WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le facteur culturel dans la coopération sino-camerounaise:le cas de l'implantation de l'institut Confucius a l'institut des relations internationales du Cameroun(IRIC)

( Télécharger le fichier original )
par Jean Cottin Gelin KOUMA
Universite de Yaounde II-Soa - Master II en Relations Internationales option Diplomatie 2010
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

PARAGRAPHE II : AU-DELA DE LA COOPERATION : LES MOBILES D'ORDRE STRATEGIQUE

La Chine mène une stratégie voilée et à long terme dans sa politique étrangère. Ainsi, cela va sans dire que l'Institut Confucius vise à sensibiliser les africains par rapport à la Chine, en vue de la « création d'une amitié » sincère entre les peuples et favoriser les échanges. Et le cas du Cameroun illustre bien l'engagement de la Chine auprès de l'Afrique. Cependant, au regard de l'intérêt que la Chine manifeste à l'IRIC (A) à travers son Institut Confucius, l'on est tenté de dire qu'elle ne cherche qu'à maximiser ses intérêts (B).

A) L'IRIC comme socle d'un rayonnement géographique considérable

L'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) a été créé par le Décret Présidentiel N° 71/DF/195/BIS du 24 avril 1971, et modifié par le Décret N°85/743 du 27 mai 1985. Il est placé sous la co-tutelle du Ministère des Relations Extérieures (Minrex) et du Ministère de l'Enseignement Supérieur (Minesup). Il est à la fois un établissement d'enseignement supérieur, un institut diplomatique et un observatoire des relations internationales.

Au regard des thèses réalistes, les éléments de la puissance d'un Etat sont divers. Parmi ceux énumérés par Hans Morgenthau, figure bel et bien la géographie. C'est bien ce que nous essayerons de développer ici en gardant en esprit cet axe fondamental reliant espace et puissance, la puissance s'exprimant dans les politiques spatiales mises en oeuvre par la Chine. L'espace étant comme une palette où les degrés de la puissance étatique peuvent s'exprimer. Ainsi, considérer les enjeux que représente l'IRIC nous amène à s'interroger sur son attraction sa crédibilité qui permettent d'expliquer sa projection sur la scène internationale. L'IRIC semble doté d'une vocation panafricaine, laquelle fait de lui un point stratégique de projection régionale. Depuis sa création, cet institut a déjà formé plusieurs experts nationaux et internationaux des relations internationales. A ce sujet, « les étudiants de 60 nationalités différentes se sont succédé à l'institut »209(*). Dans le même ordre d'idées, « l'IRIC est une grande institution. Elle a formé de très grands cadres au Cameroun, mais aussi en Afrique »210(*). Cet institut « est considéré au Tchad comme la plus grande école des relations internationales »211(*). Fort de ce qui découle, Adamou Ndam Nyoya212(*), estime quant à lui que l'IRIC « est un espace de capitalisation des acquis du Cameroun tout en ayant une vision de l'Afrique comme force, comme entité. Lors du 44e sommet de l'OUA en 1974, l'IRIC est admis comme observateur ». Et à Narcisse Mouéllé Kombi de dire, qu' « en 40 ans, l'IRIC s'est affirmé comme un véritable creuset de l'intégration nationale et régionale »213(*).

Depuis l'implantation du Centre d'apprentissage de la langue chinoise en son sein, lequel a déjà formé une centaine de diplomates, des fonctionnaires des relations internationales et des cadres d'administration d'une soixantaine de pays africains, asiatiques, européens et américains214(*) ; l'IRIC fait l'objet d'une attractivité ainsi que d'une compétitivité de la part des acteurs de la scène internationale. En Relations internationales, l'importance d'un territoire est généralement considérée comme un atout. L'IRIC ne fait pas l'économie d'être constitué en un véritable enjeu entre puissances. L'implication de la Chine au Cameroun et plus précisément à l'IRIC semble changer progressivement la nature des choses. S'il est vrai que la politique africaine de la Chine, d'après Valérie Niquet, « s'inscrit dans le cadre plus large d'une stratégie de contournement des puissances occidentales ou assimilées »215(*), il n'en demeure pas moins que cette assertion trouve son fondement dans l'intense activité diplomatique dont l'IRIC fait face depuis que l'Institut Confucius est logé en son sein. La Chine qui vise l'extension de son champ d'influence en Afrique, est confrontée à l'obstacle français. Bien que le Président camerounais Paul Biya ait déclaré que « le Cameroun n'est la chasse gardée de personne », la France manifeste sans cesse cette volonté de contrôler son « pré carré » historique auquel appartient le Cameroun. Elle multiplie des séminaires, conférences et forums diplomatiques à l'IRIC depuis plus de trois ans aujourd'hui. Ce qui constitue un signal fort à ce partenariat traditionnel qui la lie au Cameroun. Une Chaire Senghor Francophonie et Mondialisation, dont la mission consiste en des études et recherches sur les questions de diversités culturelles, politiques et linguistiques ; a été implantée dans le campus de l'IRIC au cours l'année académique 2009-2010. Entre 2008 et 2010, les étudiants de l'IRIC ont suivi des séminaires du Pr. Michel Guillou, Directeur de l'Institut de la Francophonie et de la Mondialisation (IFRAMOND) de l'Université Jean Moulin III. Dans la même logique, les assises camerounaises des entreprises et industries culturelles dans l'espace francophone se sont tenues à l'IRIC, du 17 au 20 mars 2008, avec la collaboration de l'Ambassade de France au Cameroun. De son passage au Cameroun, le Ministre français de l'Immigration, de l'Intégration et de l'identité et du Développement solidaire, Brice Hortefeux, a tenu un forum diplomatique à l'IRIC, sous le thème « La politique française du co-développement en Afrique ». Le 17 avril 2009, l'Ambassadeur de France au Cameroun, M. George Serre, a présenté et commenté aux étudiants de l'IRIC, un document réalisé par le Ministère français des Affaires Etrangères sur le thème « la diplomatie en action ». Cette intense activité diplomatique française a été couronnée en 2009 par la visite du Premier Ministre français, François Fillon, au Cameroun et qui, a tenu un forum diplomatique à l'IRIC, le 21 mai sous le thème : « paix et sécurité en Afrique ». Ainsi, cette présente constante et permanente des hautes personnalités françaises sur le campus de l'IRIC, semble vouloir faire obstacle aux ambitions chinoises. Cependant, la Chine ne recule pas et comme Deng Xiaoping l'a si fortement exprimé devant Henry Kissinger : « la Chine ne craint rien sous le ciel ni sur terre »216(*). Elle cherche donc à accroitre son offensive diplomatique au Cameroun. En visite officielle dans le pays, Jia Qinling, Président du Comité National de la Conférence Consultative Politique du Peuple Chinois, a sacrifié au même rituel, le 24 mars 2010 à l'IRIC et plus précisément à l'Institut Confucius.

B) Des activités culturelles au service des intérêts chinois

Les réalistes sont presque unanimes sur le fait que les Etats sont permanemment dans une course effrénée de leurs intérêts vitaux. C'est pourquoi, Tanguy Struye considère le développement du soft power par la Chine, comme étant « une manière douce » de défendre l'intérêt national. Les actions culturelles chinoises contribuent de ce fait à façonner un milieu favorable à la réalisation de ses objectifs.

Depuis des années, la Chine multiplie des opérations de charme au Cameroun, à travers la mise sur pied d'une politique généreuse de bourses d'études. Cependant, ces bourses semblent servir les intérêts chinois. Guy Gweth217(*) estime que  le but de la tactique chinoise consiste à « créer une dette, un sentiment d'obligation de la part de la cible, de sorte qu'elle trouvera difficile de refuser des faveurs au bénéfice des intérêts chinois. La Chine octroie des bourses dans les filières qui concernent de prés ou de loin les intérêts chinois en Afrique centrale, comme la médecine, l'agriculture, le génie électrique, ainsi que les télécommunications et l'informatique. « Les étudiants bénéficiaires vont donc étudier en Chine pendant trois ou quatre ans. Seulement, les bénéficiaires de ces bourses doivent s'engager à retourner au Cameroun une fois leur formation achevée, pour être mis à la disposition de l'Institut »218(*). C'est ainsi que Mme Pauline Zang, première femme enseignante de chinois au Cameroun, avait obtenu une bourse du gouvernement chinois dès 1998, pour aller se former en chine pendant deux ans et venir servir la Chine à l'Institut Confucius. Les camerounais issus de cette politique généreuse de bourses d'études servent de traducteurs-interprètes dans les différentes transactions que la Chine mène au Cameroun.

Aussi, les actions culturelles que la Chine mène au Cameroun visent l'intégration de ses ressortissants. « As Senior Representative for the Chinese Embassy in Yaoundé, there are about 1500 chineses residing in Douala and 2000-3000 in Yaoundé. Although there are no exact number »219(*). Ils assurent ainsi la promotion de la culture mais aussi des produits chinois à travers le territoire national. L'afflux de touristes s'est considérablement accru ces dernières années. C'est une manne financière qui devrait continuer à augmenter dans l'avenir et qui concourt à la connaissance de la culture chinoise et l'acceptation de ses ressortissants.

* 209 Mouéllé Kombi, dans une interview accordée au Quotidien le Jour du 27/04/2011, à l'occasion de la célébration des quarantenaires de l'IRIC.

* 210Landoulsi Abderrazak, ancien de l'IRIC et Chef de Mission Diplomatique de Tunisie au Cameroun dans une interview accordée au Quotidien le Jour du 27/04/2011, à l'occasion de la célébration des quarantenaires de l'IRIC

* 211 Yossem-Kontou Noudjiamlao, ancien de l'IRIC et Ambassadeur du Tchad au Cameroun, dans une interview accordée au Quotidien le Jour du 27/04/2011, à l'occasion de la célébration des quarantenaires de l'IRIC.

* 212 Intervenant au Colloque sur les « quarantenaires de l'IRIC », atelier sur le thème : « la contribution de l'IRIC au rayonnement de la diplomatie camerounaise ».

* 213 Interview accordée au Quotidien le Jour du 27/04/2011, à l'occasion de la célébration des quarantenaires de l'IRIC.

* 214 Voir : www.iricuy2.net , (consulté le 30/03/201).

* 215 V. Niquet, loc. cit., p.44.

* 216 L. Murawiec, L'esprit des nations : cultures et géopolitique, Paris, Odile Jacob, 2002, p.103.

* 217 Consultant à Intelligence Economique et Stratégique.

* 218 Le Jour, loc. cit., p.38.

* 219 J. Jansson, « Patterns of Chinese investissment, aid and trade in Central Africa (Cameroon, the Democratic Republic of Congo (DRC) and Gabon) », Center for Chinese Studies, August 2009, p.4.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway