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L'agriculture biologique au Tchad; Sa pratique et sa contribution pour la préservation des équilibres écologiques de base

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par Siadmadji ALLAISSEM
CREFELD (Centre Régional Education et de Formation Environnementale pour Lutter contre la Desertification) - Master-2 en Environnement et Developpement Communautaire 2008
  

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5.2. Contribution de l'agriculture biologique au Tchad

La plupart des enquêtés, par soucis de consommer les produits alimentaires biologiques associés à un désir de protéger l'environnement, ont choisi la méthode biologique pour le Tchad. Dans ce contexte, nous nous demandons si ce mode de production soucieux et respectueux de l'environnement pourrait constituer une opportunité de développement agricole basée sur la préservation des équilibres écologiques du pays ?

5.2.1. Etat des lieux :

Au Tchad où l'agriculture emploie plus de la moitié de la population active est l'un des pays africains les mieux placés pour prétendre à la pratique d'une agriculture biologique. Ce- pendant, aucune politique gouvernementale, ni de son soutien n'existe à l'agro écologie dans notre pays.

C'est dans ce contexte que nous tentons d'être les pionniers à proposer cette pratique. Ainsi donc, nous présenterons au cours de notre étude des exemples donnés par d'autres pays car aucun chercheur tchadien ne s'est penché sur la filière pour nous donner les éléments à comparaison. Aucun producteur tchadien n'a jusque-là demandé la certification à travers le label bio.

L'étude nous présentera dans les lignes qui suivent les atouts et les contraintes de la pratique de l'agriculture biologique au Tchad et sa contribution à la préservation des équilibres écologiques de base. Elle aidera aussi à combler le manque d'information sur le marché bio.

Les différentes études de cas présenteront la situation de quelques pays qui ont les mêmes atouts et contraintes que le Tchad et qui ont réussi à mettre en place une filière d'exploitation biologique ou qui en ont le potentiel. Ces études de cas nous donneront un aperçu utile de la manière de mettre en place avec succès une filière d'exploitation biologique ainsi que les difficultés éventuelles qui doivent être surmontées.

5.2.2. Les atouts :

L'agriculture biologique, nous l'avons signalée, même si elle met en exergue certaines contraintes spécifiques pour sa pratique, elle offre cependant d'importants atouts à notre pays.

A l'instar de plusieurs autres Etats que nous citerons dans notre étude de cas, le Tchad possèdent beaucoup de terres arables relativement vierges et qui peuvent bien se prêter à cette pratique. Il bénéficie d'un climat acceptable, de suffisamment de pluies et de cours d'eau pour pouvoir cultiver toute l'année. Ses sols et sa végétation diversifiée constituent également un atout non négligeable.

Ainsi donc, nous essayerons dans les lignes qui suivent, d'étudier les différents éléments de l'équilibre écologique qui peuvent constituer un atout pour le Tchad, et comment ceux-ci, à travers l'agriculture biologique contribuent-ils à la protection de la biodiversité et à la préservation de l'environnement.

Schéma 01 : Les bases écologiques 

Climat

Sol Végétation

La végétation, le sol et le climat constituent les grands équilibres écologiques de base liés les uns aux autres par une interaction et une interdépendance dont la dégradation d'un de ses éléments entraîne le déséquilibre écologique et tout le système s'effondre. La pratique de l'agriculture biologique a le mérite de garantir durablement cet équilibre.

5.2.2.1 Le sol :

Le sol est le produit d'interactions complexes entre le climat, la végétation, l'activité biologique, le temps et l'utilisation des terres. Chaque année, une quantité énorme du sol de surface, la plus fertile est dégradée par suite de divers processus tels que la diminution des teneurs en matière organique, la contamination (par exemple au contact des métaux lourds), l'imperméabilité, le tassement, l'appauvrissement de la biodiversité et la salinisation. Ces divers processus compromettent les principales fonctions des sols et sont notamment imputables à des pratiques agricoles inadéquates, tels que le recours immodéré aux engrais, l'utilisation appropriée des pesticides, l'emploi des machines lourdes ou le surpâturage. Cette mauvaise pratique qui appauvrit les sols peut les conduire à la désertification.

Pourtant le sol est le principal facteur dans le système agro-écologique, car il supporte et alimente la végétation qui s'y trouve, la faune, la mesofaune et la microfaune avec toutes les activités microbiennes.

En agriculture biologique, le sol remplit une multitude de fonctions environnementales, économiques et sociales essentielles à la vie. Presque toutes les végétations notamment la prairie, les cultures arables et les arbres, ont besoin du sol pour leur approvisionnement en eau et en élément nutritif et pour fixer leurs racines. Le sol stocke et transforme les minéraux, les matières organiques, l'énergie et diverses substances chimiques. Il fonctionne comme un filtre naturel pour les eaux souterraines. Le sol est l'habitat d'une quantité et d'une variété immenses d'organismes vivants. Il remplit donc des fonctions écologiques essentielles.

C'est pourquoi, la pratique de l'agriculture biologique qui consiste à faire les rotations de cultures, l'usage des engrais verts et du fumier, le système de mulching, l'assolement et d'autres... permet de faire face aux événements imprévus comme la sécheresse, les pluies abondantes, encore la prolifération des insectes nuisibles, bref, de résoudre les problèmes environnementaux et de contribuer ainsi à la préservation des équilibres écologiques de base. Ceci est l'un des atouts importants pour le Tchad à pratiquer l'agrobiologie, c'est ce qui explique le choix de 91,6% des enquêtés pour cette pratique agro-écologique qui assure la pérennité de la structure du sol et la préservation de l'environnement. Donc l'agriculture biologique s'est révélée très efficace pour préserver et améliorer les conditions d'épanouissement de la biodiversité. A titre d'exemple, une étude de deux ans sur les sols autrichiens a montré qu'il y avait 94% des scarabées en plus dans les champs soumis à une agriculture biologique par rapport à ceux soumis à une agriculture classique ou conventionnelle.

5.2.2.2 La végétation :

La végétation et le climat orientent ensemble l'humification qui influence profondément les cycles biogéochimiques. La végétation est considérée en agrobiologie comme un système incluant non seulement les plantes, mais aussi les animaux qui lui sont associés et tous les composants physiques et chimiques de son habitat. La destruction de la couverture végétale à des fins agricoles peut engendrer la disparition de la faune et de la flore, exposant ainsi le sol à l'érosion, donc à son appauvrissement. Avec une pénurie en bois de chauffe, on assiste à une exportation totale des résidus de récolte, alors que ceux ci devaient servir à la fabrication du compost pour la fertilisation du sol.

Devant cette situation, l'agriculture biologique avec ses différentes techniques peut contribuer à la préservation de la pyramide écologique. Ainsi donc, nous dirons que la pratique biologique permet de préserver l'environnement et c'est justement le but que s'est fixé le CREFELD et partant le Tchad qui est un pays menacé par la désertification.

5.2.2.3 Le climat :

Le climat exerce une influence primordiale, d'abord direct, dans la mesure où il influence le « pédoclimat », donc, dans une large mesure, les mouvements de l'eau dans le sol et ensuite d'une manière indirecte, par l'intermédiaire de la végétation climatique.

Les précipitations sont les sources d'alimentation de la végétation à travers le sol. La plante grâce à ses racines prélève l'eau dans laquelle les éléments nutritifs sont dissous. En plus de l'eau, la plante a besoin aussi de l'énergie solaire pour son alimentation. Le vent intervient aussi dans la fécondation par le transport des pollens. En bref, le climat joue un rôle important en intervenant dans l'interaction entre la végétation et le sol. C'est ce qui favorise la pratique biologique dans la préservation de l'environnement.

5.2.2.4 La faune :

En agriculture conventionnelle, les produits chimiques utilisés pour détruire les parasites peuvent causer des dommages à l'environnement ; notamment par la destruction de la micro faune, de la macro faune et de la meso faune. Ces poisons violents sont susceptibles de perturber les chaînes trophiques écologiques et de provoquer de graves ruptures écologiques en éliminant les oiseaux et certains animaux non visés par le traitement. Ils peuvent également éliminer les phytophages utiles à la défense des cultures. La disparition par intoxication de certains éléments de la faune provoque le déséquilibre écologique par la diminution de la biomasse disponible sur certains habitats et de la chute du taux de reproduction. C'est pourquoi, l'agriculture biologique avec sa pratique saine, qui exclut tout intrant chimique de synthèse peut contribuer à la préservation de l'équilibre écologique de base.

Au niveau de la micro faune, on sait que les bactéries, les champignons, les protozoaires et autres petits organismes jouent un rôle essentiel dans le maintien des propriétés physiques et biochimiques nécessaires pour la fertilité des sols.

Dans la méso faune, des vers, des fourmies, des escargots et de petits arthropodes cassent la matière organique qui est ensuite dégradée par les micro-organismes et transportée à des couches plus profondes du sol.

5.2.2.5 L'eau :

Les organismes vivant dans l'eau s'adaptent aux conditions de ce milieu. La vitesse du courant, la structure des fonds, la température et la composition chimique de l'eau déterminent la diversité des communautés vivantes colonisant le milieu aquatique. La lumière infiltrée et les substances nutritives disponibles sont très souvent les facteurs limitant l'existence des organismes vivants des milieux aquatiques. A cet effet, une eau bien conservée par une pratique biologique contribue à la sauvegarde de la biodiversité donc à la préservation des équilibres écologiques de base, tandis que la pollution constitue un facteur de dégradation des ressources en eau.

A cet effet, prenons à titre d'exemple les activités de la Compagnie Sucrière du Tchad (CST) sur le fleuve Chari où nous avons eu à passer quelques jours de recherches, en amont de la ville de Sarh. La qualité de l'eau de ce fleuve est en grande partie polluée par les activités culturales et industrielles de la CST. L'utilisation d'engrais chimique et de produits phytosanitaires pour la culture de la canne à sucre constitue une source de pollution du fleuve. En effet, une partie importante de ces produits est transportée par l'eau de ruissellement vers le fleuve où ils constituent des facteurs de pollution et d'eutrophisation du Chari. La Compagnie ne dispose pas de structure adéquate de traitement des eaux usées. Les eaux sont déversées directement au fleuve sans prétraitement approprié.

Il manque des données de suivi de l'évolution de la qualité des eaux de surface. Ainsi, il est clair que le déversement de ces eaux dans le Chari présente des risques de détérioration de la qualité de l'eau. Même si la CST est dotée d'un plan de gestion environnemental dont la mise en oeuvre permet de minimiser l'impact sur l'environnement et plus particulièrement sur la qualité des eaux, des efforts particuliers méritent d'être encore faits. Il y a aussi le risque de pollution par des déversements accidentels des produits chimiques et des hydrocarbures qu'il faudra surveiller. Certains des déchets industriels sont présentement stockés dans les locaux de l'usine. Même si les conditions de stockage sont sans risque pour l'environnement, la destination de ces déchets à moyen et à long terme pourrait être préoccupante.

Selon le Forum National sur l'Education à l'Environnement tenu à l'IUSAE de Doyaba du 24 au 29 mai 2004, il a été mentionné clairement que le fleuve Chari reçoit des pollutions de la Compagnie Sucrière du Tchad . Il y a manque des données factuelles :

- pas d'inventaire à jour de l'industrie polluante présentant des risques d'accident par les rejets d'eaux usées vers le fleuve, si bien que les eaux usées en provenance de la CST sont sans contrôle avant d'être jetées dans le Chari ;

- pas de service chargé des inspections visuelles, d'identification des rejets.

En conséquence, il y a invasion des végétaux aquatique sur les plans d'eaux. Compte tenu de leur multiplication et leur mobilité, ces végétaux constituent un gène pour les riverains et un menace pour la biodiversité. Cette invasion des plans d'eau par des végétaux aquatiques n'est pas une cause de pollution, mais la conséquence de l'eutrophisation de l'eau en apports excessifs de la matière organique et des résidus des engrais chimiques.

Certaines études relèvent que si l'agriculture biologique nécessite davantage de main-d'oeuvre, c'est principalement en raison des tâches manuelles et mécaniques indispensables aux cultures. Celles-ci sont relativement basses, ce qui est un avantage pour le Tchad. La population agricole du Tchad est supérieure à 50% de la population totale. A cette population s'ajoutent des exploitants agricoles en quête des créneaux nouveaux et dotés des moyens financiers suffisants par exemple les hommes d'affaires et les fonctionnaires en conversion vers l'agriculture. L'agriculture biologique peut paraître une bonne opportunité pour le Tchad de développer des nouvelles méthodes de productions respectueuses de l'environnement. Le marché bio d'exportation connaît une croissance très rapide à travers le monde, et tant que la qualité et la quantité des produits peuvent être assurées sur une base continue, c'est un nouveau potentiel pour le secteur agricole au Tchad. Donc sur le plan commercial, il y a des atouts financiers par l'exploitation des produits locaux à même de concurrencer ceux d'Europe sur leurs propres marchés. Ceci est une possibilité à approfondir par les producteurs tchadiens.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius