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Etude du centre-ville de Rufisque, mutations fonctionnelles et caractéristiques du paysage urbain

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par Mamadou Aliou Diallo
UCAD - Licence 2009
  

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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

Mémoire de Maîtrise

ETUDE DU CENTRE-VILLE DE RUFISQUE :
CARACTERISTIQUES DU PAYSAGE URBAIN ET
MUTATIONS FONCTIONNELLES

Présenté par:
MAMADOU ALIOU DIALLO
Sous la direction de :

Année universitaire 2008-2009

Monsieur YAKHAM DIOP
Professeur à l'U.C.A.D

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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

Mémoire de Maîtrise

ETUDE DU CENTRE-VILLE DE RUFISQUE :
CARACTERISTIQUES DU PAYSAGE URBAIN ET
MUTATIONS FONCTIONNELLES

Présenté par:
MAMADOU ALIOU DIALLO
Sous la direction de :

Année universitaire 2008-2009

Monsieur YAKHAM DIOP
Professeur à l'U.C.A.D

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Liste des sigles et acronymes :

ADM : Agence de Développement Municipal

ANDS : Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie

AOF : Afrique Occidentale Française

DAF: Direction des Affaires Financières DPM: Direction de la Police Municipale DRH: Direction des Ressources Humaines

DST : Direction des services techniques de Rufisque HLM : Habitat à Loyer Modéré

IAGU : Institut Africain de Gestion Urbaine

ICOMOS : Conseil International des Monuments et des Sites

IFAN : Institut Fondamental d'Afrique Noire SOCOCIM : Société Ouest Africaine de Ciment UCAD : Université Cheikh Anta Diop de Dakar UICN : Union Mondial pour la Nature

UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture

PROBLEMATIQUE :

Le patrimoine se conserve, les traces du passé se lisent. Tel est l'héritage et le tableau que nous offre la ville de Rufisque, témoin privilégié d'une longue présence française.

Rufisque, centre commercial et administratif avec des pouvoirs non moins importants se voit confier un rôle important dans l'économie arachidière.

La graine au premier plan, même dans la morphologie urbaine, comme si le centre --ville de Rufisque n'avait pour but que la vulgarisation du commerce de l'arachide, l'espace d'un moment « du fait de la transposition arbitraire d'un style architectural qui ne correspond nullement aux aspirations de ceux qui en « bénéficient » et au besoin de leur pratique sociale quotidienne »1, résultant plus d'une simple utilisation que d'une maîtrise totale du site.

« L'habitat adopte une sorte de structure dualiste, d'un côté le nouveau quartier de l'escale (la ville lotie) entièrement conçue et organisée pour le commerce de l'arachide, où se trouvaient également les villas des grands commerçants, de l'autre côté, à l'est et à l'ouest, l'agglomération " désordonnée " des quartiers lébous. Le plan de la ville relève d'une géométrie fondée sur la recherche d'éléments mesurables et négociables arrangeant tout le monde, répartiteurs, spéculateurs, entrepreneurs. »2

Entre un passé récent et aujourd'hui, le centre-ville s'est mu pour devenir un pôle d'attraction des services, du commerce, de la vie culturelle et économique donc un lieu où se développe l'ensemble des activités.

« Malgré les efforts de déconcentrations des activités tertiaires menées par de nombreuses villes, les centres-villes continuent de focaliser toute une gamme de services professionnels, commerciaux et administratifs. Ce type d'emplacement parait le plus adéquat à la fois pour irriguer en innovations et en informations l'économie métropolitaine »3.

1 Dubresson, Alain. L'espace Dakar --Rufisque en devenir .De l'héritage urbain à la croissance industrielle .ORSTOM. P114

2Rufisque.Réalités-urbaines.Direction des services techniques.mai 2000

3 Citation reprise par Raymond Guglielmo dans son ouvrage intitulé « les grandes métropoles du monde ».Edition Armand Colin, p111

A travers ses phases évolutives , l'originalité de Rufisque se note dans la transition d'un centre qui jadis « une parfaite illustration de la projection spatiale d'un système où tout est marchandise , où tout se négocie »4 et pour qui « c'est le 09 septembre 1862 que le plan directeur de la villeproduit d'une conjonction d'intérêt entre le grand commerce colonial et de l'administration coloniale- est rendu exécutoire »5, s'intéresser petit à petit à d'autres secteurs d'activités alors qu'elle était « créée par et pour la fonction portuaire »6.

figure1 : en vert le centre-ville

 
 

Photo 1 : Le canal de l'est

Produit colonial avec un espace limité entre les canaux de l'ouest et de l'est, de part et d'autre de la route nationale, l'escale (la ville lotie) ou centre-ville reste figé et n'a pas la possibilité de gagner en extension .Mais le contexte n'est plus le même et une redéfinition des limites du centre-ville s'impose.

Photo 2 : un nouveau bâtiment Photo 3 : structure moderne Photo 4 : circulation difficile au centre-ville

4 Dubresson, Alain. op. cit. , p21

5 Dubresson, Alain. Idem

6

6 Dubreson, Alainibiden

8

Photo 5 : Pierre de Rufisque Photo 6 : le jardin Photo 7 : ancienne police Photo 8 : toiture en ruine

dans un bâtiment public rénové en réfection

Le centre-ville de Rufisque est caractérisé pour une grande part par des bâtiments vétustes localisés à l'intérieur même c'est-à-dire dans sa partie sud contrairement à une zone nord partiellement rénovée. Au delà des considérations purement architecturales le vieux centre a su petit à petit devenir un outil administratif, un pôle central pour l'ensemble des activités de la ville. De la ville coloniale promotrice de la civilisation et de l'art de vie française, à la ville administrative et pôle des services, la transition n'a pas été une entreprise facile pour une ville qui doit se positionner comme une véritable locomotive ,obligée de se conformer à un héritage structurel pour le moins favorable à un développement durable .Ainsi le centre-ville de Rufisque reste confronté à un problème de mutisme spatial en raison d'une organisation de l'espace figé depuis l'ère coloniale l'obligeant à s'adapter à cette réalité.

Il s'en est suivi d'une ère de redéfinition des fonctions de certains bâtiments coloniaux dans le but de revaloriser le patrimoine et de diversifier les services mais sans effet.

.

Il devient logique de lier les nombreuses difficultés dans la circulation en plein centre-ville au mutisme spatial, lesquels problèmes sont loin d'être un vieux souvenir au regard de l'importance considérable du trafic et de l'étroitesse des voies.

Quel avenir pour un centre-ville à cours d'espace utilisable pour une redynamisation structurelle, un centre aux activités concentrées dans un espace déjà circonscrit depuis l'ère coloniale ?et qui doit répondre à la demande d'une population sans cesse grandissante liée à l'étalement de la ville vers le nord.

Selon les estimations de la Direction de la Prévision et de la Statistique, la population du département de Rufisque qui s'élevait à 41000 habitants en 1960, est très vite passée à 328709 habitants en 2008 avec un total de 5475 habitants concentrés dans les quartiers de Keury Kao et

Keury Souf formant le centre --ville.

Cette réalité est présente et place le centre-ville de Rufisque devant une problématique complexe regroupant à la fois plusieurs aspects de la mobilité urbaine passant par la survie du patrimoine à un déficit de structures. Sur l'ensemble des bâtiments que compte le centre-ville nombreux sont encore en état de délabrement ou encore vieux sans aucune réfection à part certains destinés au service administratif. A cela s'ajoute un réseau viaire complètement vétuste et étroit rendant ainsi la circulation piétonnière et automobile très difficile au centre-ville.

Photo 9 : Ancien entrepôt Photo 10 : école au cSur Photo 11 : bâtiment en ruine Photo 12 : Le nouveau

en ruine du marché chemin de fer

Photo 13 : Toiture délabrée Photo 14 : canalisation Photo 15 : la gare ferroviaire Photo 16 : bâtiment

au marché vétuste rénovée moderne

L'état actuel des structures soit les aspects morphologiques du bâti associé au contexte actuel de dynamisme économique ne constituent-t- ils pas une entrave à l'émergence du centre-ville ?ou au contraire sa réhabilitation ne pourrait-t-elle favoriser ou constituer un point positif de la renaissance touristique de l'ancien tissu ?

Autant d'interrogations qui permettent d'établir une problématique voire des inquiétudes quant au devenir de Rufisque qui se voit petit à petit transformer en véritable taudis du fait de l'appropriation du centre-ville par des populations ou des « Baol-Baol » ne se souciant guerre de la valeur touristique au risque d'assister à une cohabitation entre une ville ancienne par l'héritage français vétuste et une ville moderne caractérisée par une superstructure neuve localisée pour l'essentiel le long de la route nationale.

Ce mutisme spatial est imputable à une mutation partielle des fonctions s'opérant à l'intérieur
d'un centre étroit, dans des bâtiments voués à d'autres fonctions, accentuant la demande en

services. Des faits qui donnent lieu à une critique des politiques urbanistiques car il y'a lieu à une politique de délocalisation des fonctions.

Photo 17 : Quelques aspects du bâti

En dehors de ses bâtiments en ruines comme en témoigne l'état de délabrement avancé du lycée Abdoulaye Sadji, le centre-ville est envahi de partout par «une marée montante» d'écoles privées, toutes concentrées dans un espace très réduit, agressant d'avantage le vieux centre, grignotant le moindre mètre carré sous le regard coupables des autorités.

Tout cela renvoie à l'environnement qui se trouve menacé par les va et vient incessants, la circulation difficile siège d'une pollution continuelle, les bruits et les cris de tout part symbole d'un centre-ville « agonisant » et invivable.

Se déplacer dans la ville relève d'un exploit quotidien tant le trafic entre Dakar et le reste du Sénégal a fini d'empoisonner Rufisque.

La dégradation de l'environnement culturel, la vétusté du bâti, la crise sociale avec le chômage croissant des jeunes, doivent faire réfléchir les autorités locales sur la nécessité d'apporter au centre-ville de Rufisque un souffle nouveau.

Autant de questions sur lesquelles doivent débattre les acteurs de l'animation urbaine pour parer à toute taudification du patrimoine.

Le changement de statut n'est pas du tout facile, car entre une population qui ne cesse de croître et la recrudescence des demandes, il y'a plusieurs problèmes qui interpellent les pouvoirs compétents en matière de santé, éducation et services variés.

10

Photo 18 : La nouvelle sonatel Photo 19 : une rue du centre ville Photo 20 : fenêtre délabrée

L'objet de notre étude, axée en partie sur les caractéristiques du paysage urbain, constitue une esquisse afin d'appréhender l'aspect des bâtiments à savoir un état des lieux du patrimoine historique mais aussi une manière d'analyser avec objectivité le contraste dans les politiques urbanistiques au centre-ville matérialisé par une mixité paysagère.

Une étude des fonctions du centre-ville est un moyen de voir son véritable potentiel culturel, commercial, économique, pour redéfinir sa véritable place à savoir s'il peut jouer le rôle d'un véritable point de convoitise, un satellite pour prétendre s'imposer comme un pôle fournisseur de services plus performants, partant même à canaliser une majeure partie des services en direction de la capitale, mais également répondre aux exigences d'une population urbaine qui ne cesse de s'agrandir.

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CONTEXTE ET JUSTIFICATION:

L'apport d'une contribution à l'étude du centre- ville de Rufisque à travers une approche morphologique et fonctionnelle constitue un moyen de comprendre l'impact d'un héritage sur un support physique, les conséquences qui en découlent, qu'elles soient bénéfiques ou néfastes, pour une ville qui était supposée être un grand pôle commercial car dotée de réseaux et de services performants.

Il ne s'agira pas de faire un inventaire ou d'établir une liste exhaustive de conséquences mais d'analyser de manière objective les voies d'éventuelles sorties de crise pour une ville qui, bien gérée pourrait être le fer de lance d'une économie encore sous le choc.

Des questions se posent et interpellent les pouvoirs publics quant à l'organisation de l'espace et à la gestion des activités du centre-ville.

Est-ce qu'il ne serait pas opportun d'analyser l'échec d'un plan d'organisation de l'espace ou bien une volonté délibérée de resserrement de l'étau autour de Dakar?

Entre une nécessité d'aménager, mise en place d'équipements fonctionnels et une redynamisation du potentiel économique, il y'a matière pour une réflexion mure et une concertation dans les manières d'utiliser l'espace.

Comment expliquer le contraste entre un centre-ville qui semble garder intact l'héritage colonial et une zone périphérique, théâtre d'une modernité importée ne se souciant que de la beauté de ses maisons alors qu'elle pourrait être un espace de relais infrastructurel ?

Est-ce à dire que la ville se définie par la beauté de ses maisons que par l'importance des fonctions et services qu'elle doit promouvoir ?

Autant de questions qui permettent de recadrer la véritable place du centre-ville de Rufisque en tant que pôle promoteur, faisant ainsi réfléchir les pouvoirs compétents sur les politiques à mener pour une meilleure gestion et valorisation du potentiel culturel, économique.

Objectif général :

Cette recherche s'inscrit dans le cadre d'une étude du mode de composition urbaine de Rufisque par une analyse de ses contraintes et possibilités au plan morphologique (patrimoine architectural) et fonctionnel.

Objectifs spécifiques :

' Il s'agit de voir sur quoi repose vraiment l'économie du centre-ville à savoir quels sont les véritables pôles de développement.

Est-ce que ces secteurs sont prometteurs et peuvent garantir à long terme le développement durable.

' Etudier les mutations fonctionnelles au centre-ville et la manière dont elles se manifestent.

' Il importe d'étudier les politiques de sauvegarde et de valorisation patrimoniale menées pour sortir le centre-ville de Rufisque de son état de vétusté (la majorité des bâtiments est en état de délabrement avancé).

Hypothèses:

' L'héritage colonial rufisquois est plus une opportunité qu'une contrainte pour la ville.

' Les mutations fonctionnelles n'évoluent pas dans le sens d'une diversification de l'offre en services. (Absence de services de haute pointure).

' Le centre-ville de Rufisque n'est pas suffisamment outillé pour répondre aux défis actuels de modernisation (des structures à forte dominante commerciale et administrative).

14

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DEMARCHE METODOLOGIQUE

Dans un souci de mener à bien notre projet de recherche et de cerner l'ensemble des points qui structurent notre problématique, il nous a paru plus judicieux de choisir une démarche méthodologique qui s'articule autour de trois piliers principaux:

> la recherche bibliographique

> la collecte des données de terrain

> le traitement et l'analyse de l'information

--I-- LA RECHERCHE DOCUMENTAIRE :

La recherche documentaire a permis de faire l'état des lieux de la question et affiner les pistes de recherche. Autrement dit c'est une approche qui permet de faire une synthèse et un recoupement des différents documents qui s'insèrent dans notre étude afin de soulever des questions pertinentes sur le centre ville de Rufisque.

Cette documentation s'est faite sur la base d'ouvrages généraux, de rapports, d'articles de presses, de mémoires, et par la consultation de sites internet.

A travers elle, nous avons eu la connaissance d'un ensemble de points qui témoignent de la complexité de l'étude de Rufisque tellement les angles de recherche sont multiples et interprétables selon les voies que l'on se fixe.

Cette recherche nous a conduit dans plusieurs sites:

> La bibliothèque universitaire de l'UCAD

> La bibliothèque de l'IFAN

> La bibliothèque du département de géographie

> L'agence nationale de la démographie et de la statistique

> Le service de l'urbanisme de Rufisque

> La mairie de la ville de Rufisque

> La direction des services techniques de Rufisque

> Le service du cadastre de Rufisque

> L'institut africain de gestion urbaine

> L'office du tourisme à Rufisque

--II-- LA COLLECTE DES DONNEES DE TERRAIN:

Elle a consisté à recueillir des informations sur l'espace du centre ville de Rufisque. Lors de nos différentes missions on s'est efforcé de faire un état des lieux du paysage urbain et d'étudier la nouvelle appropriation du centre ville par ses usagers, un inventaire du patrimoine culturel selon ses différentes composantes, son aspect actuel, mais également d'obtenir des informations sur le nouveau statut du centre- ville de Rufisque.

Cette collecte des données sur les aspects du paysage urbain, s'est faite suite à de nombreuses sorties au centre-ville. On s'est efforcé de faire un tour complet de chaque rue pour localiser les différents types de bâti mais aussi leur aspect actuel.

Celle--ci a nécessité de longues heures de marche avec en main un bloc note qui a permis de recenser les aspects majeurs des dégradations.

Pour mettre en place une typologie de l'habitat, on s'est servi d'une carte de Rufisque en plus de nos différentes observations au niveau du site. Il ne s'agissait pas de faire cette typologie en tenant compte des détails près de toutes les composantes mais faire ressortir la tendance générale de la composition de l'habitat.

Une visite a été menée au niveau des différents organes et institutions qui interviennent dans l'animation des activités du centre ville de Rufisque afin de consulter leur base de données et dans certains cas pour obtenir des informations sur la part d'action réservée à chacun d'eux. L'essentiel des cartes utilisées dans la troisième partie de ce mémoire a été réalisé à la main. Pour se faire, il a fallu un recensement de chaque fonction au centre-ville, en tenant compte aussi bien de l'îlot que du nom de rue afin d'être le plus précis possible.

La réalisation de ce mémoire de maîtrise n'a pas été chose aisée au vue des innombrables difficultés rencontrées sur le terrain.

Tout d'abord, le manque de moyens financiers surtout que ce mémoire comporte de nombreuses photos et cartes en couleur qu'il a fallu scanner, sans oublier l'impression.

Ensuite, ce travail a coïncidé avec une période d'élections locales qui a vu l'ancien régime déchu, et une nouvelle équipe municipale mise en place. De ce fait nous n'avons pas pu accéder à certaines informations qui nous auriez permis d'aborder ce mémoire sous un autre angle. Les différents responsables rencontrés nous ont signifié qu'ils étaient en phase de constituer leur équipe de travail et qu'ils n'avaient pas encore pris leur fonction. Nous n'avons pas été en mesure d'avoir un repère fonctionnel du centre-ville de Rufisque ne seraitce que pour une année précise en raison d'archives lacunaires.

En dépit de toutes ces difficultés, nous avons pu collecter les informations qui nous ont permis de produire ce document.

--III-- LE TRAITEMENT ET L'ANALYSE DE L'INFORMATION :

L'information obtenue, il s'agira ensuite de la traiter sous forme statistique grâce à des logiciels très pointus comme Microsoft Word et Excel.

Pour l'essentiel des données quantitatives ou qualitatives il sera intéressant de les présenter sous forme cartographique, sous forme de croquis ou de tableau pour mieux saisir leur sens et d'en faire une bonne interprétation.

Il nous appartiendra de choisir la méthode la plus adaptée ou la plus appropriée pour l'exploitation maximale des données recueillies.

Cette étude s'articule autour de trois parties essentielles :

- Dans la première partie il s'agira de faire une étude physique et démographique de la ville de Rufisque.

Une esquisse historique sera donnée afin d'avoir une meilleure compréhension du passé de Rufisque.

Cette étude historique est indispensable à mon avis car elle constitue une matière voire un support dans la compréhension du cadre dans lequel elle a évolué.

Cependant, je n'ai pas jugé nécessaire d'entrer dans les détails puisque nombreux sont les auteurs qui en parlent.

Elle est seulement un fil conducteur qui permet au lecteur de se retrouver facilement dans ma problématique et d'avoir une plus grande aisance dans la corrélation entre le passé historique de la ville et ses problèmes actuels.

- La deuxième partie porte une attention particulière sur la morphologie urbaine et le patrimoine architectural rufisquois. Il s'agira d'analyser les traits particuliers du paysage urbain afin de déceler l'aspect actuel du réseau viaire, du bâti ancien et moderne, et voir dans quelle mesure le patrimoine culturel est entretenu et valorisé.

- Enfin une troisième partie sera consacrée aux aspects fonctionnels du centre-ville. Il importe d'étudier les mutations fonctionnelles et leur poids dans le renforcement des activités centrales mais également le sens dans lequel elles s'opèrent.

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INTRODUCTION

La problématique de la ville africaine est rendue complexe et difficile du fait de la combinaison des trois facteurs essentiels suivants: une démographie galopante sans rapport avec le taux de développement économique, une insuffisance de ressources financières pour faire face aux besoins croissants en études et travaux d'aménagement, une insuffisance de ressources de cadres et de techniciens qualifiés , capables d'appréhender les besoins de développement socio-- économiques des agglomérations et de faire des projections cohérentes sur l'avenir.

« Il est généralement admis de dire qu'il y' a quelques décennies seulement, la plupart des villages africains, de petites agglomérations vivaient en harmonie avec leur environnement qu'un fragile équilibre s'était constitué lentement au cours des siècles.

L'occupation de l'espace reflétait le mode de vie, le contact avec d'autres civilisations, la tentation du progrès ont modifié les intérêts, les besoins, les équilibres, les modes de vie .Les rapports entre environnement, mode de vie et occupation de l'espace sont en pleine évolution .Une bonne approche de l'environnement par les habitants mais aussi par « ceux de l'extérieur » est plus que jamais nécessaire »7.

Ainsi la plupart des grandes civilisations de l'Afrique ont subi des modifications importantes imputables à la colonisation et à leur volonté civilisatrice, transformant la structuration de la société traditionnelle jusque dans son encrage le plus profond.

Des modèles copiés, traduisant leurs propres aspirations, leurs propres intérêts, se sont vus imposés en Afrique. C'est ainsi que la plupart des villes de l'Afrique, plus particulièrement celles situées sur la bande côtière, ont été le soubassement de la politique coloniale et un relais vers la métropole.

7 Gaye Malick, Nicolas Pierre, (1988).Naissance d'une ville au Senegal.Enda et Editions Karthala.Paris.p29

On comprend aisément la situation de nombreuses villes coloniales qui voient leur héritage se délabrer, n'ayant pas les moyens d'y faire face au risque de perdre tout profit de ce patrimoine, Rufisque en est un exemple concret.

A l'heure actuelle où la ville constitue le véritable moteur de développement et doit se positionner comme place centrale dans l'organisation des activités sur l'espace, nombreuses sont les villes coloniales qui connaissent un grand handicap à s'adapter à cette réalité car le fossé demeure grand au regard de leur héritage obsolète.

Dans ce 21ème siècle naissant, la ville africaine est appelée à se perfectionner pour devenir un outil plus fiable à l'image des grands centres urbains qui sont de véritables communautés motrices dans la mesure où leurs orientations et leurs anticipations vont se diffuser sur le reste.

Les villes sont ainsi dotées d'un dynamisme interne qui engendre en leur sein une multiplicité d'entreprises nouvelles et c'est à partir d'elles que ces entreprises se décentralisent vers des régions en démarrage ou en déclin .L'avenir de ces régions dépend alors autant de leur possibilité d'attirer des entreprises en provenance de ces grands centres que de la vitalité des initiatives locales.

Tel n'est pas malheureusement la situation de nombreuses voire de la plupart des villes coloniales, qui demeurent encore dans un mutisme infrastructurel profond.

Si le centre ville demeure « le lieu des commodités et aisances fournies par des équipements et se réduit souvent à la ville des classes dominantes, lieu des classes privilégiées aisément lisibles depuis l'époque coloniale avec toute sa structuration et stratification », il semblerait que cette situation ait évolué aujourd'hui au centre ville de Rufisque.

C'est plutôt l'inverse qui est notée aujourd'hui avec une certaine appropriation anarchique de l'espace, regroupant diverses catégories sociales, un véritable creuset culturel dans lequel toutes les ethnies sont représentées.

PREMIERE PARTIE: CADRE PHYSIQUE ET
DEMOGRAPHIQUE

20

Chapitre I : RUFISQUE ET SON SITE

--A--HISTORIQUE DE RUFISQUE:

Une connaissance de l'origine de la ville de Rufisque s'avère difficile tant les versions sur sa découverte sont multiples. Faute d'un manque de source écrite on est tenté de se conformer à la tradition orale pour une meilleure connaissance des débuts de la ville de Rufisque. Plusieurs auteurs s'accordent à dire que Rufisque est un des plus anciens établissements lebou de la presqu'île du cap vert Alain Dubresson8 fixe ses début au XVIème voire XVème siècle.

La tradition orale nous renseigne que c'est de Kounoune une localité située à 4km au Nord de la ville actuelle que sont venus les fondateurs de Rufisque. Le site découvert par un chasseur qui avait suivi le marigot de Sangalkam aurait été défriché par quatre groupes familiaux, les Guèye, les Ndoye, les Ndop et les Mbengue (créateur de Ndunkou) qui s'établirent en bord de mer, au milieu dune clairière aménagée par le feu.

Cette version de Dubresson Alain est confrontée à une autre de Lexan Adrien Benga Ndiouga9 qui stipule qu'Omar Ndoye, habitant de Kounoune au Nord Ouest de Rufisque, traversant la foret autour de son village en compagnie de son chien, découvrit à perte de vue une grande étendue d'eau, la mer. Plus tard les habitants de Kounoune, Bargny, Yène descendirent du plateau pour venir s'installer au bord de la mer et fondèrent quatre villages Ndunkou, Thokho, Thiawlene et Dangou.

Une ressemblance se note à travers ces deux versions mais Alain Dubresson apporte plus de précision quant au début de Rufisque. Il nous affirme que cette clairière fut agrandi d'abord vers l'Est avec l'arrivé de Demba Diaw Djegal, premier chef de quartier de Thiawlene (et de Babacar Gueye fondateur de Mérina (certaines versions nous renseignent que c'est Tim ndoye

8 Idem

9 Benga Ndiouga Lexan Adrien. Pouvoir central et pouvoir local, la gestion municipale à l'épreuve .Rufisque.Senegal (1924-1964). (1995)

qui est le premier fondateur de mérina). Autour des noyaux de base vinrent s'agglomérer de nouveaux quartiers en particulier Diokoul (les derniers arrives).

Par plus de précision on est allé chercher d'autres significations dans l'étude de l'étymologie de Rufisque afin d'avoir une plus grande certitude sur les débuts de cette ville.

Quant au nom portugais l'historien R. Mauny propose au moins trois solutions: en premier lieu nous avons en portugais RIO FRESCO qui veut dire la rivière fraîche à cause de la rivière qui ceinturait la ville au XVIIème siècle, en second lieu nous avons le mot REFRESCO ou le rafraîchissement, le lieu d'escale qui est en totale contradiction avec le dernier vocable employé pour connaître l'origine de la ville de Rufisque, RIO FUSCO qui signifie la rivière noirâtre ou sale.

Les sources écrites faisant défaut, des discussions sur le nom autochtone «Têng Gêec» ou «Tin Guedj» c'est-- à - dire les puits de la mer sont d'autres voies vers une connaissance des débuts de Rufisque. Pour certains le nom «Têng Gêcc» est une déformation maladroite du nom lébou «Tang Gêcc» ou «Tangue Guedj» c'est-- à-- dire la clairière défrichée par le feu au bord de la mer, le puits de la mer ou ceux qui jouxtent la mer.

Toutes ces versions ne sont que des tentatives d'explications qui ne nous disent pas plus sur les débuts de la ville car chacun n'ayant pour support que la tradition orale qui peut être manipulée, transformée selon les intérêts du groupe qui la détient et la transmet.

D'une manière générale son nom d'origine portugaise laisse croire que ce sont eux qui sont les premiers à s'établir sur le site de Rufisque comme en témoignent les écrits de bon nombre d'auteurs du XVIIème siècle, puis par les hollandais et enfin les français qui ont été les véritables artisans de l'essor de la ville.

Ce n'est que dans les textes du XVIème siècle que Rufisque est régulièrement citée comme comptoir commercial .Pour Benga Ndiouga Lexan Adrien10« il faut attendre 1588, alors que la cote est connue des 1444-1445 ,pour voir mentionner Rufisque pour la première fois dans une patente de la reine ELISABETH d'Angleterre .Elle accorde à certains marchands le privilège

10 Benga Ndiouga Lexan Adrien .op. cit.

22

d'aller à la rivière de Gambie, à la ville de Barzaquiche (Gorée) située près du Cap vert sur la cote de Rufisco--viejo ou Rufisque, à Palmarin, à Portudal et à Joala ,et enfin à Gambia».

La renommée de Rufisque s'est faite surtout grâce au commerce de l'arachide, dotant ainsi la ville d'un port avec trois wharfs de débarquement pour l'acheminent des marchandises vers l'Europe et l'Afrique.

Photo 21 : Ancien wharf Photo 22 : ancien secco

Par sa singularité historique, Rufisque a hérité d'un important héritage culturel allant de la tradition lébou à l'architecture coloniale qui est le témoin d'un passé florissant aussi bien sur le plan social, économique que culturel.

Pour Diagne Badara11 «son existence est liée à la volonté de faciliter l'acheminement de l'arachide de l'Afrique vers l'Europe».

Ce qu'il faut noter est que l'existence même de Rufisque était indissociable du commerce de l'arachide car, par elle transitaient divers produits provenant des industries de transformations de l'arachide et de produits halieutiques (conserveries et savonneries).

« A la fin du XVIème siècle déjà Rufisque était considérée comme une agence commerciale mais ce n'est qu' à partir du XIXème siècle que la ville s'engage dans une dynamique de développement économique .Grâce à la politique adoptée par le gouvernement colonial français, Rufisque devient déjà en 1860 un point de triage de la production d'arachides entrant ainsi en

11 Diagne, Badara .Contribution à l'élaboration d'un système de gestion environnementale de la ville de Rufisque .mémoire de diplôme d'études approfondies.2004

concurrence avec l'île de Gorée qui représentait à cette époque un centre commercial important et occasionne ainsi un retard dans le développement de Dakar fondé en 1857.

Pour donner une idée du trafic commercial de Rufisque, il suffit de rappeler qu'en 1880, plus de vingt trois milles tonnes d'arachides étaient expédiées sur son port tandis que l'autre grand centre sénégalais de cette époque St Louis n'en traitait que six milles»12

De son statut de Commune du 12 juin 1880, elle a vu sa population s'accroître considérablement de 4500 en 1880 ,8000 en 1890 et 15000 en 1914 sur un espace communal allant de la plage c'est-- à - dire de la zone côtière au sud à la gare ferroviaire au nord. Puis elle évolua jusqu'en 1916 ou la loi Blaise Diagne lui conféra un nouveau statut par l'obtention de la citoyenneté française de ses habitants.

« Jusqu' en 1920, Rufisque était en pleine hégémonie avec le développement de la gare ferroviaire qui commença à supplanter le port .Mais c'est à partir de 1928 ,date à laquelle Dakar est devenue le premier port import export du Sénégal que Rufisque se vit dépossédée de ses attributs de premier centre d'affaires du pays .La création d'un nouveau port à Kaolack ,la crise des années 30 et le transfert de la chambre du commerce à Thiès donnèrent le coup fatal à la ville qui est dès lors engagée dans un processus de déclin irréversible.

En 1937, avec la création du « territoire de Dakar et dépendances en 1921, Rufisque est étouffée et réduit à un simple rang de chef lieu de subdivision .Ce déclin économique de Rufisque s'accompagne au fur et à mesure d'un processus en vertu duquel cette ville est devenue aujourd'hui une partie de la banlieue de Dakar dont elle dépend au moins en partie aussi du point de vue administratif».13

12 Diallo kadidiatou .Le patrimoine architectural des centres urbains et historiques du littoral sénégalais : St Louis, Rufisque, Gorée et Joal : un enjeu culturel de taille pour la sauvegarde et la mise en valeur.Mémoire d'études approfondies.2007.p49

13 Source : le quotidien, titre de l'article : Rufisque.une ville, une histoire, écrit par Ndiaga Ndiaye, publié le 6 août 2003,www.rufisquenews.con/articles-sur-Rufisque.html

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-B- SITUATION GEOGRAPHIQUE DE RUFISQUE:

La ville de Rufisque appartient à un grand ensemble formé par la presqu'île du Cap-Vert. Cet espace étroit de 550km2, limité à l'Est par la «falaise de Thiès», à l'Ouest par l'océan atlantique, ne représente que 0,28% de la superficie totale du pays.

Figure 2 : carte de la situation de Rufisque

Source : Direction des services techniques de Rufisque

Cet espace, selon A. Dubresson résulte de la tectonique (horts paléocènes de Ndiass et de Dakar, exondation du substratum marno-calcaire Lutétien au Miocène) ainsi que des éruptions volcaniques accompagnant des cassures récentes (système de Dakar puis système de Dakar puis

système des mamelles) et que son rattachement au corps principal du bassin sénégalais émane des pulsations du niveau marin et des oscillations climatiques du quaternaire.

Il s'en est suivi d'accumulations progressives de sables et constructions de cordons dunaires surtout puissants sur le littoral septentrional donnant à l'ensemble un caractère de pseudo tombolo.

Sa position en longitude, l'encadrement océanique, l'influence de l'alizé maritime Nord Nord-est favorisant le maintien d'une flore relique à affinités guinéennes, confèrent au Cap-Vert un milieu spécifique dont les fraîches températures de janvier - février ne sont pas un des moindres agréments.

Dans ce vaste ensemble se trouve la ville de Rufisque qui est située à environ 25 km au Sud Est de Dakar entre les parallèles 14°41 et 14° 46' 30'' Nord et les méridiens 1°15' et 17°20W à l'extrémité Ouest du grand bassin sédimentaire méso cénozoïque sénégalo-mauritanien (Bellion, 1987).

Rufisque est une ville côtière qui se trouve dans la baie de hann.Elle est le chef lieu du département le plus étendu de la région de Dakar du fait de son arrière pays. En effet c'est le seul département de la région de Dakar à comprendre une zone urbaine et une zone rurale.

Pour Halima Laaroubi14 , Rufisque est une ville côtière située à 28km au Sud--est de Dakar dans une demi cuvette avec une dépression ondulée .Elle est dominée sur l'arrière pays par un plateau calcaire et marno-calcaire dont l'altitude moyenne avoisine 35m.

Le Nord est couvert de sols « dior » de texture sableuse. A l'Est elle est ouverte sur le plateau de Bargny et vers le Sud sur la mer avec une faible altitude (< à 5m IGN).Ce qui entre autre explique l'avancé de la mer .Sa pente faible (6,29m par km) favorise l'atterrissement (Laaroubi, 1997).

Le département de Rufisque concentre 12,5% soit 284263 habitants de la population régionale en 2002, sur une superficie de 371,7km2 (DPS, 2004).

Rufisque a été érigée en commune de plein exercice depuis le 12 juin 1880 avec à sa tète un maire et un conseil municipal élu au suffrage universel.

14 Laaroubi, Halima.Etude hydrologique des bassins versants urbains de Rufisque.Thèse de doctorat de troisième cycle.UCAD (2006-2007).

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Plus récemment, le décret n°96-745 du 30 août 1996 portant création des communes d'arrondissement dans les villes de Dakar, Pikine, Guédiawaye et Rufisque, a divisé la ville de Rufisque en trois communes d'arrondissement :

Ø la Commune d'arrondissement de Rufisque Ouest ; Ø la Commune d'arrondissement de Rufisque Nord; Ø la Commune d'arrondissement de Rufisque Est.

Ces trois collectivités locales ont fait l'objet chacune d'une délimitation de son périmètre au nord, au sud, à l'est et à l'ouest.

Malgré cette délimitation il n'est pas toujours aisé de cerner avec précision les limites du territoire communal existant ou projeté.

Néanmoins la réalité spatiale est à tenir en compte, c'est-à-dire l'étendu actuelle de l'agglomération rufisquoise dans laquelle tous les quartiers sont répartis entre les communes d'arrondissement :

- la Commune d'arrondissement de Rufisque Ouest comprend 23 quartiers pour une superficie de 259,5 ha ;

- la Commune d'arrondissement de Rufisque Nord comprend 36 quartiers pour une superficie de 327,31 ha ;

- la Commune d'arrondissement de Rufisque Est comprend 31 quartiers pour une superficie de 390,5 ha15.

15 Ces données ont été recueillies auprès de la Direction des Services Techniques de Rufisque.

-C- LE CENTRE VILLE DE RUFISQUE :

Il est hérité du premier plan d'aménagement de 1862 avec un espace circonscrit entre la ligne du chemin de fer au nord et l'océan atlantique au sud.

Cet espace étroit est limité au nord ouest par le quartier Guéndel, au sud ouest par le quartier Diockoul avec une limite qui est matérialisée par le canal de l'ouest ;

Au nord est il est limité par le quartier Colobane et au sud est par le quartier Mérina avec comme point de chute le canal de l'est.

C'est l'ancien noyau urbain de l'époque coloniale regroupant les quartiers Keury Kao et Keury Souf.

Figure 3 : en vert le centre ville de Rufisque

Source : Direction des services techniques

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Le centre ville de Rufisque est l'un des rares endroits qui retrace encore le passage des colons français et cela se remarque encore dans le paysage urbain où l'art architectural colonial est gravé au plus profond de la pierre.

Il est aujourd'hui le pôle majeur de l'économie urbaine, avec une concentration géographique des services qui contribue à doter Rufisque d'un centre-ville sur équipé par rapport aux quartiers environnants.

Il symbolise la puissance de la ville, le seul outil fonctionnel à travers lequel, Rufisque est reconnu encore comme véritable pôle exerçant son influence sur un vaste hinterland.

Chapitre II: LES CARACTERISTIQUES PHYSIQUES DU PAYSAGE RUFISQUOIS

-A- Cadre géologique et géomorphologique:

Figure 4 : Schéma structural de la presqu'île du Cap-Vert

Source :(Elouard, 1980, in Laaroubi, 2007)

Rufisque est située dans la presqu'île du Cap-Vert qui se trouve à l'extrémité

occidentale du bassin sénégalo-mauritanien. Il est limité à l'est par la falaise de Thiès. La morphologie de la presqu'île du Cap-Vert se caractérise par deux dômes: la tête de la presqu'île à l'ouest et le massif de ndiass à l'est (Elouard, Brancart et Al. ,1976).

La structure de la presqu'île est une succession de horsts (compartiments élevés) et de graben (compartiment effondré), relayé par des gradins qu'on distingue d'Ouest en Est:

Ainsi, nous avons le horst de Dakar, le Gradin de Pikine qui explique l'isthme de la presqu'île du cap vert avec des affleurements tertiaires de l'éocène inférieure, le graben de Rufisque, compartiment affaissé, a une allure de synclinal dont le cSur est formé par des formations marnocalcaires sur lesquelles est situé le vieux Rufisque. Il est suivi de deux gradins :

Le gradin de Bargny a l'allure d'un anticlinal avec des bordures constituées par les calcaires lutétiens de Bargny, le gradin de Sébikotane constitué essentiellement d'argiles à attapulgites de l'Yprésien (Diop, 1995). Et enfin le horst de Ndiass qui est un dôme anticlinal formé par des dépôts Maestrichtiens recouverts de cuirasses ferrugineuses.

-A-1 GEOLOGIE DE LA PRESQU'ILE DU CAP-VERT:

L'évolution du bassin a été marquée par différentes phases de transgressions et de régressions à l'origine d'une diversité des formations sédimentaires.

Ainsi du Crétacé au Paléocène, on a des formations marines essentiellement gréso-argileuses.Du Paléocène à l'Eocène, on observe une régression générale donnant une sédimentation biochimique (argilo-marneuse) qui devient progressivement continentale, contenant des altérations ferralitiques ou latéritiques héritées (climat tropical vers 10-15 Ma).

Parallèlement, se met en place le volcanisme tertiaire de la région de Dakar-Thiès (Sarr et al.2000).Cette période est suivie d'une phase d'érosion intense résultant d'une importante activité tectonique de la région du Miocène au Pliocène. Et enfin le Plio-quaternaire avec un faciès allant des cuirasses ferrugineuses aux sables infra-basaltiques, aux produits volcaniques des Mamelles, aux Beach-rocks, aux tourbes des Niayes et aux formations dunaires (ergs de Pikine et de Cambérène).

Le Quaternaire est marqué par de nombreuses périodes sèches et humides, dont les plus importantes pour notre zone d'étude sont l'Ogolien et le Nouakchottien:

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-L'Ogolien (20000-14000 ans BP) est une période très aride marquée par une intensification des alizés, des upwellings et du courant des canaries (Diester Haas, 1980 et Sarnthein, 1980-82, in Diagne Badara, 2004).

-Le Nouakchottien (6800-4200 ans BP) est caractérisé par un climat plus humide .Durant cette période la mer envahit toutes les dépressions (inter dunes, lacs et cours inférieures des marigots) pour constituer une série de golfs peu profonds. Une population du néolithique se serait installée autour de ces golfs et aurait laissé des accumulations de coquilles de Anadara Sénilis et les

Kjokkenmoddinger que l'on trouve en bordure des marigots de Mbao (Elouard et al., 1976, in Diagne Badara, 2004).

--A--2 LES FRACTURATIONS DE LA PRESQU'ILE DU CAP-VERT:

Elle est marquée par trois grandes catégories de failles (Bellion, 1987, in Diagne Badara, 2004) qui ont plusieurs fois rejoué du Crétacé au Quaternaire :

-Des failles d'orientation NNE-SSW, liées à l'ouverture de l'océan atlantique central, qui prédominent entre Thiaroye et Bargny ;

-Des failles d'orientation NW-SE qu'on retrouve uniquement au niveau du horst de Ndiass et à Bargny ;

-Des failles d'orientation NE-SW qui sont bien représentées au niveau du plateau de Bargny et dans la partie centrale du horst de Ndiass

De grandes fractures s'étendent de la pointe de Rufisque jusqu'au nord du horst, parallèlement à la côte nord (Lompo, 1987, in Laaroubi, 2007).

--B-- LES PRINCIPAUX AFFFLEUREMENTS DE LA ZONE DE

RUFISQUE:

Les principales formations qui affleurent à Rufisque datent du tertiaire et du Quaternaire:

--B--1 LES FORMATIONS TERTIAIRES:

Le tertiaire a connu une sédimentation marine et surtout des rejeux de failles accompagnées d'un volcanisme basique dans la région de Dakar-Thiès (Lompo, 1987, in Laaroubi, 2007) .on

distingue les étages et les formations suivantes :

-L'éocène inférieur (l'Yprésien) : Il est d'une épaisseur de 200m (Elouard., Brancart et al., 1976, in Laaroubi ,2007) .Cette formation se subdivise de bas en haut en trois niveaux (Sall, 1983) :

> Un niveau calcaire glauconieux phosphaté;

> Un niveau inter dunaire d'argiles papyracées à attapulgites ;

> Une alternance de niveau de calcaire silicifié et de marnes dans sa partie supérieure. Cette formation constitue la principale ressource de matériaux de la cimenterie de Rufisque. -L'éocène moyen (Lutétien) : Il couvre une grande partie du bassin versant de Rufisque. Son épaisseur varie entre 10 et 25m. Il se présente sur 25m par la succession suivante, de bas en haut :

> Calcaire argileux à lits de marnes (calcaire de Bargny) ;

> Marnes à lits de calcaires argileux à frondicularia ;

> Marnes à lits de calcaires argileux à planularia ;

> Marnes grises à radiolaires.

-Le calcaire de Bargny : Il est constitué d'une alternance de bancs de calcaire jaunâtre sublithographiques et de couches marneuses .Ces bancs calcaires sont parfois siliceux et phosphatés, de couleur beige foncée .Il contiennent, en petite quantité, de silex bruns ou noirs avec des faciès à discocyclines (Nahon et Tessier, 1974, in Laaroubi, 2000).

-Les marnes grises à lits de calcaires argileux : On les retrouve à l'est de Rufisque dans un compartiment affaissé. Il s'agit de faciès de calcaire de Bargny qui deviennent beaucoup plus marneux .Ces bancs de calcaire se raréfient de la base vers le sommet (Elouard, Brancart et al., 1976, in Laaroubi, 2007).

-Le miocène volcanique : A cette période, la mer s'est retirée complètement et définitivement (Elouard et Roy, 1965) .Cette période s'est caractérisée par une activité du système volcanique dans la presqu'île du Cap-Vert .L'affleurement volcanique le plus important est celui de DiokoulRufisque.

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--B --2 LES FOR MATIONS QUATERNAIRES :

Le quaternaire marin est représenté par quatre grands types de formations, mais il est surtout marqué par deux étages géologiques qui correspondent aux transgressions de l'Aioujien et du Nouakchottien :

-La transgression de l'Aioujien : Elle s'est produite vers 100000 ans BP. On en retrouve quelques lambeaux sur la plage à l'ouest de Rufisque dans les environs de la centrale thermique au cap des biches et en bordure de la plage environ 2m IGN au dessus du niveau de la mer. -l'Ogolien : A cet âge la mer a connu une régression marine qui peut atteindre 100m. Au Sénégal le climat était désertique, ce qui a permis la mise en place de puissants massifs dunaires alignés (dunes longitudinales de direction nord est-sud ouest).

Le nord ouest du plateau de Mbao et le nord de la dépression de Rufisque ont été coiffés par ces massifs dunaires dont on distingue trois types:

Ø Les dunes ogoliennes de l'erg de Pikine qui sont des dunes continentales, longitudinales de direction nord nord-est --sud sud-ouest. Elles se trouvent au nord ouest du marigot de Mbao et dans la zone des Niayes.

Ø L'erg de Bambilor est le plus ancien. Il s'étend sur les bordures du plateau de Bargny, en formant des dunes longitudinales de direction nord à nord est-sud à sud ouest, qui sont très étalées. Ces massifs dunaires sont témoins de désertification tropicale.

Ø L'erg de Keur Massar est le plus récent. Il s'étend entre Keur Massar et Sangalkam, on le trouve également au nord de Rufisque. Il est formé de dunes longitudinales de direction nord est --sud ouest .Cet alignement dunaire indique la direction des vents dominants.

-La transgression du Nouakchottien : Elle est marquée par une nouvelle transgression marine qui atteint son maximum à plus de 3m. La mer s'est insinuée entre les dunes continentales et a remonté le cours inférieur des marigots (Mbao, Bargny, Panthior). Le cordon dunaire littoral s'étend sur une largeur de 10 à 50m. Il est constitué d'une alternance de couches de sable et de coquillages brisés.

Les formations quaternaires continentales sont largement représentées dans l'axe des vallées des bassins versants de Rufisque. Il existe un remblaiement alluvial qui résulte du comblement des paléo vallées creusées lors des régressions marines de l'Inchirien et du Nouakchottien.

Chapitre III : ETUDE DEMOGRAPHIQUE DE RUFISQUE

--A-- La population rufisquoise :

L'histoire démographique de Rufisque est marquée de péripéties aussi importantes et que son étude nécessite la confrontation de diverses sources pour mieux apprécier son évolution.

--A--1 Les aspects de la croissance démographique :

L'histoire démographique de Rufisque est jalonnée d'incertitudes dans la mesure où les données souvent retenues ont fait l'objet de nombreuses divergences dans le passé.

Le premier recensement de la population rufisquoise n'a été possible que grâce au sondage au 1/20° de 1960-1961.

La plus grande incertitude règne donc sur la période 1945-1960 du fait de la non concordance des chiffres donnés par bon nombre d'auteurs, des chiffres marqués par des ordres de grandeur différenciés voire des variations inexpliquées.

Selon Dubresson Alain « le premier sondage scientifiquement acceptable date de 1960-1961 et attribue 41000 habitants à Rufisque et 10000 à Bargny» (il suggère à ce sujet de voir l'analyse de VERRIERE L. : la population du Sénégal (aspects quantitatifs), thèse, fac. de droit, 1965).

Pour sa part, il a donné une estimation de la population rufisquoise de 75000 habitants en 1970 et de 80 à 85000 habitants en 1972/1973.

Cette poussée démographique serait imputable aux forts taux d'accroissement naturel à cette période.

--A--2 L'évolution de la population rufisquoise :

La ville de Rufisque, de par son statut de commune de plein exercice, a eu à bénéficier très tôt des différents recensements réalisés au Sénégal.

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En effet, il ne faut pas perdre de vue que l'étude de la population n'est pas nouvelle à Rufisque ; nombreux sont les documents qui révèlent l'existence de données démographiques, issues d'estimations faites par l'administration coloniale ou de sondages effectués dans le cadre d'études.

Ainsi, l'Audit urbain de la ville de Rufisque réalisé par la municipalité indique l'évolution de la population et son taux de croissance entre différentes années.

L'analyse faite à partir de ces données fait ressortir les constats suivants :

On assiste à une augmentation très rapide de la population entraînant un doublement de la population presque tous les 20 ans.

L'évolution de la population s'est déroulée suivants différentes phases avec des hauts et des bas. Après une forte croissance de la population durant la période coloniale, on note une régression continue du taux de croissance (taux moyens annuelles à 10,17% entre 1878 et 1904, 4,14% entre 1904 et 1914, 2,27% de 1916 à 1936, 0,58% de 1947 à 1966).

A partir des années 1970, la tendance s'inverse, ainsi, de 1976 à 1978, avec un taux de croissance moyen de 3,24% la population de Rufisque a plus que doublée passant de 74351 à 150872 habitants.

--A-3 Les nouvelles tendances de la croissance démographique :

Tout récemment, en 2006, un recensement général de la population est organisé au Sénégal. Il convient de préciser qu'il est intervenu dans un contexte particulier marqué par une réorganisation administrative et territoriale du Sénégal.

On a assisté en 1990 au détachement de la commune de Bargny, puis à l'adoption de la Régionalisation et l'émergence des communes d'arrondissement en 1996.

Graphique 1 : évolution de la population rufisquoise de 2005 à 2015

2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

années

0

250000

nomb re di habit

200000

150000

100000

50000

Source : réalisation personnelle à partir du Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH-2002) réactualisé en 2006 par la Direction de la Prévision et de la Statistique.

L'exploitation et la lecture des données doivent désormais se faire en tenant compte des nouvelles limites administratives.

Ainsi, les projections de la population du Sénégal issues du recensement de 2002, publiées par la D.P.S. en janvier 2006, situent la population de la ville de Rufisque à 154 975 habitants en 2005, 173 114 en 2010 pour atteindre un effectif de 192 426 habitants en 2015, (ces chiffres représentent le cumul des totaux des communes d'arrondissement de Rufisque Est, de Rufisque Ouest et de Rufisque Nord pour les années 2005 , 2010 et 2015),alors qu'elle tourne autour de

36

307 463 habitants en 2005 dans l'ensemble du département pour atteindre 381 765 habitants en 2015.

Ces chiffres dépassent largement les estimations faites lors du recensement de 1988 qui prévoyaient 192 064 habitants pour 2006.

Au 31 décembre 2008 la population du département de Rufisque était estimée à 328 709 habitants soit 2,56 % de la population du pays (12 853 259 habitants en 2008).

En 2005, elle représentait déjà 12 ,50 % de la population dakaroise.

--B-- Taille des ménages et de leur répartition :

Tableau 1 : Répartition des concessions, ménage et du sexe dans les communes d'arrondissement de Rufisque

NOM LOCALITE

EFFECTIF

 

CONCESSION

MENAGE

HOMME

FEMME

CA RUFISQUE OUEST

2229

3680

17259

17305

CA RUFISQUE CENTRE (NORD)

4591

6995

28294

28575

CA RUFISQUE EST

4228

5857

27079

26770

TOTAL

11048

16532

72632

72650

Source : réalisation personnelle à partir du Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH-2002) réactualisé en 2006 par la Direction de la Prévision et de la Statistique

L'analyse du tableau montre une répartition spatiale des concessions et des ménages assez homogène dans l'espace rufisquois notamment dans les communes d'arrondissement de Rufisque Centre (Nord) et de Rufisque Est avec 4591 concessions, 6995 ménages pour le premier et 4228 concessions, 5857 ménages pour le second mais cette tendance évolue faiblement au niveau de la commune d'arrondissement de Rufisque Ouest avec 3680 ménages pour 2229 concessions soit une moyenne de 1,65 ménages par concession.

Ce chiffre parait acceptable comparé à la moyenne générale de la ville qui est de 1,49 ménages par concession.

Pour ce qui concerne le centre ville de Rufisque nous avons comptabilisé 696 ménages pour 546 concessions soit une moyenne de 1,27 ménage par concession.

La composition par sexe montre une dominante chez les femmes avec un effectif de 72650 femmes pour 72632 hommes soit un rapport de masculinité de 100.

Conclusion:

L'Analyse de l'ensemble des chapitres qui structurent cette première partie nous permet d'avoir une plus grande compréhension des enjeux qui tournent autour de la ville de Rufisque.

.

Il devient plus que urgent de définir des politiques viables axées en grande partie sur une réappropriation et une réorganisation de l'espace du centre ville afin de l'adopter au contexte actuel de dynamisme urbain.

Une analyse de la situation démographique de la ville est suffisante pour comprendre la nécessité de mettre en place des équipements fonctionnels et de diversifier l'offre en services afin de développer une politique d'emploi pour lutter contre le chômage croissant des jeunes.

De même les multiples problèmes environnementaux qui gangrènent la ville de Rufisque trouvent, en partie, leur explication dans la nature du site, caractérisé par un sol et un sous-sol essentiellement constitués d'argiles de type gonflant (marno-calcaires) qui ont la particularité d'être très instables et peu appropriés à la construction ; et l'existence d'une demi-cuvette (actuel centre-ville) qui est sensible aux phénomènes d'inondations.

Cette situation environnementale est d'autant plus inquiétante qu'elle se traduit sous d'autres formes par une dégradation du patrimoine architectural.

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DEUXIEME PARTIE : LES CARACTERISTIQUES DU PAYSAGE URBAIN

Comprendre le paysage, l'analyser jusque dans ses proportions les plus élémentaires, ou pour en saisir le sens ou pour en contempler ses traits les plus marquants, ou pour en déceler le moindre signe de son appartenance culturelle ; mais hélas « la ville apparaît beaucoup plus faite d'idées que de briques et que les idées et les briques ne suffisent pas encore à faire des villes».

«Il est en effet difficile de savoir ce que pense le citoyen moyen de son environnement, car le plus souvent il s'exprime peu ou mal, découragé qu'il est par son impuissance croissante devant un système technocratique et anonyme. Or le silence est grave puisqu'il contribue au divorce grandissant qui s'installe entre l'habitant résigné et les spécialistes des villes.

D'un coté bien des architectes et des urbanistes conçoivent des formes pour des habitants qu'ils ignorent et qui ne sont parfois même pas nés, de l'autre la grande majorité des citadins ignorent qu'un bâtisseur peut faire autre chose que des mètres cubes de béton »16.

Le paysage, symbole de l'ensemble des éléments d'un environnement, apparaît comme un assemblage de formes dont chacune est porteuse de significations. Il doit contribuer à révéler l'histoire d'un espace, non seulement dans ses évolutions lentes mais aussi lorsqu'elle a comporté des ruptures brutales.

A travers une simple analyse des traits du paysage, toute l'histoire d'une société devrait être sue et comprise.

En effet tel qu'il nous apparaît, «le paysage est le miroir des relations anciennes et actuelles, de l'homme avec la nature qui l'environne, la plaque photographique sur laquelle il a laissé une trace plus ou moins précise et profonde, avec tous les phénomènes possibles de

surimpression »17.

Les paysages expriment ce qui relie entre elles les pratiques matérielles, les rapports sociaux, les représentations symboliques et finalement, tout ce qui contribue à modeler une culture locale.

Ils apparaissent comme une écriture, à savoir ce qui relève des cultures humaines, inscrites sur un support, la nature avec laquelle il a fallu composer.

16Rimbert, Sylvie.Les paysages urbains.Ed Armand Colin.1975 .240 pages

17 Lizet Bernadette, De Ravignan François.Comprendre un paysage.Guide pratique de recherche.INRA.Paris.1987.p14

40

Cependant dans un contexte où ces formes sont le résultat d'une politique coloniale, dont un des soubassement a été d'importer dans la colonie l'art de vie à la métropole, symbole d'une aristocratie soucieux de reconduire dans ces terres lointaines leur style de vie, il apparaît difficile pour la population urbaine d'y prêter un quelconque attachement puisque «l'objectivité spatiale de l'architecte, de l'urbaniste ou de l'ingénieur, est en grande partie étrangère à l'usager de la ville parce qu'infiniment plus pauvre que ce qu'il choisit de voir »18 .

Parce qu'elles suggèrent une réplique des cités françaises dans des terres lointaines, ces images alimentent une certaine réflexion chez des auteurs comme Alain Sinou qui s'exprime sous ces termes : «elles évoquent le rêve de quelques administrateurs qui souhaitent reproduire un ordre social nouveau. Ces images ont pour fonction, comme les actions d'aménagement, de proposer un nouveau tableau de la colonie, mais elles sont destinées à un autre public localisé en

France »19.

En revanche, ce tableau de l'ancienne colonie a tendance à disparaître aujourd'hui au centre ville de Rufisque mais dans des proportions moindres .Une nouvelle conception architecturale prend forme aux alentours ou sur l'héritage colonial, exprimée par la volonté d'apporter un peu de modernisme et une nouvelle image, vivante, à la monotonie de cet espace.

Il marque le désir des populations à s'intéresser à leur propre environnement et d'imprégner leur propre marque à leur espace.

« Il ne s'agit pas de renier d'anciennes pratiques mais plutôt que les enrichir afin qu'apparaissent un nouveau paysage urbain se voulant une synthèse entre le monde du progrès, la société industrielle française et les sociétés locales, dont certains signes architecturaux sont désormais considérés comme l'expression de valeurs culturelles ».20

C'est dans ce contexte tout à fait nouveau que nous tenterons d'étudier le paysage urbain de Rufisque.

18 Rimbert, Sylvie .op. cit.

19 Sinou, Alain.Comptoirs et villes coloniales du Sénégal : St-Louis, Gorée, Dakar.Ed Karthala et Orstom.1993

20 Sinou, Alain. op. cit. p331

CHAPITRE I : La morphologie urbaine

--A-- La trame urbaine rufisquoise : Figure 5 : Carte du maillage urbain de Rufisque

Source: réalisation personnelle à l'aide d'un papier calque21

21 J'ai pu grâce à la carte qui suit, et d'un papier calque, reconstituer la trame urbaine de Rufisque

43

De par son passé colonial, Rufisque a eu à bénéficier très tôt et grâce au plan d'aménagement de 1862 d'une organisation de son espace axée en grande partie sur un modèle simple qu'on pourrait qualifier d'un plan en damier.

Cette organisation de l'espace dominée en grande partie par des rues perpendiculaires a été mise en rapport avec le commerce de l'arachide qui imposait une mise en place de rues facilitant le transport des produits de traite de la gare au port.

La trame urbaine régulière obéissait à une activité économique qui rythmait la vie de la cité, liée aussi au port, entrepôts, huileries, conserverie de poissons, savonnerie etc.

Photo 23 : Exemple de rues perpendiculaires

Les formes simples l'emportent. Les rues sont perpendiculaires et droites, les carrées ou rectangles constituent les unités de base dont la valeur se calcule aisément et qui permettent une utilisation maximale du terrain plat.

Il ne faut pas ignorer cependant que cette organisation de l'espace n'est pas uniforme sur la totalité de la trame urbaine et ne concerne que les quartiers du centre ville que sont Keury Souf et Keury Kao.

Au-delà de cette zone marquée pour l'essentiel par des ilots carrés et rectangles, on note une rupture brusque notamment sur la disposition des parcelles et de leur taille vers le nord ouest (Diokoul, Ndar gou ndao, Guendel, Dar es salam, Dangou) et une partie de la zone est c'està-dire vers Gouye mouride.

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Cette organisation de l'espace n'est pas indépendante du passé de la ville et impliquait la mise à l'écart de la population indigène dans des endroits non lotis et insalubres d'où l'opposition entre le lotissement des quartiers du centre-ville et la trame désordonnée des quartiers périphériques.

--A--1 Le lotissement urbain:

Le morcellement de la trame urbaine de Rufisque montre un nombre important d'îlots. Ainsi nous avons pu recenser en tout 278 îlots. Parmi ces derniers, 127 îlots soit 45,7% sont localisés au niveau du centre-ville et 49 de ces îlots (soit 36,6%) ont des grandeurs de 60 m22 de coté. On a noté par ailleurs 17 îlots qui ne respectent pas cette norme et dont les dimensions sont supérieures à celles des premiers îlots recensés. Par exemple il y'en a deux de 60/80 m et un de 120/140 m (l'ilot de l'usine ex-Petersen).

En dehors du centre, les îlots répertoriés ne présentent pas d'ordonnancement régulier sauf au niveau du quartier de Mérina et dans la zone de Rufisque II.

D'une manière générale le maillage apparaît plus serré au centre --ville avec des rues qui se coupent presque tous les 60 m et de ce fait la logique piétonne est continuellement empiétée par l'automobile depuis que ce dernier a envahi les différentes voies internes du « vieux tissu » urbain.

--A--2 Le parcellaire :

L'étude du parcellaire a été axée pour l'essentiel au niveau du centre-ville en raison du caractère désordonné du parcellaire de la zone périphérique. Ainsi nous avons pu recenser dans la totalité de la trame du centre-ville 546 parcelles.

Cette subdivision du parcellaire ne s'est pas faite de manière équitable sur toute la trame. Ainsi 38 îlots sont constitués d'au moins de 7 parcelles soit 30% de l'ensemble des îlots.

Il peut arriver de rencontrer des îlots qui regroupent plus de 10 parcelles, dans certains cas 1 ou 2 parcelles (îlot supportant en grande majorité les « seccos », résidence privée ou école).

22Ces données ont été recueillies grâce à la consultation d'une carte cadastrale du centre-ville à l'échelle de 1/2000

Ce parcellaire est plus dense au niveau du quartier de Keury Souf et dans certaines parties du quartier de Keury Kao, moins vers la zone du marché et vers le secteur sud près de la mer.

--A-3 La voirie urbaine :

La fonction principale du réseau de voirie est d'assurer les liaisons inter-urbaines (Route Nationale, route de Sangalkam, route des HLM), les connexions entre les quartiers (route de Dangou, route de Diokoul, route de Santhiaba, etc.) et les dessertes à l'intérieur des quartiers (rues situés aux HLM et dans le centre-ville).

La longueur totale du réseau est estimée à 96,35 km23 dont 17,3 km de voiries revêtues en bon état.

En outre, 49,3 km du réseau routier, soit 51,1% de la voirie urbaine est équipé d'éclairage public. Pour ce qui concerne le centre-ville, l'éclairage est concentré le long du Boulevard Maurice Guèye qui est bien éclairé, contrairement à la voirie interne.

L'absence de route dans plusieurs quartiers rend difficile les liaisons inter-quartiers et accentue l'enclavement de beaucoup de zone surtout celles périphériques (exemple du quartier Gouye mouride où le réseau est impraticable).

Ce qu'il faut noter est que cet inventaire pour la programmation des infrastructures et des équipements réalisé par la DST ne prend pas en compte le centre --ville où le réseau routier n'est pas des meilleurs comme il le laisse penser.

En effet le réseau du centre-ville présente en certains lieux des dégradations. Cet état de dégradation et de délabrement du réseau routier s'explique par son âge (époque coloniale pour la plupart) et par l'absence de programme d'entretien. Cette situation s'est empirée depuis que la circulation inter-quartier a été ouverte aux gros porteurs et aux différentes voitures qui empruntent les tronchons de la rue Adama Lo et Ousmane Socé Diop (la voirie secondaire). Il n'y a plus de routes à Mérina et à Thiawlène (toutes dégradées).

23 Direction des Services Techniques

Photo 24 : embouteillage à la rue Adama Lo et au Boulevard Maurice Guèye

Photo 25: embouteillage à la rue Adama Lo et au Boulevard Maurice Guèye bis

Il s'en est suivi d'une perturbation au niveau de la fluidité du trafic. La calèche qui a été pendant longtemps le moyen de transport le plus usité se trouve relégué au second plan (apparition de nouveaux garages de «taxis clandos » au centre-ville).

L'espace réservé aux piétons disparaît petit à petit en raison des nombreuses voitures qui roulent à tout moment, l'encombrement de la chaussée par les épaves de voitures, des kiosques et autres étals empêchant du coup une rapide circulation. Tout piéton qui emprunte les différentes artères du centre craint d'être renversé par une voiture.

Le Boulevard Maurice Guèye est transformé sur toute sa longueur (1,7km) en un vaste champ de stationnement.

La voirie urbaine occupe une faible partie des superficies de Rufisque. En tout elle ne représente que 77,75 ha sur un total de 977,75 ha pour la ville de Rufisque, soit 7,9 % seulement de la superficie totale. Elle est concentrée dans sa majorité dans les quartiers de Keury Kao et Keury

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Souf, soit 17,76 ha. Dans certaine zone elle est quasi inexistante comme à Santhiaba, Diorga, Diokoul.

A Rufisque, cette voirie se présente comme suit:

Ø La grande voirie qui comprend la route nationale ou le Boulevard Maurice Guèye d'environ 60 m de large et traversant la ville d'ouest en est. Elle est complétée par les routes départementales de Sangalkam et de la SOCOCIM.

Ø La voirie communale, du reste très dégradée, en raison de la stagnation des eaux mais aussi à un déficit d'entretien.

A ceux là, on peut y adjoindre deux rues du centre-ville qui continuent de marquer l'histoire de la vielle cité : la rue Adama Lo et la rue Ousmane Socé Diop d'environ 20 m de large chacune.

La configuration du réseau urbain rufisquois et son état actuel n'est pas favorable à une amélioration de la mobilité. Tel quel se présente actuellement, surtout au niveau du centre-ville, héritier d'un réseau dont le fondement était voué au commerce de l'arachide, la situation est loin de s'améliorer. Ce qu'il faut c'est une voie de contournement (projet en cours au Nord de Rufisque) afin de réduire la forte pression automobile et instaurer un plan de circulation urbaine.

--B-- Le réseau de canalisation et le maillage vert :

Une étude du paysage urbain de Rufisque ne peut se faire sans tenir compte des aspects environnementaux et de la place réservée à l'arbre dans l'espace public que privé.

--B--1Le réseau de canalisation:

S'il existe un élément qui caractérise le plus l'espace rufisquois, cela serait sans doute le réseau d'évacuation d'eaux usées. Il s'évalue sur presque 29810 ml réparties dans les différents quartiers. Le centre-ville en possède 8636 ml soit près de 29% de l'ensemble du réseau, comprenant le canal de l'ouest et celui de l'est (canaux à ciel ouvert) que rejoignent de nombreux caniveaux. La plupart de ces caniveaux est hors d'usage ou ne fonctionne que partiellement, comme le prouvent à chaque hivernage les fortes inondations du centre-ville.

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Photo 26: Inondation au centre-ville et canalisation vétuste

C'est l'héritage obsolète de l'époque coloniale, que les agents des travaux publics ne peuvent entretenir, qui aggrave la situation: leurs potentialités ne se limitent qu'à des séries de curage qui ne règlent pas le véritable problème.

Ce réseau de canalisation intéresse également les autres zones de Rufisque. En tout il y'a 626 ha de surface habitable mal drainée soit 85% de la superficie totale occupée par l'habitat (738,2 ha).Ce qui est très inquiétant comme nous l'indique ces quelques données et cette situation explique les nombreuses difficultés que rencontrent les populations des zones périphériques à propos de l'évacuation des eaux usées et pluviales.

--B-2 le maillage vert :

Pour qui connaît l'histoire de Rufisque serait surprise aujourd'hui de voir la place réservée à l'arbre dans la vielle cité. De Rufisque, « la forêt sauvage » à la ville conquise par la forte urbanisation, on est très vite passé à une époque où la végétation est quasi inexistante.

Cette situation nouvelle, imputable à l'urbanisation croissante, place les autorités municipales devant la nécessité de réintroduire l'arbre dans la ville et de promouvoir l'extension d'un projet d'embellissement urbain.

Au centre-ville, l'espace vert aménagé concerne principalement le jardin public, la devanture principale de la mairie, devant la Gendarmerie, le boulevard Maurice Guèye irrégulièrement végétalisé et les quelques arbres piqués çà et là (environ 1 ha).

Le maillage vert au jardin public s'organise en de petits jardins entretenus quotidiennement avec des arbres qui dépassent rarement 3m. On y trouve également des rôniers (7 pieds d'environ 15m de hauteur au moment de leur recensement) et des plantes à ras de sol (- 50 cm).

L'espèce végétale plantée le long du boulevard est composé pour l'essentiel de niims ou Azzadirachta indica (54 pieds24 ont été relevés le long du Boulevard Maurice Gueye entre le terminus et l'hôtel de ville), que côtoient petit à petit les dattiers.

La place Joseph Gabard autrefois très boisée, ne possède que quelques arbres (9 arbres d'environ 8 m de longueur).

Au niveau de l'ex-usine Petersen on note la forte présence de « khott Boutel » (Eucalyptus albida) et d'espèces d'arbres très variées.

Au niveau du centre-ville il n'y a plus de possibilités (en parcelles non bâties) pour implanter de nouveaux espaces verts de qualité, qu'il s'agisse de parcs urbains ou de quartiers.

Même si la place accordée à l'arbre dans « le vieux tissu » est minime, les populations participent au maintien de celui-ci par l'implantation de jardins privés dans leurs parcelles. Ainsi, le cercle Maurice possède un jardin très fourni avec des arbres très imposants par leur taille (plus de 10 m de hauteur).

Photo 27 : un échantillon du maillage vert au centre-ville

24 Ces chiffres ont été obtenus grâce à un décompte que j'ai fait.

Pourtant il y' a de la place pour la verdurisation du centre-ville, laquelle passera par l'introduction et la densification de la végétation dans les voiries larges, comme le Boulevard Maurice Guèye, tout en veillant à ne pas rompre le rythme donné par une plantation arbustive (Thiès fait partie de ces villes du Sénégal où l'arbre prend une dimension très importante dans la cité).

--C-- Mobilier de l'espace public et toponymie :

Leur dimension n'est pas trop importante dans la ville mais une étude de leur nature est de surcroit pour recenser tout ce qui peut caractériser l'espace urbain.

Par mobilier de l'espace public nous entendons l'ensemble des équipements installées dans les lieux publics pour un usage collectif.

--C--1 Le mobilier de l'espace public:

Il est surtout localisé dans les lieux publics du centre-ville que sont le jardin public et la place Joseph Gabard.Ce mobilier est constitué en grande partie de bancs publics et d'équipements sportifs pour la population. Ainsi on note à la place Gabard un terrain de pétanque et un nombre assez important de bancs publics (en ciment) qui servent pratiquement de cour de récréation aux élèves fréquentant les écoles environnantes. Ce mobilier est plus conséquent au niveau du jardin public avec un total de 31 bancs dont 9 au niveau du terrain de handball et 7 au terrain de basket. On peut voir aussi des bancs publics en dehors de l'enceinte du jardin.

Ces deux terrains sont dotés d'une mini tribune, de projecteurs, de vestiaires et servent également à recevoir l'essentiel des manifestations culturelles que sportives. C'est aussi le cas du cercle Maurice Guèye qui abrite un terrain de volley ball et une bibliothèque municipale. C'est le véritable terrain d'expression de la culture à Rufisque. Nous pouvons, en plus de ceux évoqués plus haut, y ajouter le centre socio-éducatif (CEDEPS) qui accueille des activités très variées : salle de spectacle, centre social et médical, centre civique, cours de couture, cours de sport, bibliothèque.

Force est de constater que ce mobilier est très réduit au niveau du centre-ville et que des efforts supplémentaires doivent venir des autorités municipales pour l'augmentation de leur nombre.

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--C-- La toponymie, un autre symbole du paysage rufisquois :

Son apparition dans l'espace rufisquois est récente et se présente comme un support de signalisation situationnelle. Ce support toponymique se présente sous forme de plaque rectangle de couleur bleue, installé au coin de chaque rue, avec une inscription au dessus (soit le numéro de la rue soit le nom). C'est le nouveau carnet d'adresse des rufisquois, mais dont la grande majorité n'utilise pas encore comme repère.

Elle est réalisée en tenant compte des subdivisions administratives. Ainsi, on a :

- RE pour Rufisque Est (exemple RE-75, lire Rufisque Est rue 75) ;

- RO pour Rufisque Ouest (exemple RO-15, lire Rufisque Ouest rue 15) ; - RN pour Rufisque Nord (exemple RN-18, lire Rufisque Nord rue 18).

Elle s'insère facilement dans le paysage de Rufisque et contribue grandement à la localisation des différents quartiers et rues.

--D--Typologie de l'habitat urbain :

Une analyse de l'habitat urbain fait ressortir une mosaïque de paysages aussi différents les uns les autres et traduit des inégalités dans la composition des structures sociales.

La qualité de mise en Suvre, celle du matériau et le nombre d'étages, sont des indicateurs qui témoignent de la position sociale des habitants.

Une hiérarchie sociale peut être établie par la morphologie de l'habitat dont trois modèles de constructions se dégagent :

--D--1 Les zones résidentielles de maisons individuelles ou semi collectif :

Le confort est comparable à celui de nos sociétés modernes. Ce sont des maisons que l'on retrouve autant dans certaines parties du centre-ville notamment à Keury Souf et à Keury Kao qu'au niveau de la zone périphérique.

Photo 28 : Maison avec un jardin bien entretenu au centre-ville Photo 29: exemple typique de résidence

C'est des maisons au style très particulier qui se démarque de l'habituel constaté au centre-ville (ensemble de maisons compactes). Les façades sont entretenues, fleuries et les grandes villas comme les modestes demeures dissimulent de petits jardins. Certaines de ces maisons sont éloignées du centre-ville et présentent un style architectural aussi divers que particulier. Elles envahissent le paysage des HLM et en allant vers Santa Yalla et leur nature laissent penser à de grandes dépenses. Elles sont constituées pour la plupart d'étages(R+1, R+2) mais également de maisons basses.

--D-2 Le Centre historique :

Photo 30 : Exemple typique de bâtiments à caractère colonial

Lui aussi confortable, est équipé d'infrastructures de base. Ordonné et régulier, il est facilement adaptable aux mesures de modernisation contrairement aux quartiers spontanés et traditionnels qui, par leur irrégularité rendent une implantation de réseaux difficilement projetables.

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Le Centre historique de Rufisque, dit l'Escale, se divise en deux sous quartiers caractérisés par la hauteur de leurs constructions.

Le quartier Keury-Souf, constitué de maisons modestes de plain pied et le quartier Keury-Kao caractérisé par des maisons à étages et où les établissements commerciaux prestigieux signalent leur puissance par des constructions en hauteur.

C'est le noyau urbain de Rufisque, qui garde encore les traces du passage des colons par son imposante architecture et par son important poids infrastructurel.

Il s'est organisé autour des infrastructures coloniales et continue de concentrer la plupart des équipements publics.

L'espace est organisé selon un plan hyppodamien traversé par des voies bitumées courtes et bien hiérarchisées.

--D-3 Les zones d'urbanisation sauvages et rapides :

Caractérisées par des habitats fragiles et populaires, sont concentrées au nord-ouest, à l'est de Rufisque et en grande périphérie.

On y trouve des quartiers construits avec des matériaux peu coûteux ou de récupération, créant depuis les années 70, un habitat spontané rendant impossible la maîtrise de la croissance de la ville.

En effet, la structure familiale, au nombre d'individus élevé, est une des principales causes de densification des parcelles. D'ailleurs en réponse à la nécessité de doter ces quartiers d'équipements de base, un programme de restructuration est en cours.

Une étude de la typologie de l'habitat urbain rufisquois suggère qu'en matière d'urbanisme et d'habitat il peut être retenu deux contraintes prioritaires :

Ø La plus grande partie de l'habitat se développe de façon anarchique et irrégulière. En dehors de l'escale, l'essentiel de la périphérie est constitué d'habitat inorganisé comme on peut le voir à Gouye Mouride ou bien à Colobane caractérisé par une voirie irrégulière.

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Cette situation est d'autant plus importante qu'elle rend difficile la mise en place d'infrastructures et de services urbains (collecte des ordures, approvisionnement en eau, assainissement : la forme des rues ne permet pas l'entrée des voitures de collecte car chacun construit selon ses propre règles. L'organisation de l'espace n'est plus une chose réfléchie mais une conjonction de constructions personnelles).

Ø Ensuite, l'absence de régularisation de nombreux titres fonciers. Il faut souligner que la composition de l'habitat urbain est indissociable de l'histoire de la ville. En effet, certains quartiers ont étés constitués pour l'essentiel par des populations déguerpies par la puissance coloniale et n'ont pas eu la possibilité d'organiser leur espace. Beaucoup de ces populations ainsi que d'autres installées pour diverses raisons n'ont toujours pas cherché à régulariser leurs titres d'occupation. Cette situation s'est amplifiée à Gouye Mouride où la majorité des terrains n'ont pas de titres fonciers et les propriétaires ne disposent que de l'acte de vente notifié par le vendeur.

Devant cette situation, les autorités compétentes sont appelées à rompre ces usages et à mettre en place des politiques bien définies comme le projet de Rufisque II initié par la Commune et qui consiste à lotir 4000 parcelles25 dont 2700 sont déjà appliquées.

Cela ne signifie pas que la totalité des efforts doit seulement se limiter au lotissement de ces zones ; Mais il faut, en outre, développer des politiques permettant le renforcement des structures afin de délocaliser les fonctions.

Cela permettra d'assurer une harmonie entre le centre-ville et la zone périphérique qui ne cesse de s'agrandir en raison du surplus de population.

CHAPITRE II : Le patrimoine architectural

La notion de patrimoine architectural est très vaste et son étude est un moyen de comprendre l'essentiel des aspects qui la structurent.

25 Sauvegarde et mise en valeur du patrimoine. Direction des Services Techniques

--A-- La notion de patrimoine culturel:

L'idée de la création d'un mouvement international visant à protéger des monuments ou des sites dans des pays différents est née après la première guerre mondiale.

Destructions nombreuses, il n'était alors plus possible de laisser disparaître sans réagir des Suvres intéressant l'histoire de l'humanité.

La convention internationale concernant la protection du patrimoine mondial adoptée en 1972 par la conférence générale de l'UNESCO se place à la confluence de deux courants de pensée, l'un centré sur les dangers menaçant les sites culturels, l'autre axé sur la préservation de la nature.

--A--1 La préservation du patrimoine culturel :

Dès 1937, la conférence d'Athènes avait sous l'égide de la Société des Nations, insisté sur la nécessité de sauvegarder le « Patrimoine Culturel Mondial ».

Cependant, l'évènement qui a suscité une véritable prise de conscience internationale fut la décision de construire le grand barrage d'Assouan en Egypte.

En 1959, l'UNESCO décida de lancer une campagne internationale en réponse à l'appel des gouvernements égyptiens et soudanais.

La recherche archéologique dans les zones qui allait être submergées fut accélérée.

Les temples d'Abou Simbel et de Philae furent démontés, déplacés, puis rassemblés à l'abri des eaux du barrage. La campagne a couté environ 80 millions de dollars US.

Ce succès fut suivi d'autres campagnes internationales de sauvegarde, notamment à Venise en Italie, à Mohenjo-Daro au Pakistan et à Borobudur en Indonésie. Ces premières opérations spectaculaires de sauvetage furent, pour l'UNESCO, l'occasion de proposer aux Etats une démarche plus globale.

Un projet de convention sur la protection du patrimoine culturel se fit jour, avec de l'aide du Conseil International des Monuments et des Sites(ICOMOS).

En 1965, une conférence organisée à la Maison-Blanche à Washington proposa la création d'une « fondation du patrimoine mondial » dont l'objectif serait de stimuler la coopération internationale afin de protéger « les lieux et paysages les plus superbes du monde ainsi que les sites historiques pour le présent et l'avenir de toute l'humanité ».

--A--2 La signature de la convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel (1972) :

Après de longues discussions, toutes les parties intéressées s'accordèrent finalement sur un texte unique: «la convention concernant la protection du patrimoine mondial culturel et naturel » adoptée par la conférence générale de l'UNESCO le 16 novembre 1972.

Au terme de la convention « chacun des Etats parties reconnaît que l'obligation d'assurer l'identification, la protection, la conservation, la mise en valeur et la transmission aux générations futures du patrimoine culturel et naturel lui incombe au premier chef.

Il s'efforce d'agir à cet effet tant par son propre effort au maximum de ses ressources disponibles que, le cas échéant, au moyen de l'assistance et de la coopération internationale dont il pourra bénéficier, notamment aux plans financier, artistique, scientifique et technique ».

La Convention de 1972 est l'instrument juridique le plus connu de ceux élaborés jusqu'à présent par l'UNESCO afin de définir et de protéger le patrimoine. Mais elle tire sa force de sa complémentarité avec deux autres conventions internationales ratifiées par les états membres : la Convention de 1954 sur la protection des biens culturels en cas de conflit armé et la Convention de 1970 sur la lutte contre l'importation, l'exportation et le transfert de propriétés illicites des biens culturels ainsi que les recommandations.

--B-- Notion de patrimoine mondial:

Fondamentalement, le patrimoine peut être défini comme l'héritage du passé dont chacun a la possibilité de profiter aujourd'hui, mais dont il convient aussi d'assurer la transmission aux générations futures.

--B--1 Caractère particulier du patrimoine mondial:

Ce qui rend exceptionnel le concept de patrimoine mondial est son application universelle. Les sites du patrimoine mondial appartiennent à tous les peuples du monde sans tenir compte de manière exclusive du territoire sur lequel ils sont situés.

Les pays reconnaissent explicitement que les sites qui se trouvent sur leur territoire national et qui ont été inscrits sur la liste du patrimoine mondial constituent, sans préjudice de la souveraineté nationale et des droits de propriétés, un patrimoine mondial à la protection duquel « il incombe à la communauté internationale tout entière de participer ».

--B--2 Patrimoine mondial et Patrimoine national:

Quelle différence existe-t-il entre un site du patrimoine mondial et un site du patrimoine national?

Tous les pays possèdent, à un titre ou un autre ,des monuments ou des ensembles naturels d'intérêt national ou local, qui suscitent à juste titre la fierté nationale et témoigne de leur génie propre : la Convention encourage d'ailleurs les pays à les identifier et à les protéger ,sans qu'il soit nécessaire de les faire figurer sur liste du patrimoine mondial.

Les sites sélectionnés pour constituer le patrimoine mondial sont choisis pour leurs qualités exceptionnelles, en tant que meilleurs exemples possibles du patrimoine culturel ou naturel qu'ils représentent.

La liste du patrimoine mondial attire l'attention de la communauté internationale sur la richesse et la diversité du patrimoine culturel et naturel de la planète.26

--C-- Les différents types de patrimoine culturel:

La Convention du patrimoine mondial concernant la protection du patrimoine mondial culturel et naturel distingue un patrimoine naturel et un patrimoine culturel comme suit:

--C--1 Les composantes du patrimoine culturel :

Le patrimoine culturel s'intéresse à la réalisation de la culture par l'intermédiaire du milieu bâti urbain et rural ainsi qu'à sa traduction à travers l'architecture, l'esthétisme et les arts. Plus particulièrement il concerne les Suvres architecturales anciennes et présentes :

26 Audrerie(Dominique), Souchier(Raphael), Vilar(Luc).Le Patrimoine mondial. Presses Universitaires de France.1998.1ère édition

Ø Les monuments : « Suvres architecturales, de sculpture ou de peinture monumentale, y
compris les grottes et les inscriptions, ainsi que les éléments ,groupes d'éléments ou

structure de valeur spécial du point de vue archéologique, historique, artistique ou scientifique »(Recommandations concernant la protection sur le plan national du patrimoine culturel et naturel adoptée par la Conférence des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture, paris, 1972, in Diallo kadidiatou, 2007).

Ø Les ensembles : Groupes de constructions isolées ou réunies, qui en raison de leur architecture, de leur unité ou de leur intégration dans le paysage, ont une valeur exceptionnelle, du point de vue de l'histoire, de l'art ou de la science.

Ø Les sites : « Ce sont les zones topographiques, les Suvres conjuguées de l'homme et de la nature qui ont une valeur spéciale en raison de leur beauté ou de leur intérêt du point de vue archéologique exceptionnelle, du point de vue historique, esthétique, ethnologique ou anthropologique ».

--C-2 Le Patrimoine naturel:

Il regroupe les monuments naturels qui sont constitués par des formations physiques et biologiques ou par des groupes de telles formations qui ont une valeur spéciale du point de vue esthétique ou scientifique.

Ø Les formations géologiques et physiographiques et les zones strictement délimitées constituant l'habitat d'espèces animales et végétales précieuses ou menacées qui ont une valeur spéciale, du point de vue de la science ou de la conservation.

Ø Les sites naturels ou les zones naturelles strictement délimitées qui ont une valeur spéciale, du point de vue de la science, de la conservation, de la beauté naturelle ou des Suvres conjuguées de l'homme et de la nature.

L'idée même de patrimoine architectural évolue pour ne plus protéger uniquement un édifice, mais un îlot, un quartier, éventuellement l'ensemble d'une ville.

Elle est devenue une notion très importante pour l'ensemble des états soucieux de montrer leur richesse culturelle et de donner une dimension mondiale à leur patrimoine tout en y puisant les repères de leur identité et les sources de leur inspiration.

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CHAPITRE III : Le Patrimoine culturel rufisquois

Rufisque, à l'image de nombreuses villes coloniales, comme Gorée, St-Louis, a hérité d'un patrimoine architectural qui témoigne encore d'une très longue période de colonisation et de l'expression d'une civilisation culturelle lointaine mais surtout étrangère.

Aujourd'hui toute l'histoire de Rufisque ne se résume que par cet héritage qui marque son espace culturel et symbolise en même temps l'achèvement d'une ère de dépendance coloniale.

--A-- De l'origine culturelle :

Une simple visite dans le centre historique de Rufisque et une contemplation de l'environnement culturel est suffisante pour voir apparaitre les premiers signes d'interrogations sur l'origine de ces formes qui s'offrent sous nos yeux.

Tant elles nous paraissent lointaines et méconnues, tant elles nous inspirent un retrait par rapport à nos pratiques culturelles.

Quelle est cet autre architecture qui envahie nos cités et transforme nos paysages ?

--A--1 Le style architectural:

Le style architectural qui domine l'espace culturel rufisquois est d'origine française et ne constitue qu'une simple réplique, une copie de celui développé dans la métropole.

On note cependant et dans une moindre mesure le style architectural portugais.

L'administration coloniale n'a pas cherché à développer une architecture propre à la colonie, s'inspirant des formes stylistiques locales, mais a jugé plus bénéfique d'importer les matériaux de construction afin de réduire les coûts financiers des travaux (hormis l'utilisation de la pierre de Rufisque).

Il ne faut pas perdre de vue que cette architecture coloniale a été sous l'autorité de l'administration qui a pu imposer ses réglementations et des modèles et qu'elle était alimentée en grande partie par le génie militaire.

On peut retrouver ce type de construction encore à Rufisque avec une architecture standardisée et les trames orthogonales des lotissements produisant un paysage monotone et des formes qui impriment un ordonnancement militaire.

Petit à petit cette architecture a évolué pour prendre d'autres dimensions avec l'installation de la famille, la venue des femmes et des enfants augurant l'introduction des «figures de la civilité bourgeoise, que les troupes, traditionnellement, ne véhiculent guère ».

Ce n'est que dans certaine partie du centre historique qu'on note « la production d'un habitat visuellement plus diversifié » et prenant en compte la promotion d'un style architectural nouveau.

Cette diversification des formes architecturales est sans doute une mesure qui vise à affecter une image particulière à chaque colonie et de proposer un cadre plus adapté à la vie familiale.

C'est dans ce cadre que le style architectural de Rufisque propose des formes très diverses :

En effet, à l'image des maisons mère des sociétés de commerce françaises situées à Bordeaux et à Marseille, et qui inspirent l'architecture de Saint-Louis, les constructions du quartier Keury-Kao disposent d'un étage prolongé par un long balcon suspendu et couvert. Au rez-de-chaussée, les boutiques pour le commerce.

Les maisons basses sont notées dans leur grande majorité à Keury Souf mais aussi dans certaines parties de Keury Kao.

Si le style architectural de Rufisque est très original dans la forme de ses maisons, il ne faut pas oublier non plus les matériaux qui le composent et qui lui donnent une toute autre dimension.

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--A-2 Les matériaux de l'architecture coloniale :

Ils sont divers dans l'ensemble mais la majorité est constituée de pièces produites depuis la métropole.

Parmi ceux-ci on peut noter la présence sur presque toutes les toitures du centre historique, des tuiles rouges (pour chaque îlot on dénombre au moins trois maisons avec une toiture en tuile mécanique).

« Ces toits en tuiles mécaniques manufacturées prés de Marseille et les volets en persienne montés sur des baies de grandes hauteurs nous rappellent les origines des commerçants (Marseille et Bordeaux) »27.

Sur une tuile mécanique on peut lire «Arnaud Etienne & Cie - St Henry /Marseille ».

On les recense sur presque tous les bâtiments administratifs, sur quelques maisons de Keury KaoKeury Souf et sur les toitures des hangars au marché.

A coté de la tuile on peut noter également l'utilisation du métal dans les constructions. «La structure du bâtiment repose sur une armature métallique, construite par les industries

françaises, exportée en pièces détachées dans toutes les colonies et assemblée sur place »28. Cette structure métallique permet de renforcer la solidité du bâtiment et offre la possibilité de construire en hauteur plus facilement.

Photo 31 : exemples de matériaux utilisés dans l'architecture coloniale

27 Rufisque-réalités urbaines. Direction des Services Techniques. Mai 2005

28 Sinou, Alain. op. cit., p316

Récemment des bâtiments ont fait l'objet de réfection et il n'a pas été question d'enlever cette structure métallique. Il ne s'agit que d'une tentative de réhabilitation qui conserve l'authenticité des constructions.

Le bois est un autre matériau qui entre dans la construction, utilisé au niveau des escaliers comme marchepied et parfois quand il s'agit d'une maison à étage comme plafond pour le rez-dechaussée.

Sur les murs de quelques maisons que l'érosion n'a cessé de détruire, apparaissent des briques d'une autre nature, de couleurs rougeâtres et aux dimensions plus petites.

S'il existe un matériau qui a vraiment joué un rôle important dans cette architecture c'est surtout « la pierre de Rufisque ».Son aspect résistant, sa disponibilité et la possibilité de l'utiliser partout, lui a donné une valeur inestimable.

Il a servi dans la construction des grands entrepôts de l'époque coloniale ou « seccos », destinés à la conservation de l'arachide.

Il est encore présent aujourd'hui dans le paysage rufisquois tant sa durée de vie est longue.

Sa trace se note dans les murs des maisons du centre historique, à l'usine Petersen où il constitue le seul matériau entrant dans la construction des unités de production, mais également au marché du centre-ville (halle aux poissons, marché légumes etc.).

Même s'il est vrai qu'au plan architectural, Rufisque n'a rien à envier aux autres villes coloniales et qu'il a tout à gagner en matière de valorisation de son patrimoine ; Le véritable défi auquel il est invité, est d'arriver à bien entretenir ce patrimoine culturel afin de le sortir dans son état actuel de décrépitude.

--B-- Etat actuel du Patrimoine :

La notion de patrimoine est ambiguë dans un pays marqué par un passé colonial, d'autant quand son héritage est une importation directe dénuée d'influences indigènes. Le temps aidant, les populations se sont approprié ces architectures étrangères. Habitées et exploitées, elles ont vécu au rythme et aux habitudes de la population indifférente au principe de conservation.

--B--1 La dégradation du cadre bâti :

Une analyse de l'architecture de Rufisque fait ressortir deux types de bâtiments : des hangars remarquables par leurs dimensions et leur appareillage en pierres calcaires, et les maisons commerciales, anciennes propriétés des établissements d'importation d'arachide, dont les alignements et le dessin des façades donnent un caractère exotique à la rue rufisquoise.

Ces constructions, usées par une forte exploitation ou en ruine à la suite d'un abandon, se dégradent lentement sous l'action du temps.

Photo 32 : exemples de dégradation du bâti colonial

Déjà la majorité des toitures sont dans un état de décrépitude très avancé. Le bois qui supporte les tuiles mécaniques sont vieux et laissent entrevoir des parties non couvertes par celles-ci. Il en est de même pour la structure métallique qui est attaquée par la rouille à plusieurs endroits.

Mais la dégradation de ce patrimoine est liée à des facteurs de plusieurs ordres :

Ø Anthropiques : la principale cause de dégradation de l'architecture est imputable à l'intervention humaine sur le monument. En effet, l'activité commerciale de Rufisque, même si elle occupe une place centrale dans l'économie urbaine, contribue fortement à

détériorer l'image du paysage culturel. Elle a favorisé des déplacements importants augmentant ainsi la pression humaine dans cette zone.

Les étales des commerçants, dispersés de part et d'autre, renforcent cette mauvaise image du paysage culturel (la taudification gagne le centre-ville).

A cela s'ajoute les restaurations sauvages et multiples faites dans l'ignorance totale des

règles de l'art, le manque d'entretien par insuffisance de moyens ou par négligence.

Photo 33 : Utilisation du ciment sur un mur en pierre de Rufisque

Ces restaurations sauvages sont l'Suvre des particuliers qui interviennent dans l'architecture et leur importe peu la sauvegarde de l'esthétique du bâtiment : la seule règle est de s'accommoder selon ses moyens. « Aujourd'hui, les résidents permanents s'adaptent aux contrariétés au détriment de l'authenticité de l'architecture historique de leur ville. Les restaurations et les réalisations bétonnées contribuent grandement à la dénaturation du patrimoine »29.

Ø Naturels : en dehors de l'intervention humaine, on note également l'érosion côtière dont les effets continuent de peser sur le patrimoine.

29 Rufisque-réalités urbaines. op. cit., p14

Photo 34 : « seccos » en ruines et structure métallique rouillée

Les vestiges de la glorieuse période coloniale, ces grands « seccos » ont subis les agressions de la mer et il ne reste que quelques briques de « pierres de Rufisque» qui nous

rappellent le temps de la traite. Au large, on voit encore les traces des trois wharfs d'embarcation gagnée par la mer.

Cette attaque de la mer touche également le métal principal matériau utilisé dans l'armature des toitures de nombreux bâtiments.

La digue qui devait servir de barrière à l'avancé de la mer perd de son hauteur : à plusieurs endroits, elle se confond presque avec le sol soit à 1 ou 2 mètres au dessus de celui-ci.

« Les inondations des mois d'été sont dramatiques pour la conservation et le maintien de l'architecture du Centre historique, en particulier pour le quartier Keury-souf. En effet, pour remédier aux dégradations induites, les habitants du centre obturent les portes et fenêtres du rez-de-chaussée en plaçant une allège construite en blocs de béton enduit et souvent mal mise en Suvre. Ces interventions dénaturent l'architecture des constructions patrimoniales de l'Escale »30.

A l'heure où la population de Rufisque regarde avec impuissance cet héritage tomber en ruine, un ensemble de mesures a été pris pour y faire face et ces dernières entrent dans la conservation et la valorisation du patrimoine culturel.

30 Rufisque-réalités urbaines. Idem

--B-2 Le Patrimoine classé rufisquois :

Depuis que la Charte de L'UNESCO, adoptée en 1972, a invité les Etats sur la nécessité de préserver le patrimoine, l'Etat du Sénégal, suite à un arrêté ministériel pris le 27 mars 2003 conformément à l'article 71-12 du 25 janvier 1971 relatif au classement des monuments historiques, a procédé à un recensement des sites susceptibles de renfermer un quelconque intérêt culturel.

Ainsi, un certain nombre de bâtiments et de monuments du « vieux Rufisque » ont pu être classés patrimoine national:

· Le bâtiment abritant le commissariat de police localisé près de la route nationale ;

· Le bâtiment de l'inspection de l'enseignement élémentaire Rufisque 1 ;

· Le bâtiment abritant le tribunal départemental sis à la Rue Adama Lô ;

· La gare ferroviaire de Rufisque, le bâtiment principal et les entrepôts ;

· L'imprimerie nationale ;

· L'ensemble constitué par le bâtiment abritant la mairie, la salle des fêtes et dépendances ;

· La maison d'arrêt et de correction;

· L'ex-école normale des jeunes filles (actuel lycée Abdoulaye Sadji) ;

· La grande mosquée de Keury Souf ;

· L'ex-usine Petersen près du terminus à Keury Kao ;

· La place Joseph Gabard ;

· L'église Sainte Agnès de Rufisque.

Mais les inventaires déjà établis désignent le plus souvent des monuments publics abritant une administration propriété de l'Etat ou d'une collectivité territoriale.

Les constructions privées sont exclues des listes de sauvegarde malgré le grand intérêt historique qu'elles renferment (par exemple la résidence de Maurice Guèye (ancienne police municipale), la maison de séjour de Serigne El hadj Malick Sy transformée en école coranique à Keury Souf).

69

Les pouvoirs publics cherchent à protéger et à entretenir leur administration en valorisant leurs acquis alors qu'il y' a urgence à intervenir dans la réfection de certains bâtiments qui présentent un grand intérêt historique.

Ils sont nombreux ces maisons au style architectural particulier, qui attire par leur forme et leur beauté mais dont l'image est atteinte par l'état de décrépitude du bâti.

Ces maisons doivent aussi bénéficier de cet arrêté ministériel car elles appartiennent au même ensemble du centre historique et leur état actuel n'augure point à améliorer l'image du paysage culturel de Rufisque.

Les bâtiments administratifs classés patrimoine national sont dans un état de délabrement très poussé, ce qui a conduit à la mise en route d'un programme de réhabilitation et de réfection qui complète les objectifs de classification visant la sauvegarde des monuments.

--B-3 Programme pour la valorisation culturelle :

Tableau 2: projets de sauvegarde et de mise en valeur du patrimoine culturel

Nature du projet

Maitre d'ouvrage

Partenaires

Couts/euros

Etat

Ville de Rufisque Maisons des maires

Ville de Rufisque

Ville de Nantes

95 000 #172;

En cours

Aménagement de la Place Gabard et de l'hôtel

Ville de Rufisque

Ville de Nantes

150 000 #172;

En étude

Centre d'artisanat et de culture africaine

Ville de Rufisque

Ville de Nantes

450 000 #172;

En étude

Aménagement de la rue Ousmane Socé Diop

Ville de Rufisque

Ville de Nantes

874 000 #172;

En étude

Aménagement du quartier de la gare

Ville de Rufisque

Ville de Nantes

200 000 #172;

En cours

CEDEPS

Ville de Rufisque

Ville de Nantes

90 000 #172;

En étude

Aménagement de la halle au poisson

Ville de Rufisque

Ville de Nantes

280 000 #172;

En étude

Aménagement du marché

Ville de Rufisque

Ville de Nantes

480 000 #172;

En étude

Aménagement halle aux viandes

Ville de Rufisque

Ville de Nantes

70 000 #172;

En étude

Source : Réalisation personnelle d'après le document sur la sauvegarde et la valorisation du patrimoine culturel de Rufisque.

L'analyse du programme de valorisation culturelle montre que celle-ci ne concerne que les bâtiments administratifs et une grande partie des structures du marché.

Ce programme est réalisé avec le concours de l'école d'architecture de Nantes par le biais de la coopération Rufisque-Nantes.

Mais parmi cette liste, du moins non exhaustive, deux bâtiments sont en cours de réfection : La maison des maires et d'après le constat actuel les travaux ont été interrompus depuis longtemps.

Les travaux concernant le quartier de la gare se poursuivent et certains ont été déjà achevés. Il ne faut pas perdre de vue que ces travaux de réhabilitation et de réfection exigent de grands

financements et que les coûts globaux estimatifs des projets, ne permettent pas de les réaliser à court terme.

Si l'on mesure le degré actuel de vétusté du bâti, il y'a urgence à intervenir le plus tôt possible pour éviter tout risque d'accident (tout récemment une mesure de délocalisation du lycée Abdoulaye Sadji a été avancé par crainte d'effondrement du bâtiment mais les élèves s'y sont opposés).

C'est le cas pour bon nombre de bâtiments, notamment vers la place du marché, qui risquent aussi de tomber.

--B--4 L'héritage colonial, une opportunité pour Rufisque ?

Force est de constater que l'héritage colonial rufisquois, même si dans certaine situation bloque l'élan de la ville, peut constituer une source de valorisation culturelle mais seulement s'il est bien exploité.

En effet, le centre ville représente l'une des plus grandes richesses architecturales du Sénégal dont la restauration devrait permettre le développement d'activités touristiques et ludiques.

Certes les autorités locales l'ont compris et font de leur possible pour réussir le pari de faire figurer le nom de Rufisque sur la liste du Patrimoine mondial, à l'instar de Saint-Louis et de Gorée.

Pour ce faire, il faut déjà achever les travaux en cours car il ne suffit pas seulement de mettre en place des structures à usage touristique qui n'ont rien à valoriser sinon de vieux bâtiments.

La priorité doit être donnée à la revalorisation de l'image de la ville qui suppose déjà l'implication des usagers du centre historique dans la nécessité de préserver leur cadre de vie (des primes ou subventions pour les y inciter).

Mais également mener des campagnes de sensibilisation sur l'importance de la valorisation du patrimoine historique et enfin agir.

Victime de son histoire, Rufisque a hérité d'un marché qui côtoie le centre historique et par là même accentue la pression des hommes et des activités sur son héritage.

Que deviendrait le « vieux Rufisque » avec son marché délocalisé ?

Force est de constater que l'essentiel des dégradations sont notées dans la zone du marché, et que la délocalisation de celui-ci permettrait de mieux apprécier l'état de décrépitude du bâti et réduire du même coup la forte pression qui y est observée.

En attendant que cette valorisation du patrimoine voie le jour, certains particuliers se sont appropriés leur propre espace et l'exploitent selon leur vision de la modernité.

--C-- Entre sauvegarde et valorisation, la modernité :

Cette situation nouvelle de la modernité s'observe petit à petit dans l'espace du « vieux Rufisque » et prend une dimension importante dans l'amélioration de son image.

71

C'est parce qu'elle se veut une composition entre l'héritage colonial et une nouvelle orientation architecturale, en phase avec le XXI ème siècle, qu'elle attire l'attention de tout promeneur.

A Rufisque, on nous a toujours habitué avec une architecture vielle depuis le temps de la traite et, marquant du coup une certaine indifférence avec ce milieu qui nous parait si familier mais qu'on distingue à peine.

Or, il est important pour tout individu, à travers les différents signaux qui caractérisent son environnement, d'y voir un signe d'appartenance culturelle ou sinon les soubassements de son époque.

Aujourd'hui, la situation évolue au vue des nombreuses constructions modernes qui voient le jour dans « le vieux Rufisque ».

Photo 35 : Le paysage de la modernité

Cette nouvelle disposition se matérialise soit par des démolitions d'anciennes maisons, soit par la valorisation d'anciennes friches, ou soit par la construction d'un étage supplémentaire, mais moderne, sur les bâtiments coloniaux.

Dès fois même sous d'autres formes comme par exemple l'emploi de matériaux modernes pour valoriser soit les portes ou les fenêtres des maisons coloniaux.

Pour les nouvelles constructions, il n'est pas question de reprendre les matériaux de l'architecture coloniale, ni le style mais la tendance est surtout de varier, quitte même à démolir le bâti.

Le style colonial n'est pris en compte que s'il s'agit de travaux de réhabilitation de bâtiment à caractère culturel, comme par exemple la réfection de l'école élémentaire Ibra Seck, le bâtiment de l'inspection d'académie de Rufisque 1, les bâtiments administratifs etc.

On peut constater aussi que cette impression de modernité se remarque, pour une grande part, le long de la route nationale et à la périphérie de l'hôtel de ville.

Elle est le fait d'agences bancaires (Crédit mutuel ou Pamécas), d'agences de la Sonatel et de la Sénélec, et de bureaux d'assurances si l'on exclut les nouvelles maisons d'habitation.

Il en est autre vers la zone côtière et au marché, où règne une image de grande vétusté du bâti. Même si cette tendance de la modernité évolue de jour en jour, elle ne peut masquer pour le moment l'image, à certains endroits, d'une ville qui a fait son temps.

Cependant la nouvelle orientation architecturale montre qu'il y'a de la place pour une redynamisation de l'image du « vieux Rufisque ».

Pour vendre cette image il faudra compter sur la valorisation des nombreuses friches et cela peut contribuer au renforcement des fonctions de la ville.

Une analyse des caractéristiques du paysage urbain de Rufisque a été un prétexte afin de revoir le patrimoine culturel dans son ensemble et également étudier cette nouvelle image de mixité paysagère qui est entrain de voir le jour.

Rufisque rencontre de nombreuses difficultés, notamment financières, pour sauvegarder son héritage colonial et valoriser son patrimoine culturel, mais n'empêche qu'un programme de réhabilitation est en cours d'étude et son application lui permettrait de « redorer son blason touristique ».

L'espoir est permis depuis que les autorités étatiques ont classé Rufisque comme patrimoine national et qu'un regain d'intérêt pour la valorisation de l'héritage a vu le jour. Mais le véritable défi, loin de figurer sur la liste du patrimoine mondial, est l'application du programme de réhabilitation le plus tôt possible afin de promouvoir la destination Rufisque et de lutter contre la dégradation progressive de l'héritage culturel.

Cela passera par la réappropriation du paysage culturel rufisquois, sinon une profonde mutation de ses fonctions ou de ses structures.

73

TROISIEME PARTIE : LES MUTATIONS FONCTIONNELLES

Les mutations fonctionnelles au centre-ville de Rufisque n'ont connu leur importance que depuis quelques années.

En effet, la ville anciennement dominée par la fonction administrative et commerciale, a été témoin ces dernières années de la naissance de nouveaux secteurs d'activités qui viennent renforcer sa nomenclature fonctionnelle.

La ville de Rufisque, véritable terrain d'expression de la culture de l'arachide, symbole de la puissance des anciennes maisons de commerce, s'est vue transformée en un espace de perpétuels changements d'activités.

Cette mutation des fonctions s'est opérée dernièrement à un rythme très rapide avec une diversification de l'offre en services dans beaucoup de domaines, et la création de nouveaux secteurs exploitables pour l'avenir de la ville.

Elle est une opportunité pour Rufisque d'échapper à son héritage commercial et administratif, de développer de véritables pôles de services et d'activités variées, de devenir un authentique outil fonctionnel capable de promouvoir de nouveaux pôles concurrentiels.

Elle est, en outre, à l'origine de nombreuses recompositions des structures au niveau du centreville de Rufisque, qui a vu un bon nombre de ses bâtiments faire l'objet de réaffectation et de servir à d'autres fonctions.

Cependant avant de se prononcer sur la dimension que pourrait prendre ces mutations fonctionnelles sur le renforcement des activités de la ville, il serait prudent d'étudier d'abord leur nature et leur forme.

A la fin de cette étude il nous sera plus aisé de recadrer la véritable place du centre-ville de Rufisque, et de réfléchir sur de nouvelles possibilités de renforcement des structures.

Afin de bien réussir ce travail, il serait tout à fait acceptable de prendre comme repère l'étude des activités principales qui ont toujours marqué l'espace du centre-ville de Rufisque. Partant de leur nature et de leur localisation, nous pouvons répertorier toute activité récente qui peut entrer dans le nouveau paysage fonctionnel de la ville.

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CHAPITRE I : Des pôles fonctionnels non négligeables

Figure 6 : Carte de la localisation des fonctions principales du centre-ville de Rufisque

Source : réalisation personnelle

--A-- La fonction commerciale :

Photo 36 : le marché de Rufisque à l'époque colonial

Il n'est pas étonnant de voir, aujourd'hui, la place prépondérante occupée par le commerce dans l'espace de Rufisque. A l'origine, la fonction commerciale s'est très tôt intégrée dans ses activités majeures et avait pris une dimension importante dans l'économie de traite.

Cette époque est achevée mais la fonction commerciale est toujours présente dans le centreville et constitue la principale activité à travers laquelle Rufisque est reconnue en tant que pôle commercial exerçant son influence sur un vaste hinterland.

Cette fonction s'exerce au Marché Central du centre-ville dont les limites n'ont cessé de s'agrandir (sur la photo ci-dessus on peut apprécier les débuts du marché), et tout au tour des îlots qui le bordent (figure 9).

Ce commerce était localisé sur presque trois îlots avec comme composantes : le marché fruits et légumes, la halle aux poissons, le marché « bric à brac » tissus + produits secs, halle aux viandes. Mais ses franges ont connu une progression avec l'étalement de l'aire commerciale vers le Nord, du fait des nombreuses boutiques de grossistes et les différents étales qui ont conquis les alentours du marché. Le marché est composé de l'autre coté de la route nationale (au nord) par

77

79

des magasins de produits électroniques (radios, portables, téléviseurs etc.) et boutiques de réparateurs de radios, téléviseurs etc.

Même si sa contribution au budget municipal parait faible, la fonction commerciale apparaît comme le principal élément, favorisant le dynamisme de l'espace urbain et constituant le vecteur de développement de la ville.

Les autorités locales sont conscientes de la part qu'elle représente dans la mobilisation de recettes de fonctionnement et ont signé un contrat de ville avec l'Agence de Développement Municipal (en 1999) pour l'amélioration du niveau de recettes avec la réalisation d'équipements marchands.

--A--1Distribution des recettes commerciales:

Tableau 3 : Les recettes commerciales de la ville de Rufisque

Impôts locaux

Montant (francs CFA)

Contribution patente

3

056

558

453

Produits domaniaux

 
 
 
 

Droit de place

 

92

915

800

Location souks

 

26

626

700

Total

3

176

100

953

Source : Réalisation personnelle d'après les données recueillies auprès du responsable du bureau des recettes

Ces chiffres ont été arrêtés à la date du 30 septembre 2009 et représentent l'ensemble des recettes commerciales de la ville. La contribution patente représente 96,2% des recettes commerciales, 67,66 % du taux de recouvrement appartenant à la commune. Le reste va sur le compte de l'Etat (soit 32 %).

--A-- 2 Les recettes non commerciales :

Tableau 4 : recettes diverses

Impôts locaux

Montant (francs CFA

Le foncier bâti

384 173 363

Le non bâti

24

156

250

Taxe sur les véhicules

62

444

227

Taxe sur la plus value immobilière

30

931

779

Produits d'exploitation

 
 
 

Produits des abattoirs

19

220

000

Frais de bornage

35

846

000

Taxes municipales

 
 
 

Véhicules automobiles

7

053

400

Sur la publicité

38

122

900

Total

601

947

919

Source : Réalisation personnelle d'après les données recueillies auprès du responsable du bureau des recettes

L'analyse des deux tableaux montre que la ville de Rufisque tire l'essentiel de ses ressources de fonctionnement des recettes commerciales.

A elle seule, la contribution patente dépasse de loin le cumul de l'ensemble des autres recettes, d'où la part importante qu'elle occupe dans celles-ci. Cependant, il ne faut pas oublier les autres recettes qui représentent une part non négligeable.

--B-- La fonction administrative:

Du fait de son statut de chef lieu de département, la ville de Rufisque continue encore de «porter son blason » administratif et d'être un outil important dans l'organisation de ses différentes activités.

Ainsi le pôle administratif peut être divisé en deux entités.

--B--1 Le conseil municipal et l'administration:

Ø Le conseil municipal, conformément à l'article 98 du code des collectivités locales, (Loi
no 96-06 du 22 mars 1996), « est l'organe délibérant de la commune ». Il est divisé en

plusieurs commissions composées de conseillers et de conseillères, parmis lesquelles nous pouvons citer les commissions commerce et finance. Il est l'organe principal qui vote le budget de la commune.

> L'administration municipale, quand à elle est « l'organe exécutif de la commune ».Elle est

composée de plusieurs services et de directions parmi lesquels la DAF, la DST etc.

Force est de constater que l'administration municipale, même si elle semble respecter une certaine organisation, n'est pas indépendante pour mener à bien sa mission. Elle fait l'objet à chaque élection municipale, d'un changement de personnel, qui contribue à freiner le travail déjà entamé (les élections du mois de mars 2009 le confirment).

--B-2 L'administration décentralisée :

Avec la décentralisation, la ville s'est vue attribuer de nouvelles compétences (9 domaines de compétence), en application de la loi no 96-07 du 22 mars 1996, notamment dans les secteurs suivants :

> L'environnement et la gestion des ressources naturelles,

> La santé,

> la population et l'action sociale,

> La jeunesse, les sports et les loisirs,

> La culture,

> L'éducation,

> L'aménagement du territoire,

> La planification,

> L'urbanisme et l'habitat.

Pour mener à bien ses missions, la ville s'appuie en plus de l'administration municipale, sur les services de l'administration centrale et déconcentrée.

A Rufisque, nous pouvons noter le service des impôts et domaines, le service de l'urbanisme, le service du cadastre, le service de l'inspection départementale, qui sont les véritables symboles de la coopération décentralisée.

Cependant le véritable défi pour la ville de Rufisque est de lutter contre les carences manifestes qui gangrènent son administration, surtout l'administration municipale : manque d'expertise, moyens techniques limités, effectifs pléthoriques qui absorbent la plus grande part du budget de fonctionnement de la municipalité.

Il est plus qu'urgent de réorganiser le mode de fonctionnement de l'administration municipale et de recruter un personnel qualifié pour une amélioration des capacités du personnel en activité grâce à une politique de formation adéquate (la majeure partie est embauchée à la faveur de la politique).

--C-- La fonction éducative:

Si la fonction éducative a pris une dimension aussi importante au centre-ville de Rufisque, ce n'est que récemment. En effet, jusque dans les années 80, le centre-ville était encore doté que de quelques établissements scolaires dont ces quatre du secondaire :

Tableau 5 : établissements scolaires au centre-ville de Rufisque jusque dans les années 1980

Etablissements

Date de fondation

Niveau

CEM Matar Seck

1958

Secondaire moyen

Lycée Abdoulaye Sadji

1965

Secondaire 2 o degré

CEM Abdoulaye Sadji et Ex --annexe

1970

Secondaire moyen

Bloc Scientifique et Technique

1981

Secondaire moyen

Source : réactualisation d'après Guèye Mamadou, l'évolution de la population dans les quartiers centraux de Rufisque depuis 1970,1990-91

Les établissements primaires étaient déjà présents à Rufisque mais la majorité se trouvait dans les zones périphériques (sept écoles primaires dont la première école de Rufisque construite en 1885).

Aujourd'hui cette situation est autre avec l'apparition à chaque coin de rue du centre-ville, de nouveaux établissements scolaires qui viennent augmenter le lot existant.

Il s'agit pour l'essentiel de groupes d'enseignement privés crées par les professeurs qui exercent dans les établissements publics du centre-ville (par exemple le Groupe scolaire « les académiciens » appartenant aux professeurs du Lycée Abdoulaye Sadji).

Ce sont en grande majorité des établissements d'enseignement Général, regroupant les différents cycles, de l'enseignement élémentaire au secondaire 2o degré.

Nous pouvons citer l'école privée « synergie », le groupe scolaire« les académiciens », le groupe scolaire « les trois dauphins », l'école privée Mansour Sy, l'école privée El Hadji Ibrahima sakho, le groupe scolaire « les rufisquoises », le privé catholique St-Joseph (qui regroupe le préscolaire et l'élémentaire) etc.

La formation professionnelle est également présente au centre-ville avec l'école de formation « technisys ».

Ces écoles de formations sont pour la grande majorité des « échappatoires » pour les nombreuses élèves dont l'enseignement public n'a pas été favorable.

Aujourd'hui nous somme à mesure de dire que la fonction éducative occupe une part non négligeable au centre-ville de Rufisque.

Ce qu'il faut craindre, ce n'est point la dimension qu'elle ait prise aujourd'hui puisse qu'elle contribue à renforcer son poids fonctionnel, mais la manière dont elle se manifeste sur l'espace du centre-ville avec une perpétuelle conquête de tout bâtiment susceptible de l'accueillir.

Le renforcement des fonctions doit se faire en rapport avec une réelle volonté de délocalisation vers la proche périphérie afin de désengorger l'« ancien tissu » et d'asseoir les bases d'une réelle politique de valorisation culturelle.

--D-- Une fonction industrielle très limitée :

Elle est présente au centre-ville de Rufisque mais dans des proportions moindres. On peut citer l'ex-usine Petersen (actuel SENARH) qui avait repris ses activités de production il y'a trois années de cela. Mais des plaintes venant des populations, concernant la pollution dont elle était responsable, ont précipité l'arrêt de ses activités. Actuellement, il fonctionne en tant qu'usine

81

d'embouteillage et d'ensachage de l'huile produite depuis Dakar et fabrique à certaine occasion des bouteilles.

Il y'a aussi une usine de biscuits, une usine de conservation de produits halieutiques et une usine de glace localisées au quartier Keury Kao.

Si cette fonction industrielle est évaluée au-delà des limites du centre-ville, nous pouvons noter la présence de pôles industriels à grand rayonnement comme : la SOCOCIM, une usine de produits pharmaceutiques (VALDA), une usine de textiles COSETEX, une usine de textiles et de production de sacs à jute, des sociétés nationales représentées comme la Sénégalaise Des Eaux, la SONATEL ou la SENELEC.

Ces fonctions traditionnellement reconnues à Rufisque sont ses principaux moyens d'expression, qui lui permettent de faire figure de grand pôle dans l'armature urbaine du pays, en raison de leur forte influence sur un vaste hinterland.

Rufisque c'est avant tout le commerce, une source de revenus sûre, à travers laquelle elle trouve les moyens d'alimenter son budget de fonctionnement et d'être reconnue comme pôle commercial.

Mais au-delà de ces pôles qui l'ont toujours caractérisé, le centre-ville de Rufisque propose un nouveau paysage fonctionnel, très divers, symbole d'une réappropriation et d'une revalorisation du « vieux tissu ».

83

CHAPITRE II : Le centre-ville de Rufisque, une nouvelle

ère, de nouvelles fonctions

Pour ce qui concerne l'étude des mutations fonctionnelles intervenues au niveau du centre-ville de Rufisque, on s'est proposé de les recenser et de les cartographier afin de mieux saisir leur distribution dans cet espace.

On aura ensuite la latitude d'analyser les principales fonctions qu'elles englobent, et cela, pour mieux évaluer la nature de celles qui n'y figurent pas encore.

--A-- De nouveaux pôles sanitaires :

Dans le domaine de la santé, les mutations sont très importantes avec l'apparition de plusieurs structures modernes avec des spécialités aussi variées les unes que les autres.

Ainsi, tout dernièrement, on a été en présence de l'apparition de pharmacies, de nouvelles cliniques privées mais également de plusieurs cabinets.

Ces fonctions nouvelles viennent renforcer le poids du centre-ville en tant que pôle promoteur de services plus performants.

Nous les avons localisés sur les cartes qui suivent.

Figure 7 : localisation des médecins au centre-ville de Rufisque

Source : réalisation personnelle

85

Figure 8 : localisation des pharmaciens au centre-ville de Rufisque

Source : réalisation personnelle

Figure 9 : localisation des cliniques au centre-vile de Rufisque

Source : réalisation personnelle

87

--B-- Un pôle bancaire en constitution:

Si on devait mesurer la place des nouveaux pôles dans le renforcement des fonctions du centreville, on ne se tromperait pas en insistant sur l'importance jouée par les structures bancaires. En effet leur apparition dans le paysage du « vieux tissu » s'est faite en un tel rythme, qu'il y'a eu beaucoup de maisons qui ont dû être démolies.

Figure 10 : localisation des banques au centre-ville de Rufisque

Source : réalisation personnelle

-C- De nouveaux métiers:

Il s'agit de cabinet d'avocats et d'huissiers de justice. Leur nombre n'est pas trop important au

vue des autres fonctions présentes au centre-ville. Mais ce sont des indicateurs de l'apparition de nouvelles fonctions plus spécialisées dans la cité de l'arachide.

On les retrouve également vers la zone périphérique particulièrement au niveau des HLM.

Figure 11 : localisation des avocats et huissiers au centre-ville de Rufisque

Source : réalisation personnelle

89

--D-- De nouveaux champs fonctionnels à explorer:

Pour ceux là nous pouvons dire que leur intégration dans la nomenclature fonctionnelle de Rufisque est trop récente. Il s'agit en grande partie de bureaux d'assurance et d'une agence immobilière. Notons cependant que nous n'avons recensé que cette agence immobilière au niveau du centre-ville et un seul bureau de poste.

Figure 12 : localisation des bureaux d'assurances, agence immobilière et bureau de poste

Source : réalisation personnelle

Graphique 2 : Pourcentage des différentes fonctions

médecins pharmaciens cliniques banques avocats assurances

fiscalité

poste

agence immobilière huissiers

Source : réalisation personnelle

--E-- Un gap fonctionnel trop grand:

Une analyse de cette partie nous permet d'apprécier l'état actuel des mutations fonctionnelles au centre-ville de Rufisque. Celles-ci sont en cours et concernent pour une grande part le secteur sanitaire, le secteur bancaire et les assurances.

Pour les autres secteurs, il y'a une certaine évolution mais dans des proportions moindres comme par exemple les agences immobilières, la poste etc.

Ce qui fait dire qu'il y'a encore de la place pour une apparition de nouvelles fonctions « dans le vieux » Rufisque.

Pour s'imposer comme un véritable pôle, à l'image de Dakar, la ville de Rufisque doit être à mesure de diversifier ses services et de concentrer des fonctions très concurrentielles à savoir regrouper des agences de voyage, des bureaux d'architectes et d'ingénieries, des activités comptables et audits etc.

On ne peut s'étonner qu'aujourd'hui encore, la population de Rufisque soit fortement dépendante des services offerts par la capitale, puisque la ville n'est pas encore dotée de fonctions qui puissent véritablement les fixer.

CHAPITRE III : Vers une recomposition des structures

C'est une nouvelle situation que connaît la ville de Rufisque. Elle s'observe dans l'espace du

centre-ville et consiste à une reconversion des fonctions d'anciens bâtiments afin de leur donner une destination nouvelle.

--A-- Un espace en perpétuel changement : Figure 13 : reconversion des structures

Source : réalisation personnelle

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--A--1 Les voies de la reconversion: Graphique 3 : la reconversion des structures

maisons devenues structures éducatives maisons devenues structures administratives strucures éducatives devenues maisons maisons devenues structures sanitaires maisons devenues structures bancaires maison devenue espace culturel

agence touristique

anciens cinémas en cours de reconversion structures neuves à vocation encore inconnue

Source : réalisation personnelle

La figure ci-dessus nous permet de voir l'orientation prise par les différentes reconversions. Ainsi, nous pouvons voir que l'essentiel des bâtiments qui ont subis une reconversion l'ont été en faveur de la fonction éducative soit un total de 13 maisons. La fonction administrative et la fonction bancaire y représentent une part importante avec pour chacune 3 maisons, de même que pour les structures sanitaires (2 maisons reconverties).

On note également l'apparition de nouvelles structures dont la destination n'est pas encore connue, deux cinémas dont l'un va accueillir un centre commercial, un espace culturel et une agence touristique.

--A--2 Quelle place pour une redynamisation fonctionnelle ?

S'il est vrai que le centre-ville de Rufisque est dans une phase de profondes mutations fonctionnelles, il semblerait également que celles-ci ne s'opèrent de la meilleure des façons. En effet, nous pouvons noter que la reconversion des structures n'évolue pas vers une volonté de doter le centre-ville, de fonctions nouvelles pouvant lui valoir la place de pôle concurrentiel et compétitif.

Cependant, il y'a une certaine amélioration dans des secteurs comme la santé, la finance et notamment dans le domaine de la culture, qui a vu la naissance de bâtiments neufs à caractère culturel (cela entre dans le cadre du programme de valorisation culturelle).

Notons par ailleurs qu'au niveau du centre-ville de Rufisque, il y'a encore des possibilités pour une diversification des fonctions en raison de la disponibilité de nombreuses friches, qui servent actuellement d'ateliers mécaniques ou de soudeurs. Ces « seccos » sont pour l'essentiel une propriété de la commune de Rufisque.

Le « vieux Rufisque », c'est également un pôle de services en constitution.

--B-- Un pôle de services diversifiés:

Il s'agit de l'apparition de services très variés qui touchent différents domaines, des nouvelles technologies de l'information et de la communication aux soins esthétiques.

--B--1 Des services et encore des services:

Graphique 4 : répartition des différents services

salons de beauté

cyber-espaces

restaurants modernes laboratoires de photos blachisseries modernes

librairies

salle de musculation et de fitness

Source : réalisation personnelle

94

Figure 14 : Localisation des services

Source : réalisation personnelle

96

En ce qui concerne le pôle des services nous pouvons voir que le centre-ville de Rufisque est bien outillé pour ne serait-ce remplir une partie de ses fonctions à savoir proposer des services divers. Ainsi, les nouvelles technologies de l'information et de la communication se sont développées de façon très rapide au centre --ville, avec la création de nombreux cyber-espaces, on a dénombré en tout 8 cybercafés, concentrés pour la grande majorité dans la zone de Keury Kao.

Les soins esthétiques ont aussi connu un essor avec l'apparition de nombreux salons de coiffure, et pour certains une école de formation. Ils caractérisent le plus le centre-ville en raison de leur grand nombre, 11 salons dont 2 hors de ses limites.

Ce pôle de service est renforcé par la présence de restaurants modernes, de laboratoires de photos, de salle de musculation etc.

Le centre-ville de Rufisque c'est aussi, un paysage de bars et de Night Clubs, avec tout récemment la construction d'une structure moderne(R+3) faisant office de Dancing et de bar club à Keury Kao (cela avait soulevé la colère des populations qui n'ont rien pu faire).

--B-2 Des boutiques très spécialisées :

On ne pourrait dire que Rufisque a échappé à son passé colonial, au regard de l'énorme héritage commercial qui le « poursuit encore ». Même si la nature des produits à commercer à changé, le constat est là et témoigne de l'apparition de boutiques modernes. Cet héritage le marque jusque dans la transformation des maisons, avec un rez-de-chaussée abandonné progressivement à des magasins neufs. Cette pratique est fréquente et touche également la zone périphérique. Pour la plupart c'est des boutiques d'habillement « prêt-à-porter » comme on a l'habitude de le dire, des boutiques qui vendent des articles divers allant de la papeterie aux outils technologiques modernes, des Orange boutiques, mais également de nombreux magasins témoins c'est-à-dire des «easy boutiques ».

Cette troisième partie permet d'avoir une meilleure connaissance des mutations profondes que connaît le centre-ville de Rufisque dans tous les domaines même les plus élémentaires. Le processus de réappropriation de l'espace de la « vielle cité de l'arachide » est entamé et il faudrait que celui-ci se fasse de façon réfléchi pour que la Ville en renaisse le « blason redoré ».

Conclusion:

Quelles leçons tirer de ce parcours sinueux sur l'espace du centre-ville de Rufisque ? On serait tout de suite tenté de dire qu'elles sont nombreuses en raison des multiples transformations, productions, qui en font le théâtre d'une perpétuelle recomposition structurelle et d'une réappropriation d'un espace dont l'héritage lui prédestinait, un avenir commercial aussi prometteur.

S'il est aussi vrai que les villes coloniales à l'image de Gorée, St-Louis et Rufisque sont les héritiers de patrimoines architecturaux très riches, il n'en demeure pas moins que cet héritage soit aujourd'hui la seule voie par laquelle elles devraient s'affirmer.

Ainsi, les nouvelles orientations qui s'opèrent dans le « vieux Rufisque », sont des indicateurs d'une ville qui aspire à se moderniser, sans renier son passé, mais en posant les fondements d'une nouvelle époque.

Cette étude vient à point nommé en évaluant la véritable dimension de l'héritage colonial et les opportunités, sinon, les contraintes qu'il impose à la Ville de Rufisque.

Après une appréciation globale du patrimoine architectural rufisquois, nous pouvons dire que son état actuel n'est pas favorable à une amélioration de l'image de la ville, et que pour tirer profit de celui-ci, il faudrait que la politique de sauvegarde et de revalorisation culturelle puisse s'intéresser à l'ensemble du centre historique notamment dans la zone du marché où l'urgence demeure.

C'est également dans cet espace de grande décrépitude du bâti, qu'aient lieu de profondes mutations aussi bien dans les fonctions qu'au niveau des structures, redéfinissant du coup le statut du centre-ville de Rufisque en tant que pôle commercial et administratif prédestiné.

Cette mutation est en cours, loin de s'achever pour le moment, seulement elle ne contribue réellement à faire « du vieux tissu » un outil fonctionnel très performant. C'est une voie nécessaire à Rufisque si elle veut échapper à l'étau de la capitale qui se resserre continuellement, lequel l'a pendant longtemps relégué en un rang de simple satellite, un réservoir de main d'Suvre.

Cette situation est loin de se terminer si l'on regarde, les principales structures présentes dans la cité de « Mame Coumba Lamb », à fortes dominantes commerciales, administratives, et

éducatives. Cela vient confirmer l'hypothèse selon laquelle le centre-ville de Rufisque n'est pas suffisamment outillé pour répondre aux défis actuels de modernisation (des structures à forte dominante commerciale et administrative).

Cependant, cette situation semble évoluer de manière positive, même si elle n'est pas encore bien en place, et que pour bientôt le centre-ville de Rufisque sera reconnu comme un véritable pôle avec une zone périphérique bien outillé.

Il serait donc nécessaire de compléter cette première approche en analysant les mutations fonctionnelles au niveau de la périphérie proche du centre-ville, pour voir s'il y'a une réelle politique de délocalisation au niveau de cette zone, et éventuellement étudier les relations étroites entre les populations du centre-ville et leur environnement proche, à savoir l'héritage culturel.

98

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> VENNETIER (PIERRE), Les villes d'Afrique tropicale, Ed Masson, 1991, 244 pages

100

Liste des photos utilisées :

Photo 1 : Le canal de l'est 6

Photo 2 : La nouvelle sénélec 6

Photo 3 : structure moderne 6

Photo 4 : circulation difficile au centre-ville 6

Photo 5 : Pierre de Rufisque dans un bâtiment 7

Photo 6 : le jardin public rénove 7

Photo 7 : ancienne police en réfection 7

Photo 8 : toiture en ruine 7

Photo 9 : Ancien entrepôt en ruine 8

Photo 10 : école au cSur du marché 8

Photo 11 : bâtiment en ruine 8

Photo 12 : Le nouveau chemin de fer 8

Photo 13 : Toiture délabrée au marché 8

Photo 14 : canalisation vétuste 8

Photo 15 : la gare ferroviaire rénovée 8

Photo 16 : bâtiment moderne 8

Photo 17 : Quelques aspects du bâti 9

Photo 18 : La nouvelle sonatel 10

Photo 19 : une rue du centre ville 10

Photo 20 : fenêtre délabrée 10

Photo 21 : Ancien wharf 22

Photo 22 : ancien secco 22

Photo 23 : Exemple de rues perpendiculaires 43

Photo 24 : embouteillage à la rue Adama Lo et au Boulevard Maurice Guèye 46

Photo 25: embouteillage à la rue Adama Lo et au Boulevard Maurice Guèye bis 46

Photo 26: Inondation au centre-ville et canalisation vétuste 48

Photo 27 : un échantillon du maillage vert au centre-ville 49

Photo 28 : Maison avec un jardin bien entretenu au centre-ville 52

Photo 29: exemple typique de résidence 52

102

Photo 30 : Exemple typique de bâtiments à caractère colonial 52

Photo 31 : exemples de matériaux utilisés dans l'architecture coloniale 62

Photo 32 : exemples de dégradation du bâti colonial 64

Photo 33 : Utilisation du ciment sur un mur en pierre de Rufisque 65

Photo 34 : « seccos » en ruines et structure métallique rouillée 66

Photo 35 : Le paysage de la modernité 71

Photo 36 : le marché de Rufisque à l'époque colonial 76

Liste des figures utilisées :

Figure 1 : en vert le centre-ville 6

Figure 2 : carte de la situation de Rufisque 24

Figure 3 : en vert le centre ville de Rufisque 27

Figure 4 : Schéma structural de la presqu'île du Cap-Vert 28

Figure 5 : Carte du maillage urbain de Rufisque 41

Figure 6 : Carte de la localisation des fonctions principales du centre-ville de Rufisque 75

Figure 7 : localisation des médecins au centre-ville de Rufisque 84

Figure 8 : localisation des pharmaciens au centre-ville de Rufisque 85

Figure 9 : localisation des cliniques au centre-ville de Rufisque 86

Figure 10 : localisation des banques au centre-ville de Rufisque 87

Figure 11 : localisation des avocats et huissiers au centre-ville de Rufisque 88

Figure 12 : localisation des bureaux d'assurances, agence immobilière et bureau de

poste 89

Figure 13 : reconversion des structures 91

Figure 14 : Localisation des services 94

Liste des tableaux utilisés :

Tableau 1 : Répartition des concessions, ménage et du sexe dans les communes 36

Tableau 2: projets de sauvegarde et de mise en valeur du patrimoine culturel 68

Tableau 3 : Les recettes commerciales de la ville de Rufisque 77

Tableau 4 : recettes diverses 77

Tableau 5 : établissements scolaires au centre-ville de Rufisque jusque dans les années

1980 80

Liste des graphiques utilisés :

Graphique 1 : évolution de la population rufisquoise de 2005 à 2015 35

Graphique 2 : Pourcentage des différentes fonctions 90

Graphique 3 : la reconversion des structures 92

Graphique 4 : répartition des différents services 93

104

Table des matières :

Pages

Listes des sigles et acronymes 4

Problématique 5

Contexte et Justification 11

Objectifs 12

Hypothèses 12

Introduction 17

Première partie : Cadre physique et démographique 19

Chapitre 1 : Rufisque et son site 20

A. Historique de Rufisque 20

B. Situation géographique de Rufisque 24

C. Le centre-ville de Rufisque 27

Chapitre 2 : Les caractéristiques physiques du paysage rufisquois 28

A. Cadre géologique et géomorphologique 28

A.1 Géologie de la Presqu'île du Cap-Vert 29

A.2 Les fracturations de la Presqu'île du Cap-Vert 30

B. Les principaux affleurements de la zone de Rufisque 30

B.1 Les formations tertiaires 30

B.2 Les formations quaternaires 32

Chapitre 3 : Etude démographique de Rufisque 33

A. La population rufisquoise 33

A.1 Les aspects de la croissance démographique 33

A.2 L'évolution de la population rufisquoise 33

A.3 Les nouvelles tendances de la croissance démographique 34

B. Taille des ménages et de leur répartition 36

Deuxième partie : Les caractéristiques du paysage urbain 38

Chapitre 1 : La morphologie urbaine 41

A. La trame urbaine rufisquoise 41

A.1 Le lotissement urbain 44

A.2 Le parcellaire 44

A.3 La voirie urbaine 45

B. Le réseau de canalisation et le maillage vert 47

B.1 Le réseau de canalisation 47

B.2 Le maillage vert 48

C. Mobilier de l'espace public et toponymie 50

C.1 Le mobilier de l'espace public 50

C.2 La toponymie, un autre symbole du paysage rufisquois 51

D. Typologie de l'habitat urbain 51

D.1 Les zones résidentielles de maisons individuelles ou semi collectif 51

D.2 Le Centre historique 52

D.3 Les zones d'urbanisation sauvages et rapides 53

Chapitre 2 : Le patrimoine architectural 54

A. La notion de patrimoine culturel 55

A.1 La préservation du patrimoine culturel 55

A.2 La signature de la convention concernant la protection du patrimoine

mondial, culturel et naturel (1972) 56

B. Notion de patrimoine mondial 56

B.1 Caractère particulier du patrimoine mondial 56

B.2 Patrimoine mondial et Patrimoine national 57

C. Les différents types de patrimoine culturel 57

C.1 Les composantes du patrimoine culturel 57

C.2 Le Patrimoine naturel 58

Chapitre 3 : Le patrimoine culturel rufisquois 60

A. De l'origine culturelle 60

A.1 Le style architectural 60

A.2 Les matériaux de l'architecture coloniale 62

B. Etat actuel du Patrimoine 63

B.1 La dégradation du cadre bâti 64

B.2 Le Patrimoine classé rufisquois 67

B.3 Programme pour la valorisation culturelle 68

B.4 L'héritage colonial, une opportunité pour Rufisque? 70

C. Entre sauvegarde et valorisation, la modernité ! 70

Troisième partie : Les mutations fonctionnelles 73

Chapitre 1: Des pôles fonctionnels non négligeables 75

A. La fonction commerciale 76

A.1 Distribution des recettes commerciales 77

A.2 Les recettes non commerciales 77

B. La fonction administrative 78

B.1 Le conseil municipal et l'administration 78

B.2 L'administration décentralisée 79

C.

106

La fonction éducative 80

D. Une fonction industrielle très limitée 81

Chapitre 2: Le centre-ville de Rufisque, une nouvelle ère, de nouvelles fonctions 83

A. De nouveaux pôles sanitaires 83

B. Un pôle bancaire en constitution 87

C. De nouveaux métiers 88

D. De nouveaux champs fonctionnels à explorer 89

E. Un gap fonctionnel trop grand 90

Chapitre 3 : Vers une recomposition des structures 91

A. Un espace en perpétuel changement 91

A.1 Les voies de la reconversion 92

A.2 Quelle place pour une redynamisation fonctionnelle ? 92

B. Un pole de services diversifiés 93

B.1 Des services et encore des services 93

B.2 Des boutiques très spécialisées 95

Conclusion 96

Bibliographie 98

Liste des photos utilisées 100

Liste des figures utilisées 101

Liste des tableaux utilisés 101

Liste des graphiques utilisés 102

Tables des matières 103

FIN






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