaire n°3 : Intérêt de faire participer des résidents

Pour vous, quel est l'intérêt pour le FJT de faire participer les résidents : (trois choix possibles maximum)

utiliser les idées des résidents répondre à une obligation légale

mieux connaître les résidents responsabiliser les résidents

favoriser la citoyenneté des résidents

échanger des informations permettre l'expression des résidents ressentir l'ambiance et prévenir les

tensions dans le FJT

autre :

Pour le traitement, chaque fois qu'un item a été coché, un point lui a été donné, le diagramme suivant illustre les résultats161 :

Graphique n°19 : Intérêt de la participation des résidents :

Utiliser les idées des résidents

Répondre à une obligation légale

Mieux connaître les résidents

Responsabiliser les résidents

Favoriser la citoyenneté

Echanger des informations

Permettre l'expression des résidents

Ressentir l'ambiance/prévenir les tensions

Autre

Résidents Professionnels Administrateurs

0 2,5 5 7,5 10 12,5 15 17,5 20 22,5 25 27,5

Taux de réponse (en pourcentage)

161 Les résultats ont été ramenés en pourcentage des réponses par catégories, ce qui offre une lecture plus contrastée.

Il y a de fortes divergences puisque l'ordre d'importance est différent pour chaque catégorie.

Pour les professionnels deux thèmes arrivent largement en tête « favoriser la citoyenneté » et « permettre l'expression des résidents » (26 % chacun), puis vient en troisième « responsabiliser les résidents » (18 %). A elles seules ces trois réponses emportent 70 % des citations des professionnels, c'est donc un avis tranché. Il faut relever qu'assez paradoxalement, « échanger des informations » est un des thèmes les moins cités (2 %), alors qu'il parait compléter celui de l'expression des résidents.

Pour les administrateurs, les thèmes les plus cités sont les mêmes que pour les professionnels, mais pas dans le même ordre et pas avec la même force. En effet, « responsabiliser les résidents » et « favoriser la citoyenneté » recueillent le plus de citations (19 % chacun), puis vient « permettre l'expression des résidents » (16,5 %). Les trois thèmes totalisent donc 54,5 % des réponses, cet avis n'est donc pas aussi tranché que celui des professionnels.

Tant pour les professionnels que pour les administrateurs ce sont les propositions les plus volontaires qui ont choisies, celles qui s'orientent vers une participation active des résidents.

Les jeunes mettent en avant « utiliser les idées des résidents » (20,5 %), puis « permettre l'expression des résidents » et « échanger des informations » (15,5 % chacun). Cela fait plus de la moitié des citations consacrées à des thèmes qui sont de l'ordre de la communication. Il s'agit pour eux de s'exprimer, d'échanger puis de voir valoriser le résultat de cette expression. Ce qu'ils recherchent c'est un mouvement ascendant qui fonctionne entre eux et le Foyer de Jeunes Travailleurs.

Les deux dernières questions de l'enquête était très directes, en forme d'évaluation de la participation d'abord au point du vue de la qualité de son fonctionnement, ensuite sur sa nécessité.

Extrait du questionnaire n°4 : Questions directes sur la qualité et la nécessité de la
participation des résidents

Pour vous, la participation des résidents est quelque chose qui fonctionne : (un seul choix possible)

parfaitement plutôt bien très mal

très bien plutôt mal pas du tout

Pour vous, proposer aux résidents de participer aux différentes instances du FJT c'est : (deux choix possibles maximum) :

indispensable souhaitable inutile

nécessaire illusoire impossible

Pour la deuxième question, un double choix était possible, l'idée étant que cela pouvait permettre de nuancer en cumulant un item positif et un item négatif (indispensable mais illusoire, souhaitable mais impossible...), mettant ainsi en avant les écarts entre le voulu et le réalisé.

Les résultats à ces questions sont extrêmement positifs, et ceci quelle que soit la catégorie d'acteur interrogée , aussi les traitements ci-après sont globaux :

Graphique n°20: Comment fonctionne la participation des résidents ? 162:

60 55 50 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 -5 -10 -15

Parfaitement Très bien Plutôt bien Plutôt mal Très mal Pas du tout

Les réponses positives sont très largement majoritaires, puisque 82 % des choix ce sont portés sur des items positifs, contre 18 % à des propositions négatives. Toutefois, il n'y a pas « excès d'enthousiasme », puisque les deux items médians « plutôt bien » et « plutôt mal » recueillent à eux seul 70 % des réponses. Dans le même temps il faut noter que les extrêmes positifs sont presque six fois plus nombreux que les extrêmes négatifs (29 % contre 5 %).

Les différences de réponses entre catégories d'agents ne méritaient pas un traitement spécifique, toutefois trois points remarquables peuvent être relevés. La réponse « parfaitement » est l'apanage exclusif des résidents, l'item « plutôt mal » est composé aux trois-quart de réponses de professionnels, le « pas du tout » est composé au deuxtiers d'administrateurs.

162 La représentation graphique indique en négatif les résultats portant sur des items négatifs, ceci afin de faciliter la compréhension. Toutefois les réponses représentées ici ont été ramenées en pourcentage, leur total en valeur absolue est donc de 100 %.

Graphique n°21 : Intérêt de la participation des résidents :

40 38 35 33 30 28 25 23 20 18 15 13 10 8 5 3 0

 
 

Indispensable Nécessaire Souhaitable Illusoire Inutile Impossible

 

Les opinions positives sont exprimées encore plus massivement ici toutes catégories confondues, avec 95 % d'items positifs utilisés, et aucune utilisation des deux propositions les plus négatives.

Il y a peu de différences dans les réponses des différentes catégories, nous noterons simplement que ce sont les professionnels qui utilisent le plus l'item « indispensable ».

La possibilité de cocher deux réponses a été utilisée à dix-sept reprises par les enquêtés. Toutefois, cette possibilité n'a pas été utilisée pour nuancer les réponses mais pour les appuyer. C'est ainsi que « indispensable et nécessaire » ont été associés sept fois, « nécessaire et souhaitable » six fois, « indispensable et souhaitable » une fois. A trois reprises seulement « illusoire » a été associé a un autre mot, deux fois à « nécessaire », une fois à « indispensable ».

Les associations de couple ne sont donc pas celles imaginées par l'enquêteur lors de l'élaboration du questionnaire, mais n'en sont que plus intéressantes. Elles contribuent bien sûr à massifier les réponses positives, mais c'est l'orientation qu'ont voulu donner les enquêtés et cela reflète leur opinion.

III/ Enseignements retirés

1/ Interprétations des résultats

a/ Des constantes dans l'organisation

Les professionnels ont une intervention importante au niveau formel. Ce sont eux d'après ce qui ressort de l'enquête qui majoritairement s'occupent de préparer les ordres du jour, de faire la publicité, de rédiger et diffuser les compte-rendu en ce qui concerne tant l'assemblée générale que la réunion régulière des résidents. Par ailleurs ils représentent une permanence, à l'opposé des résidents qui effectuent des séjours courts ou des aller-retours peu propices non seulement à un engagement sur la durée mais aussi à une transmission à d'autres.

b/ Des écarts à l'intérieur même des FJT

Au niveau méthodologique, ces écarts ont été mesurés en comparant les réponses des différents acteurs au sein du même FJT sur des points de connaissance formelle des instances. Toutefois, les foyers n'ayant renvoyé que trois ou quatre questionnaires ont été écartés, afin d'éviter de faire des comparaisons alors qu'une catégorie d'acteur n'est pas représentée du tout. Seules les structures ayant fait parvenir cinq ou six questionnaires ont donc été retenues pour cette partie de l'étude, soit cinq structures sur les neuf ayant participé.

Quatre questions ont été utilisées pour illustrer ces écarts, une concernant l'assemblée générale des résidents, deux sur la réunion régulière des résidents, une sur le conseil d'administration de l'organisme gestionnaire.

Les réponses sont synthétisées dans le tableau suivant :

Tableau n°4: comparaison des réponses au sein cinq FJT

 

Y-a-t-il une A.G.
des résidents ?

Quelle est la
fréquence de la
réunion des résidents ?

Les administrateurs
peuvent-ils participer
à la réunion des
résidents ?

Les résidents ont-ils
des représentants
au C.A. ?

 

Non

Oui

Trimes-
trielle

Men-
suelle

Autre

Non

Oui

Ne sais
pas

Non

Oui

FJT 1

1

3

1

1

3

2

1

5

1

3

2

FJT 2

0

5

1

0

6

0

0

6

0

6

0

FJT 3

0

1

5

0

0

6

0

6

0

0

6

FJT 4

0

3

3

4

1

2

2

4

0

5

1

FJT 5

0

2

3

2

0

3

1

4

0

0

5

 

Sur les cinq structures retenues, il apparaît clairement que les informations et la connaissance des instances ne sont pas identiques.

Dans les deux FJT figurant en bleu les différents acteurs ont une connaissance homogène du fonctionnement global des différentes instances, ce qui témoigne d'une appropriation du système en place que l'on soit résident, professionnel ou administrateur.

Par contre, dans trois FJT figurant en rouge c'est l'inverse, ce dont témoigne l'éparpillement des réponses. Cet éparpillement est plus important sur les deux premières questions que sur les deux dernières. Nous pouvons donc avancer que l'assemblée générale des résidents et la réunion des résidents163 sont les instances dont la connaissance est la moins bien partagée entre les différentes catégories d'acteur.

c/ Des écarts entre les catégories interrogées

Les trois catégories d'acteurs qui existent au sein des FJT (les jeunes résidents, les professionnels et les administrateurs), n'ont pas la même compréhension ou pas la même connaissance du fonctionnement et des attributions des différentes instances. En fait chaque catégorie connaît l'instance qui lui est proche. Les résidents décrivent de façon assez homogène le conseil des résidents, de même que les administrateurs le font concernant le conseil d'administration ; par contre la connaissance « croisée » des instances apparaît plutôt mauvaise.

Il y a bien sûr une logique à cela, car ces instances sont spécialisées, les sujets abordés au conseil des résidents sont différents de ceux abordés en CA. Toutefois, il devrait exister une convergence sur un certain nombre de thèmes, et sans doute cela n'est pas valorisé, ce qui est dommageable sur le plan de l'éducation à la citoyenneté.

Il convient de noter ici un regret a posteriori concernant l'enquête. Il eut été intéressant de réaliser une analyse plus fine concernant les professionnels, simplement en demandant la fonction occupée, afin d'étudier si des différences apparaissaient entre le personnel éducatif et le personnel d'encadrement. En effet il ressort de l'enquête que c'est le personnel éducatif qui encadre le conseil des résidents. Peut-être de son côté le personnel d'encadrement est plus proche des administrateurs ?

d/ Un intérêt affirmé par tous

La réponse aux questions directes concernant à la fois l'intérêt et la qualité de la participation des résidents est claire et nette, elle est voulue par tous et elle fonctionne plutôt bien.

Les plus positifs sont les résidents164, les modalités de participation qui leur sont offertes les satisfont. Nous pouvons avancer que pour eux il s'agit d'un espace de communication avec les pairs, d'affirmation de soi et un mode de relation avec les adultes nouveau. C'est un premier pas, un premier investissement dans la vie de la cité apprécié.

163 Un répondant du FJT 1 et un autre du FJT 4 ont coché deux cases au lieu d'une à la question sur la fréquence de la réunion. Ces deux réponses « surnuméraires » ont été incluses dans le tableau, c'est pourquoi à deux endroits il y a plus de réponses que de répondants.

164 Soulignons ici que le parti-pris de l'enquête a été d'interroger des résidents ayant déjà une expérience de la participation au FJT, ces conclusions ne concernent donc que des jeunes déjà sensibilisés.

Les professionnels sont traversés de sentiments plus contradictoires. Ils sont les plus affirmatifs quant à la nécessité de faire participer les résidents sur un plan pédagogique de formation politique, au sens de l'ouverture à la vie de la cité. Un professionnel a rajouté à l'enquête que « la participation est indispensable si on se veut association d'éducation populaire », rappelant là l'origine du mouvement des FJT. En même temps ce sont eux qui considèrent le moins le rôle des résidents comme ouvrant à la décision, les cantonnant à une participation-information, loin de la co-gestion.

En rapprochant la taille moyenne des FJT (114 places) avec la moyenne des jeunes participants à la réunion régulière des résidents (12 à 26) obtenus par l'enquête, nous pouvons estimer que le taux de participation oscille entre 10 et 20 %. Ce chiffre est très approximatif, et doit être pris avec réserve. Toutefois, il indique malgré tout que la participation des jeunes dans les FJT est supérieure à celle observée dans d'autres instances. Pour mémoire les chiffres avancés sont de l'ordre de 2 à 3%. C'est là pour les FJT une réussite et un atout indéniable, qui corrobore les réponses positives quant à l'intérêt et à la qualité de la participation des résidents.

2/ Préconisations

Les FJT ont une triple raison de valoriser la participation des résidents aux instances qui y existent. Cela participe à une socialisation-politique des jeunes accueillis, ce qui est particulièrement important pour ceux d'entre-eux qui ne l'ont pas eu par transmission familiale. Les FJT permettent aux jeunes de s'investir sur des sujets proches de leurs centres d'intérêt, le foyer constitue ainsi une cité à leur échelle. L'investissement des jeunes dans la vie des associations gestionnaires ne peut qu'augmenter la pertinence des politiques menées. Toutefois pour atteindre cela, des adaptations sont nécessaires.

a/ Clarifier et adapter les instances

Ce qui ressort de l'étude des différences instances, c'est qu'il y a un manque de clarté. Fondamentalement celui-ci est lié à un enchevêtrement d'instances ne répondant pas aux mêmes réglementations. Il y a d'un côté le fonctionnement associatif, de l'autre le code de la construction, enfin la loi 2002-2. Ces réglementations autorisent malgré tout une souplesse importante dans l'organisation, permettant de nombreuses adaptations.

L'association est le lieu privilégié de la citoyenneté car c'est le lieu de la parole qui institue, qui décide. L'association a des difficultés pour faire une place dans ses instances aux jeunes représentants les résidents, mais la proposition peut être renversée : les jeunes ont des difficultés pour investir la place qui leur est proposée. Toutefois ce serait une erreur de croire qu'ils s'en désintéressent, comme le montre ce commentaire d'un résident rajouté à son questionnaire « Il serait correct vis-à-vis des résidents, et je crois d'ailleurs que la réglementation des associations du type loi 1901 l'impose, de les inviter à assister aux différents conseils d'administration ».

Le conseil des résidents est un lieu d'échange de parole, mais il ne s'agit pas d'une parole qui institue, il est ici question de parole donnée, d'expression ouverte. Cette liberté d'expression, encouragée et facilitée par les équipes éducatives permet d'entendre la voix des résidents, mais sans la transformer en voix élective à l'étage

associatif : « L'erreur courante consiste à croire que la démocratie se définit par la "parole donnée", l'expression ouverte... Si la liberté d'expression caractérise du point de vue du Droit les démocraties, celles-ci ne s'établissent pas sur ce principe mais bien sur l'idée : "Un homme une voix". Autrement dit, si c'est bien la parole qui est en cause c'est la parole qui institue, qui décide, la parole performative, la parole qui légifère »165.

Ce constat n'est pas propre au conseil des résidents en FJT, mais il existe de la même façon pour d'autres instances destinées aux jeunes : « Ces espaces de délibération ne se situent pas dans le champ politique. Ils sont pré-politiques. Mais sous peine de les réduire à des théâtres de marionnettes, il convient de leur octroyer une certaine "effectibilité" dans le domaine politique (...) là où se prennent les décisions et où elles sont appliquées »166.

Le noeud de cette situation-problème est donc la clarification et l'articulation entre les deux pôles. Nous pouvons considérer qu'à l'étage du conseil de résident, l'objectif est d'initier les résidents à l'exercice de la parole collective, du débat ; par analogie cela ressemble à un exercice de démocratie directe. A l'étage du conseil d'administration les( représentant des jeunes peuvent et doivent accéder à la parole instituante ; c'est là un deuxième niveau d'initiation, cette fois à la démocratie représentative. Il s'agit là d'aspect fondamentaux, la difficulté majeure demeurant d'articuler les deux niveaux et de les adapter, notamment en raison de la mobilité du public.

La démocratie a besoin de procédures et de règles, et cela suppose des institutions pour les mettre en place, mais au delà des règles les formes sont à adapter. Nous retrouvons ici le débat classique sur l'application de la loi, entre l'esprit et la lettre. Un FJT a apporté un témoignage intéressant en ce sens, en joignant aux questionnaires deux documents rapportant les adaptations imaginées167. Chaque année une sensibilisation est opérée durant le mois de septembre auprès des jeunes nouvellement arrivés, puis au mois d'octobre des élections de délégués ont lieu. La forme de ces élections montre une adaptation originale. Chaque résident se voit remettre une liste des candidats qui se sont déclarés durant le mois de sensibilisation. Ensuite « ...a lieu l'élection où chaque résident va pouvoir remettre sa liste, sur laquelle il aura rayé des noms, dans une urne présente dans le hall d'accueil entre 17h et 20h. Le bureau de vote est tenu par les résidents de l'ancien conseil. A 20h, le dépouillement a lieu à la cafétéria : il suffit d'avoir au moins 15% des voix pour être élu ; les 8 résidents ayant le plus de voix sont élus ; les 4 autres suivant sont suppléants et remplacent les élus s'ils partent en cours de mandat ». Il y a dans cet exemple une conservation des formes de la démocratie représentative, ce qui permet pour les jeunes une expérimentation citoyenne. Il y a aussi une adaptation puisque seulement 15% de voix sont nécessaires pour être élu. Nous retrouvons ici mis en application la remarque faite au chapitre sur la participation : l'objectif est bien de faire participer des résidents et non l'ensemble.

b/ Les professionnels garants de la permanence
Au vu du renouvellement constant du public au sein des FJT, l'organisation formelle des

165 Reynald BRIZAIS, « Citoyens en institution, institution citoyenne », document de cours Cadre et direction, MST IDS - DSTS de Nantes, 2005

166 Jean-Charles LAGREE in « Problèmes politiques et sociaux » n°862, p. 7

167 Documents joints en annexe 5

instances représentatives est inadaptée. Il est peu probable que les jeunes résidents soient là en permanence sur un cycle annuel, et si les foyers respectent à la lettre les formes prévues, nous pouvons craindre qu'ils passent alors plus de temps et d'énergie à organiser les remplacements des délégués qu'à s'attacher au fond, c'est à dire faire émerger la parole des résidents.

Une constante demeure liée au roulement important du public. Face à cela, il est primordial d'avoir une stabilité du mode d'organisation et de transmission. Celle-ci est assurée par les professionnels. Le rôle prépondérant qu'ils ont, nous l'avons vu dans l'enquête, au niveau de l'organisation pratique (convocations, ordre du jour, compterendus...) montre qu'ils assument déjà en grande partie ce rôle. La rotation du public entraîne la nécessité d'expliquer aux nouveaux venus le fonctionnement des instances. Ce sont les professionnels socio-éducatifs qui assurent cette mission du fait de leur relation privilégiée auprès du public, et c'est une mission fondamentale : « La cité étant au service des personnes, le pouvoir doit reposer sur leur confiance et s'efforcer de la maintenir par un contact permanent avec l'opinion »168. Les professionnels ont ainsi un rôle de transmission et de contact permanent. Cela fait d'eux les garants du fonctionnement des instances et de la participation des jeunes. Ce rôle est usant, du fait de la rotation quasi-permanente du public. C'est à eux d'inventer et de garantir des manières de transmettre, afin que les jeunes nouvellement arrivés puissent s'en saisir. Cela implique également de veiller à ce qu'il n'y ait pas confiscation par quelques-uns de la participation. Nous remarquerons que le rôle de transmission assuré par les professionnels pourrait être relayé par les administrateurs s'il y avait plus de convergence entre le conseil d'administration et le conseil de résidents.

Pour tenir compte de l'engagement possible, mais limité à une thématique précise, la majorité des FJT propose aux résidents de s'investir au sein de commissions spécifiques. Le travail en commissions constitue, au vu des enquêtes, une adaptation réussie, ce qui rejoint les constats sur les nouvelles modalités de l'engagement : « Il serait erroné de parler de désimplication. Si persiste dans l'opinion cette idée tenace du retrait et du repli individuel, y compris vis à vis de la vie associative, c'est essentiellement parce que les modalités de la participation ont changé (...), le militantisme à vécu et le dévouement à une grande cause ne fait plus recette (...). La participation n'est plus l'inféodation, l'engagement n'est plus l'enfermement et il n'est jamais définitif (...) ; ce qui n'empêche pas un véritable investissement individuel mais sur fond de décision personnelle souvent ponctuelle et conditionnelle, liée à une action précise (...) »169.

Si le cadre et le public des FJT est spécifique, le fonctionnement de la participation y répond au même schéma général, soit le triptyque suivant :

habitant/jeune élu/administrateur

professionnel/technicien

168 Marc BLOCH, cité p. 217 du Guide républicain.

169 SUE Roger, 2001, p.152-153

Dans ce schéma, les professionnels ont un rôle de tiers, or « Il est important que les élus et les habitants aient l'impression d'avoir une influence sur la personne qu'ils mettent en position de tiers »170. Un résident a rajouté un commentaire à l'enquête, qui reprend pour partie cela « Lors des commissions de résidents beaucoup de sujets sont abordés mais tous n'aboutissent pas, soit dans un cas les résidents lâchent le projet en cours, ou l'administration coupe court au projets ». Cette réflexion retranscrit bien ce sentiment de ne pas avoir d'influence, ce qui est fortement préjudiciable à la participation. Il est primordial qu'aucune question soulevée ne reste lettre morte. Pour cela il faut d'une part constituer des outils de suivi pour relayer les propositions, les idées, les doléances. D'autre part il faut apporter des réponses tranchées, ne pas attendre que la question « s'éteigne d'elle même ». Cela se fait dans certains foyers, puisqu'un résident enquêté a rajouté dans le questionnaire « Après l'assemblée générale il y a un compte-rendu point par point avec une réponse de l'administrateur ».

c/ Rapprocher jeunes et administrateurs

Un administrateur enquêté a rajouté au questionnaire la phrase de commentaire suivante : « Le contact avec les résidents est assuré essentiellement par les directeurs et les animateurs ». Est-ce un constat, est-ce un regret de sa part ? Un professionnel a lui rajouté ceci : « La participation devrait impliquer tous les acteurs du FJT et notamment le CA. Il faudrait un réel accompagnement pour espérer pratiquer une démocratie participative ».

Ces phrases reprennent bien en tout cas l'un des constats de l'enquête, il y a une grande distance entre jeunes résidents et administrateurs. Les centres d'intérêt, les temporalités mais aussi les lieux de rencontre sont différents. Pourtant ils devraient se rencontrer, puisque d'un côté il ressort de l'enquête que les administrateurs peuvent, s'ils le veulent, prendre part au conseil des résidents ; et de l'autre que des représentants des résidents devraient participer au conseil d'administration de l'association.

Les rapprocher demande une adaptation des formes et des modalités des instances. Les commissions mises en place dans une majorité de foyers constituent une de ces adaptations. Elles favorisent la participation des jeunes résidents parce qu'elles répondent plus directement à leurs intérêts, or « ...construire de l'intérêt général demande d'abord de passer par l'intérêt particulier »171. Cela n'implique pas pour autant leur participation aux instances décisionnelles de l'association. La difficulté pour rapprocher les résidents et les administrateurs est le passage du « micro » au « macro ». L'intérêt des résidents se porte sur des éléments de proximité, du quotidien, tandis que l'objet du conseil d'administration porte sur une échelle beaucoup plus vaste. Pourtant les deux sont liés, mais pour qu'il y ait rencontre il faut un mouvement réciproque des deux parties.

Les commissions peuvent constituer un lieu intermédiaire de rencontre. Les jeunes résidents peuvent y évoquer des problèmes précis et particuliers, centrés sur le court terme. Les administrateurs peuvent y expliquer en quoi ces soucis proches s'insèrent dans une problématique plus vaste, courant sur le moyen ou le long terme. Cela peut

170 Francis RATIER, compte rendu de la journée « Participation des habitants du 31 janvier 2002 » organisée par RésO Villes (centre de ressources politiques de la ville Bretagne/Pays-de-Loire), disponible sur www.resoville.com, p.21

171 Francis RATIER, RésO Villes, 2002, p.9

permettre aux jeunes de comprendre que leur participation s'inscrit sur une échelle qui dépasse le cadre de leur séjour, et aura des effets positifs pour d'autres après eux. Nous sommes bien là dans l'apprentissage de l'intérêt général. D'un autre côté, cela peut permettre aux administrateurs de se rendre compte qu'il n'y a pas de problèmes anodins ou mineurs. Dans le contexte de Foyers qui accueillent un certain nombre de jeunes disqualifiés socialement, les « petits soucis » sans réponses peuvent être vécus comme dégradants, la dimension symbolique étant en ce cas bien plus importante que la dimension réelle.

Conclusion

« La préoccupation des pouvoirs publics et des adultes est généralement concentrée sur l'inscription de représentants des jeunes dans les organismes dont les adultes contrôlent le fonctionnement, sans se préoccuper d'abord de la formation d'une parole collective dont les délégués seraient porteurs »172. Ce constat, qui corrobore des éléments relevés dans l'enquête auprès des FJT, est a rapprocher d'un des points fondamentaux de l'agora grecque : il faut une concitoyenneté pour créer la vie publique commune, or l'octroi de la parole par un mouvement descendant met à mal l'un des piliers de la citoyenneté, l'iségoria. Le manque d'égalité dans la proposition et la prise de décision collective entraîne que nous ne sommes pas réellement dans une vie publique commune, mais plutôt dans une vie publique avec des « titulaires » et des « suppléants » invités des premiers. C'est ici que nous retrouvons toute l'ambiguïté de la participation, qui d'une contribution active lorsque la parole est « prise » dans un mouvement ascendant, peut devenir simple caution lorsque la parole est « donnée » dans un mouvement descendant.

La prise de décision collective est un aspect majeur de la citoyenneté, c'est aussi ce qui crée un hiatus dès le départ dans les instances destinées à favoriser la participation. Ces instances sont des lieux d'énonciation mais pas des lieux de décision. Elles contribuent au dialogue, permettent de créer du lien entre les participants et sont sans nul doute constitutives d'une éducation à la citoyenneté. Mais ce ne sont pas des assemblées où la communauté des citoyens élabore la loi, or « Si on ne donne pas d'influence aux personnes qui participent à un processus d'implication, on ne voit pas pourquoi ils trouveraient un intérêt à participer aux démarches qu'on leur propose »173.

L'écueil que l'étude dans les FJT montre clairement, c'est le passage de ces instances « pré-citoyennes » aux lieux de décision. Le Conseil de la vie sociale, pour reprendre le terme générique, est un lieu destiné à la parole de l'usager. La décision, elle, est du ressort du Conseil d'administration de l'organisme. Les efforts et la réflexion doivent porter sur le passage, ou du moins sur l'articulation, sur le dialogue de l'un à l'autre. Pour cela, il faut intervenir à deux niveaux. D'abord au niveau de l'explication, c'est à dire de la pédagogie qui est développée pour que le public puisse comprendre le rôle et la spécificité de chaque instance, puis s'en saisir. C'est là lui permettre d'accéder au niveau de l'auto-nomos, de la règle qu'il a faite sienne et donc qu'il pourra utiliser. Ensuite, au niveau pratique, en rapprochant et coordonnant les différents acteurs.

Au niveau des écueils concernant la mise en place de la participation et des interrogations sur l'accès à la citoyenneté qu'elle permet, les constats ne sont pas différents qu'il s'agisse de FJT, de conseil de quartier ou de toute autre instance. Toutefois, il faut dépasser ces écueils et poursuivre l'effort, « Pour impliquer, mobiliser des personnes, généralement en situation d'exclusion, autour d'initiatives culturelles ou sociales, il faut porter et réaliser des projets qui les concernent. Ces personnes ont des choses à dire, il convient de leur donner la parole et de leur permettre de faire savoir ce qu'elles sont au-delà des portes du foyer »174. Les FJT ont deux atouts qu'il faut utiliser.

172 Institut de l'enfant et de la famille in « Problèmes politiques et sociaux » n°862, p.66

173 Francis RATIER, compte rendu de la journée « Participation des habitants du 31 janvier 2002 » organisée par RésO Villes (centre de ressources politiques de la ville Bretagne/Pays-de-Loire), disponible sur www.resoville.com

174 Extrait du journal de l'Unafo (Union des professionnels de l'hébergement social), Action habitat n°12, été 2005, disponible sur www.unafo.org

Tout d'abord le taux de participation y est plutôt important. Ensuite, notre expérience intime des FJT nous fait affirmer qu'il y demeure un élément tout à fait spécifique, celui du brassage social et culturel. Cet élément, pourtant très utopique, fonctionne. C'est un atout majeur par rapport à d'autres lieux, d'autre contextes participatifs où le capital social et culturel contribue à la confiscation de la parole.

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· ELLEFSEN Bjenk & HAMEL Jacques , « Citoyenneté, jeunesse et exclusion. Lien social et politique à l'heure de la précarité », RIAC, Montréal Québec, n°43, printemps 2000, p.133 à 141.

· ION Jacques, « Le temps de l'engagement pluriel », Sciences humaines, Auxerre, hors série n°39 décembre 2002/janvier-février 2003, p 58-63.

· LAGREE Jean-Charles, LONCLE Patricia, « Jeunes et citoyenneté », Problèmes politiques et sociaux, Aubervilliers, La documentation française, n°862 du 31 août 2001.

· ROUX Marie-Agnès, « Promouvoir la place de l'usager », Les Cahiers de l'Actif, n°318-319, p.137-147

· SARRAMAGO José, « Que reste-t-il de la démocratie ? », Le Monde diplomatique, août 2004, p.20

· SCHEHR Sébastien , « Processus de singularisation et formes de socialisation de la jeunesse », RIAC, Montréal Québec, n°43, printemps 2000, p.49 à 58.

· SUE Roger, « L'affirmation politique de la société civile », Cité, PUF, n°17-2004, p 25-37.

· Quelques références sitographiques :

· www.erudit.org , site de promotion et de diffusion des résultats de la recherche universitaire à l'Université de Montréal et à l'Université Laval à Québec, met à disposition un très bon moteur de recherche thématique, de nombreux articles sont disponibles gratuitement, téléchargeables au format PDF.

· www.injep.fr , site de l'Institut National de la Jeunesse et de l'Education Populaire, le centre de documentation de l'INJEP met à disposition sur le site un moteur de recherche documentaire thématique, et certaines revues de presse et de magazine sont disponibles en ligne, ainsi que tous les sommaires des publications de l'INJEP.

· www.ufjt.fr , site de l'Union Nationale des Foyers de Jeunes Travailleur, nombreux documents disponibles en ligne au format PDF, juridiques (statuts, conventions, règlements...), statistiques, politiques (chartes d'orientation) et aussi des travaux d'enquête (sur la parité...).

· www.vie - publique.fr , site de La documentation française.

Annexes

1/ Déclaration des droits de l'homme et du citoyen

2/ Composition et organisation de conseil de la vie sociale 3/ Le questionnaire d'enquête

4/ Brèves n°79, avril 2005

5/ Exemple d'une expérience menée en FJT

1/ Déclaration des droits de l'homme et du citoyen ( source : site du Conseil constitutionnel)

Les représentants du Peuple français, constitués en Assemblée nationale, considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de l'hom m e sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouverne m e nts, ont résolu d'exposer, dans une déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l'hom m e, afin que cette déclaration, consta m m e n t présente à tous les mem bres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs ; afin que les actes du pouvoir législatif et ceux du pouvoir exécutif, pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés ; afin que les récla mations des citoyens, fondées désor mais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la constitution et au bonheur de tous. En conséquence, l'Assem blée nationale reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l'Être suprême, les droits suivants de l'hom m e et du citoyen.

Article premier.

Les hom m e s naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuve nt être fondées que sur l'utilité commune.

Article II.

Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'hom m e. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression.

Article III.

Le principe de toute souveraineté réside essentiellem e nt dans la nation ; nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressé m e nt.

Article IV.

La liberté consiste à pouvoir (1 ) faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque hom m e n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membr es de la société, la jouissa nce de ces mêm es droits. Ces bornes ne peuvent être détermi nées que par la loi.

Article V.

La loi n'a le droit de défendre que les actions nuisibles à la société. Tout ce qui n'est pas

défend u par la loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu'elle n'ordon ne pas.

Article VI.

La loi est l'expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont droit de concourir

personnellem e nt, ou par leurs représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. Tous les citoyens étant égaux à ses yeux, sont égalem ent admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle (2) de leurs vertus et de leurs talents.

Article VII.

Nul hom m e ne peut être accusé, arrêté, ni détenu que dans les cas déterminés par la loi, et selon les formes qu'elle a prescrites. Ceux qui sollicitent, expédient, exécutent ou font exécuter des ordres arbitraires, doivent être punis ; mais tout citoyen appelé ou saisi en vertu de la loi, doit obéir à l'instant : il se rend coupable par la résistance.

Article VIII.

La loi ne doit établir que des peines strictem e nt et évidem m e nt nécessaires, et nul ne peut être puni qu'en vertu d'une loi établie et promulgué e antérieure m e nt au délit, et légalem ent appliquée.

Article IX.

Tout hom m e étant présum é innocent jusqu'à ce qu'il ait été déclaré coupable, s'il est jugé

indispensable de l'arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s'assurer de sa personne, doit être sévère me nt répri mée par la loi.

Article X.

Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi.

Article XI.

La libre com m u nication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'hom m e ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi.

Article XII.

La garantie des droits de l'hom m e et du citoyen nécessite une force publique ; cette force est donc instituée pour l'avantage de tous, et non pour l'utilité particulière de ceux auxquels (3 ) elle est confiée.

Article XIII.

Pour l'entretien de la force publique, et pour les dépenses d'ad ministration, une contribution

com m u n e est indispensable ; elle doit être égalem e nt répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés.

Article XIV.

Tous les citoyens (4) ont le droit de constater par eux- mêmes, ou par leurs représentants, la

nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi, et d'en

déterminer la quotité, l'assiette, le recouvre m e nt et la durée.

Article XV.

La société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration.

Article XVI.

Toute société dans laquelle la garantie des droits n'est pas assurée, ni la séparation des

pouvoirs détermi née, n'a point de constitution.

Article XVII.

La propriété (5 ) étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n'est lorsque la nécessité publiq ue, légale m e nt constatée, l'exige évidem m e nt, et sous la condition d'une juste et préalable indemnité.

La Déclaration discutée par l'Asse m blée nationale constituante du 20 au 26 août 1789, acceptée par le roi le 5 octobre et promulg ué e le 3 novem bre, a été placée ensuite, avec quelques variantes par rapport au texte initial, en tête de la Constitution de 1791. C'est ce dernier texte qui a été repris par le Journal officiel en 1958.

Les notes ci-dessous reproduisent les variantes du texte initial, qui ont fait l'objet d'une

modification ultérieure.

1 - Le mot « pouvoir » a été ajouté.

2 - On trouve initialem ent le pluriel : « sans autres distinctions » et « celles ».

3 - Certaines versions mentionnent « à qui ».

4 - Les premières versions donnent « Chaq ue citoyen » ; la version acceptée par le roi, le 5 octobre 1789, mentionne « Les citoyens ».

5 - Le texte de 1789 retenait le pluriel : « Les propriétés ».

2/ Composition et organisation de conseil de la vie sociale

Décret n° 2004-287 du 25 mars 2004 relatif au conseil de la vie sociale et aux autres formes de participation institués à l'article L. 311-6 du code de l'action sociale et des familles (Journal officiel du 27 mars 2004)

Le Premier ministre,

Sur le rapport du ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité et du ministre de la santé, de la famille et des person nes handicapées,

Vu le code de l'action sociale et des familles, nota m m e nt l'article L. 311- 6 ;

Après avis du Conseil d'Etat (section sociale),

Décrète :

Art. 1er. - Les différentes formes de participation prévues à l'article L. 311- 6 du code de l'action sociale et des familles sont instituées dans les conditions suivantes :

Le conseil de la vie sociale est obligatoire lorsque l'établisse m e nt ou le service assure un

héberge m e nt ou un accueil de jour continu ou une activité d'aide par le travail au sens du

premier alinéa de l'article L. 344-2. Il n'est pas obligatoire lorsque l'établisse m e nt ou service
accueille majoritairem e nt des mineurs de moins de onze ans, des personnes relevant du dernier alinéa de l'article 6 et du III de l'article L. 312- 1 du code de l'action sociale et des familles.

Lorsque le conseil de la vie sociale n'est pas mis en place, il est institué un groupe d'expression ou toute autre forme de participation.

Lorsque la personne publique ou privée gère plusieurs établisse m e nt s ou services sociaux ou médico- sociaux, il peut être institué pour une même catégorie d'établisse m e nts ou services, au sens de l'article L. 312- 1 du même code, une instance commune de participation.

Section I

Conseil de la vie sociale Paragraph e 1

Institution

Art. 2. - La décision institutive du conseil de la vie sociale fixe le nombre et la répartition des membres titulaires et suppléants de ce conseil.

Paragraph e 2 Composition

Art. 3. - I. - Le conseil de la vie sociale comprend au moins :

- deux représenta nts des personnes accueillies ou prises en charge, soit un représenta nt des titulaires de l'exercice de l'autorité parentale à l'égard des mineurs, soit un représenta nt des représenta nts légaux des person n es accueillies dans les établisse m e nt s receva nt des personnes majeures ;

- un représentant du personnel ;

- un représentant de l'organis m e gestionnaire.

II. - Toutefois :

- dans les établisse m e nt s mention nés au 8° du I de l'article L. 312- 1 du code de l'action sociale et des familles, seule est assurée la représentation des usagers ;

- dans les autres établisse m e nts recevant des personnes majeures, l'organis m e gestionnaire
peut prévoir des modalités complé m e nt aires d'association des mem bres des familles des

personnes accueillies au fonctionne m e n t de l'établissem e nt.

Art. 4. - L'absence de désignation de titulaires et suppléants ne fait pas obstacle à la mise en place du conseil de la vie sociale sous réserve que le nombre de représentants des personnes accueillies et de leurs familles ou de leurs représentants légaux soit supérieur à la moitié du nombre total des mem bres du conseil désignés.

Art. 5. - Lorsqu'en raison du jeune âge des bénéficiaires la représentation du collège des personnes accueillies ne peut être assurée, seul le collège des familles ou représentants légaux est constitué.

Art. 6. - Le président du conseil de la vie sociale est élu au scrutin secret et à la majorité des votants par et parmi les mem bres représentant les personnes accueillies. En cas de partage égal des voix, le candidat le plus âgé est déclaré élu.

Le président suppléa nt est élu selon les mêmes modalités parmi les mem bres représenta nt soit les personnes accueillies, soit les titulaires de l'exercice de l'autorité parentale ou les représentants légaux.

Le directeur ou son représentant siège avec voix consultative.

Toutefois, dans les établisse m ents ou services prenant en charge habituellem ent les mineurs faisant l'objet de mesures éducatives ordonnées par l'autorité judiciaire en application des dispositions législatives relatives à l'enfance délinq ua nte ou à l'assista nce éducative, le directeur ou son représentant siège en tant que président avec voix délibérative.

Art. 7. - Le conseil de la vie sociale peut appeler toute personne à participer à ses réunions à titre consultatif en fonction de l'ordre du jour.

Paragraphe 3

Modalités de désignation

Art. 8. - Les me m bres du conseil de la vie sociale sont élus pour une durée d'un an au moi ns et de trois ans au plus.

Art. 9. - Sous réserve des dispositions de l'article 28, les représentants des personnes accueillies et les représentants des titulaires de l'exercice de l'autorité parentale ou des représentants légaux sont élus par vote à bulletin secret à la majorité des votants respective m e nt par l'ensem ble des personnes accueillies ou prises en charge et par l'ensem ble des personnes titulaires de l'exercice de l'autorité parentale à l'égard des mineurs ou des représenta nts légaux des personnes majeures. Des suppléants sont élus dans les mêmes conditions.

Sont élus le ou les candidats ayant obtenu le plus grand nombre de voix. A égalité de voix, il est procédé par tirage au sort entre les intéressés.

Art. 10. - Sont éligibles :

- pour représenter les personnes accueillies, toute personne âgée de plus de onze ans ;

- pour représenter les personnes titulaires de l'exercice de l'autorité parentale ou les représentants légaux, toute personne disposant de l'autorité parentale, tout représentant légal d'un majeur, tout parent d'un bénéficiaire jusqu'au quatrièm e degré.

Art. 11. - Les personnels des établisse m ents et services de droit privé soit salariés, soit salariés mis à la disposition de ceux-ci sont représentés au conseil de la vie sociale :

1° Dans ceux occupant moins de onze salariés, par des représentants élus par l'ensem ble des

personnels ci-dessus définis ;

2° Dans ceux occupant onze salariés ou plus, par des représenta nts élus, parmi l'ensem ble des personnels, par les mem bres du comité d'entreprise ou, à défaut, par les délégués du personnel ou, s'il n'existe pas d'institution représentative du personnel, par les personnels eux-mêm es.

Ces représentants sont élus au scrutin secret selon les modalités fixées par le règlement intérieur.

Art. 12. - Dans les établissem e nts et services publics, les représentants des personnels sont désignés parmi les agents y exerçant par les organisations syndicales les plus représentatives. Dans les établisse m ents ou services dont les personnels sont soumis aux dispositions de la loi n° 84-16 du 11 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique de l'Etat , les sièges leur sont attribués dans les conditions fixées pour leur représentation au comité technique paritaire. Dans les établisse m ents ou services dont le personnel est soumis aux dispositions de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale, les sièges sont attribués aux organisations syndicales

proportionnelle m e nt au nombre de voix qu'elles ont obtenu aux élections organisées pour la désignation des représentants du personnel au comité technique paritaire compétent pour les agents du service social ou médico-social. Dans les établissem ents ou services dont le personnel est soumis aux dispositions de la loi n° 86-33 du 9 janvier 1986 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique hospitalière, les sièges sont attribués dans les conditions fixées pour leur représentation aux com missions administratives paritaires compétentes sans qu'il y ait lieu de procéder à de nouvelles élections. S'il n'existe pas d'organisation syndicale au sein de l'établissem e nt ou du service, les représentants du personnel sont élus par et parmi l'ensem ble des agents nom m és dans des emplois permanents à temps complet. Les candidats doivent avoir une ancienneté au moi ns égale à six mois au sein de l'établissem e nt ou service ou dans la profession s'il s'agit d'une création. Le scrutin est secret et majoritaire à un tour. En cas d'égal partage des voix, le candidat ayant la plus grande ancienneté dans l'établissem e nt ou service ou dans la profession est proclam é élu.

Art. 13. - Les suppléants des personnels sont désignés dans les mêmes conditions que les titulaires.

Paragraphe 4 Compétence

Art. 14. - Le conseil de la vie sociale donne son avis et peut faire des propositions sur toute question
intéressant le fonctionne m e nt de l'établissem e nt ou du service, nota m m e n t sur l'organisation

intérieure et la vie quotidienne, les activités, l'ani mation socioculturelle et les services théra peutiq ues, les projets de travaux et d'équipe m e nts, la nature et le prix des services rendus, l'affectation des locaux collectifs, l'entretien des locaux, les reloge ments prévus en cas de travaux ou de fermeture, l'ani mation de la vie institutionnelle et les mesures prises pour favoriser les relations entre ces participants ainsi que les modifications substantielles touchant aux conditions de prises en charge.

Art. 15. - Le conseil de la vie sociale se réunit au moi ns trois fois par an sur convocation du président ou, dans les établissem e nts mentionnés au dernier alinéa de l'article 6, du directeur, qui fixent l'ordre du jour des séances. Celui-ci doit être communiqué au moins huit jours avant la tenue du conseil et être accompagné des informations nécessaires. En outre, sauf dans les établissem e nts mentionnés au dernier alinéa de l'article 6, le conseil est réuni de plein droit à la demande, selon le cas, des deux tiers de ses mem bres ou de la personne gestionnaire.

Art. 16. - Le conseil délibère sur les questions figurant à l'ordre du jour, à la majorité des mem bres présents.

Les avis ne sont valablem ent émis que si le nombre des représentants des personnes accueillies et des titulaires de l'exercice de l'autorité parentale ou des représentants légaux présents est supérieur à la moitié des mem bres.

Dans le cas contraire, l'exa men de la question est inscrit à une séance ultérieure. Si lors de cette séance, ce nombre n'est pas atteint, la délibération est prise à la majorité des mem bres présents.

Art. 17. - Le conseil de la vie sociale établit son règlement intérieur dès sa première réunion.

Art. 18. - Le relevé de conclusions de chaque séance est établi par le secrétaire de séance, désigné par et parmi les personnes accueillies ou prises en charge, assisté en tant que de besoin par l'administration de l'établissem e nt, service ou lieu de vie et d'accueil. Il est signé par le président. Avant la tenue de la séance suivante, il est présenté pour adoption en vue de la transmission à l'instance compétente de l'organis m e gestionnaire.

Section II

Autres formes de participation Paragraphe 1

Modes de participation

Art. 19. - La participation prévue à l'article L. 311- 5 du code de l'action sociale et des familles peut également s'exercer :

- par l'institution de groupes d'expression institués au niveau de l'ensem ble de l'établissem e nt, du service ou du lieu de vie et d'accueil, ou d'un service ou d'un ensemble de services de ceux-ci ;

- par l'organisation de consultations de l'ensem ble des personnes accueillies ou prises en charge sur toutes questions concernant l'organisation ou le fonctionne m e nt de l'établissem e nt, du service ou du lieu de vie ou d'accueil ;

- par la mise en oeuvre d'enquêtes de satisfaction. Ces enquêtes sont obligatoires pour les services prenant en charge à domicile des personnes dont la situation ne permet pas de recourir aux autres formes de participation prévues par le présent décret.

Paragraphe 2

Composition et fonctionne m e nt

Art. 20. - L'acte institutif des instances de participation autres que le conseil de la vie sociale précise la composition et les modalités de fonctionne m e nt de ces instances qui comportent obligatoire m e nt des représentants des usagers et de leurs familles ou représentants légaux en nombre supérieur à la moitié.

Art. 21. - Le règlement de fonctionne m e nt adapte les modalités de consultation mises en oeuvre compte tenu des formes de participations instituées.

Toutefois :

- l'ordre du jour des séances accom pagné des explications nécessaires à sa compréhension est obligatoire m e nt notifié aux mem bres des instances sept jours au plus tard avant leur tenue ;

- l'enquête de satisfaction adressée aux personnes accueillies ou prises en charge concerne
obligatoire m e nt les sujets énoncés à l'article 14 ci-dessus.

Art. 22. - Les modalités d'établisse m ent et de délibération des comptes rendus de séance des

instances de participation autres que le conseil de la vie sociale sont prévues par le règlement de fonctionne m e n t compte tenu des caractéristiques particulières des modes de participation instituées.

Paragraphe 3 Désignation

Art. 23. - Sous réserve des dispositions de l'article 28, les modalités d'élection ou de désignation aux instances de participation autres que le conseil de la vie sociale des représentants des personnes accueillies ou prises en charge, de ceux des titulaires de l'exercice de l'autorité parentale ou des représentants légaux, de ceux des mem bres du personnel et de ceux de l'organis m e gestionnaire sont précisées par le règle me nt de fonction ne m e n t de l'établissem e nt, du service ou du lieu de vie et d'accueil.

Section III

Dispositions communes aux conseils de la vie sociale et aux autres formes de participation

Art. 24. - Les instances de participation prévues à l'article 1er sont obligatoire m e nt consultées sur l'élaboration et la modification du règlement de fonctionne m e nt et du projet d'établissem e nt ou de service prévus aux articles L. 311- 7 et L. 311- 8 du mêm e code. L'enquête de satisfaction citée à l'article 19 questionne les personnes accueillies sur ces mêmes règlement et projet d'établissem ent ou de service.

Art. 25. - L'acte institutif du conseil de la vie sociale ou des autres instances de participation mises en place dans l'établissem e nt, le service ou le lieu de vie ou d'accueil est adopté par l'instance compétente de l'organis m e gestionnaire ou établi par la personne physique gestionnaire du lieu de vie et d'accueil.

Art. 26. - Les informations concernant les personnes, échangées lors des débats, restent

confidentielles.

Art. 27. - Les instances de participation doivent être tenues informées lors des séances ou enquêtes ultérieures des suites réservées aux avis et propositions qu'elles ont émis.

Art. 28. - Dans les établissem e nts et services prenant en charge habituelle m ent des mineurs faisant l'objet de mesures éducatives ordonnées par l'autorité judiciaire en application des dispositions relatives à l'enfance délinquante ou à l'assistance éducative, le directeur peut convier la totalité des personnes accueillies ou prises en charge au fonctionne m e n t des instances. Dans ce cas, il n'est pas procédé aux élections ou aux autres désignations prévues par le présent décret ou le règlement de fonctionne m e nt.

Art. 29. - Le temps de présence des personnes handicapées accueillies en centre d'aide par le travail dans les instances de participation est considéré com m e temps de travail.

Art. 30. - Le temps de présence des personnes représentant les personnels est considéré com m e temps de travail.

Art. 31. - Les représentants des personnes accueillies peuvent en tant que de besoin se faire

assister d'une tierce personne afin de permettre la compréhension de leurs interventions.

Section IV

Dispositions transitoires

Art. 32. - Les instances de participation prévues par le présent décret sont installées dans un délai
de six mois à compter de sa publication. Le mandat des mem bres des instances existantes pour
l'application du décret n° 91-1415 du 31 décembre 199 1 relatif aux conseils d'établisse m e nt des

institutions sociales et médico-sociales mentionnées à l'article 3 de la loi n° 75-535 du
30 juin 1975 cesse de plein droit dès cette installation.

Le décret du 31 décembre 199 1 susmentionné reste applicable au fonctionne m e nt de chacune des instances existantes à la date d'entrée en vigueur du présent décret jusqu'à l'installation de l'instance qui lui est substituée en application du premier alinéa du présent article.

Art. 33. - Le ministre de l'intérieu r, de la sécurité intérieure et des libertés locales, le ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité, le garde des sceaux, ministre de la justice, le ministre de la santé, de la famille et des personnes handicapées, le ministre délégué aux libertés locales, le ministre délégué à la famille, la secrétaire d'Etat à la lutte contre la précarité et l'exclusion, la secrétaire d'Etat aux personnes handicapées et le secrétaire d'Etat aux personnes âgées sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret, qui sera publié au Journal officiel de la République française.

3/ Le questionnaire d'enquête

La participation des résidents aux instances des FJT

(enquête réalisée pour un mémoire de DSTS, Diplôme Supérieur de Travail Social))

Vous êtes :
une femme un homme

Votre âge :

ans

Vous êtes dans un FJT qui peut accueillir : 0 à 39 résidents

40 à 79 résidents

80 à 119 résidents

+ 120 résidents

 
 
 

1/ L'assemblée générale des résidents du FJT

Y-a-t-il une assemblée générale annuelle des résidents dans votre FJT ?
je ne sais pas (dans ce cas passez au chapitre 2)

non (dans ce cas passez au chapitre 2)

oui

Y-a-t-il un ordre du jour préparé et diffusé avant cette assemblée générale ? je ne sais pas

non

oui, veuillez préciser sous quelle forme* :

Si oui, par qui est préparé et diffusé cet ordre du jour ? (vous pouvez cocher plusieurs cases)

les résidents

le(s) professionnel(s) du FJT

le(s) administrateur(s) du FJT

Y-a-t-il un compte-rendu préparé et diffusé après cette assemblée générale ? je ne sais pas

non

oui, veuillez préciser sous quelle forme* :

Si oui, par qui est rédigé ce compte rendu ? (vous pouvez cocher plusieurs cases) les résidents

le(s) professionnel(s) du FJT

le(s) administrateur(s) du FJT

Lors de l'assemblée générale, y-a-t-il une élection des représentants des résidents pour l'année ?

je ne sais pas

non

oui

Si oui, comment sont remplacés les représentants qui partent en cours d'année ? par l'organisation de nouvelles élections

sur la base du volontariat

autre (veuillez préciser) :

2/ La réunion régulière avec les résidents

Comment se nomme la réunion régulière avec les résidents dans votre FJT ?

conseil des résidents conseil de la vie sociale

conseil de maison groupe d'expression

comité d'établissement autre, veuillez préciser :

(pour simplifier, le terme « réunion des résidents » sera conservé pour désigner cette instance dans la suite de ce questionnaire)

Y-a-t-il des commissions à thèmes en dehors de cette réunion des résidents ? je ne sais pas

non

oui, veuillez préciser les thèmes :

A quelle fréquence se déroule la réunion des résidents : une fois par trimestre

une fois par mois

autre, veuillez préciser s'il vous plaît :

Quels résidents peuvent participer à la réunion ?

tous les résidents intéressés

seulement les résidents élus lors de l'assemblée générale autre, veuillez préciser s'il vous plaît :

Combien de résidents participent à cette réunion :

un nombre fixe de personnes

un nombre variable allant de à personnes

Combien de professionnels participent à cette réunion :

un nombre fixe de personnes

un nombre variable allant de à personnes

Quels sont le(s) professionnel(s) qui participent à cette réunion : personnel éducatif (animateur, éducateur, conseiller...)

directeur adjoint/coordinateur adjoint directeur/coordinateur

autre, veuillez préciser s'il vous plaît :

Les administrateurs peuvent-ils participer à la réunion des résidents ? non oui

Si oui, y-participent-ils :

régulièrement exceptionnellement jamais

Y-a-t-il un ordre du jour préparé et diffusé avant la réunion des résidents ? je ne sais pas

non

oui, veuillez préciser sous quelle forme* :

Si oui, par qui cet ordre du jour est-il préparé et diffusé ? (vous pouvez cocher plusieurs cases)

les résidents

le(s) professionnel(s) du FJT

le(s) administrateurs du FJT

Y-a-t-il un compte-rendu préparé et diffusé après cette réunion ? je ne sais pas

non

oui, veuillez préciser sous quelle forme* :

Si oui par qui ce compte-rendu est-il rédigé ? (vous pouvez cocher plusieurs cases) les résidents

le(s) professionnel(s) du FJT

le(s) administrateurs du FJT

Parmi les thèmes suivants cochez ceux qui font régulièrement partie de la réunion des résidents et barrez ceux qui n'en font jamais partie :

l'animation/les loisirs la vie quotidienne

les travaux dans le FJT les tarifs du FJT

le règlement intérieur

le restaurant du FJT

la situation individuelle de certains résidents

la prévention (santé, sécurité routière)

comment gérer son budget
autre(s) (veuillez préciser) :

 

Pour vous, les résidents participent à la réunion pour : (classez de 1 à 6 les propositions, 1 étant le plus important et 6 le moins important)

faire des propositions rencontrer d'autres résidents

prendre des décisions présenter des revendications

recevoir des informations débattre avec les responsables du FJT

3/ Les résidents et l'organisme gestionnaire du FJT

Les résidents ont-ils des représentants au conseil d'administration du FJT ?
je ne sais pas (dans ce cas passez au chapitre 4)

non (dans ce cas passez au chapitre 4)

oui

Si oui, les résidents présents au conseil d'administration sont-ils : élus par les autres résidents

délégués avec l'approbation simple des autres résidents volontaires s'étant proposés à l'équipe du FJT

volontaires sur la demande de l'équipe du FJT

Pour préparer le Conseil d'Administration les représentants des résidents ont-ils : une information simple (ordre du jour)

une information plus une explication du fond et de la forme

un accompagnement (exemple parrainage par un administrateur)

Pendant le conseil d'administration y-a-t-il un moment spécifique réservé à l'expression des représentants des résidents ?

jamais

quelquefois

systématiquement

Après le conseil d'administration, les représentants des résidents font-ils un compterendu aux autres résidents :

non

oui, veuillez préciser sous quelle forme* :

4 / Votre opinion sur la participation des résidents

Pour vous, quel est l'intérêt pour le FJT de faire participer les résidents (trois choix possibles maximum):

utiliser les idées des résidents

répondre à une obligation légale mieux connaître les résidents responsabiliser les résidents

favoriser la citoyenneté des résidents

échanger des informations

permettre l'expression des résidents ressentir l'ambiance et prévenir les tensions dans le FJT

autre :

 

Pour vous, la participation des résidents est quelque chose qui fonctionne (un seul choix possible)

parfaitement plutôt bien très mal

très bien plutôt mal pas du tout

Pour vous, proposer aux résidents de participer aux différentes instances du FJT c'est (deux choix possibles maximum) :

indispensable souhaitable inutile

nécessaire illusoire impossible

Si vous souhaitez rajouter des explications ou des commentaires sur les thèmes abordés dans ce questionnaire, je vous invite à utiliser l'espace ci-après ou à rajouter une feuille à l'intérieur de ce document.

Merci beaucoup pour votre participation

Contact : Gildas Cadudal, 79 rue Paul Guieysse 56100 LORIENT, gildas.cadudal@laposte.net,
janvier 2005.

4/ Brèves n°79, avril 2005

5/ Exemple d'une expérience menée en FJT

Premier document : orga n i s a t i o n de l'électi o n des délég u é s des résidents

Le conseil de résidents - instance insta u r é e depuis 19 8 3 au FJT est élu au m ois d'octo b r e de cha q u e ann é e.

Tout un travail de motivation de la part de l'équi p e socio-éduc a tiv e est réalisé en a m o n t. En effet, septe m b r e est décré té « moi s de l'inté g r a ti o n » au foyer avec des animations spécifi q u e s : rallye dans la ville orga n i s é par l'équi p e socio-éduc a ti v e et quel q u e s ancie n s résidents qui font le lien avec les nouveaux arriva n t s , suivi d'une autre animation où les résidents sont acte u rs (ex : soirée inter région, soirée report a g e s ... ).

Fin septe m b r e, l'équi p e socio-éduc a tiv e « repèr e» les résidents impli q u é s dans le collec tif ; c'est le mom e n t de leur parler du conseil de résidents.

Dés le début octo br e, les me m b r e s du cons eil de résidents de l'an n é e précé d e n t e expliq u e n t à leur faço n en quoi consist e le conseil de résidents lors d'une soirée convivi al e a la cafété r i a.

Les résidents intér es s é s par la participation à ce conseil de résidents ont alors une se m a i n e pour se porter can di d a t à l'électi o n.

Arrive alors la se m a i n e des élections (autour de mi-octo br e) qui se déroul e en deux temps :

· le me rc r e d i soir, les can di d a t s à l'électi o n du conseil de résidents se prése n t e n t à la

cafété ri a... c'est aussi l'occa si o n de re -sollicite r de futurs candi d a t s encore hésita n t s...
Ensuite cha q u e résident du foyer reçoit une liste des candi d a t s.

· le jeudi soir a lieu l'électi o n ou chaq u e résident va pouv oir re m e t tr e sa liste, sur laqu ell e il aura rayé des no m s, dans une urne prése n t e dans le hall d'acc u e il entre 17 h et 20h ; le bureau de vote est tenu par les résidents de l'anci e n conseil.

A 20h, le dépo uill e m e n t a lieu à la cafété ri a : il suffit d'avoir au moi n s 15 % des voix pour être élu ; les 8 résidents aya n t le plus de voix sont élus ; les 4 autre s suiva n t sont supplé a n t s et

re m p l a c e n t les élus s'ils parte n t en cours de m a n d a t.

Deuxième document : un accompagnement vers la prise de responsabilité

Ces trois dernières années, beaucoup ont effectué ce qu'on pourrait appeler un parcours initiatique à la prise de responsabilité en quatre étapes successives :

1/ Un jeune sera systématiquement « membre résident » de l'Association. Il pourra se satisfaire de ce statut et restera à cette étape, utilisant les services du foyer selon son besoin en respectant les autres et ayant eu connaissance de ce qu'était une Association Loi 1901.

2/ Une deuxième étape, franchie par beaucoup à l'invitation des animateurs consiste à devenir « membre actif », à utiliser ses compétences pour « animer » la vie collective. En 2003, les résidents se sont organisés pour ouvrir leur cafétéria le soir, faire fonctionner le labo-photo, initier les nouveaux à Intemet, organiser une opération prévention routière, etc...

3/ C'est souvent parmi les membres actifs que sont élus les membres responsables du conseil de résidents car ils sont légitimes compte tenu de ce qu'ils ont fait. Ils vont alors exercer 3 fonctions prioritaires.

· représenter les résidents lors des Conseils d'Administration de l'Association.

· gérer la Caisse Culturelle abondée par les jeunes (1.52 €/mois) qui alimente les activités de loisirs qu'il s'agit de bien choisir et de bien budgétiser.

· gérer le Fonds de Prévoyance (1,52 €/mois également). A la fois organisme de crédit permettant d'attendre des revenus qui tardent à venir (APL, FSL), caisse de secours pour palier un coup dur et fonds d'aide pour engager un projet.

4/ Cet investissement pédagogiquement encadré qui vise l'apprentissage de la représentation et du mutualisme amène souvent les jeunes à regarder de près le fonctionnement et la gestion du foyer. Certains qui vont rester sur la ville ou le département veulent participer à la vie de l'Association pour qu'elle continue de rendre service à des jeunes. Ils deviennent militants et élus responsables au Conseil d'Administration.

Table des matières

Introduction 2

Première partie 4

Chapitre 1 : Citoyenneté et participation, entre mouvement de fond et mottiroir 5

I/ De l'état de citoyen à l'idée de citoyenneté 6

1/ La citoyenneté, vingt-cinq siècles d'histoire 6

2/ Citoyenneté plurielle ou citoyenneté en miettes ? 11

II/ La participation 18

1/ Une notion récente et évolutive 18

2/ Les différents niveaux de participation 19

3/ Recréer l'agora ? 22

Chapitre 2 : Les jeunes entre itinérance et construction 26

I/ « On met très longtem ps à devenir jeune » 27

1/ Approches par âge et par cycles 27

2/ De la jeunesse aux jeunes 28

II/ Des jeunes sollicités pour participer 29

1/ Expérimentation et participation sociale 29

2/ Socialisation politique des jeunes 30

3/ Participer dans un cadre spécifique ? 32

Deuxième partie 34

Chapitre 1 : Les Foyers de Jeunes Travailleurs 35

I/ Présentation des FJT 36

1/ Histoire du mouve me nt 36

2/ Cadre et missions 42

3/ Public accueilli 44

II/ Le cadre participatif dans les foyers 52

1/ Plusieurs instances légales 52

2/ Une affirmation politique forte de l'UFJT 55

Chapitre 2 : L'enquête menée auprès des FJT 58

I/ Objectifs, formes et mise en oeuvre 59

1/ Croiser connaissance formelle et opinions 59

2/ Méthodologie et protocole 60

3/ Présentation du questionnaire 61

II/ Résultats de l'enquête 62

1/ Les retours 62

2/ Les résultats 63

III/ Enseigne m e nts retirés 80

1/ Interprétations des résultats 80

2/ Préconisations 82

Conclusion 87

Bibliographie 89

Annexes 92






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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire