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Nguélémendouka et la colonisation allemande

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par Hanse Gilbert Mbeng Dang Le Prince
Université de Yaoundé I - Maitrise en Histoire  2005
  

Disponible en mode multipage

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INTRODUCTION GENERALE

`' L'histoire du Cameroun est à l'image du pays : riche et variée''1(*). Or, comme le précise Léon Kaptue dans l'historiographie et enseignement de l'histoire au Cameroun : problèmes et perspectives''2(*), les épaules d'aucun chercheur ne sont pas assez larges pour encore aujourd'hui rédiger tout seul `' une histoire du Cameroun'' parlant de tout et de tous. Celle des peuples de l'Est- Cameroun l'est davantage contrairement à la plupart des peuples du Cameroun. Leur histoire reste à écrire afin qu'elle intègre la place qui est la sienne dans l'histoire générale de l'Afrique en général et du Cameroun en particulier.

L'intitulé de ce travail est `'Nkal Mentsouga et la colonisation allemande 1850-1916''. L'étude faite sur ce thème tient à des justifications variées. En effet, d'origine `'Omvang Ngomeya'', nous avons toujours été amené par le désir de lever un pan de voile sur l'histoire peu connue de cette région. Nous avons constaté au cours de nos lectures et recherches que l'historiographie relative à la période du règne de Nkal Mentsouga est pauvre. En plus, c'est l'une des grandes figures historiques de la période précoloniale et coloniale qui a marqué l'histoire de l'Est-Cameroun. Ce nom désigne le grand chef Omvang qui a résisté aux Allemands et en même temps le nom de son village. Pour ce faire, il est utile de saisir les séquences qui ont marqué son itinéraire historique et l'arrivée du colon allemand sur son territoire. De même, un constat se dégage sur la tendance à la disparition de certains témoins oculaires des faits anciens, de même que d'autres dépositaires du savoir historique de cette période à étudier. Il convient de les approcher en vue de la récupération d'une grande richesse du passé de ce milieu, tant cette histoire permet de saisir l'histoire de Nkal Mentsouga et la colonisation allemande dans sa période de grandeur, mais également dans celle de son déclin. Cette histoire permet de réhabiliter les faits et gestes du passé du peuple Omvang sous la houlette de Nkal Seleg et Nkal Mentsouga face à la colonisation allemande. Elle tente de tirer au clair de l'oubli, les séquences historiques de cette entité socio-politique qui est aujourd'hui l'ombre d'elle-même malgré les multiples efforts de regroupement et de développement de sa Majesté René Ze Nguélé, actuel chef Supérieur des Omvang, et de l`ASSODEGNKA3(*).

Ainsi, répondant à l'interpellation du regretté Cheikh Anta Diop qui invitait les Africains à se pencher sur leur histoire et leur civilisation et à les étudier pour mieux se connaître4(*)et de faire connaître à notre manière l'histoire et la vie de Nkal Mentsouga, les Omvang et la colonisation allemande à  l'Est - Cameroun.

Ce mémoire est une monographie sur Nkal Mentsouga, grand stratège qui a marqué l'histoire de l'Est-Camerou.

Sur la période précoloniale, comment les Omvang d'abord sous Nkal Seleg, et ensuite Nkal Mentsouga, se sont établis dans leur habitat actuel, comment ils se sont forgés une personnalité qui les distingue des autres peuples de la région  Maka Ayong-Yerap et Bessep (Ebessep) au point de les débiliter complètement ? Mais aussi comment les Omvang vont - ils perdre leur identité pour être aujourd'hui, assimilés aux Maka ?

Quant à la période coloniale, elle va expliquer la désagrégation de la structure politico- militaire mise en place par Nkal Seleg, fortifiée par Nkal Mentsouga et leur retour à l'organisation lignagère qui prévaut dans la région. Elle pose également le problème de la difficile acceptation par Nkal Mentsouga et ses Omvang de l`arrivée des Allemands sur leur territoire. Dans cette optique, la mise à profit de notre connaissance de la région, des populations et des langues, constituent autant d'atouts dans la réalisation de cette étude. Dès lors, quelle méthodologie allons-nous adopter pour mener cette étude ?

Dans ce travail, la description, la narration et l'analyse des faits justfient le choix de cette méthode.

L`étude à mener s'articule autour des faits et événements relatifs à Nkal Mentsouga et la colonisation allemande.

Sur le plan spatial, la région soumise à notre étude est située dans l'actuelle province de l'Est - Cameroun, plus précisément dans la partie septentrionale du département du Haut-Nyong5(*).

Sur le plan temporel, la fourchette chronologique étudiée va de 1850 à 1916.

A cet effet, l`année 1850 représente celle de la fuite de Nkal Seleg et son peuple Omvang de chez les Yebekolo. C`est également l`année ou le peuple Omvang va en diaspora à la recherche d`un espace propice.

L'année 1916, quant à elle est celle au cours de laquelle les Allemands quittent le Cameroun après leur reddition. C`est également l`année de la concrétisation du partage territorial qui a eu lieu entre les Français et les Britanniques et qui va affecter le territoire de Nkal Mentsouga. Par ailleurs, elle constitue une période charnière, car elle nous permet d'apprécier la nouvelle personnalité Omvang au terme de la colonisation germanique.

La réalisation de ce mémoire a reposé sur une exploitation critique des sources à la fois nombreuses et variées (essentiellement écrites et orales). Pour que la démarche soit féconde, nous allons essayer de tirer partie des méthodes spécifiques aux différentes sciences sociales.

S'agissant des sources écrites, nous distinguons les sources archivistes et les sources narratives.

Ici, on regrette la rareté sinon l'absence totale de ces documents surtout pour la période précoloniale. Une documentation écrite consacrée aux Omvang de l'Est-Cameroun manque. D'ailleurs cette remarque peut s'appliquer à la quasi-totalité des peuples de l'Est-Cameroun. Contrairement aux peuples du centre, du Sud et du Cameroun Occidental par l'exemple, ceux-ci ne semblent pas encore bénéficier d'une attention suffisante des chercheurs. Toutefois, des auteurs ont publié des ouvrages anthropologiques d'ensemble traitant généralement des institutions politiques ou traitant spécifiquement des Maka de l'Est-Cameroun, groupe au sein duquel on a toujours eu tendance à fondre les Omvang de l'Est -Cameroun et partant leur histoire. Cependant, d'autres auteurs à l'instar de B. Bilongo ou J.P Ombolo6(*)ont traité des Omvang du Nyong et Mfoumou. Quant à E. Mveng7(*) dans son ouvrage général (1984) retrace l'histoire précoloniale et coloniale du Cameroun. Dans celui-ci, il montre l'évolution de la société traditionnelle camerounaise et les changements apportés sur les plans politique, économique et socio-culturel par la colonisation allemande, française et britannique. Dans le même ordre d'idées, Victor Julius Ngoh8(*) décrit et analyse les principaux éléments de cent ans d'histoire du Cameroun, de 1884, date de l'instauration du protectorat allemand sur le Cameroun à 1985, année qui marque l'avènement du renouveau au Cameroun.

Par ailleurs, certains mémoires à l'instar de celui Mathurin Ayek Mvomo9(*) présente l'impact des oeuvres missionnaires chrétiennes sur le développement socio-économique dans la région de Nguélémendouka. Il porte son attention sur la monographie de Nguélémendouka en 14 lignes seulement. Nous avons également la thèse de doctorat de Eugène Désiré Eloundou10(*), qui présente la participation des populations du Sud-Cameroun à l'hégémonie allemande.

Pour ce qui concerne les documents d'archives, nous avons exploité les archives de la sous-Préfecture de Nguélémendouka, les Archives Nationales de Yaoundé (A.N.Y.). Nous avons travaillé sur des rapports allemands relatifs à la résistance des Maka de l'Est-Cameroun qui de temps en temps ressortent des spécificités des Omvang bien qu'ils aient été complément acculturé par ces derniers. Il y a lieu de signaler que nous n'avons exploité que des traductions françaises d ' Eldridge Mohamadou, la langue allemande nous étant inaccessible malgré les connaissances éphémères.

Les centres de documentation de l'Université de Yaoundé I, à savoir la bibliothèque centrale, le cercle d'Histoire-Géographie-Archéologie, la bibliothèque de l'Ecole Normale Supérieure, la bibliothèque du département d'histoire, ainsi que la bibliothèque de l'Institut de Recherche pour le Développement (ex-ORSTOM), et celle du Ministère de la Recherche Scientifique et de l'Innovation nous ont permis de mettre la main sur les ouvrages.

La quête des informations nous a conduit aux descentes sur le terrain. En effet, pendant de longues décennies, le champ de réflexion historique a été dominé par le `'fétichisme'' des documents écrits. Cette manière de faire a permis une vision européocentriste de l'histoire. Depuis les années soixante, le processus de décolonisation a donné une nouvelle orientation de l'histoire africaine faisant de la traduction orale une source majeure et particulièrement féconde. C'est elle qui constitue pour nous la source privilégiée, celle à laquelle nous devons nous abreuver afin de connaître les fondements et les mécanismes des institutions socio-politique et économique des Omvang de l'Est-Cameroun pendant la période précoloniale. Cette tradition orale a l'avantage, de donner une version autochtone des faits et de fournir une vision interne de la société. Si cette tradition orale a pour but essentiel la connaissance du passé, nous avons pu nous rendre compte sur le terrain et dans le traitement de ces informations qu'elle est sujette à des manipulations à caractère idéologiques diverses pour codifier, valoriser ou justifier la prééminence d'un individu, d'une famille ou d'un peuple. C'est pour cette raison que nous avons à notre manière durant notre séjour sur le terrain à travers les villages de l'arrondissement de Doumé et de Nguélémendouka, essayé d'appliquer de manière assez rigoureuse, la méthodologie de la tradition orale à savoir :

- Identifier et communiquer avec les dépositaires du savoir dans cette société de l'oralité ;

- Récolter les informations, les traiter et les analyser ;

- Dans leur utilisation, essayer de surmonter les obstacles constitués par la déformation de la tradition orale ;

- Essayer à la fin de parvenir à la datation des événements.

Il est donc à signaler que nous avons eu à faire non seulement aux patriarches mais aussi à tous ceux qui pouvaient nous fournir des informations nécessaires à plus d'un titre ; car les sources orales pour ce travail tiennent une place considérable ; c'est le lieu de dire ici avec Ki-Zerbo qu'elles :

Représentent le conservatoire et le vecteur du capital des créations socio-culturelles accumulées par des peuples sans écriture, un vrai musée vivant11(*).

Pour ce qui est du plan de notre mémoire, il se présentera en quatre chapitres articulés sur deux grandes périodes à savoir les périodes précoloniale et coloniale.

Le premier chapitre porte sur la situation géographique et humaine de la région de Nguélémendouka. Il s'articule à restituer l'histoire géographique et précoloniale et concerne les origines et migrations des Omvang, leur processus d'implantation en pays Maka et leur organisation socio-économique et politique sous Nkal Mentsouga.

Le troisième chapitre et le dernier quant à eux portent sur la période coloniale et concerne les contacts difficiles entre Nkal Menstouga et ses Omvang et l'arrivée de la colonisation allemande. Elle tire au clair les impacts socio-culturel et politico-économique de Nkal Mentsouga et son peuple pendant la colonisation allemande et au prélude de l'arrivée de l'occupation française.

En conclusion, nous essayons de dégager le bilan synthétique des recherches effectuées et nous posons les perspectives nouvelles pour mieux reconstituer l'histoire de la région.

Cependant, durant notre séjour sur le terrain, nous avons rencontré d'énormes difficultés ; notamment les problèmes de déplacement, la région étant dans l'ensemble enclavée ; ce qui occasionna des pertes de temps et rendit le séjour onéreux.

Par ailleurs et plus grave, le manque de moyens financiers ne nous a pas permis d'approfondir les enquêtes sur le terrain et les étendre sur d'autres groupes de populations Omvang et non-Omvang qui ont subi les durs affres de la domination de Nkal Seleg d'abord et Nkal Mentsouga ensuite, dont les témoignages auraient pu confirmer ou infirmer ceux recueillis lors de nos enquêtes et causeries. Cela aurait permis de cette manière à mieux asseoir nos thèses. Par ailleurs, l'acquisition de certains ouvrages clés et même leur consultation du fait des problèmes financiers nous était impossible.

On ne pourrait terminer cette partie sans parler des tracasseries dont nous fûmes l'objet aux archives nationales, notre principal pourvoyeur en documents d'archives, du fait de la mauvaise foi et du manque de disponibilité des agents responsables de la salle de lecture. En plus le fait que les documents se trouvant aux archives sont plus coûteux lorsqu'il s'agit de les faire photocopie.

En outre, nous avons dans la mesure du possible respecté la présentation locale de tous les termes utilisés dans ce mémoire tout en rendant la transcription compréhensible aux non-initiés à la langue maka et Omvang. Cependant, quelques problèmes se posent en ce qui concerne les ethnonymes et les toponymes dans la mesure où la région a subi la triple influence allemande, française et pahouine par le truchement de la colonisation et de la région12(*) ce qui a largement influencé la prononciation et la transcription des noms des personnes et de lieux. Ainsi l'on trouve dans ce travail le nom `'Mpang `'(en Maka) que les Allemands écriront `'Omvang'', les Français `'M `' `'Mvang `' ou `'Omvang''. Ces deux dernières transcriptions sont d'ailleurs celles des Beti-Bulu. Nkal Mentsouga (en Maka) va s'écrire Gelle Menduka par les Allemands et Nguele Mandouka ou Nguélémendouka par les Français, Beti et Bulu. Ce nom désigne le grand chef Omvang qui a résisté aux Allemands et en même temps le nom de son village qui deviendra plus tard la ville de Nguélémendouka. Enfin, l'on constate également dans ce mémoire les noms Yeccaba ou Yekaba qui désigne le même peuple de même que Wouté (transcription des Allemands) ou Voûté ou encore Yesum ou Esum.

CHAPITRE I :

PRESENTATION GEOGRAPHIQUEET HUMAINE

DE LA REGION DE NKAL MENTSOUGA

CARTE À INSERER

La connaissance de l'histoire du Cameroun passe aussi par la prise en compte et la mise à contribution des divers éléments qui caractérisent les différents peuples et groupes ethniques du Cameroun. Non seulement cette approche valorise les monographies, mais, aussi elle éclaire davantage les grands moments de l'histoire coloniale de notre pays. Ainsi, notre sujet, Nkal Mentsouga et la colonisation allemande : 1850-1916, ne s'éloigne pas de cette logique.

En effet, la conférence de Berlin qui s'ouvre du 15 novembre 1884 au 26 février 1885 inaugure une ère nouvelle pour les peuples d'Afrique. Les plénipotentiaires, réunis dans la capitale allemande, donnent le départ officiel de la colonisation de l'Afrique. Cependant, nul ne peut douter que, avant cette période, il existe dans le continent noir et dans le territoire qui deviendra le Cameroun, des peuples organisés en royaumes et en chefferies. Les Omvang en font partie.

A. PRESENTATION GEOGRAPHIQUE

L'espace qui devient plus tard l'arrondissement de Nguélémendouka13(*), recèle une certaine richesse. Celle-ci s'observe tant au niveau du paysage qu'au niveau des groupes humains qui peuplent la zone.

1. Situation géographique

Située approximativement entre les 4° et 5° de latitude Nord et s'étendant du 13° au 14° de longitude Est14(*), la région de Nguélémendouka qui constitue depuis 1959 un arrondissement, compte de 68 villages et quartiers couvrant une superficie d'environ 1400 km2, pour une population estimée à plus de 30.000 habitants en 2004. Cet ensemble régional est limité au Nord-Ouest par l'arrondissement de Minta, au Sud-Ouest par l'arrondissement d'Ayos, au sud par l'unité administrative d'Abong-Mbang et à l'Est par celle de Doumé15(*).

La région de Nguélémendouka se trouve dans le département de Haut-Nyong, province de l'Est et de ce fait, elle fait partie du plateau Sud-camerounais.

2. Le relief et les sols

Les caractéristiques du relief et des sols dans la région sont celles rencontrées un peu partout dans la zone équatoriale et particulièrement dans le vaste ensemble du plateau Sud-Camerounais. Ici, on observe un moutonnement de collines dont l'altitude moyenne oscille entre 600 à 700 mètres. La tendance générale étant cependant l'abaissement du relief du Centre vers l'Est, en pente douce, ce qui fait passer les altitudes de 700 mètres (au niveau de Yaoundé) à 500 mètres dans le Sud-Est (particulièrement dans le Haut-Nyong) là où la faiblesse accentuée de la pente favorise la formation des marécages. Aussi, le paysage y présente t-il une topographie peu accidentée qu'uniformise la forêt16(*).

Quant aux sols dans la région de Nguélémendouka, ils paraissent beaucoup plus fertiles que partout ailleurs dans la province. Contrairement aux sols de la forêt équatoriale, qui sont des sols ferralitiques profonds et argileux, de couleur rouge et pauvre en éléments nutritifs du fait du lessivage, la terre de cette région contient beaucoup d'humus et cela pourrait justifier sa couleur noire par endroits dans la région. Dans les forêts marécageuses se rencontrent des sols hydromorphes d'un degré de fertilité moindre. La fertilité de ces sols serait peut-être à l'origine des densités humaines assez élevées rencontrées particulièrement en pays Omvang17(*).

3. Le climat et l'hydrographie

De par sa position géographique en latitude, la région de Nguélémendouka s'étend entièrement dans la zone équatoriale. Elle connaît par conséquent un climat équatorial de type guinéen qui règne sur l'ensemble du plateau Sud-Camerounais. Ainsi, quatre saisons existent ici ; une grande et une petite saison sèche qui vont respectivement de décembre à mars et de juin à août ; une grande et une petite saison de pluies qui durent respectivement de septembre à novembre et de mars à juin.

Le réseau hydrographique subséquent est également tributaire de la disposition du relief et n'a guère favorisé le peuplement de la région car sur le plan hydrographique la région de Nguélémendouka est un grand marécage, drainé de part et d'autre par les affluents du Nyong : au sud le Yerap, au centre et au Nord l'Ayong, deux cours d'eau possédant à leur tour plusieurs affluents et se jetant ensemble dans le Nyong près du village Atok dans l'arrondissement d'Abong-Mbang18(*).

4. La flore et la faune

La forêt couvre la totalité du territoire de Nguélémendouka ; elle est du type forêt décidue, les arbres perdent souvent une partie de leurs feuilles une partie de l'année. Cette végétation dense servit de refuge aux populations de la région au début de la colonisation allemande et française. La végétation y présente des espèces variées. Au Nord, vers Minta d'une part, et Bertoua d'autre part, c'est la zone de transition entre la forêt et la savane où la forêt galerie domine le long des cours d'eau : Au Centre, à l'Ouest et au Sud, c'est le domaine de la grande forêt équatoriale riche en essences telles que l'acajou, le Sapelli, le Fraquet, l'Ayous...etc19(*).

La richesse en flore prédispose la région à une abondance en matière de faune. Toutes les espèces pouvant se développer en milieu équatorial pullulent ici. On y rencontre des espèces variées de singes, de petits rongeurs, de petits mammifères, de reptiles, d'oiseux et d'insectes.

Bien que les cours d'eaux des différents cours d'eau qui baignent la région, sont poissonneux, la région de Nguélémendouka est une zone de prédilection pour les activités de chasse, de ramassage et de cueillette, à côté de l'agriculture qui elle, constitue l'activité productrice par excellence, et fait de la région, l'un des poumons agricoles de la province de l'Est. Y sont cultivées, les cultures de rente telles que le cacao et le café et une gamme variée de cultures vivrières entre autres ; tomate, arachide, banane plantain, maïs et quelques tubercules20(*).

Le milieu forestier de la région de Nguélémendouka a donc favorisé une organisation des populations en communautés lignagères dans le cadre des villages, des hameaux ou des quartiers. Ces populations ont su, très tôt, s'adapter à leur environnement. Et un fait marquant à relever ici, c'est que la forêt fournissant aux populations, non seulement aliments et asile, mais aussi certaines espèces végétales et animales occupent une place de choix dans leurs croyances religieuses ancestrales.

Les habitants de la région de Nguélémendouka à la veille de l'arrivée des premiers missionnaires menaient déjà une vie religieuse propre à leur espace naturel et à leurs aspirations quotidiennes. Quelles étaient donc ces populations ?

CARTE LANGUE NATIONALE

B. ETUDE HUMAINE DE LA REGION DE NKAL MENTSOUGA

Dans son ouvrage intitulé : Cameroun 1884-1985 cent ans d'histoire, Victor Julius Ngoh en abordant les `'tribus''du Cameroun à la veille de la colonisation, relève que : `' dans l'Est et le Sud-Est du Cameroun à l'exception des pygmées, la plupart des autochtones appartient au peuple Baya''21(*).

Apparemment donc, d'après la logique de cet auteur, la partie orientale du pays serait essentiellement peuplée des populations appartenant au grand groupe soudanais, les Baya, et des peuples primitifs connus sous le vocable pygmées.

Pourtant, les recherches ethnographiques effectuées dans cette région s'accordent pour reconnaître que dans l'Est, on rencontre non seulement des sous-groupes appartenant au grand groupe soudanais, mais aussi d'autres faisant partie du groupe bantou. Certains auteurs, à l'instar de Breton22(*), considère les Kaka ou Kako et les Baya comme les principaux sous-groupes à l'Est ; alors que les Bantou y sont représentés par les groupes Maka-Kozime, les Maka, les Badjoue, les Bikele, Mezime, les Mpooh et apparentés et les populations pahouinisés constituées essentiellement des Bamvele, des Bobilis et des Omvang.

Ainsi, l'Est-Cameroun, à l'instar de l'ensemble du pays, présente une hétérogénéité non seulement ethnique mais aussi linguistique et partant culturelle. Cette hétérogénéité observée à l'échelon provincial, se présente à un degré relativement moindre au niveau départemental et peut être perçue aussi à l'échelon des arrondissements et même des villages. Et ceci n'est que le fait d'une histoire particulière du peuplement de la région.

En ce qui concerne donc la région de Nguelémendouka, deux sous-groupes bantou y vivent : les Maka et les Omvang. Jadis ces deux ethnies se livraient aux guerres tribales, dont la cause principale était l'occupation des terres et aussi à cause des ambitions hégémoniques qui caractérisaient particulièrement les Omvang. Ces derniers dominèrent ainsi les Maka jusqu'à l'arrivée des colonisateurs allemands entre 1905 et 190623(*).

Ainsi les premiers missionnaires chrétiens débarqués dans la région de Nguélémendouka avant l'occupation allemande trouvèrent que ces ethnies y vivaient déjà paisiblement et en une parfaite cordialité, chacune occupant un espace territorial précis.

Il importe donc de s'interroger sur les origines, les migrations et l'implantation des Maka et Omvang dans la région de Nguélémendouka.

1. LES MAKA : ORIGINES MIGRATIONS ET IMPLANTATIONS

DANS LE CADRE SPATIAL ACTUEL

Il convient, avant de se lancer dans le vif du sujet, de préciser que le mot Maka en usage chez la plupart des ethnologues est un terme qui englobe plusieurs groupes ethniques faisant tous partie du grand ensemble Bantou y sont classés les Sô, les Bikele, les Badjoué, les Ndjem, les Dzimou (au Sud de la route Akonolinga-Abong-Mbang) : On y inclut aussi les ethnies éloignées comme les Ngoumba et les Mabéa (Lolodorf et Kribi), de même que les Kozimé, les Mpooh apparentés autour de Yokadouma ; et enfin le noyau Maka au sens restreint du terme24(*). C'est ici que l'appellation Maka-Kozimé pour désigner l'ensemble de ces différentes ethnies, trouve sa satisfaction.

Dans notre étude, nous nous limitons aux Maka au sens retreint du mot, descendants de l'ancêtre Maka fondateur du groupe.

Ainsi, d'après Siret, Administrateur colonial français à Abong-Mbang et Doumé entre 1946 et 1949 :

Le principal ancêtre des Maka, nommé Maka (Maka veut dire grosses lianes épineuses qui envahissent les arbres jusqu'à les dominer) se fixa sur le bord du Nyong à Atok. Il aurait eu deux fils : Bebend et Mboans, qui avec leur cousin Bessep formèrent les souches des trois groupements Maka existant dans la région25(*).

Les Maka que nous étudions dans ce travail constituent la grande majorité des populations du département du Haut-Nyong dans l'Est-Cameroun. Ils sont subdivisés en trois groupes : les Maka Bebend sur la rive gauche du Nyong ; les Maka  Mboans sur le Ndjonkol, entre les deux principaux affluents du Nyong ; dans la région (l'Ayong et le Yérap) le long des routes Abong-Mbang-Doumé-Nguélémendouka ; et enfin les Maka Ebessep (ou Bessep selon la terminologie de Siret et de Geschire autour de Nguélémendouka et dans quelques villages près de Doumé.

Leur origine et leur processus migratoire restent encore obscurs comme chez beaucoup d'autres peuples du Cameroun, les séquences les plus lointaines ayant été effacées de la mémoire collective.

Selon les sources orales, les Maka interrogés affirment qu'ils sont arrivés les premiers dans la région forestière actuelle. Tous les autres peuples notamment les Omvang, les Yebekolo et même les Pygmées seraient arrivés beaucoup plus tard26(*). Ce qui reste encore à vérifier, surtout lorsqu'on sait que les pygmées ont encore des campements importants dans le Haut-Nyong.

Nos informateurs mentionnent également le fait que les Maka et les Ngoumba sont des frères et qu'ils étaient d'anciens voisins : le groupe Maka-Ngoumba serait d'abord entré dans la forêt suivant un itinéraire Nord-est, Sud-ouest pour s'établir dans toute la zone entre Lolodorf et Abong-Mbang. Dans un passé plus récent, les invasions des Fang et des Bulu auraient forcé les Maka à se déplacer vers l'Est.

Quant aux sources écrites, les Maka figurent dans l'inventaire ethnique de Dugast27(*) qui se base sur des sources plus anciennes notamment Tessmann, Koch et quelques rapports inédits des administrateurs français. C'est le cas de Siret qui a également présenté une monographie très fournie sur les Maka.

Dugast et Siret sont tous les deux d'avis que les Maka ont atteint leur territoire actuel venant du Nord-Est. Ils soulignent le fait que les Ngoumba autour de Lolodorf et les Maka se considèrent comme des frères. Selon eux donc, les Ngoumba et les Maka dans leur mouvement migratoire, ont suivi un itinéraire orienté selon l'axe Nord-Est-/Sud-Ouest. Les Maka sont restés dans le Haut-Nyong, tandis que les Ngoumba ont continué leur voyage vers le Sud - Ouest jusqu'à la côte. Les deux groupes, d'après eux, ont été séparés dans leur migration par les invasions Beti-Boulou-Fang.

D'autres informations sont apportées par Siret concernant toujours l'itinéraire migratoire des Maka. D'après lui, ce groupe, après avoir été chassé de la région de la Haute-Sanaga (aux environs de Nanga-Eboko) vers 1810 par les Baya et d'autres populations de la savane fuyant devant les conquérants peuls (cavaliers), traversèrent la Sanaga sur le dos d'un serpent.

Mais la «proto-histoire28(*) » d'Alexandre sans contredire directement la conception de Dugast et de Siret d'une origine Nord-Est des Maka, réfute l'idée d'une migration continue de ce peuple vers le Sud-Ouest comme le rapportent ces derniers. Selon lui donc, les Maka se seraient déplacés pendant le XIXème siècle justement dans la direction contraire, certaines controverses en ce qui concerne les origines et l'itinéraire migratoire des Maka demeurent. Toutefois, les hypothèses fournies par Alexandre nous semblent vraisemblables lorsqu'on les rapproche des témoignages des Maka eux-mêmes et des Omvang. Il nous apparaît ainsi que  les Maka ont pénétré le territoire camerounais à partir du Nord-Est. Puis ils ont pris la direction Sud-Ouest et se sont retrouvés dans la forêt. Les Omvang et les Yebekolo apparentés aux Boulou et Fang les auraient alors repoussés vers l'Est jusqu'à leur implantation définitive avec l'arrivée des Allemands. Les populations maka de la région de Nguélémendouka semblent d'ailleurs épouser ce point de vue; nous le verrons dans les lignes qui suivent consacrées exclusivement aux origines et à l'implantation des Maka à Nguélémendouka.

Les sources écrites et la tradition orale s'accordent pour attester que les Maka furent les premiers occupants de la zone forestière du Haut-Nyong, après les pygmées qui y sont depuis belle lurette.

Dans leur manuel d'histoire, Mveng et Beling-Nkoumba soulignent que :

au milieu du XVIIIe siècle, les Maka, venant de l'Afrique Equatoriale, pénétrèrent au Cameroun par le Nord-Est. Poussés par les Baya ; ils occupent la forêt du Sud. Ils rencontrent les Ndjem qui arrivent par le Sud-Est. Ces deux groupes occupent aujourd'hui les départements du Haut-Nyong et de la Boumba-Ngoko29(*).

Le `'vieux'' Beyem du village Esseng30(*) par Abong-Mbang nous révèle que Nguélé Seleg, celui-là même qui conduisit le peuple Omvang jusqu'à Nguelémendouka, y mourut juste avant la guerre de 1914-1918. D'après lui, tous les villages actuellement habités par les Omvang étaient jadis occupés par les Maka ceux-ci ont donc été déplacés jusqu'à la rive gauche par le stratège Nguélé Seleg à la fin d'une guerre opposant maka et Omvang.

A partir de ces deux sources, il apparaît clairement que les Maka auraient atteint Nguélemendouka entre la fin du XVIIIème siècle et le début du XIXème siècle. Les heurts avec les populations Omvang les amenèrent à replier pour s'implanter définitivement avec l'arrivée des premiers européens, soit le long du trajet Nguélémendouka-Abong-Mbang , soit le long de l'axe Doumé-Nguélemendouka et Nguélémendouka-Bika vers la nationale N°1.

Aujourd'hui, les Maka de Nguélémendouka forment une chefferie supérieure composée de deux groupements : le groupement Ebessep constitué de 23 villages pour 6500 habitants et le groupement Ayong-Yerap regroupent près de 13 villages pour 5000 habitants31(*).

a. Les Maka Ayong Yerap

A l'origine, les Maka Ayong Yérap sont confondus avec les Maka Mboans dont l'ancêtre fondateur du groupe est Mboans. Ce n'est qu'aux environs de 1935, sous la colonisation française, que les Maka Ayong-Yerap seront séparés des Mboans pour constituer un groupement au sein de la chefferie supérieure des Maka de Nguélémendouka.

Depuis l'érection de Nguélémendouka en arrondissement en 1959, les 13 villages du groupement Maka Ayong-Yérad sont situés au Sud-est de l'arrondissement. Sur l'axe Nguélémendouka - Ayos, le groupement s'étend du village Kagnol - route jusqu'au village Ngoap situé au bord de la rivière Ayong avec la bretelle Ngoap - Zoumé , sur l'axe Nguélémendouka- Abong-Mbang, les Ayong- Yérap vont du village Kagnol-route au village Zoumé situé au borde de la rivière Yérap.

Depuis 1992, le groupement forme une unité administrative (district) dont le chef-lieu est Mboma.

b. Les Maka Ebessep

Les Maka Bessep32(*) sont les descendants de l'ancêtre Besssep, cousin de Bebend et de Mboams d'après Siret.

Tout comme les Maka Ayong-Yérap, les Maka Ebessep se seraient implantés dans la région de Nguélémendouka avant les Omvang, avec lesquels ils étaient constamment en guerre. Les populations de l'actuel village de Samba (situé à environ 8 kilomètres du centre de Nguélémendouka) reconnaissent d'ailleurs qu'elles habitaient jadis le village Elono (l'un des quartiers périphériques de la ville de Nguélémendouka) avant d'être repoussées par les Omvang jusqu'à leur cadre actuel. Ce fut seulement sous le commandement du chef Nguélé Abembo Samba33(*) que les Omvang et les Ebessep trouvèrent un compromis à travers les mariages interethniques34(*).

D'après notre informateur Hilaire Ekanga, Maka Ebessep du village Samba tout comme le groupe Ebessep serait arrivé dans la région de Nguélémendouka suivant deux itinéraires : par le Lom et Djerem (Bertoua) et par la Haute Sanaga (Nanga - Eboko). Ceux venus par le Lom et Djerem occupent aujourd'hui le Nord de l'arrondissement de Nguélémendouka dont les principaux villages sont la partie Nord-Ouest de l'arrondissement dans les villages tels que Ebah, Badouma II.

Leur installation dans leur cadre spatial actuel se faisait par familles et par clans35(*). C'est ce qui pourrait expliquer la multitude de familles et clans chez les Ebessep.

Les principaux clans dans la région sont : le clan "Bakoumias" qui en langue locale signifie "ceux qui ne peuvent être abandonnés". Dans le mouvement migratoire du groupe Maka Ebessep, les membres de ce clan seraient arrivés en dernier lieu dans la région de Nguélémendouka. Ainsi, pour exprimer leur joie d'avoir rejoint les premiers migrants qui croyaient les avoir laissés très loin dans la savane, ces derniers ne trouvèrent mieux que la dénomination `' Bakoumias `'.

Le second clan, Ba-mpoolou, occupe les villages Loulou, Samba, Kouambang II et III dans l'arrondissement de Nguélémendouka, et Kouambang I et Djende dans l'arrondissement de Doumé.

Le clan Bigouos quant à lui occupe le secteur Nord de l'arrondissement plus précisément dans les villages Bika, Kak III et Mbang.

Tous ces clans forment aujourd'hui le groupement Maka Ebessep, au sein de la chefferie supérieure Maka de Nguélémendouka.

Au départ ces clans, qui arrivèrent dans la région par vagues migratoires, formaient tous un ensemble uni, décrivant un cercle autour d'un poste central : l'actuel ville de Nguélémendouka.

Mais avec la construction de la route Ngoap-Bika en 1952, le groupement Ebessep fut subdivisé en trois secteurs : Nord, Sud et le Centre. La disposition des villages suivit quelque peu cette subdivision.

Ainsi, le groupement Ebessep, vers la Nationale N°1, commence au village Kouambang. Il est situé environ à 6 kilomètres de la ville de Nguélémendouka et s'étend jusqu'à Bika aux confins de l'arrondissement de Minta dans la province du centre vers le Nord-Est de Bika. Il s'étend jusqu'au village Djende Il dans l'arrondissement de Doumé. Beaucoup plus au Nord, les Ebessep sont limitrophes des Yekaba de Minta dans le village Kouambang III.

La ville de Nguélémendouka se situe donc au centre des deux groupes Maka Ayong-Yérap et Ebessep. Cette disposition géographique par rapport au chef lieu de l'arrondissement laisse entrevoir des particularités pour chaque sous-groupe malgré leur appartenance à une chefferie supérieure.

La grande différence entre les Maka Ayong Yerap et les Maka Ebessep apparaît au niveau de leur vie quotidienne. D'abord sur le plan des habitudes alimentaires. Le `'Ndengue `'36(*) constitue la base alimentaire chez les Ayong-Yerap. Ils le consomment de préférence avec du gibier ou alors des blancs. Tandis que la sauce gluante et le couscous de maïs sont particulièrement prisés chez les Ebessep.

Sur le plan phonétique, l'Ayong-Yerap utilise beaucoup plus la lettre `' F'' dans son langage alors que l'Ebessep remplace la lettre `' F'' par la lettre `' P `'. Ainsi, pour désigner par exemple un épis de maïs les Maka Ayong-Yerap disent : `' Keng Fouan `' alors que les Ebessep disent `' Keng Fouen `' pour dire `' je vais au champ `', les premiers `' Meke Pambe `'  disent et les second `' Meke Pembe `'37(*).

Une autre différence pouvant être observée entre ces deux sous-groupes se situe au niveau de l'inhumation. Pour enterrer leurs morts, les Ayong-Yerap creusent des tombes rondes présentant une fausse chambre à l'intérieur. Les Ebessep quant à eux font des tombes carrées ou rectangulaires le plus souvent sans fausse chambre.

Par ailleurs, les Ayong-Yérap, dans leur écrasante majorité sont protestants de l'Eglise Presbytérienne Camerounaise. Contrairement aux Ebessep qui sont essentiellement Catholiques. Ceci peut s'expliquer par le fait que l'Eglise Presbytérienne Camerounaise qui arriva dans la région de Nguélémendouka à partir de Nkol-Mvolan, s'implanta tout naturellement chez les Ayong-Yérap, occupant la zone du Sud, le long de l'axe routier Nguélémendouka-Abong-Mbang.

Les Ebessep eux entrèrent les premiers en contact avec les missionnaires catholiques qui, pour arriver à Nguélémendouka en provenance de Doumé, devaient d'abord traverser leur territoire.

En ce qui concerne les rapports entre les Maka Ayong-Yérap et les Maka Ebessep, il est à noter que des préjudices existent de part et d'autre. Les Ayong-Yérap connurent l'école occidentale très tôt par l'entremise de l'Eglise Presbytérienne Camerounaise (EPC) contrairement aux Ebessep qui durent attendre plusieurs décennies avant de voir l'école catholique s'implanter chez eux. Pour les Ayong-Yérap donc, les Ebessep sont des `' arriérés `'. Exploitant leur avance sur le plan social et économique, les premiers considèrent les seconds comme des `' non-évolués `'38(*).

Pour cela, les deux sous-groupes supportent de plus en plus mal cela. La cohabitation au sein d'une même chefferie supérieure. L'érection du groupement Ayong-Yérap en District depuis 1992 est-elle un prélude à cette séparation tant souhaitée par les uns et les autres ?

Toutefois les Ayong-Yérap et les Ebessep qui globalement occupent toute la partie Est de la région de Nguélémendouka, se sentent beaucoup plus parents par rapport aux Omvang qui se répartissent sur l'ensemble de l'étendue territoriale dans l'Ouest de la région.

2. LES OMVANG : ORIGINE, ITINERAIRES MIGRATOIRES ET

IMPLANTATIONDANS LE CADRE SPATIAL ACTUEL

Les origines du peuple OMVANG demeurent controversées quant à ce qui est de l'examen des sources écrites que des sources orales. L'itinéraire migratoire et leur implantation dans le cadre géographique actuel ne font pas tellement problème bien que suscitant quelques difficultés sur le plan chronologie. Afin de rendre cette étude plus complète, l'analyse de l'épisode Yebekolo sera nécessaire.

a. Origines migratoires des Omvang

Les populations Omvang de la région du sud-est du Cameroun constituent sans doute le groupe sur lequel, furent enregistrées le moins d'informations quant à leur origine, leurs migrations, leur organisation politique, économique et sociale avant l'ère coloniale. En plus, tous les travaux effectués dans la région ont dans la plupart des cas confondus l'histoire de ce peuple avec celle des Maka et n'ont pas toujours fait des discernements entre les deux. Lorsqu'on s'en tient aux quelques travaux qui traitent de ces populations du Sud-Est du Cameroun, on se rend compte de l'origine de ce peuple demeure controversée et peu connue. La tradition orale ne nous instruit guère que sur de vagues migrations Omvang à partir du pays Yebekolo.

Selon les sources écrites

Les colonisateurs allemands qui pacifièrent la région étaient les premiers à essayer de trouver l'origine des Omvang. Dans un rapport relatif à la soumission des tribus Yebekolo et Maka en 1906, le major Dominik affirme que la plupart des chefs Maka sont des Omvang et appartiennent à l'ethnie Bulu39(*).

Si l'on s'en tient au Journal de la société des Africanistes, les omvang sont une tribu appartenant au rameau Fang40(*). Alors que Dugast est embarrassé et n'ose pas faire d'eux des cousins de Maka ou des Pahouins41(*), B. Bilongo et A. Owonda en font des Bulu42(*). Siret les range dans le groupe `'groupe Mvele `' du rameau Fang43(*). P. Laburthe-Tolra dans son mythe d'origine considère les omvang comme les cousins des Maka pahouinisés et depuis longtemps fixés dans la région de Yaoundé44(*). Pour J. P Ombolo, l'appartenance ethnique de ce groupe fait problème. Ils n'osent pas se prononcer entre les hypothèses qui en font des pahouins et celles qui les rattachent aux Maka45(*).

Selon la tradition orale

La problématique des origines du peuple Omvang ne trouve pas de véritable solution dans la tradition orale. Sur cette question, les Omvang n'arrivent pas à se prononcer sur leur appartenance ethnique dans le sud-est du Cameroun, ils affirment tout simplement qu'ils ne sont ni des Maka, ni des Yebekolo, et ne se reconnaissent aucune souche commune avec ces peuples, ni aucun lien de parenté en dehors des liens matrimoniaux qui vont se créer entre eux. Il en est de même autour d'Ayos où ceux-ci ne se reconnaissent aucune souche commune avec le pahouins qui les entourent46(*).

La tradition orale omvang fait état d'un séjour en savane dans un pays montagneux où ce sont produites des incursions des peuples hostiles montés sur des chevaux47(*). A la suite de ces incursions, ils se seraient alors enfuient, et auraient traversé un grand fleuve sur le dos d'un poisson appelé `'Mung''48(*)  et se seraient retrouvés dans la forêt actuelle.

Essai d'hypothèses

De toutes ces hypothèses contradictoires, l'unanimité peut être acquise sur certains faits historiques.

La pression militaire exercée sur ces groupes les contraignit à réaliser une prouesse qui marque de façon indélébile la mémoire collective de ces groupes, à savoir la traversée de la Sanaga. A ce propos, l'on a des récits de nombreuses variantes dans lequel le mythe prédomine rendant aussi aléatoire une interprétation objective des faits historiques. C'est ainsi que Pierre Mekok affirme que son peuple a traversé ce cours d'eau sur le dos du poisson `'Mung'' tandis que Gilbert Zeh parle d'un serpent,  tandis que Anne Ngono parle de l'arc-en-ciel49(*). Ce qui est certain, c'est que la traversé de la Sanaga par les Omvang est une réalité historique. A un moment de leur histoire, ils se trouvaient sur la rive droite de ce fleuve. Ce qui reste à déterminer ce sont les modalités pratiques de la traversée. Une fois la Sanaga traversée, les Omvang rentrent dans un monde nouveau : la grande forêt qui va être exploitée grâce à la maîtrise de la technologie du fer.

Il apparaît aussi que les Omvang sont des Bantou. Ils ont perdu leur langue et parlent actuellement des dialectes qui sont ceux des peuples qu'ils côtoient. C'est ainsi que les Omvang du Sud-Est (département du Haut-Nyong) parlent Maka alors que ceux du Nyong et Mfoumou parlent Akonolinga ou Yebekolo. Certains de ces groupes humains leur sont limitrophes : Les Maka avec qui ils partagent une longue frontière dans le Sud-est et même cohabitent dans beaucoup de villages. Sur les marchent occidentales et septentrionales sont établis les Yebekolo, les Yekaba et les Bamvele. Partout où ils cohabitent, les Omvang sont devenus linguistiquement et culturellement dépendant de leurs voisins ce qui implique une perte totale de leur identité et la difficulté de leur attribuer une appartenance quelconque.

D'une manière générale, nous pensons en dernière analyse que les Omvang seraient beaucoup plus proches des pahouins que des Maka, compte tenu du fait que ce n'est signalé à aucun moment lorsqu'on parle des migrations Maka et de leur établissement dans le région. Cependant, c'est avec les différentes migrations des pahouins que les Omvang se signalent dans la région et plus encore leurs différents mouvements correspondent à peu près à ceux des Beti-Bulu-Fang. Des recherches plus poussées en archéologie par exemple pourraient établir avec beaucoup plus de certitude les origines de ce groupe.

b. Itinéraires migratoires des Omvang et leur implantation dans le

Cadre actuel

Après la confrontation de toutes ces hypothèses avancées par les uns et les autres, l'on peut affirmer d'une manière générale que les Omvang seraient originaires de la rive droite de la Sanaga qu'ils auraient traversé et se seraient :

répandus du côté de Yaoundé comme le montre un village Omvang à vingt kilomètres de la capitale50(*).

A partir de là, ils vont prendre la direction du Sud-Est et vont joindre le Nyong dont ils remonteront le cours jusqu'à l'extrême Ouest d'Akonolinga. Il faut préciser ici que le peuple n'est pas un peuple de pêcheur, il vit de la chasse et de la cueillette, c'est en se sédentarisant qu'ils deviendront des agriculteurs, les activités de chasse et de cueillette dans les forêts environnantes et celle de pêche dans le Nyong poissonneux devenant des activités secondaires et ne servant plus qu'à compléter les denrées d'origine agricole dans l'alimentation et les échanges.

Les Omvang arrivent dans la région d'Akonolinga où ils s'installent et fondent des villages comme Ngalla, mais le noyau le plus important se trouve dans la région d'Ayos avec des villages dénommés Beka'a, Emini et autres51(*). A leur arrivée dans cette région, d'autres groupes s'étaient déjà établis tels que les So cousins des Maka, mais surtout les Yembana, Yelinda, Yegono, tous les pahouins. Les Omvang minoritaires seront assimilés et parleront la langue du groupe qu'ils côtoieront.

Dans la région d'Ayos où se trouve le noyau principal Omvang, ils sont littéralement envahis par les Yebekolo au début du XIXème siècle qui vont les bousculer et les assujettir. Après la soumission, une partie du peuple omvang va se libérer de la tutelle Yebekolo sous la houlette de leur chef Nkal Seleg. Ces Omvang libérés sont constitués par les deux familles Sekonda et Ngomeya. Partis d'Ayos, ils vont prendre la direction de l'Est et s'engouffrer en plein territoire Maka où ils occuperont par la force toute la partie Ouest. L'une des deux familles, les Ngomeya s'installe aux portes même du pays Yebekolo pour empêcher ces derniers de mener des escarmouches dans le nouveau territoire contrôlé par les Omvang. Ils sont établis ici sous l'autorité de leur chef Ekanang52(*).

Nkal Seleg va beaucoup plus loin avec la famille Sekonda et s'établit dans l'actuel Nguélémendouka, ville qui porte le nom de son fils et successeur. Il fonde là une `'chefferie'' et tout autour de nombreux villages parmi lesquels Azomekout, Imbet, Mparanyang, Lembe pour ne citer que ceux là53(*). C'est à partir de cette `'chefferie guerrière'' que seront lancés les guerriers pour soumettre les Maka Bwanz et Ebessep qui étaient leurs voisins.

Plusieurs facteurs allaient favoriser l'implantation des Omvang dans leur cadre actuel. C'est un peuple de guerriers, qui depuis sa confrontation avec les Yebekolo à Ayos, confrontation soldée par assujettissement total des Omvang, avait avec le temps acquis des réflexes de guerriers intrépides et mis au point des techniques de combat beaucoup plus évoluées par rapport à leurs ennemis Maka Bwanz et Ebessep. On pourrait également expliquer cela par le fait de leurs multiples contacts avec les belliqueux Yekaba du chef Nanga-Eboko situés beaucoup plus au Nord. C'est autant de raisons qui expliquent leur facile domination du pays Maka et c'est ce qui va assurer leur hégémonie sur les peuples Maka Bwanz et Ebessep jusqu'à l'arrivée des colons blancs vers 190554(*). Les Maka étaient certes de bons guerriers, et même relativement bien armés ; mais leurs actions, très limitées, étaient le fait de quelques individus. Les guerriers Omvang étaient, quant à eux, plus nombreux, bien armés et beaucoup mieux organisés55(*). Ainsi parmi les peuples qui étaient en contact avec les Omvang, les Yebekolo sont ceux qui marquèrent le destin des Omvang de manière indélébile. Qui sont donc ces Yebekolo ? Et comment ont-ils dominé les Omvang ? Et comment les Sekonda et les Ngomeya56(*) ont-ils pu se soustraire de cette domination ?

Carte migrations et expansions des omvang

3. La domination Yebekolo sur les Omvang

L'étude de la domination Yebekolo est intéressante ici car non seulement ils vont forger la nouvelle personnalité du peuple Omvang, mais surtout, ce sont eux qui vont favoriser la nouvelle migration des Omvang dans la mesure où ceux-ci, ne pouvant supporter leur domination furent obligés de partir. Quant à l'origine des Yebekolo, plusieurs thèses sont avancées.

Dans un rapport relatif à l'expédition en pays Yebekolo et Maka en 1906, le major Dominik affirme que :

Les Yebekolo sont une tribu Mvele donc apparentés aux yaoundés appartenant à la grande famille des fang57(*).

Dans son inventaire ethnique, Dugast ne se prononce pas entre les hypothèses qui font des Yebokolo un rameau de la souche Yambassa ou du «complexe Mvele » donc Bulu58(*). De même J.P. Ombolo et A. Owona en font une composante Bulu qui auraient émigré dans le Sud à partir du nord de la Sanaga dans la première moitié du XIXème siècle59(*).

P. Laburthe-Tolra les considère, quant à lui, comme un sous-groupe beti conquérant qui se serait décidé un beau jour à partir vers l'Est parce qu'il se trouvait à court de femmes. Après la traversée de la Sanaga, ils bousculèrent les omvang et commencèrent à faire les grandes gueules, d'où leur surnom de Yebekolo60(*). Quant au Journal de la Société des Africanistes, il classe les Yebekolo parmi les tribus appartenant au rameau Fang61(*).

Un Yebekolo du village d'Akok-Yebekolo, Olinga Maurice, donne une version presque similaire à celle de P. Laburthe-Tolra. Son ancêtre lointain dit-il, Abada Kumyaba, vint de vers Bafia avec son peuple, il traversa la Sanaga sur le dos d'un poisson. Après la traversée, il séjourna à Ndélé où naquirent les enfants qui devaient continuer la migration. Ces derniers auraient forcé le passage dans le pays Omvang où ils auraient reçu le surnom de `' Yebekolo `' c'est è dire les coupeurs de têtes. Les descendants d'Abade notamment les chefs Zemengue et Zengue, après avoir bousculé les omvang allèrent jusqu'en pays Maka par les Ayos62(*).

D'une manière générale il ressort de ces informations que les ancêtres des Yebekolo, Beti ou Bulu, dans tous les cas les pahouins sont venus de la rive droite de la Sanaga. Après la traversé du fleuve, ils prirent la direction du Sud-est jusque dans la régions d'Ayos où ils rudoyèrent les Omvang. Ce qui leur valut leur ethnonyme actuel. Cette migration aurait commencé au début du XIXème siècle63(*), alors que les attaques Yebekolo contre les villages Maka suivront quelques décennies plus tard, vers 1865 ; date présumée de la fuite du guerrier omvang Nkal Seleg de chez les Yebekolo vers le pays Maka avec les familles Ngomeya et Sékonda selon P. Geschiere64(*).

Ainsi la deuxième et dernière migration Omvang eut lieu au début de la deuxième moitié du XIXème siècle. De même les rapports allemands relatifs à la soumission des Maka et des Yebekolo affirmaient en 1906 qu'il y'a 50 ans les Omvang étaient chez eux dans la région d'Akonolinga65(*). Une fois partie de la région d'Ayos, les Omvang rentrèrent dans le pays Maka et alors commença l'oeuvre de colonisation par la création de villages, aspect essentiel de l'occupation par les Omvang. La marche migratoire continue vers l'est, placée sous le signe de la violence armée dans le cadre du groupement lignager qui cohabite pacifiquement ou alors qui coagule pour former un groupement homogène. Successivement les deux sous-groupes occupèrent l'espace géographique qui est actuellement le leur et à partir duquel les chefs Omvang notamment Nkal Seleg et son fils Nkal Mentsouga allaient réaliser une intégration géographique d'une ampleur à peine concevable dans cette société Maka segmentaire.

CHAPITRE 2 :

NKAL MENTSOUGA : ARTISAN DE L'HEGEMONIE OMVANG

Nkal Seleg et son fils Nkal Mentsouga apparaissaient à travers tous les témoignages que nous avons recueillis, comme deux hommes exceptionnels dont le destin fut de modifier le cours des événements de leur région, d'en marquer l'histoire d'un sceau particulier, avec détermination et habileté.

A. DEUX GRANDS STRATEGES : NKAL SELEG ET NKAL MENTSOUGA

Zé Nkoum est en fait le nom du père d Nkal Seleg e. En effet, Zé Nkoum voulant fuir l'esclavage chez les Yebekolo arrive dans une localité dans la zone d'Efoulan66(*). Fatigué de la marche à pieds, il se repose sur un marécage plein de sable où il est surpris en plein sommeil par les hommes qui courraient les villages satellitaires. Il est ramené chez le chef où il est pris à nouveau en esclavage. Cependant, ne connaissant pas son nom, on lui attribua le nom de `'Seleg `' ou `'Selek `' qui veut dire sable. Dès lors il s'appela `'Seleg Zé Nkoum`'. Eu égard à son bon comportement, on lui trouva une femme au nom de Kamba Mebene, originaire de la famille Chanang. Ce couple va enfanter deux fils: Nkal Seleg et Viang Seleg67(*). Le premier est celui qui retient notre attention.

1. NKAL SELEG : L'homme et l'oeuvre

Si l'on s'en tient à la date du départ des Omvang du pays Yebekolo autour de 185068(*), Nkal Seleg serait né bien avant 1830 en pays Yebekolo où il fit ses premières armes. Il avait pour épouse Mentsouga Mezime, originaire de la famille Bajougue. C'était un guerrier fougueux et intrépide à en juger par la confiance que tout le peuple omvang (les deux familles Sekonda et Mgomeya) va placer en lui. C'est lui qui va provoquer la seconde phase de migration d'une partie du peuple omvang, installé à Ayos après avoir reçu d'une vielle femme les vertus du `'Boubouya `' qui lui permettait de devenir `'Nkang Domb `' (général d'armée).

Nkal Seleg était au service d'un chef Yebekolo, il tomba amoureux de l'une de ses femmes, et le chef mis au courant, décida de sa mise à mort. A la suite de cet incident, les Omvang esclaves des Yebekolo se rebellèrent et décidèrent de s'enfuir grâce à l'art militaire et à la magie guerrière qu'il avait apprise. Un pacte fut scellé entre Nkal Seleg et son peuple. Celui-ci devait diriger son peuple vers un nouveau destin, et tout le peuple plaçait sa foi en lui. Il ne devait jamais trahir son peuple, faute de quoi la malédiction s'abattrait sur lui.

Il mène les Omvang jusque dans la ville actuelle de Nguélémendouka où il installe son `'Mbamè `' (son village principal). Il met sur pied une armée de plusieurs centaines de guerriers et commence sa croisade.

Sa première cible fut les Maka Bwanz et Ebessep, qui occupaient le site de l'actuelle ville de Nguélémendouka et son premier adversaire le `'Nkang Domb `' (général d'armée) Nkamba Melendou Celui-ci fut très vite vaincu et se réfugia à Djende, et pour avoir la paix, il dut se soumettre à Nkal Seleg en lui donnant son fils bien aimé Ifaga. On connaît de Nkal Seleg un frère Viang Seleg et plusieurs69(*) .

Nkal Seleg mourut en pleine campagne en pays Bamvele, assassiné par son demi-frère Fuba ; son corps ne fut jamais ramené dans son village70(*).

2. NKAL MENTSOUGA 

Fils de Nkal Seleg et de Mentsouga, Nkal Mentsouga est né dans le village de sa mère Badisham71(*). Pour faire la différence entre ses enfants et pour savoir de quelle femme était issue tel ou tel enfant, Nkal Seleg associait le nom de l'enfant à celui de la mère : Nkal Mentsouga72(*). Sa date de naissance nous est inconnue, mais lorsqu'il fut fait prisonnier par les Allemands le 7 janvier 190773(*) , il avait une cinquantaine d'années environ.

Nkal Mentsouga était un chef écouté, respecté, et dynamique dans sa manière de travailler, sa puissance et sa compétitivité. Il était en outre un rassembleur d'hommes. Il habitait une localité en pleine forêt. Cette localité s'appelait `'Efoulan'' car rassemblait les habitants aux origines ethniques différentes. Son charisme amena les populations des secteurs environnant à désigner son village par son no, un phénomène de métonymie bien connue. De ce fait Efoulan devint Nguélémendouka74(*).

Il fut initié à la guerre par son père. Tout le monde s'accorde sur le fait qu'il avait hérité de tous les fétiches de son père75(*). Il lui succéda, et poursuivit son oeuvre de conquête, soumettant amis et ennemis, si bien que pour tout le monde, Nkal Mentsouga et son père ne font qu'un. Il attaquait un ennemi à la fois avec des lances, des flèches et surtout des armes à feu qu'il se procurait chez son ami Nanga-Eboko. Il harcelait ses ennemis en une série de guerres qui affectaient des villages entiers, les disloquant et les anéantissant dans une véritable folie meurtrière. Il reçu le pseudonyme de  `'Kouo Mimbang `' (briseur de défense). Tout le monde lui était soumis et lui payait un tribut.

Lorsque les Allemands arrivèrent dans la région, bien qu'ils soient déjà présents à Nanga-Eboko depuis 190076(*), ils n'osèrent pas s'attaquer au domaine de Nkal Mentsouga par le flanc comme l'affirme le major Dominik77(*) lui-même ; il fallait d'abord soumettre la zone de Bertoua, progresser à Doumé afin de prendre Nkal Mentsouga et les Omvang en tenailles car ils étaient redoutables et il fallait réduire les pertes de l'expédition.

Après une rude bataille le 03 decembre 1906 à Efoulan contre les Allemands, Nkal Mentsouga se réfugia dans le village de sa mère à Badisham78(*). Trahi par les chefs Maka, il se réfugia à Nguélé Gobbo à six heures à l'Est de son ancienne résidence (Nguélémnedouka) et dû entrer en pourparlers avec le Dr Haberer79(*). Mais les pourparlers n'aboutirent jamais à sa soumission. Trahi une fois de plus par les Maka, il est encerclé par environ 2000 guerriers le 06 janvier 1907 et fut attaqué énergiquement le 07 janvier80(*). Il finit par se rendre au major Dominik le même jour. A propos de sa reddition, le major Dominik écrit :

Comme Nguélémendouka n'avait jamais encore été soumis et combattait en somme pour la sauvegarde de son pouvoir hérité, sans rompre avec un contact, et parce qu'il n'avait pas été fait prisonnier par moi avec les armes à la main, je ne me sentis pas autorisé à la considérer commerebelle. Je lui demandai donc comme preuve de sa soumission, de faire construire par ses gens la route de Doumé qui traverse son territoire, de fournir 100 travailleurs de force par an et de couvrir les frais de la campagne en payant 10 grandes en ivoire 81(*).

Nkal Mentsouga fut ramené à Yaoundé par l'expédition du major Dominik où il demeura plus d'un an82(*).

En effet, Nkal Mentsouga trouve d'un mauvais oeil la présence allemande sur son territoire. Il engage une résistance qui se solde par sa réduction au statut de prisonnier. Charles Atangana qui éprouvait de la sympathie pour ce jeune et brave chef, l'invita dans sa cour afin de lui inculquer des notions de collaboration avec l'occupant. Mais à cause de sa germanophilie, poussée à l'extrême, Charles Atangana est autorisé par le pouvoir colonial à effectuer une visite en Allemagne83(*).

Mais compte tenu des rivalités intestines qui régnaient au sein de sa cours, il jugea sage que le roi Nkal Mentsouga le remplace momentanément au trône durant son séjour à l'étranger. Au moment des adieux, Charles Atangana confia les pleins pouvoirs à son ami84(*).

Le peuple Bene-Ewondo manifesta son refus de se voir administrer par un allogène. Malheureusement, après le départ de Charles Atangana, il arriva que le roi Nkal Mentsouga porta son regard sur l'épouse la plus aimée de son ami41. L'indignation des Ewondo et Bene fut sans pareil85(*). Ils informèrent leur chef en l'Allemagne. Au retour de Charles Atangana, le problème refit surface. Mais confronté à la dénégation sans de Nkal Mentsouga, le recours à ordalie s'imposa. Après l'épreuve de l'''Hellon''86(*), Nkal Mentsouga est reconnu coupable87(*). Nkal Mentsouga demanda alors à son ami Charles Atangana de lui permettre d'aller se ressourcer auprès des siens afin qu'il soit de nouveau `'un homme''88(*). Doléance qui fut acceptée par le chef de station de Yaoundé, à la seule condition qu'il renonce à ses ambitions guerrières.

C'était un homme épuisé, qui avait perdu sa prestance qui regagna Efoulan. Un de ses fils Tole Nkal qui régnait à salé (sur la route Nguélémendouka-Doumé) et ses hommes tuèrent un commençant allemand. Le forfait fut imputé à Nkal Mentsouga par les autorités allemandes qui en profitèrent pour le condamner à mort. Il fut pendu à la station de Doumé vers 1912. Il eut plusieurs fils parmi lesquels Oundi Nkal, Nanga Nkal, Tole Nkal entre autres89(*).

Il faut le signaler, la faiblesse du chef Nkal Mentsouga était surtout due à la participation de plusieurs chefs Maka aux côtés des Allemands.Ces Maka tenaient à se venger des sévices et tortures que Nkal Mentsouga leur avaient infligés avant l'arrivée des Blancs.En effet, il les obligeait à une obéissance aveugle.

Par ailleurs, au sujet des causes liées à la faiblesse et même à l'arrestation de Nkal Mentsouga, on fait davantage allusion à des personnes telles Martin Paul Samba, Charles Atangana, commeétant celles qui avaient contriué à capturer le chef omvang. A ce propos Schlosser affirme :

C'est Martin Paul Samba qui avait contribué à affaiblir le chef Maka...sans ce travail diplomatique de terrain, il aurait été impossible de vaincre le chef de guerre Maka90(*).

Compte tenu des difficultés éprouvées par les Allemands vis-a-vis de leurs ennemis dans cette région, Charles Atangana dit à Hans Dominik :

je veux aller là-bas et chercher le chef Maka qui vous donne tant de fil à retorde...j'irai seulement avec quelques soldats et quatre autres personnes connaissant bien la région91(*).

Pendant sept jours, Charles Atangana fit appeler Nkal Mentsouga à travers le tam-tam sans qu'il reçoive un signe de la part de celui-ci. Le huitième jour, Nkal Mentsouga répondit au tam-tam en affirmant qu'il était prêt à rencontrer Charles Atangana.Ce dernier dit au chef omvang que la guerre était finie. Mais Nkal Mentsouga était convaincu que Hans Dominik voulait le faire pendre. A cette réponse, Charles Atangana usa du chantage sous prétexte que le chef omvang aurait la vie sauve s'il allait avec lui. Par contre, s'il refusait de le suivre, Dominik allait finir par l'attraper et le tuer. Par cette ruse, Charles Atangana réussit à convaincre le chef omvang et le ramena chez Dominik qui, fut très satisfait de la manière à travers laquelle son émissaire s'était acquitté de sa difficile mission.

La mort de Nkal Mentsouga sonnait le glas de la grande `'chefferie'' Omvang dont il incarnait les institutions, l'unité politique et morale. Aucun des princes, qui se succéderont au gré de l'administration coloniale n'atteignit sa gloire.

Toutefois, comment Nkal Mentsouga et son peuple Omvang vont-ils réussir à faire asseoir leur hégémonie en pays Maka avant l'arrivée du colonisateur ?

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B. PROCESSUS D'IMPLANTATION DE L'HEGEMONIE DU CHEF

NKAL MENTSOUGA  EN PAYS MAKAS

A bien des égards, la guerre fait partie de l'aventure des peuples africains en général, et ceux du Cameroun en particulier, dans la formation ou le déclin de leurs Etats et dans leurs rapports avec leurs voisins. L'histoire précoloniale de la région étudiée atteste la permanence de conflits qui ont fait rage pendant des siècles. Ceci implique que le mouvement général de l'histoire de ces régions ne saurait être appréhendé sans une mise en condition du phénomène de la guerre. L'histoire de Nkal Mentsouga et la colonisation allemande qui fait l'objet de cette étude ne saurait se départir de cette logique. Elle en constitue un exemple. Dès leur arrivée dans la région tout au début de la deuxième moitié de XIXème siècle c'est-à-dire vers1850, les Omvang sous la houlette de Nkal Seleg d'abord, et Nkal Mentsouga ensuite, vivront en état de belligérance permanent avec les Maka Bwanz et Ebessep maîtres du site jusqu'à l'arrivée des Blancs en 190692(*). Avec les Yekaba, leurs voisins du Nord, ils entretiennent des rapports pacifiques et de coopération.

Bien que la guerre constituât pour Nkal Mentsouga et les Omvang le meilleur moyen d'asseoir leur hégémonie en pays Maka, elle ne fut pas suffisante, car, ils eurent recours à d'autres moyens, psychologiques et sociologiques, pour assurer le passage de la violence à la paix, bien que celle-ci fut fondée sur la terreur.

1. Les guerres d'hégémonie

La guerre est l'élément principal qui favorise l'implantation des Omvang en pays Maka. Elle génère chez ces derniers la peur et la soumission. L'analyse du phénomène guerrier constitue certainement l'élément fondamental dans la dynamique de formation de la  chefferie  omvang, dans la deuxième moitié du XIXème siècle93(*).

Depuis le départ des Omvang du pays Yebekolo vers de 186594(*) jusqu'à leur arrivée dans la région actuelle de Nguélémendouka quelques années plus tard, ils affrontèrent plusieurs ennemis. Ce peuple de guerriers était mené par Nkal Seleg dont le nom associé celui de `'Mpang''95(*), était synonyme de terreur, et faisait trembler de peur. Il en étaits de même pour son fils Nkal Mentsouga. Nguélé, témoin oculaire, parlant de l'époque de Nkal Mentsouga qu'il a vécu dans sa tendre jeunesse dit qu'elle était pire que celle des blancs.

Nya Nkal Mentsouga dei, dit-il, kuma ku bwagwe mouod, Nya Mitang Ngungu.

(Pendant la période Nkal Mentsouga, le manioc ne dormait jamais dans le ventre, parce qu'il fallait combattre tous les jours, la période des blancs était un peu mieux).

Nkal Mentsouga harcelait ses ennemis en permanence, ses attaques répétées contraignaient à la reddition totale. Cette pratique est désignée sous l'appellation de `'Boubouya''96(*).

Premier conflit entre Omvang et Maka

Le premier conflit entre Omvang et Maka eut lieu dans le site actuel de Nguélémendouka. Les Maka conduit pars Nkamba Melendou ne voulurent jamais céder leur territoire à Nkal Seleg qui avait décidé de s'y établir avec son peuple. La confrontation dura, dit-on, des semaines97(*). Devant la fouge des guerriers Omvang, Nkamba Melendou finit par céder et s'enfuit vers le Sud-Est pour s'établir à Djené situé à environ 10 kilomètres de Nguélémendouka sur la route de Doumé. Ce refuge ne suffit pas à Nkamba Melendou pour avoir la paix, il devait, selon les conditions posées par Nkal Seleg se soumettre en payant un tribut de femmes, et surtout son fils aîné Ifaga qu'on appellera désormais Ifaga i Nkal98(*). Les Ebessep durent eux aussi décamper pour se réfugier à Samba au Nord-Est, à une huitaine de kilomètres de Nguélémendouka. Malgré cela, ils subirent toujours les assauts Omvang jusqu'à ce qu'ils soient soumis complètement et payent tribut à Nkal Seleg, et plus tard, à son fils Nkal Mentsouga.99(*).

A propos de cette domination omvang, le vieux Nguélé pense que :

Les omvang nous ont dominé parce qu'ils possédaient le `' Boubouya''. Avec çà, ils ont affaibli nos parents et les ont dominé. Pour ne pas périr, chaque village prenait des filles et des cadeaux qu'il apportait au chef Nkal Mentsouga pour avoir la paix. Alors le village intégrait son domaine et à partir de ce moment il participait à d'autres campagnes militaires aux côtés des Omvang100(*).

Opérations militaires et techniques de guerre chez les Omvang

Nous présentons les causes des guerres, la formation et l'équipement des armées, puis l'armée en campagne. Nous examinons également l'importance des pratiques magico - religieuses dans cette société.

Les motifs de guerre sont multiples, si multiples que les Omvang de Nkal Mentsouga seront en campagne permanente. La recherche d'un territoire est la première cause des guerres Omvang contre les Maka. Les Omvang cherchaient un territoire pour s'établir et s'organiser.

D'autres raisons justifient ces opérations, à savoir la recherche des femmes à épouser. Il faut noter que Nkal Mentsouga prélevait dans les villages vaincus était surtout constitué de femme. C'est pour cette raison que, pendant la guerre, les femmes étaient toujours épargnées. La jalousie, la convoitise et la lutte pour l'hégémonie étaient aussi causes de guerres. Nkal Mentsouga comme son père Nkal Seleg, ne pouvaient tolérer l'existence dans la contrée, d'un autre chef prestigieux. Tous devaient leur être soumis. Ainsi il parcourait toute la région jusque sur les bords du Nyong. Pierre Mekok nous dit :

Qu'il n'y a que le fleuve qui a empêché vos parents d'aller combattre les Maka Bebend. 101(*)

Les Maka vivant le long du Nyong affirment que les omvang venaient jusque-là et terrorisaient tout le monde. Lors d'un de ses passages à Angossas, Nkal Mentsouga terrorisa tellement la région que Sankong, un `' Nkang-Domb'' (général d'armée) dût s'enfuir et se réfugier à Ankouadjol dans le village de Konaké (Njong-Kol) parce que, disait-il ;il ne pouvait se soumettre à l'autorité d'un autre homme102(*).

Les guerriers Omvang (Ndendomb) ne recevaient aucune formation particulière. Les jeunes gens se formaient dans le tas dans des activités comme la chasse, les travaux difficiles, mais surtout à travers des jeux virils comme le `'ching `', la lutte traditionnelle qui opposait des jeunes gens au corps à corps, ou encore le `'Ntsegue'' où les jeunes gens rivalisaient d'adresse au lancer de la sagaie. Un gros fruit (Ntsegue) rond était lancé à toute vitesse par un jeune homme robuste et les jeunes guerriers alignés d'un côté lançaient leur sagaie `'Chougou`' pour la transpercer et arrêter sa course.

Pour ce qui est de l'armement, le major Dominik nous apprend que :

Les Omvang du chef Nguélé Mendouka combattaient avec des mousquets103(*).

Ces fusils leur parvenaient par l'intermédiaire des Yekaba du chef Nanga Eboko, des Yesum et même des Yebekolo qui eux, étaient en contact avec les middle men, et plus tard avec les Blancs. En dehors de ces fusils (Nkièl) leur armement traditionnel était constitué de lances (Nkoing), de l'arc (Banga) et flèches (Bilaï), de machettes (Nfa) et de couteaux (Ba'ague) pour des armes offensives, et du bouclier (Bnou) pour ce qui est des armes défensives.

Les parures de guerre étaient faites de peau de bête (Koudou) que l'on portait comme cache-sexe, ou du `'Apwag `' cache-sexe vulgaire fait d'écorce d'arbre. La peau de bête pouvait également être confectionnée sous forme de chapeau. Le visage des guerriers était peint en blanc avec du kaolin (Feum) signe de deuil dans la région. Certains et surtout les grands guerriers avaient le visage peint en rouge avec un filtrat appelé `'Ko'ong `' qui avait le pouvoir de faire reculer les ennemis. Il faut noter que les autres guerriers avaient aussi tous des gibecières.

Le Nkang domb  lui-même, commandant des troupes avait le visage peint en rouge, et une plume de perroquet (Cha'al kouss) vissé dans les cheveux ; sur l'épaule une gibecière et autour des reins des petits paquets (Bouffe) contenait des fétiches.

L'existence du `'Bouffe `' dans la panoplie du guerrier souligne l'importance accordée aux pratiques magico-réligieuses dans la société omvang. Dans le village, il existait des géomanciens au service du chef (Nko'ong) lui prédisait le déroulement des batailles. Chaque guerrier était consulté, et recevait un fétiche qui lui était propre. Nkal Seleg était lui-même dépositaire du `'Boubouya `' ce fétiche ramené du pays Yebekolo, lui conférant pouvoir et autorité sur son peuple. Il le céda à son fils Nkal Mentsouga qui en fit le même usage.

Les campagnes de l'armée Omvang étaient longues et concernaient les contrées assez éloignées de leur  chefferie104(*). Celles-ci duraient deux à trois semaines. Les Omvang allaient combattre jusqu'à Angossass et même Bagbetout situé à plus de 60km de leur fief105(*). Nkal Seleg mourut en campagne en pays bamvele.

C'est le «Nkang Domb » qui choisissait la cible à attaquer, c'est encore lui qui mettait les guerriers en route pour la guerre. Ils se regroupaient dans un campement proche de la cible à attaquer, et fonçait en masse sur l'ennemi. Le «Nkang Domb » se mêlait exceptionnellement au combat, sauf lorsque l'ennemi s'avérait coriace. Lorsqu'un village était vaincu, le chef déclarait : `' Me Ve Ngui Mpang `' (j'ai intégré les Mpang)106(*). En signe de reddition, il donnait des femmes et des esclaves au chef omvang. Celui-ci désignait un de ses fils ou, à défaut, un de ses lieutenants pour diriger provisoirement le village en attendant que naisse un prince issu de son union avec une femme ce village. Les Omvang trouvaient commode qu'un neveu gouverne le village de ses oncles maternels.

C'est avec cette armée que Nkal Seleg et plus tard son fils Nkal Mentsouga réaliseront dans la région une intégration politique de grande envergure.

Face l'armée omvang de Nkal Mentsouga, quelles étaient les forces qu'opposèrent leurs voisins ? Etaient-elles numériquement et qualitativement importantes pour faire un contre poids ? A propos de l'armement des Maka, principaux adversaires des Omvang, le major Dominik écrit :

Les Maka sont moins pourvus de fusils et de poudre que leurs voisins... mais ils se servent habilement de l'arc et de la lance et utilisent avec beaucoup d'habileté des fosses, des flèches de pied et de l'abdomen qu'ils fixent dans de hautes herbes ou dans la brousse de telle façon que toute personne non initiée marche dessus et se blesse grièvement107(*).

Le handicap des Maka dans leur confrontation avec les Omvang était organisationnel et numérique. Leurs actions étaient très limitées et parfois individuelles. Cette tactique éprouvée face à l'occupant allemand fut peu efficace devant des adversaires qui étaient très adaptés à ce milieu écologique et pratiquant techniques de combat très habile.

Vis-à-vis des Yesum et des Yekaba réputés très belliqueux, les Omvang entretenaient des rapports de convivialité. Ils échangeaient de l'ivoire, des essences rares et du caoutchouc contre des armes à feu, des tissus et autre pacotille. Avec les Yebekolo, c'était pareil qu'avec les Yekaba. D'ailleurs Nkal Mentsouga, de son retour d'exil à Yaoundé où il avait été amené par les Allemands,108(*) envoya son fils Nanga Nguélé chez les Yebekolo pour être initié à la guerre.

Ainsi la guerre fut le facteur prépondérant dans la dynamique d'évolution de la société Omvang sous Nkal Mentsouga, et, bien qu'elle fut le socle de son hégémonie. Elle n'était pas suffisante pour asseoir sa domination.

2. Les autres facteurs de domination

Il s'agit ici des facteurs non matériels résultant du climat de violence que Nkal Mentsouga et les Omvang avaient installé dans la région.

a. Facteurs de domination psychologiques

Nkal Mentsouga et les Omvang se sont assis sur nos têtes... Ce sont les blancs qui les ont rabaissé109(*).

Cette déclaration du vieux Nguélé décrit imparfaitement l'ambiance qui prévalait dans la région avant l'arrivée des occidentaux. Durant notre entretien, il parle de la période de Nkal Mentsouga, qu'il vécut dans sa tendre jeunesse, avec une certaine frayeur et se réjouit pour nous qui n'avons pas véçu cette époque. Dans la mémoire collective de ceux qui connurent les Omvang, la peur et le complexe d'infériorité sont loin d'être effacés, à en juger par leurs attitudes et leurs propos. Ils seront subjugués par la personnalité Omvang et ne pourront que subir de manière assez passive les assauts répétés, les multiples caprices des chefs Omvang sans pouvoir réagir.

Les Omvang avaient fière allure comme le dit Ava Nguélé. Aujourd'hui les Omvang narcissiques, parlent d'eux-mêmes avec fierté, suffisance et traitent encore leurs voisins avec mépris et arrogance. Zeh parlant des Maka de Nguélémendouka nous affirme que :

Tous ceux que vous voyez là ne sont pas des Omvang, ce sont des esclaves que nous arrêtions au cours des batailles.

La terreur qu'inspirait Nkal Mentsouga et ses Omvang, engagea leurs voisins Maka Bwanz et Ebessep à une obéissance aveugle. Nkal Mentsouga avait compris avant Rousseau que :

Le plus fort n'est jamais assez fort pour demeurer toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir110(*).

Son comportement dominateur et méprisant sera préjudiciable au chef Nkal Mentsouga. En effet, son arrestation fut favorisée par les Maka. Nkal Mentsouga n'avait pas d'amis dans la région. Tous ses alliés étaient de circonstance qui ne collaboraient que pour éviter des représailles. Lorsque le major Dominik décide de soumettre la région de Nguélémendouka le 7 décembre 1906111(*), Nkal Mentsouga s'enfuit à Badisham dans le village de sa mère112(*), où il fut trahi par les chefs de la région. Schlosser, le chef d'une section de l'expédition du major Dominik constate dans son rapport du 11 décembre 1906 que :

Tous les chefs veulent participer à l'action contre Gelle Menduka. Gelle Menduka leur aurait traité abominablement et leur aurait empêché d'entrer en relation avec les Européens113(*).

L'arrivée des occidentaux était salutaire pour tous les voisins des Omvang ; mais ils sortaient d'une sujétion pour tomber dans une autre, le colonialisme.

b. Les facteurs de domination sociologiques :

les relations matrimoniales

Les Omvang après chaque victoire prenaient des femmes et des esclaves en guise de butin de guerre. Les femmes devenaient les épouses des guerriers qui, il faut le signaler étaient presque tous polygames. Les esclaves peuplaient la `'chefferie `' et à la longue devenait des citoyens ordinaires. Tout ce butin constitué de femmes, d'esclaves et de cadeaux divers assuraient non seulement le prestige du `'Nkang Domb `' (général d'armée) et de ses guerriers mais constituait surtout le signe évident de la domination Omvang. Le chef Omvang s'en servait pour assurer sa main d'oeuvre sur les villages conquis. Ainsi les princes qui naissaient à la cour étaient appelés à administrer le village de leur mère. Dans cette région, le `'Taa `' (neveu) jouit de beaucoup de liberté et de faveurs de la part de ses oncles maternels, les `'Kougu `'. A titre d'exemple, la coutume admet que le neveu peut dans le village de sa mère, s'approprier la bête domestique de son choix (poulets, chèvres, cochons, etc...) sans être inquiété. Il peut pousser l'audace en utilisant impunément la femme de son oncle maternel sans qu'on ne parle d'adultère. Cette coutume était largement utilisée par les chefs Omvang. Aava Nguélé nous signale le cas d'un Mimbang qui ne put gouverner le village de Ngoap (village situé à 35 km de Nguélémendouka, vers Abong-Mnag) car il n'avait aucun lien de parenté avec ses habitants et n'était pas accepté ; Ntolé Nguélé n'eut pas semblable mésaventure, et dirigea les Banyié, le village de sa mère sans aucune difficulté114(*).

Ce facteur de domination lié aux relations matrimoniales a eu un effet pervers au sein de la société omvang. Et pu être considéré comme une espèce de `'cheval de Trois `'. En effet, il va favoriser l'assimilation complète des Omvang qui vont devenir culturellement et linguistiquement dépendant des Maka. Les épouses et mères étaient toutes Maka. Celles-ci, étaient vecteurs de cette civilisation.

Le rôle de nombreux esclaves qui inondaient la cour Omvang ne peut être négligeable. Ces esclaves jouèrent le même rôle que les femmes. A l'arrivée des occidentaux, il était difficile de distinguer un Maka d'un Omvang115(*).

Enfin de compte, les Omvang avaient certes vaincu les Maka, mais ce ne fut qu'une victoire à la Pyrrhus car, ils furent vaincus culturellement et pour toujours.

C. ORGANISATION SOCIO-POLITIQUE ET ECONOMIQUE DES

OMVANG SOUS NKAL MENTSOUGA

Toutes les communautés humaines, quelque soit leur importance, aménagent un minimum d'organisation, condition de l'épanouissement des membres de la communauté. Cette organisation assure leur cohésion défensive face à toutes les formes d'agression d'origine endogène ou exogène. Ainsi toutes les sociétés humaines se plient à cette exigence vitale essentielle à leur survie.

L'examen de la carte du Cameroun montre l'existence de nombreux groupes ethniques avec pour corollaire, une grande diversité de formations économiques et sociales. Sur le plan économique, on a des économies de prédation, qui donnent lieu à des sociétés organisées en bande, des économies d'autosubsistance, qui donnent lieu à des sociétés organisées en lignage et des économies de marché, propres aux sociétés beaucoup plus organisées avec un pouvoir central. Incontestablement, ces différentes formations sont régies par des institutions adéquates qui répondent à la définition classique qu'on donne à l'Etat116(*). Une approche plus objective et plus scientifique de ces peuples nous montre que partout, il existe des moeurs et des manières de gouverner, une stratégie de gestion des hommes par des lois instituées.

La société omvang avant, Nkal Mentsouga est de type lignagère ou segmentaire. Leurs institutions sont identiques à celles des peuples de la forêt les Beti-bulu-Fang notamment117(*). Ces peuples ont imaginé et appliqué des mécanismes et des stratagèmes de pouvoir pour assurer la gestion la plus harmonieuse possible des personnes et des biens. Après leur installation en pays maka, les omvang, confrontés à des problèmes d'affirmation de leur nouvelle personnalité, de quête d'hégémonie conçurent un nouveau stratagème de pouvoirs afin de contrôler leur nouvel espace vital menacé par les Maka Bwanz et Ebassep hostiles. C'est pour cette raison que les chefs de lignages se soumirent à Nkal Seleg, et ensemble, mirent sur pied une structure politico-militaire jamais rencontrée dans cette région de la forêt dense. Ils fondèrent alors une  chefferie guerrière vers 1860118(*). On assiste alors à la transformation de la structure lignagère en une  chefferie  de taille importante par suite des conquêtes militaires119(*).

C'est dire qu'il n'existe pas de société figée dans un type de politique donné et que des mutations peuvent s'opérer avec l'amitié ou l'hostilité des peuples voisins.

Avant de faire l'étude de cette `'chefferie guerrière'' Omvang, examinons d'abor son organisation socio-politiques et économique pendant la période précoloniale.

1. Structure lignagère et organisation politique de la société

Omvang pendant la période précoloniale

Structure lignagère de la société Omvang

Le patrilignage ou famille patrilinéaire élargie `'Njawbud `' est chez les Omvang tout comme chez les Maka, la base de l'organisation sociale. Il comprend sous l'autorité d'un chef Nkal Mentsouga; une ou plusieurs épouses et les enfants issus d'elles ;  ses frères de même père, célibataires ou mariés, qui habitent le même village que lui avec leurs épouses et leurs enfants ; ses soeurs de même père, célibataires et leurs enfants, produits de leurs amours passagers ;et, ses clients constitués par les époux des femmes de la famille qui recherchent l'appui de leurs beaux-parents ou qui se fixent dans leur village pour leur venir en aide. On trouve aussi dans cette catégorie des individus plus ou moins rattachés au chef de famille par des liens de parenté, d'amitié, leurs femmes et leurs enfants120(*).

La famille élargie, ainsi définie, est formée des descendants d'un ancêtre commun, auquel viennent s'adjoindre, très souvent, des alliés par les femmes ou par des pactes de sang `'Ombiul `', des amis, des clients et des serviteurs esclaves : `' Loa `' pluriel. `' Meloa `'). Ces clients sont, pour la plupart, des descendants d'individus d'origine servile. A la longue, il devient très difficile, voir impossible de distinguer au sein d'une famille les individus d'après leurs origines libres ou serviles.

La famille fondée sur une unité résidentielle s'accroissait du fait de son propre dynamisme. Sa puissance et son influence étaient proportionnelles au nombre des individus qui la composaient. Pour les faibles, elle était un lieu de refuge et d'asile.

Dans une acception plus large, la famille, le groupe social étendu  `'Bago'' est un ensemble de foyers distincts. C'est ici l'équivalent du `'Mvok'' chez les Beti-bulu et signifie `'ceux de''. Exemple : `'Bagokinga'', `'Bagoloumb''. L'ensemble des `'Njawbud `' constitue alors le `'Bago''. Et puis on arrive au `'Kulbud'' ou clan, ici admis comme `'unité sociologique constituée d'individus se reconnaissant un ancêtre commun''121(*). C'est ainsi, qu'il faut comprendre les clans Sekonda et Ngomeya dont il est question ici. Dans chaque famille, l'exogamie est de rigueur122(*).

Le lignage est composé de plusieurs groupes d'agnats entre les frères et leurs descendants. Les frères ne restent pas toujours dans le même village et peuvent même fonder d'autres. Ces villages appartiennent à une même lignés. La segmentation se fait par frère car les femmes vont en mariage123(*).

Organisation politique : Autorité et pouvoir chez les Omvang 

Durant le règne de Nkal Seleg, les Omvang comme dans tous les s systèmes de lignage, envisagent le problème politique en fonction d'un agencement qu'on désigne habituellement par l'expression d'équilibre des pouvoirs. Ici, chaque famille, `'Njawbud'', chaque village (Dend ou Lo'om) fondé par un frère est réellement indépendant et les chefs des différents villages sont des égaux, donc ils s'équilibrent mutuellement. On remarque ainsi le rôle important joué par le système lignager dans les structures politiques. Il faudrait peut être rappeler ici que le système lignagiser est un système segmentaire des groupes permanents à descendance unilinéaire.

Selon cette organisation sociale, on aboutit à une structure pyramidale où l'autorité politique est égale, à tous les niveaux, entre les différents segments, contrairement à une hiérarchie.

Lorsque les Omvang, après leur migration du pays Yebekolo au pays maka fondèrent leur `'chefferie'' : chefferie Nkal Mentsouga, l'autorité politique égale entre les différents segments est attribuée au seul `' Ci '', qui ici, représente l'autorité suprême. Nkal Seleg qui reçut mandat de conduire les Sekonda jusqu'à leur site actuel. On remarque que le pouvoir de commander qui lui est attribué, est subordonné à un consensus des notables représentants les lignages importants. C'est ce qui fit la force de Nkal Mentsouga 124(*).

L'autorité n'exerce pas automatiquement un pouvoir coercitif. Cette autorité `'essentiellement précaire`' est déléguée par le peuple à celui qui est susceptible de lui apporter aide, protection et, au besoin, certains avantages qu'il peut accorder grâce à sa fortune ou à ses pouvoirs magiques. Nkal Mentsouga avait des pouvoirs magiques125(*). Il était dépositaire du `'Boubouya `' (fétiche de guerre) qui lui permettait d'être toujours victorieux à la tête de ses guerriers. Cette autorité `'repose sur un contrat qui ne dure qu'autant que les parties sont à même de remplir leurs obligations réciproques `'126(*). C'est ce qui justifiera qu'avec l'arrivée des Allemands, le pouvoir centralisé Omvang mis sur pied par Nkal Seleg se disloqua et disparut avec l'arrestation de Nkal Mentsouga en 1907. Tout de suite après, la `'chefferie Omvang `' se désagrégeait et les différents chefs de lignage retrouvaient leur autonomie.

Le chef porte le titre de `'Ci `', ce qui est l'équivalent du `'Nkukuma`' chez les Beti-Bulu. Il concentre une autorité suffisante et apparaît comme le détenteur du pouvoir exécutif. Ici chez les Sekonda d'où sont issus les deux chefs charismatiques ; le pouvoir s'exerce a grande échelle intégrant non seulement tous les lignages Sekonda, mais aussi les villages environnants sur lesquels les chefs omvang assurent leur hégémonie. Ce pouvoir s'exerce dans le cadre d'alliances matrimoniales et guerrières. C'est pour cette raison qu'ici le `'Ci `' est en même temps `'Nkang Ndemb `' (général d'armée)127(*).

Littéralement le `'Ci `' est un homme riche. Ce personnage devait en effet posséder en abondance de biens matériels et de femmes car son pouvoir est en rapport direct et égal à son gynécée et à sa clientèle. Il incarne la sagesse et l'intelligence ; c'est un homme éloquent (Loesh Kand), il maîtrise la parole ; pas la parole vulgaire mais celle qui possède les grandes sentences ancestrales : les notions de jurisprudence, les formules ésotériques à prononcer à l'occasion des cérémonies initiatiques. C'est ce qui expliqu que, chez les Sekonda le `'Ci `' Nkal Mentsouga est en même temps `'Nkang Ndemb `' (Général d'armée). C'est un guerrier parfait et qui fait ses preuves pendant les multiples batailles.

Les régaliats du pouvoir de Nkal Mentsouga sont composés essentiellement d'une canne (Wagatig : en omvang `' Mben I dju ou ntum Idjoé `')128(*), d'une lance (Kouong), dont le fer pointu est très large (Mpinga Kouong), un chasse-mouche (Tsonz), un collier (N'koow) porté à la cheville droite et une sacoche (Bamtela) contenant des fétiches (Mentsite ou Ngang) divers portée en bandoulière.

Il portait également une plume rouge de perroquet (Cha'al Kouss) dans ses cheveux ou fichée à un bonnet de couleur sombre à l'époque coloniale.

Concernant la succession des chefs Omvang, les Sekonda se passent le pouvoir entre les frères de même père avant de confier au fils aîné si le besoin se fait sentir. Cependant la désignation du chef respecte une certaine logique : les deux grands chefs Omvang connus à l'époque précoloniale furent fabriqués dans le même moule. Nkal Seleg reçut le pourvoir de ses pairs, les chefs de lignage qui voyaient en lui le chef idéal. Il le transmit à Nkal Mentsouga. Son fils qui possédait le charisme et les qualités personnelles reconnues à tout `'Ci `' et au `'Nkang Ndemb `'.

Dans la société Omvang comme dans beaucoup d'autres sociétés de l'Afrique en général, et du Cameroun en particulier, il existe une intime relation entre pouvoir et le sacré. L'imbrication et la connivence du pouvoir et du sacré restent apparentes. On affirme ici que pour être chef, il faut que le postulent se soit imposé aux forces des ténèbres (Djamb), il faut qu'il se soit imposé la nuit à tous les sorciers (Ndimblou) du village129(*). Cela favoriserait la subordination et le soutien total de tous au chef130(*). Il est vrai, on ne va pas assister à une sacralisation de la personne du chef, mais le culte des anciens (Impambe) ou de certaines divinités assurent la sacralisation d'un domaine politique encore peu différencié131(*). En tout cas, envisager le pouvoir politique chez les Omvang, c'est tenir compte du sacré et réciproquement.

Les attributs du  `' Ci `' Nkal Mentsouga sont multiples. Il est garant des institutions. Il coordonne la bonne marche de la société avec l'aide des anciens (Cumbabud) du clan. Il dirige la palabre (Kand) dans les cérémonies de mariage et de deuil, rend aussi justice bien qu'ici, on fasse souvent appel au sorcier (Nkong) pour aider à trouver la vérité dans des situations inextricables. C'est ainsi qu'à l'aide d'un extrait appelé `'Loundou `', on peut déterminer le coupable.

En tant que `'Nkang-Ndemb `', Nkal Mentsouga avait le pouvoir de lever l'armée pour une bataille ou pour chasser un animal qui terrorisait le village car, dans de forêt, il est fréquent qu'un gorille, un éléphant ou une panthère menace la quiétude du village. Tous les hommes valides, armés de lances et de flèches, conduits par le Nkang-Ndemg, effectuaient une battue dans la zone concernée132(*).

Les leçons de l'histoire rappellent que les Etats où nous vivons, leurs institutions, et leurs lois, sont parvenus jusqu' à nous par la succession de conflits,souvent de la plus sanglante espèce133(*).

L'armée apparaît alors ici chez les Omvang Sekonda et Ngomeya à la fois comme pilier et bouclier de cette formation politique. Le guerrier jouit d'un statut privilégié et il importe en outre de noter la corrélation qui existe entre la chasse et la guerre. En effet, les meilleurs chasseurs sont les meilleurs guerriers. C'est dans les parties de chasse `'Shuomu `' qu'on acquiert l'endurance et la dextérité des guerriers. L'armée fut à l'origine de la formation de la `'chefferie omvang `' car c'est grâce à elle que les peuples Maka étaient tenus en respect. Elle fut également à l'origine de sa désagrégation dans la mesure où elle ne put faire face à l'armée coloniale.

2. La  Chefferie OMVANG: 1860-1907

Les anthropologues et les ethnologues ont ouvert un large débat sur la nature, les formes de pouvoir dans les régions de forêt dense134(*). Nous avons déjà réfuté une terminologie inappropriée de l'européocentrisme qui a voulu voir là des sociétés acéphales et anarchiques. Nous convenons cependant que, dans la région du centre, du sud et du sud-est, aucun indice n'atteste l'existence d'un authentique Etat centralisé. Cependant, les Omvang de l'Est-Cameroun font exception, confrontés à l'hostilité de leurs voisins et menacés de disparition après leur départ du pays Yebekolo vers 1850. Ils mettent sur pied une superstructure politique et militaire capable d'assurer leur survie et leur hégémonie dans la région.

Cette entité politique, nous la désignons par le terme de `'chefferie'', bien qu'il soit impropre ici par rapport aux chefferies des grassfields. Cette formation politique durera un demi-siècle (1860-1907) le temps du règne de Nkal Seleg qui la fonda et de celui de Nkal Mentsouga que les Allemands pendront vers 1910135(*). Avec l'arrivée des occidentaux, les structures de pouvoir des Sekonda furent balayées et on revint à la structure lignagère de la région.

Contrairement aux chefferies classiques des grassfields où le `' Fon `' est divinisé, le `' Ci `' Nkal Mentsouga n'est pas un personnage sacré ; on ne le rattache à aucune divinité, ni à aucun animal comme c'est le cas dans les grassfields. Chez les Omvang Sekonda cependant, le `'Ci `' est craint et respecté. Tout est soumis à son autorité et lui, traite son peuple avec équité. Ici, les terres n'appartiennent pas au chef mais à toute la communauté ; et comme les densités de populations sont peu importantes, chacun en dispose à sa guise.

La richesse ne se traduisait pas en termes fonciers, mais en poids démographique, (nombre de descendants) et en acquisition de biens (économie de traite).

Les exploits guerriers sont légions dans la `' chefferie guerrière `' `'Omvang `', mais ils sont toujours liés à des affaires de femmes, de biens volés, jamais à proprement parlé des conquêtes territoriales136(*). Cependant il faudrait quand faire état ici d'un soupçon d'administration des villages conquis après une action militaire et la préparation d'éventuelles conquêtes selon des modalités qui reflètent des rapports de force en présence. Cette administration est incarnée par le `' Ta'a `' (neveu) issu de la liaison entre le chef Omvang et d'une femme otage137(*). Bien entendu avant l'âge adulte, la régence pouvait être assurée par n'importe lequel des guerriers du chef qui présentait quelque charisme138(*).

Ainsi l'arrivée des occidentaux et l'arrestation de Nkal Mentsouga marquent la fin de la `'chefferie omvang `'. On assiste à la décrépitude de cette formation politique et militaire où vont se succéder des chefs sans grande autorité, au gré du pouvoir colonial, au mépris des principes de succession coutumiers. A ce propos voici comment cette `'chefferie `' nous est présentée par le lieutenant français Desanti en 1919 :

... Deux mots du village de Nguélémendouka : ce village porte le nom de son ancien chef pendu par les Allemands et qui commandait autrefois tous les M'vang. D'ailleurs tous sont parents entre eux, mais depuis la mort du vieux Nguélé-Mandouka tous essayèrent de se constituer des commandements indépendants... le successeur de Nguélé-Mandouka fut pour le village principal le chef Nanga que nous trouvâmes en fonction au moment où nous occupâmes le pays. Bien que n'étant pas doué d'une quelconque autorité sur son groupement qui comprenait environ cinq cens contribuables. Mais lui-même mourut vers le milieu de 1918139(*).

A son frère Eboko, jeune homme insouciant, uniquement préoccupé de femmes, revenait le commandement du groupement. Il fut le premier artisan de la dislocation de son commandement. Lui-même quitta le village principal pour s'installer à part avec ses nombreuses femmes et quelques amis. Chaque capita en fit autan. Le remplacement d'Eboko s'imposait, mais qui mettre à sa place ? Ses frères plus jeunes que lui n'ont aucune autorité et ne manifestaient aucun enthousiasme pour assurer un commandement trop lourd pour eux. Le chef de circonscription nomma un certain M'vom, cousin de feu Nanga, qui commandait déjà un village situé à trois heures de Nguélémendouka140(*)

3. Une économie d'autosubsistance sous NKAL MENTSOUGA

Comme le plus part des sociétés de la forêt dense, les Omvang ne font pas exception et sont capables d'assurer leurs besoins d'autosubsistance. Ils produisent la totalité de leurs biens à partir des ressources naturelles. Autrefois ils ne produisaient pas au-delà de leur consommation et il n'existait pas de spéculation. Bien avant la fin de XIXème siècle, les Omvang vont faire face à de nombreux besoins.

En effet, ils avaient besoin d'armes à feu et de certains produits de luxe (étoffe, verrerie, verroterie...) de sel et de sel gemme. Ces produits leur étaient vendus par des tribus qui avaient des rapports avec celles de la côte notamment les Yebekolo, les Esum et les Yekaba, mais surtout les Haoussa141(*) qui venaient de la partie septentrionale du Cameroun et même du Nigeria actuel. Pour faire face à ces besoins, les Omvang vont produire davantage d'ivoires, de l'huile de palme, des palmistes et surtout ils vont commencer à saigner le caoutchouc à travers la forêt. Ces denrées vont leur permettre de faire du troc afin d'acquérir les produits cités beaucoup plus haut.

D'une manière générale, la production ici a un caractère familial. Tous les membres de la famille ont libre accès à la terre et à ces matières premières. La division du travail est fondée sur le sexe et l'âge. L'homme est chargé du déboisement des champs par le défrichement et l'abattage des arbres. La femme a la responsabilité de toutes les activités culturales ; car à elle, est associée l'idée de fécondité et de fertilité. Ainsi elle aura ici dans plusieurs rites relatifs aux cultures et à l'agriculture, une place centrale. On peut à titre de rappel dire que l'homme s'adonne aux activités de la chasse ou de la pêche. Tout au plus, il participe à la production de certains vivres pour lesquels l'effort physique requis nécessite son intervention. Ainsi les courges au niveau des semailles et même des récoltes nécessitent l'intervention des hommes (ignames pour la pose des tuteurs et courges pour la récolte). L'exploitation des ignames et des bananes s'expliquerait par les techniques y afférentes. Elle nécessite la pose des tuteurs. L'homme se charge également de la cueillette des noix et du vin de palme. Les enfants se chargent de certains petits travaux comme piquage du maïs et de légumineuses.

En ce qui concerne la réparation des biens, elle est familiale et communautaire. Elle traduit les rapports d'autorité et de dépendance. Au niveau des échanges, il existe un système d'échange local. Mais à la fin du XIXème siècle, bien avant l'arrivée des occidentaux, les échanges sont régionaux. Les Omvang échangeaient des ivoires, l'huile de palme, le caoutchouc contre des armes à feu et la pacotille qui leur étaient apportés par les Yebekolo, les Esum, les Haoussa et autres. Ces échanges furent plus accentués avec l'arrivée de nombreux commerçants européens dans l'actuelle ville de Nanga-Eboko142(*) si bien que lorsque le major Dominik va soumettre toute la région, il fait le constat selon lequel :

Les Omvang du chef NKAL MENTSOUGA combattent avec des mousquets...143(*).

Il existe plusieurs types d'échanges chez les Omvang ; l'on retient deux types :

- Le "Metchinda" appelé `'Bilabi `' chez les Beti est une fête au cours de laquelle on assiste à un échange de donc entre deux chefs de famille. Le jour de la fête, le chef de la famille A donne au chef de la famille B une certaine quantité de biens (poulets, chèvres moutons, viande fraîche et boucanée, et arachide) lequel distribue cela à sa famille en vue de la consommation. Six mois plus tard le chef de la famille B donne au chef de la famille A une quantité de biens supérieure à celle qu'il avait reçu. Cette fête est toujours accompagnée d'un festin et lorsque les gens sont bien reçus, ils se livrent à la danse et à des jeux virils. On parle alors de `'Bi Metchinda `' (se livrer au Metchinda). Le jeu se renouvelle de manière infinie. Le but de la fête est non seulement de garder des liens d'amitié entre deux familles mais aussi c'est une sorte de cotisation, une épargne productive.

- Le `'Bouomo `' littéralement le terme signifie en langue maka `'rencontre''. Il s'agit d'un marché périodique qui se déroule à la limite des terres de deux clans en vue d'échanger des produits. Ces endroits sont généralement des lieux sacrés (carrefours, l'ombre d'un arbre, à côté d'un cours d'eau). On y pratique du troc qui est l'échange des marchandises pour se procurer les biens que l'on ne possède pas et en vue de la consommation. Ce n'est donc pas un échange tourné vers l'enrichissement, l'accumulation des biens, mais en vue de la satisfaction des besoins. Les produits concernés ici sont les produits vivriers (banane, macabo, igname, patate, chèvres, moutons, poulets, arachides, concombre, légumineuse, viande boucanée et fraîche) et d'autres produits tels que les peaux de bêtes, les armes et des objets forgés. Dans ce marché il se produit toujours des rapts de personnes mâles qui seront fait esclave et femelles qu'on prend comme épouse.

Ainsi dans cette société Omvang comme dans beaucoup d'autres qui vivent dans le même milieu écologique, il n'existe pas de classe sociale commerçante. Le riche est quelqu'un qui a beaucoup de femmes, d'enfants et de clients en vue de produire des biens de consommation. Ce dernier n'accumule pas de biens mais les distribue.

Néanmoins, l'atmosphère de cette organisation socio-politique et économique de Nkal Mentsouga et les Omvang trouve un terrain d'obstacles avec l'arrivée du colon blanc qui déclenche le processus de son affaiblissement.

CHAPITRE 3 : LES OMVANG, NKAL MENTSOUGA ET LA

COLONISATION ALLEMANDE 1906-1916

Entre le 1906 et 1916, le stratège Nkal Mentsouga et les Omvang connaissent une nouvelle ère moins sereine. Cette ère diffère manifestement de celle qu'ils avaient vécu aux multiples grandeurs144(*). Nkal Mentsouga accède à une page qui annonce sa chute prochaine dans son évolution historique avec l'arrivée du colon allemand. Ainsi cette phase va se reconnaître à travers divers indices à la fois endogènes et exogènes à cette entité sociopolitique naguère rayonnante.

A. NKAL MENTSOUGA ET LES OMVANG FACE A L'ARRIVEE

DE LA COLONISATION ALLEMANDE.

Les Omvang comme tous les autres peuples du Cameroun subirent la double colonisation germano-française. La période allemande fut cependant moins longue à cause des contingences historiques. Et c'est elle qui nous importe car elle marque profondément le pays Omvang.

Nkal Mentsouga et le peuple omvang subirent pendant dix ans environ la colonisation germanique. Celle-ci commence avec les premières conquêtes du pays Omvang le 7décembre 1906145(*) et prend fin autour de 1918 avec la perte du Cameroun par l'Allemagne146(*).

Conquêtes et résistances en pays OMVANG

sous le commandement de NKAL MENTSOUGA

1. Conquêtes

La conquête du pays omvang fut l'oeuvre du major Dominik à partir de décembre 1906. Elle fut très difficile et pénible compte tenu des problèmes posés par le milieu naturel et la ténacité de ces populations maka et omvang au combat. Le pays MAKA était redouté des Allemands et aucun colon n'osait s'y aventurer bien qu'étant déjà présent à Nanga-Eboko depuis 1901147(*). Le major Dominik affirme que les Maka sont des cannibales et que rien ne pouvait être conclu avec eux qu'au péril de la mort148(*). A propos de leur armement le major Dominik écrit :

Les Maka sont moins pourvus de fusils et de poudre que leurs voisins les Yebekolo... Mais ils se servent habilement de l'arc de la lance et utilisent avec beaucoup d'habilité des fosses, des flèches de pieds et de l'abdomen qu'ils fixent dans les hautes herbes ou dans la brousse de telle façon que toute personne non initiée marche dessus et se blesse grièvement `'149(*).

Il poursuit et affirme que :

Les Omvang du chef NKAL MENTSOUGA combattent avec des mousquets. 150(*)

A partir de ces indices on peut comprendre pourquoi Omvang et Maka étaient réputés redoutables par les Européens. Pour soumettre le pays omvang ou du moins la zone contrôlée par Nkal Mentsouga, l'expédition allemande sous le commandement du major Domink sera secondé par le Capitaine Schlosser, le chef de la police, Muhler ,et un médecin, le professeur Haberer.

A la centaine de soldats dont ils disposent, va s'ajouter des troupes auxiliaires dont le rôle est toujours déterminant dans les guerres de conquête.

Pour pouvoir exécuter la soumission avec plus de succès, écrit le major DOMINIK, j'ai amené avec l'expédition environ 1000 auxiliaires des tribus woutés, Jeccaba et Esum. A nouveau, ils ont fait leurs meilleures preuves pour la poursuite à grande échelle comme ce fut le cas lors de l'expédition Yebekolo151(*).

Bien entendu, l'armement utilisé par les forces coloniales est moderne. Sur le terrain l'ensemble des troupes était commandé par le chef de l'expédition. Les soldats étaient répartis en plusieurs groupes en fonction du nombre d'officiers, et chaque soldat avait à sa disposition 20 à 30 auxiliaires, ce qui permettait un parfait ratissage de la forêt, car, les Maka et les Omvang s'y dissimulaient habilement.

Le pays maka, comme nous l'avons déjà présenté, est couvert de forêt dense que traversent de nombreux cours d'eau jusqu'au Nyong. Le long et Ayong en font partie. Ces cours d'eau ne peuvent être traversés que par des moyens de secours ; ces cours d'eau s'élargissaient quelques fois en marécages de plusieurs kilomètres, couverts de raphias, de hautes fougères et parfois de hautes herbes. Dans ces marécages se trouvent en général autour de quelques arbres immenses, des îlots de collines sur lesquelles les Maka tout comme les Omvang cachent tout ce qu'ils ont de plus précieux, notamment leurs femmes, leurs enfants, leur volaille et leur mobilier... Ils atteignent ces cachettes par des chemins qu'ils sont seuls à connaître, souvent en marchant dans la vase du marécage avec l'eau jusqu'aux hanches ou en utilisant de toutes petites pirogues152(*). Sur ces petites collines, des cases légères ont préalablement été construites et des vivres mis en réserve en attendant les périodes troubles.

Au premier signe de danger, les gens quittent leur village et s'en vont dans leurs cachettes. Là les femmes et les enfants restent sous la protection de quelques hommes qui s'installent en sentinelles, en général bien cachés sur les chemins d'accès éventuels ; dans le marécage, sur un arbre ou sur ses contreforts. Les autres hommes se rassemblent en groupes à des endroits désignés d'avance et s'établissent très habilement se maintenant sur des pistes ou dans des maisons des villages abandonnés pour attendre des divisions ou des patrouilles. Souvent ils vagabondent dans des marécages et la brousse pour dénicher des soldats ennemis isolés en patrouille qu'ils attaquent en terrain difficile153(*). Dans un rapport adressé au gouvernement impérial en 1910, le major Dominik écrit :

Lorsqu'on pénètre dans la brousse où souvent les chausse-trappes sont installées très habilement en blessant ceux qui avancent, lorsqu'une flèche est lancée ou lorsqu'un fusil est tiré. C'est énervant et oppressant. Si on y ajoute qu'on se trouve longtemps seul parmi les anthropologies, l'entourage horrible du champ de mort et le lieu de la véracité de tant de gens, alors il n'est pas étonnant que le sergent Fourrier Sussieck ait eu une dépression nerveuse. Quand on les poursuit, les Maka disparaissent et toujours ils se trouvent là ...154(*)

Ainsi, compte tenu de la difficulté du milieu naturel, il fallait à l'expédition des hommes qui maîtrisent cet environnement. C'est ici qu'apparaît l'importance et le rôle des troupes auxiliaires.

Il n'y a donc qu'un seul moyen : les dénicher dans leurs cachettes, leur enlever la capacité de pouvoir disparaître ; c'est à dire après que les endroits plus faciles à dénicher ont été enlevés, des patrouilles les plus fortes, fouiller en longue chaîne la forêt et les marécages. Pour cela il faut des gens et même beaucoup de gens, sinon les Maka se terrent comme des lapins qui laissent passer les traqueurs ; et les gens dissimulés sont des guerriers de réserve. Car même si on employait toute la troupe coloniale disponible, il n'aurait jamais assez d'eux à ma disposition. Ces troupes ne doivent pas combattre, mais voir dénicher et faire des prisonniers :

Combattre est l'affaire de la troupe. Mais celle-ci doit avoir un adversaire contre lequel combattre, et sans les troupes auxiliaires, celui-ci ne peut être déniché dans les marécages Maka155(*).

2. Expédition punitive de Hans Dominik et Schlosser

en pays Omvang

Le pays Omvang fut attaqué sur deux fronts. A partir du Nord-Ouest venant de Nanga-Eboko156(*), une première colonne forte d'une cinquantaine de soldats et 1000 auxiliaires Vouté Jeccaba et Esum157(*) commandée par le major Dominikavec. La deuxième colonne venait du Sud,et était commandée par le capitaine Schlosser parti d'Atok le 1er décembre 1906 avec une cinquantaine d'hommes, plus 250 Vouté et Mvele158(*). Elle arriva à Nguélémendouka le 30 décembre, et engaga une bataille acharnée contre Oundi-Nguélé, un des fils de Nkal Mentsouga dont le village comptait 138 grandes casses159(*). Après de violents combats, Nkal Mentsouga s'enfuit avec une partie de son armée le 5 décembre, son fils Oundi-Nguélé dut se rendre. Le 06 décembre, arriva à Nguélémendouka la colonne du major Dominik venant de Nanga-Eboko, et qui avait livré quelques combats contre de petits villages Maka et Omvang en cours de route. Les pertes sont légères de part et d'autre. Du côté Omvang, quelques dizaines de guerriers sont tués, la grande partie de l'armée ayant pris la fuite avec leur chef. Du côté de l'expédition, un porteur est blessé mortellement, 4 soldats sont blessés. Le 07 décembre, le capitaine SCHLOSSER poursuit sa mission dans la région de Doumé (Sud-Est de Nguélémendouka). Le major Dominik et sa colonne devaient poursuivre son action vers le Nord-Est jusqu'à Bertoua. Le professeur Habere quant à lui demeura à Nguélémendouka qui allait dorénavant servir de point d'appui et de camp de rassemblement des blessés. Le chef de police Muhler se joignit au capitaine Schlosser.

Aidés des auxiliaires Yeccaba et Esum, deux patrouilles suivaient la trace du chef des Omvang à partir de la frontière du pays Yebekolo en amont du Nyong, dans les vastes zones de forêt vierges et de marécages. La plupart des chefs Maka de la région qui avaient été soumis par les Omvang collaboraient avec les Allemands. Pour eux l'arrivée des colons était salutaire car, ils allaient pouvoir se libérer du joug Omvang :

Tous les chefs de la région, écrit le capitaine Schlosser, veulent participer à l'action contre Nkal Mentsouga. Ils les auraient traités abominablement et les auraient empêché d'entrer en contact avec les Européens160(*).

Après sa fuite de Nguélémendouka, Nkal Mentsouga s'était réfugié dans le village natal de sa mère à Badisham à une douzaine de kilomètres au Nord (est de son village principal. Mais il fut tout de suite trahi par des chefs Maka, collaborateurs considérés comme «amicaux » par les Allemands. De nombreuses troupes ratissent le pays Omvang, aidés par les auxiliaires Voûté Yeccaba, Esum et Mvele. Le 22 décembre, toute la région de Nguélémendouka est sous contrôle. Un rapport signale la mort de centaines d'Omvang et fait état 300 prisonniers. Du côté des assaillants, un rapport du capitaine SHLOSSER dénombrait 2 morts et 6 soldats blessés dont 2 grièvement ; les pertes des auxiliaires s'étaient également assez élevées161(*).

Nkal Mentsouga s'enfuit de Badisham, pour se réfugier à Ngele-Gobbo à 6 heures, à l'Est de son ancienne résidence. Il tenta à plusieurs reprises d'entrée en pourparlers avec le professeur Haberer, mais ils n'aboutirent jamais à un accord. Trahi à nouveau par les Maka qui lui étaient hostiles, il fut encerclé le 6 janvier 1907 par environ 2000 guerriers Voûté, Yeccaba, Esum, Mvele et Maka commandés par Dominik. Le 7 janvier dans l'après-midi, il envoya un émissaire au major Dominik pour lui annoncer sa reddition. Il se rendit quelques heures plus tard avec 200 guerriers qui lui étaient restés fidèles.

Comme preuve de sa soumission, Dominik lui imposa la construction par ses gens la route de Doumé qui traverse son territoire, de fournir 100 travailleurs de force par an, et de couvrir les frais de la campagne du pays omvang qui s'élevait à 10 grandes défenses d'ivoire.

L'arrestation de Nkal Mentsouga marquait la fin de la résistance et la soumission du pays Omvang. Bien sûr cette résistance continua de manière passive jusqu'en 1910. Par ailleurs, cette résistance ne va pas permettre une administration et une exploitation efficiente du pays Omvang.

2. Administration, mise en valeur et exploitation économique

du pays Omvang

Le territoire Omvang de Nkal Mentsouga appartenait à la circonscription administrative de Doumé (Dume Station) où étaient installés le poste militaire.

La station de Doumé avait été crée en 1906 à l'endroit où la rivière Doumé, large de plusieurs mètres, commence à être navigable. Elle avait été édifiée par le lieutenant Kirch avec l'aide des Maka pacifiés dans un premier temps ; et plus tard, avec les travailleurs de force. Avec sa création, les Allemands affirment que ce fut le pas en avant le plus remarquable qui fut fait sur la voie du développement et de l'exploitation de l'Est- Cameroun. En effet, comme écrit le major Dominik :

Cette région avec ses riches reserves en caoutchouc est actuellement au centre des parties productives de la colonie162(*).

Bien que les raisons économiques paraissent fondamentales dans la création de la station de Doumé, il ne faudrait pas perdre de vue les intérêts militaires et :

Le besoin d'établir une administration permanente dans la région pour le pays, des européens et des indigènes163(*).

Pour aller de la station de Yaoundé à celle de Doumé, le Nyong constituait la voie commerciale par excellence vers le centre du caoutchouc de l'Est-Cameroun. La route menait en deux jours d'Abong-Mbang, le terminus de la portion navigable du Nyong à la station sur le Doumé. L'autre route, la plus proche et la plus septentrionale par Nguélémendouka et par le pays Yebekolo allait prendre de plus en plus d'importance. Le pays Omvang qui jouxte la région de Doumé allait constituer le principal foyer de main d'oeuvre et même le grenier de la station. Les travailleurs Omvang étaient envoyés à Lomié dans la Sud-Est de la circonscription où la population est très faible pour la construction des routes et les aménagements divers ; la plupart était occupée à l'édification de la station de Doumé achevée en 1911. Ils furent également utilisés pour construire la route Nguélemendouka-Doumé et celle qui va vers Yaoundé jusqu'en pays Yebekolo.

Malgré la soumission des Omvang et la participation active de lsa population aux travaux de mise en valeur de la région, le district de Doumé, et partant, le pays Omvang, n'était pas encore définitivement soumis et ne le fut d'ailleurs jamais. C'est ce qui fait dire au major Dominik en 1910 dans un rapport adressé au gouvernement impérial que la région appartenant au district de Doumé n'était pas encore mûre pour une administration, car elle n'était pas encore définitivement soumise164(*). C'est pour cette raison que jusqu'au départ officiel des Allemands en 1916, cette région ne sera administrée que par des militaires.

Pour ce qui est de la mise en valeur du pays omvang, il faut tout d'abord signaler que les principales infrastructures dont vont bénéficier les Omvang sont constituées de routes qui vont traverser et desservir toute la région. Une large route de communication entre la station de Doumé et Yaoundé par Nguélémendouka a été construite ; sur le plan sanitaire, un centre accueillant des blessés est installé à Nguélémendouka sous la direction d'un médecin : le professeur Haberer. Les Allemands n'ont pas créé de plantations dans la région. Ils se bornèrent à tout simplement faire saigner le latex par les populations moyennant une petite récompense aux chefs. Les populations étaient encouragées également à fabriquer de l'huile de palme et à casser les palmistes. La région regorge en effet de grandes réserves de caoutchouc et de palmiers à huile. Toute cette production était acheminée à Deng-Deng, près de Bertoua où s'étaient installées la plupart des firmes Allemandes.

L'exploitation du pays omvang par les Allemands n'a été possible que grâce à la politique de cantonnement qu'ils mirent sur pied. En effet, les populations qui vivaient ici dispersées dans la forêt étaient ramenées de force le long des routes. C'est de cette façon que le village Mbama où se trouve le poste de Doumé, fut créé. Mais ici, le cantonnement fut à grande échelle. En effet les populations venaient de tout le district en vue de créer un grand village autour du poste. Les populations maka et omvang de la région seront déportées à Mbama (Doumé) par l'un des hommes de main des Allemands le chef Amougou Tsie Mekouogou un Maka Ebessep qui sillonnait la région avec des guerriers en arme. Grâce à sa collaboration avec l'administration allemande, il était devenu très influent avait vu et son pouvoir s'accroitre.

Les rapports entre l'administration coloniale, les populations Maka et surtout Nkal Mentsouga vont très vite se détériorer à cause des nombreuses exactions dont ceux-ci étaient victimes. Ces exactions allaient provoquer l'insurrection de 1910 contre l'administration allemande.

3. L'insurrection Maka de 1910

L'insurrection de 1910 concerne tout le district de Doumé dont la majeure partie de la population est Maka et dont fait partie de la population du pays Omvang. Les causes de cette insurrection sont diverses et les conséquences multiples.

Les causes

Les causes de l'insurrection du district de Doumé sont diverses et controversées. Pour la capitaine Marschiner cité par le major Dominik, les motifs propres à l'insurrection sont la construction de la digue à Abong-Mbang ou la mortalité suite à la construction du chemin de fer comme le gouvernement impérial croît pouvoir le supposer d'après son ordonnance du 2-6 N° 696165(*). Selon le major Dominik, ces épisodes ont aussi agité et aigri de nombreux Maka, les motifs les plus profonds pour l'agitation dans tout le district de DOUME sont les suivants :

Le district n'a encore jamais été soumis définitivement et ne fut jamais véritablement entre les mains du poste...... 166(*).

Les Maka combattaient régulièrement contre l'armée coloniale allemande dont ils n'avaient jamais admis la domination. Ils n'ont jamais toléré la présence des commerçants et des colporteurs qui entreprenaient des négoces. Pire encore, ils n'avaient jamais apprécié le travail forcé. Pour des gens en qui sommeille l'esprit de liberté, la présence répétée des patrouilles était calvaire. Toutes les populations de la région étaient convoquées par la poste de Doumé. Au début elles venaient encore de bon gré au travail sous l'effet des combats où ils ont été soumis et par l'influence de l'autorité des officiers allemands, comme le capitaine Scheuneman. Mais plus tard, il fallait aller les faire chercher ou rechercher sans cesse par des patrouilles :

Ces patrouilles se sont fait haïr énormément comme le premier lieutenant Schipper.... Et leur utilisation fut aussi une des raisons principales à l'origine de l'insurrection... 167(*).

Au Nord du Sunnanga168(*), Warschener, et le chef de la station vont échapper à la mort successivement à Issousala169(*) et sur la route Elany-Etoa bogo170(*). Un policier de Linga, lui aussi est attaqué à Issousala et à Mimbang, informa Warschener que le chef Nkal Mentsouga avait ordonné à ses sujets de tuer tous les soldats, parce que ceux-ci voulaient les conduire dans les camps de travail où ils iraient mourir de travail et d'inanition171(*).

Le rapport du 26 avril 1906 du capitaine faisait remarquer au gouverneur que toute la région était déjà en état de soulèvement172(*).

Manifestations et conséquences

C'est dans cette atmosphère très tendue qu'un employé de la firme John Holt et Compagnie, Arnold Bretscheneider, envoyé le 9 mai 1910 dans la zone troublée pour récupérer les travailleurs, fut abattu. Trois porteurs seulement de son équipe purent échapper à la mort. Les colis de viande furent distribués aux villageois dans différentes localités173(*).

Comme nous l'avons maintes fois signalé, le district de Doumé est constitué en majorité de Maka. Les Allemands pensent que le chef Nkal Mentsouga aurait joué un rôle capital dans le déclenchement de la rébellion. Celui-ci se serait habilement servi des motifs de rébellion de chacun de ses féaux Maka, résultant du désir de liberté contre le surtravail et de la haine contre les soldats, pour en faire le motif principal de l'insurrection générale.

Les Omvang avaient soumis tous les Maka de leurs environs ; ils exerçaient par conséquent une grande influence sur eux. Ceux-ci sont devenus indépendants avec l'aide du poste de Doumé. Les Omvang se sentent alors offensés du fait que les Maka étaient désormais mis au même pied d'égalité qu'eux avec l'arrivée des Européens. Ainsi, ils auraient voulu rétablir leur pouvoir, c'est pourquoi ils avaient rassemblé tous les chefs Maka qu'ils connaissaient, et leur auraient dit :

Tuez tous les blancs et les soldats, alors vous n'aurez plus besoin de travailler, de payer les impôts et aucun soldat ne vous maltraitera plus174(*).

Les Maka l'ont fait dans la mesure où cela leur était possible, et le pays se trouva en état de rébellion.

L'insurrection de 1910 se manifesta par une désobéissance généralisée de la part des populations, vis-à-vis de l'autorité coloniale, par l'assassinat de commerçants blancs et de soldats. Le premier blanc assassiné fut le commerçant Arnold Bretscheneider 175(*), probablement dans le village de Sallé entre Doumé et Nguélémendouka, village que commandait le chef Omvang Tole Nguélé fils de Nkal Mentsouga. L'autre assassinat fut celui du commerçant Hinrichsen176(*) le 27 décembre dans le secteur de Ndjong-Kol177(*).

Déjà, peu après l'annonce de l'assassinat de Arnold Bretscheneider, le chef de circonscription Hauptman expédiait le 17 mai, l'adjudant adjoint Sussiek sur les lieux du crime avec 30 soldats. Lui-même quitta Ngamba après avoir bloqué la route de Doumé-Ndengué pour se rendre à la station où il arriva le 20 mai. Conformément au télégramme qui lui était parvenu, il se porta le jour suivant dans la zone d'insurrection en compagnie d'une puissante armée. La colonne de Rosener qui avait pris la direction de Sangama et d'Ebah178(*), essuya des tirs à plusieurs reprises à partir de ce dernier village. Lorsque la jonction s'opéra, il retourna à Ngamba et envoya les Ngassé renforcer la colonne de Sussiek. Celui-ci avait déjà eu un mort et 16 blessés dans sa suite179(*). Le soir, Sussiek arriva au camp avec Nkal Mentsouga pour qu'ensemble avec d'autres chefs, fassent partir les Européens de leur région. Nkal Mentsouga fit accord, offrit son aide et ses cartouches. Le lendemain, il devrait se rendre dans son village et attaquer tous les ennemis qui emprunteraient la route reliant Doumé à son fief. Dans la nuit, Sussiek apprit que le plan de Nkal Mentsouga n'était qu'une trahison. Il retira, par conséquent des hommes de Nkal Mentsouga, 46 fusils ; ensuite, il se présenta ainsi que sa section et les autres chefs qui l'accompagnaient à Hauptman. L'interrogatoire auquel celui-ci procéda immédiatement révéla qu'à la suite d'une réquisition d'ouvriers entreprise par la circonscription, et surtout à cause de nombreux morts enregistrés au moment de la construction du pont d'Abong-Mbang, et du fait l'insécurité provoquée dans la région, 50 chefs Maka commandés par Nkal Mentsouga s'étaient réunis et avaient préparé une conspiration destinée à tuer tous les Européens et tous les soldats installés à Doumé. Il était dès lors prouvé que Nkal Mentsouga faisait partie de cette conspiration contre les Européens180(*).

Suite à ces révélations et face à cette situation, l'administration allemande réagit par des mesures draconiennes vis-à-vis des «indigènes ». Des expéditions punitives étaient organisées et les populations décimées comme le témoignent les dizaines de squelettes découverts par des paysans sur les bords du Nyong à Konaké181(*) et que nous avons examiné chez les Maka du Sud. De nombreux chefs considérés comme responsables de l'insurrection furent arrêtés et condamnés selon la loi martiale. Le vieux Nkal Mentsouga n'échappa pas à ce destin. Arrêté, il fut pendu publiquement devant la station de Doumé avec Okang, Ngoen, Bobele, Bonanga, Aulemaku et bien d'autres.

Le bilan de l'insurrection fut lourd pour les autochtones. De nombreuses populations furent décimées, les mesures de police furent renforcées. Pour ce qui est des pertes allemandes, le major Dominik écrit :

Les pourcentages des pertes de la compagnie sont si élevés que j'ai dû me résoudre, malgré les hésitations que le gouvernement fédéral a fait connaître à employer des guerriers de secours des tribus. Marschner avait tout d'abord refusé le recrutement d'auxiliaires. Mais, il a reconnu à juste titre qu'on ne peut pas du tout opérer sans eux, vu l'état du pays où se joue la guerre182(*).

La colonisation allemande prit fin avec la guerre de 1914-1918. Malgré la répression exercée à son encontre la population ne fut jamais totalement soumise.

CHAPITRE 4 : IMPACT DE LA COLONISATION ALLEMANDE SUR LE

TERRITOIRE DES OMVANG

La colonisation du pays omvang fut courte. Cependant, Nkal Mentsouga et son peuple connurent leur anéantissement, leur perte de prestige et leur dépendance culturelle et linguistique vis-à-vis de leurs voisins. Elle eut plusieurs répercussions notamment sur les domaines politique, économique et socio-culturel.

A. SUR LE PLAN POLITIQUE

La pénétration en territoire Omvang du chef Nkal Mentsouga a entraîné le bouleversement de l'institution politique traditionnelle, posant les problèmes de commandement du pays Omvang.

1. Les problèmes de commandement du pays omvang

Le pays Omvang devenu chefferie Omvang sous l'occupation allemande, et rattaché à la station de Doumé va connaître de nombreux problèmes sociopolitiques. Depuis la mort de Nkal Mentsouga survenue en 1912, la chefferie menace de se désagréger. Au commandement unique que celui-ci s'exerçait sur les Omvang de son vivant, les capita essayèrent de se constituer des commandements autonomes, indépendants ; et bien entendu cela ne se fit pas sans luttes. Son successeur Nanga Nguélé avait tenté de consolider l'unité du groupement mais sans grand succès. A ce propos le lieutenant Desanti écrit :

Le successeur de Nkal Mentsouga fut pour le village principal le chef Nanga Nguélé que nous trouvâmes en fonction au moment où nous occupâmes le pays. Bien que n'étant pas doué d'une très grande énergie, Nanga avait cependant une autorité sur son groupement. Lui-même mourut de la maladie du sommeil en 1918183(*).

Et de renchérir :

A son jeune frère Etoboko, jeune homme insouciant et ivrogne, uniquement préoccupé de femmes revenait le commandement du groupement184(*).

Il fut le premier artisan de la dislocation de son commandement. En effet lui-même quitta les villages principaux pour s'installer à part avec ses nombreuses femmes, quelques parents et amis. La rentrée de l'impôt cessa et il fallut pour l'assurer que l'administration allemande (puis française) organise des équipes de récolteurs de palmistes, d'huile de palme et de caoutchouc sous la surveillance directe de tirailleurs. Etoboko fut puni disciplinairement mais ne se corrigea guère. Au mois de mars 1916, il n'avait pas encore payé un sou de son impôt, et le chef de circonscription arrivé dans le groupement Omvang constata que l'anarchie la plus complète y régnait.

Dès lors le remplacement d'Etoboko, s'imposait mais n'y avait aucun enthousiasme pour assurer un commandement beaucoup trop lourd pour eux. Aucune autre famille ne pouvait s'imposer aux habitants assez frondeuse. Après quelques réunions sans succès avec des notables, le chef de circonscription nomma chef du groupement Omvang, un certain M'vom, cousin de feu Nanga, qui commandait déjà un village situé à trois heures du village principal (Nguélémendouka). Ce dernier vint s'y installer à sa résidence. Avec plus de deux cent hommes, il entreprit de construire des cases que viendraient habiter de nombreuses populations disséminées dans la brousse du fait de la guerre, et par la suite, de la mort de l'ex-chef Nanga. Etoboko fut amené à Doumé pour comparaître devant le tribunal de la circonscription au motif que sa conduite entravait le recensement et la perception de l'impôt. Il fut condamné à une peine d'emprisonnement.

A la fin du mois de mars 1919, le chef de la circonscription de Doumé, le lieutenant Desanti pouvait affirmer :

Qu'enfin, la reconstruction du groupement de Nguélémendouka est en bonne voie. Peut-être ce serait là le premier pas vers la constitution d'un fort commandement Omvang185(*).

Mais c'était aller très vite en besogne car il fallait compter avec les difficultés liées à la politique de cantonnement, et au laxisme du peuple. Car, ici il ne suffit pas de donner des ordres, mais il faut surveiller leur exécution. Pour ce faire, il faut sillonner régulièrement le pays, exercer une pression permanente pour obliger les indigènes au travail, sinon c'est prêcher dans le désert. Ils répondent toujours oui à toutes les questions du `' Blanc `', se mettent au travail aussitôt puis abandonnent dès que celui-ci est hors de leur vue.

Toutes ces attitudes peuvent être comprises lorsqu'on sait que l'Omvang tout comme le Maka sont des peuples libertaires et n'ont jamais accepté de quelque manière que ce soit toute forme d'autorité. Nous pouvons également ajouter que la notion de travail n'est pas perçue de la même manière entre l'indigène et le colon blanc. Ici les gens ne sentent pas le besoin de beaucoup travailler car ils ont toujours vécu en harmonie avec leur milieu, l'exploitant a leur manière. L'homme blanc lui arrive avec une autre notion du développement et surtout une exploitation abusive de ce milieu en utilisant l'indigène comme main d'oeuvre. Ce sont là autant d'éléments qui justifient la paresse constatée chez les indigènes.

Le commandement du groupement Omvang ne retrouva pas de stabilité avec le chef M'vom, celui-ci manquait de légitimité et d'autorité, il devait en outre faire face à de nombreuses difficultés et même parfois il sera oblige de mentir aux autorités coloniales. De nombreuses personnes demeuraient toujours en brousse. Le nouveau chef de circonscription, le capitaine Debost allait lui adjoindre cinq tirailleurs chargés de le surveiller et même de lui donner des ordres. Une fois même, il va payer l'impôt de tous ses sujets vivant toujours en brousse ; ce fut aussi le cas du chef Amougou, près de Doumé, qui dû payer l'impôt de cinquante personnes qu'il n'avait pas pu ramené au village. C'est ce qui va justifier l'attitude des chefs vis-à-vis de leurs administrés. Ils seront sans pitié pour ces derniers et ils trahiront régulièrement leurs sujets auprès des tirailleurs et des `' Blancs `'186(*).

M'vom sera destitué plus tard et exilé à Batouri chez Damboura, chef supérieur des Kaka187(*). Il fut remplacé par Nguélé Kamba la même année. Nguélé Kamba dû sa place que grâce au désistement de ses deux neveux Oundi Bilounga et Oundi Nguélé tous deux chefs de village.

Jusqu'en 1916, fin de la colonisation allemande, le commandement de la chefferie Omvang restait difficile. Les chefs devaient fournir plusieurs charges en termes de vivres, ces charges devaient être acheminées sur Doumé (chef lieu de la circonscription) pour le ravitaillement des travailleurs de force et des fonctionnaires. Ce qui ne fut pas toujours fait car les chefs Omvang étaient peu scrupuleux et trouvaient toujours de parades pour ne pas exécuter les ordres de l'administration. Oundi Nguélé, successeur de son oncle Nguélé Kamba allait s'illustrer lui aussi par un laxisme chronique vis-à-vis de l'administration coloniale. Il allait cependant reconstruire le village principal. Le rapport du chef de la circonscription d'Abong-Mbang adressé au commissaire de la République stigmatisait déjà la nullité du chef supérieur Oundi Nguélé et souhaitait sa destitution éventuelle188(*). Celui-ci fut destitué plus tard et remplacé par Dang Nguélé qui allait vivre la période de la colonisation française et de la deuxième guerre mondiale.

Entre autres impacts après la mort de Nkal Mentsouga, sa chefferie devenue le groupement Omvang, connaît un problème d'exode de ses sujets : cet exode était due à la proximité des circonscriptions de Nanga-Eboko et d'Akonolinga. Ces deux régions exerçaient,en effet, un attrait irrésistible sur ses populations car elles étaient plus développées et constituaient les plus grands centres commerciaux de la région. Ainsi cette mobilité perturbait les recensements, la collecte de l'impôt et le recrutement des travailleurs de force.

D'une manière générale, l'administration et le commandement du pays Omvang n'était pas chose aisée tant les populations imbues d'elles-mêmes étaient réfractaires à toute forme d'autorité. Cependant la mise en valeur et l'exploitation du pays Omvang allait s'effectuer malgré toutes ces inhibitions.

Si la colonie représentait pour la métropole un `'bien `', le `'règne de la paix'' était une exigence pour l'exploitation des richesses189(*).

2. Les Omvang et la première guerre mondiale ou le prélude

de l'occupation française

La première Guerre Mondiale est déclenchée à l'Est-Cameroun le 5 juillet 1915190(*). Sous la conduite du général Aymerich et des colonels Hutin et Morisson, les troupes franco-belges venues de l'A.E.F190(*) , s'engagent à Moloudou, Yokadouma, Batouri et Bertoua qui tombent le 22 juillet 1915. Après une sérieuse résistance d'environ huit mois, la station de Doumé est abandonnée et livrée aux flammes en 1916. Lomié est également abandonnée et livrée aux flammes. Toutes les troupes allemandes, se replièrent alors en pays Omvang. C'est alors qu'elles tentèrent une contre-offensive pleine d'audace autour de Nguélémendouka. Des combats indécis retardèrent deux mois durant la marche des troupes alliées. Une offensive générale menée par le Général Aymerich est lancée le 16 octobre. Tout le pays Omvang est sous le contrôle allié et le 24 novembre, Nanga-Eboko tombe.

Au cours des hostilités et pendant les années d'occupation militaire, les `'indigènes'' (Maka et Omvang) furent mis à rude épreuve. La loyautés et le soutien furent exigés de l'un ou de l'autre belligérant occupant le terrain. Les autorités traditionnelles, les chefs de villages et chefs de familles furent sommés de fournir conscrits et porteurs. Elles devaient également payer une contribution financière, livrer des vivres et du bétail pour la troupe.

Des chefs locaux s'engageaient dans l'une ou l'autre armée, offrant leurs services comme guides et tirailleurs. Les Allemands auraient recruté beaucoup de Maka comme soldats. Par contre bon nombre de chefs et de fils d'anciens leaders prestigieux Omvang pendus ou fusillés durant l'occupation allemande profitèrent de l'occasion pour se venger. Ainsi ils s'engagèrent dans l'armée française.

En dehors de l'effort de guerre considérable, les populations souffrirent énormément des exactions commises par les deux armées combattantes pendant l'occupation. Les vivres furent réquisitionnés, les greniers pillés et les plantations dévastées. Dans la retraite les Allemands mettaient le feu aux villages et aux hameaux. Dans la forêt des mutineries de tirailleurs étaient légions. Des patrouilles menaçaient des populations, de nombreuses exactions étaient commises... La cruauté des tirailleurs était grande ; le vol, le viol, les assassinats étaient leurs loisirs favoris. De nombreuses familles furent décimées. En conséquence les gens s `enfuirent dans la forêts et les marécages pour trouver la sécurité191(*). Là, ils reprirent leur mode de vie traditionnel. On enregistra des règlements de compte entre anciennes familles ennemis et des actes de cannibalisme chez les populations... Autant de pratiques que l'administration allemande s'était efforcée d'éradiquer avec quelques succès192(*).

Ainsi quand les Français prirent possession du Cameroun allemand au terme de la victoire des alliés sur l'Allemagne en 1918, ils trouvèrent devant eux un pays Omvang ravagé par la guerre, désorganisé et socialement déliquescent. Ce fut donc sous l'impulsion du gouverneur des colonies Fourneau que le pouvoir colonial français prit pied dans le territoire de l'Est Cameroun pour près de 45 ans.

B. SUR LE PLAN ECONOMIQUE

Le but de la colonisation allemande était d'exploiter la colonie au détriment des colonisés193(*). C'est dans cette optique que les autorités allemandes installées dans la circonscription de Doumé vont s'atteler à exploiter systématiquement les richesses de la région de Nkal Mentsouga.

Dans les multiples objectifs de la pénétration allemande dans l'arrière pays, figurait donc en bonne partie l'inventaire des ressources économiques et humaines. Il fallait en effet inventorier les ressources humaines à l'intérieur de la région de Nguélémendouka en vue du recrutement ultérieur des travailleurs et des porteurs pour l'exploitation et la mise en valeur de cette région et de la station de Doumé.

1. Exploitation et mise en valeur de la région de Nkal Mentsouga

Le territoire de NKAL MENTSOUGA qui jouxte la région de Doumé va constituer le principal foyer de main d'oeuvre et même le recevoir de la station. NKAL MENTSOUGA et son peuple vont participer activement aux travaux de mise en valeur de la région, notamment la construction de la route Doumé-Yaoundé par Nguélémendouka ; le saignement du latex à Nguélémendouka moyennant une récompense aux chefs ; la fabrication de l'huile de palme et le broyage des palmistes. Ils vont exploiter le caoutchouc et les palmiers à huile.

Cependant, l'exode massif des Omvang par la contrainte précipitait la désorganisation économique de la région. Car, ce phénomène engendrait comme partout ailleurs pendant la colonisation, l'absence prolongée ou définitive de l'homme de son foyer, laissant les champs en friche, compromettant les semences et les récoltes, exposant les populations à la famine194(*).

Le plan sanitaire n'était pas en reste. Un centre médical dirigé par le professeur Haberer était crée à Nguélémendouka.

2. La Politique de cantonnement

Pour une meilleure exploitation du pays Omvang et un contrôle effectif de la population, les autorités allemandes mirent sur pied la politique de cantonnement. Les populations Omvang de Nguélémendouka étaient regroupées de force le long des routes pour constituer des petits villages. Il faut le noter, le cantonnement fut à grande échelle et a permis la création de grands villages tels Ouldik, Ebah, Mpet, Akossa, Miambo, Azomekout et Nguélémendouka pour ne citer que ceux-ci. Cependant, la mentalité des populations locales n'était pas favorable pour une administration décente.

C. SUR LE PLAN SOCIOCULTUREL

1. Les pertes humaines, matérielles considérables et

les déportations des populations.

La résistance de Nkal Mentsouga eut des effets nombreux. Face à la résistance, l'administration allemande prit des mesures draconiennes et fut sans pitié pour Nkal Mentsouga et son peuple. Des purges et des expéditions punitives furent organisées. Les populations furent décimées comme le témoignage des dizaines de squelettes découverts par les paysans sur les bords du Nyong à Konake195(*). Des chefs considérés comme responsables de l'insurrection furent arrêtés et fait prisonniers selon la loi martiale.196(*)

Le 22 décembre 1907, toute la région de Nkal Mentsouga est anéantie. Les pertes humaines subies par Nkal Mentsouga furent considérables. Destruction des habitations, des récoltes et du bétail. Ces représailles entraînèrent la famine générale en territoire Omvang197(*).

2. La soumission des Omvang de NKAL MENTSOUGA

Au cours des hostilités et pendant les années de colonisation allemande, Nkal Mentsouga furent mis à rude épreuve. Sa loyauté et son soutien furent exigés. Il fut sommé de fournir conscrits et porteurs. Son peuple et lui devaient également payer des contributions.

Comme preuve de soumission, le major Dominik exigea du vaincu de faire construire par ses gens la route de Doumé qui traverse son territoire, de fournir 100 travailleurs de force pour l'an et de couvrir les frais de la campagne du pays Omvang en payant 10 grandes défenses d'ivoire.198(*) Ce qui fut strictement exécuté par Nkal Mentsouga. L'arrestation de Nkal Mentsouga marquait ainsi la fin de la résistance et la soumission du pays Omvang.

Il apparaît donc que les Allemands avaient effectué des prises d'hommes par la contrainte pour leurs travaux. Les centaines de jeunes quittèrent leur région par la force pour aller travailler sur les chantiers de constructions du chemin de fer, des routes et à l'exploitation des plantations de caoutchouc et des mines. Ces déportations furent pour beaucoup dans la désorganisation de l'économie Omvang.

3. La perte de l'autorité et de leur identité linguistique et culturelle de

NKAL MENTSOUGA et ses Omvang

Depuis leur départ de chez les Yebekolo, le peuple Omvang à perdu sa langue et parle actuellement des dialectes qui sont ceux des peuples qu'ils côtoient.

Le peuple Omvang est devenu linguistiquement et culturellement dépendant de ses voisins, ce qui implique une perte totale de son identité et la difficulté de lui attribuer une appartenance. Egalement le séjour de Nkal Mentsouga à Yaoundé et le comportement de ses frères à son retour témoignent de cette perte de prestige et d'autorité de celui-ci sur ses voisins.

En outre, l'arrivée de la colonisation allemande dans le pays a entraîné l'arrêt des mouvements migratoires à l'intérieur du pays199(*) en général et dans cette région, en particulier prit fin. Les différentes tribus furent obligées de se fixer là où la colonisation les avaient trouvé.

En fin de compte, Nkal Mentsouga et les Omvang avaient certes vaincu les Maka mais ce ne fut qu'une victoire à la pyrrhus. Car, avec le soutien du colon allemand qui voulait mettre fin à l'hégémonie de Nkal Mentsouga et de son peuple dans la région ; Les Omvang de Nguélémlendouka furent vaincus linguistiquement et culturellement et pour toujours par leurs voisins.

CONCLUSION GENERALE

Au terme de ce modeste travail de recherche historique, la question qui nous vient à l'esprit est de savoir si avons-nous atteint l'objectif que nous étions fixés au départ à savoir, de reconstituer cette histoire ?

Cette étude a été soutenue et guidée par un certain un nombre d'idées. La première posait la problématique des origines et des modalités de contrôle du nouvel espace conquis par Nkal Seleg et Nkal Mentsouga et les Omvang. La seconde se penchait sur celui non moins important de l'organisation socio-politique, assez originale dans un cadre lignager où les Omvang s'étaient s'organiser en un état centralisé. Il ressort que le peuple Omvang a connu une organisation politique, économique, socio-culturelle favorable pour son rayonnement. Un mode de société hiérarchisée où chaque membre de la famille avait une place précise et jouait un rôle défini. Le respect mutuel et la solidarité étaient des normes qui régissaient la famille omvang (Sikonda et Ngomeya)

Ce respect mutuel et cette solidarité avaient permis aux Omvang de vaincre leurs voisins ; et de devenir les nouveaux maîtres du nouvel espace. Toute cette hégémonie Omvang a le mérite d'être reconnue à deux grands conquérants, Nkal Seleg qui a fasciné son fils, Nkal Mentsouga devenu son successeur. Nkal Mentsouga, personnage central de ce travail s'est illustré comme l'un des grands résistants à la colonisation allemande.

Après sa pendaison en 1912, les choix portés par les Allemands sur ses descendants, n'avaient nullement favorisé le redressement de cette localité qui porte le nom de son fondateur. Ces choix avaient plutôt conduit vers une montée des antagonismes et des discordances entre peuples Omvang (Sekonda et Ngonmeya) et leur acculturation linguistique et culturelle par leurs voisins.

La colonisation allemande a largement affecté Nkal Mentsouga et son peuple sur tous les plans dans un espace de temps très court. Les confrontations et les déportations des populations Omvang ont contribué au dépeuplement de la région, à la perte de leur prestige, à la pendaison de leur chef et à sa perte de prestance dans la cour du chef Charles Atangana, avec humiliation et mépris. Cependant, la pénétration allemande a entraîné la stabilité de la région mettant fin aux différentes migrations, aux différentes escarmouches entre des peuples et sonnant ainsi le glas à la désorganisation de la chefferie Omvang qui aura régné une cinquantaine d'années.

ANNEXES

SOURCES ET REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

I. Les sources primaires

A. Les sources orales

1- Interviews

Informateurs

Ages

Statut social

Ethnie

Lieu de l'entretien

Date de l'entretien

Ava Nguele Marc Aurèle

66 ans

Maire de la CR de Mboma

Maka Mbwanz

Mboma

26/12/2004

Dang Dieudonné

53 ans

Notable, 2ème Adjoint CR Nguélémendouka

Omvang Ngomeya

Ngouong

05/01/2005

Djeng Edou Mathurin

62 ans

Chef 3ème degré quartier Zapi Nguélémendouka

Omvang Sekonda

Nguélémendouka quartier Zapi

03/01/2005

Ekanga Hilaire

76 ans

Notable

Maka Ebessep

Samba

23/11/2004

Engamba Elang Albert

70 ans

Petit fils de Nkal Mentsouga et Maire de CR

Omvang sekonda

Nguélémendouka

23/12/2004

Fouba Nguele Françoise

87 ans

Fille du Chef Nkal Miague, belle fille de Nkal Mentsouga

Omvang Sekonda

Nguélémendouka

28/12/2004

Mbeng Gilbert

73 ans

Chef 3ème degre du village Ngouong

Omvang Ngomeyap

Ngouong

29/12/2004

Mekok Pierre

63 ans

Ancien conseiller municipal-Notable

Omvang Sekonda

Nguélémendouka

26/12/2004

Ndi Cosmax

81 ans

Notable

Omvang Ngomeyap

Nguélémendouka

29/12/2004

Ngono Anne

127 ans

Veuve de Nkal Miague du village Koumbou

Ménagère

Omvang Ngomeyap

Nguélémendouka

28/12/2004

Nguele Jean

109 ans

Porteur du Chef Nkal Mentsouga

Maka Ebessep

Samba

23/11/2004

Ze Nguélé René

 

Chef Supérieur des Omvang

Omvang Sekonda

Yaoundé

25/01/2005

Zeh Gilbert

84 ans

Petit de Nkal Mentsouga -Notable

Omvang sékonda

Nguélémendouka

26/12/2004

Zok Dang Rigobert

68 ans

Ancien Inspecteur pédagogique, petit fils de Nkal Mentsouga

Omvang sekonda

Nguélémendouka

 

2.Cassette audio

C'est une cassette enregistrée lors du festival culturel Omvang tenu à Namedjap par Nguélémendouka du 20 au 23 juillet 1988. Nous en avons exploité pour restituer l'histoire du processus migratoire des Omvang. Y ressorte les témoignages du `'vieux BEYEM'' d'Esseng et du patriarche EKONGOLO du village Mbeka'a par Ayos.

B. Documents d'archives 

- Les Archives Nationales de Yaoundé (ANY).

- Archives de la Sous Préfecture de Nguélémendouka.

TA 29, Rapport allemand relatif à la soumission des Maka en 1906.

TA 12, Rapport de Hans Dominik 1910, Dossier 1040 ° 94-107

Rapports de tournées effectuées par les administrateurs français

dans la circonscription de Doumé (Haut-Nyong).

- APA 11317/C, Rapports de tournée, 1918-1927

- APA 10784/G, Rapports de tournée, 1932

II. Sources secondaires

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- Journal de la Société des africanistes, T4, fascicule 2, 1934.

- Etudes camerounaises, n°21-22, Yaoundé, 1948.

V. DICTIONNAIRES ET ENCYCLOPEDIES

- Dictionnaire de Langue Française. Encyclopédie des noms propres, Paris, Hachette, 1986.

- Dubois M-M., Ed. Dictionnaire Français Anglais, Nouvelle édition, Paris, Libraire Larousse, 1981.

ANNEXES

ANNEXE I

AZ 93-Vol.7-923 F°163-166

Rapport du capitaine Dominik relatif à l'expédition Yebekolo-Maka 1906.

ANNEXE II

AZ 93-Vol.7-923 F°197-200

Rapport du Secrétaire du gouvernement Mûhling du 19/5/1906.

ANNEXE III

AZ 93-Vol.8-920 F°19-21

Rapport relatif à une tournée effectuée dans la région Yebekolo par le Sergent Liebert du 22/10/06.

ANNEXE IV

TA 166 Page 618.

Rapport du chef Freiher Von Stein Lausnitz relatif à la soumission des Makas dans le Haut-Nyong, année 1907

ANNEXES II

AZ 93-Vol.7-923 F°197-200

Rapports du Secrétaire du gouvernement Mûhling du 19/5/1906

* 1Léon Kaptue, `'L'historiographie et enseignement de l'histoire au Cameroun Problème et perspective''  en la recherche en histoire en Afrique centrale francophone ; colloque international, Marseille, PUP, 1997, pp.332-334.

* 2 Ibid.

* 3 Association pour le Développement du Grand Nguélémendouka, créée depuis 1997.

* 4 Anta Diop Cheikh., Nations Nègres et culture, 2ème Ed. , Paris, Présence africaine, 1954, p. 15.

* 5 Carte 1.

* 6 B. Bilongo., `'Les pahouins du sud Cameroun : inventaire bibliographique : connaissance des Fang, Ntoumou, Mvaé, Bulu, Beti (Eton,  Mamguissa : Mvëlë, Bënë et Ewaondo)'', Yaoundé, Ed. Ronéo, 1974, p. 116.

J.P. Ombolo.., `' L'élément de base pour une approche ethnologique historique des Fang-Beti-Bulu (groupe dit pahouin) `', Yaoundé, 1983/1984, p.74.

* 7 E. Mveng., Histoire du Cameroun, CEPER, Yaoundé, 1984, p.84.

* 8 V. J. Ngoh., Cameroun 1884-1985, Cent ans d'histoire, CEPER, Yaoundé, 1990, 310 p.

* 9M.A. Mvomo., `' Lesmissions chrétiennes dans l'arrondissement de Nguélémendouka de 1928à 1991'', mémoire de DIPES II, Université de Yaounde I, 1996, p. 9, 139 p.

* 10 E.D. Eloundou., `' Contribution des populations du Sud-Cameroun à l'hégémonie allemande'', thèse de doctorat de 3ème cycle, Université de Bordeaux, 1984.

* 11 D. Laye., La Tradition orale : Problématique et méthodologie des sources de l'histoire africaine, Niamey, UNESCO-CERDOTO, 1972, préface de Joseph Ki-Zerbo, p.7.

* 12 Ce sont les Beti et Bulu qui furent utilisés pour évangéliser le pays maka dans tout son ensemble. Les Omvang y compris.

* 13 L'arrondissement de Nguélémendouka fut créé par la loi N°59/631 du 6 juillet 1959 et la commune rurale par l'arrêté N°59/68 du 27 novembre 1959.

* 14A.S. Neba., Géographie Moderne de la République du Cameroun, 2e édition NEBA, CAMDEM-USA, 1987, p. 68.

* 15R. Breton., Atlas administratif des langues nationales du Cameroun, CREA. ISHMESIRES, 1987, p. 67.

* 16 S. Ango Mengue., `'L'Est-Cameroun, une géographie du sous-peuplement et de la marginalité'', Thèse de Doctorat 3ème cycle Université de Bordeaux III, 1983, pp. 8 - 10.

* 17 Marc Aurèle Ava Nguélé, Administrateur municipal de la commune rurale de Mboma, extrait de son discours du 20 décembre2004, lors de la tournée de prise de contact de Monsieur le Gouverneur de la province de l'Est à Nguélémendouka. Archives de la sous-préfecture de Nguélémendouka.

* 18 Les densités humaines atteignent ici les 15 habitants au kilomètre carré, largement supérieur à la moyenne provinciale qui est de 3,5 habitants au kilomètre carré et relativement faibles par rapport à la moyenne nationale qui est 18,5 habitants au km2.

* 19 Marc Aurèle Ava Nguélé, interrogé le 26 décembre 2004 à Ngoap.

* 20 Dieudonné Dang, 2e Adjoint au Maire de la commune rurale de Nguélémendouka, Technicien Supérieur d'Agriculture, interrogé le 05 janvier 2004 à Ngouong.

* 21 V.J. Ngoh., Cameroun 1884-1985 cent d'histoire, p. 44.

* 22 R. Breton., Atlas Administratif, pp. 69-70.

* 23 ANY. TA 29 AZ 93 - Vol 8-920, F° 127-129, Hans Dominik, Rapport allemand relatif à la soumission des Maka en 1906.

* 24 Classification de l'ethnologue Guthrie (1953) cité par P.L Geschiere `'  Remarques sur l'histoire des Maka `', in colloques internationaux du CNRS N°551 contribution de la recherche ethnologique à l'histoire des civilisations du Cameroun, Paris, CNRS, 1984, p. 518.

* 25 Siret, cité par Geschiere., `' Remarques sur l'histoire des Maka'', p. 520.

* 26 Hilaire Ekanga, Notable du village Samba, Maka et Ebessep, interrogé le 24 novembre 2004 à Samba.

* 27 I. Dugast., « Inventaire ethnique du Sud-Cameroun », Mémoire de l'Institut Français d'Afrique Noire (IFAN), Centre du Cameroun, série population N°1, 1949, pp. 91-93.

* 28 Alexandre et Binet., cité par Neba, Géographie moderne, p. 51.

* 29 E. Mveng et B. Nkoumba : Manuel d'Histoire du Cameroun, Yaoundé, CEPER, 1978, p.146.

* 30 Le récit du vieux Beyem est contenu dans une casette audio relative au festival culturel des Omvang, tenu à Namedjap par Nguélémendouka en juillet 1988.

* 31 Ils ont pour chef supérieur actuel : Sa Majesté Langoul Grégoire résidant à Ebah.

* 32 Le terme fut transcrit par les Français : Ebessep. L'on utilise désormais cette transcription.

* 33 Nguélé Abembo aurait régné à Samba dès les premières années de la colonisation française dans la région.

* 34 Le récit du vieux Beyem est contenu dans une casette audio relative au festival culturel des Omvang, tenu à Namedjap par Nguélémendouka en juillet 1988.

* 35 D'après l'informateur Hilaire EKANGA, deux ou plusieurs villages forment un clan pendant que une ou plusieurs familles peuvent former un village.

* 36 Le `' Ndengue'' est une purée obtenue à partir du plantain mûr et non mûr.

* 37 Le récit du vieux Beyem.

* 38 Ibid.

* 39 ANY, TA 29, Cote AZ 93- Vol 8-920 F° 127-129.

* 40 Journal de la société des africanistes, Tome 4, Fascicule 2, 1934, p. 207.

* 41 `' Essai sur le peuplement du Cameroun `' in Etude camerounaise N°21-22, Yaoundé, 1948.

* 42 B. Bilongo. Pahouins du Sud-Cameroun. `'  Inventaire bibliographique `', Yaoundé, Université Fédérale, 1974, P.11 &A. Owona., `' Le peuple du Cameroun `', Yaoundé, mars, 1970, p. 23

* 43 Siret.,'' Monographie de la région du Haut-Nyong, les pygmées, droit coutumier des Maka `', Doumé/Abong-Mbang, 1946-48, pp. 129-130.

* 44 Laburthe - Tolra, P., Les Seigneurs de la forêt, essai sur le passé historique, l'organisation sociale et les normes ethniques des anciens beti du Cameroun, Paris, publication de la Sorbonne, 1981, p. 101.

* 45 J.P. Ombolo., `' Eléménts de base pour une approche ethnologique et historique des Fang-beti-bulu `' (Groupe dit pahouin), Yaoundé, 1983-1984, p. 31.

* 46 Le vieux Ekongolo du village Mbeka'a par Ayos, informations contenues dans une casette audio enregistrée lors du festival culturel des Omvang organisé dans le village Namedjap par Nguélémendouka en juillet 1988.

* 47 Pierre Mekok, petit-fils de Nkal Mentsouga et ancien conseiller du chef DANG NGUELE, interrogé le 26-12-2004 à Nguélémendouka & Gilbert Zeh, petit-fils de Nkal Mentsouga, interrogé le 26-12-2004 à Nguélémendouka.

* 48 C'est un poisson qui a la forme d'un serpent.

* 49 Anne Ngono, belle fille de Nkal Mentsouga et veuve du chef Nkal Miague du village Koumbou, ménagère, interrogée le 28/12/2004 à Nguélémendouka.

* 50P. Laburthe Tolra., cité par Claude TARDITS., Contribution à la recherche ethnologique à l'histoire, des civilisations du Cameroun, Vol 2, Paris, publication de la Sorbonne 1981, p.506.

* 51 Benjamin Mvondo Ntongo., Président national de l'association de développement du Grand Nguélémendouka (ASSODEGNKA), interrogé le 13/12/2004 à Yaoundé.

* 52 Ibid.

* 53 Gilbert Mbeng, chef du village Ngouong, interrogé le 29/12/2004 à Ngououng.

* 54 ANY, TA 29, Cote AZ 93- Vol 8-920 F°127-129.

* 55 Jean Nguélé, Maka Ebessep, ancien porteur du chef Kamanda (ancien chef supérieur Maka-Ebessep dont l'actuel chef supérieur Langoul Grégoire), interrogé le 31 décembre 2004 à Samba.

* 56 Il faut préciser ici que les Omvang de l'Est-Cameroun sont constitués de deux grandes familles à savoir les Ngomeya et les Sékonda. Leur actuel chef supérieur est Sa Majesté René Ze Nguélé.

* 57 ANY, TA 29, Cote AZ 93- Vol 7 923 F° 163-166.

* 58I. Dugast. `'Inventaire ethnique du Sud-Cameroun `', p. 94.

* 59J.P. Ombolo., `' Eléments de bas...'', p.47.

* 60 P. Laburthe Tolra., Les Seigneurs de la forêt, p.103.

* 61 Journal de la société des africanistes, p. 205.

* 62 ANY, TA 29, AZ 93- Vol 8-920, F°19-21.

* 63 P. Laburthe Tolra., cite par Claude Tardits., Contribution à la recherche ethnologique à l'histoire des civilisations du Cameroun, p.506.

* 64 P.Geschiere ., Village communities and the state : changing relations among the Maka of southeastern Cameroon since the colonial conquest London, Paul Kegan, 1982,p.30.

* 65 ANY, TA 29, Cote AZ 93 Vol 8-920 F° 19-21.

* 66 Efoulan est une localité limitrophe entre l'ethnie Yebekolo et Omvang. Il ne s'agit pas ici de Efoulan, localité qui deviendra plus tard Nguélémendouka, signe de reconnaissance de la bravoure et du rayonnement de son fondateur Nkal Mentsouga.

* 67 Albert Elang Engamba, Administrateur civil municipal de Nguélémendouka, interrogé le 24/12/2004.

* 68 P. Laburthe Tolra situe cette date à 1865. Nous la situerons-nous à 1850, compte tenu de l'âge approximatif de Nkal Mentsouga lorsqu'il fut appréhendé en 1907 par les Allemands.

* 69 Nkal Mentsouga qui était l'aîné et successeur de son père ; Mpouam Mentsouga qui restait dans la zone périphérique appelée Nkolbana ; Zock Mentsouga qui habitait dans la zone de Zock Mekoié et Kambang Mentsouga qui habitait au quartier Loun

* 70Pierre Mekok, Ancien conseiller du chef supérieur Kamada, interrogé le 26/12/2004 à Nguélémendouka &Gilbert Zeh , petit-fils de Nkal Mentsouga, interrogé le 26/12/2004 à Nguélémendouka & Cosmax Ndi, Notable Omvang Ngomeya, interrogé le 29/12/2004 à Nguélémendouka.

* 71 ANY, TA 29, Cote 93- Vol 8-920 F° 42-48.

* 72 René Zé Nguélé , interrogé le 25/01/2005 à Yaoundé.

* 73 ANY, TA 29, Cote 93- Vol 8-920 F° 42-48.

* 74Mathurin Ayeck M., `'Les missions chrétiennes ...'', p.9.

* 75Pierre Mekok & Gilbert Zeh & Cosmax Ndi.

* 76 ANY, TA 29, Cote 93- Vol 8-920 F° 35-41.

* 77 Ibid.

* 78 ANY, TA29, Cote 93- Vol 8-920 F° 35-41

* 79 Haberer était un collaborateur du major Dominik. C'était un médecin dont le camp était installé à Nguélémendouka par l'expédition.

* 80 ANY, TA 29, Cote AZ 93-Vol 8-920 F° 35-41.

* 81 Ibid.

* 82Gilbert Zeh, interrogé le 26/12/2004 à Nguélémendouka & Pierre Mekok interrogé le 26/12/2004 à Nguélémendouka.

* 83 Hilaire Ekanga, Notable Ebessep, interrogé le 31/12/2004 à Samba.

* 84 Hilaire Ekanga, Notable Ebessep, interrogé le 31/12/2004 à Samba.

* 85 Joseph Atangana, notable Ewondo, interrogé le 23 avril 2005 à Yaoundé (Quartier Efoulan)

* 86 C'est une écorce d'arbre utilisée en brevage de potion magique traditionnelle afin de faire reconnaître à une personne sa culpabilité ou son innocence.

* 87 Joseph Atangana, notable Ewondo, interrogé le 23 avril 2005 à Yaoundé (Quartier Efoulan)

* 88 L'expression « être à nouveau un homme » signifie s'abreuver des pouvoirs magico-traditionnels que tout chef a besoin pour régner.

* 89 René Zé Nguélé, chef superiuer des Omvang, interrogé le 25/01/2005 à Yaoundé.

* 90 E.D. Eloundou., `' Contribution des populations du Sud-Camleroun à l'hégémonie allemande `', thèse de doctorat de 3cycle, Université de Bordeaux, 1983, p.156.

* 91 Ibid.

* 92 Jean Nguélé, interrogé le 26/12/2004 à Samba.

* 93 ANY, TA 29, Cote AZ 93, Vol 8-920. F° 127-128.

* 94 ANY, TA 29, Cote AZ 92 Vol 8 -920 F° 42-48.

* 95 Appellation de l'ethnie dans la région d'Omvang.

* 96Jean Nguélé, interrogé le 26/12/2004 à Nguélémendouka.

* 97Gilbert Zeh, interrogé le 26/12/2004 à Nguélémendouka.

* 98 Mathurin Djeng Edou, chef de 3ème dégré quartier Zapi-Nguélémendouka, interrogé le 03/01/2005 à Nguélémendouka. Ifaga i Nkal revient à Ifaga fils de Nkal.

* 99 Tous ces villages sont devenus des zones de culture autour de Samba. Il s'agit de Kwessa me Ntaba du village de Zjiémoud, Kanga Koumbang et Njoua me Nkamba du village de Bapeng

* 100 Jean Nguélé, interrogé le 26/12/2004 à Samba.

* 101 Pierre MEKOK, interrogé le 26/12/2004 à Nguélémendouka

* 102 Mathurin Djeng Edou, interrogé le 03/01/2005 à Nguélémendouka.

* 103 ANY, TA 29, cote AZ 93-Vol 8-920 F° 36-41.

* 104 Les Omvang allaient jusqu'au Nyong et même Nkal Seleg est mort chez les Bamvele.

* 105 Mathurin Djeng Edou, interrogé le 03/01/2005 à Nguélémendouka.

* 106 ANY, TA 29, cote AZ 93-Vol 8-920 F° 36-41.

* 107 ANY, TA 29, cote AZ 93-Vol 8-920 F° 36-41.

* 108 Gilbert Zeh, interrogé le 26/12/2004 à Nguélémendouka.

* 109 Jean Nguélé, interrogé à Samba le 26/12/2004.

* 110J.J. Rousseau., Du Contrat social, Paris, Bordas, 1972, p.447.

* 111 ANY, TA 29, Cote 93- Vol 8-920 F° 127-129.

* 112 ANY, TA 29, Cote 93- Vol 8-920 F° 35 - 41.

* 113 Ibid.

* 114 Cosmax Ndi, interrogé le 29/12/2004 à Nguélémendouka.

* 115 APA 10800/2, rapports de tournées,1907CoteAZvol89189F°10-12.

* 116 C'est donc dire que nous devons réfuter la terminologie inadaptée d'une certaines anthropologie européocentriste qui à propos de l'Afrique noire fait état des sociétés anarchiques, de « stateless sociéties ».

* 117 Georges Balandier., Sociologie actuelle de l' Afrique Noire,Dynamique Sociale en Afrique Centrale, Paris, PUF , 1995, p.137.

* 118 Jean Pardapa.,Rites et Croyances des peuples Maka,Paris,Lavoisier,1969,p.24.

* 119 Alors qu'auparavant la tradition orale ne mentionne nullement l'existence d'un pouvoir centralisé avant 1860.

* 120 Maignan., Etudes sur le pays pahouin, Paris, PUF, 1936, p.127.

* 121 A.Gureau., Les populations primitives de l'Afrique Equatoriale, Paris, PUF, 1912, p.73.

* 122 Mais aujourd'hui, on pratique l'endogamie.

* 123 Hilaire Ekanga, interrogé le 24/11/2004 à Samba.

* 124 Hilaire Ekanga, interrogé le 24/11/2004 à Samba.

* 125Albert Engamba Elang, Maire de la Commune Rurale de Nguélémendouka interrogé le 23/12/2004.

* 126Jean Pardapa., Rites et Croyances des peuples Maka, p.24.

* 127 Jean Pardapa., Rites et Croyances des peuples Maka, p.25.

* 128 Il faut préciser que ce terme est une déformation de l'anglais et signifie que ce n' est pas un attribut précolonial.

* 129Jean Pardapa.,Rites et Croyances des peuples Maka,p.24.

* 130Françoise Fouba Nguélé, fille du chef Nkal Miague de Koumbou, belle fille du chef Nkal Mentsouga, interrogée le 28/12/2004 à Nguélémendouka.

* 131 Jean Pardapa., Rites et Croyances des peuples Maka,p.25.

* 132 Dans un village Maka, Mbomba, situé à environ 60 kilomètres de Nguélémendouka sur les rives du Nyong, on signale le cas de Moud Mimbang, un homme qui avait été tué par un gorille qui menaçait le village.

* 133 John, Keegan., Histoire de la guerre : du néolithique à la guerre du Golfe, Paris, Collection territorial de l'histoire, Editions Dagorno, 1993, p.22.

* 134 E. Mbonji., les cultures-vérités, Yaoundé, Edition Etoile, 2000, p.16.

* 135 ANY, TA 29, cote AZ 93-vol 8-920 F° 42-48.

* 136 Mis à part le site actuel de la ville de Nguélémendouka qui fut arraché au chef Maka Nkamba Melendou par Nkal Seleg pour installer les Sekonda.

* 137 Tole Nguélé gouvernait à Sallé, le village natal de sa mère au nom de son père Nkal Mentsouga.

* 138 Ava Nguélé nous signale le cas de l'un des guerriers de Nkal Mentsouga qui commandait le village de Ngoap et qui fut finalement chassé, car, il n'avait aucun lien de parenté avec ceux-ci. Il faut noter que l'autorité du «Ta'a» était largement influencée et acceptée par ces oncles maternels (Ikougou) que quiconque.

* 139 ANY, APA 113 17/C «rapport du lieutenant Desanti, commandant de circonscription de Doumé au sujet de la tournée effectuée par lui dans la région Bamvele du 24 février au 19 mars 1917 ». 

* 140 ANY, APA 113 17/C `'rapport du lieutenant Desanti, commandant de circonscription de Doumé au sujet de la tournée effectuée par lui dans la région Bamvele du 24 février au 19 mars 1917 `'.

* 141 C'est ainsi qu'on désigne tous les Soudanais dans la région.

* 142 ANY, TA 29, 93 Vol 8-920 F° 35-41.

* 143 ANY, TA 29, 93 Vol 8-920, F° 36-42.

* 144 Le chapitre 2ème de ce travail recèle les explications indispensables à la compréhension de cette séquence historique.

* 145 ANY, TA 29, Cote AZ93-Vol 8-920 F° 127-129.

* 146 Diktat de Versailles de juin 1919.

* 147 Les Allemands voulaient encercler le pays Maka. Il fallait aller jusqu'à Bertoua et prendre cette zone en tenaille. Le major Dominik affirme à ce propos qu'il ne fut pas possible d'attaquer les Maka par le flanc. Il fallait contourner le pays Maka.

* 148 ANY, TA Cote AZ 93 Vol 8-920 F° 127-129.

* 149 Ibid.

* 150 Ibid.

* 151 ANY, TA 29, Cote AZ 93-Vol 8-F° 126-127.

* 152 Jean Nguélé, interrogé le 26/12/2004 à Samba.

* 153 Françoise Fouba Nguélé, interrogée le 28/12/2004 à Nguélémendouka.

* 154 ANY, TA 12, Dossier 1040 F° 94-107.

* 155 ANY, TA 12, Dossier 1040 F° 93-106.

* 156 A cette époque Nanga-Eboko était dans la province de l'Est-Cameroun

* 157 ANY, TA Cote AZ 93-Vol 8-920 F° 124-126.

* 158 ANY, TA 29, Cote AZ 93-Vol 8-920 F° 127-129.

* 159 ANY, TA 29, Cote AZ 93-Vol 8-920 F° 128-129.

* 160 ANY, TA 29, cote AZ 93-Vol 8-920 F° 127-129.

* 161 Ibid.

* 162 ANY, TA 29, Cote AZ 93-920 F° 42-48.

* 163 Ibid.

* 164 ANY, TA 12, Dossier 1040 F° 94-97.

* 165 ANY, TA12, Dossier 1040 F°94-107.

* 166 Ibid.

* 167 ANY, TA12, Dossier 1040 F°93-106.

* 168 C'est une localité située à l'Est du district de Doumé

* 169 Localité située entre Doumé et Nguélémendouka

* 170 Localité située entre Doumé et Abong-Mbang

* 171 ANY, TA 171, 1908 « A travers le pays Maka au Nord-Ouest de la station de Doumé », p. 19.

* 172 Ibid.

* 173 ANY, TA-12, p.5.

* 174 ANY, TA 12.

* 175 Ibid.

* 176 Ibid.

* 177 La route qui partait d'Abong-Mbang à Yaoundé et par où passait la ligne télégraphique.

* 178 Localité située à 12 kilomètres de Nguélémendouka.

* 179 ANY, FA1/92, p. 1.

* 180 ANY, FA1/92, pp.4-5.

* 181 A Konaké petit village situé à 42 kilomètres à l'Ouest d'Abong-Mbang (Njong-Kol), se trouve une vallée pleine d'ossements humains sur les bords du Nyong. On parle du massacre de tout un village par les Allemands.

* 182 ANY, TA 13, p.90-104.

* 183 APA 11317/C, Rapport du lieutenant DESANTI, commandant la circonscription de Doumé au sujet de la tournée effectuée par lui dans la région Bamvele du 24 février au 19 mars 1919.

* 184 APA 11317/C, rapport du lieutenant Desanti.

* 185 Ibid.

* 186 ANY, 11319 Doumé, Rapport du 2e trimestre 1921

* 187Hilaire Ekanga, interrogé le 23 novembre 2004 à Samba.

* 188 Marabail, Etude sur les territoires du Cameroun occupés par les troupes françaises, Thèses de doctorat, Paris, Emile Larose, libraire-éditeur, 1919, p. 179.

* 189 D. Djibril., et M. C. Sekene., Histoire de l'Afrique, Paris, Présence africaine, 1973, p.147.

* 190 Afrique Equatoriale Française.

* 191 ANY, 11319 Doumé, rapport du 2e trimestre 1921.

* 192 ANY, 11319 Doumé, rapport du 2e trimestre 1921.

* 193 A.Owona., `'  La naissance du Cameroun  1984-1914 `', in Cahier d'étude africaine, 1973, p.13.

* 194M.Ambroise, et all., Géographie du Cameroun, Yaoundé, CEPER, 1987, pp.52-53.

* 195 ANY, TA 29, cote AZ 93 vol 8-920 F°127-129.

* 196Ibid.

* 197 Ibid.

* 198 ANY, TA 29, cote AZ 93 vol 8-920 F°127-129.

* 199 D.Djibril et M.C.Sekene., Histoire de l'Afrique, p.147.






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