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Le facteur culturel dans la coopération sino-camerounaise:le cas de l'implantation de l'institut Confucius a l'institut des relations internationales du Cameroun(IRIC)

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par Jean Cottin Gelin KOUMA
Universite de Yaounde II-Soa - Master II en Relations Internationales option Diplomatie 2010
  

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PARAGRAPHE II : L'IMPLANTATION DES INSTITUTS CONFUCIUS DANS LE MONDE : UN VECTEUR DE PUISSANCE POUR LA CHINE ?

Le réalisme164(*) met à la disposition de l'acteur, la puissance nécessaire pour imposer ses valeurs aux autres. Pour Joseph Nye, la puissance repose aujourd'hui aussi bien sur les ressources coercitives, (notamment militaire), que sur la séduction. A propos de cette dernière dimension, Joseph Nye estime « le pouvoir de cooptation -la capacité d'orienter ce que les autres veulent- dépend souvent de l'attrait qu'exercent sur les autres une culture ou une idéologie... »165(*). Plus de 2000 ans après sa mort, Confucius est réhabilité pour symboliser la puissance chinoise et lui donner les moyens du soft power dont elle a toujours eu besoin. Le décollage économique fulgurant de la Chine ne lui a pas fait oublier la formidable opportunité que constitue pour elle le rayonnement culturel. Les dirigeants chinois ne manquent pas une occasion de déclarer que leur pays a l'une des cultures les plus anciennes et les plus riches du monde. A cette fin, la Chine développe depuis quelques années un ensemble d'outils pour rendre son émergence non pas menaçante mais attrayante. Cette approche douce fait aujourd'hui partie intégrante de la politique étrangère de la Chine. En 2007, le Livre blanc sur la politique étrangère fait explicitement référence au soft power166(*) et lors du XVIIe congrès du PCC, le Président Hu Jintao a encouragé la Chine « to enfance culture as part of the soft power of our country to better guarantee the people's basic cultural rights and interests »166(*). Dans la pratique, cela se traduit notamment par l'établissement des Instituts Confucius dans le monde. Les programmes d'échanges sont également fortement encouragés. « En 2008, plus de 12 000 étudiants étrangers sont venus étudier en Chine, comparé à 8 000, il y a 20 ans »167(*). La montée en puissance de la Chine impose une nécessité, celle de mieux comprendre son fonctionnement culturel. A cet effet, comment la culture permet-elle à la Chine d'alimenter sa puissance via l'implantation des Instituts Confucius ? Pour mieux décrypter l'émergence de la puissance chinoise, nous examinerons les différents points d'implantation des Instituts Confucius dans le monde (A), tout en insistant sur le cas particulier de celui implanté au Cameroun et plus précisément à l'IRIC (B).

A) Les points d'implantation de l'Institut Confucius : maillon important de la projection de la Chine sur la scène internationale

Il s'agit de la puissance par l'influence et le rayonnement168(*) culturel. La diffusion des valeurs culturelles par la Chine lui permet d'accroitre son prestige169(*) ainsi que son influence dans le monde. Les instruments utilisés pour diffuser sa culture sont nombreux : l'état actuel d'implantation d'Instituts Confucius dans le monde est assez sérieux. Ainsi, baptisés du nom du célèbre humaniste chinois du VIe siècle avant Jésus Christ qui prônait la soumission à une autorité vertueuse, les Instituts Confucius sont des établissements culturels publics implantés depuis 2004 dans le monde par la Chine. Pour ce faire, elle s'appuie sur un réseau d'Instituts et de classes Confucius, placés sous le patronage du Hanban, le Bureau du Conseil International pour la diffusion internationale du mandarin. A cet effet, Joël Bellasen, sinologue, observe que « les Instituts Confucius sont à n'en pas douter le bras armé de la politique chinoise de la sinophonie, ce qui est légitime dans la mesure où le chinois acquiert une dimension internationale »170(*). A cet aspect linguistique s'ajoute également une dimension politique d'affirmation de la puissance et d'image, à travers la promotion des valeurs culturelles171(*).

Barthélemy Courmont affirme que « les Instituts Confucius sont la face la plus visible d'une offensive culturelle souhaitée et fortement assistée par les pouvoirs publics chinois »172(*) Aujourd'hui, il existe 324 Instituts Confucius dans 81 pays et régions dans le monde, qui fonctionnent généralement en partenariat avec des universités publiques. L'Afrique compte 27 Instituts Confucius173(*) répartis dans 17 pays : Cameroun, Maroc, Mali, Afrique du Sud, Madagascar, Egypte, Benin, Kenya, Libéria, Ethiopie, Tunisie, Rwanda, Botswana, Soudan, Togo, Zambie et Zimbabwe (voir annexe 5). Ainsi, le premier Institut Confucius a été ouvert en novembre 2004, à Séoul. En Europe, c'est à Stockholm que le premier Institut a ouvert en 2005. L'Afrique a vu arriver son premier Institut en 2005 également, à Nairobi. A titre de comparaison, l'Allemagne a ouvert son premier Institut Goethe en 1951, en compte aujourd'hui 136. Selon le Hanban174(*), la Chine envisage mettre en place un millier d'Instituts Confucius avant 2020. Dans le même ordre d'idées, le Ministère de l'Education à Pékin estime qu'en 2010, 100 millions de personnes dans le monde apprennent le mandarin. Le budget de Chaque Institut est de 400 000175(*) dollars par an. La France compte à elle seule aujourd'hui 14 Instituts Confucius, en Métropole comme en Outre-mer.

Par comparaison avec les Alliances Françaises ou des British Council, les Instituts Confucius, sont de création récente. Ils prennent toute la mesure de l'attraction inépuisable de la civilisation chinoise, puisque les cours divers y sont dispensés. Par exemple, en dehors du cours de langue, sont proposées au sein de l'Institut, les activités sportives, artistiques et culinaires de la Chine. Ces Instituts participent de la construction d'une politique étrangère de long terme, d'un soft power qui vise clairement à agir sur les mentalités et apaiser si possible les craintes liées à la menace de la montée en puissance de la Chine. L'idée étant que, si l'on connait mieux la Chine, on aura moins de réserve voire d'hostilité à son encontre et l'on acceptera mieux, sa puissance et pourquoi pas sa domination. Meng Rong, Directeur de l'Institut Confucius de Montréal, estime que « les Instituts, qui mise sur la langue et la culture sont aussi une manière pour la Chine d'exercer un « pouvoir doux », une sorte de « diplomatie de source », pour faire valoir sa place sur la scène internationale » 176(*). C'est dans cet ordre d'idées que Luc Sindjoun estime que la domination d'une langue en fonction de la population ne constitue pas en soi un indicateur de puissance. Pour lui, il faut prendre en considération « l'expansion géographique et l'usage par les élites dominantes »177(*).

B) Vers une nouvelle forme d'impérialisme culturel chinois ?

Pour Hans Morgenthau, tout Etat qui vise à accroitre sa puissance, à l'image de la Chine, mène nécessairement une politique impérialiste. L'impérialisme178(*) constitue donc une doctrine que leur puissance autorise certains Etats à étendre leur influence, voir leur domination, en dehors de leurs frontières. En outre, l'impérialisme179(*) qualifie aujourd'hui la volonté d'une nation, d'Etat ou d'un groupe de créer une hégémonie sur d'autres nations, d'autres Etats ou d'autres groupes. Il peut être provoqué par le sentiment d'une supériorité culturelle ou la volonté d'imposer un modèle idéologique. Ainsi, « L'impérialisme suscite (...) rejet (par les populations, une fois dominées) et critiques (souvent au service même des pays impérialistes ». Sous la forme du néocolonialisme, on voit subsister des zones d'influence qui sont autant de formes rémanentes d'empires passés. « Preuve que l'impérialisme n'est pas mort, la chine, anciennement dominée, se lance, elle aussi, dans une « course au clocher » en Afrique »180(*).

Bernard Lanuzet quant à lui pense que, « l'impérialisme culturel consiste, finalement, à imposer une identité culturelle à un pays à qui elle est étrangère(...) : il s'agit d'imposer aux autres pays les représentations culturelles que l'on produit et que l'on diffuse. (...) les pays, sous l'hégémonie des formes et des stratégies culturelles de certains acteurs, en sont à changer d'identité »181(*). Il ajoute à ce sujet, que « c'est idéaliste et naïf de penser que la diplomatie culturelle a pour finalité d'engendrer des sympathies et des amitiés »182(*). Pour terminer, il estime que « la diffusion des pratiques culturelles, font évoluer le concept d'hégémonie. D'abord l'hégémonie culturelle s'inscrit aujourd'hui dans des relations nouvelles avec l'hégémonie politique. L'hégémonie d'un pays ou d'une culture(...) s'inscrit dans les formes et les pratiques de la diffusion culturelle »183(*). L'influence culturelle devient donc un objectif politique. A cet effet, contrairement à l'Alliance Française ou à l'Institut Goethe, qui fonctionnent de manière autonome, les Instituts Confucius travaillent en partenariat avec les établissements scolaires. Ces partenariats sèment la controverse et font l'objet de critiques, étant donné que plusieurs établissements hésitent à s'associer à un organisme qui est pensé et financé par le PCC. « Malgré l'engouement du mandarin, conséquence du poids économique croissant de la chine, les Instituts ont pourtant tendance à inquiéter, et alimentent les spéculations »184(*). L'université Harvard, aux Etats-Unis, a ainsi refusé les largesses de la Chine, de peur de perdre un peu de son autonomie. L'Inde a également rejeté la proposition d'établir des centres de langue en 2009, qualifiant d'inacceptable l'idée de répandre le soft power par la Chine et étiquetant les Instituts Confucius comme des « outils de propagande »185(*). Pour Jean-Philippe Beja, sinologue détaché au Centre d'études français sur la Chine contemporaine, l'arrivée des Instituts Confucius est tout simplement le résultat de la faiblesse des crédits publics accordés à l'ensemble du chinois : « ce sont des ressources pour des systèmes d'enseignement affamés. Personne n'est trop regardant sur la nature du don et plutôt que d'êtres en dehors des universités. Les Instituts Confucius fonctionnent dans les facs comme des cellules cancéreuses »186(*). En Australie, Jocelyn Chey, professeur à l'Université de Sydney et ancienne diplomate, a également alerté l'opinion en 2007, faisant également campagne pour que l'Institut Confucius ne s'installe pas dans les mêmes locaux que le Département d'études chinoises : « s'il était sur le campus, ce serait plus difficile pour les enseignants de préserver leur liberté et leur indépendance »187(*). Contrairement à ce qui précède, le journaliste canadien Fabrice de Pierrebourg, dans un article intitulé « A quoi servent vraiment les Instituts Confucius ? », paru en septembre 2009, place plutôt la critique sur le terrain militaro-industriel. Rappelant que les services de renseignements canadiens ont rédigé un rapport sur les Instituts Confucius, il s'interroge : «  se pourrait-il que cette vaste entreprise de charme destinée à propager une image positive de la chine, à créer une vraie « sinomanie », cache d'autres intentions inavouées et malicieuses? ». Aussi, poursuit-il, « ...d'avancer l'idée d'un « espionnage doux » dont le but serait de drainer des informations scientifiques et technologiques. Après tout, plusieurs officiers de renseignements ont été placés à la tête ou parmi les dirigeants du réseau Confucius »188(*).

Cependant, au regard de la procédure que suit la création d'Institut Confucius, l'on est tenté de dire que la Chine n'impose pas l'implantation d'institut, c'est plutôt les universités partenaires qui en font des demandes. A ce sujet, Guy Olivier Faure, professeur de sociologie à l'université de Paris V Sorbonne, estime que « mettre l'autre en position de demandeur, c'est l'enfermer dans un rôle qui fut celui des tributaires dans la chine traditionnelle »189(*). Néanmoins, Lui Xincheng, enseignante de chinois, pense que la politique de prolifération de Instituts Confucius est volontariste : « jusqu'en décembre 2009, nous avons déjà établi 282 Instituts Confucius dans 88 pays et régions du monde et plus de 260 organisations dans plus de 50 pays et régions ont déposé leur candidature pour l'établissement local d'Institut Confucius... »190(*). La Chine manifeste donc sans cesse le souci de ne pas apparaitre comme une nouvelle puissance colonisatrice mais de s'inscrire dans un dialogue sud-sud sous-tendu par la logique « gagnant-gagnant ». Le camerounais Samuel Bognis, pour relativiser l'idée d'impérialisme qu'on attribue à la présence chinoise en Afrique, pense qu' « en filmant Jacques Chirac avec mon Président, j'ai toujours ressenti une forme de paternalisme. Jamais chez les chinois. On se parle d'égal à égal »191(*).

DEUXIEME PARTIE :

L'INSTITUT CONFUCIUS DE L'IRIC : BASE DE L'ATTRACTION CHINOISE EN AFRIQUE

Au regard de ce qui précède, il est incontestablement admis que l'aspect culturel figure parmi les déclarations officielles proclamées par le gouvernement chinois vis-à-vis de l'Afrique. A cet effet, la création des Instituts Confucius en Afrique constitue un des volets de l'offensive de charme, visant à rendre la Chine plus séduisante et moins intimidante. Fort de ce qui précède, l'Institut Confucius de l'IRIC fait partie des ressources du « soft power » et correspond de ce fait à la capacité d'attraction, de séduction exercée par le modèle culturel chinois. Et la langue enseignée dans cet Institut, se révèle comme un vecteur du développement de liens d'amitié entre la Chine et les pays africains. A ce titre, lors d'une tournée en Afrique, le Président Hu Jintao a appelé de ses voeux à ce que le mandarin s'impose comme la langue d'un pays ami192(*). Ainsi, pour mieux rendre compte de la dimension culturelle de la Chine comme facteur contributif au développement de sa stratégie de puissance en Afrique, il convient d'analyser l'Institut Confucius de l'IRIC, non seulement comme un tremplin pour la projection linguistique de la Chine (Chapitre III) mais aussi comme une dimension de sa puissance globale ( Chapitre IV).

CHAPITRE III :

L'INSTITUT CONFUCIUS DE L'IRIC: UN TREMPLIN POUR LA PROJECTION LINGUISTIQUE DE LA CHINE

Le communicationnel et le culturel sont devenus déterminants dans l'issue des batailles qui se gagnent aujourd'hui. C'est la raison pour laquelle la Chine exprime beaucoup plus sa puissance par le soft power. Cette approche douce qui consiste en l'enseignement du mandarin à travers le monde, fait partie intégrante de l'actuelle politique étrangère chinoise. Ainsi, l'implantation des Instituts Confucius obéit à cette logique et leur développement semble impressionnant en Afrique. L'Institut Confucius implanté à l'IRIC, premier du genre en Afrique francophone et unique en Afrique centrale, promeut la langue chinoise non seulement auprès des camerounais, mais aussi des ressortissants des autres pays africains. Dès lors se pose la question de savoir comment l'Institut Confucius permet à la Chine d'alimenter sa puissance via la diffusion du mandarin. Force est de constater que l'implantation de cette structure à l'IRIC repose sur une motivation rationnelle (Section I). C'est dans le même ordre d'idées que l'IRIC est considéré comme l'unique laboratoire de langue chinoise en Afrique centrale (Section II).

* 164 Voir: (C. Rice: 2008:8) cite par A. Nzeugang, in « Les Etats-Unis en Afrique : dynamiques locales d'une puissance globale », thèse, UYII, avril 2010, p124.

* 165 J.Nye,op.cit.,p.241.

* 166 T. S. De Swielande, « La Chine et le « soft power » : une manière douce de défendre l'intérêt national ? », UCL, N°2, mars 2009.

* 167 J. Kurlantzick, « China's charm: implications of Chinese soft power », Carnegie Endowment for International Peace, in Policy Brief, 47, June 2007.

* 168 Faire allusion au rayonnement international d'un Etat, c'est établir son image de marque hors de son espace territorial. Ainsi, le rayonnement est une influence heureuse, un éclat excitant l'admiration qui se propage sur une certaine étendue, étendue qui peut aller jusqu'à d'autres Etats. (Voir : M. Ndjeng Eyi, culture et diplomatie : la contribution de la musique à la diplomatie camerounaise, DESS, UYII, IRIC, avril 2006, p.86.)

* 169 Pour les réalistes, et plus précisément Hans Morgenthau, toute action d'un Etat sur la scène internationale cherche à conserver (politique du statu quo), accroitre (politique impérialiste) ou montrer sa puissance (politique de prestige).

* 170 Connexions, loc. cit., p.66.

* 171 Idem.

* 172 Ibid., p.64.

* 173 S. Dongmo, Journal Le Jour du 13/08/2010.

* 174 J. Jolly, op. cit., p.93.

* 175 Voir: http://french.peopledaily.com.cn/Culture/6962962.html , loc. cit., p.41.

* 176 Voir : http://www.confuciusinstitute.qc.ca/news.php?lang=f., (consulté le 4/06/2011).

* 177 L. Sindjoun, loc. cit., p.26.

* 178 P. Gauchon & J.-M. Huissoud, op. cit., p.65.

* 179 S. Cordellier (dir), op. cit., pp.347-348.

* 180 P. Gauchon & J.-M. Huissoud, op. cit., p.66.

* 181 F. Roche (dir), op. cit., p.39.

* 182 Ibid., p.50.

* 183 Ibid., p.9.

* 184 Connexions, loc. cit., p.66.

* 185 Idem.

* 186Ibid ., p.67.

* 187 Idem.

* 188 Idem.

* 189 G. O. Faure, « Stratégies chinoises de négociation », Annales des mines, 1999, Publié sur : www.societe-de-strategie.asso.fr/pdf/agir24txt3.pdf, (consulté le 28/03/2011).

* 190Voir : fllash.univ-larochelle.fr/IMG/.../l_art_de_la_gravuredossie_presentation.pdf, (consulté le 29/03/2011).

* 191 S. Michel & M. Beuret, op. cit., p.149.

* 192 C. Harbulot, loc.cit., p.26.

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