WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Etude de l'impact du changement climatique global et des pratiques de production sur les trypanosomoses animales africaines et les glossines

( Télécharger le fichier original )
par Soumaà¯la PAGABELEGUEM
Université Polytechnique de Bobo-Dioulasso - Ingénieur d'Elevage 2010
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Introduction

En Afrique tropicale, l'élevage occupe une place importante dans l'économie et les activités socioculturelles des populations. Il est source de protéines, de force de traction et de fumure animale. Il participe ainsi à la fertilisation des sols et constitue un moyen d'épargne surtout dans les campagnes africaines (Itard, 1981) où il peut être assimilé à de véritables « billets de banque sur pieds » (Bernus, 1995).

Le secteur de l'élevage traverse une crise dont la principale cause réside dans la dégradation de l'environnement liée au réchauffement climatique et à l'augmentation des densités humaines. En effet, le changement climatique constitue une des menaces les plus graves qui pèsent sur le développement durable. En Afrique, les manifestations les plus visibles se rapportent à la sécheresse qui, combinée à l'accroissement démographique, accélère le déboisement, comme par exemple lors des épisodes de sécheresses des années 1970-1990. La température moyenne à la surface du globe a augmenté de 0,74°C entre 1906-2005 et le niveau de la mer s'est élevé de 1,8 mm par an entre 1961 et 2003 (GIEC, 2007). Ces bouleversements ont des impacts négatifs sur les ressources naturelles et l'ensemble des secteurs de la vie, notamment la sécurité alimentaire, la santé humaine et animale (GIEC, 2001). Une des hypothèses qui fait l'unanimité chez les climatologues, c'est le développement des accidents climatiques (inondations et sécheresses) dans les années à venir (d'Orgeval, 2008).

Face à ces évolutions, les populations adaptent leurs pratiques de production pour assurer leur alimentation à partir des produits animaux. Les stratégies d'adaptation des systèmes d'élevage mises en oeuvre à cet effet peuvent varier en fonction des groupes d'éleveurs et surtout des zones agro-écologiques. Afin de déterminer les stratégies d'adaptation les plus favorables permettant d'assurer un développement durable, il est indispensable de connaître la typologie exacte des systèmes d'élevage et leurs impacts relatifs sur les déterminants spécifiques de la production animale. Parmi ces déterminants, le contrôle des facteurs de la santé animale représente un élément fondamental. Pour illustrer cela en Afrique de l'Ouest, la présente étude a ciblé les Trypanosomoses Animales Africaines (TAA). En effet, celles-ci représentent le principal frein au développement de l'élevage en Afrique Subsaharienne. Elles sont dues à des protozoaires du genre Trypanosoma. Il s'agit principalement de Trypanosoma congolense, T. vivax et T. brucei brucei chez le bétail.

Les TAA entraînent chez le cheptel d'énormes pertes allant de la mortalité à la diminution de la production de viande, de lait, du taux de mise-bas et de la force de travail (Swallow, 1997). Ainsi, lutter efficacement contre les trypanosomoses et leurs vecteurs devient un enjeu majeur dans le système de contrôle des maladies du bétail. Plusieurs méthodes sont proposées pour le contrôle ou l'éradication des trypanosomoses et leurs vecteurs. Toutefois, le chemin est encore long pour atteindre leur éradication. Cela pourrait s'expliquer par la méconnaissance de certains paramètres liés aux trypanosomoses et à leurs vecteurs. Parmi ces paramètres inconnus, on peut citer l'impact de l'instabilité actuelle des habitats naturels des glossines due aux effets des changements climatiques et à la pression anthropique (Van den Bossche et al., 2010).

Les stratégies d'adaptation aux répercutions possibles des changements climatiques en Afrique de l'Ouest sont encore mal connues (RIPIECSA, 2008) notamment dans le domaine de la production animale. La présente étude s'intègre dans le cadre d'un travail pluridisciplinaire du projet ASECC/RIPIECSA, ayant pour objectif général d'étudier l'adaptation des systèmes d'élevage au changement climatique global en Afrique de l'Ouest.

L'objectif global de cette étude est d'analyser l'impact des pratiques de production et du changement climatique sur l'épidémiologie des TAA et leurs principaux vecteurs, les glossines.

Les objectifs spécifiques visés peuvent ainsi être décrits :

- analyser la situation épidémiologique (prévalences trypanosomiennes chez les bovins et les densités apparentes des glossines) dans des sites sélectionnés le long d'un transect à gradient croissant d'aridité du Sud au Nord du Burkina Faso ;

- comparer les situations épidémiologiques actuelles et antérieures dans les différents sites ; - caractériser les situations épidémiologiques en fonction des pratiques de production.

Les travaux seront présentés en deux parties selon le plan ci-après :

- une première partie consacrée à une synthèse bibliographique de l'état des connaissances sur les TAA, le concept des changements climatiques et des pratiques de production ;

- une deuxième partie consacrée à l'étude expérimentale composée de matériel et méthodes, résultats, discussions, conclusion et recommandations.

PREMIERE PARTIE:

Synthèse bibliographique

Chapitre I : Généralités sur les trypanosomoses animales africaines 1.1. Définition et importance

Les trypanosomoses sont des maladies parasitaires provoquées par des protozoaires flagellés du genre Trypanosoma. Ils vivent dans le plasma sanguin, la lymphe et divers tissus de leurs hôtes (Itard, 1981).

Le parasite est transmis à l'hôte vertébré généralement par un insecte hématophage qui peut être soit un vecteur « biologique », ce sont les glossines ou mouches tsé-tsé, soit un vecteur « mécanique », comme les tabanidés ou taons et les stomoxyinés. Les mouches tsé-tsé sont les vecteurs les plus importants qui constituent les hôtes intermédiaires de ces parasites. En Afrique, les trypanosomes pathogènes du bétail sont Trypanosoma vivax (Ziemann, 1905), Trypanosoma congolense (Broden, 1904) et Trypanosoma brucei brucei (Plimmer and Bradford, 1989).

Les trypanosomoses ont une grande importance à la fois sur le plan médical et sur le plan économique. En Afrique Subsaharienne, les effets de la maladie sur le bétail se traduisent par des mortalités de 10 à 20%, la diminution de la production de viande de 30%, du lait de 40%, du taux de mise-bas de 11 à 20% et de la puissance de travail du tiers (Swallow, 1997). Le retard de croissance chez les jeunes et les avortements chez les vaches gestantes sont également rapportés par Murray et al. (1991). Par ailleurs, le coût des traitements est onéreux. Au moins 25 à 30 millions de doses de trypanocides sont utilisées chaque année, et cela constitue un coût annuel de 30 millions d'Euros (Bouyer, 2006 ; Vreysen, 2006). Selon certains experts, les pertes économiques dues à l'ensemble des pathologies animales au Sud du Sahara s'élèveraient à 6 milliards d'Euros par an, dont le quart est attribuable aux seules TAA (Itard, 2000).

1.2. Epidémiologie

Les TAA évoluent généralement sous une forme chronique, dont la durée et les symptômes sont variables selon la résistance de l'hôte affecté et l'espèce de trypanosome en cause (Itard, 1981). Elles atteignent les animaux domestiques mais aussi la faune sauvage. Cette dernière peut servir de réservoir de trypanosomes, notamment au niveau de l'interface entre zones protégées et pastorales (Bouyer, 2006 ; Van den Bossche et al., 2010). Les TAA évoluent généralement sous forme enzootique dans l'aire de répartition des glossines. Dans les zones

indemnes, dès que la maladie se déclenche, elle prend la forme épizootique avec prédominance de la forme aiguë. On peut également rencontrer d'autres situations épidémiologiques telles que des situations enzoo-épizootiques (cas de la trypanosomose hémorragique due à la souche est-africaine de T. vivax).

Les TAA apparaissent en toute saison mais leur évolution dépend de la pression vectorielle. En effet, au cours d'une année, la distribution des glossines de savane (groupe morsitans) est très dépendante de la saison. Elles représentent un risque élevé en saison pluvieuse, mais diffus dans l'espace. Ainsi, en début de saison pluvieuse, leurs densités augmentent et atteignent un maximum un mois et demi après. On observe une chute sensible au milieu de cette même saison du fait de l'effet dévastateur du développement des prédateurs (guêpes, fourmis) et de la montée des eaux sur les gîtes de pupaison. Une décroissance régulière des densités commence avec l'arrêt des pluies et atteint un minimum pendant la saison sèche. Par contre, chez les glossines riveraines (sous-genre Nemorhina), le risque de transmission se limite au voisinage des cours d'eau mais reste permanent tout au long de l'année.

Les sources d'infections sont les animaux domestiques ou sauvages cliniquement malades de trypanosomose ou les porteurs sains (faune sauvage, bétail trypanotolérant voire les animaux trypanosensibles avant l'apparition des signes cliniques). La voie principale d'infection est la voie cutanée par piqûre d'insectes hématophages portant les formes infectantes des trypanosomes ou formes métacycliques.

T. vivax est transmis par les mouches tsé-tsé mais peut l'être également par des vecteurs mécaniques comme les tabanidés et les stomoxes (Desquesnes, 2003). Par conséquent, cette espèce de trypanosome a une répartition plus large et on peut la rencontrer sur d'autres continents que le continent africain, notamment en Amérique du Sud. T. congolense et T. brucei brucei sont considérés comme exclusivement transmis par les glossines et sont donc limités à la zone de répartition de ces dernières (Bouyer, 2006). Cependant, les tabanides sont capables de transmettre T. congolense en conditions expérimentales (Desquesnes et Dia, 2003 ; Desquesnes et al., 2009). La pathogénicité des trypanosomes dépend de l'espèce ou de la souche parasitaire et de l'espèce ou de la race de l'hôte vertébré, ainsi que de son état sanitaire, nutritionnel, physiologique et de sa trypanotolérance (Cuisance et al., 2003).

Contrairement à la transmission cyclique, la transmission mécanique de la trypanosomose est
très fragile du point de vue épidémiologique (Desquesnes, 2003). La promiscuité des
individus et/ou des espèces dans un élevage ou leur proximité à un point d'eau est la condition

nécessaire à la transmission mécanique des trypanosomes par les insectes hématophages. La probabilité de transmission est plus ou moins élevée selon divers paramètres concernant l'hôte infectant (taux de parasitémie), le vecteur (taille de l'insecte et des pièces buccales), l'hôte réceptif (compétence immunitaire) et leurs relations (Sidibé et Desquesnes, 2001). Les foyers de trypanosomes transmis mécaniquement peuvent connaître des incidences de 100% en quelques jours, même lorsque l'abondance des vecteurs mécaniques est modérée. Les insectes piqueurs ont un double effet sur les bovins : des effets directs (lésions cutanées, spoliation sanguine et stress) provoquant une immunodépression qui favorise l'apparition des signes cliniques et l'augmentation de la parasitémie des animaux infectés et l'accroissement de la réceptivité des animaux sains ; un effet indirect lié à la transmission mécanique des parasites.

La prévalence et l'incidence de la maladie au sein d'une population dépendent du taux d'infection des glossines et de la fréquence des contacts hôtes/vecteurs. La sensibilité des mouches tsé-tsé à l'infection est variable avec leur état d'infection et de nutrition (Akoda, 2009 ; Akoda et al., 2009). Dans la nature, le taux d'infection des glossines excède rarement 15% (Duvallet, 1987). Chez les bovins, la prévalence des infections est particulièrement élevée (> 70%), les adultes sont régulièrement infectés tandis que les jeunes s'infectent entre 6 mois et 2 ans (Desquesnes, 2003). Par ailleurs, la prévalence et l'incidence sont plus élevées chez les bovins de race trypanosensible (Bos indicus) que chez les races trypanotolérantes (Bos taurus). Chez les animaux exotiques provenant des pays du Nord, la prévalence parasitologique peut atteindre 100% si aucun traitement n'est administré (Bengaly, 2003), avec un taux de létalité très élevé.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard