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Le financement bancaire des femmes entrepreneures

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par Ondine LEFEBVRE
ESDES - Master 2 2012
  

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Université Catholique de LYON - ESDES

LEFEBVRE Ondine

5ème année Option DE

ESDES

 

Mémoire de fin d'études :

LE FINANCEMENT BANCAIRE

DES FEMMES ENTREPRENEURES

Directrice de mémoire : Année universitaire

Madame Eyquem 2011 - 2012

RESUME

On entend souvent que les femmes entrepreneures ont un accès limité au financement bancaire par rapport à leurs homologues masculins. C'est cette constatation qui m'a donné envie d'étudier le sujet, et d'en comprendre la cause. En effet, à première vue, certains admettrait alors que les femmes sont victimes de discrimination de la part des institutions financières. Cependant, il se peut que d'autres facteurs en soient les causes et que ces differences s'expliquent par schéma décisionnel complexe et guidé par des règles précises.

Des études ont en effet montré que l'accès au financement est un frein important pour les femmes créatrices d'entreprise. Selon ces études, les femmes entrepreneures sont moins nombreuses que les hommes à s'adresser aux banques pour le financement de leurs entreprises, et elles utilisent davantage leurs économies personnelles s'endettant à moindre mesure que les hommes. Surtout, lorsqu'elles font appel aux institutions bancaires, leur financement s'avère moins important que les hommes.

Le but de ce mémoire est de déterminer les causes des différences d'accès au financement bancaire entre hommes et femmes entrepreneures, et de chercher à savoir si les femmes sont victimes de discriminations de la part des institutions bancaires, ou si ce sont d'autres facteurs qui expliquent cette constatation.

La première partie de ce mémoire se base sur les littératures économiques pour dresser un portrait représentatif des femmes entrepreneurs, établissant toutes les caractéristiques qui leurs sont propres, à elles et à leurs entreprises.

Les textes étudiés nous relatent également les thèses de différents économistes ayant déterminé les causes des différences de financement entre hommes et femmes entrepreneurs.

La seconde partie expose les résultats bruts de deux études menées auprès de femmes entrepreneurs et de banquiers spécialisés dans le financement d'entreprises, et présente les spécificités des femmes entrepreneures, ainsi que les critères de choix des banquiers pour la décision de financer ou non une création ou reprise d'entreprise.

Enfin, la dernière partie est une comparaison entre les caractéristiques des femmes entrepreneures et les critères de choix des banquiers. Cette comparaison nous permet d'affirmer si les femmes subissent ou non une discrimination de la part des institutions financières et de confirmer ou non les thèses d'économistes introduites en première partie. Les corrélations existantes entre différents éléments et le montant du financement bancaire obtenu par les femmes entrepreneurs sont ensuite présentées, et permettent de déterminer les facteurs qui peuvent expliquer les différences de financement avec les hommes créateurs d'entreprises.

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SOMMAIRE

Table des matières

RESUME 2

SOMMAIRE 3

REMERCIEMENTS 5

Introduction 6

I Revue de littérature 9

1. Définition et caractérisation 9

a. Caractéristiques propres à chaque sexe 12

i. Les motivations à entreprendre 12

j. Le comportement face aux risques 14

k. Les préférences sociales 15

l. La compétitivité 16

2. Les courants de pensée 18

a. Les féministes 18

i. Les féministes libérales 19

j. Les féministes sociales 20

b. Les économistes 21

i. L'entreprise 22

j. Féminité et masculinité 23

k. L'expérience 25

3. Les outils d'aide à la création 27

a. Les réseaux de femmes entrepreneures 27

b. Les programmes de formation 28

c. Les structures d'accompagnement 30

d. Les appuis financiers 31

Conclusion 1 33

II Résultats des études quantitatives et qualitatives 35

1. Origine de l'entreprise 36

a. Origine d'entreprise recherchée par les banquiers 37

b. Expériences des femmes 38

2. L'entreprise 40

a. Types d'entreprises les plus financés par les banquiers 40

b. Expériences des femmes 43

3. L'entrepreneure 48

a. Caractéristiques de l'entrepreneures prisées par les banquiers 49

b. Expériences des femmes 49

4. Obstacles au démarrage de l'activité 52

a. Evaluation des éléments personnels par les banquiers 52

b. Expériences des femmes 53

5. Bilan de compétences 54

a. Importances de l'expérience pour l'accès au financement 54

b. Expériences des femmes 55

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6. Organismes de soutien et réseaux d'entrepreneures 56

a. L'importance du relationnel pour les banques 56

b. Expériences des femmes 57

7. Financement 59

a. Les financements bancaires 59

b. Expériences des femmes 60

8. Durant les 5 premières années 65

a. Principales causes de refus selon les banquiers 65

b. Expériences des femmes 67

9. Type de financement bancaire obtenu 69

a. Types de prêts habituels 69

b. Expériences des femmes 70

III. Analyse des résultats et confrontation entre les critères des banques et le vécu des

entrepreneures 72

1. Corrélations entre le financement obtenu et l'évolution de l'entreprise 73

a. Corrélation entre le montant du prêt bancaire obtenu et la taille de l'effectif 74

b. Corrélation entre montant du prêt bancaire obtenu et chiffre d'affaires 76

2. Corrélations entre les caractéristiques des entreprises / des entrepreneures et le financement

obtenu 79

a. Corrélation entre le type d'entreprise et le financement obtenu 80

b. Corrélation entre les compétences et l'implication du porteur de projet et le montant de son prêt 82

c. Corrélation entre les garanties apportées par les femmes et le montant obtenu par les banques 86

3. Ecarts entre les caractéristiques des entreprises des femmes et les attentes des banquiers 88

a. Origine de l'entreprise 89

b. L'entreprise 89

c. L'entrepreneure 90

d. Financement 90

Conclusion 92

BIBLIOGRAPHIE 96

ANNEXES 101

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REMERCIEMENTS

Dans un premier temps, je tiens fortement à remercier Madame Eyquem, pour m'avoir accompagné dans la réalisation de ce mémoire, et pour avoir guidé mes choix. Elle a su me conseiller sur la démarche à suivre.

Je tiens tout particulièrement à remercier Madame Cabanne, Présidente de l'association RACINES, pour m'avoir fait confiance et avoir diffusé mon questionnaire auprès des membres de son association de femmes entrepreneures.

Je tiens également à remercier les personnes suivantes, pour avoir participé à mon étude, avoir répondu de la manière la plus sincère à mon questionnaire, et avoir partagé avec moi leurs difficultés et réussites en tant que femmes entrepreneures, ou leur vécu en tant que banquiers :

Les membres du réseau de femmes entrepreneures CréActives pour avoir été nombreuses et rapides à répondre à mon questionnaire.

Toutes les autres femmes qui y ont répondu et qui ont partagé leur expérience de créatrice d'entreprise.

Et enfin les banquiers spécialisés en financement des entreprise pour m'avoir accordé de leur temps pour partager la vision de leur travail, et pour m'avoir permis de mieux comprendre leurs démarches.

Enfin, je tiens à remercier tout le cadre d'enseignants de l'ESDES pour m'avoir permis d'acquérir les méthodes de travail et les compétences nécessaires pour mener ce travail à termes, et pour le réaliser dans les meilleures conditions.

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Introduction

L'expansion rapide des opportunités de création et de développement d'entreprises au cours des dernières années est une réelle révolution entrepreneuriale. Elle a eu un effet important sur le paysage économique et social, notamment avec une contribution croissante des femmes (Timmons 1995). En effet, le taux de croissance des femmes entrepreneures est de nos jours bien plus élevé que celui des hommes, avec un accroissement de 35% entre 1977 à 1982 contre 12% pour les hommes (Hisrich et Brush 1984). En 1991 déjà, 39% des entreprises américaines étaient détenues par des femmes (Census Bureau). En France en 2011, près de 180 000 femmes se sont lancées dans la création d'entreprise, auto-entrepreneuriat inclus, et près d'une femme sur cinq envisage l'expérience entrepreneuriale, représentant près de cinq millions d'entrepreneures potentielles en France (Sondage réalisé pour l'APCE, CERFRANCE, et le Salon des Entrepreneurs, en janvier 2012). Aussi, en 2012, 47 % des porteurs de projets de création et de reprise d'entreprises sont des femmes. La plupart des spécialistes estiment donc que l'entrepreneuriat féminin joue un rôle important pour le développement économique (Allen et al, 2007). Malgré ces tendances et les projections qui montrent que les femmes jouent un rôle de plus en plus important dans le développement économique de l'entrepreneuriat, il n'existe encore que peu de données les concernant. La dernière grande étude académique sur le sujet date de 2000 (Duchénaut, Ohran). De Bruin, Brush et Welter (2006) soulignent que, malgré le développement de l'entrepreneuriat féminin au niveau internationale et le nombre important de femmes propriétaires dirigeantes - plus de 30% des dirigeants d'entreprise au Canada, au Danemark, en Finlande et en Nouvelle Zélande (Brush, Gatewood, Green, & Hart, 2006) - , les études les concernant sont trop peu nombreuses. Une étude menée sur le nombre de références à des chefs d'entreprise dans les thèses a montré que les femmes patrons n'apparaissent que dans 1 % des cas. Au vue de l'importance croissante que les femmes prennent dans l'économie mondiale, il devient pourtant indispensable de s'intéresser à ses nouveaux acteurs du monde économique, à leurs caractéristiques, et de comparer leur démarche entrepreneuriale à celle de leurs homologues masculins. Selon une enquête SINE datant de 2002, 29,8% des entreprises françaises dans l'industrie et le tertiaire marchant non financier ont été crées ou reprises par des femmes. Les femmes représentent en tout aujourd'hui 30% des créateurs d'entreprises nouvelles.

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On voit quand même une certaine prise de conscience du potentiel que représentent les femmes sur la croissance économique, notamment par La Commission Européenne qui, depuis la définition de la stratégie de Lisbonne, réalise des rapports et des études sur les femmes entrepreneures. Les femmes sont maintenant considérées comme un groupe à part entière qu'il faut aider, au même titre que les jeunes entrepreneurs, et les entrepreneurs issus des minorités ethniques. Par exemple, un rapport réalisé par l'Austrian Institute à la demande de la Commission Européenne en 2002 "fournit une vue d'ensemble des actions et mesures de soutien spécifique adoptées par les administrations des Etats membres de l'Union européenne et des pays de l'AELE/EEE en vue de promouvoir l'entrepreneuriat féminin, notamment dans les domaines de la création d'entreprises, du financement, de la formation, du mentorat, de l'information, du conseil ou de la consultance et de la mise en réseau". Le programme LEED (Développement économique et création d'emplois locaux) de l'OCDE, fait quant à lui la promotion de l'entrepreneuriat au féminin et élabore des études sur ce thème.

Ce mémoire portera plus spécifiquement sur l'accès au financement bancaire de ces femmes qui se lancent dans l'entrepreneuriat. En effet, malgré un taux de croissance bien plus élevé pour les femmes entrepreneures, nous constatons aujourd'hui qu'elles ont de plus grandes difficultés que les hommes à se voir accorder un prêt par les banques lors de la création de leur entreprise, et surtout que leurs prêts sont souvent moins élevés que ceux obtenus par leurs confrères masculins. De plus, des chercheurs affirment que les entreprises d'hommes sont plus performantes que celles des femmes avec, en 1985, un résultat moyen sept fois supérieur à celui des entreprises de femmes (U.S. Small Business Administration, 1986). Ce mémoire à donc pour objectif de déterminer les causes de ces différences et les facteurs qui permettraient de les réduire.

Les thèses d'économistes qui se sont déjà penchés sur le sujet nous donnerons une première idée de réponse. Nous verrons que plusieurs courants d'idées se confrontent. Les féministes cherchent à démontrer que ces différences de financement entre hommes et femmes sont dues à des discriminations de la part des prêteurs, alors que d'autres économistes, plus fatalistes, tendent à dire que ces différences sont directement liées aux caractéristiques propres à chaque sexe.

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Pour rendre cette analyse plus pertinente, nous nous appuierons, en plus de la littérature existante, sur des études quantitatives et qualitatives, qui nous permettront de soutenir ou non les théories qui ont déjà été proposées, et de comprendre davantage quels procédés ou outils pourraient permettre aux femmes de réduire les inégalités de financement.

L'étude quantitative repose sur un questionnaire diffusé auprès de femmes entrepreneures, dans le but d'étudier les grandes tendances qui caractérisent de nos jours les femmes entrepreneures et leurs entreprises. L'étude qualitative a elle été réalisée auprès de banquiers spécialisés en financement des entreprises pour identifier leurs critères de sélection des entreprises, et les éléments qui rendent une entreprise plus susceptibles d'obtenir un financement bancaire qu'une autre. Cette étude a été recoupée à la première pour soutenir les résultats obtenus.

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I Revue de littérature

1. Définition et caractérisation

Lors d'une conférence internationale, Carter et al (2001) se sont penchés sur la question des femmes entrepreneures, et ils ont alors déterminé leurs principales caractéristiques. Il a été démontré que les femmes sont généralement plus jeunes que les hommes quand elles se lancent dans la création d'entreprise, et qu'elles sont principalement motivées par une recherche d'indépendance, suite à des problèmes dans leur carrière, ou pour faciliter la combinaison entre obligations domestiques et professionnelles. En effet, selon une étude menée par OpinionWay à l'occasion du 19ème Salon des Entrepreneurs de Paris qui se déroulera le 1er et 2 février 2012, près de la moitié des femmes (46%) jugent que l'entrepreneuriat peut leur permettre d'atteindre l'équilibre entre la vie professionnelle et vie personnelle. De plus, le « UK Government Small Business Service » (SBS) a démontré que 35% des femmes entrepreneures utilisent leur maison comme local d'activité contre seulement 12% des hommes. Contrairement aux hommes, les entrepreneures ne séparent pas les deux aspects de leurs vies : la famille et leur entreprise (Stoner et al., 1990; Putnam, 1993; Brush, 1992). Concernant le secteur d'activité, les entreprises de femmes sont en majorité dans le service et le commerce de détails. En 2012, 40,5 % des entrepreneures se lancent dans le commerce et la réparation, 29 % dans les services aux particuliers, la santé et l'action sociale et 15 % dans l'hôtellerie-restauration ( entreprise.ouest-France.fr). Il faut également souligner que 77% des femmes entrepreneures dirigent seule leur entreprise (Enquête SINE de l'INSEE 2006). Surtout, l'un des principaux éléments qui caractérisent les entreprises créées par des femmes est qu'elles souffrent de sous-capitalisation à tout moment de leur existence, et d'une performance moindre à celles des entreprises d'hommes.

Les femmes entrepreneures sont définies par Heilman et Chen en 2003 comme des « femmes qui ont créée une entreprise, qui sont activement investies dans son management, et qui possèdent la majorité des parts de celle-ci ». D'après Dina Lavoie (1988), « une

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entrepreneure est une femme, qui seule ou avec des partenaires, a fondé, acheté ou accepté en héritage une entreprise, qui en assume les responsabilités financières, administratives et sociales et qui participe à sa gestion courante ». On peut alors classer les femmes entrepreneures en deux grands groupes qui ressortent de ces définitions : celles qui ont connu une éducation limitée et qui se lancent dans l'entrepreneuriat afin d'assurer leur élévation sociale, et les femmes très éduquées et qualifiées et qui ont choisi de créer leur entreprise par désir personnel. Ces différents niveaux d'éducation et de qualification devraient entrainer des différences significatives dans la démarche entrepreneuriale de ces femmes, et dans la performance de leurs entreprises. Pourtant, dans les deux cas elles rencontrent les mêmes types d'obstacles lors de leur création. On remarque effectivement que les femmes sont en générale bien plus nombreuses que les hommes à rencontrer des difficultés pour gagner en crédibilité et acquérir les ressources nécessaires à leur démarche entrepreneuriale. En effet, le sous-financement a été identifié comme étant l'obstacle qui crée le plus d'inégalités entre hommes et femmes (Carta et Rosa 1998) et semble être celui qui est le plus difficile à surmonter. Selon une enquête de l'INSEE de 2011, plus de la moitié des femmes a réuni moins de 8 000 euros de capitaux initiaux pour la mise en place de leur projet de création, et 7 % moins de 80 000 euros. Comme le souligne Jarvis en 2000, le capital peut provenir de quatre principales sources de financement. Premièrement, l'épargne personnelle, y compris les contributions de la famille et les amis ; l'endettement, habituellement auprès de banques commerciales, y compris la location et le crédit bail; les prêts bonifiés et les subventions pris en charge par l'état ; et enfin, le financement par l'intermédiaire de capital-risque ou d'investisseurs extérieurs types business Angel. Le financement bancaire est la plus importante source de financement externe pour les petites entreprises. Cependant, les banques ont encore du mal à accepter de financer les projets de femmes, encore synonymes de faible performance à leurs yeux, et les femmes utilisent donc moins de capital pour lancer leur entreprise que les hommes. Au total, les hommes ont recours à des ressources de départ trois fois supérieures à celles des femmes, et ceux en

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comptant le capital, le bénéfice des ventes et le total des employés de l'entreprise. Elles connaissent donc une capacité d'entreprise bien inférieure à celle de leurs homologues masculins. On peut se demander quelle est la cause de ses différences, surtout quand on sait que, selon Marlow (1997), les femmes ont généralement moins de problèmes à rembourser les emprunts bancaires que les hommes, et que, comme le soulignent Kalleberg et Leicht (1991), le taux de succès entre hommes et femmes est relativement similaire, avec en 2011, 65,2 % des entreprises créées par des femmes encore existantes au bout de trois ans, contre 62 % en 2002, et même un taux de 78 % dans les services de santé et d'éducation et de 70 % dans les services aux entreprises.

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a. Caractéristiques propres à chaque sexe

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Un article du Journal Economic of Literature (2009) écrit par Rachel Croson (University of Texas, Dallas) et Uri Gneezy (University of California, SanDiego), décrit les différences d'expériences économiques entre les hommes et les femmes. Les économistes et les décideurs ont remarqués des différences dans de nombreux domaines, la consommation, les investissements et, ce qui nous intéresse ici, dans le marché du travail. « Moins ambitieuses, plus prudentes, leurs motivations à se tourner vers l'entrepreneuriat sont souvent inhérentes à leur vécu de salariée ou à la transformation de leur sphère personnelle » explique André Letwoski, consultant expert en création d'entreprise ( lesechosdelafranchise.com, 19/01/2012). Selon l'article, ces différences seraient dues à des attirances différentes entre les sexes. Trois principales différences y sont étudiées : l'attirance pour le risque, l'attirance sociale et la réaction face à la concurrence.

i. Les motivations à entreprendre

Alors qu'un certain nombre d'études ont examiné les raisons pour lesquelles les hommes se lancent dans la création d'entreprises, les textes concernant les motivations des femmes entrepreneures sont rares. (Birley et Westhead 1994). Les chercheurs ont majoritairement constaté que les hommes créent leur entreprise, principalement en raison de facteurs d'attraction tels que la possibilité de travailler de façon autonome, d'avoir un plus grand contrôle sur son travail, ou de gagner plus d'argent. L'influence des facteurs de répulsion tels des possibilités d'évolution limitées, la frustration dans l'emploi, un patron désagréable ou des conditions de travail dangereuses est elle bien moindre.

Les études de Hisrich et Brush (1985) ont montré que pour les femmes au contraire, les facteurs de répulsion tels que la frustration et l'ennui dans leur emploi précédent étaient les principales raisons de la création d'entreprise. En effet, l'enquête de l'INSEE de 2011 montre que 69 % des femmes pense que la création d'entreprise est une voie plus épanouissante que le salariat. « Confrontées au plafond de verre quand il s'agit de devenir cadre supérieur, elles préfèrent opter pour l'entrepreneuriat. Comme un effet de levier, ce dernier leur donne une crédibilité supplémentaire. La femme n'est plus perçue comme la collègue menaçante qui risque de prendre la place, elle devient alors un prestataire auquel on accorde du crédit » souligne André Letowski. Stokes, Riger et Sullivan dans une étude datant de 1995, ont constaté que l'environnement de travail dans les grandes entreprises est perçu comme étant bien plus hostile pour les femmes, et que cette perception explique le turnover important chez les femmes. L'étude de Hisrich et Brush a démontré aussi qu'un grand nombre d'ex-salariées de grosses entreprises décident de créer leur entreprise à cause de barrières qui les empêchent d'atteindre les postes de cadres malgré leur expérience et leur ancienneté.

Les responsabilités familiales importantes pour les femmes jouent également sur les motivations de celles-ci à entreprendre. Dans les moeurs, les hommes sont censés faire passer leur carrière avant tout, concentrer leur énergie sur celle-ci au cours de leurs années de travail, alors qu'il est encore attendu des femmes qu'elles assument d'abord la responsabilité de la famille et la tenue de la maison avant de penser au travail. Même si il y a une reconnaissance croissante de la responsabilité des pères et des maris dans les tâches domestiques, les femmes assument encore une part disproportionnée de ces responsabilités.

Belcourt et al. (1991) expliquent que selon une enquête menée auprès de 400
entrepreneures canadiennes, 40 % d'entre elles étaient uniques responsables des enfants au moment du lancement de leur entreprise. En effet, bien qu'étant responsables d'une entreprise, elles demeurent les premières responsables des enfants (Belcourt et al., 1991; Lee-Gosselin et Grisé, 1990; Putnam, 1993; Ferguson et Durup, 1997). Les attentes de la société envers les hommes et les femmes diffèrent et ces pressions socioculturelles exercent des influences différentes sur la carrière d'un homme et d'une femme. Ainsi, un homme considérera plus la création de son entreprise comme une continuité, une évolution dans sa carrière, alors que les femmes plutôt comme la solution pour avoir une plus grande flexibilité pour gérer leurs doubles responsabilités, et une vie plus équilibrée (Fierman,

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1990 ; Taylor, 1986 ; Zellner, 1994). Olson et Currie (1992) ont conclu que la valeur la plus importante pour les femmes entrepreneurs, est la sécurité de la famille.

Bigoness (1988), Brenner et Tomkiewicz (1979) ont tous démontré que les femmes ont une plus forte préférence pour les emplois qui offrent des possibilités de croissance professionnelle, tandis que les hommes préfèrent des emplois qui offrent un revenu plus élevé. Ces constatations indiquent que la croissance et le développement professionnel, ainsi que l'épanouissement sont des objectifs importants pour les femmes alors qu'ils le sont moins chez les hommes.

j. Le comportement face aux risques

L'article de Rachel Croson et Uri Gneezy explique que les hommes sont plus exposés aux risques que les femmes. En effet, des enquêtes économiques (Catherine c ; Eckel et Philip J. Grossman 2008) et psychologiques (James P.Byrnes, David C. Miller et William D. Schafer 1999) montrent que les femmes ont une plus grande aversion pour le risque. Ces différences dans la prise de risque s'expliquent d'abord par les différences de réactions émotionnelles entre les deux sexes. Les femmes éprouvent des émotions plus fortes que les hommes (Review in R.A. Harshman and A. Paivio 1987), et notamment, elles ressentent une nervosité et une peur de l'échec plus intense que les hommes. Si l'échec est moins bien vécu par les femmes que par les hommes, il est naturel qu'elles aient une plus grande aversion au risque. Les femmes ayant plus peur de l'échec, elles prennent bien moins de risques que les hommes pendant la création et le développement de leur entreprise. Un autre élément qui explique ces différences de prise de risque est la confiance en soi. Il a été démontré que les hommes ont une plus grande confiance en leur succès et leur performance que les femmes (Mary A. Lundederg, Paul W. Fox et Judith Punccohar 1994). Un nombre croissant de chercheurs convient que la conviction d'avoir de bonnes opportunités représente le comportement le plus représentatif de l'entrepreneur (Shane et Venkataraman, 2000). En effet, la création de nouvelles entreprises est une tâche qui demande de la persévérance, et donc la conviction que des opportunités (perçues ou réelles) existent. Agir sur les opportunités perçues nécessite bien sûr de la confiance en soi, et la conviction en sa

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capacité à réussir. De plus, les hommes ont plus tendance à considérer les situations à risques comme des challenges qui appellent à la participation, alors que les femmes les considèrent comme des menaces qu'il faut éviter. Ils ont donc plus de facilité à prendre des risques, un atout apprécié par les prêteurs. Les différences dans les comportements face aux risques ne résultent pas de différences dans la capacité, la persistance, ou l'empressement à effectuer des tâches correctement. Au contraire, les différences résultent d'une motivation différente entre les sexes. Les hommes sont plus stimulés par le challenge alors que les femmes ne sont pas stimulées par les mêmes facteurs. Ce qui peut d'ailleurs expliquer que, parmi les jeunes de grandes écoles, les femmes sont encore beaucoup moins nombreuses que les hommes à vouloir créer leur propre entreprise (62% contre 72% dans une étude menée aux Etats-Unis en 1998 par le « Journal of business Venturing »).

Il est aussi remarqué dans l'étude du « Academy of Management Journal » que les entreprises dirigées par des hommes offrent des gammes de produits et de services plus larges que celles dirigées par des femmes, s'exposant plus facilement à des risques de gestion. De plus, parmi les entreprises de femmes, celles qui sont généralistes connaissent moins d'échec que les spécialistes, tendance qui ne se détache pas pour les entreprises d'hommes. Ce succès du généralisme peut refléter une meilleure adaptation des femmes dans un environnement stable et connu.

k. Les préférences sociales

Les préférences sociales ont été modélisées dans la littérature économique sous la forme de l'altruisme (James Andreoni 1989), l'aversion pour les inégalités (Gary E. Bolton et Axel Ockenfels 2000) ou la réciprocité (Martin Dufwenberg et Georg Kirchsteiger 2004). Les préférences sociales des femmes varient selon la situation, elles ne sont ni plus ni moins orientée dans le social que les hommes, mais leurs préférences sociales sont plus malléables. Tous ces modèles décrivent comment un individu peut être soucieux de son prochain.

Les recherches psychologiques suggèrent que les femmes sont plus sensibles aux indices sociaux que les hommes et ajustent leur comportement à ceux-ci (Carol Gilligan 1982). Les expériences scientifiques sont elles contradictoires. Certaines d'entres elles montrent que les femmes sont plus altruistes, contre les inégalités, réciproques et coopératives que les

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hommes, et d'autres qu'elles le sont moins. Ceci est dû au fait que les femmes ont une plus grande sensibilité au contexte que les hommes, et donc que de petites différences dans leur environnement ont un plus large impact sur le comportement des femmes que sur celui des hommes. Les décisions des hommes sont donc moins influencées par le contexte, les informations et les acteurs extérieurs. Les femmes ont besoin d'un environnement plus stable que les hommes pour se sentir à l'aise.

l. La compétitivité

De récentes recherches montrent que la performance des hommes est plus affectée par la compétitivité de l'environnement que les femmes. Il est démontré que dans un contexte de non concurrence, les hommes et les femmes ont une performance relativement similaire, mais dès que l'environnement devient compétitif, quand seul le meilleur est récompensé, les hommes réagissent avec des efforts plus importants, et leur performance s'accroit significativement alors que celle des femmes ne fluctue que très peu. Les hommes sont donc plus réactifs à la compétition que les femmes. Il a été démontré que les hommes préfèrent des rémunérations compétitives (primes ou variables) alors que les femmes préfèrent être payées par un salaire fixe et égalitaire. Les hommes préfèrent évoluer dans un environnement de compétition et les femmes dans un environnement stable.

Lors d'une étude parue dans « The academy of Management Journal » en 1991, et réalisée en 1987 auprès des entreprises d'Indiana, des chercheurs ont par ailleurs démontré que sur un marché compétitif, les entreprises de femmes sont plus nombreuses à connaître l'échec. On peut expliquer cette observation par le fait que la négociation est un domaine dans lequel éviter la compétition peut avoir un réel impact négatif. Dans un livre sur le sexe et la négociation, écrit par Linda Babcock et Sara Laschever (2003), elles expliquent que les femmes évitent autant que possible les situations de négociations concurrentielles. Il est notamment expliqué que seulement 7% des femmes négocient leur salaire contre 57% des hommes.

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Dans d'autres cultures, toutes ces tendances sont inversées, ce qui peut démontrer que la structure de la société et la culture jouent des rôles très importants dans la compétitivité des femmes.

Des points de vue opposés défendent que ces différences entre hommes et femmes sont basés sur des différences génétiques.

De nombreux évolutionnistes et
psychologues estiment que la structure de base du cerveau est génétiquement déterminée, et que les différences entre hommes et femmes sont des caractéristiques naturelles. Lors du développement de l'Homme, les hommes et les femmes auraient développé des stratégies différentes afin de maximiser l'aptitude de leurs gènes. Ces différences de compétitivité pourraient par exemple être dues aux différences hormonales. La littérature défendant le rôle de la testostérone dans la compétitivité est riche (Helen S. Bateup et al. 2002). Il a également été prouvé que l'aversion aux risques financiers est en corrélation avec les hormones prénatales, à savoir le rapport entre le deuxième et le quatrième doigt, et ce ratio est fixé à vie. D'autres études ont montré que la compétitivité des femmes dépend de leur cycle menstruel et de leur pilule contraceptive. La nature serait donc une des causes des différences de compétitivité entre hommes et femmes.

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2. Les courants de pensée

La solvabilité et l'accès au financement est primordial pour entreprendre, et détermine souvent la rentabilité future de la nouvelle entreprise. D'après l'étude d'OpinionWay, un tiers des femmes considèrent encore qu'être une femme est désavantageux dans le cadre d'une création d'entreprise, et énoncent les difficultés à convaincre les banquiers et les investisseurs comme étant la seconde difficulté la plus importante après le manque de crédibilité dans le milieu professionnel. Des fonds insuffisants à la création d'une entreprise ont souvent pour conséquence une performance future bien moindre. On remarque que le résultat moyen d'une entreprise d'homme est plus élevé que le résultat moyen d'une entreprise de femmes, 54.000 dollars contre à 46.000 dollars dans l'étude de « l'Academy of Management Journal ».

Dans la littérature, deux grands systèmes de pensée se distinguent concernant le financement des femmes entrepreneurs. D'un côté, les théories « féministes » selon lesquelles les femmes rencontrent de multiples inégalités lors de leur recherche de financement, impactant leur potentiel de création d'entreprise en général, d'où cette différence de résultat. De l'autre, certains économistes expliquent qu'il n'existe en réalité aucune inégalité quand à l'accès au financement entre les hommes et les femmes, mais qu'il s'agit uniquement d'une différence de faculté à entreprendre entre certains individus et notamment ici, entre les hommes et les femmes, qui expliquent les différences de performances de leurs entreprises.

a. Les féministes

Les féministes cherchent à démontrer que les femmes ont plus difficilement accès au financement que les hommes. Lors de leurs analyses sur les expériences des femmes entrepreneures, deux grands concepts en ressortent : le féminisme libéral selon qui l'état et l'organisation sont les causes de ces différences, et le féminisme social qui accusent les barrières socioculturelles.

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i. Les féministes libérales

La pensée libérale indique que pour mettre fin à la discrimination, il faudrait s'attaquer aux barrières structurelles

que les femmes rencontrent, et que l'état est donc la

principale cause des inégalités entre les hommes et les femmes entrepreneurs. Cockburn défend ce système de

pensée, et explique que pour faciliter les activités économiques des femmes, l'état doit assurer une éducation méritocratique, mettre en oeuvre des législations anti discrimination ainsi que des règles relatives à l'égalité des salaires. La théorie repose donc sur le principe d'égalité des droits de chacun et notamment l'égalité des sexes. Selon la pensée libérale, il est évident que les femmes sont désavantagées, par un accès inégalitaire aux ressources nécessaires à la création d'une entreprise durable. Marlow en 2002, explique que la ségrégation envers les femmes, ainsi que leurs responsabilités domestiques, les empêchent d'acquérir une crédibilité, notamment envers les institutions de financement, et donc un capital suffisant pour engager un processus de création d'entreprise. Watson, lors d'une analyse réalisée en 2002 sur les performances des entreprises en Australie, s'accorde avec les théories féministes libérales et déclare que les femmes et les hommes ont des différences en termes de ressources, et donc d'emploi. Les femmes ayant moins de ressources financières que les hommes, doivent créer des entreprises de plus petites tailles. Les entreprises du secteur des services nécessitent généralement moins de fonds pour être lancées, les femmes sont donc plus enclines à créer leur entreprise dans ce secteur d'activité, du fait de leur faible capital de départ. Aussi selon une étude de l'observatoire Amarok, en partenariat avec Malakoff Mederic et le Centre des Jeunes Dirigeants (CJD), les femmes entrepreneurs auraient plus de mal à concilier la vie de famille avec un emploi du temps de dirigeant, d'autant plus lorsqu'elle dépassent le seuil fatidique des 10 salariés (50% contre 33% pour les dirigeantes de TPE). Ce qui expliquerait également leur réticence à créer des entreprises de tailles plus importantes.

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j. Les féministes sociales

Les pensées féministes sociales s'accordent à dire que les hommes et les femmes ont effectivement des différences de comportement, de capacités et des manières de penser qui sont propres à chaque sexe (Fisher et al 1993), mais ils cherchent à faire reconnaître ces différences dans un contexte d'égalité. Selon eux, ces différences proviennent de processus de socialisation sexués, suivant des idées

préconçues selon lesquelles les femmes seraient par
exemple plus empathiques et les hommes plus combatifs. Pour autant, ces économistes ne disent pas que les femmes ont moins de capacité à entreprendre, mais que chaque sexe détient ses propres forces nécessaires à la création et au développement d'entreprises. Les différences d'éducation entre les sexes créent des différences significatives entre les stratégies de développement des femmes et celles des hommes. Que les entreprises soient tenues par des femmes ou par des hommes, elles peuvent et doivent être semblables, au même titre que leur financement. Le but est le même et chaque sexe doit donc utiliser leurs propres forces différemment pour créer une entreprise pérenne et rentable. Il faut donner les mêmes chances de réussite aux femmes et aux hommes.

Que ce soit à cause de l'état, des barrières socioculturelles ou même des deux, on remarque que les femmes entrepreneures se financent toujours principalement depuis leurs fonds personnels, et que lorsque les banques interviennent dans ce financement, elles n'accordent qu'une somme dérisoire aux femmes en comparaison au montant accordé aux hommes (Hisrich, 1989 décrit alors les différences d'accès au financement entre les hommes et les femmes). De ce fait, les entreprises créées par des femmes sont plus petites et donc moins performantes que celles des hommes. En effet, une enquête réalisé par Blau en 1984 et portant sur l'architecture des entreprises de New York montre que plus les entreprises sont grosses et embauchent d'employés, plus elles sont performantes.

Les femmes sont, une fois sur quatre plus susceptibles de se voir refuser un prêt que les hommes. D'après les féministes, ce chiffre s'expliquerait par les discriminations et les idées préconçues selon lesquelles les femmes sont incapables de créer des business à forte

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rentabilité qui les empêcherait d'en créer effectivement (Brush, Carter, Gatewood, Green et Hart, 2001). Alors qu'il existe un certain nombre de cas déclarés d'exemples anecdotiques de discriminations flagrantes au sein de la littérature (par exemple Marlow, 1997 ; Moore and buttnet, 1997), une telle discrimination est difficile à démontrer empiriquement, en raison du grand nombre de facteurs extérieurs qui entrent en jeu, rendant l'isolement du facteur sexe difficile. Quelques économistes ont essayé de prouver ces discriminations : Fay et Williams (1993) ont trouvé des preuves manifestes de discrimination entre les sexes, Koper (1993) a constaté que des questions relatives à la formation de la famille sont posées aux femmes (et pas aux hommes), et Carter et Kolvereid (1993) ont également trouvé des preuves pour le traitement condescendant et discriminatoire. Comme le soulignent Brush, Carter, Gatewood, Greene and Hart, (2006), la discrimination se pose souvent comme une évidence. Mais il est difficile d'affirmer avec exactitude que les différences d'accès au financement sont dues aux discriminations de la part des banquiers. Au contraire, les résultats d'une étude menée en France sur la discrimination à l'obtention de financements pour les femmes entrepreneures (Ohran, 2001) ne démontrent pas de discrimination, et l'analyse des interviews indiquent même que les femmes interrogées précisent ne pas s'être senties victimes de discrimination à l'obtention de financement. En parallèle, une enquête réalisée en 1987, auprès de 3 217 dirigeantes de PME canadiennes démontrent, a priori, que les femmes ont des conditions de financement moins avantageuses que les hommes (taux de financement, marges de crédit, endosseur,...). Mais s'il ne s'agit effectivement pas de discrimination, comment expliquer ces différences de financement bancaire entre les femmes et les hommes ?

b. Les économistes

La seconde vague de pensée considère que le financement ne dépend pas du sexe, et que si les femmes sont moins financées que leurs homologues masculins, c'est inversement parce que le secteur et la taille de leurs entreprises, ainsi que de nombreux autres critères qui entrent en jeu lors de la décision des institutions financières, promettent un retour sur investissement moins rapide et un taux de rentabilité plus faible que ceux des hommes (Loscocco en 1991).

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i. L'entreprise

D'après Gosselin et Grisé (1990), les femmes préfèrent créer de petites entreprises, stables, afin de concilier leur rôle d'entrepreneure et celui de mère de famille. Les femmes accordent en effet une plus grande importance à la famille que les hommes, et sont plus facilement prêtes à faire des concessions dans le domaine professionnel pour assurer leurs responsabilités familiales. Goffe and Scale, (1985, p56) insistent sur le fait que les femmes créent majoritairement des entreprises qui complètent le travail domestique. Elles se lancent principalement dans la création d'entreprise du secteur des services (52% des entreprises de femmes aux États-Unis) comme des guest house, des secrétariats, des crèches ou encore des restaurants ; et du commerce de détail (les 3/4 des créations touchent les secteurs du commerce et des services). Les entreprises de ces secteurs promettent une rentabilité moindre que celles du secteur dans lequel on trouve généralement les hommes entrepreneurs, le secteur industriel. De plus, l'enquête annuelle de la franchise souligne une hausse de 5 % des femmes franchisées soit 45 % des créateurs contre seulement 28 à 30 % des femmes qui créent leur entreprise à fin 2011 (alors que la moitié de la population est féminine). Là encore, se franchiser est moins rentable que créer sa propre entreprise. Aussi, le « UK Government Small Business Service » (SBS) a prouvé que 50% des femmes gèrent leur entreprise en travaillant à mi-temps, ce qui est souvent synonyme de faible performance, d'où l'image négative des investisseurs envers l'entrepreneuriat féminin. De plus, comme Loscocco le souligne en 1991, les femmes rencontrent des difficultés à faire des ventes en volume qui engendreraient du revenu, et elles se concentrent donc sur des entreprises de plus petites tailles. Les résultats d'une enquête réalisée en 1990 auprès de plus de 2000 propriétaires-dirigeants de PME canadiennes, tant hommes que femmes, démontrent que les conditions de financement des institutions financières dépendent principalement du secteur d'activité et de la taille de l'entreprise (chiffre d'affaires, employés, etc.), ce qui expliquerait en partie les différences de financement au démarrage entre hommes et femmes (Fabowale et al., 1995).

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Il a également été démontré dans l'étude parue dans « The academy of Management Journal », que même si les entreprises de femmes ne connaissent pas plus d'échec en générale, la croissance et le développement des entreprises d'hommes est beaucoup plus rapide. Ce taux de croissance reflète des opportunités plus nombreuses et des marchés en expansion, les conditions susceptibles de favoriser la survie d'une entreprise, et donc la confiance d'un banquier.

Cependant, Marleau (1995), dans une autre enquête réalisée en 1994 auprès de plus de 3000 propriétaires-dirigeants de PME canadiennes, hommes et femmes, démontre que dans les secteurs des services et du commerce de détail, les femmes ont des taux d'intérêts plus élevés que ceux accordés à leurs homologues masculins puisque 95 % les femmes paient un taux de 0,5 % plus élevé, et dans 61 % des cas, la différence peut varier jusqu'à atteindre 1 %. Même si l'on comprend que le financement diffère en fonction de la taille et du secteur d'activité des entreprises, ces différences de taux d'intérêt restent inexpliquées.

j. Féminité et masculinité

Certains économistes considèrent que les différences de performance, et donc de financement, peuvent s'expliquer à partir des définitions même de la masculinité et de la féminité. Ils décrivent en effet des caractères et des attitudes très différentes entre ces deux types d'individus, et font reposer leur théorie sur les différences entre hommes et femmes vus plus en amont. La plupart des économistes considèrent que le standard dans le domaine de l'entrepreneuriat sont les hommes (Bruni, 2004 ; Collinson and Hearn, 1994, 1996), d'abord parce qu'historiquement, ce sont les hommes qui entreprennent et qu'il y a donc des exemples de réussite et d'échec sur lesquels se reposer chez les hommes. Les chercheurs sur l'entrepreneur depuis Schumpeter ont considéré tacitement l'entrepreneur comme un être à part, sans genre particulier. Cependant, les conquistadors espagnols et les pionniers de l'ouest étaient des hommes, la création des empires, une réelle activité entrepreneuriale avec l'ouverture de nouveaux marchés et le démarrage de nouvelles activités productives (Mendelssohn, 1976), était aussi réservée aux hommes. Les premiers Européens à débarquer aux Etats-Unis étaient des

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hommes seuls (des soldats et des commerçants) et, s'ils étaient suivis par des femmes, celles-ci n'étaient que leurs épouses et leurs servantes. Comme l'explique Renaud Redien-Collot, Responsable du Programme Supérieur en Entrepreneuriat, lors d'une conférence du colloque Femme et entrepreneuriat tenue à Advancia le 8 mars 2006, « la figure de la femme entrepreneure est beaucoup plus récente. Elle apparaît pendant la Révolution française où de nombreuses femmes dirigent de petites et de grandes entreprises, notamment les boutiquières qui demandent le droit de vote pour les femmes ». De plus, « Jusqu'en 1968, les femmes mariées n'ont pas le droit de gagner des droits d'auteur en leur nom. Pour contourner la législation, plusieurs ont eu recours à des hommes de paille. Les femmes entrepreneurs sont clandestines ». Duchénaud et Ohran (2000), Ahl (2006) ont remarqué que beaucoup de recherches sur l'entrepreneuriat ont été menées par des hommes, depuis des exemples d'échantillons et d'entrepreneurs hommes et il s'agit donc généralement d'un cadre d'analyse "masculin". Notons toutefois que ce que nous savons sur l'entrepreneuriat découle principalement des études classiques du XXème siècle: la théorie du risque de Franck Knight (1921), les théories de Schumpeter (1939), les théories de Cole (1959) et Collins et Moore (1964). Mais même les économistes plus modernes définissent eux l'entrepreneuriat comme une activité orientée vers la «découverte de nouvelles terres" et réalisée par des (hommes) "explorateurs » (Bull and Willard, 1993; Pitt, 1998).

Dans la mythologie, la signification symbolique de l'entrepreneur est représentée par la figure de Mercure, et par sa personnalité: rusé, pragmatique, créatif, ouvert d'esprit et aventurier. Les hommes étant, par nature, plus proches de cette représentation, ils ont une attitude plus encline à l'entrepreneuriat. Selon Collins et Moore (1964) « il apparaît que l'entrepreneur est essentiellement plus masculin que féminin, plus héroïque que lâche". Brush (2002) soutient également que des qualités telles que la compétition ou l'envie de pouvoir sont des éléments nécessaires à un bon entrepreneur pour assurer la performance de son entreprise, et qui sont de plus des caractéristiques propres à la masculinité. Les banques se référent effectivement à ces aspects caractériels pour évaluer la capacité de l'entrepreneur à générer des bénéfices, et donc pour définir le financement qui lui sera accordé. Elles accordent donc plus aisément leurs prêts aux hommes qui possèdent ces traits de caractère par nature qu'aux femmes.

Il faut noter tout de même que, comme le soutiennent les féministes libérales, d'autres qualités inhérentes aux femmes telles que l'organisation, la sociabilité ou la planification

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sont des éléments importants pour assurer la performance d'une entreprise. Cependant, d'après les économistes, ces qualités ne sont pas les caractéristiques d'un bon entrepreneur mais plutôt d'un bon manager, car elles n'assurent pas une différence compétitive et une forte rentabilité comme celles des hommes citées précédemment. Lister (2003, p.71) qualifie les hommes de rationnels, abstraits, impartiaux, indépendants, actifs et forts, autant de caractéristiques nécessaires à un créateur d'entreprise; les femmes sont elles décrites comme étant émotionnelles, irrationnelles, dépendantes, passives et tournée vers les éléments domestiques. Ce sont ces aspects essentiels à chaque sexe qui peuvent par ailleurs expliquer que les femmes ne représentent que 28% des entrepreneurs en France (chiffre de 2008).

k. L'expérience

De nombreux économistes défendent que les différences d'accès au financement s'expliquent par les différences d'expérience entre les hommes et les femmes. Loscocco décrit le manque d'expérience des femmes dans le monde de l'entreprise, et donc leur difficulté à générer des profits. Pourtant, dans l'étude du « Academy of Management Journal », même si les hommes déclarent avoir passé plus de temps dans leurs industries actuelles que les femmes, la même proportion d'hommes et de femmes (22 et 23%) étaient déjà entrepreneurs avant d'être propriétaires de leur entreprise actuelle. Aussi, cette étude fait ressortir un fait surprenant, les entreprises dirigées par des entrepreneurs avec une plus grande expérience en tant que gérant ne connaissent pas plus le succès que celle créées par des personnes peu expérimentées. Cependant, Les hommes entrepreneurs ont généralement été entrepreneurs un nombre de fois plus important que les femmes (1,98 fois contre 1,24 fois pour les femmes), et il est bien connu que pour réussir en entrepreneuriat, il faut généralement avoir connu plusieurs échecs préalables. Voilà où se situe la différence d'expérience.

En plus de la difficulté d'accès au financement bancaire, la différence d'expérience fait que les femmes ont de plus grandes difficultés quant à l'accès à l'épargne personnelle par

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rapport aux hommes. La création d'une entreprise représente un certain nombre de coûts pour l'entrepreneur. Dans le cas de l'investissement financier, Barclays Bank estimait en 1999 que le coût moyen de la création d'une petite entreprise au Royaume-Uni était de 17,680 livres (soit une augmentation 27% en 9 ans). En ce qui concerne les sources de ce financement, Barclays expliquait que deux types de financement sont principalement utilisés par les entrepreneurs, l'épargne personnelle et les prêts bancaires. Les données indiquent que la plupart des nouveaux créateurs de petites entreprises font principalement appel à leurs propres ressources pour commencer leurs entreprises, avec seulement 17% du financement provenant des prêts bancaires. Cosh et Hughes en 2000 ont également noté une forte utilisation des ressources personnelles, avec une baisse récente de l'utilisation du financement externe et une préférence pour les fonds personnels et le soutien de la famille. Notons également que les banques prêtent plus facilement aux entrepreneurs qui partagent le risque en investissant leurs économies personnelles.

Evans et Jovanovic (1989) et Kihlstrom et Laffont (1979) ont montré que le choix de créer une entreprise est directement lié au revenu et à la richesse des entrepreneurs. Blanchflower et Oswald (1998) et Taylor (1996) ont, eux, étudié l'importance de la situation au travail, et ont montré que les personnes ayant un emploi sont plus susceptibles de lancer de nouvelles entreprises. Les femmes rencontrent plus de difficultés à amasser assez de ressources personnelles pour se voir accepter un prêt bancaire. Il est vrai que beaucoup de femmes travaillaient à temps partiel avant la création de leur entreprise ou à des postes sans grandes responsabilités. L'emploi et le salaire précédant est déterminant du niveau de capital personnel à la disposition de l'entrepreneur, moins d'années de travail correspondant à moins de salaire économisé. De plus, il est évident qu'une femme n'ayant pas connu de postes à responsabilité ou n'ayant travaillé qu'à mi-temps, aura beaucoup moins d'expérience, et donc de crédibilité, qu'un ancien salarié (Marlow 2002). Cependant, si les femmes ont plus de difficultés à rassembler un montant de ressources personnelles, ce n'est pas uniquement par manque d'expérience comme le défendent certains économistes, mais c'est avant tout à cause des inégalités de salaire entre hommes et femmes. En équivalent temps plein, une femme reçoit une plus faible rémunération que les hommes (En 2011, à temps plein, les femmes gagnent 20 % de moins que les hommes, et tous temps de travail confondus, l'écart est de 27 %). Elles économisent donc moins vite.

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3. Les outils d'aide à la création

Il existe cependant des outils conçus pour aider les femmes dans leur démarche entrepreneuriales et pallier les obstacles qu'elles rencontrent. D'après les économistes, ces outils ne doivent surtout pas être négligés, mais au contraire développés. Ils peuvent être de plusieurs types : de l'ordre de l'élargissement du réseau de connaissances, du développement des compétences ou d'aides matériels.

a. Les réseaux de femmes entrepreneures

De nombreuses recherches sur l'entrepreneuriat féminins ont essayé de théoriser le processus

entrepreneurial féminin relativement à la créatrice

(Cunningham et Lischeron ,1991 ; Bruyat et Julien, 2001; Fayolle, 2002 ; Bernasconi, 2003). Tous ont

décelé une liaison importante entre les femmes entrepreneures avec les réseaux d'entrepreneures existants (Aldrich, 1999; Allen et al, 2007). Ces réseaux représentent une solution au manque de confiance en soi des femmes, et leur apporte une crédibilité dans un univers où leur place est encore remise en question. Les réseaux d'entrepreneurs au sens large ont été définis par Fonrouge et Sammut (2004) comme étant « un ensemble d'acteurs reliés par un créateur de relation ». Ces réseaux permettent aux femmes de créer des contacts réguliers, formels ou non, avec d'autres entrepreneures, d'échanger avec elles des conseils par exemple. Qu'ils soient à caractère social, économique ou culturel, ces réseaux créent une réelle dynamique entrepreneuriale chez les femmes, en leur conférant une culture entrepreneuriale, en leur permettant de participer à l'élaboration des politiques gouvernementales, ou en diffusant des messages d'entraide... Hoang et Antoncic en 2003 se reposent sur une étude réalisée en Allemagne auprès de 1600 créateurs d'entreprises, pour dire que les réseaux sont un facteur de pérennité pour les entreprises.

Selon Aldrich, les réseaux de femmes entrepreneures peuvent expliquer les différences de montant des crédits accordés aux hommes face à ceux accordés aux femmes, et il les considère même comme un frein au développement des entreprises de femmes. Selon lui,

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les femmes se concentrent trop sur la création et le développement de leurs réseaux, et négligent donc celui de leur propre entreprise. Les réseaux d'entrepreneures sont selon lui une des clés de réussite pour les femmes dans l'entrepreneuriat, encore faut-il que celles-ci les exploitent bien et ne perdent pas trop de temps à développer des réseaux peu profitables.

b. Les programmes de formation

Un sondage réalisé aux Etats-Unis par Hisrish et Brush (1983) auprès de 468 Femmes entrepreneures, montre que 68% d'entre elles possèdent au moins un diplôme de 1er cycle universitaire. Depuis 1980, il existe en plus des formations classiques, de nouveaux programmes de formation à l'entrepreneuriat privés ou publics, qui permettent aux femmes entrepreneures d'enrichir leurs compétences en création et en gestion des organisations.

Gasse explique qu'une majorité de femmes entrepreneurs, se lancent dans la création d'entreprise avec un manque de compétences en gestion, en technique, en information, etc... Une étude menée aux Etats-Unis en 1998 par le « Journal of business Venturing » auprès de 2000 jeunes étudiants de grandes écoles montre en effet que les femmes ont des connaissances très limitées en entrepreneuriat, et qu'elles souhaitent en connaitre davantage. Alors que 21% des hommes considèrent leurs connaissances en création et en gestion d'entreprise de « bonnes » à « excellentes », elles ne sont que 16% des femmes à donner les mêmes adjectifs, mais surtout, elles sont 84% à qualifier leurs connaissances en la matière comme étant de « justes » à « très pauvres ». Les jeunes femmes interrogées croient fermement que l'éducation et la formation peuvent les aider à corriger ce problème de manque de connaissances.

Les résultats de cette étude amène à la conclusion claire qu'il faut initier des programmes de formation pour aider les femmes dans leur démarche entrepreneuriale. Ces programmes de formation doivent permettre d'apprendre les concepts de base de l'entrepreneuriat, et d'acquérir les compétences nécessaires et l'esprit d'entreprise. Ils doivent aussi mettre en relation les

 

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concepts et les compétences avec la réussite de l'entreprise dans un système de marché concurrentiel, et explorer les lois et règlements qui affectent son fonctionnement. De nombreuses recherches menées sur les « succès stories » de femmes entrepreneures, révèlent que la formation reçue, quand elle est appropriée, joue un rôle capital dans les résultats positifs obtenus.

An Income of Her Own (Godfrey, 1992) et MADE-IT -Mother and Daughter Entrepreneurs- In teams (Kourilsky, 1994) sont deux exemples de programmes de formation qui ont portés leur fruits aux Etats-Unis. Ces deux initiatives ont été conçues à partir des résultats d'études, incorporant donc réellement ce que les femmes ont besoin. Ils intègrent une base théorique importante, puis des modules de sensibilisation et d'étude de l'entrepreneuriat sont adaptés aux femmes avec différents niveaux selon leurs compétences (Bloom et al. 1956). Les programmes tentent également d'améliorer l'estime de soi des femmes, facteur de réussite dans l'entrepreneuriat.

Tchamanbe et Tchouassi ont soulignés que parmi ces programmes de formation, certains sont réalisés sous formes de séminaires, d'ateliers, de sessions, de cours,... pendant des périodes qui peuvent être très courtes, et avec des approches et conceptions inefficaces. En général, ces formations sont basées sur des méthodes purement techniques et les formateurs ne prennent pas le temps d'identifier préalablement les besoins en formation des femmes. Comprendre correctement les facteurs qui expliquent les disparités entre hommes et femmes est primordial afin d'éviter de créer des programmes de soutien voués à l'échec, et de gaspiller ainsi de précieuses ressources (Minniti, 2010).

Le coaching est depuis peu apparu comme étant un nouvel outil d'accompagnement des entrepreneurs, personnalisé, individuel et ponctuel que ce soit au stade de création, de démarrage ou même de croissance (Audet, Courteret et Avenet, 2004). Par définition, le coaching c'est un «accompagnement de la personne à partir de ses besoins professionnels pour le développement de son potentiel et de son savoir-faire ». L'on peut alors facilement identifier l'avantage de ce procédé qui est la personnification de l'accompagnement depuis l'identification et l'analyse des besoins.

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c. Les structures d'accompagnement

Face aux lacunes que connaissent les femmes pendant la création de leur entreprise, les conseils externes et les structures d'accompagnement apparaissent selon Cuillère, pour la catégorie des très petites entreprises (principales entreprises gérées par les femmes), comme un moyen évident de combler les insuffisances internes, et notamment managériales.

On peut d'abord parler des pépinières et des incubateurs fréquemment mentionnés dans la littérature Anglaise (Allen et al, 1985, 1988, 1990 ; Brooks, 1986, Cooper et al 1985, Mckimon et al, 1988, Smilloret et al. 1986 ; etc.) et Française (Albert et al. 1994, 2003, Beger Douce, 2001, 2003 ; Bryuat, 1992, 1993 ; Chaband et al, 2003 ; Pikelty et al, 1990 ; etc.), qui apportent un soutien logistique et un accompagnement aux créatrices d'entreprises.

Les pépinières offrent aux femmes des services spécialisés pendant le processus de création d'entreprise, tels que des formations à la gestion, des accès aux réseaux, des services logistiques ou encore des locaux. Elles sont financées par les collectivités locales, en partenariat avec les universités. Les incubateurs ont été cités par un grands nombre de femmes comme étant un outil d'aide au démarrage. Ils représentent une alternative moins scolaire aux formations.

L'essaimage est également un service d'accompagnement intéressant. Il repose sur un système selon lequel un grand groupe aide un salarié pour la création de son entreprise, par une aide financière mais aussi un accès au réseau d'entrepreneurs ou encore des conseils.

Des statistiques ont prouvé l'utilité de ces structures d'accompagnement à la création d'entreprise. En effet, le taux de survie d'une nouvelle entreprise (5 ans après leur création) s'élève de 70 à 85% lorsque l'entrepreneur à suivi un accompagnement contre 50% sans accompagnement. Cette performance est due aux récentes « normes » relatives à l'accompagnement : la « charte de qualité » datant du 17 mai 2001 et adoptée par les

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réseaux associatifs et le conseil de création d'entreprise (CNCA), formant une fédération des organisations contribuant à la création et à la reprise d'entreprises (FORCE) ; et la norme AFNOR « accompagnement de l'entreprise » de décembre 2007 qui réglemente l'accompagnement.

d. Les appuis financiers

Comme le souligne Guerin en 2000, le manque d'argent est une inquiétude incessante et récurrente pour les femmes, quelque soit l'activité qu'elles exercent, quelque soit le capital dont elles disposent. Elles considèrent l'argent comme « une denrée périssable » (Hooing et Sadi, 1996). Le financement est en effet un des principaux freins à l'entrepreneuriat féminin et les femmes en sont conscientes. Les femmes entrepreneures reprochent une différence entre les crédits qui leurs sont accordés par les banques et ceux accordés aux hommes, à cause en principe d'un manque de garantie, mais surtout l'absence de transparence sur les critères de sélection des projets par les banques. Connaissant ces difficultés, elles ont recours à des réseaux de financement privés tout au long de leur processus de création d'entreprise (démarrage, croissance, extension...).

Malgré l'appui évident apporté par tous ces outils d'aides à la création d'entreprises pour les femmes, une étude de l'agence des PME de 2003 réalisée auprès de 1500 entrepreneures à partir des sources INSEE (Sirène, 2001) et des fichiers des bénéficiaires du prêt à la création d'entreprise (PCE), montre que deux tiers des créatrices interrogées ont bénéficié d'appui de leur entourage, mais très peu d'appui de ces structures dédiées. 41% ont mobilisé leur entourage, 31% les structures professionnelles non dédiées, et enfin uniquement 27% des structures professionnelles dédiées.

De plus, un tiers des créatrices déclare n'avoir bénéficié ou eu recours à aucune aide. Les principales raisons citées par ces femmes entrepreneures sont l'ignorance de l'existence de ce type d'organisme ou de structure, la méconnaissance de la nature de l'appui susceptible d'être supporté par ce type d'organisme ou structures, le sentiment de ne pas avoir la possibilité de bénéficier de cet appui et le souhait de ne pas avoir recours à ce type

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d'organisme ou de structure. Il paraît donc important de communiquer sur l'existence et les bienfaits de ces structures auprès des nouvelles créatrices d'entreprises afin de leur donner le maximum de chance de réussite, et le maximum de chances d'accéder à un financement correcte pour assurer la performance de leur entreprise.

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Conclusion 1

L'accès à un financement suffisant est primordial pour assurer la longévité d'une entreprise, et les femmes entrepreneures rencontrent davantage de difficultés que les hommes pour cette phase de la création d'entreprise. Elles sont donc plus nombreuses à se tourner vers le secteur des services, qui demande moins de capital, mais qui aussi lutte pour survivre et se développer, ce qui renforce l'image négative des femmes entrepreneures. Cela ne signifie pas que toutes les femmes qui créent une entreprise soient destinées à échouer.

Des études ont prouvé que les hommes sont beaucoup plus aptes à entreprendre et à créer une entreprise performante. Ils sont en effet dotés à plus grande mesure des caractéristiques nécessaires à la création et la réussite d'une entreprise. Ainsi, des études scientifiques ont montré que les hommes sont plus compétitifs que les femmes et qu'ils ont un goût plus prononcé au challenge. De plus, ils ont une confiance en eux et en leur réussite bien supérieure aux femmes, ce qui leur donne une certaine aisance et une certaine assurance dans leur démarche. Ce qui expliquerait la sous-capitalisation des femmes ne serait donc pas uniquement due à la discrimination, mais bien aux choix de la part des décideurs répondant à des critères précis, pour lesquels les hommes sont plus nombreux à répondre.

Cependant, comme le défendent les féministes, ces différences de caractéristiques propres aux hommes et aux femmes sont en partie liées aux pratiques éducatives et aux influences socioculturelles. Il est donc possible de limiter les discriminations et, c'est en donnant les mêmes chances aux femmes qu'aux hommes que l'on limitera les inégalités d'accès aux ressources. L'Etat est en effet un acteur majeur qui a les capacités de casser les barrières structurelles rencontrées par les femmes. Bien que les politiques contemporaines relatives aux égalités hommes-femmes apparaissent peu à peu, facilitant l'accès à l'entrepreneuriat pour les femmes, elles sont loin d'atteindre l'égalité hommes-femmes. Il s'agit là d'une des clés de résolution des inégalités de financement, mais les obstacles au financement ne sont pas uniquement dus aux barrières structurelles, et au comportement des prêteurs.

Certains économistes pensent que les femmes, pour réduire les différences entre les sexes, doivent adopter les caractéristiques habituellement propres aux hommes et correspondre ainsi d'avantage aux critères des banquiers. Les femmes doivent selon eux, se

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motiver et s'éduquer au monde de l'entrepreneuriat pour s'assurer d'être financées à même hauteur que les hommes. Ainsi, les femmes qui réussissent dans le business sont des femmes qui ont assimilé une compétitivité et un goût au risque supérieur à la moyenne des femmes. Selon ces économistes, les hommes ont des caractéristiques qui sont naturellement plus enclines à l'entrepreneuriat telles que la combativité ou la recherche de pouvoir, et c'est en les adoptant que les femmes répondront au profil entrepreneurial recherché par les banquiers, et que des prêts leurs seront plus facilement accordés. Les banques doivent revoir leur comportement et leur critères de sélection de projet pour être moins discriminatifs et plus transparents, mais c'est aussi femmes de revoir leurs ambitions et leurs motivations à la hausse, pour promettre un développement accru de leur entreprise, et donc accéder à de plus gros financements.

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II Résultats des études quantitatives et qualitatives

Afin de répondre au mieux à notre problématique qui repose sur l'identification des éléments qui expliquent les différences de financement bancaire entre hommes et femmes, et qui confèrent aux femmes un financement inférieur à leurs homologues masculins, nous allons comparer les critères de choix des banquiers quant aux entreprises qui seront ou non financées, avec les difficultés de financement effectivement rencontrées par les femmes. Cette comparaison nous permettra de constater les ruptures entre les critères énoncés par les prêteurs, et les faits, et de révéler une éventuelle discrimination vécue par les femmes entrepreneures face à leurs homologues masculins quant à l'accès aux prêts bancaires.

En effet, nous cherchons à déterminer si les femmes répondant aux critères des banquiers reçoivent effectivement leur financement plus facilement que les femmes dont les caractéristiques sont moins conformes aux attentes des banquiers. Le but de cette étude est également de confirmer ou non les différents éléments énoncés dans les littératures qui traitent le sujet, et dont nous avons parlé ci-dessus.

Pour cela, une étude quantitative a été réalisée auprès d'un échantillon de trente femmes entrepreneures, et nous permettra d'acquérir une vision d'ensemble des motivations, des qualités et des objectifs de ces femmes ; puis de déceler les difficultés récurrentes à l'étape de recherche de financement que rencontrent les femmes créatrices d'entreprises. Je précise que cet échantillon n'est pas représentatif et que les résultats doivent donc être considérés pour l'échantillon choisi. Cette étude a été réalisée à partir d'un questionnaire de 44 questions (cf. annexe) composé de questions fermées, de questions numériques, de questions ouvertes et de questions à choix multiples. Les créatrices d'entreprises ont répondu de la manière la plus sincère possible sur leur vécu et leur expérience personnelle.

Une seconde étude a été réalisée auprès de 3 banquiers spécialisés dans le crédit aux entreprises, chacun d'eux issu de banques différentes (Banque populaire, Caisse d'épargne et une troisième anonyme). Afin que les banquiers soient les plus neutres et les plus fidèles à la réalité possible dans leurs réponses, cette étude leur a été présentée dans un contexte de création d'entreprise en général et non spécifique à celui des femmes. Le but de cette étude qualitative est de comprendre les critères de choix des banques pour l'acceptation d'un prêt bancaire. Cette étude a été réalisée à partir d'un questionnaire de 23 questions, et

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complétée par les témoignages et déclarations de ces banquiers, qui apporteront l'aspect qualitatif de la recherche.

Les résultats de ses études sont donc présentés dans cette deuxième partie de mémoire, accompagnées des différentes observations qu'on peut effectuer depuis les résultats bruts. Nous allons traiter ces résultats dans l'ordre des questions administrées aux femmes entrepreneures. Pour chaque grande partie, nous observerons les attentes des banquiers et leurs critères de choix des entreprises à financer, puis nous étudierons les expériences vécues par les femmes entrepreneures sur le même thème. Ce procédé nous permettra de constater des premières observations quant à la réponse aux critères de sélection des banquiers par les femmes entrepreneures.

1. Origine de l'entreprise

La première partie du questionnaire administré aux femmes repose sur les différents éléments qui ont poussées ces femmes à entreprendre. Nous avons à ce titre abordés les questions du type d'entreprise qu'elles ont créée, de la date de création et de leurs motivations à se lancer dans la création d'entreprise.

Nous avons parallèlement demandé aux banquiers de sélectionner, parmi une liste prédéfinie, les motivations à entreprendre des créateurs ou repreneurs d'entreprises qui les convainquent le plus à accorder un prêt. Nous leur avons enfin demandé quels types d'entreprise (secteur d'activité, statut etc...) leur banque accepte généralement le plus de financer.

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a. Origine d'entreprise recherchée par les banquiers

Le premier tableau nous présente les types de créations (ex-nihilo, reprise d'une entreprise familiale ou reprise d'une autre entreprise) qui ont été citées comme étant les plus facilement financés par les banquiers. Le banquier de la Banque Populaire a choisi de ne pas répondre car il estime que sa banque finance la création d'entreprise quelle que soit sa forme.

On remarque ici que la création ex-nihilo est le type d'entreprise où la décision de financement est la plus difficile à prendre par les banques, puisqu'elle arrive en troisième position pour les deux experts en financement d'entreprise. La reprise d'une entreprise non familiale est à l'inverse le type d'entreprise le plus facile à financer par les banques.

Le graphique qui suit nous présente les motivations à entreprendre qui, énoncées par le porteur de projet, sont les plus appropriées pour convaincre les banquiers de lui accorder un prêt.

Motivations à entreprendre

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On remarque que trois motivations ressortent principalement puisqu'elles ont été énoncées par deux des trois spécialistes. Ainsi, les entrepreneurs qui créent leur entreprise par besoin d'autonomie professionnelle, par besoin d'accomplissement personnel ou par croyance en un produit ou service se voient plus facilement obtenir leur prêt (66,7%).

D'autre part, les personnes qui créent leur entreprise pour le fait de raisons familiales, par influence de l'entourage, à cause de possibilités d'évolutions limitées, parce qu'ils sont demandeur d'emploi, parce qu'il y avait des conflits dans l'emploi précédent ou à cause d'un déménagement, sont moins enclins à se voir accorder un prêt de par leurs motivations à entreprendre.

Il est intéressant de remarquer que les facteurs d'attraction sont les seuls motivations citées comme étant convaincantes par les banquiers, alors que les facteurs de répulsion ne sont eux jamais cités. Les banquiers cherchent donc des entrepreneurs qui ont choisi de créer leur entreprise par envie, par conviction et non par obligations.

b. Expériences des femmes

Le premier graphique nous montre le type de projet mené par les femmes interrogées prévalant, parmi les créations, les reprises d'une entreprise familiale ou les reprises d'une autre entreprise.

Type d'entreprise

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On remarque que les femmes sont bien plus nombreuses à créer des entreprises ex-nihilo (63,3%) qu'à reprendre des entreprises existantes (36,7%). De plus, les femmes qui reprennent des entreprises ne reprennent pas une entreprise familiale mais une tout autre entreprise. Ceci peut s'expliquer par le fait que les entreprises familiales sont souvent reprises par les hommes de la famille et qu'il en reste donc souvent peu pour les femmes.

Les résultats suivants nous relatent les principales motivations qui ont poussé les femmes à se lancer dans la création d'entreprise.

Motivations à entreprendre

Trois motivations sont très souvent citées : le besoin d'autonomie professionnelle (73,3%), le besoin d'accomplissement personnel (66,7%) et le désir d'organiser le travail soi-même (76,7%). Contrairement à ce que les études démontrent jusqu'à aujourd'hui, les femmes entreprennent essentiellement pour des facteurs d'attraction et très rarement pour des facteurs de répulsion que sont les possibilités d'avancement limitées, le chômage, des conflits dans l'emploi précédant ou un déménagement. Une interprétation de ces observations est le fait que les études datent de quelques années, et on peut penser qu'aujourd'hui les femmes sont plus indépendantes qu'auparavant, et qu'elles pensent d'avantage à leur accomplissement personnel et leur épanouissement qu'il y a quelques années.

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2. L'entreprise

La seconde partie du questionnaire administré aux femmes a pour but de caractériser les entreprises créées par celles-ci. Nous avons pour cela choisi d'orienter nos questions vers les secteurs d'activité des entreprises créées par les femmes, les statuts qu'elles ont choisis, la taille, mais aussi le chiffre d'affaire de leur entreprise, et les objectifs à long terme recherchés par l'entrepreneure.

Nous avons parallèlement essayé d'identifier les secteurs d'activité et les statuts d'entreprises les plus souvent financés par les banquiers. Puis, nous avons tenté de déterminer le degré de frein que représente le fait de créer son entreprise en tant qu'activité secondaire pour l'obtention d'un prêt, ainsi que les objectifs d'évolution de l'entreprise qui convainquent le plus les banquiers à accorder un prêt d'après eux-mêmes.

a. Types d'entreprises les plus financés par les banquiers

Le premier tableau nous présente les secteurs d'activité dont la décision de financement est la plus facile à prendre. Les banquiers ont classés les secteurs par ordre de fréquence de financement de 1 à 7 (1 étant le plus souvent financé).

On s'aperçoit que les secteurs d'activités les plus souvent financés par les banquiers sont les commerces, l'artisanat et l'industrie. Les secteurs de l'agriculture / pêche et des services à la personne sont bien moins souvent financés par les banques.

Par ailleurs, il faut noter que les banques financent toutes les activités quel que soit le statut du porteur de projet, c'est-à-dire qu'il peut être artisan ou commerçant et avoir une activité dans les services à la personne ou aux entreprises sans problème.

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Le second tableau nous présente les statuts d'entreprise dont la décision de financement est la plus facile à prendre. Ici, les banquiers ont classés les statuts par ordre de facilité de financement (1 étant le plus facile à financer).

On distingue surtout un statut d'entreprise plus facile à financer que les autres, celui des SARL. Les SA et SCI sont elles aussi financées relativement aisément par les banques. Au contraire, les associations, et les SEL le sont très rarement.

Cependant, les banquiers affirment qu'ils ne financent pas en fonction de la structure juridique de l'entreprise mais en fonction de la cohérence du projet, certaines entreprises se créant plus logiquement sous le statut de Société Anonyme ou d'autres sous le statut d'Entreprise Unipersonnelle.

Le graphique ci-dessous nous montre à quel point, sur une échelle de 1 à 5 allant de « Pas d'obstacle particulier » à « Eliminatoire », créer une entreprise en tant qu'activité secondaire peut représenter un frein à l'obtention d'un prêt selon les banquiers.

Activité secondaire

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On constate que la création d'entreprise en tant qu'activité secondaire n'est pas un obstacle particulièrement important pour les banquiers. Cela dépend évidemment de l'activité mais surtout du montant demandé. Surtout, les banquiers attendent du porteur de projet une implication qui reste très forte de sa part malgré le fait qu'il ne s'agisse que de son activité secondaire.

Les résultats qui suivent nous exposent les objectifs recherchés par les porteurs de projets, que les banquiers apprécient particulièrement, et qui les convainquent donc davantage à financer leur projet.

Objectifs recherchés

On constate trois principaux objectifs à long terme qui touchent davantage les banquiers dans leur décision d'octroi d'un prêt. La croissance du bénéfice (100%), la diversification du portefeuille client (100%) ainsi que la diversification de l'offre (66,7%) sont les trois objectifs visés par les entrepreneurs qui sont les plus favorables pour l'obtention d'un prêt. Comme le soulignait le banquier du crédit agricole, pour observer une croissance du bénéfice, il faut nécessairement une diversification du portefeuille client en amont, et pour cela il faut débuter par une diversification de l'offre. C'est trois objectifs sont donc étroitement liés, et ont pour principale finalité la croissance du bénéfice.

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b. Expériences des femmes

Ce graphique qui suit nous indique quels sont les principaux secteurs d'activité dans lesquels les femmes créent leur entreprise.

Secteurs d'activité

Comme le soulignait les littératures étudiées plus en amont, le principal secteur d'activité des femmes entrepreneures est le secteur des services (36,7%), secteur d'activité le moins financé par les banques aujourd'hui. Les autres secteurs dans lesquels les femmes sont les plus présentent sont les professions libérales, le commerce et l'artisanat. Le secteur de l'industrie, un des secteurs les plus financés par les banques est très peu représenté. Par contre, les femmes créant une activité de commerce et d'artisanat, autres activités très financées par les banquiers, sont relativement nombreuses puisqu'elles sont 20% et 16,7%.

Le prochain graphique nous présente les statuts juridiques les plus souvent adoptés par les femmes pour leur entreprise.

Statuts d'entreprise

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On découvre que, comme nous le précisaient les extraits d'ouvrages économiques, la grosse majorité des femmes entrepreneures créent des entreprises unipersonnelles ou individuelles (63,3%). Elles sont tout de même 26,7 % à créer des SARL, statut le plus facilement financé par les banquiers.

Les graphiques ci-dessous nous montrent le nombre de femmes qui créent des entreprises en tant qu'activité principale et en tant qu'activité secondaire. De plus, pour les femmes pour lesquelles leur entreprise ne représente qu'une activité secondaire, on peut observer la nature de leur activité principale.

Activité principale ou complémentaire

Type d'activité principale

On voit ici que les femmes sont très nombreuses à s'investir dans la création d'entreprise à titre principal (93,3%). Seul 6,7% créent leur entreprise à tire complémentaire, en parallèle avec une autre activité qui est, pour l'unique femme qui a renseigné son activité principale, une activité en tant qu'employée dans le secteur public.

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Les prochains graphiques nous montrent l'évolution du nombre de salariés dans les entreprises de femmes ainsi que l'évolution de leur chiffre d'affaire. La plupart des femmes interrogées n'ont pas encore atteint leur cinquième année d'activité mais cela nous donne une première impression de l'évolution du chiffre d'affaires des entreprises créées par des femmes.

Salariés

Année 0 Année 1

Moyenne = 1,58 Moyenne = 1,71

Ecart-type = 1,54 Ecart-type = 1,77

Non réponse = 11 Non réponse = 16

Année 2 Année 3

Moyenne = 2,17 Moyenne = 2,64

Ecart - type = 2,12 Ecart - type = 2,58

Non réponse = 18 Non réponse =

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Année 4

Moyenne = 3,17 Ecart - type = 3,46

Non réponse =

Chiffre d'affaires

Année 0 Année 1

Moyenne = 9 300 Moyenne = 31 424

Ecart- type= 7556 Ecart-type = 31 209

Non réponse = 22 Non réponse = 19

Année 2 Année 3

Moyenne = 41 120 Moyenne = 51 261

Ecart-type = 30 979 Ecart-type = 39623

Non réponse = 17 Non réponse = 19

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Année 4

Moyenne = 51 223 Ecart-type = 41272 Non réponse = 19

On identifie une évolution dans le nombre de salariés des entreprises de femmes. En effet, la moyenne passe de 1,58 salarié à 3,17 en cinq ans. Surtout, l'écart type augmente puisqu'il passe de 1,54 à 3,46.

On remarque une évolution assez inégale du chiffre d'affaires également. La moyenne évolue de 9300 € à 50 000€ en 5 ans, mais surtout, l'écart type augment d'année en année passant de 7 500 € à 40 000 €. Le chiffre d'affaires augmente donc à des vitesses différentes selon les femmes.

Il sera intéressant d'évaluer si, comme l'affirme de nombreuses études sur les femmes entrepreneures, ces évolutions dépendent du montant investi au démarrage de l'activité.

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Le tableau qui suit nous présente l'importance qu'accordent les femmes pour les différents objectifs à long terme pour leur entreprise.

On distingue ici trois objectifs qui semblent être plus importants pour les femmes créatrices ou repreneuses d'entreprise: la croissance du chiffre d'affaires, la croissance du bénéfice et la diversification du portefeuille client. Les objectifs les moins importants pour les femmes sont la croissance de l'effectif, l'internationalisation, la cession de l'entreprise, la croissance de l'investissement en R&D et l'ouverture du capital. On remarque que seuls les objectifs financiers sont importants pour les femmes et que les objectifs d'investissement et de développement de l'entreprise le sont à moindre mesure, voire pas du tout.

3. L'entrepreneure

Nous avons cherché dans cette partie du questionnaire dédiée à l'entrepreneure, à caractériser les femmes entrepreneures, et notamment à identifier le rôle qu'elles jouent au sein de leur structure, leur loisir extra-professionnels, et surtout leur implication dans l'entreprise.

Nous étudierons d'un autre côté les traits de caractère qui peuvent, d'après les banquiers, entrainer des difficultés dans la réussite de l'entreprise, et qui les rendent donc plus frileux pour l'acceptation d'un prêt

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a. Caractéristiques de l'entrepreneures prisées par les banquiers

Ce premier tableau nous montre les traits de caractère qui, sur une échelle de 1 à 5 allants de « Pas d'obstacle » à « Obstacle majeur », peuvent le plus représenter des obstacles à l'obtention d'un financement bancaire.

On observe ici que le principal obstacle à l'acceptation d'un prêt bancaire est le manque de vision à long terme. Le manque de confiance en soi et le manque de charisme sont les obstacles les moins importants pour l'obtention d'un prêt bancaire. Ce qui semble le plus important repose donc plus sur le projet en lui-même et l'investissement du créateur dans celui-ci que sur les traits de caractère à proprement dits.

b. Expériences des femmes

Les premiers graphiques nous montrent la proportion de femmes entrepreneures qui sont gérantes de leur entreprise, et la proportion de celles qui ont un ou des associés à leurs côtés. Pour celles qui ont un ou des associés, on peut également voir leur participation dans l'entreprise.

Gérantes Associé(s)

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Participation

On remarque que les femmes créatrices d'entreprises sont presque toutes gérantes de leur entreprise (96,7%), ce qui semble tout à fait normal puisqu'elles en sont propriétaires. On voit aussi qu'elles sont peu nombreuses à avoir un ou des associés (23,3%), et que celles qui en ont, ont principalement une participation majoritaire (13,3%).

Les résultats suivants nous exposent le taux de femmes qui travaillent hors de leur domicile ou à leur domicile.

Travail à domicile

Même si le taux de femmes qui travaillent hors du domicile est bien supérieur à celui des femmes qui travaillent chez elles (63,3% contre 36,7%), celui-ci reste très élevé. On peut imaginer que, comme les textes étudiés en première partie l'expriment, ce résultat est dû au fait que les femmes préfèrent travailler chez elles pour faciliter la conciliation entre vie personnelles et vie professionnelle, et notamment pour s'occuper du foyer.

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Le graphique suivant nous présente le nombre d'heures consacrées chaque semaine par les femmes entrepreneures à leur entreprise.

Heures consacrées à l'entreprise par semaine

Non réponses = 1

On voit qu'en général les femmes entrepreneures consacrent entre 50 et 60 heures par semaine pour leur entreprise, mais ce qui ressort principalement de ces résultats est qu'environ 80% d'entre elles travaillent plus que 30 heures par semaine, et qu'elles sont de ce fait très fortement investies dans leur entreprise.

Ce graphique nous présente les activités extra-professionnelles pratiquées par les femmes

entrepreneures.

Activités extra-professionnelles

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On observe ici que plus de 63,3% d'entre elles énoncent le soin et l'éducation des enfants/de la famille comme étant une activité extra-professionnelle. Elles sont donc très nombreuses à devoir accorder du temps à leur famille en plus de celui pour leur entreprise, ce qui peut expliquer le très grand nombre de femmes qui travaillent à domicile.

De plus, il est intéressant de noter qu'elles sont également plus de 66,7% à conserver des loisirs en parallèle à leur activité d'entrepreneure.

Le chiffre de 23,3% des femmes qui participent à une activité sociale non rémunéré est aussi particulièrement intéressant puisqu'il pointe le fait que les femmes accordent une grande importance au social.

4. Obstacles au démarrage de l'activité

Cette partie du questionnaire a pour but d'identifier les principaux obstacles rencontrés par les femmes au démarrage de leur activité et de peser à quel point le financement bancaire peut représenter un obstacle pour la création d'entreprises par les femmes.

Nous identifierons en parallèle comment les éléments qui sont énoncés comme étant un frein au financement de ces femmes représentent réellement un obstacle au financement, d'après les spécialistes des prêts aux entreprises eux-mêmes.

a. Evaluation des éléments personnels par les banquiers

Ce tableau représente à quel point les éléments personnels tels que le soutien de la famille et des proches ainsi que les charges personnelles (exemple : enfants à charges), peuvent être des obstacles à l'obtention d'un prêt bancaire.

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Dans 20% des cas, la défaillance de l'entreprise est consécutive à une mésentente familiale ou entre associés. C'est ce qui explique que le soutien des proches soit très important du point de vue des banquiers pour accorder un prêt.

En cas de non soutien, le consentement du conjoint lors de la caution est demandé. Mais les banquiers se reposent surtout sur l'accord d'OSEO dans ce cas.

Le degré de charges personnelles du demandeur de prêt est moins important. Bien sûr, moins ses charges personnelles seront importantes, moins ses revenus pèseront sur la trésorerie de l'entreprise. Cependant, pour les banquiers, l'endettement personnel est bien plus important que les charges d'enfants.

b. Expériences des femmes

Le tableau ci-dessous nous expose les principaux obstacles rencontrés par les femmes entrepreneures dans leur démarche entrepreneuriale.

Ce tableau nous montre que de nombreux éléments ne sont pas considérés comme ayant été des obstacles à la création d'entreprise par les femmes et que très peu sont considérés comme des obstacles majeurs. Les seuls obstacles majeurs rencontrés par les femmes dans la création de leur entreprise sont l'accès au financement et le manque de compétences/connaissances spécifiques. Le principal obstacle semble être l'accès au

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financement car on voit que le manque de connaissances /compétences spécifiques et aussi considéré pour une large mesure comme ne représentant pas un frein. On peut penser que cela dépend de l'activité et des qualifications du créateur.

Malgré l'importance accordé par les banquiers pour le soutient de l'entourage du créateur dans sa décision de financement, aucune des femmes ne semblent avoir vécu cela comme un obstacle. On peut imaginer que toute avait un entourage qui les soutenait et que cela ne les a donc pas freiné.

Aussi, la conciliation entre vie privée et vie professionnelle n'a été qu'un frein modéré pour ces femmes.

5. Bilan de compétences

Nous allons dans cette partie déterminer les compétences et expériences de chaque entrepreneure, pour déterminer dans la troisième partie du mémoire, si des corrélations peuvent être effectuées entre ces variables et le financement bancaire obtenu par les femmes.

Nous allons aussi identifier l'importance accordées par les banques pour les compétences et les qualifications dans leur décision de financement d'un projet de création d'entreprise.

a. Importances de l'expérience pour l'accès au financement

Le premier tableau nous présente l'importance accordé par les banquiers à l'expérience et aux diplômes des créateurs d'entreprises dans leur décision de financement d'un projet.

On voit que ces deux éléments sont importants à très importants. Les banquiers font remarquer qu'un manque d'expérience ou de diplôme peut devenir éliminatoire pour

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certaines professions notamment dans la restauration traditionnelle, où l'expérience est gage de compétences. Dans ce cas, même avec des garanties, l'entrepreneur n'obtiendra pas de financement. La pratique et l'expérience confortent le diplôme et sont donc directement liées. En leur absence, les banquiers recommandent vivement une formation dans la nouvelle activité ainsi qu'en gestion, et ils se reposent alors sur le business plan, l'étude de marché et l'accord d'OSEO pour l'acceptation ou non du prêt.

b. Expériences des femmes

Les premiers graphiques nous montrent le taux de femmes qui avaient une formation initiale en gestion, et celui de femmes qui ont suivi une formation complémentaire. L'autre graphique nous précise le type de formation suivi pas ces femmes.

Formation initiale en gestion Formation complémentaire en gestion

Type de formation complémentaire

Non réponses = 21

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On remarque d'une petite majorité de femmes n'avait pas de formation initiale en gestion lorsqu'elles se sont lancées dans la création d'entreprise (53,3%). Cependant, elles accordent tout de même une grande importance aux qualifications puisque 40% d'entre elles ont suivi une formation complémentaire pour augmenter leurs compétences. Parmi ces femmes, la plupart a opté pour des centres de formations pour entrepreneurs plus que pour les études supérieures en école ou en université.

6. Organismes de soutien et réseaux d'entrepreneures

Le but de cette partie est d'identifier la relation qu'entretiennent les femmes avec les réseaux d'entrepreneures et les organismes de soutien à l'entrepreneuriat, et de comprendre dans l'analyse si, comme le prétendent les littératures économiques étudiées, ces outils d'aides aux femmes entrepreneures ont un réel impact sur l'accès au financement bancaire pour ces femmes.

a. L'importance du relationnel pour les banques

Ce tableau nous présente le degré d'obstacle sur une échelle de 1 à 5, que représente le manque de capacités relationnelles, pour l'obtention d'un prêt bancaire.

Le résultat n'est pas très révélateur ici puisqu'un seul banquier a répondu à cette question. Notons toutefois que les capacités relationnelles lui semblent très importantes.

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b. Expériences des femmes

Ce graphique nous montre la proportion de femmes qui ont eu recours à des organismes de soutien à l'entrepreneuriat.

Organismes de soutien à l'entrepreneuriat

Non réponse = 1

Il est intéressant de remarquer que 56,7% des femmes interrogées ont effectivement eu recours à des organismes de soutien à l'entrepreneuriat. Elles sont donc elles-mêmes convaincues du bienfondé de ces organismes et de leur impact positives dans leur réussite en tant que créatrices d'entreprises.

Le graphique suivant nous exprime plus spécifiquement ce que les femmes recherchent dans ces organismes de soutien à l'entrepreneuriat.

Conseils recherchés par les femmes

Non réponse = 6

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Trois principaux conseils sont attendus par les femmes des organismes de soutien à l'entrepreneuriat : les conseils financiers (43,3%), les conseils juridiques (36,7%) et les conseils pour leur business plan (30%). Elles sont donc conscientes de l'importance du business plan pour l'obtention d'un prêt et pour la réussite de leur projet.

D'autre part, aucune ne souhaite une préparation pratique ni des conseils sur l'import/export, et elles sont très peu nombreuses à vouloir des conseils sur le développement des relations (10%). Les éléments qui semblent être très importants d'après les économistes pour la réussite d'une entreprise n'apparaissent donc pas, aux yeux des femmes entrepreneures, comme devant nécessairement être soutenus par les organismes spécialisés.

Le graphique ci-dessous nous montre le taux de femmes qui font partie d'un ou de plusieurs réseaux d'entrepreneurs.

Réseau(x) d'entrepreneurs

Non réponses = 3

On observe que la moitié des femmes qui ont répondu font partie d'un réseau d'entrepreneurs. Il ne s'agit pas uniquement de réseaux de femmes entrepreneures puisque beaucoup d'entre elles ont renseigné des noms de réseaux d'entrepreneur de tout sexe, tel que la BGE. Sans attendre de conseils sur le développement des relations par les organismes de soutien à l'entrepreneuriat, les femmes s'impliquent cependant personnellement dans cet aspect notamment en intégrant des réseaux d'entrepreneurs.

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7. Financement

La partie financement du questionnaire a pour but de déterminer les moyens de financement utilisés par les femmes entrepreneures, et le poids du prêt bancaire dans le financement total de l'entreprise. Nous déterminerons également les garanties que ces femmes ont dû apporter pour l'obtention de leur financement.

En parallèle, nous verrons les critères financiers demandés par les banquiers pour accorder un prêt bancaire aux créateurs d'entreprises.

a. Les financements bancaires

Ce tableau nous montre à quel point ne pas répondre à certains critères financiers attendus par les banquiers peut représenter un obstacle à l'obtention d'un prêt bancaire.

Le soutien d'OSEO est un élément important voire très important pour les banques. Comme d'autres, la Banque Populaire a une société de caution mutuelle la SOCAMA qui soutient les prêts qu'elle octroie. En cas de refus d'OSEO ou de ces autres cautions, les dossiers sont revus mais il n'y a pas un refus rédhibitoire. Dans le cas où OSEO ne soutiendrait pas un projet de création d'entreprise, les porteurs de projet doivent cependant apporter davantage de garanties réelles et personnelles pour se voir accorder un prêt.

L'apport personnel du porteur de projet est également un élément important pour la prise de décision du banquier. Il lui permet en effet de juger de l'implication du créateur dans le projet. La banque ne peut pas croire plus au projet que celui qui le porte et elle ne financera donc le projet qu'à hauteur de l'apport personnel.

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D'autre part, le manque de partage du risque est moins important puisqu'il y a toujours moyen d'y remédier. En effet, un partage de risque faible avec des tiers nécessite une analyse complémentaire du projet par les banquiers, mais surtout une implication bien plus grande du porteur de projet. Il devra nécessairement augmenter sa part dans le partage du risque.

b. Expériences des femmes

Les résultats suivant nous montrent la proportion de femmes qui avaient besoin de financement au démarrage de leur activité, et combien ont obtenues leur financement. Pour les femmes qui ont obtenu leur prêt, on peut voir plus précisément le montant qu'elles ont obtenu.

Besoin de financement Obtention du financement

Montant du financement

Non réponses = 13 Moyenne = 53 0 58

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Ecart-type = 82 520

On observe que la plupart des femmes entrepreneures interrogées avaient besoin d'un financement au démarrage de leur activité. Seulement une très faible proportion de celles-ci n'a pas obtenu le financement qu'elles avaient besoin.

De plus, le montant obtenu est en moyenne de 53 000€ avec une forte proportion ayant obtenu moins de 40 000€, et ensuite de grandes disparités avec des prêts pouvant aller jusque 300 000€.

Le graphique ci-dessous nous montre combien les femmes ont investi au démarrage de leur activité pour leur entreprise.

Montant du financement

Non réponses = 2

On remarque qu'elles ont en moyenne investi entre 2 500€ et 25 000€ (50%). Toutefois, elles sont quand même 16,7% à avoir investi plus de 75 000€ au démarrage de leur entreprise, ce qui montre que certaines femmes investissent de grosses sommes malgré le risque.

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Le graphique qui suit nous montre la répartition des sources de financement pour leur entreprise ainsi que le montant investi pour chacune des sources.

Sources de financement

Economies personnelles Prêt à la famille

Non réponses = 17 Non réponses = 26

Moyenne = 7 769 Moyenne = 5 000

Ecart-type = 8 985 Ecart-type = 3 741

Prêt d'un CLEFE

Non réponses = 27 Non réponses = 19

Moyenne = 10 333 Moyenne = 54 727

Ecart-type = 12 741 Ecart-type = 88 884

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On observe qu'une bonne majorité des femmes ont dû investir leur économies personnelles pour la création de leur entreprise (70%). Cependant, le montant des économies personnelles reste relativement bas puisque qu'il est très souvent inférieur à 8 000€. Elles sont aussi très nombreuses à avoir eu recours à un prêt bancaire pour la création de leur entreprise mais pour un montant n'excédant que très rarement les 40 000 euros.

Ce graphique nous montre les garanties que les femmes ont dû apporter pour le financement du démarrage de leur entreprise.

Garanties apportées

Non réponses = 9

Comme l'exprime les banquiers, en cas de non réponse à un critère financier, ce sont essentiellement les garanties personnelles (40%), les fonds de garanties (16,7%) et les cautions (26,7%) qui sont demandées pour pallier ce manquement.

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Les graphiques qui suivent nous montrent la proportion de femmes qui connaissent le Fonds de garantie à l'initiative des femmes et l'instrument de microfinancement Progress. On observe également le nombre de femmes qui y ont eu recours.

Connaissance de l'instrument de

Connaissance du FGIF Microfinancement Progress

Non réponse =2 Non réponse = 2

Utilisation des outils d'aide au financement

Non réponses = 17

Si une bonne partie des femmes connaissent le Fonds de garantie à l'initiative des femmes (36,7%), elles sont en revanche très peu nombreuses à connaître l'instrument de microfinancement Progress (83,3%). Surtout, même par connaissance du fonds de garanties à l'initiative, elles n'y ont pas eu recours. En causes d'après une femme entrepreneure qui connaissait ces outils, les montants de besoin en financement trop élevés pour ces femmes.

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8. Durant les 5 premières années

Nous allons identifier ici les problèmes rencontrés par les femmes au début de leur activité, et notamment les difficultés d'accès au financement bancaires et les causes de ces refus de financement.

Nous identifierons comment ces banquiers considèrent ces éléments, et dans quelle mesure ils représentent des freins à l'accès au financement bancaire.

a. Principales causes de refus selon les banquiers

Ce tableau nous présente dans quelle mesure, sur une échelle de 1 à 5 allants de « Pas d'obstacle » à « Obstacle majeur », ces éléments représentent un frein au financement des créateurs d'entreprises d'après les banquiers.

On remarque que les principaux obstacles à l'obtention d'un prêt bancaire sont une mauvaise compréhension du projet, un risque trop élevé du projet, une incohérence des documents financiers et à moindre mesure, le manque de garanties, un montant demandé trop élevé et la conciliation difficile entre vie privée et vie professionnelle.

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Ce deuxième tableaux nous exprime à quel point ces éléments sont incompatibles avec l'acceptation d'un prêt bancaire d'après les banquiers.

Sans un business plan complet, il est impossible pour les banquiers d'avoir une connaissance suffisante du projet pour prendre une décision. Pour que le business plan soit cohérent il doit impérativement être complet et réaliste. Puis dans un deuxième temps il doit être validé selon la cohérence avec l'étude de marché. Cependant, les banquiers ne refusent pas le projet pour autant, ils préfèrent rediriger vers des personnes compétentes et accompagner le porteur de projet dans l'enrichissement de son business plan, pour le rencontrer de nouveau plus tard si l'évolution du projet et satisfaisante.

Un premier échec de création d'entreprise est un élément relativement important qui freinent les banquiers dans l'acceptation d'un prêt. Cependant, plus que l'échec, ce sont les circonstances et les causes de l'échec qui sont importantes. Il faut les analyser avec le créateur pour comprendre les raisons de ce premier échec. Elles peuvent être extérieures et imprévisibles, ne représentant alors qu'un obstacle léger. Elles peuvent aussi dues à une carence de l'entrepreneur et elles deviennent alors un obstacle majeur au financement bancaire.

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b. Expériences des femmes

Ces graphiques nous montrent le nombre de demandes de financement effectuées par les femmes durant leurs 5 premières années d'activité, le nombre de demande accepté et le nombre de refus.

Nombre de demandes de financement

Non réponse = 10 Moyenne = 1,90 Ecart-type = 1,17

Même si la plupart des femmes interrogées n'avaient pas encore passé le cap des 5 premières années d'activité, on distingue que la plupart des femmes ne redemandent pas de prêt, ou juste un seul une fois leur entreprise en place. Ceci peut s'expliquer par leur non volonté d'investissement et de développement que nous avons repéré dans les objectifs à long terme plus au dessus.

Nombre de demandes acceptées Nombre de demandes refusées

Non réponse = 12 Non réponse = 12

Moyenne = 1,5 Moyenne = 0,56

Ecart-type = 0,62 Ecart-type = 1,15

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On voit d'après ces deux graphiques que la majorité des femmes se sont vues accepter une demande prêt et aucun refus de la part des banquiers. Celles ayant reçu deux prêts bancaires représentant également une grosse partie. Aussi, 16,6% des femmes ont connu au moins un refus des banques.

Le graphique ci-dessous nous montre les causes de refus évoquées par les banquiers pour les femmes ayant connu un refus de prêt de la part des banques.

Causes de refus évoquées par les banquiers

Non réponses = 25

Les refus ont quatre causes principales : le manque de garanties (10%), le manque de partage de risque ou le risque trop élevé (6,7%) et à moindre mesure, le montant demandé trop élevé ou une mauvaise compréhension du projet (3,3%). On remarque qu'il s'agit à chaque fois d'une question de risque. Les banquiers sont frileux et refusent d'accorder un prêt si le risque n'est pas partagé ou s'il est trop grand. Au même titre que les banquiers l'ont exprimé, les causes plus personnelles telles que le manque d'expérience, de compétences ou le manque de soutien de la part de l'entourage ne semblent pas avoir été la cause des refus de la part des banques.

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9. Type de financement bancaire obtenu

Dans cette partie nous tenterons d'identifier les types de prêts (Taux et durée) habituellement octroyés aux femmes.

Nous observerons également ceux que les banquiers accordent le plus facilement à des créateurs d'entreprises.

a. Types de prêts habituels

Ce tableau nous présente les types de prêts que les banquiers accordent le plus souvent aux entrepreneurs.

D'après les banquiers, en matière de financement d'entreprises, les prêts sont majoritairement amortissables et à moyen terme mais souvent accompagnés de financement à court terme. Les formes InFine, Long Terme et Très long terme sont très spécifiques et correspondent le plus souvent à des financements immobiliers pour des particuliers. De plus, depuis la loi Bâle III, on voit une transformation des ressources et les prêts à très long terme et InFine ne sont plus jamais accordées aux entreprises.

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b. Expériences des femmes

Le graphique suivant nous indique la durée des prêts obtenus par les femmes entrepreneures.

Non réponses = 10

Comme nous l'indiquaient les spécialistes des prêts aux entreprises, les créatrices

d'entreprises ont pour la majorité obtenue des prêts à moyen terme. % ont obtenu des
prêts à court terme et il s'agit souvent de femmes qui ont également obtenu un prêt à moyen terme. Le prêt à court terme vient accompagner leur prêt à moyen terme. Certaines ont tout de même reçu des prêts à long terme mais aucune à très court terme ou à très long terme.

Le prochain graphique nous présente la forme des prêts obtenus par les créatrices d'entreprises.

Type de prêt

Non réponses = 11

On distingue que la plupart des femmes ont obtenus des prêt à taux fixe. Elles sont nombreuses à avoir obtenu des prêts à annuité constantes.

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Le graphique qui suit nous présente la raison pour laquelle certaines femmes n'ont pas demandé de prêt bancaire.

Explication des non demandes de prêt

Non réponses = 22

Ces femmes n'ont toutes pas demandé de prêt bancaire car elles n'avaient pas besoin de financement (16,7%) ou parce qu'elles trouvaient des moyens de financement dans d'autres ressources (13,3%) (Ex : au moyen des profits générés ou par d'autres moyens). Aucune n'exprime n'avoir eu peur d'essuyer un refus de la part des banques ce qui prouve une certaine confiance des femmes entrepreneures.

Enfin le dernier graphique nous montre le rôle qu'occupe le gestionnaire de compte des femmes entrepreneures selon elles.

Rôle du gestionnaire de compte

Non réponses = 3

Elles sont un quart à ne pas faire plus confiance que cela en leur conseiller puisqu'elles le

définissent comme étant un simple conseiller. La plupart reconnaissent en lui le rôle que les banquiers eux-mêmes estiment remplir, celui de conseiller mais aussi d'appui fort pour la gestion des comptes.

On remarque aussi par ces résultats que un quart des femmes entrepreneures n'ont pas de gestionnaire de compte stable pour leur entreprises.

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III. Analyse des résultats et confrontation entre les critères des banques et le vécu des entrepreneures

Cette troisième partie sera consacrée à l'analyse des résultats et à l'identification des éventuelles corrélations entre le financement bancaire des femmes - montant, nombre, type de prêt - et l'évolution de l'entreprise en termes de chiffre d'affaires et de taille de l'effectif, ainsi que les caractéristiques des entreprises créées - type, statut.

Dans un premier temps, la mise en relation entre le montant du prêt accordé aux femmes entrepreneures et l'évolution de la taille et du chiffre d'affaires de leur entreprise, nous aidera à savoir si le sous-financement des femmes a un impact sur leur développement, et si, contrairement à ce que certaines thèses expliquent, ce n'est pas la sous-performance qui entraine le manque de financement mais bien un sous-financement qui empêche de meilleurs résultats des femmes entrepreneures.

Nous essaierons dans un deuxième temps de déterminer les corrélations qu'il peut y avoir entre les caractéristiques des entrepreneures et le financement qu'elles ont obtenu par les banques. Surtout l'analyse nous amènera à identifier s'il existe effectivement une relation entre la réponse aux caractéristiques recherchées par les banquiers, d'après tous les critères que nous avons identifiés plus en amont, et le financement obtenu par les femmes entrepreneures. Le but étant de distinguer si les critères de choix des banquiers ont effectivement été respecté pour le financement des femmes interrogées, pour appuyer ou contredire les différentes littératures étudiées en première partie, qui nous amenaient à conclure que les femmes ne subissent pas de discrimination de la part des banquiers, mais que la différence de financement avec leur homologues masculins s'explique par le fait qu'elles ne répondent pas aussi bien qu'eux aux critères de choix des banquiers.

Quand nous saurons si les banquiers ont bien respecté leurs critères de sélection ou non, nous déterminerons à partir des résultats bruts si les femmes entrepreneures y répondent, ou si au contraire leurs écarts trop importants avec les attentes des banquiers peuvent expliquer leur sous-financement.

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1. Corrélations entre le financement obtenu et l'évolution de

l'entreprise

Nous allons pour débuter mettre en relation le financement obtenu par les femmes entrepreneures et l'évolution de leur entreprise sur les cinq premières années. Nous cherchons de cette façon à déterminer si, comme certains économistes l'affirment, le sous-financement au démarrage de l'activité des femmes entrepreneurs entraine une sous-performance de leurs entreprises, et constitue donc un caractère discriminatoire limitant le succès de ces entreprises.

Le but est de confirmer ou réfuter les littératures qui soutiennent qu'il existe une relation étroite entre le montant de financement initial obtenu par les entrepreneurs, et l'évolution de certains indicateurs de performance de l'entreprise.

La confirmation de cette thèse nous conduirait à conclure que les femmes, par leur sous financement à la création de leur société, subissent une inégalité de chances de réussite pour leur business, et donc à démentir qu'il s'agit de la mauvaise performance des femmes qui explique leur sous-financement de la part des banques mais bien l'inverse, c'est-à-dire leur sous-financement qui entraine une mauvaise performance.

A l'inverse, la réfutation de la relation entre le financement obtenu et l'évolution des critères de performance l'entreprise, rend l'hypothèse selon laquelle les femmes sont sous-financées à cause de leurs mauvais résultats probable, mais ne prouve pas pleinement son exactitude.

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a. Corrélation entre le montant du prêt bancaire obtenu et la taille de l'effectif

Nous allons commencer par analyser les relations existantes entre la taille de l'effectif de l'entreprise sur les cinq premières années et son évolution, avec le montant du financement bancaire obtenu par l'entrepreneure. Une corrélation entre ces deux éléments nous exposerait une première inégalité de développement de l'entreprise causée par un sous financement des femmes, et représenterait donc une première réfutation des textes affirmant que la petite taille des entreprises de femmes expliquent le faible financement de la part des banques.

Les prochains graphiques nous montrent sur les cinq premières années d'existences des entreprises de femmes, la corrélation qu'on peut révéler entre le montant obtenu par les femmes et le nombre de salariés dans leur entreprise.

Année 2

Année 1

Financement2

22000,00

Entreprise6

22000,00

Entreprise5

0,77

0,77

Financement2

La dépendance n'est pas significative.

La dépendance n'est pas significative.

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Année 3

Entreprise7

0,77

22000,oe Financement2

La dépendance est peu significative. Année 4

Entreprise8

Financement2

22000,00

0,77

La dépendance est significative.

Année 5

22000,00

0,88

Entreprise9

La dépendance n'est pas significative.

Financement2

On remarque que sur les deux premières années d'existence des entreprises, la corrélation entre le montant de financement obtenu et nombre de salariés n'est pas significative, puis elle passe à peu significative en année trois (40% du nombre de salariés est expliqué par le prêt obtenu), et enfin significative en année quatre (52% expliqué). Elle n'est plus significative en année cinq. On constate donc tout de même un rapport entre ces deux

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variables qui confirme les études féministes qui contredisent les textes rapportant que la petite taille des entreprises de femmes explique leur sous-financement bancaire.

b. Corrélation entre montant du prêt bancaire obtenu et chiffre d'affaires

Nous allons maintenant étudier les corrélations qu'on peut identifier entre le chiffre d'affaires de l'entreprise sur les cinq premières années et son évolution, avec le montant du prêt bancaire octroyé à l'entrepreneure. La constatation d'une relation entre ces deux éléments représenterait une inégalité des chances de réussite pour les femmes entrepreneures engendrée par un sous financement bancaire. De tels résultats constitueraient donc une preuve que les mauvais résultats financiers, et notamment le chiffre d'affaire, expliquent les différences de financement entre hommes et femmes entrepreneurs.

Les prochains graphiques nous montrent sur les cinq premières années d'existences des entreprises de femmes, la corrélation qu'on peut détecter entre le montant obtenu par les femmes et leur chiffre d'affaires.

Entreprise11

La dépendance est significative

La dépendance est significative

Année 2

Année 1

1760,00

22000,00

Entreprise10

5564,79

Financement2

22000,00

Financement2

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Année 3

Année 4

Entreprise13

La dépendance n'est pas significative

La dépendance n'est pas significative

7912,19

22000,00

Entreprise12

Financement2

9567,36

22000,00

Financement2

Année 5

Entreprise14

11000,00

22000,00 Financement2

La dépendance est très significative

On remarque ici des résultats significatifs (51% du chiffre d'affaire est expliqué par le montant obtenu) puis peu significatifs (18% expliqué) sur les deux premières années mais

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dans une tendance négative. Il faut y comprendre que plus le montant obtenu est élevé, moins le chiffre d'affaires de l'entreprise est important. On peut expliquer ces résultats par le fait que les entreprises qui reçoivent un gros prêt sont généralement des entreprises de l'industrie ou du commerce, dans lequel il faut commencer par une phase d'investissements avant d'avoir de réelles retombées financières. Inversement, les entreprises qui reçoivent un financement moins important comme celles du secteur du service, peuvent entamer leur exercice plus rapidement.

Sur les années 3 et 4, on ne voit pas de dépendance entre le chiffre d'affaire et le montant du prêt. Cependant, en année 5, cette dépendance devient très significative. En effet, 80% de la variance du chiffre d'affaire est expliquée par le prêt obtenu. Plus le montant obtenu est important, plus le chiffre d'affaire est élevé.

Cette observation est primordiale dans la compréhension du mauvais financement obtenu par les femmes entrepreneures. Elle confirme les études des féministes selon lesquelles ce sont les mauvais financements des femmes entrepreneures qui expliquent les mauvaises performances de leurs entreprises et non l'inverse.

Le mauvais financement des femmes entrepreneures provient donc d'ailleurs et nous allons tenter de définir d'où avec la suite de l'analyse.

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2. Corrélations entre les caractéristiques des entreprises / des entrepreneures et le financement obtenu

Nous allons maintenant poursuivre l'analyse des résultats de notre étude, par le croisement entre les caractéristiques des entreprises et des entrepreneures (type d'entreprise, qualifications de l'entrepreneure, montant de l'apport personnel etc...) et le montant du financement obtenu par les femmes créatrices d'entreprises, dans le but d'identifier les corrélations qui existent entre ces éléments.

Nous pourrons ainsi confirmer ou non le fait que le financement des entreprises est bien relatifs aux éléments que les banquiers affirment prendre en compte dans leur décision de financement des entreprises. Aussi, nous pourrons vérifier si les critères qui semblent relativement importants pour les banquiers dans la prise de décision de financement, tels que les qualifications, le soutien des proches, l'apport financier de la part du créateur ou encore les garanties apportées, indiquent effectivement le montant et la facilité d'accès au financement par les femmes entrepreneures.

Nous avons tenté en plus des corrélations entre les caractéristiques et le montant du financement obtenu, celles entre les caractéristiques et le nombre de refus de financement. Cependant, les résultats n'étaient pas assez représentatifs et on peut penser que trop de critères entrent en jeux dans l'acceptation ou le refus d'un prêt pour en isoler certains. L'élément nombre de refus de prêt bancaire n'est pas un bon indicateur sur lequel se résoudre pour connaître la valeur des critères des banquiers.

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a. Corrélation entre le type d'entreprise et le financement obtenu

Le premier graphique provient d'un tableau croisé mettant en relation le type d'entreprise (Création, Reprise d'entreprise familiale, reprise d'une autre entreprise) avec le montant du prêt obtenu par la créatrice ou la repreneuse. Il nous montre le financement moyen obtenu pour chaque type d'entreprise.

On remarque que les reprises d'entreprises sont en moyenne financées par un montant quatre fois supérieur à celui des créations d'entreprises (100 833 € contre 27 000 €). Les banquiers rencontrés nous indiquaient que les reprises sont plus faciles à financer. En termes de montant obtenu, le vécu des femmes correspond donc bien au critère du type d'entreprise des banquiers.

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Le graphique ci-dessous représente les corrélations existantes entre le secteur d'activité des entreprises de femmes et l'emprunt qu'elles ont obtenu par les banques.

Les banquiers nous expliquaient que les secteurs d'activité les plus financés sont les commerces, l'industrie et l'artisanat. On voit ici que ces trois secteurs sont les trois qui sont supérieurs à la moyenne en termes de montant octroyé. Les critères des banquiers sont donc ici aussi bien respectés.

D'autres part, il est intéressant de constater que le secteur des services, secteur le plus représenté par les entreprises créées ou reprises par des femmes, est le secteur où les femmes ont reçu le plus petit montant de financement bancaire.

Le prochain graphique nous montre les relations que l'on peut constituer entre le statut des entreprises et le prêt obtenu par les femmes entrepreneures.

Non réponses = 120 000 €

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On remarque que les statuts qui dépassent la moyenne du montant de financement sont les SAS et les SARL avec 200 000€ et 88 000€ pour une moyenne de 53 000€. Les EI / EU, statuts adoptés par 63,3% des femmes ne sont financés qu'à faible hauteur (20 909€ en moyenne). Les SARL étaient effectivement annoncés comme faciles à financer par les banquiers, mais les SAS ne l'étaient cependant pas particulièrement (ni particulièrement difficiles).

b. Corrélation entre les compétences et l'implication du porteur de projet et le montant de son prêt

Les prochains graphiques nous exposent les corrélations qu'on peut retrouver entre les entrepreneures ayant une formation initiale en gestion, puis celles ayant suivi une formation complémentaire, et le montant qu'elles ont obtenu de la part des banquiers.

On remarque que les femmes qui avaient une formation initiale en gestion ont bien reçu un prêt supérieur aux femmes qui n'en avaient pas. Comme nous l'indiquaient les banquiers, les

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qualifications et compétences sont très importantes pour l'obtention d'un prêt. De plus, on remarque que les femmes qui ont choisi de suivre des formations complémentaires, et à qui il manquait donc certainement certaines compétences, ont reçu un prêt bien inférieur à celles qui n'ont pas eu besoin de ses formations.

Le prochain graphique nous expose les corrélations qu'on peut retrouver entre l'implication des femmes en termes d'heures consacrées à leur entreprise et le montant qu'elles ont obtenu.

On observe bien que les femmes fortement impliquées dans leur entreprise, et qui consacrent plus de 50 heures par semaine, se voient accorder un prêt d'un montant supérieur à la moyenne. En effet, l'implication de l'entrepreneur a été cité comme étant importante pour les banquiers, surtout lorsqu'il manque certaines garanties telles que les fonds de garanties.

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Le prochain graphique nous expose les conséquences au niveau du montant de financement bancaire obtenu du fait de travailler à domicile.

On observe que les femmes qui travaillent à domicile, bien qu'étant nombreuses (36,7%) perçoivent un financement six fois moins élevé que celles qui travaillent hors du domicile. Comme nous l'indiquaient les études économiques, le travail à domicile est une caractéristique des femmes entrepreneures. On retrouve donc là aussi une explication du sous-financement des femmes entrepreneures.

Le prochain graphique nous expose les corrélations qu'on retrouve entre le fait d'avoir eu recours à des organismes de soutien à l'entrepreneuriat et le montant obtenu du prêt bancaire.

Organismes de soutien à l'entrepreneuriat

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Etonnement, on remarque que les femmes qui ont eu recours aux organismes de soutien à l'entrepreneuriat et qui ont donc était accompagnées, reçoivent un financement inférieur à celles qui n'y ont pas eu recours. On peut imaginer que les femmes qui n'ont pas de financement important rencontrent plus de difficultés à avoir de meilleures performances et se tournent ainsi vers ces organismes pour faire face à leur difficulté.

Le graphique ci-dessous nous présente les relations qui existent entre le fait d'appartenir à un réseau d'entrepreneurs et le montant obtenu par les femmes entrepreneures.

Réseaux d'entrepreneurs

Non réponses = 68 666 €

Les banquiers nous indiquaient que les capacités relationnelles sont un critère important pour l'acceptation d'un prêt bancaire. Cependant, ici encore, les femmes faisant partie de réseaux d'entrepreneurs ont un financement inférieur à celles qui n'en font pas partie. Ces outils sont donc considérés comme des solutions au sous-financement des femmes mais ne sont pas utilisé en cas de financement suffisant.

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c. Corrélation entre les garanties apportées par les femmes et le montant obtenu par les banques

Les résultats suivant nous montre la concordance entre le montant d'économies personnelles investi par les porteuses de projet dans leur entreprise, et le montant obtenu par les banquiers. Ces résultats sont présentés sous forme de graphique car la dépendance entre ces éléments est très forte.

3355,00

13200,00

Financement5

Financement2

On que la dépendance est très significative entre l'apport personnel et le montant du prêt bancaire. En effet, de manière proportionnelle, plus l'apport personnel est important, plus le montant obtenu l'est également.

Ce résultat est très intéressant car il explique indiscutablement le faible montant des prêts obtenus par les femmes. En effet, le montant moyen des apports personnels des femmes n'est que de 7 800 €, ce qui entraine un prêt à hauteur de cet apport et donc relativement peu important.

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Le prochain graphique nous expose les corrélations qu'on peut retrouver entre les garanties apportées par les femmes entrepreneures et le montant de prêt bancaire qu'elles ont obtenu.

On constate que les trois garanties qui offrent des possibilités de meilleurs montants de prêt sont les garanties personnelles, les cautions du conjoint et les fonds de garanties.

En effet, ces résultats corroborent tout-à-fait avec les affirmations des banquiers qui disent se reposer fortement sur les fonds de garanties pour l'acception d'un prêt. En cas d'absence de celles-ci, les banquiers demandent une grande implication des entrepreneures qui se retrouve dans les garanties personnelles. Les cautions du conjoint rejoignent également leurs déclarations selon lesquelles ils accordent une grande importance au soutien du conjoint dans leur décision de financement, sans lequel une caution est nécessaire car 20% des échecs d'entreprise sont dus au non soutien des proches.

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3. Ecarts entre les caractéristiques des entreprises des femmes et les attentes des banquiers

Les critères de sélection énoncés par les banquiers et énumérés dans la seconde partie de l'étude, ont donc bien été respectés par les banquiers lors de la décision de financement des femmes entrepreneures. A ce titre, on peut dire que les femmes ne subissent pas de discriminations évidentes de la part des banquiers pour le financement de leurs projets entrepreneuriaux.

Si les banquiers respectent effectivement leur critères de sélection lors de choix de financement des projets de création d'entreprise, les difficultés rencontrées par les femmes pour obtenir un prêt bancaire, et surtout les différences de financement doivent certainement s'expliquer par un manque d'adéquation entre les caractéristiques des projets des femmes entrepreneures et les attentes des banquiers.

Pour nous en assurer, nous allons maintenant identifier les écarts que l'on peut observer à partir des résultats bruts, entre les caractéristiques des femmes, notamment leur qualification, leurs motivations, leurs objectifs pour l'entreprise et leur implication dans l'entreprise, les caractéristiques des entreprises qu'elles ont créées, notamment le type, le statut, et le secteur d'activité, ainsi que le partage du risque pour les projets de femmes; et les attentes des banquiers pour les mêmes éléments.

Nous pourrons avoir ainsi une idée du décalage qu'il peut y avoir entre les attentes des banquiers pour une décision de financement d'un projet de création d'entreprise, et les projets des femmes entrepreneures. Ceci devraient nous permettre de déterminer si les causes de sous financement des entreprises créées ou reprises par des femmes est due à une discrimination moins évidente de la part des institutions bancaires, ou si ce sont ces écarts qui expliquent les différences de financement entre hommes et femmes entrepreneurs. En effet, si les écarts entre leur réalisation et les critères des banques sont trop importants, nous aurons la réponse à notre problématique qui repose sur l'explication des différences de financement entre les femmes et les hommes créateurs d'entreprises.

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a. Origine de l'entreprise

En termes de type d'entreprise, les femmes ne répondent pas vraiment aux attentes des banquiers. En effet, les banquiers expliquent qu'il est relativement difficile de financer une création ex-nihilo pour le risque que cela représente à cause du manque de vision passée. Les femmes sont 63,3% à créer des entreprises ex-nihilo ce qui limite donc leur accès au financement bancaire. Elles sont tout de même un tiers à reprendre des entreprises, et à accéder plus facilement aux prêts grâce aux faits que les résultats passés de l'entreprise sont accessibles aux banquiers, facilitant donc leur décision d'octroi d'un prêt.

D'autre part, les femmes répondent tout-à-fait aux attentes des banquiers quant à leurs motivations à entreprendre. Contrairement à ce que les textes économiques relatent, les femmes sont bien plus nombreuses à créer leur entreprise pour des facteurs d'attraction. Très peu se lancent dans la création d'entreprise par obligations mais d'avantage par envie de réalisation, de défi personnelle et de réussite professionnelle, et c'est parfaitement ce que les banquiers recherchent.

b. L'entreprise

Comme l'énoncent les études économiques, les femmes sont nombreuses à créer des entreprises dans le secteur des services (36,7%). Sur ce point, elles sont en décalages avec les attentes des banquiers puisqu'ils affirment que les services à la personne sont les secteurs les plus difficiles à financer par les banques. Les secteurs les plus facilement financés sont le commerce, l'artisanat et l'industrie. Une grande partie des femmes entrepreneures créent tout de même des commerces et des entreprises d'artisanat (20 et16,7%), ce qui devrait leur permettre un accès plus facile aux prêts.

Les statuts d'entreprises les plus financés par les banquiers sont les SARL. Les femmes sont malheureusement peu nombreuses à opter pour ce statut (26,7%), bien qu'il arrive en seconde position. Les femmes sont en effet très nombreuses à créer des entreprises

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unipersonnelles ou entreprises individuelles (63,3%). La facilité de financement de ce statut diffère selon les banques mais est tout de même le plus compliqué pour un des spécialistes. Les objectifs à long terme souhaités par les femmes correspondent à ceux attendus par les banquiers. Cependant, l'avidité des femmes pour le développement de leur entreprise en termes d'effectif, de taille et leur goût pour le maintien de la situation actuelle témoignent de leur manque d'ambition.

c. L'entrepreneure

Les banquiers reposent peu leur décision sur la personnalité du créateur d'entreprise mais principalement sur son implication dans l'entreprise et sur sa vision à long terme du projet. Les femmes étant nombreuses à être gérantes (96,7%) de leur entreprise et à y consacrer plus de 40 heures par semaine (60%), c'est un premier indicateur de leur forte implication dans l'entreprise. Cependant, elles sont nombreuses à travailler à domicile (36,7%) et surtout à devoir dédier une partie de leur temps pour l'attention de leur famille (63,3%). Même si ces éléments ne remettent aucunement en question la motivation des femmes, ils constituent certainement des contraintes empêchant à la créatrice de s'investir pleinement, et représentent donc des freins à l'obtention d'un prêt.

d. Financement

On constate dans la partie financement des résultats que le partage du risque, avec notamment un apport personnel de la part du créateur à hauteur du prêt demandé, et les garanties, en particulier l'accord d'un fonds de garanties tel qu'OSEO, sont très importants pour l'acceptation d'un prêt bancaire à un entrepreneur.

Quand on se penche sur l'expérience des femmes, on voit qu'elles sont très nombreuses à avoir impliqué un apport personnel dans le financement de leur entreprise (70%). Cependant, c'est un apport relativement faible puisqu'il est en moyenne de 7 800 euros. Les études expliquent bien que l'apport personnel représente une proportion de plus en plus importante dans le financement au démarrage d'une entreprise. Aussi, le montant de l'apport personnel des femmes ne représente en moyenne que 12% du financement total, ce qui représente une partie de réponse à l'explication du faible financement des banques

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aux femmes. On distingue aussi que les femmes sont nombreuses à devoir apporter des garanties personnelles auprès des financeurs (40%) mais que peu d'entre elles ont utilisé l'accord d'un fonds de garanties pour le financement de leur entreprise (16,7%). Ce manque rend les banques d'autant plus frileuses que cet élément semble très important à leurs yeux pour valider l'octroi d'un prêt pour un créateur d'entreprise. Cette inconvenance des femmes entrepreneures s'explique certainement par un manque d'informations quant aux outils existants pour les aider dans l'obtention d'un prêt bancaire. On peut confirmer cette affirmation par l'observation des résultats aux questions relatives à la connaissance du Fonds de garantie à l'initiative des femmes (36,7%) et de l'instrument de microfinancement Progress (10%), qui confirme les études disant que le manque d'utilisation des outils d'aide et d'accompagnement des femmes, et dû à l'ignorance de l'existence de ce type d'organisme ou de structure, à la méconnaissance de la nature de l'appui susceptible d'être supporté par ce type d'organisme ou structures, ou au sentiment de ne pas avoir la possibilité de bénéficier de cet appui.

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Conclusion

Comme de nombreux économistes l'affirment, et comme notre étude le confirme, le financement initial à la création d'une entreprise est indispensable pour assurer la performance future et la longévité d'une entreprise. Notre étude porte principalement sur le financement bancaire qui représente une partie très importante du financement global de la création d'entreprise. Nous savons que les femmes subissent un sous-financement par rapport à leurs homologues masculins et se voient accorder des prêts au montant moins importants et aux taux plus contraignants. Le faible montant investi par les femmes limite l'accumulation de capital social, culturel, humain et financier, et mettent donc des limites à la capacité des femmes à amasser des économies suffisantes pour que leur entreprise soit pérenne et performante. Carter et al. (2001) résument ce processus comme une sous-capitalisation chronique qui mène à long terme à une sous-performance. Bien que les banquiers affirment suivre des critères bien précis pour la sélection des entreprises qu'ils acceptent de financer ou non, nous pouvions nous demander si les femmes ne subissent pas de discrimination au vue de ces grandes différences de financement entre hommes et femmes entrepreneures.

Nous avons pu lors de notre étude, mieux identifier ces différents critères de choix d'entreprises sur lesquelles les banquiers se reposent pour décider de financer ou non un projet de création d'entreprise. Nous avons remarqué que certains étaient même plus importants que d'autre, notamment le partage du risque ou l'implication de l'entrepreneur. La mise en parallèle de ces critères avec les financements reçus par les femmes entrepreneures, nous ont permis d'observer qu'effectivement, les femmes répondant à ces critères reçoivent un financement supérieures à celles qui n'ont pas toutes les caractéristiques attendues par les banquiers. A ce titre, nous pouvons soutenir que les femmes, en majorité, ne subissent pas de discriminations de la part des banquiers. Nous ne remettons pas en cause que certaines formes de discriminations existent envers les femmes de la part de certains banquiers, mais nous pouvons affirmer que les critères de choix des banquiers sont bien respectés pour le financement des femmes entrepreneures.

Cette constatation nous poussent à ratifier la thèse de certains économistes, selon laquelle les femmes ne sont pas discriminées de la part des banquiers, mais que ce sont bien elles qui ne répondent pas aux critères de sélection des banquiers. Des études citées en premières

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parties, nous expliquaient que les hommes détiennent plus de caractéristiques adaptées à l'entrepreneuriat, notamment la compétitivité ou le goût du challenge. Cependant, notre étude nous a montré que les banquiers ne portent pas une grande importance à ces éléments et que ce ne sont donc pas ceux-ci qui peuvent expliquer le sous-financement des femmes entrepreneures. Les banquiers sont beaucoup regardants sur le projet en lui-même, les compétences de l'entrepreneur et la cohérence de ces deux éléments que sur les traits de caractères de l'entrepreneur. Nous avons donc dans notre étude cherché à déterminer les caractéristiques des femmes qui sont en écarts avec les attentes des banquiers.

Plusieurs éléments semblent en décalage avec ce que les banquiers recherchent pour financer une entreprise sans difficulté. Tout d'abord, le type d'entreprise que les femmes créent en majorité ne correspond pas aux critères des banquiers. En effet, les banquiers cherchent à limiter le risques au maximum et acceptent donc d'avantage de financer des reprises d'entreprises plutôt que des créations, pour lesquelles ils ont accès à des résultats et à des faits qui leur donnent une idée du potentiel de l'entreprise, et qui les aident dans leur décision. Les femmes se tournent en majorité vers la création d'entreprises, ce qui présente un premier obstacle à l'accès au financement bancaire.

Les femmes sont également une majorité à créer des entreprises dans le secteur des services, alors que les banquiers énoncent que le secteur des services est le moins évident à financer. Leurs homologues masculins sont eux plus nombreux à créer des industries, secteur qui est davantage recherché par les banquiers.

Un élément qui semble très important dans l'octroi d'un prêt par les banquiers spécialisés en entreprises, est l'implication du porteur de projet. On voit bien que les femmes sont relativement impliquées dans leur entreprise, notamment par le temps qu'elles y consacrent. Cependant, elles sont très nombreuses à devoir consacrer du temps au soin de leurs proches/famille, élément qui impacte grandement leur implication dans l'entreprise et qui peut donc créer un frein pour l'obtention d'un prêt. De plus, le taux de femmes qui travaillent à domicile est très élevé (plus d'un tiers). Comme nous l'expliquent certaines études, cet élément est une caractéristique des femmes entrepreneures et s'explique par la volonté des femmes de faciliter la conciliation entre vie privée et vie professionnelle. Cependant, c'est aussi une démarche qui peut être perçue comme un manque d'implication de la part des banquiers, ce qui explique qu'elles soient moins financées que celles qui

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travaillent hors du domicile. Leurs homologues masculins sont certainement moins nombreux à connaître la contrainte de devoir accorder du temps pour le soin de leur famille, et ils sont donc moins nombreux à travailler à domicile, mais surtout, ils peuvent s'investir davantage dans le développement de leur entreprise.

Comme le défendent les féministes, ces caractéristiques propres aux femmes entrepreneures existent du fait des pratiques éducatives et des influences socioculturelles. Pour réduire les différences de financement, il faut donc donner aux femmes les mêmes chances de réponse aux critères des banquiers que les hommes. D'après les féministes, l'Etat peut augmenter leurs chances en rompant les barrières structurelles que rencontrent les femmes. On voit de plus en plus, des actions gouvernementales ayant pour but de réduire les inégalités d'accès à la création d'entreprise entre hommes et femmes, mais il y a encore beaucoup d'actions qui peuvent encore être effectuées.

Pour les aider, des outils existent maintenant,

Déjà, des réseaux, des programmes de formation ou des structures d'accompagnement existent, apportant une crédibilité et une dynamique entrepreneuriale aux femmes créatrices d'entreprises, et les aidant tout au long de leur processus de création d'entreprise à augmenter leur performance, et ainsi faciliter indirectement leur accès au financement. Aldrich considère que ces outils sont des leviers de réussite majeurs qu'il faut développer. Cependant, on remarque que les femmes ne sont qu'une faible majorité à y avoir eu recours. Surtout, seules les femmes qui ont un montant de financement faible y ont recours. Comme le disait Aldrich, les outils d'aides aux entrepreneures sont une clé pour pallier les différences de financement entre hommes et femmes, mais ils sont malheureusement mal utilisés par les femmes. Comme nous l'avons observé, ceci peut s'expliquer par une mauvaise information des femmes qui ne connaissent pas l'existence de ces outils et qui sont mal informées sur leur utilité.

On peut conclure de nos observation qu'un élément qui permettrait de réduire les inégalités de financement serait la démocratisation des caractéristiques propres aux femmes, encore trop synonymes de mauvaises performances pour les banquiers. Les entreprises des services sont en effet des entreprises qui sont moins fiancées par les banquiers, par manque d'expérience historique prouvant leur qualité et leurs possibilités de performances

Université Catholique de LYON - ESDES 94

financières. Cependant, elles sont de plus en plus nombreuses et il existera bientôt des exemples de réussite brisant les doutes des banquiers quant à leur prédisposition à la réussite. Aussi, le travail à domicile est encore considéré comme un manque d'implication de l'entrepreneur pour les banquiers. Cependant, ces caractéristiques propres aux femmes se démocratisent peu à peu et on peut donc penser que d'ici quelques années, les difficultés des femmes à accéder à un financement égal à celui des hommes vont s'amenuiser.

D'ici là, les femmes ne doivent pas être perçues comme des victimes d'un système rigide avec peu ou pas de contrôle sur leur vie. En effet, certaines femmes ont démontré que toutes ces barrières ne sont pas insurmontables, et d'après Lister (2003) et Titterton (1992), elles peuvent tout à fait surmonter les barrières qu'elles rencontrent et prendre en main la réussite de leur entreprise. Aldrich propose différents conseils pour que les femmes aient plus facilement accès au financement de leur projet. Concilier vie professionnelle et obligations personnelles et familiales lui semble être une première cause de difficulté qu'il faut pallier. Les femmes doivent selon lui se donner les moyens de mener à bien leur projet en planifiant le travail domestique pour qu'il n'ampute pas les devoirs professionnels.

Il n'est cependant pas si évident pour les femmes de faire face à ces difficultés, surtout quand leur place dans l'économie est encore remise en cause.

Université Catholique de LYON - ESDES 95

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ANNEXES

I. Questionnaire administré aux femmes entrepreneures

- p 106

II. Questionnaire administré aux banquiers - p 107

Université Catholique de LYON - ESDES 101

Le financement des femmes entrepreneures

L'ORIGINE DE L'ENTREPRISE

1. Quelle est l'origine de votre
entreprise?

Création

 

Reprise d'une entreprise
familiale

Fr--

 

Reprise d'une autre entreprise

 
 
 

2. Quelle est la date de création de votre entreprise?

3.

4.

 
 
 
 

5. Quelles étaient vos motivations à entreprendre? Cochez-en 5 parmi la liste suivante:

Besoin d'autonomie professionnelle

 

Besoin d'accomplissement personnel

 

Désir d'organiser travail soi-même

U

Relever un défi

 

Croyance en un produit / service

0

Opportunité d'affaires


·

Raisons familiales

 

Influence de l'entourage

n

Possibilités d'avancement limitées

 

Demandeur d'emploi

_

Conflit dans l'emploi précédent

 

Déménagement

 

L'ENTREPRISE

Agriculture I Pêche

 

Industrie

 

Artisanat

n

Commerce

 

Profession libérale

 

Service

 

2. Quel est le secteur d'activité de
l'entreprise?

4. Décrivez en quelques mots votre activité

Entreprise unipersonnelle

 
 

SARL

D

SCI

 

SA

 
 

SNC

 
 

SAS

 
 

Autre .

 

6. Quel est le statut juridique de
votre entreprise?

Université Catholique de LYON - ESDES

 
 

... -..,.... w -.......
·1 trmir ..

7. Vous exercez votre activité:

 

A titre principal

 

A titre complémentaire

 

En tant que conjointe aidante

 

8. Si vous exercez votre activité â titre complémentaire, quelle est votre activité principale?

Etudiante

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

9. Nombre de salariés dans votre
entreprise

Année 0

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

8. Chiffre d'affaires de l'entreprise

Année 0

Année 1

Année 2

Année 3

Année 4

Classer ces objectifs selon
l'importance que vous y accordez

Pas important

Peu

important

Assez
important

important

Très
imp
ortant

 

Croissance du chiffre d'affaires

n

 
 
 
 

i I

Croissance du bénéfice

LJ

 
 
 

ri

 

Diversification du portefeuille de

clients

 
 
 

n

 

im

 
 
 
 

Diversification de l'offre

 
 
 
 

U

~

q D

 

Maintien de la situation actuelle

 
 
 
 
 
 
 
 

Croissance de l'investissement en équipement

 
 
 
 
 

Croissance de l'effectif

 
 
 
 

]

li

 

111

Il

U

Internationalisation

Il

 
 
 
 
 

.

 

Cession de l'entreprise

 
 

I.

 
 
 
 

Croissance de l'investissement en

 
 
 
 

n

 
 

R&D

 
 
 
 
 
 

Il

Ouverture du capital

d

 
 
 

-

 

Li

Oui

n

Oui

13. Avez-vous un ou des associés?

Non

L

A domicile

15. Votre lieu de travail:

Hors du domicile

12. Etes-vous gérante de l'entreprise?

Non

Egalitaire

Minoritaire

IJ

Majoritaire

14. Si vous avez un ou des
associés, quelle est votre
participation?

L'ENTREPRENEURE

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16. Quel est le nombre d'heures
que vous consacrez à l'entreprise
chaque semaine?

 

Moins de 20 heures

 

Entre 20 et 30 heures

Ti

Entre 30 et 40 heures

 

Entre 40 et 50 heures

 

Entre 50 et 60 heures

El

Plus de 60 heures

 

17. Quelles sont vos activités
extra-entreprise?

Soin et éducation des enfants 1 de la famille

 
 
 
 
 
 

n

 
 
 

OBSTACLES AU DEMARRAGE DE L'ACTIVITE

18. Classez ces obstacles au
démarrage de l'activité selon leur
intensité

Ne représente pas un frein

Frein
modéré

Assez
important

Obstacle
important

Obstacle
majeur

Surplus de charges administratives

 

n

El

I

q

 

P

1 l -

Conciliation vie privée / vie
professionnelle

q CL1 Li

q I

 
 

I

0

Accès au financement

Statut d'indépendant

 

Peur des risques

 


·

Manque de soutien de la part des
réseaux

 
 

D

 

n

Manque de soutien de la part des
organisations professionnelles

 
 
 

n

Li

Manque de

compétences/connaissances
spécifiques

 
 
 
 

n

 

Manque de soutien de la part de
l'entourage

BILAN DE COMPETENCES

 
 
 
 
 
 
 

Oui

 

17. Avez-vous suivi une ou des formation(s) complémentaire(s) en gestion?

17.

 
 
 
 
 
 

Ecole supérieure

 

Université

 

Centre de formation pour entrepreneurs

n

Le FOREM

 

L'UCM

C

Autre :

 
 

19. Si vous avez suivi une ou des formations (s) complémentaire (s) en gestion, de quels types étaient-elles?

 
 
 
 
 

Oui

 
 

19. Avez-vous une formation initiale en gestion?

20.

21.

Non

 
 
 
 
 

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ORGANISMES DE SOUTIEN ET RESEAUX D'ENTREPRENEURES

Oui

Non

n

22. Avez-vous (eu) recours à des organismes de soutien à l'entrepreneuriat?

Conseils sur les formalités administratives

23. Cochez les trois types de
conseils que vous recherchez au
sein des organismes de soutien à
l'entrepreneuriat

Conseils sur les obligations administratives

Conseils financiers

Conseils juridiques

Conseils sur les conditions de démarrage

Conseils pour votre business plan

Conseils de préparation pratique

Conseils sur le développement de relations

Conseils en communication 1 en marketing

Conseils sur l'import / l'export

Autre :

n

c - ILLrleo-A `R^N-LLQ.A`e. A s° 7 Océ D NON L(

24. Si oui, quels réseaux d'entrepreneures?

FINANCEMENT

Oui

o

Non

26. Avez-vous obtenu les
financements dont vous aviez
besoin?

25. Aviez-vous besoin de financement au démarrage de votre

entreprise?

Oui

n

Non

27. Si oui, quel montant avez-vous obtenu?

Quel est le montant que vous
avez investi au démarrage de
votre entreprise?

Moins de 2.500€

Il

 

Entre 2.500 et 25.000€

 

Entre 25.000 et 75.000€

 

Entre 75.000 et 150.000€

 

Plus de 150.000€

 

28. Quelles ont été vos sources de
financement au démarrage de
votre activité?

 

Montant

Economies personnelles

 

Prêt à la famille

 

Prêt d'un CLEFS E

 

Prêt bancaire ri

 

Autre:

 

Université Catholique de LYON - ESDES

106

30. Quelles garanties bancaires avez-vous dû apporter pour le financement du démarrage de votre entreprise?

 

Fonds de garantie

 

Garanties personnelles

 

Caution du conjoint

 

Caution des parents ou beaux parents

 

Caution d'amis

 

Hypothèque


·

Mandat hypothécaire

Il

 

Hypothèque pour toutes

 

Garanties morales

 

Autre :

 

34. Si oui, lequel?

FGIF n'a pas fonctionné

33. Si oui, avez-vous eu recours à un de ces fonds de garantie pour le financement de votre projet?

Oui

Non

 
 
 
 

Oui

 

31. Connaissez-vous le Fonds de garantie à l'initiative des

femmes?

 

Non

 
 
 
 

32. Connaissez-vous l'instrument de microfinancement Progress ?

Oui

Li

Non

35. Nombre de demandes de
financement

36. Nombre de demandes
acceptées

37. Montant obtenu

38. Nombre de refus

Business plan inexistant

 

Business plan peu convainquant

 

Montant demandé trop élevé

 

Manque d'expérience

 

Manque de compétences/connaissances
spécifiques

 

Mauvaise compréhension du projet

n

Manque de garanties

n

Manque de partage du risque

il

Trop de risques

 

Incohérence des documents financiers

 

Manque de soutien de la part de l'entourage

 

Conciliation vie privée-vie professionnelle

 

Autre :

 

40. Causes de refus de
financement évoquées par votre
banquier

DURANT LES 5 PREMIERES ANNEES D'ACTIVITE

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TYPE DE FINANCEMENTS BANCAIRES OBTENUS

40. Durées des prêts

Prêt à très court terme (jusqu'à 3 mois)

 
 
 
 

_

 
 
 
 
 

41. Formes des prêts

Prêt à amortissement constant

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

40. Quel est le rôle de votre
gestionnaire de compte selon
vous

Un simple conseiller financier
Un conseiller et un appui fort
Un ami

u

Un véritable mentor

Pas de gestionnaire de compte stable pour l'entreprise

Si vous n'avez pas demandé
de prêt bancaire, pourquoi?

Aucun besoin de financement

 
 

Financement au moyen des profits générés

 

Peur d'essuyer un refus

 

Obtention de financement par d'autres moyens

 

Autre

 

Financement bancaire des projets de

création d'entreprise

Eléments personnels

1. Dans quelle mesure est-il important que le demandeur de prêt ait de l'expérience dans le secteur d'activité de la future entreprise?

D Pas important

D Faiblement important

D Important

D Très important

D Eliminatoire

Si le demandeur de prêt n'a pas d'expérience dans le secteur d'activité, quelles garanties, quels documents demandez-vous à l'entrepreneur pour accorder le prêt :

2. Dans quelle mesure est-il important que le demandeur de prêt ait un diplôme dans le domaine d'activité de la future entreprise?

D Pas important

D Faiblement important

D Important

D Très important

D Eliminatoire

Si le demandeur de prêt n'a pas diplôme dans le domaine d'activité, quelles garanties, quels documents demandez-vous à l'entrepreneur pour accorder le prêt :

Université Catholique de LYON - ESDES 108

3.

Dans quelle mesure est-il important que le demandeur de prêt ait le soutien de ses proches / de son conjoint dans sa démarche de création d'entreprise?

D Pas important

D Faiblement important

D Important

D Très important

D Eliminatoire

Si le demandeur de prêt n'est pas soutenu par ses proches, quelles garanties, quels documents demandez-vous à l'entrepreneur pour accorder le prêt :

4. Dans quelle mesure est-il important que le demandeur de prêt n'ait pas trop de charges personnelles (exemple enfants à charge)?

D Pas important

D Faiblement important

D Important

D Très important

D Eliminatoire

Si le demandeur de prêt a trop de charges personnelles (ex: enfants à charge), quelles garanties, quels documents demandez-vous à l'entrepreneur pour accorder le prêt :

Eléments professionnels

5. Dans quelle mesure créer son entreprise en tant qu'activité secondaire représente-t-il un frein à l'obtention d'un prêt bancaire?

D Pas d'obstacle particulier

D Obstacle léger

D Obstacle important

D Obstacle majeur

D Eliminatoire

Université Catholique de LYON - ESDES 109

Si le demandeur de prêt crée son entreprise en tant qu'activité secondaire, quelles garanties, quels documents demandez-vous à l'entrepreneur pour accorder le prêt :

D Pas d'obstacle particulier

D Obstacle léger

D Obstacle important

D Obstacle majeur

D Eliminatoire

Si le business plan est incomplet, quelles garanties, quels documents demandez-vous à l'entrepreneur pour accorder le prêt :

7. Dans quelle mesure un premier échec de création d'entreprise de la part du

demandeur de prêt représente-t-il un frein à l'obtention d'un prêt bancaire?

D Pas d'obstacle particulier

D Obstacle léger

D Obstacle important

D Obstacle majeur

D Eliminatoire

Si le demandeur de prêt a connu un premier échec de création d'entreprise, quels documents demandez-vous à l'entrepreneur pour accorder le prêt :

Université Catholique de LYON - ESDES 110

Motivation de l'entrepreneure

8. Cochez les 3 motivations à entreprendre qui vous semblent les plus

convaincantes pour l'obtention d'un prêt ?

q Besoin d'autonomie professionnelle

q Besoin d'accomplissement personnel

q Désir d'organiser travail soi-même

q Relever un défi

q Croyance en un produit / service

q Opportunité d'affaires

q Raisons familiales

q Influence de l'entourage

q Possibilités d'évolution limitées

q Demandeur d'emploi

q Conflit dans l'emploi précédent

q Déménagement

q Autre :

9. Cochez les 3 objectifs attendus par l'entrepreneur qui vous semblent les plus

convaincants pour l'obtention d'un prêt?

q Croissance du chiffre d'affaires

q Croissance du bénéfice

q Diversification du portefeuille de clients

q Diversification de l'offre

q Maintien de la situation actuelle

q Croissance de l'investissement en équipement

q Croissance de l'effectif

q Internationalisation

q Cession de l'entreprise

q Croissance de l'investissement en R&D

q Ouverture du capital

q Autre :

Université Catholique de LYON - ESDES 111

L'entreprise

10. Quels secteurs d'activité financez-vous le plus souvent? Classez-les de 1 à 7 (1 étant le secteur que vous financez le plus souvent)

OAgriculture et pêche OProfession libérale

OIndustrie OService à la personne

OArtisanat OServices aux entreprises

OCommerce

Remarques/Explications sur le financement de tel ou tel secteur d'activité :

11. Quels statuts financez-vous le plus facilement? Classez-les de 1 à 8 (1 étant le secteur que vous financez le plus facilement)

O SARL O SNC

O SAS O SEL

O SA OEntreprise unipersonnelles

O SCI OAssociation

Remarques/Explications sur le financement de tel ou tel statut d'entreprise :

12. Quels types d'entreprises financez-vous le plus facilement? Classez-les de 1 à 3 (1 étant le secteur que vous financez le plus facilement).

OCréation ex-nihilo

OReprise d'une entreprise familiale OReprise d'une autre entreprise

Remarques/Explications sur le financement de tel ou tel type d'entreprise :

Université Catholique de LYON - ESDES 112

Critères financiers

13. Dans quelle mesure ne pas avoir le soutien d'organismes de financement

type OSEO représente-t-il un obstacle à l'obtention du prêt?

D Pas d'obstacle particulier

D Obstacle léger

D Obstacle important

D Obstacle majeur

D Eliminatoire

Si le demandeur de prêt n'a pas le soutien d'organismes de financement type OSEO, quelles garanties, quels documents demandez-vous à l'entrepreneur pour accorder le prêt :

14. Dans quelle mesure ne pas engager d'apport personnel dans le financement

de l'entreprise représente-t-il un obstacle à l'obtention du prêt?

D Pas d'obstacle particulier

D Obstacle léger

D Obstacle important

D Obstacle majeur

D Eliminatoire

Si le demandeur de prêt n'engage pas d'apport personnel pour le financement du projet, quelles

garanties, quels documents demandez-vous à l'entrepreneur pour accorder le prêt :

15. Dans quelle mesure ne pas partager le risque avec un tiers (autre qu'OSEO)

représente-t-il un obstacle à l'obtention du prêt?

D Pas d'obstacle particulier

D Obstacle léger

D Obstacle important

D Obstacle majeur

D Eliminatoire

Si aucun tiers autre qu'OSEO ne partage le risque financier, quelles garanties, quels documents

demandez-vous à l'entrepreneur pour accorder le prêt :

Université Catholique de LYON - ESDES 113

16. Quels types de prêts accordez-vous le plus facilement? Classez-les de 1 à 6 (1

étant le secteur que vous financez le plus facilement).

ElAmortissables

El In Fine

ElA court terme (Inférieur à 2 ans)

ElA moyen terme (jusqu'à 7 ans)

ElA long terme (jusqu'à 20 ans)

ElA très long terme voir perpétuel (au-delà de 20 ans)

Remarques/Explications sur l'accord de tel ou tel type de prêt :

Université Catholique de LYON - ESDES 114

Freins au financement

17. Dans quelle mesure les difficultés suivantes font-elles obstacles au financement d'un projet de création d'entreprise? Cochez un chiffre entre 1 et 5.

 

1-(Pas

d'obstacle)

2

3

4

5-(Obstacle
majeur)

Le manque de confiance
en soi

 
 
 
 
 

Le manque de charisme

 
 
 
 
 

Le manque de capacités
relationnelles

 
 
 
 
 

Le manque de capacités à
manager

 
 
 
 
 

Le manque de vision à
long terme du projet

 
 
 
 
 

Le manque de prise de
risque

 
 
 
 
 
 

18. Dans quelle mesure ces critères représentent-ils des freins au financement d'un projet?

 

1-(Pas

d'obstacle)

2

3

4

5-(Obstacle
majeur)

La présentation d'un
business plan incomplet

 
 
 
 
 

Le montant demandé est
trop élevé

 
 
 
 
 

Un manque de
compétences spécifiques

 
 
 
 
 

Vous avez mal compris le
projet

 
 
 
 
 

Manque de garanties

 
 
 
 
 

Le partage des risques est faible

 
 
 
 
 

Le projet est trop risqué

 
 
 
 
 

Les documents financiers
sont incohérents

 
 
 
 
 

La conciliation entre vie
privée et vie
professionnelle de
l'entrepreneur risque
d'être difficile

 
 
 
 
 

Autres freins importants/ Remarques:

Université Catholique de LYON - ESDES 115

Autres

19. Dans votre banque, quel est le pourcentage moyen d'acceptation de financement des projets entrepreneuriaux ?

D Inférieur à 10% des projets

D Entre 10 et 30%

D Entre 30 et 50%

D Entre 50 et 70%

D Plus de 70% des projets

20. Quel doit être le rôle d'un gestionnaire de compte selon vous ?

D Un simple conseiller financier

D Un conseiller et un appui fort

D Un ami

D Un véritable mentor

D Autre :

Profil

21. Sexe

D Homme D Femme

22. Age

D < 25 ans

D Entre 25 et 35 ans D Entre 35 et 45 ans D > 45 ans

23. Banque

Université Catholique de LYON - ESDES 116






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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille